Le paysage est immobile, figé. Le temps est arrêté. Seuls quelques nuages parcourent lentement le ciel bleu profond. Une brise balaie le sable. La plage est vide et l’eau est aussi calme, on n’imaginerait pas ce qu’elle cache. Le seul bruit est celui des vagues. Encore et encore le même, sans trêve. Il fait chaud.
Ce n’est pas qu’elle n’aime pas la plage, au contraire. Ce qu’elle n’aime pas, à la plage, c’est le sable. Il reste dans les vêtements, il s’infiltre dans les chaussures et lorsque le soleil brille, il brûle. Et heureusement, la journée se termine.
La magicienne est ici pour chasser les créatures de l’eau et pour voir le littoral irliscien. Elle n’a pas besoin d’aller si loin du port et de l’auberge, de tout traverser.
Le petit estuaire attire souvent plusieurs créatures, petites ou grosses. Elle sait ce qu’elle cherche et de quels objets elle a besoin pour ses recherches et missions.
Pour le moment, elle scrute l’horizon. Est-ce une nuée d’oiseaux qu’elle aperçoit non loin d’un phare abandonné ?
Les rumeurs sont parfois farfelues au port, elles naissent de rêves et d’alcool la plupart du temps. La magicienne s’en fiche un peu de connaître le pourquoi. C’est le comment qui l’intéresse, découvrir la vérité, la débusquer pour mieux la comprendre. Entendre parler d’une nuée d’oiseaux qui tournoient autour du phare est, sans vouloir les offenser, plus passionnant que de s’intéresser aux dernières nouvelles des pirates.
Pas besoin d’emporter grand-chose, outre des carnets et des potions de soin et de mana. Fukaeri estime ne pas avoir besoin de s’encombrer.
Ses pieds la guident jusqu’au phare, où elle aperçoit des mouettes et des phoques. Ses mains poussent la vieille porte, lorsqu’elle réalise qu’elle est un peu plus lourde que prévu. Est-ce que la détruire avec quelques sorts serait plus simple ?
« Il y a quelqu’un ? » dit-elle. Son regard a capté une présence sur la plage.
Qu’importe qui se trouve en face d’elle, du moment qu’elle obtient l’aide demandée. Et même si la réponse s’avère négative, elle se débrouillera sans.
Compter sur les autres vient moins simplement que sa capacité à aller vers eux. Pourtant, ça ne l’empêche pas d’apprécier que l’homme accepte de se rapprocher pour au moins lui répondre. C’est que certains s’en vont sans rien dire et cela a tendance à l’énerver. Une absence complète de respect.
A t-elle à faire à un ennemi ? Un allié ? Certainement. Ce sont des alliés à certains moments, des ennemis à d’autres. A quoi bon s’y intéresser alors que ses pieds ne demandent qu’à partir à l’aventure, de découvrir le secret des vestiges ou encore chasser les spécimens pour ses recherches. Les guerres et autres conflits moins importants sont une absurdité humaine, qu’importe sa vision du monde. Fukaeri préfère se tenir loin de ces idioties, plus à l’aise avec ses carnets et ses aventures en solitaire.
« Merci, j’apprécie votre collaboration. » commence-t-elle.
Votre ? Notre ? Est-ce que la phrase est juste ? Peu importe.
« J’ai entendu quelque chose d’extraordinaire, résoudre des énigmes contre un butin, Donc je pars explorer. » Elle ne donne pas la suite, n’en voyant pas l’utilité. Elle tire un carnet et une plume, gribouillant quelques lignes sur une page vierge.
« Vous voulez venir ? » l’interroge-t-elle finalement, levant la tête loin de ses écrits.
« Ce phare vaut la peine d’être exploré » se murmure-t-elle à elle-même, fascinée par une telle marque de confiance de la part d’un lieu si ancien. « Nous pouvons aller voir à l’intérieur si vous le souhaitez, mais… Ne restons pas loin, par sécurité. ».
Chaque détail est une invitation à explorer le phare d’Abroy jusqu’à ne plus avoir soif de découvertes. Qui vivait dans ce bâtiment avant qu’il ne soit condamné ? Est-ce une conséquence de la guerre ? L’invasion des phoques et des mouettes y est-elle pour quelque chose ? La magicienne risque d’en perdre la tête, amoureuse de l’histoire au point que le reste en devient flou. Elle aimerait tant avoir étudié le dessin pour reproduire des milliers de croquis dans ses carnets. Aucun ne serait en mesure de représenter le phare d’Abroy à sa juste valeur.
« Je passe devant ? » Et elle aurait pu attendre une réponse, probablement, avant de se glisser dans la première ouverture qu’elle trouve. Certainement une porte qui a disparu. Dans son impulsivité, elle a évité un trou noir dans le sol, autant ne pas commencer à tomber dans le piège et de tomber nez à nez avec des créatures obscures et dangereuses. Soudain, une voix me paraît apeurée, mêlée à quelques sanglots : « Aaah ! Je suis repéré ! ».
[...Ainsi, on connaît la suite d’un Passe Plancher, d’un Père Four Hass. Et leurs énigmes...]
Les énigmes résolues, la récompense est intéressante pour garder le souvenir de mon passage au Phare d’Abroy.
Je remercie l’homme qui m’a accompagné du début à la fin de l’exploration du phare à la résolution des énigmes fantasques du Passe Plancher et Père Four Hass. Peut-être, un jour, ils se rencontreront à nouveau pour de nouvelles aventures.