Aller au contenu
Terre des Éléments

Helevorn

Membres
  • Message(s) posté(s)

    198
  • Inscrit(e) le

  • Dernière visite

Tout ce qui a été posté par Helevorn

  1. Le soir, elle m'avait remit une clé. Une clé qu'elle avait fait prisonnière de ma main avant de me souffler : "Ma chambre t'es ouverte si tu veux passer..." Le baiser qu'elle me donna avant de me quitter en disait plus long que ses mots, me révélant ce qu'elle espérait. Ses gestes, ses regards exprimaient depuis notre première rencontre ce qu'elle se privait de me dire pour se protéger. J'avais hésité, après un long moment seul en compagnie de Neala dans la taverne du Croc d'Argent. L'ombre de Guix planait dans l'auberge mais il restait muet, il restait là sans l'être, absent, comme une ombre...mais il me suivait. Le long de la route, à travers le chemin sinuant dans la forêt, aux abords de l'ancien cimetière, aux portes du Manoir Sapere Aude que je franchissais désormais comme s'il s'agissait de ma seconde maison, puis le long de l'escalier qui menait à la chambre d'Exoriel. Lui seul, maître des lieux à son égal, pouvait se promener librement dans chaque recoins de la demeure, et je m'aventurais pour la première fois dans le lieu le plus privé de la bâtisse... Ma main actionna la poignée de la porte qui s'ouvrit lentement. Une pièce spacieuse plongée dans les ténèbres, dont je remarquais chaque détail, aidé par mon don de vision nocturne. Un secrétaire, une commode, une imposante armoire, et un grand lit à baldaquin dans lequel était assoupis la belle nécromante. Le pas léger comme un souffle, je m'approchais d'elle, l'observant quelques instants perdue dans ses rêves, avant de me pencher sur ses lèvres pour l'embrasser, tendrement. Me reculant lentement, je me dirigeais vers la sortie, espérant ne pas briser son sommeil...
  2. Ciara semblait ravie de ma réaction. Je jetais un regard à Exoriel avec le souvenir cuisant de son baiser resté sur mes lèvres. Je m'approchais, glissant ma main sur sa joue pour goûter à nouveau à ce contact captivant. Une douce morsure de sa part sur ma lèvre inférieur. Du coin de l'œil, je voyais la jeune prêtresse nous observer. Elle ne bougea pas, restant toujours aussi proche, comme envoûtée, suffisamment pour que je glisse ma main à sa taille, la rapprochant plus encore... (suite sous réserve d'âge, demande par MP à Ombre>> http://constellation.winnerbb.net/t1591-comme-le-vent-suite#42288 )
  3. La porte finit par se rouvrir. Je tournais nonchalamment la tête, encore un peu absorbé par mes pensées quand mon regard se posa sur Ciara. Mes yeux s'écarquillèrent un instant avant que je puisse me ressaisir, ne voulant pas l'incommoder. Ma bouche s'ouvrit quelques secondes avant de prononcer le moindre mot. Un regard vers Exoriel qui la tenait par le bras. M'adressant à la jeune prêtresse qui ainsi vêtue prenait un tout autre visage. "Tu es..." je ne savais trop quoi utiliser comme qualificatif tant de mots me venaient. "...sublime." soufflais-je. Je la regardais de la tête aux pieds avant de finir par me lever pour apprécier ce changement radical de plus près. "Ça te change...cette robe te va à ravir." regardant les deux femmes. "On dirait presque deux sœurs ainsi vêtues...toutes les deux très attirantes." terminant par un sourire.
  4. La porte s'ouvrit sur Exoriel qui se dirigea vers moi les yeux pleins de malice. Posant délicatement ses mains sur mes épaules elle s'assit face à moi sur mes genoux, découvrant outrageusement ses cuisses. Sa bouche rencontra la mienne, faisant remonter un langoureux frisson le long de ma colonne vertébrale. La tenant fermement par les hanches je répondis fougueusement a son baiser avant qu'elle ne me quitte, laissant son regard s'attarder sur moi quelques instants. Elle ouvrit l'armoire et choisit trois magnifiques robes qu'elle rapporta dans la salle de bain sans que je puisse y distinguer quoi que ce soit. Je poussais un soupir, passant ma main sur ma nuque, tentant de me détendre après cet échange des plus aguicheur...
  5. J'approchais ma bouche de la sienne. Frémissante telle une jeune fleur au matin. Elle tremblait, absorbée par mon regard, lâchant totalement prise dans un mélange d'excitation et de peur. Son souffle se mêlait au miens. Chaleur échangée glissant sur nos langues, se heurtant tout juste à la barrière de nos dents. M'humidifiant sensuellement les lèvres, je ne faisais qu'accroître cette torture charnelle que je désirais cuisante. La frôlant simplement, je sentais mon aura la saisir, la posséder jusqu'à la dernière parcelle de sa peau, jusqu'au dernier fragment de son âme tourmentée par l'indécente envie de se noyer à mon contact. Contre toute attente, je fis un pas de côté, me dirigeant vers la sortie de la grotte. Nul besoin de lui demander de me suivre. Elle marcha dans mes pas sans rien dire, ignorant l'endroit où je la menais. C'est à l'Auberge de la Mine que j'avais décidé de sa première initiation. Sentir son esprit assaillit de questions me tira un sourire de contentement. Une nouvelle fois en l'espace de quelques minutes, je prenais un chemin qu'elle n'aurait put soupçonner. Je ne me dirigeais non pas vers les chambres, mais en plein cœur de la taverne. Ce soir là, il y avait bien du monde, dont de nombreux membres des Au-delà rassemblés autour d'une même table. Les voir ainsi attablés sachant qu'ils auraient tout loisir de s'interroger sur sa présence a mes côtés, et qu'ils pourraient apprécier le spectacle qui allait suivre m'emplissait de satisfaction. Je décidais d'une table, ni trop près, ni trop éloignée de la leur, et disposée de façon à ce que nous soyons à la vue de tous. Leurs regards se firent rapidement pesants sur moi mais je n'y prêtais guère attention. On nous apporta de quoi nous désaltérer quand je surpris Sélène à chercher quelqu'un des yeux. « Qui cherches-tu ? » portant le breuvage a mes lèvres. « Personne... » baissant les yeux. « Réponds. » Elle eût un instant d'hésitation avant de céder. « Ikys...mais il n'est pas là ce soir. » « Ikys ? » répétais-je intéressé. Me penchant vers elle pour examiner son regard avant de me reculer un sourire en coin. « Tu as donc un ...compagnon. » ironique. « Oui... » sur un ton fleurant presque l'inquiétude. Un large sourire raya mon visage. « Toutes mes félicitations Sélène, je suis ravi pour toi. » sans moins d'ironie face à la situation. Buvant une gorgée. « Est-il au courant de tes projets ? »
  6. Une femme, recouverte d'une longue cape sombre à capuchon me faisait face. Elle découvrit son visage et planta ses yeux dans les miens. Sélène. "Tu me trouve même sans le vouloir, semble-t-il.. Miocèene t'as-t-il enfin convaincu que tu ne peux lutter contre ta nature? ça serait dommage, dommage de gâcher un si bon potentiel dans une lutte inutile contre toi-même.. alors que tu pourrais dépenser ton énergie dans bien d'autres choses...." Je fronçais les sourcils, la dévisageant sans rien dire, la plongeant dans un état de doute qu'elle tentait vainement de dissimuler. « C'est donc ici que tu te terres. » balayant les lieux d'un regard avant de revenir à elle. « Bienheureuse coïncidence... »m'approchant de la magicienne, ne laissant transparaître aucune émotion. « Alors tu as fais ton choix, définitivement... » tournant lentement autour d'elle avant de m'arrêter, mes yeux dans les siens. « Qu'il en soit ainsi. » M'éloignant de quelques pas, lui tournant le dos avant de m'immobiliser. « Ne t'attends pas à ce que ton initiation soit brève. Ni durée, ni lieu, ni actes prévisibles. Tu devras te plier à des choses que tu ne pouvais pas prévoir, a des lieux auxquels tu n'aurais pas pensé, a des choses qui dépasseront tes limites. » me retournant vers elle, ajoutant d'une voix profonde.«J'attends de toi la plus aveugle des obéissances. » Elle ne protesta pas et acquiesça. Un petit sourire marqua mes lèvres. Tu n'as pas idée de ce qui t'attends Sélène, pensais-je,puisses-tu aller jusqu'au bout de ton initiation... Écartant les bras en croix, les paume levées. « Que Miocèene, Démon du pêché capital de l'Envie, en soit témoin ! Cette magicienne désire plonger, elle à la volonté de s'approprier l'essence maléfique par tout moyen et à tout prix... » Dans le lac, un grondement puissant ébranla la cavité, résonnant dans un écho lugubre. Me rapprochant ensuite de ma disciple, je frôlais son corps de mon armure, la caressant d'un regard habité d'une lueur émeraude, la respirant comme un prédateur sent l'odeur d'une proie avant de s'en repaître...
  7. Je refermais la porte sur l'image de son corps nu. Elle avait plongé dans un doux sommeil, respirant mon odeur imprégnée sur les draps. Les heures effaceraient bientôt mon parfum, la réveillant, la peau froide, seule comme je l'avais laissée. Peut être à contrecœur, mais je ne voulais pas y penser... J'avais repris la route en direction de Melrath Zorac, marchant dans le couchant à travers un paysage baigné de lumière douce. J'avais besoin de m'isoler, loin de cette clarté, je voulais la nuit, je voulais le vide et les matières brutes. J'avais besoin de me recentrer sur moi-même et d'obtenir des réponses. Je me sentais écartelé d'une bien étrange façon...A la fois tiraillé par mes origines qui s'épanouissaient désormais librement, et par la venue de sensations troublantes, provoquées par cette jeune femelle qui se rapprochait chaque jour davantage. Mes réflexions furent stoppés par l'irruption d'un félin au beau milieu de la route. Je posais immédiatement la main sur la garde de mon épée quand mon regard fût capté par la présence d'un parchemin accroché à son cou. Dans un grognement, l'animal se défit de la corde qui l'attachait, délivrant le message au sol, avant de s'en retourner tranquillement. Gardant un œil sur la direction que prenait le fauve, je déroulais la lettre. "Fuiras-tu encore cette fois-ci? Je ne compte pas laisser tomber, quoi qu'il puisse m'en coûter. Quand tu te décideras, tu sauras où me trouver..." Une fois encore pas de signature, mais aucun doute sur sa provenance. L'animal prit la direction du sud, mon chemin me menait vers le sud ouest. Je secouais la tête. Je n'avais pas l'envie de l'initier à quoi que ce soit pour le moment. Après quelques heures d'une route pénible, j'arrivais au lieu de recueillement que je cherchais. Une grotte, cachée à flanc de montagne qui abritait Miocèene, léviathan millénaire renfermant une sagesse des plus maléfique. La créature, proche des fonds abyssaux, saurait, si ce n'est me livrer mon avenir, me dévoiler un peu de moi-même, après la disparition d'Ignis, la rencontre d'Exoriel, et tout ce qui s'en est suivi... Je devais savoir où j'en étais. La grotte était béante, telle une gueule immense hérissée de dents rocheuses, offrant promontoires et pics donnant sur une étendue d'eau verdâtre en contre-bas, étrangement limpide en surface. Des proéminences de pierre parsemaient la superficie de la nappe, qui ondulait mollement sur leur pourtour. Quelques gouttes tombant dans l'eau venaient troubler un silence épais et lourd. Il faisait chaud, humide, comme on aurait put se l'imaginer aux Portes de l'Enfer, en prélude au brasier infernal. J'avançais, observant à la surface du lac l'éventuelle ombre du monstre. Viendrait-il pour moi ? Rien n'était moins sûr. Ce vieux dragon, disait-on, n'apparaissait que pour ceux qui voulaient s'épancher dans le mal absolu, ors, j'avais en moi bien plus que la volonté, bien plus que la folie, le désir de pillage, de meurtre ou de torture, j'avais dans mes gènes, dans mon sang, dans chaque parcelle de mon être cette puissance démoniaque héritée de mon père. Y verrait-il seulement l'intérêt de se montrer alors que je dégageais déjà bien plus que ce qu'il pouvait offrir ? M'élevant au point le plus dominant de la caverne, je balayais des yeux les alentours, requérant mentalement sa présence, pour finir par simplement l'exiger. Sans succès. Expirant sèchement, je serrais les mâchoires avant de l'appeler d'une voix puissante. « MIOCíˆENE ! Montre toi ! » Un remou dans le lac. Une ombre au départ moyenne s'agrandit, jusqu'à prendre des proportions immense. Soulevant les eaux de son corps aux reflets sanglant, il se déploya devant moi, approchant son énorme tête du promontoire, me braquant de ses yeux scintillants. Son crâne était parcouru de piques, sa gueule de carnassier se hérissait de dents à la dimension de mon avant bras. Son aura maléfique était visible à mes yeux, sombre et acérée, s'approchant de mon corps en fouettant l'air sans pour autant le toucher. Il me scruta, soufflant son air tiède et nauséabond à mon visage. Je ne le quittais pas des yeux, le laissant lire en moi. « Qu'est ce que tu attends, fils de Graz'zt ? » finit-il par dire d'une voix sinistre. « Dis moi ce que tu vois. » écartant légèrement les bras. Ses yeux luisants, fendus d'un trait noir vertical se figèrent. « Tu te cherches encore...mais ne te cache plus...toute tentative est vaine... » A ses mots, son aura sombre lécha la surface de mon corps. J'expirais soudainement, comme si j'avais reçu un coup dans le dos. « Vers tes origines tu reviens... » Miocèene s'enfonça à nouveau dans le lac, disparaissant dans un bouillonnement de liquide, me laissant seul face à moi-même. Mes paupières se fermèrent. Ainsi, ce que je craignais m'avait été confirmé, j'avais perdu toute apparence de neutralité... De longues minutes passèrent sans que je n'esquisse le moindre geste, accablé et pourtant, libéré d'un mensonge, d'un espoir qui s'agitait devant mon regard comme un pantin, un mirage...Je savais à présent qu'il était trop tard pour lutter, Ignis était loin désormais, et avec elle ma rédemption et mon équilibre, perdus... Soudain, un crissement de cailloux sur le sol provint derrière moi.
  8. La robe de Ciara ruisselait de liquide. Pour ne rien arranger, l'hydromel étant un breuvage a base de miel et il lui collerait bientôt la peau. Exoriel s'excusa avec gêne, la cachant de sa cape pour dissimuler la transparence de sa robe détrempée. Il commençait a se faire tard, nous décidâmes alors de remonter à l'étage des chambres. Ma corne et celle de la jeune prêtresse en main, je les suivais jusqu'à la suite d'Exoriel. Ciara se précipita dans la salle de bain suivie de cette dernière qui referma la porte derrière elles. Posant les boissons sur une commode, je m'installais sur un divan de velours rouge, attendant qu'elles refassent leur apparition.
  9. Exoriel me foudroya du regard avant de se retourner vers la prêtresse. J'esquissais un sourire qu'elle ne vit pas, conscient soudainement de ce qui avait provoqué sa colère. Je n'eus pas davantage le temps de penser à cet incident qu'on posa ma commande sur le comptoir. Glissant deux doigts dans la bourse accrochée à ma ceinture, je fis rouler quelques pièces devant la serveuse avant de rejoindre la table, souriant à Ciara et Exoriel.
  10. Attention Exoriel... Un œil vers Ciara. Son expression se figea, comme à ma première incursion mentale. Elle se tendit, observant la nécromante qui s'amusait de son étonnement avant de reprendre son aplomb. "Un Ange déchu est déjà maudit..." ajoutais-je à son intention, prévenant. Soudain, mon attention fût captée par l'arrivée d'une silhouette familière. Robe sombre, cape jade, elle n'avait pas encore retiré son capuchon mais je ne pouvais pas m'y tromper une seconde. Son aura, fraîche de naissantes ténèbres me poussa à prendre congé quelques instants. "Vous m'excusez..." me levant de table avec un signe de tête. Je stoppais la Terran à mi chemin de la table de ses compagnons, qui, dans l'agitation de la salle, ne l'avaient pas encore remarquée. Et il valait mieux. Après quelques mots échangés, elle parcouru mon avant-bras bandé de son index, intriguée. Je désignais ma table d'un geste du menton. Dans l'ombre de son capuchon, elle tourna son visage ombragé vers Exoriel et Ciara, scruta quelques instants la jeune prêtresse puis retrouva mes yeux, affichant un sourire entendu avant de rejoindre ses acolytes. Je fis un détour par le comptoir pour commander une nouvelle tournée. Attendant la commande un coude sur le zinc, le buste à demi tourné vers les deux femmes qui discutaient toujours, feignant ne pas prêter attention au regard appuyé de la barmaid.
  11. Un haussement de sourcil face à ses mots, suivi d'un sourire en coin s'accentuant de seconde en seconde. Elle se rapprocha de moi jusqu'à me frôler, prenant un air aguicheur. La sotte. Que croit-elle ? Quel intérêt pour moi de prendre ce qui se livre de si évidente manière. Le Mal ? Le connaît-elle seulement excepté à travers les meurtres stupides et misérables de ses semblables ? Pauvres esclaves d'une pensée primaire et basique excitée par la seule idée du sang...Lamentables créatures. Une vague grimace brisa mon sourire, déstabilisant la magicienne. Je la regardais d'un œil sec. «Tu t'en crois capable ici et maintenant, car tu l'a décidé. Je te pensais plus fine que ça... Croire que je te donnerais ce que tu veux à la minute ou tu l'exigerais est la preuve incontestable que tu ignore à qui tu as réellement à faire. » Je fis une pause, observant ses traits passer de l'étonnement à une indignation naissant aux coins de ses sourcils. «Que serais-tu prête à sacrifier ? Jusqu'à quelle profondeur des Abysses es-tu prête à plonger ? Es-tu préparée à livrer ton âme et ton corps pour toucher ce à quoi tu aspires ? Penses-tu être capable d'assumer tout ce qui pourra suivre, même ce que tu n'avais pas prévu ? Voici les questions auxquelles j'attends une réponse. Réfléchis-y avant de penser à revenir m'importuner. » Me prenait-elle pour un vulgaire incube ? Pauvre ignorante... La regardant une dernière fois, les pupilles brûlant d'une lueur émeraude, je me retournais et disparaissais dans la brume, ne lui donnant aucun moyen de me rattraper.
  12. " Nous ne sommes que des pions sur un grand jeu, Helevorn. Pantins des dieux, des étoiles ou de ce qu'il te semblera bon de croire. Accepte cet état de fait, joue ton rôle avec ardeur et profite lorsque ton destin rejoint tes intentions profondes." "Tu devrais partir."sombre. Sachant très bien qu'elle ne le ferait pas, et sachant aussi que si je le voulais à cet instant, une force interne m'empêchait de m'éloigner. Je respirais profondément, tentant d'ordonner dans mon esprit les pensées contradictoires qui me venaient. Elle se livrait, et je sentais une résistance en moi-même, par-delà même ma conscience. Une lueur émeraude furtive balaya mon regard. Sélène eut un léger mouvement de recul, surprise, puis se réavança, les lèvres marquées d'un sourire satisfait. "Ne crois-tu pas que c'est préférable que de chercher à sortir du jeu, alors que tu ne le pourra jamais?"ajoutait-elle plus bas. L'échec était si palpable qu'il me tira une vague grimace de rejet. Ignis. Ignis. Ignis... Leit motiv stérile. Elle était partie et ne reviendrait peut être jamais. Je serrais les mâchoires. La magicienne aux penchants mauvais avait raison, aucun échappatoire, mon moi originel me dominait pour les posséder toutes... Mon regard s'éclaircit légèrement, je levais les yeux sur elle. "Quelle est ta requête ?" d'un ton calme et profond, bien différent de mes réponses précédentes.
  13. A ses mots mon expression se durcit soudainement. Elle avait sentit qu'il se tramait quelque chose au fond de moi...mon aura s'étendait donc alors bien au-delà de ce que je pensais, si concrète que les néfastes et les maléfiques pouvaient y lire comme dans un livre ouvert. Mon apparente neutralité ne trompait plus les esprits assombris qui me reconnaissaient comme un des leurs, alors même que je luttais pour ne pas glisser dans l'abîme...sans succès. Sa provocation me tira un profond grondement intérieur, silencieux pour elle, mais tellement présent pour moi. Ses paroles avaient alarmés ma conscience qui résistait à son appel, érigeant une barrière que je voulais cette fois-ci infranchissable. "Je ne peux pas t'aider." Je tournais les talons et m'éloignais. Ma vision bascula subitement. Sa voix. Elle m'arracha à mon imagination. J'étais encore face à elle, je n'avais pas bougé, je n'avais même rien dit. Une absence...précipité dans un semi-rêve où je me voyais réagir, alors qu'il n'en n'était rien en réalité. J'expirais faiblement, comme tétanisé par ce qu'il venait de se passer. Devant mon absence de réaction, Sélène se rapprocha...
  14. Toc toc J'ouvris les yeux, tiré de ma sieste. TOC TOC Quittant mon lit, je saisissais au passage ma lame reposant sur le bureau. « Qui va là ? » à travers la porte. « C'est l'aubergiste, j'ai un message pour vous. » « Glissez-le sous la porte. » Une lettre cachetée de cire noire marquée du sceau des Au-delà glissa sur le parquet. Posant mon arme contre le mur, je ramassais le courrier inattendu. A l'intérieur, quelques mots sans signature. Je fronçais les sourcils avant de comprendre de qui il pouvait bien s'agir. Je ne mis pas longtemps à faire le lien. Une lettre de Sélène. Un sourire en coin releva la commissure de ma bouche. Étonnant sans vraiment l'être...pensais-je. Un sursaut de conscience me troubla un instant. Je perdis mon sourire. J'avais cédé à ma nature encore récemment en possédant Exoriel, les nuits qui s'en suivirent furent pleine de tourments et de doutes. Aujourd'hui, je me sentais déjà envahit par mon instinct alors même qu'aucune tentation immédiate n'était à portée. Mon évolution sans d'Ignis devenait critique, et je ne pouvais pas lutter seul, pas loin d'elle... Mon esprit se brouilla a nouveau, repoussant avec force ces réflexions encombrantes. Je me replongeais dans la lettre. Ses mots étaient explicites, je savais ce qu'elle avait en tête. Son entrée dans la faction maléfique des Au-delà avait sans nul doute été le déclencheur. Son âme s'était inéluctablement noircie... Le souvenir de cette expédition qu'elle avait prit soin de rejeter avait ressurgit comme un mordant rappel une fois devenue néfaste... Elle qui depuis ce jour m'évitait manifestement revenait à moi comme par magie, et il n'aurait put en être autrement... L'heure du rendez-vous approchait. J'avançais à pas mesurés dans la brume, prenant garde à l'endroit où se posaient mes pas. Malgré la certitude qu'elle me reviendrait tôt ou tard, j'étais sur mes gardes. Les Au-delà sont pour la plupart des êtres assoiffés de violence qui attaquent sans distinction. Savaient-ils qu'elle m'avait donné rendez-vous ? Serait-elle bel et bien seule ? Aucune certitude à cet instant. De fines gouttelettes ruisselaient sur mon armure. Mes bottes s'enfonçaient légèrement dans le sol spongieux. Au bout d'un certain temps à tâtonner, je sentis une présence au nord. Une forme claire se dessinait à travers le brouillard. Ma main se saisit de mon arme sans la dégainer. La silhouette se rendit compte de quelque chose à son tour et s'avança lentement. « Helevorn ? » Rassuré par sa voix familière, je lâchais le pommeau de mon arme tout en la rejoignant. C'était bien elle, mais la jeune femme avait changé. Sa présence s'était accentuée et son attitude, bien qu'encore douce et sage de prime abord semblait s'être un tant soit peu écornée. « Bonsoir Sélène. Tu nous as réservé un lieu bien nébuleux...Espérais-tu me perdre ? » fis-je dans un demi-sourire.
  15. Je restais en retrait, laissant les deux femmes se découvrir. La question d'Exoriel me fit sourire. Ciara était encore très timorée sur les questions de son passé, et elle lui fit comprendre sans attendre en un détournement d'yeux presque fâché. Il fallait choisir ses mots. Farouche. Quand elle daigna nous regarder à nouveau je lui lançais un sourire avenant, puis retournais à mon hydromel, enroulant négligemment les liens de ma chemise autour de mes doigts, laissant entrevoir la naissance de mes pectoraux.
  16. Pas le temps d'ajouter quoi que ce soit que je ressentis l'aura d'Exoriel se rapprocher. Elle entra dans la taverne, vêtue d'une longue robe noire fendue jusqu'en haut de la cuisse, les cheveux encore légèrement mouillés. Elle avait dû se presser. Le silence se fit dans la salle. Les yeux se jetèrent sur elle avec plus ou moins de discrétion, s'égarant certainement sur les appâts qu'elle laissait voir. Dangereuse séductrice. Avant de disparaître au profit des murmures, puis d'une reprise normale des discussions. Un regard à mon attention et un baiser accompagné de brèves explications quant à son retard, auxquelles je répondis par un sourire. Elle prit place à mes côtés, croisant ses jambes avec élégante provocation, et accorda un sourire à la jeune prêtresse avant de se présenter. Je me reculais légèrement sur ma chaise, observant avec intérêt l'opposition de ces deux femmes aux similitudes physique troublantes. L'une et l'autre brunes aux cheveux longs, toutes deux parées d'une iris d'or, les traits de l'une exprimant la finesse, les traits de l'autre exprimant la douceur et l'enfance, habillées d'une façon totalement contraires. L'attraction piégeuse pour l'une, la vertu virginale pour l'autre. Prêtresse face à Sorcière.
  17. Ma réponse la contenta et elle enchaîna sur tout autre chose. "J'ai fais mon chemin, seul. Je me suis rendu dans diverses factions pour connaître leurs valeurs, leur quête, une à une, et pouvoir faire mon choix. Calyso m'a rapidement repéré alors que j'étais errant, et m'a relancé plusieurs fois. Au bout d'un long moment de réflexion, j'ai fini par rejoindre les Constellations, après avoir hésité avec les Sapere Aude..." J'observais une pause, pensif, les yeux rivés sur ses mains qui caressaient l'extrémité de sa corne d'hydromel avant de m'en détacher pour plonger mon regard dans le siens. "Cherches-tu une demeure Neala ?"
  18. Sa question me surprit. Je me mis à rire en secouant la tête. "Pourquoi risquerais-tu quoi que ce soit ? Exoriel à la main leste mais à tout d'une femme civilisée..." Dumoins au premier abord...
  19. Un sourire. "Oui. Exoriel devrait arriver d'ici un petit moment." répondis-je en jetant un œil à l'entrée. Le regard de Ciara se fit interrogateur. Sur la terre des éléments, tout le monde connaissait Exoriel, mais toute fraîche qu'elle était, elle ignorait bien de qui il pouvait s'agir. Posant mes coudes sur la table, me rapprochant de la jeune prêtresse pour pouvoir discuter de façon plus intime. "Exoriel est une nécromante maléfique de la faction des Sapere Aude." Concis, mais peut être un peu inquiétant au premier abord, je décidais d'étoffer, accompagnant mes propos de gestes. "C'est une femme extrêmement puissante et crainte dans tout le royaume. D'ailleurs quand elle entrera ici, tu pourras voir tous les regards se tourner vers elle, et un silence s'installer durant quelques instants." Pas moins angoissant, mais à mesure que je parlais, je m'apercevais ne pas pouvoir dissimuler une certaine admiration. Essayant de passer à autre chose. "Je l'ai connue lors de mon arrivée sur ces terres, très brièvement. Puis nous nous sommes retrouvés lors de l'officialisation d'un pacte entre nos factions..." Espérant que ça suffirait pour qu'elle se fasse une idée du personnage et de ce qui pouvait nous lier.
  20. Je la regardais faire. Farfouiller dans son petit sac dans un léger tintement de fioles. Elle disposa sur la table un petit pot au contenu verdâtre et un bandage. S'emparant de mon poignet, elle commença a m'examiner précautionneusement. J'aurais presque vu l'extrémité de sa langue sortir au coin de sa bouche tant elle était concentrée. L'observer s'activer sur ma plaie me tira un sourire. Pas un sourire moqueur. Mais son attitude, la précision et l'application qu'elle mettait dans ses gestes me rappelait forcément Calyso qui il y a quelques années s'était occupée de moi de la même manière et pour la première fois. Elle me badigeonna généreusement de la pâte verte qui dégageait une odeur fraîche et enroula le bandage autour de mon avant bras. Quand elle eût fini elle rangea son attirail dans son sac et le reposa entre ses pieds. "Merci...Je pense sincèrement que tu t'entendras bien avec Calyso, vous aurez beaucoup de choses à partager." Je repris ma choppe pour en terminer les dernières gouttes, ne la quittant pas des yeux.
  21. Je haussais un sourcil suivi d'un sourire. "Tu retires...du plaisir à soigner ?" Je n'avais jamais soigné personne à proprement parlé, si ce n'était que d'éraflures, ou de blessures à l'âme plus que physiques. Mes facultés étaient davantage orientées vers la discrétion, le combat...entre autre...mais rien qui touchait la sphère médicale. J'imaginais sans mal la satisfaction que pouvait retirer un soigneur à arracher un homme des griffes d'une mort lente et douloureuse, la gratification que ça pouvait lui conférer, mais la notion de plaisir que je connaissais particulièrement bien dans mon monde me paraissait difficile à visualiser dans cet espace. N'attendant cependant pas sa réponse, je lui tendis mon bras me rapprochant un peu d'elle, attentif à ce qu'elle allait faire.
  22. Je ne mis pas longtemps a remarquer son regard insistant sur ma blessure. Je su immédiatement ce qu'elle avait en tête, elle n'était pas prêtresse pour rien... Elle hésita de longues secondes avant de se raviser, pour simplement émettre un constat. La tenancière apporta trois cornes d'hydromel, me cachant à la vue de Ciara tandis qu'elle les disposait sur la table. Exoriel allait bientôt arriver, et elle serait sans doute contente de pouvoir savourer sa boisson favorite sans devoir attendre le service qui se faisait un peu plus long qu'a l'accoutumée. Une fois la tavernière partie, je répondis par un autre constat. "Je sais." observant sa réaction. Ses épaules se relâchèrent légèrement, signe qu'elle était déçue de mon manque d'encouragement. Ses lèvres esquissèrent à peine un mot. Je pliais mon bras pour examiner de plus près la blessure. Une balafre tracée à l'épée longue au tranchant bien affûté. La coupure était nette et précise, déviant légèrement sur la droite en approchant du coude. Mon pouvoir de régénération était bien plus efficace que celui de n'importe quelle créature mortelle, elle disparaitrait d'ici quelques jours, comme si elle n'avait jamais existé. Levant les yeux sur Ciara qui n'en détachait pas son regard. "Tu veux regarder ?" Je n'allais pas lui retirer ce plaisir...
  23. De l'hydromel. Calyso avait donc réussi à en faire une adepte. Un sourire. "Oui, certainement, mais je ne te garantis pas qu'il sera aussi bon que chez nous." Un signe de la main à la tavernière pour passer la commande, et je revenais vers Ciara. Elle semblait avoir pris un peu plus ses aises et me souriait encore, intimidée. "J'aurais choisi un lieu plus calme si j'avais su que tu venais." sur le ton de la confidence. Il faisait de plus en plus chaud dans cette taverne, je bougeais sur ma chaise pour m'installer plus confortablement, retroussant les manches de ma chemise, dévoilant une estafilade sur mon avant bras dont j'avais totalement oublié l'existence. Le tissus de ma manche était tâché de petites gouttes de sang. Je soupirais, secouant la tête d'un air désabusé pour mon inattention.
  24. Une phrase sur le ton de la conversation. Une tentative pour se détendre. Ses mains se décrispaient à peine de la lanière de son sac. Elle s'éparpilla puis revint vers moi, m'offrant un sourire auquel je répondis. "Pas du tout..." appuyant mon coude sur le dossier de ma chaise, observant le chahut "C'est très bruyant, mais les soirs de fin de bataille sont souvent comme ça." lui lançant un clin d'œil. Reprenant ma pinte pour boire une gorgée, je m'apercevais qu'elle n'avait pas encore dit ce qu'elle désirait. "Que prendras-tu, Neala ?" insistant légèrement sur son prénom pour lui montrer que je n'avais rien oublié de mon engagement.
  25. L'eau se colorait d'un nuage pourpre, diffusant sa teinte dans le lourd bain de fonte. Le linge glissa sur mes épaules, s'imprégnant du sang de mes victimes mêlé du miens. La chaleur enveloppait ma peau, réconfortant mes muscles éprouvés par trop de combats. Je posais ma nuque sur le rebord, fermant les yeux, bercé par le léger tangage de mon corps en apesanteur. Une fois sec, je passais un pantalon de lin noir, une chemise lacée et une paire de bottes. J'accrochais mon épée à ma taille, ne désirant pas m'encombrer d'avantage. Pas de plastron, pas de jambières et encore moins de casque. Je voulais pouvoir être libre de mes mouvements, et me détendre un moment à la taverne avant de repartir pour IssCaNak. Je refermais la porte de ma chambre, et descendis les escalier jusqu'à la salle. Peu de tables n'avaient pas encore été prises d'assaut, des voix et des rires gras s'élevaient ça et là, récits de batailles, pleins d'orgueils et de fierté, odeur de la bière et de nourriture provenant des cuisines, et une légère musique émanant d'une troupe de troubadours qui tentait de se faire entendre malgré le brouhaha. D'un regard circulaire, je fis mon choix sur la table que j'occuperais le temps de la soirée. Un peu à l'écart mais proche de l'entrée, choix stratégique pour ne pas trop me faire remarquer, et pour faciliter la tâche à Exoriel quand elle me rejoindrait. La bataille avait été rude pour elle aussi. Robe et cape déchirée, tâchées de sang, ecchymoses, coupures. Elle avait souffert mais nous en étions sortis l'un et l'autre, et bien plus que ça, nous avions fais mordre la poussière a de nombreux ennemis, et c'est tout ce qui importait. La tenancière m'apporta ma cervoise, me reluquant d'un œil brillant, semblant se souvenir de mon visage avant de s'éloigner avec son dû, trop pressée pour engager la conversation. Et ce n'était pas plus mal. Je portais la choppe à mes lèvres quand quelqu'un que je ne distingua au départ que du coin de l'œil, robe blanche et cape dorée, s'arrêta à côté de moi. Je levais les yeux, abandonnant mon breuvage un instant. Ciara... Surpris, je mis quelques secondes avant de l'inviter à prendre un siège. "Bonsoir" reposant ma pinte. "Assis-toi, je t'en prie..." lui désignant la chaise à côté de moi. Elle prit place, tenant son sac contre elle, observant les tables voisines. "Je peux t'offrir quelque chose ?" penchant ma tête de côté pour capter son attention.
×
×
  • Créer...

Important Information

By using this site, you agree to our Terms of Use.