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Terre des Éléments

Helevorn

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Tout ce qui a été posté par Helevorn

  1. La nuit passa sans que je trouve le sommeil. Si Nadal reprenait sa place, je devrais revenir à la carrière, et Xyltin m'y attendrait... Un soubresaut s'empara de mon corps. Réaction inconsciente de la douleur qu'il avait connu sous ses mains... Je ne pouvais pas y retourner. Je ne pouvais pas retomber à la case départ. Si je devais quitter la Maison Dxjanr'Lo et dépendre à nouveau de mon bourreau, je n'y survivrai pas, je le savais. J'ignorais quelle décision Belarbreena allait prendre. Je ne pensais pas possible qu'elle accepte mon départ après ce que j'avais vécu a l'ancien site minier. Je savais malgré sa froideur que ma souffrance l'avait touchée, elle et sa fille. Mais serait-ce suffisant ? Au matin, je trouvais Aunrae et sa mère en pleine discussion. A mon approche, elles se turent. Aunrae avait l'air contrariée. Elle passa près de moi sans un regard. Ma peau se hérissa d'inquiétude. La Maîtresse forgeronne lâcha un parchemin sur la table en poussant un soupire. Elle se tourna vers moi, ne me voyant pas au travail elle s'empressa de me rappeler à mes obligations. « Helevorn ! Au boulot ! » Je m'exécutais sans un mot. A la fin de la journée, la Maîtresse me convoqua avec Aunrae dans son office. Elle était assise dans un fauteuil en cuir sombre a haut dossier. Sur le bureau, un parchemin rédigé marqué d'un cachet de cire noire. Elle leva les yeux sur moi. « J'ai ici une lettre du Qu'el'saruk de notre Maison. » Elle fit une pause et parcouru les quelques lignes. « Il annonce le prompt rétablissement de son fils, Nadal, et me demande de le réintégrer immédiatement à la forge. » Elle me regarda droit dans les yeux. « Il se déplace à l'aide d'une canne et de ce fait, il n'est pas en mesure de reprendre son apprentissage. Malheureusement, j'ai un contrat à honorer, et je ne peut refuser son retour. Le Qu'el'saruk suggère que l'esclave de la forge se charge de réaliser l'ensemble des tâches que son fils ne pourra assumer, jusqu'à ce qu'il recouvre l'usage total de son pieds. Durée qu'il estime à...une semaine, deux tout au plus. » « Mère, mais nous n'aurons pas la place de loger Helevorn ! » Je ne su déterminer dans quelle intention elle faisait cette remarque. « Il devra dormir dans l'étable à côté, comme au premier jour de son arrivée ici. » J'étais tellement abasourdi par la nouvelle que je ne trouva rien à dire, mon visage resta totalement fermé. Aunrae se tourna vers moi d'un air désolé, mais qui ne dissimulait pas suffisamment son plaisir de retrouver Nadal. « Je ne comprends pas pourquoi son père s'entête à vouloir lui apprendre l'art de la forge. Il n'a aucun talent », lança Belarbreena avec agacement. Sa fille se tourna vers elle. « Ne dis pas ça ! » « Aunrae ! » s'emporta-t-elle. « Tu sais très bien pourquoi il vient ici, ne fais pas l'idiote ! » Elle baissa les yeux, les lèvres serrées. « Et ça a le don de me mettre en colère... » La Maîtresse se leva, passa près de nous et ouvrit la porte. « Laisse moi seule avec lui, j'ai deux trois choses à lui dire en privé. » Elle obéit en silence. « Helevorn...je ne sais pas quoi te dire. Une fois Nadal guérit, je ne pourrais pas te garder, et j'ai bien peur de ne rien pouvoir faire pour toi. Il a beau n'avoir aucun talent pour la forge et courir inlassablement après ma fille, il n'en demeure pas moins le fils d'un c'rintri. » Je poussais un soupir avant de la regarder droit dans les yeux. « Vous avez déjà fait beaucoup pour moi Maîtresse. Je dois faire face à mon destin à présent. » Elle poussa un soupir à son tour et me libéra la sortie. Cette nuit, j'allais savourer mes dernières heures dans un lit avant de quitter ma chambre pour retrouver la couche de paille que j'ai toujours connue. Tourmenté par mon avenir plus qu'incertain, je tournais et retournais le problème dans tous les sens. Que fallait-il faire pour empêcher Nadal de prendre ma place ? Chacune des solutions qui me venait à l'esprit entrainait de trop lourdes conséquences . Le tuer ? Trop risqué. Convaincre Belarbreena ? Elle l'est déjà mais n'a pas le pouvoir de décision. Convaincre son père de ne pas l'envoyer ? Persuader son fils de ne pas revenir ? Ma puissance psychique n'agissait vraiment que sur les femelles... En me faisant cette dernière réflexion, une idée éclot. Aunrae... Si Nadal préférait la courtiser plutôt que de se concentrer sur son apprentissage, j'avais là une carte à jouer. Je devais la convaincre de l'éconduire. Si Nadal avait des sentiments pour elle, je devais frapper là où il aurait le plus mal. Je devais la séduire, tourner l'attention de la jeune femelle sur moi, et ainsi lui donner le coup de grâce...J'imaginais déjà la façon dont j'abattrais ma dernière carte. Cette pensée fit apparaître un sourire démoniaque sur mes lèvres.
  2. VII Quelques semaines passèrent depuis mon réveil. J'avais repris le travail plus rapidement que ne l'aurait espéré Belarbreena. Les évènements, aussi difficiles qu'ils aient été, avaient joués grandement en ma faveur. J'avais gagné le respect de la Maîtresse forgeronne qui s'adressait désormais à moi comme elle aurait put le faire avec mon prédécesseur, et non plus comme un vulgaire esclave. J'avais aussi gagné la sympathie et la curiosité de sa fille avec qui je pouvais espérer tenir quelques conversations. Chaque nuit, je réfléchissais à un plan pour me rapprocher de la Déesse Araignée sans trouver de solution. Si j'étais né femelle, les choses auraient sans doute été plus simple. J'aurai pu tenter de me faire passer pour une prêtresse de Lloth ou une de ses sbire, mais ma stature jouait en ma défaveur. Ces années dans les mines avaient sculpté mon corps de la plus virile des façons. Personne n'aurait pu me confondre avec une femelle, même pas avec la plus puissante guerrière de Che'el, d'autant que les habits drow laissent paraître beaucoup trop de chair pour espérer gagner à ce jeu. Chaque idée qui me venait était vite balayée, et une sourde colère grandissait en moi. J'étais seul encore une fois, livré a moi-même pour mener a bien une mission des plus périlleuse et des plus invraisemblable. Trouver celle que j'ai toujours fuis avec horreur. La simple pensée de me confronter à Lloth me glaçait d'effroi, mais je savais que j'irais jusqu'au bout, peu importe la manière, peu importe quand. J'en voulais à Ztefano de m'avoir donné un si lourd fardeau. Je lui en voulais de ne pas me venir en aide, de ne pas me donner des pistes. Parfois, lors des nuits les plus difficiles, j'en venais à douter des pouvoirs qu'il m'avait légué. Je sentais bien que quelque chose avait changé, j'en avais eu la preuve, mais je m'attendais à quelque chose de bien plus probant et de bien plus spectaculaire. Un énième jour commença, succédant à un autre remplit de mes tâches habituelles. Je ne me plaignais pas, mais je devenais impatient. J'espérais très bientôt que la Maîtresse me donnerait des tâches plus intéressantes, que je pourrais forger, apprendre ses techniques, m'enrichir de son expérience. Peut être, pensais-je, devrais-je la contraindre mentalement... Mais quelque chose en moi rejetait cette idée. J'avais l'envie qu'elle le décide en son âme et conscience, qu'elle juge quand je serais prêt. Je préférais simplement que son choix ai un sens. La journée s'écoula donc tout à fait normalement, sans que Belarbreena ne m'annonce quoi que ce soit, et c'est au moment de ranger les outils qu'un jeune drow appuyé sur une canne fit son apparition. La Maîtresse était déjà descendue prendre du repos, seuls Aunrae et moi étions encore au travail. "Aunrae ?" Elle se retourna machinalement en essuyant ses mains sur son tablier. "Nadal ! "s'écria-t-elle d'un ton ravis. Elle se précipita vers lui et le dévisagea de bas en haut. "Tu es guéris ?" jetant un regard à son pied bandé. "Quasiment. La médecine fait des miracles de nos jours," lâcha-t-il dans un sourire. "Ton père a dû y mettre les moyens." "Il a fait ce qu'il fallait." Aunrae se tourna dans ma direction. "Nadal, je te présente Helevorn." Le nez plongé dans un coffre pour ne pas me faire remarquer, je me releva les mâchoires serrées. "Vendui ' "(1)... Pour toute réponse il fronça les sourcils et se tourna vers son interlocutrice. "C'est lui qui a prit ma place ?" Elle me jeta un coup d'œil rapide, sentant la tension palpable elle entraîna Nadal sur la place, hors de portée de voix. Très inquiet de la tournure que prenait les évènements je termina rapidement le rangement et me retira dans ma chambre. D'un geste énervé je me débarrassa de mon tablier qui vola au travers de la pièce. "Iblith d'dalharuk d'c'rintri ! (2) Il va vouloir m'évincer..." Les priorités dans mon plan venaient soudainement de changer... --------------------------- (1) Bonjour (2) Saloperie de fils de noble !
  3. Il fait froid dans cette antre. Il fait sombre. Des filaments courent sur les murs. Des sons de pattes piaffent sur le sol. Le crissement de centaines de mandibules me parviennent. J'ai froid. Si froid. Je ne peux pas bouger. J'ai beau essayer, rien n'y fait. Je ne vois même pas mon corps. J'ai peur. Un bruit se rapproche. Et s'intensifie. Mes paupières se ferment sans que je le commande. Je suis aveugle. Et le son se rapproche davantage. Une vague glacée me balaye. Mes paupières se rouvrent. Je vois...quelque chose face à moi, mais l'image est brouillée...les lignes se précisent, je sens la terreur s'emparer de moi. C'est Lloth. A peine ais-je le temps de m'en rendre compte qu'elle me frappe en plein visage dans un rictus effroyable. Tout est noir à nouveau. Un cris étouffé. J'ai froid. Si froid. Je crois sentir mon corps. Je sens ma respiration. J'entends des voix. Mais je ne comprend pas. Je me sens bouger. Mes joues se réchauffent soudainement, et de plus en plus. Les paroles auparavant lointaines se font plus fortes. "HELEVORN !" Clack Mes joues me cuisent. Clack "HELEVORN ! Tu m'entends ?" CLACK CLACK ... "Il faut l'emmener ! Aide-moi !" ... Le silence. Les ténèbres. Et le vide... Une raie de lumière. Presque imperceptible. Une odeur de métal. J'entre-ouvrais mes paupières. Je sentais mon corps. Pesant. Chaleur. Je tournais la tête lentement à gauche. Ma rétine mit plusieurs secondes avant de distinguer clairement ce qui m'entourais. J'étais dans ma chambre. A la forge. Mes mains parcoururent mon corps. De nouvelles cicatrices. Je poussais un soupir de soulagement. J'avais survécu. Je m'assis précautionneusement sur le bord du lit, examina mes bras, mon thorax, mes jambes. Mes plaies étaient cicatrisées, mon squelette ne semblait plus souffrir d'aucune fracture. J'avais dû rester inconscient des mois. A cette pensée une crainte m'étreignit. "La Maîtresse forgeronne ! Elle a dû me remplacer !" Enfilant précipitamment un pantalon posé sur une chaise je sortis dans le couloir et couru à la forge. Je débouchais en trombe dans l'atelier. Aunrae et sa mère étaient en plein travail et ne me remarquèrent pas. Je cherchais des yeux la présence d'une troisième personne quand un cri de surprise m'interrompit. "MíˆRE !" Belarbreena se tourna vers sa fille qui me montrait du doigt puis vers moi. "Helevorn !" Les deux femelles s'approchèrent. "Tu es réveillé !" fit la forgeronne soulagée avant de prendre un air plus stricte. "Mais que fais-tu ici ? Ta place est au lit !" "Je suis guéris Maîtresse," fis-je en écartant les bras pour qu'elle constate elle-même la cicatrisation de mes blessures. "Oui, nous le savons..." Je lui coupais la parole, trop anxieux qu'elle ai mit quelqu'un à ma place. "Je suis désolé Maîtresse, je vous ai fais perdre du temps mais je veux continuer a travailler pour vous et la maison Dxjanr "˜Lo, ne me renvoyez pas à Xyltin je vous en prie, je ferai ce qu'il faut pour rattraper mon retard." Elle fronça les sourcils. "Il n'en n'est même pas question..." Mon sang ne fit qu'un tour. "...Après ce qu'il s'est passé il lui est formellement interdit de remettre les pieds ici. La décision émane des haute instances de notre Maison. Il est inacceptable qu'elle se soit permit de laisser pour mort un esclave nous appartenant." J'eus peine a réprimer un sourire réjouit. Mon plan avait porté ses fruits. Je me contentais de baisser la tête en signe de reconnaissance. "Cela signifie-il que je fais toujours parti de la forge ?" "Évidemment", répondit-elle comme si ça coulait de source. Je venais de ressentir pour la première fois le sentiment que procurait la considération. A ma plus grande surprise, Aunrae me souriait avec franchise et paraissait même contente de me voir. "Puis-je vous demander combien de mois de travail il me faudra rattraper ?" "Combien de mois ? Tu es resté tout juste trois semaines dans le coma, nous nous demandons d'ailleurs comment ton rétablissement a put se faire si rapidement. La plupart des soigneurs qui se sont succédés a ton chevet mettent ça sur le compte de leurs talents, mais les praticiens qui connaissent l'humilité reconnaissent le caractère exceptionnel de ta guérison. Quand nous sommes venues te chercher avec Aunrae, la Mort s'emparait de toi. C'est un miracle que tu sois en vie. Une protection occulte plane sur toi." J'esquissais un sourire innocent. "Bien. Ce n'est pas tout ça mais il y a du travail en effet. Tu reprendras dés demain si tu t'en sent la force, mais nous irons doucement pour la reprise. En attendant, va dans ta chambre." J'acquiesçais du front et obéis. Xyltin était écartée de mon chemin une bonne fois pour toute. A présent, je devais échafauder un nouveau plan pour délivrer mon père...
  4. Vu que la fresque de Sewin a été rajoutée alors que des votes ont été déjà validés, serait-il possible de le recommencer par soucis d'équité ?
  5. Pour ma part, j'ai voté d'une façon tout à fait impartiale. D'ailleurs, pour éviter un vote partial, il aurait peut être été bien que les fresques aient été envoyées par MP aux admins pour conserver l'anonymat. Ça n'aurait pas évité totalement le favoritisme au détriment de la qualité du travail produit, mais ça l'aurait sans doute limité. Je pense qu'il est utile de préciser que le vote se fait sur la fresque que vous jugez la plus réussie, et non sur son auteur.
  6. VI Après d'âpres négociations entre Belarbreena et Xyltin, il fût convenu que je deviendrais esclave de la Maison Dxjanr'Lo au service particulier de la Maîtresse forgeronne. Mon bourreau obtenu un droit de visite mensuel visant à surveiller mon intégration au sein de la Haute Maison. Ma sauveuse ignorait au départ de quoi il allait s'agir, j'étais le seul à le savoir, accoutumé au sadisme d'Irae depuis mon enfance, mais je décidais de garder le silence. J'avais un plan. Le jour de sa venue arriva. J'étais si excité par mon stratagème que la punition qu'elle allait m'infliger ne me tracassa pas. La douleur était une donnée familière que j'avais appris à accepter comme inhérente a mon existence. Cette fois-ci, sans doute se déchainerait-elle plus qu'a l'accoutumée. Le fait que je lui échappe de cette manière avait dû la plonger dans une noire colère, et ce n'était rien comparé a la furie qui allait s'emparer d'elle... Je triais consciencieusement les métaux depuis une bonne heure quand j'entendis sa voix s'élever sur la place. Elle venait d'arriver. Belarbreena échangea quelques banalités avec elle avant de venir me chercher. Mon rythme cardiaque s'accéléra, je la suivis jusqu'à l'extérieur, les yeux rivés au sol. Le parfum caractéristique de ses vêtements de cuir crispa tout mon être, me giflant d'un millier de souvenirs tous plus cuisants les uns que les autres. "Nous allons faire une petite promenade lui et moi."sur un ton qui ne laissait aucun doute sur la suite des évènements. Belarbreena eu un instant d'hésitation. "Hum...eh bien a tout à l'heure, ne tardez pas trop il reste beaucoup de travail", finit-elle par dire sur un ton sec avant de s'en retourner au cœur de l'atelier. Irae laissa échapper un soupir de satisfaction avant de me pousser brutalement du plat de la main. "Avance !" Un silence pesant s'abaissa tandis que nous marchions le long de la route. J'ignorais tout de l'endroit où nous allions. Passé la citée, elle m'entraîna sur un chemin descendant vers un ancien site minier. Une cabane délabrée semblable à celle du dernier site où je m'éreintais trônait piteusement au pied d'un immense rocher calcaire. C'est là que nous allions. Elle avait déjà préparé de quoi passer ses nerfs. Sur un établi, des fers, un knout, un fouet à lanières tressées, des chaînes et encore deux ou trois objets sur lesquels je ne m'attardais pas. Avec le calme de ceux qui se délectent d'un moment longtemps attendu, elle ferma la porte à double tours, coinça la clé dans sa ceinture puis tourna lentement autour de la table, caressant de l'index ses jouets de torture. Tandis qu'elle ne me surveillait pas, je levais les yeux sur elle, chose rarissime. Jamais auparavant je n'aurais pris un tel risque, mais aujourd'hui était bien différent. En scrutant son visage pour la première fois, je m'aperçus que je m'étais fais une fausse image d'elle, une image en corrélation avec ce qu'elle faisait de moi, image d'un visage mêlé de terreur, de souffrance, de cauchemars. Au lieu de ça, je me surpris a analyser ses traits avec intérêt et sans aucune retenue. Irae était dotée d'un visage de guerrière, aux traits francs, aux lignes droites et sans rondeurs. Son regard lavande perçant était encadré par des cheveux noirs et raides, coupés au dessus des épaules. Son visage était d'une perfection inouïe. D'une élégante et implacable dureté. Étrangement la teinte de sa peau contrastait, s'approchant d'un gris clair et doux. Mon bourreau releva précipitamment les yeux, croisant le miens à peine un instant. Sa colère ne se fit pas attendre. "COMMENT OSES TU !" Elle n'eût qu'un pas à faire pour me gifler. Elle s'empara du fouet. "Déshabille-toi !" Je m'exécutais, le front baissé. Tablier et pantalon tombèrent au sol. Xyltin s'approcha de moi, tout près. Elle me respira comme une proie. "Belarbreena te gâte...tu sens le savon, et tes vêtements sont propres.." Elle me contourna. Son haleine lécha mon épaule. Je sentais ses yeux courir sur mon corps, parcourir avec délectation les marques qu'elle m'avait laissé par le passé. A cet instant je compris qu'elle me considérait comme sa chose, et que ce moment de retrouvailles signifiait bien plus pour elle qu'une simple séance de torture. J'étais l'esclave qu'elle connaissait le mieux, l'esclave réputé pour son ignominie auquel elle infligeait la hire de Lloth. Un cadeau, un privilège, et une relation aussi malsaine que familière entre elle et moi. Sa main saisit une dague à lame serpenté, plus connu sous le nom de kriss. Elle posa la pointe sur ma gorge. Perle de sang, courant le long de ma clavicule. Ses prunelles vibrèrent à sa vue. Son cœur s'emballa d'excitation, elle se mordit la lèvre inférieur avant de se reculer. Le fouet claqua bruyamment dans l'air. La goutte de sang descendit au creux de mes pectoraux. Je sentais que c'était le moment, elle était à point... "Malla Jabress, ne voulez-vous pas goûter le sang que vous avez fait couler ?" Mon intervention la stupéfia, si bien qu'elle resta sans rien dire de longues secondes. Une nouvelle perle de sang suinta de la petite plaie à ma gorge et suivit le filet sanguinolent, accélérant la course de la première le long de mes abdominaux. Elle lâcha un grognement décontenancé et pour toute réponse me repoussa a deux mains contre le mur. Je restais sans réaction. Elle saisit mes poignets un a un et les emprisonna à l'aide de fers, me maintenant les bras à demi-levés. Elle approcha sa bouche de mon visage et me lança sur un ton menaçant. "Ne t'avise plus de m'adresser la parole, ou ta langue finira sur le parquet de cette cabane !" La situation bien qu'inconfortable me procurait une certaine satisfaction. J'avais réussi a la déstabiliser, et à mesure que les secondes passaient, je sentais sa rage grandir...et grandir encore... Ma bravade m'avait valut tant de coups que j'étais incapables de les dénombrer, et de dire combien de temps cela avait duré. La souffrance déforme notre notion du temps. Une minute peut paraître une heure, tout comme s'évanouir nous plonge dans les ténèbres quelques secondes et nous semble cent fois plus long. La douleur habitait chaque parcelle de mon corps, chaque muscle, chaque centimètre de chair. Tuméfié, lacéré, fracturé, en âge de sueurs froides, en sang. Xyltin n'avait su s'arrêter et m'avait laissé mourant dans la bicoque. J'avais payé le prix fort. Belarbreena et Aunrae avaient dû venir me chercher. Je me rappelle d'un cris effrayé. Puis rien d'autre que des ténèbres... Seule la quasi imperceptible lueur d'espoir qui m'habitait brillait faiblement dans mon cauchemars...
  7. J'ignore combien de personnes suivent mon RP (qui est particulièrement long ), mais pour information il est plus étoffé de deux ou trois posts sur le forum de ma faction (pour les éventuels pressés). Voici le lien directe > http://constellation.winnerbb.net/t1500-l-heritier-noir (nécessite sans doute une inscription préalable). Bonne lecture.
  8. Je refermais la porte et la suivis docilement. Elle me désigna une autre porte. "Ici, c'est ma chambre...et là," fit-elle en s'arrêtant face à une nouvelle porte, "c'est ma salle de bain." Son insistance sur le « ma » me fit clairement comprendre que je n'y aurai pas accès souvent, elle confirma d'ailleurs très vite mes suppositions. "Ma mère veut que tu prennes un bain, et il est évident que c'est indispensable...mais cette salle de bain reste ma salle de bain, ce qui signifie que tu n'auras plus le droit d'y entrer après aujourd'hui. Pour faire ta toilette tu iras tirer de l'eau au puits et tu la feras à la vasque, comme tous les mâles." Elle posa sa main sur la poignée. "Et surtout ne touche à rien." Je hochais la tête, les yeux rivés au parquet quelque peu agacé par ses airs supérieurs, même si comparé aux Yochlol elle était plutôt aimable ... La pièce n'était pas particulièrement grande. Sur un tapis trônait une baignoire en fonte. Des linges blancs étaient tendus au plafond et glissaient jusqu'au sol. Dans une cheminée crépitait un feu dont les flammes léchaient une marmite d'eau. La jeune femelle me désigna un paravent en bois sertit de pièces de métal. "Déshabille-toi." Je disparu derrière le panneau et commença a retirer mes vieilles fripes crasseuses. Dans une rainure, je pu observer Aunrae qui s'affairait à remplir le bain. Je n'avais pas encore eu le loisir de la détailler, à vrai dire je n'avais pas osé de peur qu'elle me rabroue. Cette méfiance me mit soudainement en colère. Ces années d'esclavage m'avaient formaté, avait fait de moi une chose docile et craintive. Ce sentiment de peur qui m'habitait était insupportable depuis longtemps, même s'il m'avait sauvé la vie plus d'une fois, mais depuis ma rencontre avec Ztefano je sentais qu'un besoin imparable de m'arracher à cette soumission, à cette fatalité malsaine m'assaillait avec davantage de force. A mesure que j'observais mon hôte, un désir ardent de manipulation s'empara de moi... Gagne leur confiance, montre qui tu es, de quoi tu es capable, reste discret face à tes ennemis, sais courber l'échine pour mieux redresser le dos au moment propice, et agir au moment où ils ne s'y attendent plus... Impétueuse. La fille de Belarbreena arborait une chevelure de feu qui frôlait ses épaules en mèches distinctes et effilées. Ses traits étaient à la fois fins et précis. Ses pommettes légèrement bombées soutenaient deux grands yeux en amande aux reflets argentés, limpides comme une source claire. La couleur de sa peau était chaude comme le bronze. Son corps élancé donnait une fausse impression de fragilité. Elle devait être tout juste plus âgée que moi. Mon pantalon glissa sur mes chevilles. J'étais un esclave puant et crasseux, cela faisait une éternité que je n'avais pas croisé mon reflet, ce bain serait l'instant de ma purification, du renouveau, et sans doute de ma rencontre avec moi-même ... L'apprentie vida une dernière marmite d'eau chaude dans le bain. "C'est prêt !" Elle se tourna pour raccrocher le récipient dans la cheminée. A cet instant, je savais qu'elle éprouvait pour moi une profonde indifférence teintée de dégoût. Jamais une femelle de son âge normalement constituée aurait accepté de voir un mâle nu devant elle. Je pensais alors qu'elle ne me considérait même pas comme tel. Je devais avoir autant d'attrait que le pichet posé sur la table, à la différence prêt que le pichet était utile et décoratif. Je fronçais les sourcils, le cœur palpitant. Jamais je ne m'étais retrouvé dans pareille situation. Jamais une femelle n'avait eu l'occasion de me voir ainsi. Mes mâchoires se serrèrent. Tandis qu'elle était encore retournée, un flot de rage déferla en moi. J'étais tiraillé entre le besoin d'exister, de me montrer sans me cacher pour qu'elle se rende compte de ma présence, et l'envie de me réfugier dans ce bain et d'y disparaître. J'accélérais brièvement le pas jusqu'à plonger mon pieds dans l'eau chaude. Ma tête me disait tout et son contraire. Entre ! Reste-là ! Attends qu'elle se retourne ! Cache-toi ! Affirme-toi ! Tu n'es pas un meuble ! Tu es crasseux ! Va dans l'eau ! L'instant de réflexion de trop, elle se tourna vers moi sans se douter que j'étais encore debout. Un pieds dans la baignoire, l'autre sur le parquet dans une position des plus impudique. Ses yeux se perdirent un instant sur mon corps avec affolement avant de se détourner, le feu aux joues. Je déglutis bruyamment, la gorge serrée dans un étau de fer, a la fois vert de honte et ravi d'avoir provoqué une réaction chez elle. Je m'immergea immédiatement ensuite dans le bain. "Hum..bon..Je...vais te laisser te laver...Tiens, voilà du savon." Elle le jeta dans l'eau dans un plouf précipité et quitta la salle d'eau. Mon rythme cardiaque tambourina encore un moment ma poitrine avant de retrouver sa mélopée naturelle. Je plongea la tête sous l'eau chaude en souriant...
  9. "Tu prendras la chambre de Nadal, elle est rustique pour un crint'ri mais pour toi, j'imagine que ce sera le grand luxe...Aunrae te donnera un tablier et te montrera où sont les outils dont tu auras besoin pour commencer." L'idée d'entamer mon apprentissage m'excita grandement jusqu'à ce qu'elle m'annonce le programme... "Tes tâches sont simple et incombent à tout apprenti dés le départ. Tous les matins tu nettoieras et rangera la forge de fond en comble avant que nous ne commencions le travail, prévois trois heures, sachant que nous mettons la machine en marche dés 7h. Tu te chargeras ensuite d'allumer les fours, de les alimenter, de changer l'eau des bacs, de ranger les outils au fur et à mesure, de trier dans les caisses les différents métaux, ceux à refondre et ceux à jeter, de classer les productions dans les coffres adéquats en fonction de leur type, puis de leurs livraison une fois l'objet fini. Voilà, je crois n'avoir rien oublié. Des questions ?" Tentant d'emmagasiner le flot d'informations qu'elle me donnait sans rien omettre, je restais silencieux quelques instants. "Y'a quelqu'un ?!" fit-elle en tendant le cou vers moi, un sourcil levé. "Euh...non Maîtresse, pas pour le moment. J'ai bien compris." Elle me dévisagea un instant avant de reprendre avec davantage de sérieux. "Je vais devoir te trouver un nom, je ne vais pas pouvoir te faire travailler sans jamais te nommer, et les insultes des Yochlol ne sont pas à mon goût. Tu as une proposition ?" Je fis mine de réfléchir puis hochais la tête. Personne ne connaissait mon prénom de naissance, alors a quoi bon le lui cacher ... "Helevorn ?" "Hum..."fit-elle pensive. Alors Helevorn, tu me feras le plaisir de prendre un bain !" "Oui Maîtresse..." Je crû rougir de honte. Pour vivre dans la crasse depuis si longtemps, mon odorat avait dû s'accoutumer aux odeurs les plus désagréables, et il est vrai que mon dernier bain remontait à plus d'un mois dans une rivière souterraine près d'un site minier. Je comprenais mieux le dégoût et le mépris que nous esclaves, inspirions si facilement aux autres. Belarbreena s'éclipsa, me laissant seul au milieu de la forge quand la voix d'Aunrae retentit. "Hey !" Je me retournais. "Si tu veux voir ta chambre viens avec moi." Je lui emboîta le pas sans tarder. Après avoir emprunté un escalier de bois descendant au sous-sol, elle ouvrit une porte sur sa gauche et entra. Je la suivis, scrutant le lieu qui serait ma future chambre. Mon hôte rassembla quelques affaires de mon prédécesseur avant de se tourner vers moi pour me désigner les différents meubles de la pièce, qui se résumaient a deux... "Voilà ton armoire pour ranger ton habit de travail, et ton lit." L'endroit était épuré mais la simple idée d'avoir une chambre privative me remplissait de joie. En presque deux décennies ça ne m'était jamais arrivé, si on ne compte pas les quelques fois en isolement...Je hochais la tête dans un sourire sous le regard antipathique d'Aunrae. Sans doute devait-elle trouver mon enthousiasme ridicule, et je sentis rapidement qu'elle me prenait pour un opportuniste même si la décision de me prendre à la forge avait été prise par sa mère. "Je ne te donne pas la clés de la porte, je pense que tu n'as rien à cacher n'est ce pas ?" Je secoua la tête sans croiser son regard. Elle ouvrit la penderie pour en sortir un pantalon et une chemise en toile simple avant de s'engouffrer dans le couloir. Sans savoir si je devais la suivre ou rester là, j'eus un instant de flottement. Ses pas s'arrêtèrent... "Tu viens ?!"
  10. Belarbreena s'en retourna vers la forge. Avant de la suivre je jetais un œil par-dessus mon épaule. Kaomal me regarda d'un de ces regards à la fois interrogateurs et confiants. Il me fit un léger signe de tête avant que la Yochlol ne fasse claquer le fouet au dessus de leurs crânes, signe qu'il était grand temps de partir. La charrette produisit un léger grincement et avança avec légèreté, maintenant qu'elle était libérée de son colossal chargement. Sans perdre plus de temps je rejoignis ma sauveuse à l'intérieur du bâtiment. La guérisseuse dépêchée pour le blessé quitta le chevet de ce dernier en rangeant un monocle dans la poche intérieur de son veston. Elle s'avança, le visage concentré pour annoncer le diagnostic. "Les os de son pieds sont brisés, il ne pourra pas remarcher avant plusieurs mois...s'il remarche. Il risque d'être boiteux." La forgeronne poussa un profond soupire. "Je lui ai appliqué un puissant onguent antihémorragique cicatrisant, et lui ai donné une potion d'insensibilité afin d'amoindrir sa souffrance. L'onguent doit s'appliquer tous les jours dans un premier temps, quant à la potion, elle doit lui être administrée toutes les 3-4 heures..." "Je ne peux le garder ici. Il faut qu'il soit emmené dés maintenant dans un endroit où il pourra être soigné. La forge n'est pas un lieu adéquat et j'ai trop à faire pour m'occuper de ça." La guérisseuse baissa la tête en signe d'acquiescement. "Prévenez son père, vous le trouverez à la Grande Maison." "Je suis là !" fit une voix de l'extérieure. Un homme vêtu richement pénétra dans la forge, les sourcils froncés. "Bonjour Malla Qu'el'saruk." "Maître forgeronne, où est mon fils ? J'ai été prévenu a l'instant de l'accident." "Dans la pièce à l'arrière," répondit la guérisseuse. "Il s'est endormit sous les effets de la potion, mieux vaut le laisser dans les ténèbres pour le moment..." Il hocha la tête avec gravité. "Et son pieds ? Il va pouvoir continuer son apprentissage ?" "Non," répondit Balerbreena sans demi mesure. "Il en a pour plusieurs mois, je ne peux le garder ici. Ramenez-le chez vous pendant sa convalescence ..." Il poussa un soupir sec, s'engouffra dans la chambre et en ressortit avec son fils assoupit entre les bras. "Je veux voir l'esclave responsable de ceci écartelé sur la place publique." "Ce sera fait Malla Qu'el'saruk, n'en doutez pas. Irae Xyltin compte se déplacer jusqu'ici pour faire justice..." L'homme grogna pour toute approbation et quitta les lieux suivie de près par la guérisseuse. Belarbreena se tourna ensuite vers moi, plongeant son regard dans le miens. "Il semblerait qu'une place d'apprenti se soit libérée..." Ma bouche afficha un sourire réservé, ne sachant si je devais me réjouir ou déplorer cet évènement. N'ayant aucune idée du caractère de cette femelle, je décidais de prendre le moins de risque possible. "Aunrae !" appella-t-elle. Une jeune drow aux yeux de chats apparut. "Ah, tu es là ! " "Je nettoyais le sang sur le linge..." son regard se posa sur moi.""Qui est-ce ?" "Le nouvel apprenti." Ses yeux s'écarquillèrent. "Mère, tu ne peux pas prendre la place de Nadal pour la lui donner..." protesta-t-elle. "Je fais ce que bon me semble Aunrae. Il n'est plus en état de travailler quoi qu'il en soit." "Et quand il sera guérit ?" "Nous en reparlerons...puis ça lui évitera de te tourner autour sans cesse." La jeune drow leva les yeux au plafond. "Et ne discute pas." Elle haussa les épaules brusquement et disparut de la pièce. La forgeronne se tourna vers moi. "Officiellement tu es l'esclave de la forge, officiellement aussi je ne prend aucun remplaçant et j'attends le rétablissement de Nadal. La surveillante en chef de ta garnison d'esclave n'acceptera jamais que je te prenne comme apprenti, alors tu devras faire profil bas sous peine de retourner là d'où tu viens, est-ce clair ?" "Très clair Malla Jabress." fis-je sur un ton des plus respectueux. "Quant à ma fille, elle n'en dira rien, j'ai une confiance totale en elle." Elle jeta un œil vers la porte. "Elle a juste son caractère..."
  11. Derrière moi, les pas de la Yochlol se rapprochèrent. "Va décharger l'adamantite avec les autres, dépêche-toi !" La forgeronne ne dit mot. L'espérance m'emplissait, se débattant face à la fatalité qui chaque seconde de plus gagnait du terrain. Je ne bougeais pas, avec l'espoir que Belarbreena dise quelque chose. Il n'en fût rien. Un coup de pied dans le tibia me rappela a la dure réalité. "Qu'est ce que tu attends !" éructa-t-elle. Mes poings se serrèrent, ça n'avait pas fonctionné. Je m'en retourna alors le dos courbé sous les coups de knouts en direction du chariot autour duquel s'activait les humains. Mon esprit était tant accaparé par mes tourments que ma chair ne ressentit rien à la rossée. Pourquoi ça n'a pas fonctionné ? Ztefano m'aurait-il mentit sur mes pouvoirs ? Comment vais-je réussir à m'arracher au joug de Xyltin à présent ? L'occasion était parfaite, et mon plan a échoué ! Pourquoi ? M'y suis-je mal pris ? Que devais-je faire ? ... La colère grandissait face a mon échec et mon impuissance. Ma défaite était d'autant plus cuisante que pour la première fois dans ma vie j'avais cru en une libération, véritablement. Je me sentais trahis et incapable. Tel un pantin articulé par le bon vouloir de mes bourreaux, mes mains se saisirent des minerais. Lourds et coupants. Je rentrais dans le rang, suivant la procession qui menait au dépôt. L'odeur de sueur des hommes me donna la nausée. Kaomal croisa mon regard vide, je ne le vis même pas. En mon for intérieur, un refrain tourbillonnait. Assez de cette vie...assez....assez... L'adamantite s'entassait dans des coffres en métal jusqu'à rebord avant d'être fermés à clés et transportés en lieux sûr par deux apprentis forgeron. Mon regard s'aiguisa sur eux. Je convoitais leur place, mais il n'y en avait pas pour moi, fils de personne et meurtrier aux yeux de tout un peuple... Soudain, un hurlement de douleur m'arracha à mes pensées. Un coffre venait d'échapper aux mains d'un apprentis et avait fini sa chute sur son pieds. Immédiatement, un attroupement se forma. Caridd s'empara le premier du coffre pour le soulever quand la Yochlol dispersa l'attroupement suivie de la forgeronne. "IBLITH DEL RIVVIL (1) !" mugit-elle. Elle décocha un violent coup de knouts en plein visage de Caridd qui tomba à la renverse en tenant sa tête entre ses mains. "Tu mourras pour ta maladresse !" La surveillante croyait l'humain responsable de l'accident, Kaomal intervint immédiatement pour plaider sa cause mais n'en récolta qu'un coup brutal suivi d'une menace de mort. Le coffre fut dégager et l'apprenti emmené dans la forge pour être soigné accompagné de ses geignements de douleur. Belarbreena avait assisté à la scène le visage fermé, elle n'avait rien dit jusque là mais son regard en disait long. Lorsque la maîtresse ordonna le retour vers les mines, la forgeronne la prit à part. Elles discutèrent quelques instants tandis que nous nous mettions en place sous les bras de la charrette. Elles se tournèrent vers moi. Je baissa immédiatement les yeux. La conversation sembla monter d'un ton et pris fin brutalement. La Yochlol revint vers le chariot en maugréant, me saisit par le bras et m'entraîna sans ménagement jusqu'à Belarbreena devant qui elle me poussa d'un geste méprisant. "Irae Xyltin sera prévenue dés mon retour. Je doute qu'elle accepte une telle chose, vous savez aussi bien que moi pour quelle raison." "Je m'entretiendrai avec udossta malla Ilharess (2) quant à son devenir, et avec Jabress Xyltin (3). Mais sachez qu'après l'acte impardonnable de votre esclave sur mon apprenti, vous n'avez pas grands arguments pour vous y opposer." "Vous verrez ceci avec elle, Aluve'." "Aluve' Yochlol." Un léger sourire s'esquissa sur mon visage... -------- (1) Vermine d'humain (2) Notre Honorée Matrone (3) Maîtresse Xyltin
  12. L'interrogatoire s'était semble-t-il déroulé d'une manière bien étrange. Orus usait de méthodes qui n'avaient pas satisfaites le Capitaine Ashbert. Les dépouilles des gobelins assassinés avaient été pendues en signe d'avertissement autour de la ville, donnant à la belle citée de Melrath Zorac une aura morbide. A première vue, les épouvantails macabres avaient éloigné les éclaireurs de la ville, mais seulement en apparence. J'avais ouïe dire que certains Constellés en avaient trouvé encore près de la mine, et d'autres dans les marais. Malgré les efforts du Capitaine, la menace semblait s'étendre. Quelque chose de mauvais planait dans l'air, je le sentais chaque jour davantage. Pour avoir combattu ces bestioles verdâtre il y a longtemps, je connais leur caractère pernicieux...mais les gobelins ne sont que des pantins vils et soumis, je savais qu'une menace bien plus grande se cachait derrière ces tentatives d'infiltration. La garde mise en place autour de la citée ne servirait pas à grand chose, car nous n'avions pas à faire à une simple attaque d'une tribus gobeline, c'était évident. Qui as déjà vu une tribu faire le siège d'une cité militairement cent fois plus puissante. Ces bestioles qui vivent dans les souterrains ou dans de petites bicoques construites avec les matériaux qu'ils trouvent ont tout à perdre en s'attaquant seuls à Melrath Zorac, ils ne font pas le poids et ils le savent. Se débarrasser de leurs éclaireurs était d'ailleurs trop facile... L'arbre qui cache la forêt...fis-je dans un souffle. Désormais, le temps était à l'enquête plus qu'au combat, et ce n'est pas la garde levée par le Capitaine Ashbert qui suffirait à régler le problème, même sur-entraînée...la source venait peut être de l'endroit où on s'y attendait le moins...
  13. Merci pour les compliments
  14. Pourquoi, ils sont racistes ?
  15. S'aimer, ce n'est pas se regarder dans les yeux...c'est regarder ensemble dans la même direction...
  16. Un skin basé sur mon perso (vu de face only).
  17. La nuit était claire. L'air frais du dehors transportait le parfum des ténèbres, me donnant l'irrésistible envie de m'extirper de ma chambre trop chauffée par le feu crépitant encore dans l'âtre. Je descendis les escaliers de l'auberge d'un pas de loup, déposa sur le comptoir une bourse d'or à l'attention de la tenancière et m'engouffra dans la ville. Nulle âme qui vive. Melrath Zorac était à ma merci, et les gobelins qui je savais grouillaient derrière les porte de la ville allaient goûter une nouvelle fois à ma lame. Tuer ses bestioles répugnantes et vicieuses avait rythmé mes journées. J'avais dû en assassiner une cinquantaine sans encore réussir à en capturer un. L'idée même d'en épargner et de ne pas pouvoir participer à son interrogatoire me contrariait au plus haut point. Le Capitaine Ashbert en offrait pour 1000 pièces d'or. Une somme honnête, mais ce n'est pas l'argent qui me motivait... Mes pas me guidèrent aux portes ouest. Ma vision nocturne me permis de voir clairement parmi les ombres ce qui pouvait se terrer. Comme toujours depuis mon arrivée, le désert subissait les attaques répétées des dragons de feu et de glace, rendant la progression hasardeuse, marchant parfois sur un sable brûlant, ou sur un sable figé, gelé et glissant comme la banquise. Les sens en éveil, je perçus un mouvement derrière l'épave d'une charrette que la ville n'avait jamais pris la peine de se débarrasser. Pour avoir occis plusieurs gobelins à cet endroit, je savais qu'ils le privilégiaient pour se placer en embuscade. Profitant de mon don d'invisibilité que je n'avais jusqu'alors jamais utilisé avec les éclaireurs, je m'approcha de la charrette sans être vu et y découvris un gobelin. Mon visage se fendit d'un sourire satisfait. Il était assit contre une roue, occupé à aiguiser ses flèches avec un cailloux. J'hésitais un instant à daigner mon épée, craignant que le son du métal glissant dans le fourreau ne l'alerte. J'avançais encore d'un pas. Le sable crissa légèrement sous mon poids. L'éclaireur s'arrêta un instant, huma la brise et soudain se tourna en direction de la porte, me tournant le dos. Il m'avait sentit mais ignorait où je pouvais bien me trouver, c'est alors que d'un puissant coup sur la nuque je l'assommais net. Avec un peu de corde trouvé dans ma besace, je le ligota et le hissa sur mon épaule, en route pour l'auberge de la Mine. Je pressais le pas pour éviter de faire une mauvaise rencontre avec ce colis plutôt encombrant...Il n'était pas question de me faire voler mon prisonnier. Dans les étoiles, j'en vis une scintiller davantage que les autres, c'était celle d'Hilda. Je la sentis tout près. Mes pas devenaient de plus en plus lourd dans le sol meuble, et le gobelin puait atrocement. Arrivé aux ruines de Til'lunis, j'aperçus une guerrière d'aqua plantée en travers du chemin. Mon sang ne fit qu'un tour avant que je m'aperçoive qu'il s'agissait bien d'elle. Escorté par la guerrière, je rallia l'auberge et me présenta devant le Capitaine Ashbert. Je jeta le gobelin encore inconscient a ses pieds. Il vérifia qu'il était bien en vie puis me donna ma récompense avant de me charger de prévenir Orus. Je pris une chambre à l'auberge et m'installa au bureau pour rédiger ma missive.
  18. Un rictus ridicule s'empara de sa face de rat. Son corps pesait soudainement sur ma lame, penché en arrière comme il était à présent. Soubresauts mortels de ses muscles pétrifiés par la mort, il bavait et suait des larmes froides. La lèvre tremblante, il saisit de ses doigts griffus le métal de mon épée, happant mon regard avec des yeux de fou. La souffrance grouillait dans son abdomen comme un milliard d'aiguilles, la douleur l'emportait dans une déferlante, culminant dans des sphères inexplorées. Ses paumes s'abîmaient sur le tranchant, faisant ruisseler le reste de son sang noirâtre jusqu'au pommeau. Sa pupille jaune tenta d'arracher quelque chose à mon esprit, alors que la démence le gagnait. Il bascula la tête en arrière puis la releva dans un ultime effort, la bouche tordue dans un sourire insensée. Un ricanement sinistre s'échappa de sa gorge jusqu'à éclater en un rire mesquin. L'éclaireur Gobelin était arrivé au bord du supportable. Il se cramponna plus fermement à ma lame, tentant de l'attirer plus loin au fond de ses entrailles. Mes sourcils se froncèrent. Je retins mon bras un instant, prenant le temps de lancer un regard vers son acolyte assis à même le sol, les mains pressées contre la plaie béante de sa jambe qui le condamnait à rester en spectateur. En un instant ma lame s'enfonça dans le thorax du gobelin et sectionna sa moelle épinière. Son corps glissa sur le sol comme un pantin désarticulé. Retirant mon épée d'un coup sec, je me dirigeais alors vers ma seconde proie. A mon approche, elle prononça quelques mots dans son jargon infâme, sortit un poignard de nulle part et se le planta dans le cœur. Le second éclaireur tomba a la renverse sans un cri, les yeux révulsés. La capture ne sera pas encore pour aujourd'hui...
  19. V "Gamin ! Lève-toi. La Yochlol va arriver d'une minute à l'autre." J'ouvrais les yeux sur le plafond poussiéreux de l'étable. Kaomal était accroupit près de moi, les traits tirés. "Je ne t'ai pas entendu rentrer cette nuit. Tu as trouvé ce que tu cherchais ?" me chuchota-t-il. "Oui..."lançais-je machinalement. Je me redressais, plissant mes paupières chaudes de sommeil. A travers mon corps, je ressentis soudain quelque chose d'étrange, bouillonnant dans mes entrailles, parcourant mes muscles, fourmillant dans mon crâne jusqu'à l'extrémité de mes cheveux. J'étais comme revigoré. Mon regard croisa celui de l'humain. Son expression se figea un court instant, ses lèvres esquissèrent un mouvement quand la maîtresse arriva. Il saisit mon bras pour que je le regarde à nouveau. "Quoi ?" demandais-je. Il ouvrit légèrement la bouche. "TOI !" lança la Yochlol en me désignant de l'index, coupant mon compagnon. Mon sang ne fit qu'un tour. "Tu es attendu à la forge, dépêche-toi !" La maîtresse se retira. Les esclaves se tournèrent vers moi pour me dévisager avant de reprendre leurs activités. "Pourquoi la forge ?" demandais-je à l'humain. "Le déchargement de l'adamantite est repoussé ?" "Non...Nous y allons. Je ne sais pas pourquoi on te demande à la forge, mais en tout cas prend-le comme un privilège, tu y rencontrera le Maître Forgeron." Je me levais sans un mot. "Regarde-moi." Je levais les yeux sur lui, ses prunelles semblèrent se perdre dans des miasmes ténébreux. "Je ne sais pas ce que tu es allé faire à la Maison Rouge, mais quelque chose à changé en toi... Ne tarde pas ! "finit-il par me dire en me donnant une tape sur l'épaule. La Maison Rouge...mon esprit s'éveilla soudain dans le souvenir de cette nuit irréelle. Ztefano. Mes parents. Ma mission...Un frisson me parcourut les membres. Lloth...murmurais-je. Sans plus d'explication, je sortis de l'étable d'un pas déterminé et rallia la forge. Là, plusieurs nobles de la maison Dxjanr'Lo discutaient avec la Maîtresse. Je ne pris pas le risque de lever les yeux vers leurs visages, m'avançant modestement en silence. "Le voilà." "Aaah, enfin !" fit-une voix masculine. "Voilà le sauveur de l'économie de Che'el !" "Ne lui donnez pas plus d'importance qu'il en a, il n'en vaut pas la peine." "Hmm. Mais c'est un Drow !" "Oui, c'est ce que la servante de Lloth nous expliquait tout à l'heure, si vous étiez un peu plus attentif..." "Oh ! Mille excuses pour la bavure Malla Ilharess (1). Mon enthousiasme m'a rendu sourd." La forge était ouverte vers l'extérieur. L'odeur du métal chaud me picotait les narines. Sur des tables en bois étaient disposé des tenailles, des pinces, des marteaux de différentes tailles. Au cœur, un four de pierre recueillant un réceptacle rempli d'un liquide en fusion, fumant et bouillonnant. Alors que les c'rintri s'éloignaient avec la Yochlol pour discuter de moi, un tablier de cuir boucha mon champ de vision. "Quel est ton nom ?" me demanda une voix féminine. "Je suis né sans nom," répondis-je sans lever les yeux. Un court silence s'installa. "Quel âge as-tu ?" "Je crois 17, ou 18 ans..." Elle soupira sèchement puis retira ses gants d'artisan. "Je suis Belarbreena Pharn, Maîtresse Forgeron de la Maison Dxjanr'Lo. Les conseillés d'Elvraema voulaient rencontrer l'esclave qui a mit fin à la crise, mais ta surveillante à tout fait pour les en dissuader. Je n'ai pas tout écouté de ce qui s'est dit sur toi et à vrai dire peu m'importe. Si Lloth t'as réduit en esclavage, c'est qu'elle avait ses raisons, et ce qui concerne la Déesse ne me regarde pas..." Une idée éclot dans mon esprit. Une idée pour échapper aux griffes de Xyltin et de ses sbires. Une opportunité à ne pas laisser filer. Je devais tenter quelque chose que je n'avais jamais tenté auparavant, tenter quelque chose qu'on m'a toujours interdit. Comme un appel, je sentais cet instant se figer dans le temps. Je levais alors les yeux sur cette femme, plongeant mon regard dans le sien, relevant la tête pour lui répondre. "Je suis honoré de faire votre connaissance, Maîtresse." Mes prunelles s'imprimèrent aux siennes, lui transmettant aussi fort que je le pouvais mon désir de travailler à ses côtés à la forge avant de baisser les yeux à nouveau, prenant garde à la vigilance de la maîtresse. Je n'eûs pas le loisir d'apprécier l'expression de son visage, à peine avais-je eu le temps de regarder ses traits. Le message que je devais lui transmettre primait sur tout, à présent, je devais attendre, et voir... --------------------------------- (1) honorée matrone
  20. Mon cœur sembla sortir de ma poitrine. "C'est un assassin de la Griffe Noire qui s'en est chargé, commandité par Lloth." Une chape de plomb s'écrasa sur ma nuque. "Que voulez-vous dire ?" "Ta mère n'était pas une Faerz'un'arr mais l'Ulathtallar(1) de la déesse araignée. " Mon sang se glaça tellement que je cru mourir sur place. "La haute maison Aleanrahel ordonna à sa guilde d'empoisonner l'enfant qu'elle portait. Les meilleurs empoisonneurs de la Griffe Noire furent mis à contribution pour confectionner un philtre mortel spécial. Ils travaillèrent jour et nuit pendant des semaines avant de le mettre au point, allant même jusqu'à capturer des femmes enceintes à la surface pour réaliser leurs expérimentations. Ils ne voulaient pas prendre le risque de tuer ta mère au départ. Un jour, ils pensèrent détenir le poison parfait. Malheureusement pour eux, il n'eût absolument aucun effet sur le fœtus. Ton père veillait sur toi..." "...Qui est mon père ?" "Ton père est Jeggred Dhuunyl, mage-lame extrêmement puissant, craint par Selvetarm (2)même. Il était à la fois le Qu'el'saruk (3) et le Qu'el'faeruk (4) de la haute maison Helviiryn..." Mes yeux s'écarquillèrent. "Sa maîtrise des arts du spiritisme, du mysticisme ainsi que sa connaissance des lames était reconnu à travers tout Che'el. Il était l'un des mâle les plus respecté et les plus influent du royaume, jusqu'à ce que Lloth l'exil à jamais dans les profondeurs..." Je buvais ses paroles comme un assoiffé, plus effaré de seconde en seconde. "Le Maître partagea un amour clandestin avec l'Ulathtallar, sous les yeux désapprobateurs de leurs maisons." La grande maison Aleanrahel et Helviiryn étaient les plus dévouées et les préférées de Lloth parmi les sept, qui avait un léger penchant pour cette dernière. "Un jour, l'Archi-prêtresse de la déesse tomba enceinte. Tes parents étaient heureux, mais ils savaient ce qui les attendait au bout du chemin, et leurs craintes se confirmèrent rapidement. La maison Aleanrahel, craignant de voir destituée son Ulathtallar, et donc de perdre toute influence, conclu un sombre pacte avec la maison Helviiryn, qui elle aussi redoutait de perdre les faveurs de Lloth. L'empoisonnement dont je t'ai parlé fût commandité. Ce fût un échec cuisant, le Maître veillait puissamment sur toi et sur ta mère. Au pied du mur, la maison Aleanrahel fit alors quelque chose qui plongea la maison favorite de Lloth dans les profondeurs. Elle accusa Jeggred Dhuunyl de viol. La déesse araignée, folle de rage, n'écouta pas la voix de la maison Helviiryn et bannit ton père dans les strates inférieurs. Dans son infini cruauté, elle laissa son Archi-prêtresse te mettre au monde afin de te réduire en esclavage, et fit empoisonner ta mère juste après ta naissance. " Je restais muet de longues minutes, les yeux plongés dans un chaos infini avant de dire quoi que ce soit. "Pourquoi...pourquoi Lloth n'a-t-elle pas tué mon père ?" "Il avait trop d'influence et de puissance pour se faire empoisonner comme n'importe quel c'rintri (5), de plus, la déesse craignait une confrontation directe avec lui. Elle a préféré l'exiler et l'emprisonner dans les limbes, et savoir qu'il serait le spectateur impuissant de ta servitude...sauf qu'elle l'a sous-estimé. S'il ne peut plus revenir à Che'el, il peut y envoyer son plus fidèle serviteur..." Sa phrase resta en suspend, je regardais Ztefano sans le voir, écrasé par le poids de ses révélations. "Tu es envoyé par mon père..." "Oui, Helevorn." Ma tête s'inclina contre ma paume. "Et qu'attend-t-il de moi ?" "Que tu te libère... Tout à l'heure, je t'ai demandé si tu savais pourquoi on t'interdisait de regarder les femelles dans les yeux." Je hochais la tête. "Parce que tout le pouvoir du Maître réside là," fit il en désignant mes yeux de son index brumeux. "Tu as hérité d'une part de sa puissance. Elle dort depuis des années au fond de toi. La maison Aleanrahel qui dirige les Yochlol leur ont interdit de croiser ton regard, par crainte que le pouvoir psychique de ton père ne les soumette à sa volonté. Si elles enfreignent la règle, elles risquent la mort." Elles aussi vivent avec une menace perpétuelle au dessus de leur tête, jamais je n'aurai pu l'imaginer... "Mais ne ressent aucune clémence envers elles. Si elles ont ordre de fuir ton regard, leurs sévices et particulièrement ceux de Xyltin sont le fruit de leur adoration pour Lloth. " Il avait sans doute capté mes pensées pour me dire ceci, mais je ne ressentais qu'une rage sourde au fond de moi. Une colère si grande pour mes bourreaux, les machinations des maisons et la déesse, que j'aurai pu les tuer de mes propres mains s'ils avaient été devant moi. "Tu es furieux, je le sens." Je serrais les poings. "Ils vont payer. Pour les mensonges, pour le meurtre de ma mère et le bannissement de mon père, et pour ce qu'ils m'ont fait subir toutes ces années..." "Oui Helevorn, tu vas leur faire payer. Chèrement. Tu vas faire payer Lloth, car si tu la soumet à ta volonté, tu libéreras le Maître de sa prison..." Une décharge d'énergie maléfique parcourra mes membres, « Tu libéreras le Maître ». Cette perspective me donna encore plus de hargne. "Je soumettrai Lloth, et je libérerai mon père. Ztefano, dis moi ce que je dois faire." Un sourire démoniaque s'afficha sur son visage. Il recula dans l'ombre puis en ressortit d'un pas. Il avait retrouvé son apparence originelle, mais il ne m'effrayait plus. Nous étions liés à présent. Il s'approcha de moi et approcha sa face de mon visage. Une sensation de froid tétanisa mes membres. Le liquide vaporeux suintant de sa peau s'enroula autour de moi. Son regard vitreux plongea dans le miens, il ouvrit la gueule et s'en répandit un flot de puissance spirituelle étincelant. Il me léguait le pouvoir... ----------------- (1) Archi-Prêtresse, grade le plus haut dans la hiérarchie du temple de Lloth. (2) Champion impitoyable de la déesse araignée. (3) Maître d'arme d'une grande maison (4) Maître mage d'une grande maison (5) Drow noble
  21. "Parce que ?" répéta-t-il. "Parce que ma mère est morte." Il me regarda avec plus d'insistance, visiblement insatisfait par ma réponse. La colère et la culpabilité ressurgirent en moi. "Je ne suis pas là pour vous raconter ma vie ! C'est vous qui m'avez fait venir, vous qui m'avez contacté ! C'est a vous de me dire ce que vous voulez !" répondis-je avec emportement. Immédiatement ma gorge se serra d'angoisse rien qu'en imaginant la réaction de mon interlocuteur. "Les femelles de Lloth t'ont élevé comme un ver. Rampant, soumis, depuis ta naissance. Tu échafaudes ta vengeance depuis des années, dans le silence et l'obéissance, comme un serpent, attendant froidement et patiemment le moment propice..."rétorqua-t-il calmement. Mon sang ne fit qu'un tour. "Que connaissez-vous de moi ?" dis-je en fronçant les sourcils. "Bien plus que tu en sais toi-même." Mon rythme cardiaque s'accéléra, à la fois terriblement excité et profondément anxieux. "Mais avant de te révéler certaines choses, je veux être sûr de ce que tu crois savoir. Je veux connaître les mensonges qu'on t'a appris..." Il posa son gobelet sur la table basse. "Pourquoi es-tu esclave, seul et unique Drow au milieu des humains ?" Je pris une profonde inspiration, m'encourageant a parler de quelque chose que je n'avais révélé à personne. J'aurai pu décider de me taire, mais je sentais en Ztefano quelque chose de si particulier que mes secrets semblaient prêt à se déverser devant moi, comme des trombes d'eau faisant céder un barrage. "Parce que j'ai tué ma mère." La phrase tomba comme un couperet. "Elle est morte en me donnant la vie." "En te l'infligeant, plutôt," rétorqua-t-il dans un demi-sourire. J'aurai voulu le contredire mais il avait raison. "Qui était ta mère ?" "Une Faerz'un'arr(1) de la grande maison Aleanrahel (2)." Mon interlocuteur jeta sa tête en arrière dans un rire démoniaque. Sans me laisser le temps de lui demander la raison de son hilarité, il enchaina. "Et c'est donc là, la justification qu'on t'a fournie pour expliquer ta servitude ?" Je hochais la tête et me justifiais. "Ma mère était très importante pour la maison Aleanrahel !" "Helevorn..."fit-il en avançant son visage vers moi. "Oubli tout ce qu'on t'as dit, car tout est mensonge dans ta vie." "Alors expliquez-moi ! Et ce nom par lequel vous m'appelez !" "Il te vient de ton père." Mon père...on ne m'en avait jamais parlé, on avait tant éludé le sujet au cours de ma vie que j'avais oublié que j'en avais un, et qui il pouvait bien être. Il plongea sa main dans un replis de sa cape, et en sortit un collier au métal étrange au bout duquel se balançait un pendentif circulaire. Il le mit sous mes yeux pour que je puisse le contempler. Une main noire à six doigts. "Pourquoi me montrez-vous ça ? C'est le sceau que vous avez apposé en bas du message." "Lorsque tu es né, ta peau était à la fois sombre et limpide comme du verre. Voilà d'où vient ton nom." En langage drow, Helevorn signifie « verre noir ». Je restais figé. "Pourquoi as-tu pour interdiction de croiser le regard des femelles ?" "Tous les mâles ont cette interdiction." rétorquais-je. "Tu sais que non. Les mâles n'ont pas le droit de regarder les femelles dans les yeux sans qu'elles leur adressent la parole ou leur demandent." "Parce que j'ai tué ma mère. C'est ma punition." "Tu n'as pas tué ta mère." ------------------ (1) voyante (2) la plus puissante des grandes maisons de Lloth
  22. Depuis des jours entiers, notre bon Roy et ses fidèles Lieutenants amassaient dans le dépôt de notre camp toute sorte de ressources. Minerais, bois, peaux, plantes, outils. Chaque matin, à l'aube, il montait sur l'estrade dressée pour l'occasion sur la Place des Etoiles et annonçait son bilan. Ce matin là, il déroula le codex d'un geste leste, le parchemin voleta dans les airs avant de plonger au sol et termina sa course sur mes bottes. Le brouhaha de l'assemblée exceptionnelle avait réussi cette fois-ci à me tirer du lit sans pour autant me dispenser d'un grognement contrarié... Mais revenons un peu en arrière... "Qu'est ce que c'est que ce boucan ! J'vais leur dire ma façon de penser moi ! Ca fait trois jours qu'ils me réveillent à l'aube, ça va bien !...Oh et puis je suis sûr que c'est un coup d'Ombre. Il doit organiser de petites sauteries sans prendre la peine de m'inviter, et faire un after sur la place avec un petit-déjeuner ! Le chacal !" A cet instant je croisa Sélène qui, me surprenant à parler tout seul, ricana dans sa cape avant de se diriger vers la source du bruit. "Grmmblblbleu.." (<ceci est l'onomatopée du grommellement) Le pas lourd, j'arrivais sur les lieux. A ma grande surprise, je ne trouvais pas Ombre en train de chanter des chansons paillardes au bord du coma éthylique mais un rassemblement d'étoiles observant le Roy qui montait sur une estrade. Pensant avoir loupé un rendez-vous important, je me faufilais dans le groupe pour me planter au premier rang comme un bon élève, genre "je suis là depuis le début". Il déroula donc un codex d'un geste...? d'un geste...? d'un geste...? Leste ! C'était pour voir si vous suiviez. Il se déroula sur plusieurs mètres, voltant dans les airs avant de cogner l'extrémité de mes pompes. Sur ce, sa majesté Nadhir commença à faire une sorte de bilan sur un tas de ressources qu'il fallait transporter chez sa tante, enfin bref, j'avais rien compris. Bizarrement, il y avait beaucoup de motivés pour lui rendre ce service, et certains dirent même -a voix haute en plus- qu'ils avaient hâte de la pénétrer. Relativement effrayé par ce que je venais d'entendre, je m'éclipsais discrètement de ce groupe d'étranges personnages et m'en retourna à mes occupations. Le soir même, cette histoire me turlupinait fortement les méninges. Mais qui est cette tante ? Je m'en faisais une image repoussante, mais vu l'enthousiasme des étoiles, sans doute faisais-je fausse route. Je me promettais alors, dés le lendemain matin à la même heure d'y retourner pour voir de quoi il retournait réellement. Parce que les a priori, c'est moche. A l'aube, je m'arrachais de mon lit bien-aimé pour élucider le mystère de la tante du Roy. Un peu en avance, je laissais trainer mes oreilles ici et là pour en apprendre davantage, je captais quelques bribes de conversations. "Il faut des peaux de bêtes...il faudra lui emmener des pieux aussi...ca sera génial quand on pourra entrer à l'intérieur, on sera au chaud !...Ça sera douillet !...Oui, et puis il y aura de la place pour tout le monde dedans !...On risque d'être un peu serrés quand même si toutes étoiles entrent dans la tante, mais on se tiendra chaud ahah !" Ma mâchoire se décrocha. "Haaaan mais ! Mais qu'est ce que ! Oh mais OOOH mais je suis OH !" "Bah qu'est ce que tu as Hel' ?" "Mais...vous...vous voulez bourrer la tante du Roy ?!" "Oui enfin elle va s'agrandir au fur et à mesure !" "HAN NON MAIS HAN !" "Qu'est ce qu'il a à gueuler comme ça ? Tu fais partie de la CFDT ?" "La quoi ?" "Comité Fédéré de Défense des Tentes." "Ahah, très drôle ouais... Non mais je comprend pas, toutes ces ressources là que vous lui emmenez, c'est pour la payer ?" "C'est pour la construire." "Glups..." La construire, la construire... "Ca demande énormément de ressources, ça met un peu de temps mais bientôt on aura un endroit à nous !" "Ah ouais...Ouais bah ouais bien sûr ! Ahah ! ...bien sûr.." "T'as l'air bizarre Helevorn, tout va bien ?" "Hein..euh..oui oui...Simple confusion lexicale...beeeeeuh" La vérité venait d'éclater au grand jour. La tante du Roy était en fait une tente. Reste à déterminer pourquoi les étoiles s'escriment à en construire une alors qu'elle coute 49 po chez le marchand et se déplie en 2 secondes, mais ça c'est une autre histoire.......
  23. IV A la lueur des bougies, je distinguais quelques fauteuils, une table basse sur laquelle était posée une carafe dorée avec ses gobelets assortis, et un divan devant lequel se tenait un homme de grande taille recouvert d'une longue cape sombre, le visage dans l'obscurité. Des manches et du bas de son vêtement suintait une brume blanche aux reflets vert clair. Mon sang se glaça. Elle léchait le sol et s'enroulait lentement autour de tout objet à proximité. J'étais pétrifié. Je sentais une énergie phénoménale se mouvoir dans la pièce, glisser jusqu'à moi comme un serpent. Un silence lourd et bourdonnant taraudait mes tympans tel une marche funèbre. A cet instant j'aurai voulu m'enfuir, mais j'étais tétanisé par une force irréelle. Il avança son visage, alors plongé dans les ténèbres, vers la lueur des bougies. Sa face apparue, extrêmement pâle et anguleuse. Presque translucide. Sa bouche était dépourvue de lèvres, figée dans l'impassibilité. Ses yeux reflétaient une lueur terne et livide. Il accrocha mon regard avec une telle puissance psychique que je ne put m'en délivrer. Ses prunelles s'insinuèrent au plus profond de mon être, violant mon âme, mon esprit, jusqu'au dernier de mes souvenirs. Un froid glacial m'envahit. Les mâchoires scellées, je balbutiais quelques mots. "Qui..qui êtes...vous ? Que...que voulez-vous ?" Je cru le voir esquisser un sourire avant de se reculer soudainement dans l'ombre. "Assis-toi.", dit-il d'une voix inhumaine, à la fois sifflante et émanant des abysses, comme un vent mauvais. Je m'assis sur le fauteuil le plus proche, tremblant de tous mes membres, ne lâchant pas des yeux sa forme suintante. Il laissa échapper une sorte de grognement satisfait. Je déglutis difficilement, la gorge sèche comme un vieux parchemin. "Je suis content que tu sois venu." Sur ces paroles il s'assit sur le divan, sortit une main aux longs doigts griffus émanant la brume et d'un simple geste de l'index souleva la carafe sans même la toucher et remplit deux gobelets. Après quoi il en prit un et le porta a sa bouche, dans les ténèbres. "Je suis Ztefano." A ces mots, il rapprocha sa tête de la lumière. J'eûs un léger recul quand je découvris un tout autre visage. Sa peau était toujours aussi blême cependant ses traits et son regard étaient plus avenants, voir même plus séduisants. "Lui ?" Il me dévisagea un long moment avant de reprendre, ce qui me mettais terriblement mal à l'aise. "...Vous allez me libérer ? Vous allez m'aider à rejoindre la surface ?" m'enquis-je. "Oui. Si c'est ce que tu souhaites." Sa réponse me parut étonnante. Devant mon expression il planta ses yeux dans les miens. Un long frisson me remonta dans le dos. "Si tu savais seulement qui tu es..." "Mais...je ne comprend pas. Qui êtes-vous ? Pourquoi m'avoir envoyé ce message ? "Tu savais." Je restais muet. "Tu le sentais, Helevorn." Mon cœur s'arrêta de battre. "Co...comment m'avez-vous appelé ? Vous faite erreur. Je n'ai pas de nom !" Un nouveau sourire raya le visage de Ztefano. "Bien sûr que si. Tu l'ignorais, simplement." Mes sourcils se froncèrent. "Ma mère m'avait donné un nom ?" "Toute ta vie n'est qu'un tissu de mensonges, et de peur." Je restais silencieux, les yeux grands ouverts face à mon destin, prêt à accepter chacune des révélations qu'il pourrait me faire, comme une dangereuse libération. "Pourquoi es-tu esclave ?" Mon regard s'assombrit soudain. "...Parce que..."
  24. Du venin dans ses paroles, de la colère, de la rage. Tout boue en elle. Elle me dit peu de choses mais je sens un milliers de pensées fuser dans son esprit. Attend-t-elle que je lise dans son âme, derrière cette bouche rougeoyante qui pourrait me mordre ? Il faut que je la devine. Elle l'attend sans l'attendre, le veut et le rejette. Furie de paradoxes. Ses paroles sont de tranchantes éclaboussures, reflets de mort, de souffrance, de sadisme...si je le demande. Elle semble m'en vouloir tout en me sachant incapable de l'atteindre. J'esquisse un sourire. Son air hautain, elle me toise...toute l'arrogance des hauts-elfes. En serait-elle une finalement ? Où est-ce un simple mécanisme de défense...Une carapace pleine de pics qui cachent...Sa main s'échoue sur ma joue, je saisi immédiatement son poignet et l'immobilise. Nos regards se mêlent. Je suis le vent qui fait grandir le typhon. Sans air, l'eau n'a aucune puissance destructrice...Elle est passivité, elle façonne, sculpte avec le temps, elle est matrice de la vie. D'un geste brute je l'attire contre moi et lui murmure. Assez de souffrance entre nous... Puis la relâche. Tu n'es pas une ennemie, je n'en suis pas un non plus, tu exècres qu'on te prenne pour ce que tu n'es pas, nous avons alors un savoureux point commun... Aluve ' Esquissant un sourire à l'attention de la nécromante, je me dirige tranquillement vers le vestiaire des sources chaudes...
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