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Terre des Éléments

Helevorn

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Tout ce qui a été posté par Helevorn

  1. Jackall > C'est pas la première fois que tu me tues, du coup je me défend. Mais a part un cris d'effroi que je peux te lancer je ne peux rien faire d'autre tu sais
  2. Jolie boucherie, même si encore une fois les HL/THL ne se sont pas privés pour du chain kill sur BL -ceci dit certains ont fais un effort que je salue, ils se reconnaîtrons-. 18 morts pour ma part dont la différence de lvl la plus basse était 21 lvls d'écarts. Tout le reste entre 30 jusqu'à 139 niveaux d'écarts (multi kill). Impossible de s'amuser sur le marais à mon niveau, donc descente sur MZ (les HL/THL s'y sont quand même déplacés évidemment..). Dans toute la soirée rien à se mettre sous la dent. J'ai fini par tuer un lvl 50 qui passait par là par hasard -par dépit-, croisé un lvl 45 que je n'ai pas touché ensuite. Un lvl 78 est quand même arrivé mais ne faisait pas l'anim et en a profité pour quêter grâce aux PE donnés -en trouvant quand même le moyen de se plaindre qu'on l'attaquait- (7 niveaux d'écarts seulement mais c'était le drame..). Un peu hardue tout de même pour les BL ce type d'anim, mais je me suis bien amusé quand même. Encore deux event de ce type et j'atteins le Haut-fait Abonné de la Nécro
  3. Keril, je proteste ! J'ai décelé quelque chose d'injuste dans ta liste : - manque d'humour Preuve : Ça c'est bon Pour le reste, tu peux l'écarteler sur la place publique. Ave marie, que ton no....etc etcetc..
  4. ENCORE !!!...des polissonneries...
  5. IX Quelques jours plus tard, on me sortit de ma cellule pour m'emmener aux étages supérieurs. Là, je reconnu l'aura de la Qu'el'faeruk. Elle s'assura de l'efficacité de son sortilège puis me renvoya au niveau inférieur. Elles cherchaient à percer le mystère sans y parvenir... De retour au cachot, j'échafaudais un plan avec Rizzen... « A moins que je fasse fausse route, la prochaine fois qu'elles viendront te chercher, ce sera pour te livrer a Lloth. La nouvelle se répandra autour des sept piliers comme une trainée de poudre, et je suis sûr que la Déesse voudra conjurer le sort en t'exécutant de la même manière que ton père. Il y aura sans doute du monde, au moins les dirigeantes des Hautes Maisons et leurs Conseillers. Je ne suis allé qu'une fois au Sanctuaire et ce lieu m'a tellement glacé le sang que je n'y retournerais pour rien au monde, mais grâce à ma connaissance des lieux je pourrais te suivre mentalement jusqu'à lui. Ensuite, il te faudra faire vite. Je tenterais de lever le sortilège à distance, mais je n'aurais aucun moyen de savoir quand tu seras face à la Déesse. Il faudra compter sur la chance. Je tiendrais aussi longtemps que je pourrais, mais n'espère pas que je fasse mieux que la première fois, je risque de m'épuiser très rapidement d'autant que je n'ai aucune potion de régénération sous la main. La seule chose que je puisse faire pour accroître mon potentiel magique est de lancer au préalable un sort de fortification, mais ça ne garantira pas notre succès pour autant. » « Nos chances de succès ne tiennent qu'a un fil... » « ...oui. » « Et si tu n'arrives pas à lever le sortilège ? » Il poussa un soupir. « Tous nos espoirs seront perdus. Tu mourras dans d'atroces souffrances, je pourrirais dans cette cage jusqu'à la fin de mes jours, et Lloth aura gagné. A choisir, je préférerai être à ta place...» Je secouais la tête. « Soit tu réussis, soit tu meurs et je reste ici. Crois moi quand je te dis que je ferais de mon mieux, même plus que ça. » « Je ne doute pas des efforts que tu feras, mais du résultat. » « Que Vhaerun nous vienne en aide... » Quelques jours ensuite.. La lourde porte s'ouvrit au fond du couloir, claquant bruyamment contre le mur. Des pas. Une, deux, trois, quatre femelles. Des Yochlol, et l'odeur de la Jabress. Rizzen était agité et me souffla un « Bonne chance » a travers les barreaux avant qu'elles ouvrent la porte de ma cellule. « Capturez-le ! » Les Yochlol se saisirent de moi, liant mes chevilles et mes poignets à l'aide de pesants fers chaînés. On me fit gravir les étages jusqu'à l'extérieur, sous la vindicte des fidèles de Lloth que nous croisions « violeur » «meurtrier » « Que Lloth te dévore ! ». On me fit monter dans une charrette, m'attachant à un mât central. Je reconnu l'odeur des esclaves. Un coup de fouet dans l'air et les roues craquèrent en avançant. Des cris de femelles haineuses autour de moi. Mes sens étaient exacerbés. Nous quittions Alaenrahel, empruntant les chemins sinueux de la cité perdue. Nous nous enfoncions peu à peu dans les profondeurs, dans la noirceur de son antre, lieu de tous mes cauchemars. Les chants d'adoration, au départ des murmures, se précisaient en s'intensifiant. Les roues quittèrent la pierre brute pour rouler sur des dalles. Au son organique des driders, mon sang se glaça. Des bruits de pattes, au dessus de ma tête, sur les parois, partout, je vivais cette fois le cauchemars de ma vie. L'odeur de la mort envahissait l'atmosphère. Pourriture infâme des cocons. Pourriture de chair. Nous avancions dans la gueule immonde de la mort. Une pensée pour Rizzen. J'ignorais s'il me suivait toujours. Une pensée pour mon père. Une pensée pour Ztefano. Les derniers évènements défilaient dans mon esprit à une vitesse vertigineuse. Je repensais à Xyltin, je repensais à l'existence que j'avais vécu et ce qui m'avait poussé jusqu'ici, dans le sanctuaire de Lloth, qui serait le berceau de ma renaissance, ou le plus sombre de mes tombeaux... La charrette s'arrêta sous la clameur d'une masse invisible. Les Yochlol me détachèrent du mât et me firent descendre. Mes pieds nus ressentirent la matière collante de la toile. Le tambourinement de douzaines de pattes accompagnèrent ma marche, encadré fermement par les Yochlol. « Impie ! Violeur ! Monstre ! » La foule était dense, les fidèles de la Déesse s'étaient réunis en nombre pour assister à l'exécution du fils de Jeggred Dhunnyl, violeur de l'Ulathtallar. On me fit arrêter. Une femelle prit la parole d'une voix forte. « Peuple Drow, fidèle à Lloth, voyez ce mâle, il est maudit ! Dans son sang coule celui d'un violeur, celui de son père, Jeggred Dhunnyl, profanateur ignoble de celle qui m'a précédé ! Pour ses infamies et pour punir à jamais le lignage de ce mâle, notre Déesse à fait de sa progéniture un esclave au service de Che'el ! » la foule applaudit. « Aujourd'hui, il est accusé du même crime que son père. Il sera sacrifié sur l'autel par Lloth elle-même, pour venger la mémoire de celle qu'il a violé et assassiné, Irae Xyltin ! ULU Z'HIN MAGLUST DAL QU'ELLAR LUETH QUARVAL-SHARESS ZHAH ULU Z'HIN WUND LIL PHALAR !(1) » La multitude se galvanisa à ses paroles . « ô grande Déesse Araignée, mère incontestée et toute puissante du peuple Drow, le dobluth (2)est ici. » Un vagissement horrifique ébranla le sanctuaire. On m'obligea à me prosterner, sur l'exemple de toute l'assemblée. Une aura maléfique s'étala partout, s'enroulant pernicieusement autour de moi. «Faite le monter sur l'Orlenggin(3).» d'une voix puissante, affutée comme les pattes fourchues des driders. Les Yochlol me relevèrent. A travers mes paupières closes, je discernais un halo rougeoyant, je la voyais... « Avance ! » en me poussant en avant. J'avançais, l'adrénaline circulait dans chaque parcelle de ma peau. Mon pieds buta contre une marche, me faisant tomber sous les moqueries de la foule. « C'est donc ça, le dobluth ? » Son rire déchira l'atmosphère. Je me relevais, gravissant les marches l'une après l'autre, prenant mon temps, ressentant au fond de mon corps s'épanouir une puissance considérable, fouettant chacun de mes muscles d'une chaleur infernale. Chaque pas qui me rapprochait de Lloth semblait renforcer mon pouvoir... Je la regardais à travers ma chair, enflammée par son énergie maléfique. Mon pied se posa sur la dernière marche. « Approche... » siffla-t-elle. C'est le moment Rizzen , pensais-je. Son aura couvrait tout mon corps, battant contre ma peau au rythme de mon cœur qui s'emballait. « Allonge-toooiii.. » Mes mains butèrent contre l'autel, mes doigts glissèrent sur sa surface, ressentant des dizaines d'ossements sous ma peau. Serrant les mâchoires je m'allongeais, le souffle coupé, mêlé à l'odeur innommable de l'endroit. Rizzen...Rizzen... La foule se tût. J'entendis le son d'une lame rayer la pierre. « L' Orvelve(4) Déesse... » chuchota respectueusement l'archi-prêtresse avant de s'éloigner. Mes muscles se tendirent, je sentis ses pattes d'araignées se planter de par et d'autre de mon corps, faisant trembler l'autel. « Tu vas souffrir..et Mourir... » Rizzen n'avait toujours pas levé le sortilège, c'était trop tard. Lloth se dressa au dessus de moi prête à frapper. « Craindrais-tu encore le pouvoir de mon père pour refuser comme tes servantes de croiser mon regard ? » L'assemblée resta muette, stupéfaite. La Déesse frémit d'une noire colère. « C'est ce que tu crois sombre fou... Lloth ne craint personne. Mais puisque tu réclames de voir la mort en face, c'est ce que tu auras.. » « Non, Déesse !» Une femelle accouru jusqu'à l'autel. « Qu'est ce qui te prend Ilharess d Aleanrahel ? » mugit-elle. « Déesse, ne cédez pas à sa demande... » elle sembla chercher une justification à sa subite intervention. « Ne levez pas le maléfice, c'est plus prudent... » Lloth jeta sans tête en arrière dans un rire démoniaque. « Retourne à ta place ! » commanda-t-elle, glaciale. S'adressant à son Ulathtallar « Qu'on ne me dérange plus ! » Les Yochlol raccompagnèrent sur le champ la Matrone à sa place. Lloth prononça la contre formule. Mes paupières se libérèrent alors de leur poigne maléfique, irradiant d'une lumière émeraude le visage de la Déesse, déformé de surprise. Elle s'apprêta a reculer quand je lui saisis la nuque, empoignant ses longs cheveux blancs pour la ramener à moi, la dévorant du regard, plongeant dans ses yeux blanc, au fin fond de son esprit haïssable. La foule hurla, ses sbires prirent d'assaut l'autel. Hypnotisée par mon flux spirituel, Lloth se plia a ma volonté, acceptant le baiser empoisonné qui causerait sa chute. Ma langue se glissa dans sa bouche s'éraflant sur ses crocs. La saveur de mon sang l'enivra, l'incitant à me rendre mon étreinte, lacérant ma peau de ses ongles effilés. Une brèche s'ouvrit subitement dans l'espace temps, paralysant ses fidèles de terreur. La Matrone d'Aleanrahel tenta de prendre la fuite quand une force phénoménale les fit s'agenouiller toutes une à une dans le sanctuaire. Une aura spirituelle vagissante entourée d'un flot de lumière noire sortit de la brèche faisant vibrer le temple. La tête de la Déesse fut tirée violemment en arrière, arrachée à moi. Un être charismatique à la peau ténébreuse apparut derrière elle, braquant son regard d'un vert émeraude en tout point semblable au miens dans ses yeux. Ma bouche s'entre ouvrit, ne comprenant rien de ce qu'il se passait. La brèche se referma. « Tu m'appartiens, Lloth... » Son corps était recouvert d'une armure de métal sombre, orné de visages aux expressions terrifiantes. Il portait dans son dos une épée immense, serpenté tel un kriss. Ses cheveux étaient courts et noirs comme le néant. Plantées sur son crâne, six cornes. Il posséda sous mon regard hébété la Déesse Araignée, vaincue. Autour de son cou pendait un médaillon d'or gravé d'une main à six doigts. Mon sang se pétrifia dans mes veines. Mes yeux glissèrent jusqu'à ses mains, six longs doigts griffus... Un contact vaporeux sur mon épaule. « Ztefano... » « DÉMONS ! » hurla l'Ilharess d'Aleanrahel. Sans se tourner vers moi, de sa forme originelle suintant une puissance spirituelle scintillante, il s'avança au bord des marches. « Qu'est ce que ça veut dire ?! » lança la matrone de la Maison Helviiryn. Ztefano joignit le bout de ses doigts, profondément calme. « Le Prince Noir reprend ce qui lui revient de droit. » Le Prince Noir ? Qui était-il ?...Je ne comprenais plus rien. « Graz'zt ! Nous n'en resterons pas là ! » s'insurgea la matrone d'Aleanrahel. « Que fait ce Démon ici ? » répliqua l'Ilharess en direction de son homologue. Le visage imprécis de Ztefano souriait. « Le mensonge vous a empoisonné de l'intérieur...Lloth a été déchue...» tendant son bras dans ma direction. «Avec l'aide du fils du Prince, et du machiavélisme des dirigeantes du premier pilier. » J'observais la foule toujours prosternée, complètement sidéré. «L'Ullathalar avait été engrossée par le Démon ?! » mugit la matrone. « Évidemment...le Prince Noir ne reste jamais sur un échec. Mais ne faisons pas durer plus longtemps ce suspens insoutenable, et dévoilons ce que certaines se sont appliquées à maquiller pendant deux décennies." Pendu à ses lèvres. "Après que Lloth ai réussit à éconduire le Prince, il décida de séduire la femelle la plus proche de la Déesse, dans l'espoir que son fils réussisse là où il avait échoué. Jeggred Dhunnyl n'a été qu'une pauvre victime des machinations de la Maison Aleanrahel pour tenter de conserver son Ulathtallar en place, et de garder son statut de favorite auprès de Lloth. D'une pierre deux coups, n'est ce pas malla Illharess ? » s'adressant à la matrone ironiquement. « Faire tomber un mage-lame un peu trop puissant, et un peu trop proche de son Archi-prêtresse en l'accusant de viol, c'était bien pensé, mais c'était sans compter sur l'esprit diabolique de la Déesse qui contre toute attente décida de réduire l'enfant maudit en esclavage, au grand désarrois de sa Maison. Sous les ordres du Premier Pilier, la Griffe noire tenta de tuer son enfant à l'aide de poison spéciaux. Vous sous-estimiez la puissance d'un demi-démon, matrone, même dans le ventre de sa mère...Le sort a finit par se retourner contre vous, et une fois Helevorn né, votre Ulathtallar mourut dans d'atroces souffrances...Fâcheux. » « Ignoble traîtresse ! » cracha la matrone d'Helviiryn. Bouleversé par ce que je venais d'entendre, je restais assis, prostré. Mon esprit se brouilla un moment, jusqu'à ce que la voix profonde et implacable du Prince Noir m'arrache à mon absence. « Mon fils. » Je levais la tête. Lui et son serviteur se tenaient face à moi. Lloth avait disparu ainsi que tous ses fidèles, comme volatilisés. « Helevorn » captant mon attention. « Tu m'as permis d'asseoir ma domination sur le peuple des profondeurs. Tu as gagné le droit de rejoindre la place qui te revient à mes côtés, à Azzgarat (5). Ton frère Anthux (6) t'y attend avec impatience. » Je secouais la tête, reposant mon front dans ma main. « Non...non...Non. Je ne veux pas. Je...Ztefano, tu t'es servit de moi ! » « Appellez-moi Verin, Seigneur...Ztefano n'est qu'une couverture.» Les bras m'en tombèrent, je ne cessais de secouer la tête. Il m'appelait « Seigneur », je n'en revenais pas. « Pourquoi m'avoir mentit ? » « Si je vous avais dis toute la vérité, auriez vous fait tout ce que vous avez fait ? Vous connaissez parfaitement la réponse. Si je vous avais révélé votre véritable identité, vous auriez refusé d'y croire, alors, j'ai préféré vous rendre les choses plus faciles. » Il était évident que non. Ce que j'avais devant les yeux me paraissait tellement improbable... « Non...non...ce n'est pas possible... » « Et pourtant, tout concorde parfaitement, votre Altesse infernale. La vérité vous aveugle douloureusement un instant, mais vous l'accepterez. Votre nature est un don. Vous êtes puissant.» « Je n'ai que faire de cette puissance ! » « Vous apprendrez, ici et ailleurs, que votre pouvoir est immense et qu'il est un don plus qu'un fardeau. Vous êtes jeune Seigneur, apprenez à le canaliser, et le monde s'agenouillera devant vous. » « Ztefano ! Retire moi ce pouvoir ! Je n'en veux pas. Je veux vivre normalement, je veux quitter Che'el et rejoindre la surface, voilà tout ce que je désire ! » « Le pouvoir qui vous habite est hérité, je n'ai fais que l'éveiller...Il m'est impossible de vous en séparer. Votre seule alternative est d'apprendre à le maîtriser. » « S'il tient tant à rejoindre la surface, qu'il en soit ainsi. Peut être changera-t-il d'avis. » La brèche chaotique se rouvrit soudainement, propulsant une aura brûlante jusqu'à moi. « Au revoir Helevorn. » « Adieu.. » répondis-je froidement. Une sourde colère m'habitait. J'étais passé d'enfant issu de l'amour, à enfant issu d'un viol commit par un Drow, pour finir enfant né sous la volonté de pouvoir et de domination d'un Prince Démon... Graz'zt disparut dans les ténèbres. « Je vous écoute Seigneur. Que voulez-vous ? » « Mène moi à la surface, avec Rizzen, un prisonnier qui... » « Je sais...il a tout fait pour contrer le sortilège mais sa force spirituelle était trop faible. Je le renverrais à l'extérieur avec vous. » coupa-t-il. « Comment le sais-tu ? » « Je sais tout ce qu'il s'est passé, dans les moindre détails. Je vous ai entendu m'appeler, et contrairement à ce que vous pensez, je vous ai aidé. J'ai fais en sorte de brouiller vos ondes énergétiques de sorte à ce que vous passiez inaperçu. Sans quoi, les sorcières de Che'el aurait très vite repérer votre aura démoniaque, et vous seriez déjà mort. » Silence. « Ne perdons pas plus de temps... » « Attend ! Libère aussi tous les esclaves. » « Ce sera fait Seigneur. » "Avant que tu ne partes...J'ai besoin de savoir...Qui est réellement le Prince Noir ?" "Graz'zt est l'un des démons les plus puissants des Abysses, il règne sur trois strates. Son pouvoir principal est le charisme. Il use de sa puissance et de sa beauté sombre pour soumettre les femelles à sa volonté plutôt que de régler ses affaires dans le sang. Aucune n'y échappe, a part dans quelques très rares exceptions...Si d'aventure vous décidiez de rendre visite à votre père et votre frère, sachez qu'ils habitent au cœur d'un palais d'argent, composé de soixante-six tours d'ivoires, et que vos serviteurs sont déjà prêts à vous accueillir." Sans attendre de réponse de ma part, il s'inclina respectueusement avant de reculer dans la brèche. Les ténèbres chaotique l'engloutirent avant de se refermer, me laissant seul au milieu du sanctuaire... Après avoir pris quelques instant pour me remettre, je me levais de l'autel squelettique, observant ce lieu que je n'avais encore jamais vu. Un battement de paupière. Je m'écroulais, inconscient... EPILOGUE Une odeur particulière me chatouilla les narines. J'ouvris lentement les yeux. Des points lumineux éclairaient la voûte assombrie. Sous mes mains, des brins frais chatouillant mes paumes, je tournais la tête. Allongé a quelques mètres, inconscient, Rizzen. Je me redressais. Nous nous trouvions au milieu d'une plaine...je ne retrouvais plus la roche, je ne retrouvais plus l'odeur minérale et caverneuse de Che'el, mais une toute autre odeur, l'odeur de l'air frais, l'odeur de la surface... FIN --------------------------- (1) Maudit (2) Marcher en dehors d'une maison et de la déesse araignée c'est marcher dans la tombe (3) Autel sacrificiel (4) Poignard d'araignée sacrificiel (5) Royaume de Graz'zt qui s'étend sur trois strates des Abysses (6) Demi-démon issu d'une mère drow, commandant des armées démoniaque du prince noir
  6. La scène me revenait sans cesse en tête. Je suis un violeur...elles avaient raison...Mon père...s'il l'avait été réellement ?...S'il m'avait transmit cette malédiction...Si l'histoire que m'avait raconté Ztefano était un mensonge ? Si les prêtresses de Lloth avaient raison ? Si Ztefano m'avait utilisé pour ses fins personnels...peut être était il un adorateur de Vhareun comme l'avait supposé Rizzen. Quel pouvoir m'avait-il légué alors ? Avait-il éveillé ce qui dormait au fond de moi à la Maison Rouge ? Etait-ce tout autre chose ? « Arrête de ressasser wael (1) ! On dirait que tu regrettes ! » Silence. « Combien d'années as-tu souffert, combien de tortures as-tu subis ? C'est Xyltin qui a fait de ton existence un enfer, par son sadisme, son fanatisme...Elle n'a eu que ce qu'elle méritait ! Cesse de te tourmenter ! » m'ordonna-t-il. Silence. « Si j'étais toi, je serais en paix avec moi-même, et je n'aurais qu'une idée en tête : Lloth, et la manière de la faire tomber.» « Tu n'est pas moi, Rizzen ! Tu ne peux pas imaginer ce que je ressens...Je suis perdu...On me ment, on me livre une vérité, puis je m'aperçois qu'elle est un mensonge, que dois-je croire ? Qui dois-je croire ? » « L'alurl abbil zhah dosstan. »(2) Un soupir. « D'accord, alors comment aurais-tu voulu te venger d'elle ? » Secouant lentement la tête. « Je ne sais pas. » « En la tuant ? Jamais, crois moi bien, jamais tu n'aurais été rassasié. La mort n'est rien en comparaison de ce qu'elle t'a fait endurer. Si tu le regrettes, tu n'est vraiment qu'un wael. Si j'avais ne serait-ce que la moitié de ta puissance psychique, je dominerai Che'el à la place de Vhaerun ! Tu n'as pas idée des capacités qui te sont offertes. Gâchis !» jeta-t-il. « Je te les donne. » Il éclata de rire. « Si le pouvoir se transmettait aussi facilement, ça se saurait ! Tu t'es déchaîné sur cette femelle pour une bonne raison ! Ta haine était si grande que les choses t'ont échappées, tu as laissé libre court à ta puissance et à ton instinct ! Si tu veux jouer les bons samaritains, à toi d'apprendre a maîtriser cette force ! Maintenant, tu n'as plus le choix. Bientôt, les sbires de Lloth viendront te chercher, la machine est en marche et personne ne pourras l'arrêter, fais face a ton destin...les yeux grands ouverts. » Le lendemain matin... Je m'étais résolu à suivre ma voie, je n'avais d'autre choix. J'avais trop avancé pour m'arrêter, et si Ztefano ne m'avait pas totalement mentit, je ressusciterais mon père, j'avais beaucoup de choses à lui dire... La porte blindée s'ouvrit, laissant place à deux démarches. Celle de la gardienne et une autre que je ne reconnaissais pas. L'odeur qui me venait m'informa suffisamment pour savoir de qui il pouvait s'agir. Un parfum de cuir, un pas rythmé et droit, l'odeur d'une femelle...il devait s'agir d'une Yochlol...ou d'une Jabress. Elles s'arrêtèrent devant ma cellule. « Esclave, approche. » me commanda l'étrangère. J'avançais près des barreaux. « Irae Xyltin. Est-elle venue ? » Je hochais la tête. « Quand ? » « Hier. » « T'as t-elle dit quelque chose ? » « Rien de particulier par rapport à d'habitude. » Elle souffla brusquement, agacée. « Malla Jabress, Irae Xyltin venait une fois par mois pour le fouetter. Je doute qu'il puisse nous être utile. » « Ouvre sa cellule ! » La gardienne chercha dans son lourd trousseau la clé adéquate et la glissa dans la serrure. Clik clik La porte ne s'ouvrit pas. « Qu'est ce que tu fais, ouvre ! » « La porte est déjà ouverte... » Elle la poussa dans un grincement. « Qu'est ce que ?... » La Jabress fit irruption dans ma cellule, je reculais contre le mur. « Tu as laissé la porte ouverte ? » s'énerva-t-elle. « Non, je l'avais refermée à clé...je ne comprend pas.. » « Comment se fait-il que ta porte soit ouverte, esclave ? » rugit-elle. « Malla Jabress » coupa la gardienne « Irae Xyltin est la dernière a être entré ici.» « Tu oses insinuer qu'elle aurait oublier de refermer à clé ! » tonna-t-elle. « Je ne sais pas Malla Jabress... » bredouillant. « Non...c'est lui qui a ouvert sa grille ! » Elle fouilla frénétiquement ma cellule, cherchant dans la paillasse, retournant la carafe, l'auge, examina les murs...sans rien trouver. Hors d'elle, elle me plaqua contre le mur, me piquant la gorge de la pointe de sa dague. « Explique moi comment cette grille a put rester ouverte ? » menaçante. « Je suis aveugle...je ne sais pas malla Jabress.. » prétextais-je. Elle me lâcha brutalement et sortit dans le couloir. « Lui ! Que fait ce prisonnier ici ? » « C'est le serviteur particulier de la Qu'el'faeruk, il a été condamné pour vol.» « Il n'a rien à faire ici gardienne ! Ce prisonnier doit être isolé ! » en parlant de moi. « Je sais Malla Jabress, mais les cellules sont pleines aux étages supérieurs... » se justifia-t-elle. « Ouvre ! » La femelle fouilla la cellule de Rizzen sans trouver quoi que ce soit. « Qu'as-tu vu hier ? » « ...une jabress est arrivée pour fouetter l'autre esclave, une fois terminé, elle est partie...je ne sais rien de plus je vous assure... » « Elle a fermé la grille ? » « Elle l'a claquée... » La femelle grogna. « Il se peut qu'elle ai des ennemis parmi les esclaves...peut être une vengeance... » se risqua la gardienne. « Il faut que j'aille sur le site pour procéder a quelques interrogatoires en règle. » La gardienne referma à double tours les cellules et raccompagna la Jabress. Au fond du couloir, je réussis à capter leurs chuchotements. « Il faut que je trouve le meurtrier avant d'annoncer sa mort à la Déesse, informe moi immédiatement si tu apprends quoi que ce soit, c'est clair ? » « Très clair Malla Jabress ». La lourde porte se referma. « Rizzen... » m'approchant des barreaux. « Leur réaction me surprend, quelque chose cloche... » « Xyltin est morte. » « Quoi ? » « Je les ai entendues. » Un rire sardonique s'échappa de sa gorge. « Wael...elle s'est suicidée, aucun doute ! » fit-il avec aplomb. « La femelle cherche a tout prix un meurtrier mais ton bourreau s'est sui-ci-dé ! Après ce que tu lui a fais subir, c'est certain ! Une fervente de Lloth violée sauvagement par l'esclave le plus haïs de sa Déesse...sa honte était insurmontable...Tu imagines ? Xyltin enceinte de toi ? L'histoire se répète ! » il se perdit dans un fou rire. Hébété. « Et s'ils accusent à tort un esclave ?..Jamais je ne serais mené devant Lloth. » Il arrêta de rire. « Hum...c'est un risque. Mais il y a de forte chance pour que sa mort te soit imputée. Elles vont mener l'enquête, et crois moi ce sera rapide. Tu as été la dernière personne connue susceptible de la tuer, si elles examinent son corps elles ne passeront pas à côté des traces du viol, la porte de ta cellule était ouverte...tu es le coupable idéal. Elles ne conclurons jamais au suicide, elles préféreront t'accabler de tous les crimes. » « Et le maléfice qui scelle mes yeux, comment aurais-je put faire quoi que ce soit aveuglé ? » « Ne cherche pas plus loin, Lloth se contentera largement de leurs explications pour se faire une joie de t'exécuter maintenant que tu représentes trop de risques... » Je m'asseyais par terre, laissant glisser mon dos le long du mur. « Il n'y a plus qu'a attendre. » --------------------- (1) Idiot (2) Le meilleur ami de confiance est vous même (proverbe)
  7. Une chape de plomb s'écrasa sur ma tête. « Qu'est ce que tu racontes... » « Eh bien...Cette histoire a fait grand bruit, et à assit la puissance et la cruauté de Lloth sur le peuple Drow, et plus particulièrement sur les mâles chose que n'accepte plus Vhaerun. Après le viol qu'il a commit sur l'Ulathtallar, la Déesse l'a fait torturer puis exécuter malgré qu'il n'ai cessé de clamer son innocence. » « Il n'y a pas eu de viol, mes parents s'aimaient ! Et mon père n'est pas mort ! » lançais-je avec emportement. « Ecoute, je ne veux pas rentrer dans un débat stérile si tu es persuadé du contraire, mais sache que la version officielle dis que Jeggred Dhuunyl à violé l'Archi Prêtresse d'Aleanrahel. Pour ce qui est de sa mort, je l'ai vu rendre son dernier souffle de mes propres yeux, et je suis loin d'être le seul témoin. Son exécution a été publique. » La tête me tourna tant que je dû m'accrocher aux barreaux pour ne pas tomber. Qu'est ce que ça voulait dire ? Ztefano m'aurait-il mentit ? Pourquoi ? Dans quel but ? Tout s'embrouillait dans mon esprit. « Si tu es bel et bien son fils, tu dois avoir un millier de raisons de vouloir la mort de Lloth, je crois me souvenir qu'elle à contraint l'Ulathtallar à mettre au monde l'enfant issu du viol pour l'asservir, et tout à été fait par la suite pour faire de sa vie un cauchemars. » Je couvrais ma tête de mes mains, m'accroupissant, comme si chacune de ses paroles étaient un nouveau coup. « ...on m'a dit que mon père était encore vivant... exilé dans les profondeurs...on m'a dit qu'en terrassant Lloth je pourrais le sauver...je ne comprends pas. » perdu. « Qui t'as dis ça ? Si c'est un ennemi de Lloth, un fidèle de Vhaerun comme je le suis, il se peut qu'il t'ai dis ceci pour t'inciter à affronter la Déesse. La filouterie et le mensonge sont des armes dont nous usons pour parvenir à nos fins. » « Je ne sais pas...je ne sais pas... » « Écoute, peu importe que ton père soit mort ou non. Tu mérites une vengeance. Si tu ne peut pas le sauver, tu honoreras sa mémoire. Tu ne peux rester sans agir avec un tel fardeau sur les épaules. Tu ne peux rester moisir dans ce cachot...et moi non plus. » Un long soupir s'échoua sur mes lèvres. « Xyltin, elle t'a traité d'assassin et de violeur, qu'as-tu fais ? » « ...Assassin parce que...ma mère est morte en couche...Violeur parce que...j'ai séduis une femelle...» « Sais-tu pourquoi on t'as rendu aveugle ? » « ...Oui. Parce que les femelles craignent que la puissance psychique héritée de mon père les soumette à ma volonté en un regard... » « Évidemment...Mais as-tu réellement ce pouvoir ? » « Il semblerait... » « Parfait ! Écoute, je peux t'aider. Le sortilège qui t'a cousu les paupières, je sais le contrer. C'est un maléfice puissant maîtrisé par les sorciers expérimentés, je ne te garantis pas de réussir à l'annihiler, en revanche, avec un peu d'entraînement je pourrais le suspendre un certain laps de temps. » « A quoi ça pourrait bien me servir ?...regarde où nous sommes. » « Tu pourrais le tenter sur la gardienne. » Je secouais la tête par la négative. « Et après ? Il faut gravir deux étages avant d'atteindre le rez de chaussée de la Haute Maison, et ensuite...les prêtresses et les disciples dévouées à Lloth sont partout. » « Je t'apprendrais un sort d'invisibilité. Il ne dure pas très longtemps mais il nous permettra de prendre la poudre d'escampette. » « Et ensuite ? » « Ensuite, je t'accompagnerais jusqu'au sanctuaire de Lloth, et si tes pouvoirs sont bien réels, je lèverais à nouveau le sortilège pour que tu puisses soumettre la Déesse d'un simple regard...et là... » s'emporta-t-il, transporté par un espoir insensé. « Vhaerun pourra l'évincer et prendre sa place. Pour nous remercier, il nous couvrira d'or et de pouvoir, et nous fera gagner la surface. » « Rizzen... »disais-je sur un ton visant à lui visser les pieds sur terre. « Tu divagues. Si j'ai un semblant de pouvoir, il n'est rien comparé à celui qu'avait mon père. » Il soupira. « Tu es notre seule chance. Fais-le pour toi, pour ton défunt père, pour moi, et pour tous les mâles du peuple drow. Si nous réussissons, tu n'imagine même pas comment pourrait changer notre existence à tous. La chute du matriarcat et l'avènement du patriarcat, pour leur rendre la monnaie de leur pièce ! » Silence. « Allé bon sang ! Tu ne vas pas nous laisser crever ici ! Et Xyltin ? Tu ne voudrais pas te venger d'elle aussi ? Lui faire payer ? » « ...Si. » « Alors ! Et rends-toi compte, si tu arrives à soumettre cette femelle et que Lloth l'apprend, nous n'aurons même pas besoin de nous rendre jusqu'au sanctuaire, je suis persuadé qu'elle ordonnera à ses sbires de te livrer à elle pour t'exécuter en personne, comme elle l'a fait avec ton père ! Xyltin fait partie de ses affidées favorite. » Son enthousiasme me déconcerta. « Très bien...Mais si je le fais, dis toi bien que c'est pour moi, et mon père. Que ton Dieu prenne le pouvoir ensuite, je n'en n'ai que faire. » « Comme tu voudras... » Il fit une pause. « Si tu veux commencer par te venger de Xyltin, tu dois me dire combien de temps il me reste avant qu'elle revienne. J'imagine, qu'elle vient souvent te rendre visite. » « Je ne saurais te répondre avec précision...j'ai perdu la notion du temps il y a des semaines...mais je dirais... » réfléchissant « tous les trente à quarante jours... » « Ça me laisse suffisamment de temps devant moi si elle décide de ne pas venir avant. » Rizzen s'employa alors à lever le sortilège de sa maîtresse. Travaillant sans relâche. 20 jours plus tard.. Pour la première fois, mon acolyte réussit à lever la malédiction quelques minutes. Mes paupières se refermèrent dans un douloureux déchirement, plus intense que la première fois. Un râle s'échappa de ma bouche. « Ça fait mal ! » « Normal. » «C'est pire que la première fois. » « Aïe... » « Quoi Aïe» « C'est plutôt mauvais signe, et je ne l'avais pas prévu... Son sortilège est plus puissant que je ne le pensais. Il résiste. Tu risques de souffrir chaque fois un peu plus si je ne parviens pas à le briser... » « Tu m'as dis que tu n'y parviendrais pas. » « Effectivement... » « ... » « Je ne peux pas évaluer le degrés de douleur que tu ressentiras à chaque fois, tout ce que je peux te dire, c'est qu'il sera plus grand que le précédent... Mais si ça peut te rassurer, sache que la brûlure que tu ressens est une brûlure magique qui ne te laissera aucune marque corporelle une fois la malédiction levée.» « Merci, je suis rassuré... » rétorquais-je ironiquement. « Désolé, je ne peux pas faire mieux. » « Dans ce cas, nous allons arrêter les tests. Tu seras prêts le moment venu. » « J'ai réussi à le tenir à peine 5 minutes ! »se défendit-il. « Oui...et je n'ai quasiment rien vu, mais tu feras mieux la prochaine fois. » « Que tu ne vois rien, c'est tout à fait logique. Tes yeux sont habitués à l'obscurité depuis des mois, j'espère que le fait de ne pas distinguer clairement ce qui t'entoure ne t'handicapera pas, nous n'aurons qu'une seule chance. » « Avec un sort de restauration, ça pourrait peut être passer. » « Un sort de restauration ? Tu m'en demandes beaucoup. » « Et toi ? Renverser Lloth, tu crois que ce n'est pas m'en demander beaucoup ? » Il grommela vaguement quelque chose avant de se remettre au travail. 11 jours plus tard...(version non censurée accessible sur le forum des constellations, sous réserve d'âge) Irae Xyltin était au rendez-vous. Rizzen se terra dans un coin de sa cellule comme la première fois. Mon rythme cardiaque s'accéléra. J'entendais son fouet osciller, tapant lentement contre sa cuisse au rythme de ses pas. Je me plaçais dos au mur, droit, le visage tourné vers la grille. Elle ouvrit la porte et glissa le trousseau de clé dans sa ceinture. La femelle avança d'un pas, déroulant sur le sol son fidèle instrument de torture. Elle le fit claquer une fois dans l'air. Mes paupières étaient toujours scellées. Je me demandais ce que Rizzen attendait. « Tu préfères que je te fouette le torse aujourd'hui ? Hmm... ? » Je me retournais face au mur, espérant que ça ne rende pas la tâche plus difficile a mon acolyte. CLACK Mon dos se tordit. Rizzen...pensais-je en serrant les dents. CLACK Je réprimais un cris de douleur. CLACK A cet instant, une fraîcheur magique s'insinua entre mes paupières, les libérant du sortilège. CLACK Je fis un pas en arrière, en direction de mon bourreau. Surprise, elle m'intima de reprendre ma place, ce que je ne fis pas. Rageuse face à ma désobéissance, elle s'approcha de moi pour me repousser en avant. Dés que sa paume entra en contact avec ma peau, je fis volte face et lui tordit le poignet, cherchant dans les formes imprécises qui m'entouraient à capter ses yeux. Une haine immense hurlait dans mes entrailles, je la tenais. Forçant sur mon regard pour la voir, une lueur émeraude s'injecta dans mes orbites, m'offrant la vue de son visage stupéfait. Je captais ses prunelles, la faisant s'agenouiller à la force de mon bras. Le fouet tomba au sol. Sa bouche esquissait des mots qui ne sortaient pas. « Tu vas payer ! » tonnais-je. Une force surnaturelle reprit possession de moi, galvanisé par le spectacle. Xyltin à mes pieds. Un rictus démoniaque marqua mon visage. J'approchais ma figure de la sienne. « Elg'caress... »(1) D'un mouvement leste de la main je la giflais, la projetant violemment au sol. Totalement hypnotisée par mon regard, elle ne se défendit pas. Je m'emparais de sa dague accrochée à sa cuisse, glissant sa lame le long de ses vêtements de cuir, finissant par les déchirer, impatient de ce qui allait suivre. Tel une bête assoiffée de chair, j'empoignais sa chevelure, l'asservissant à mes désirs. D'un mouvement brutal, je la retournais, la projetant visage contre les barreaux sous le regard hébété de Rizzen qui s'affairait tant bien que mal à maintenir le contre-sort actif. Mon bourreau soumise, je prenais possession de son corps, couvrant ses plaintes une main sur sa bouche. Le sorcier clandestin me fit bientôt signe qu'il était au bout de ses forces magiques. A l'instant même où j'exultais, une douleur infâme me lacéra les yeux. Je reculais en titubant, râlant de douleur. Sans que je vois ce qu'il se passe, j'entendis la porte de ma cellule se refermer et Xyltin s'enfuir en courant. « Hey ! Hey oh ! Heeeey ! » Je rejoignis la grille lentement, m'y appuyant de tout mon poids, encore sonné. « 10 minutes ! Tu as vu ça ! Le double de la première fois ! » « Oui, je sais... » à bout de souffle. Tournant mon visage vers le fond du couloir. « Où est-elle partie ? » « Elle a détalé ! A cette heure-ci elle ne croisera presque personne dans la Haute Maison, mais ne t'inquiète pas, je pense que tu auras bientôt des nouvelles de Lloth. » lança-t-il dans un sourire carnassier. Recouvrant mon calme, je me rendais compte de ce qu'il venait de se passer avec une certaine horreur. « Par tous les démons de l'Enfer, je n'en croyais pas mes yeux ! Tes pouvoirs sont bien réels, elle n'a rien put faire ! Vhaerun tlu malla (2)! Tu vas nous sauver ! Lloth va tomber ! Si tu arrives à ça avec la Déesse Araignée, par Vhaerun, elle sera tellement honteuse qu'elle en mourra !» « Je l'ai abusée... » absent. « Mais oui ! » fit-il d'une voix chantante. « Le pire des affronts que puisse subir une femelle ! Jamais je n'aurais imaginé que Jeggred Dhunnyl ai eu ce pouvoir...si seulement il s'en était servit de façon plus judicieuse...la Déesse araignée aurait déjà été jetée de son piédestal ! » Ne me joignant pas à l'engouement de Rizzen, je me recroquevillais dans un coin de ma cellule, atterré par l'ampleur et la nature des pouvoirs qu'on m'avait légué... Xyltin avait payé, et je n'arrivais même pas à m'en réjouir, même après toutes ces années. Elle porterait toujours cette marque sur elle, cette souillure en elle, jusqu'à sa mort. Au final, elle n'était qu'un palier à ce qui allait suivre, Lloth était le prochain et le dernier objectif, après quoi, si je revoyais Ztefano, je lui demanderais de reprendre le don empoisonné qu'il m'avait fait... ------------ (1) Chienne (2) Vaerhun soit loué
  8. Matin du 4 ème jour Les geôles d'Aleanrahel. Sombres et froides, dans les sous-sols du premier pilier (1) de Che'el. On me mena au plus profond de la prison, à travers de longs couloirs éclairés par la seule lumière des torches, où quelques paires d'yeux épièrent mon passage à travers leurs barreaux. On me fit entrer dans une salle de torture, on me déshabilla, et on m'ordonna de garder les paupières fermées pendant qu'on me retirait le bandeau. Une pointe d'inquiétude s'enfonça dans ma poitrine. « Malla Qu'el'faeruk, faite.. » Une puissante aura s'approcha, posa ses mains sur mes yeux et prononça une formule aux sombres consonances. Immédiatement, une douleur implacable transperça mes yeux les scellant sous l'effet de la magie noire. Je tombais à genoux, le visage réfugié au creux de mes mains. "Le voilà aveugle. Bonne continuation Irae." "Lloth kyorl l'Qu'el'faeruk d'Aleanrahel"(2) Les Yochlol me relevèrent brutalement avant de quitter la pièce accompagnées de la sorcière, me laissant seul avec Xyltin. Son haleine chaude lécha mon cou. « Tu es à moi... » susurra-t-elle sur un ton mauvais. Cette fois-ci, elle s'évertua à me maintenir en vie durant les douze heures de torture qu'elle me fit subir, me donnant de l'eau, faisant des pauses, cessant ses maltraitances juste avant que je ne m'évanouisse...Me tuer n'était pas le propos, je devais vivre pour subir la volonté de Lloth. Aveugle, la douleur prenait une toute autre dimension. Une nouvelle exploration dans les sphères de la souffrance, toujours repoussant les limites du supportable...Sa punition administrée de main de maîtresse, elle me jeta dans un cachot à l'écart des autres, dans le dernier sous-sol. Niveau le plus froid, le plus isolé de tous, où j'étais le seul et unique captif. Matin du 13 ème jour Mon corps se remettait de lui-même, au fil des jours, sans que je parvienne à déterminer avec exactitude le temps passé. J'avais ramassé un cailloux en tâtonnant dans ma cellule, et avait gratté dans un coin le nombre de jours qui m'avait semblé s'être écoulé. Mes paupières étaient encore douloureuses. Sous la pulpe de mes doigts, je sentais comme des coutures. Un sanglot de désarroi remonta dans ma gorge, sans que je puisse verser une larme. J'avais échoué. Emprisonné, seul et aveugle, que pouvais-je faire à présent ?.. Matin du 21 ème jour environ J'essayais tant bien que mal de garder un rythme, mais je perdais la notion du temps. Chaque jour, je murmurais son nom, espérant qu'il me vienne en aide... "Ztefano......Ztefano.....Ztefano.....Ztefano..." Un matin... Un bruit de clés. Un long grincement. Je sursautais, arraché à mon sommeil. L'heure était inhabituelle pour la distribution de nourriture...si on pouvait la nommer ainsi. Mon cœur s'emballa. Je me reculais sur la paillasse, rassemblant mes jambes contre mon buste, la tête rentrée dans mes épaules. J'étais seul au dernier sous-sol, on venait forcément pour moi. Ce changement dans le rythme que j'avais pris me perturba au plus au point. Des pas, deux personnes. Je reconnu la marche de la gardienne habituelle, accompagné d'une démarche plus familière. Ma gorge se serra. On déloqua la porte de ma cellule dans un lourd bruit de clés. « Malla Jabbress. » fit la gardienne avec respect avant de s'éloigner. Xyltin était de retour... Elle ferma la porte derrière elle. Mon corps se crispa. « Tu ne me salue pas, esclave ? Quel cruel manque d'éducation...La Qu'el'faeruk t'a scellé les paupières, elle ne t'a pas scellé les lèvres... » Quelque chose glissa lestement au sol. « Lève-toi. » ordonna-t-elle. Je m'exécutais lentement, les muscles bandés, près à recevoir une nouvelle rossée. L'objet au sol se glissa dans la poussière avant de fendre l'air. CLACK Un fouet. Il cingla le vide a quelques centimètres de ma tête, je ne pus réprimer un soubresaut qui la plongea dans l'hilarité. Son rire résonna machiavéliquement dans le couloir... Un autre matin... Mon sang avait coloré la poussière de la cellule. Je dépérissais, quitté peu à peu par l'espoir, par mes forces...Ztefano n'avait répondu à aucun de mes appels, j'étais seul avec moi-même, et je pensais le rester jusqu'à ce que la Déesse araignée en décide autrement, par la mort sans doute, où je rejoindrais les démons de l'Enfer... Le cliquetis familier de la porte blindée retentit dans le couloir. Comme à chaque fois, mon sang se glaça. Mon ouïe, comme mes autre sens, surdéveloppés pour palier ma cécité reconnu le pas de la gardienne accompagné d'une démarche inconnue et d'un bruit de chaînes. Mon étonnement laissa place à une profonde concentration. M'étant rapproché de la grille, j'inspirais profondément l'air à travers les barreaux, expirant lentement par la bouche, captant avec précision chaque odeur. Je sentais l'odeur d'un mâle, son pas était lourd et imprécis, il transpirait, mélangé sur sa peau la sueur et le sang, il sortait tout juste de la salle de torture. Ils arrivèrent à ma hauteur, je reculais de quelques pas. « Voilà de la compagnie. » me lança la femelle avant de déverrouiller une cellule en face et d'y pousser le mâle. J'attendis qu'elle referme la grille et qu'elle quitte le couloir pour me réavancer. Aucun bruit autre que la respiration faible mais régulière du prisonnier, évanouit... Le matin suivant... La gardienne apporta l'auge de nourriture, réveillant d'un coup de pieds le prisonnier pour vérifier qu'il n'était pas mort. « Mange ! » Le prisonnier bougea dans une plainte. Elle verrouilla sa grille puis ouvrit la mienne, cognant la gamelle contre mon ventre pour que je la saisisse avant de tourner les talons. La ration journalière était insipide et pâteuse, impossible de déterminer quels ingrédients la composait, néanmoins elle remplissait l'estomac et n'était pas pire que ce que j'avais dû manger depuis le début de ma vie, je m'en accommodais donc sans grand problème, ce qui ne fût pas le cas de mon acolyte qui vomit à la première bouchée...Son organisme encore traumatisé par ce qu'il avait subit la veille ne supporta pas. « Bois.» lui lançais-je. « Il y a de l'eau dans la carafe en terre cuite ». Il obéit comme un désespéré, prenant mon simple mot comme un conseil salvateur. Une fois sa soif étanchée, il prit un moment pour se calmer puis se traîna jusqu'aux barreaux. « Qui es-tu ? » faiblement. « Je suis un esclave. » « Nous le somme tous... » souffla-t-il. Je gardais le silence. « Tes yeux...qu'as-tu fais pour subir un tel sortilège ? » Je passais mes doigts sur ma barbe sans rien dire. « Ça ne peut venir que de la main de Dhaunae Rhomduil...ou d'une autre Qu'el'faeruk... » Silence. Il s'assit contre la grille. « Les esclaves qui fautent sont torturés et jetés en prison... » « Et toi, quel crime as-tu commis pour te retrouver au niveau inférieur ? » coupais-je. « ...je ne jouerais pas les cachotiers si tu ne les joue pas toi-même, qui sait, je pourrais peut être te rendre service... » Je fronçais les sourcils. « Je ne vois pas comment.» « On m'a jeté ici pour vol...dumoins c'est le motif qui leur a servit. Elles sont bien loin de s'imaginer de quoi je suis capable....» lança-t-il d'un ton narquois. « Je me présente, Rizzen Jhalavar, serviteur particulier d'Dhaunae Rhomduil, adorateur secret de Vhaerun (3).» finit-il dans un murmure. « Et toi, qui es-tu ? » « Je n'ai pas de nom. » Un bref silence s'installa. « Très bien. Si tu refuses de me parler, nous n'avons plus rien à nous dire. » « Je n'ai vraiment pas de nom... » Il ne répondit rien. Je craignais trop que sa présence soit une tentative de sa maîtresse de me faire révéler des choses, je me murais donc dans le mutisme... Bien des matins plus tard... Le son métallique des clés devait une habitude. La gardienne apportait le déjeuner en avance. «Tu vas avoir de la visite. » fit-elle simplement. Mon cœur se serra. « De la visite ? » lança Rizzen une fois la gardienne partie. Il ne m'avait plus adressé la parole depuis la dernière fois. « Il n'y a jamais de visite dans les gêoles d'Aleanrahel. » Je savais qui viendrait. Je ne réussis pas à manger et attendit, le front contre le mur froid dos à la grille, que mon bourreau fasse son apparition. Elle ne se fit pas trop attendre. Mon acolyte s'était réfugié dans un coin de sa cellule et gardait le silence, se faisant oublier, par peur qu'elle vienne le torturer ensuite. La correction de Xyltin fût prodiguée rapidement. Une dizaine de coups de fouet, elle était rassasiée. De longues rayures ensanglantées rayaient mon dos. Mes jambes plièrent, je me retrouvais a genoux, le corps tremblant de souffrance, mes mains agrippées au mur. Elle s'approcha de mon oreille. « A très bientôt, violeur assassin... » susurra-t-elle. Elle partit, sans prendre attention à Rizzen. Une fois la porte du couloir refermée, ce-dernier se jeta sur les barreaux. « Violeur assassin ? » Je ne répondis rien, tentant par tous les moyens de rester conscient, me concentrant sur mon rythme cardiaque, faisant mon possible pour faire abstraction de la douleur. « Depuis combien de temps es-tu ici ? » Je m'allongeais sur le ventre en serrant les mâchoires. Sa question tournoya dans mon esprit, me donnant le vertige avant de sombrer... Un peu plus tard... Je me tournais légèrement sur le côté. Rizzen m'entendit bouger. « Tu es vivant ?... Hey !... Par Vhaerun, si tu es bien ce qu'elle dit, tu as toute mon admiration ! » Je poussais un soupir fébrile. « Tu es vivant, je t'entends ! » Je sombrais à nouveau... Plusieurs heures ensuite... La douleur était toujours présente mais s'estompait sensiblement. Ma capacité de régénération m'impressionnait toujours. Je m'approchais de la grille. « Rizzen. » « Hein ? Oh ! » il se précipita sur les barreaux. « Tu es réveillé ! Qui était cette femelle ? » « Irae Xyltin... » « Irae Xyltin... » répéta-t-il pensif. « J'ai beaucoup réfléchis pendant ton sommeil, si tu veux de mon aide, tu devras répondre à mes question. » « Comment pourrais-tu m'aider ? » demandais-je en secouant la tête, fataliste. « Très bien.. »fit-il dans un sourire. « Je vois en toi un âpre négociateur...Je vais répondre à ta question, et je pense que ma réponse éveillera suffisamment ton intérêt. » « Je t'écoute. » « Vois-tu, comme je te l'ai dis il y a quelques temps, je suis le serviteur particulier d'Dhaunae Rhomduil. Dumoins je l'étais... Je la sers docilement depuis mon plus jeune âge, et de ce fait, j'ai eu accès pendant des années à ses grimoires, je l'ai vue expérimenter des sortilèges, je me suis formé à la magie noire à son insu. Les femelles nous pensent trop stupides pour apprendre, elle n'a donc jamais eu aucun soupçon. J'ai fais l'erreur de vouloir reproduire un poison, j'ai donc dû prendre les ingrédients nécessaires dans son coffre d'alchimie et elle s'en est aperçu. On m'a fait châtier pour vol. Les ingrédients que j'ai subtilisés sont rares, on a donc pensé que je comptais les revendre a bon prix au marché noir.» « Et tu penses pouvoir me faire échapper ?» sur un ton dubitatif. Il laissa échapper un petit rire. « Rien n'arrive par hasard...Mais à moi de poser les questions à présent. J'ai souvenir de quelques évènements importants, mais j'ai besoin de réponses pour être sûr.» Ne détectant dans sa voix aucune trace de mensonge, je décidais de collaborer. « Je répondrais à tes questions. » « Parfait...Alors qui es-tu ? » « Je suis le fils du plus grand Qu'el'saruk et Qu'el'faeruk de Che'el, issu du quatrième pilier(4), exilé par Lloth dans les profondeurs. » Silence. « ...Tu es le fils de Jeggred Dhuunyl ? » « Oui. » Il eut l'air embarrassé. « Je suis navré de te l'apprendre, mais il a été exécuté sous la volonté de la Déesse araignée il y a une vingtaine d'années... » ------------- (1) Haute Maison Aleanrahel (2) Lloth garde la sorcière d'Aleanrahel (3) Dieu mineur rival passif de Lloth, cherchant la chute du matriarcat, dieu des voleurs et du mal à la surface. (4) Haute Maison Helviiryn, la plus influente de toute, la plus secrète, la plus vile et la plus compromise dans tous les complots. Son pouvoir lui viendrait paraît il de son rang de favorite auprès de Lloth pour être sa maison intriguante. Que de luttes avec la Haute Maison Aleanrahel.
  9. VIII Matin du premier jour A la forge, Belarbreena s'étonna de la disparition de Nadal et nous demanda des comptes. Aunrae lui exposa les évènements de la nuit passée. Aussi surprenant que cela puisse paraître, sa mère n'eût aucune réaction, là où nous nous attendions à essuyer une tempête. L'annonce de sa désertion n'eût pas l'air de la tourmenter le moins du monde. Rassurés, le travail de la journée fût abattu tambour battant, dans une ambiance relativement détendue. Matin du second jour. Je me réveillais après une nuit agitée, bien loin du semblant de quiétude qui m'habitait la veille. Aunrae s'en aperçu sans que je ne lui révèle le fond de ma pensée. Dans la matinée, Belarbreena me convoqua dans son office pour me faire part de ses inquiétudes concernant les derniers évènements. Son avertissement me plongea dans une profonde anxiété. Matin du troisième jour... Je fermais le coffre. Contractant tous mes muscles pour le soulever, je l'emmenais ensuite dans la remise en retenant mon souffle. Le fond du coffre tombant de quelques millimètres fit voleter un petit nuage de poussière. "Belarbreena !" lança soudain quelqu'un de l'extérieure. "Où est-il ?" Je m'immobilisais, le regard fixe. De là où j'étais, je ne pouvais pas voir ce qu'il se passait. Des voix se mêlèrent, connues mais sans réussir à mettre des noms immédiatement, quand je cru reconnaître le timbre du père de Nadal. Mon rythme cardiaque s'accéléra. Je m'approchais discrètement de l'embrasure de la porte pour jeter un œil, et la scène qui se dévoila devant moi me glaça le sang. Belarbreena et Aunrae face à Nadal et son père, entourés d' Elvraema, matrone de la grande Maison, de ses conseillés, et un peu à l'écart, deux Yochlol et Xyltin... « Allez le chercher immédiatement ! » mugit cette dernière. Tel des molosses lâchés, les Yochlol se précipitèrent dans la forge pour me trouver sous le regard mauvais de mon bourreau. J'étais perdu... Je fermais les paupières avec résignation, et avançais tête baissée dans l'atelier jusqu'à ce qu'elles s'emparent de moi pour me ferrer. Une des femelles me poussa brutalement jusqu'à l'Ilharess (1). « Tu as trahis notre confiance. Cela m'apprendra à donner une chance aux chiens de ton espèce, n'est ce pas Belarbreena ? » "Oui, malla (2) Ilharess."répondit-elle, soumise. "Nous vous avions prévenu. Cette ignominie a été réduite en esclavage sous la haute volonté de Lloth, notre déesse à tous. Le viol coule dans ses veines comme dans celles de son père..." A ces mots je serrais les mâchoires, grondant d'une sourde colère, les yeux rivés au sol. Je sentais le sourire vengeur de Nadal me pourfendre, se délectant du spectacle en silence. "C'est faux... "se risqua Aunrae, abattue. "Regardez !" fit Xyltin en la montrant du doigt. "Il l'a soumise à sa volonté. La folle, elle délire !" se retournant vers moi. "Bandez-lui les yeux !" On noua solidement un morceaux de tissus devant mes yeux. Belarbreena éloigna sa fille, de crainte qu'elle ne se créé plus de problèmes. "J'ai commis une impardonnable erreur de jugement," fit-elle. "Veuillez m'excuser. Nadal réintégrera sa place comme prévu..." "Heureusement que Nadal a vu clair dans son jeu !", reprocha Elvraema. "Que comptez-vous faire de lui ?" demanda la maîtresse forgeronne à Xyltin. "Il croupira dans les geôles de la haute maison Aleanrahel(3) jusqu'à ce que Lloth décide de son sort. Vel'uss zhaun alur taga lil quarval-sharess ?"(4) Je sentis le regard de la maîtresse forgeronne se poser sur moi, impuissante. "LLOTH TLU MALLA, JAL ULTRINNAN ZHAH XUNDUS.(5)" glorifia Xyltin, reprit par chacun des présents, Belarbreena en dernier avant de s'éloigner... ------------- (1) matrone (2) honorée (3) de cette Haute Maison sont issues la plupart des grandes prêtresses du temple, dont l'actuelle. Cette maison est la plus puissante car la plus proche de Lloth et la plus dévote. Elle contrôle l'une des puissantes guildes de la cité : La griffe Noire. Dans cette noblesse , les mâles n'ont que le droit de vivre et n'ont aucun rang de quelque importance que ce soit. (4) Qui sait mieux que la déesse ? (5) Lloth soit louée, toute victoire est sienne.
  10. Les yeux de la Maîtresse forgeronne s'écarquillèrent. Sa bouche s'entre-ouvrit sans qu'aucun mot ne puisse en sortir, sa gorge s'était serrée de stupeur. Mon regard plein de surprise s'imprégna dans le sien comme pour chercher ce qui allait survenir. J'étais paralysé par son irruption, ma main couvrant encore la bouche d'Aunrae qui regardait sa mère avec une honte grandissante sans pouvoir faire le moindre geste. Des pas précipités se rapprochèrent venant du couloir. La tête de Nadal apparut au dessus de l'épaule de Belarbreena. A moitié endormi, sortit de son lit par le bruit, il avait traîné sa curiosité jusqu'ici sans se douter une seconde de ce qu'il verrait. Un simple regard suffit à lui mettre les idées au clair, son visage se déforma de colère. "IBLITH (1) ! Lâch..." La Maîtresse lui ferma violemment la porte au nez enclenchant le verrou et se tourna vers moi en me pointant du doigt. "Helevorn, lâche immédiatement ma fille !" sur un ton menaçant. Je libérais la bouche d'Aunrae puis me reculais de son corps, tirant le drap pour la couvrir, les yeux baissés. Je savais à cet instant que j'avais échoué. Une sombre résignation s'empara de moi. "Mère, il n'y est pour rien, c'est moi qui lui ai demandé de venir !" lança sa fille en remontant le drap sur sa poitrine. Mon cœur s'arrêta de battre. Elle était en train d'endosser la responsabilité de mon acte. Sa mère bouillonnait de colère, ne sachant pas sur qui déverser son fiel en premier. On frappa plusieurs fois brutalement à la porte. "Laissez-moi entrer ! Laissez-moi le châtier Belarbreena !" vociféra Nadal. Sans prendre la peine d'ouvrir la porte. "Va te coucher Nadal, occupe-toi de ce qui te regarde ou tu auras à faire à moi !" "Quoi ?! C'est moi que vous menacez, c'est le monde à l'envers !!" s'écria-t-il. "Ne m'oblige pas a me répéter." Après avoir pesté et donné un brutal coup de pieds dans la porte, le c'rintri s'éclipsa. La Maîtresse se retourna vers nous. "Mère..." Elle décocha une violente gifle à sa fille. Mon sang ne fit qu'un tour, une étrange pulsion m'envahit, m'incitant à affronter le regard de Belarbreena. CLAAAAK Mon visage dévia légèrement. Je la regardais droit dans les yeux, silencieux et nu, à genoux sur le lit, les paumes ouvertes, tournées vers elle. Une flamme étrange brûlait au fond de moi, au fond de mon regard, crépitant d'une lumière émeraude inconnue. Les yeux, miroir de l'âme...Elle cherchait à comprendre ce qui m'habitait sans comprendre ce qu'il se passait, et moi, j'agissais sans rien laisser paraître, avec cette puissance qui prenait le pas sur mes peurs et sur tout le reste, je me sentais autre, et cette sensation de pouvoir était à la fois incroyable et profondément grisante... Belarbreena regarda sa fille dont le visage s'inondait de chaudes larmes. "Ne le renvois pas...ne le renvois pas..." supplia-t-elle... Elle secoua lentement la tête. "Je ne comprend pas Helevorn !" "Je n'ai jamais cherché à vous causer du tort Maîtresse, j'ai toujours tout fait pour que vous soyez fière de moi, satisfaite de mon travail à la forge. Aujourd'hui, je n'ai d'autre explication à vous donner pour justifier cela qu'une naturelle et évidente attirance pour votre fille..." "La position dans laquelle je t'ai surpris était sans équivoque, ne te moque pas de moi !" coupa-t-elle "Tu la contraignais, et cette sotte préfère te couvrir plutôt que de te savoir repartit avec Xyltin !" "Mère !" s'insurgea sa fille en s'asseyant sur le lit. "Comment oses-tu présumer d'une telle chose ! Jamais il ne ferait ça ! Tu le sais ! Et jamais je ne laisserais un mâle abuser de moi sans réagir ! Comment peux-tu imaginer le contraire ?" La Maîtresse serra les mâchoires, se perdant dans ses réflexions et dans cette situation des plus inattendue avant de se laisser a nouveau capter par mon regard de longues secondes. "Si c'est ton choix de t'unir avec Helevorn, grand bien te fasse Aunrae, mais si d'une manière ou d'une autre votre relation entraîne des problèmes au sein de la forge, dans ton travail avec Nadal, ne compte surtout pas sur moi pour le supporter ! Tu te débrouilleras avec lui, c'est clair ?" "Oui Mère, ne vous inquiétez pas. J'irais lui parler." Belarbreena expira profondément, nous observant tous deux avec le regard de ceux qui avertissent avant de quitter la chambre. Aunrae, enroulée dans le drap, se précipita sur la porte pour la fermer à clé puis se tourna, y appuyant son dos, la tête calée en arrière. Un long soupir s'échappa de ses lèvres. Quelques instants après, dans le couloir, une porte s'ouvrit, des pas se rapprochèrent. La poignée s'actionna à nouveau dans un grincement. "Aunrae..." C'était Nadal. Sans doute devait-il croire qu'elle était seule. "Aunrae c'est moi, ouvre-moi !" Je m'asseyais sur le bord du lit, regardant la jeune drow avec un très léger sourire. "Aunrae, ouvre-moi ou je défonce la porte !" "Laisse-moi s'il te plait, j'ai besoin d'être seule." "Aunrae !" s'impatienta-t-il. "Laisse-moi te voir, juste une minute. Je veux m'assurer que tu vas bien ! Après j'irais trouver ce chien d'esclave et je lui ferais payer ce qu'il t'a fait !" Elle poussa un soupir gêné. "Nadal, je vais bien je t'assure. J'ai besoin de repos et de calme, on parlera demain si tu veux..." Silence. "Comme tu voudras..." Elle attendit un petit instant, soulagée, avant de me rejoindre sur le lit... BOOM Aunrae sursauta. "Mais Nadal arrête ! Tu es fou ! Tu veux faire redescendre ma mère ?!" "OUVRE-MOI !" Je fronçais les sourcils. Sans dire un mot je m'approchais de la porte et fis tourner la clé dans la serrure. Un tour. La jeune elfe posa précipitamment ses mains sur la mienne en me regardant, affolée. "Helevorn, qu'est ce que tu fais ?" me demanda-t-elle tout bas. Je lui fis un sourire. Deux tour. "Je savais que tu ouvrirais !" se réjouit Nadal. J'ouvris la porte. J'étais alors complètement nu, Aunrae vêtue simplement du drap juste derrière moi, agrippée à mon bras. Le c'rintri eu un mouvement de recul. "Retourne d'où tu viens." fis-je sur un ton glacial. La surprise laissa place à la haine. Il s'apprêta à se jeter sur moi quand Aunrae s'interposa en le repoussant en arrière. "Nadal !" Il recula, abasourdi, la regardant, me regardant, la regardant à nouveau. Son visage se décomposa à mesure qu'il prenait conscience de la situation. "Retourne te coucher s'il te plait...on discutera demain..." fit-elle sur un ton des plus doux. "NON ! Ça va j'ai bien compris ! Tu t'offres à ce moins que rien, à cette raclure d'esclave !" Un rictus de dégoût marqua son visage. "Tu me donne envie de vomir. ! lança-t-il en la dévisageant de haut en bas. Il se tourna vers moi. "Quant à toi..." pointant un doigt menaçant dans ma direction. Il laissa sa phrase en suspend, reculant dans le couloir en me poignardant des yeux.. Il finit par tourner les talons et quitter la forge... Contre toute attente, mon plan avait fini par fonctionner...j'avais peine à y croire tant les évènements auraient pu se retourner lourdement contre moi, et pourtant... Mon pouvoir semblait offrir chaque jour de nouvelles surprises. Cette nuit un pallier de taille venait d'être franchi. En retournant dans le lit en compagnie d'Aunrae pour terminer ce que nous avions commencé, une lueur scintillante passa au fond de mon regard, phosphorescente, comme un clin d'œil à Ztefano... ------------------- (1) Merdeux !
  11. (version non censurée accessible sur demande à l'admin du forum des constellations, sous réserve d'âge) Nadal revint comme l'avait annoncé son père, mais une semaine après sa lettre. Durant ce sursis, je m'étais employé chaque jour à me rapprocher d'Aunrae en prenant garde à ne pas éveiller la méfiance de sa mère. D'échanges de banalités en discussions, nos rapports avaient rapidement évolués en une sorte de complicité naissante, mais malheureusement pour moi, ses sentiments n'avaient pas suffisamment grandis pour que j'espère une prise de position en ma faveur face à mon rival. A son retour, ce dernier remarqua clairement un changement dans le comportement d'Aunrae à mon égard ce qui le plongea dans une haine silencieuse et sournoise. Méprisant, condescendant en l'absence de Belarbreena, il me rabaissait sous couvert d'humour et s'arrangeait sans cesse pour m'éloigner d'Aunrae. Son retour signifiait aussi ma rentrée à l'étable, le retour à une vie d'esclave avérée. Il m'excluait de la forge, monopolisait son attention, ne me laissait jamais seul en sa compagnie et jouait un double jeu avec la maîtresse. La situation m'échappait peu à peu. Si les choses suivaient leur cours sans que j'intervienne, je finirais par retourner entre les griffes de Xyltin, et il n'en était pas question. Je ne pouvais plus me permettre de courtiser Aunrae comme n'importe quel prétendant, je devais user de mes pouvoirs d'une manière plus...persuasive. Une lueur émeraude scintilla dans l'obscurité. Il était l'heure. La forge dormait paisiblement dans les volutes légers des bacs, dans l'odeur ferrailleuse des minerais. Mes pas me guidèrent au sous-sol. A gauche, pas un bruit. Nadal dormait profondément. J'avançais discrètement, glissant ma main sur le mur. A droite, une torpeur toute aussi douce. Mes doigts appuyèrent sur la poignée dans un grincement léger. Aunrae était assoupie dos à la porte, étendue sur son lit, le corps recouvert d'un drap blanc, sa chevelure flamboyante s'éparpillant sur le matelas. La porte se ferma lentement derrière moi. Discret comme un loup approchant sa proie insouciante je retirais mon pantalon pour le poser sur le dossier d'une chaise. Une sensation étrange m'habitait. J'étais possédé par une puissante sérénité, par le calme machiavélique de ceux qui maîtrisent la situation avant de commettre un forfait. Nulle peur. Nulle hésitation. Comme si chacun de mes gestes coulaient de source, alors que c'était la première fois... Je ne me l'expliquais pas, et à vrai dire en cet instant, ma raison n'entreprenait aucune analyse, j'étais submergé par mes sens. Mon corps bouillonnait d'une chaleur inhabituelle, et mon regard semblait s'imprégner d'une lueur inconnue. Mon odorat, ma vue, mon ouïe étaient submergés de ressentis, et mes deux derniers sens me pressaient de les nourrir. D'un geste je soulevais subrepticement le draps pour m'y glisser. Elle était nue. Sans même la toucher, je sentais déjà son aura. Mon nez caressa sa douce chevelure parfumée, ma paume droite glissa délicatement le long de son bras. Sa respiration était profonde, le belle était perdue dans les méandres de ses rêves, et j'allais bientôt l'en sortir... "Aunrae..."murmurais-je.. Mon corps brûlant de désir s'approcha du siens. "Aunrae..." Ma main se fraya un chemin contre sa poitrine. Un doux gémissement. Elle se cambra, appuyant ses fesses contre mon bas ventre, m'infligeant une voluptueuse et crépitante décharge. Elle sortit de ses rêves quand elle comprit que ma présence n'avait rien d'onirique. Elle se tourna vers moi, les yeux écarquillés. "Hele..Helevorn" se reprit-elle en murmurant. "Qu'est ce que.." Mon pouce se posa sur ses lèvres. Nos regards se mêlèrent de longues secondes en silence. Magnétique. Elle semblait incapable de détacher ses yeux des miens. J'esquissais un sourire, glissant ma main sur sa nuque avant de lui donner un langoureux baiser. Elle l'accepta d'abord simplement, puis peu à peu, la chaleur de nos corps se mêlant, elle me le rendit avec une légère retenue. Hypnotique. Ses doigts se hasardèrent dans mes cheveux d'argent. Lentement, mon corps musculeux se posa sur le siens. Son cœur battait la chamade. Ma bouche explora la ligne de ses épaules, les courbes de sa poitrine. Sa respiration saccadée m'incita à poursuivre mon office, elle prenait plus d'assurance. Ma bouche remonta jusqu'à la sienne pour un fougueux baiser avant de la posséder. Elle agrippa mes omoplates, enfonça ses ongles dans mon dos en se cambrant, la tête en arrière, la bouche à demi ouverte. Elle retint sa respiration un instant, puis expira dans un souffle mêlé de douleur et de volupté. Son visage se décrispa peu à peu à mesure de nos mouvements. Rapidement, le plaisir m'emporta avec elle au-delà de l'entendement, si bien que j'en oubliais ma discrétion et la sienne. Lorsque je m'en aperçus il était déjà trop tard, un bruit de porte provenant du couloir me rappela à la réalité. Je posais précipitamment ma main sur la bouche d'Aunrae quand Belarbreena fit irruption dans la chambre...
  12. Mon esprit se brouilla, faisant vaciller la lueur d'émeraude dans mes yeux. Une absence. Un flash. Je la vois en contre-bas accompagnée d'un nécromant. Je l'entends rire, elle se moque. Puis plus rien. La voix de la créature m'arrache à mes visions. Exoriel a le dessus, je comprends que sa rivale ne pourra rien contre elle. Dans mon âme s'oppose deux énergies contraires. Sa proximité semble inverser mes puissances vitales, ce qui fini par m'affaiblir à force de lutte pour maintenir mon aura originelle. Soudain, la nécromancienne pose sa tête contre mon épaule, repoussant inconsciemment l'énergie opposée sans ménagement. Mon regard retrouve son éclat. Je souris. Je souris mais je sais qu'avec sa présence, je ne pourrais tenir longtemps sans me mettre en danger. Guidé par l'abysse et comme pour défier à la fois la lutte sans partage qui se joue dans mes entrailles, et provoquer une dernière fois la créature qui nous dérange, je me tourne face à Exoriel, encadre son visage de mes mains et lui donne un savoureux baiser, les yeux rivés sur sa rivale qui écume de rage. Je me détache de ses lèvres, lance un sourire démoniaque à l'attention de l'assassin et de son maître, puis retrouve le regard de la nécromancienne. Je lui livre un sourire sans équivoque avant de murmurer un mot... *velkyn* Et de me volatiliser dans les ténèbres...
  13. La saveur de son baiser m'exalta. Lascive caresse de nos langues hissant mon désir plus indécemment encore dans le maelstrí¶m de la concupiscence... Un mouvement survint accompagné d'un bruissement singulier, si discret pourtant qu'il ne m'inquiéta pas outre-mesure. Exoriel se détacha de mes lèvres, et esquissa un sourire. « On dirait que certains n'ont pas aimé ton jeu ... » Je tournais les yeux. Une créature était là, le regard injecté de colère. Elle rôdait autour de nous d'un air menaçant. Ma main se posa discrètement sur le pommeau de mon arme. Soudain, elle se jeta de toutes ses forces contre le bouclier de protection. Je me mis immédiatement sur pieds, l'épée pointée en direction du danger. La créature se heurta violemment à la barrière d'énergie, provoquant le même bruissement d'une légèreté invraisemblable, avant de reculer. Je jetais un œil à la nécromancienne. L'extrémité de ses doigts touchait le sol. Elle n'avait même pas pris la peine de se retourner et continuais de me sourire. La puissance de son bouclier devait être phénoménale si j'en croyais l'aura d'énergie bouillonnant dans le corps de la créature. Exoriel était imperturbable et l'ignorait royalement, ce qui, je le compris bien vite, accroissait sa fureur. Pour se comporter de la sorte, cette situation devait lui être bien familière... "Qu'est ce que c'est ?" demandais-je d'une voix posée. Je suivais les allers et retours de la créature de la pointe de mon épée, envisageant tous les scénarios possibles. Peut être venait-elle de m'entraîner dans un piège, peut être n'en n'avait-elle pas l'intention, peut être ferait-elle le choix d'annuler son sort de protection, peut-être pas... Je restais concentré, prêt à user de mes dons de sorcellerie quand le rappel d'une présence de plus en plus proche troubla mon esprit...
  14. De mes dents sur sa peau naquît une fine larme de sang. Si je n'avais appris à me maîtriser durant ces siècles, nul doute qu'a sa simple vue mon excitation aurait culminé au plus haut et s'en serait suivi le déchaînement de ma bestialité. Mais il n'était point encore l'heure de l'exprimer... Ma respiration se fait plus profonde alors, comme puisée au fin fond des abysses, et le son de mon expiration peut trahir désormais un peu de mon origine... Ma main devient plus pesante sur son cou sans pour autant la contraindre. Je ne ressent aucun besoin de le faire. Les choses s'écoulent d'une façon évidente, conférant à cette communion une aura irréelle et pourtant... Envahis, j'en éprouve une satisfaction décuplée. Mon corps et mon esprit sont entièrement consacrés au lien qui s'ébauche, et désormais, j'ai la quasi certitude que rien ne pourra m'arrêter... Nos corps se rapprochent avec moins de pudeur, les battements de nos cœurs se jumellent, s'offrant une mélopée égale, d'intensité et de rythme. Ma toute première venue sur ces terres était motivée par mon penchant le plus noir, auquel au final j'avais décidé de ne pas céder pour me réfugier dans une faction où l'équilibre est le maître mot. J'espérais en faisant ce choix qu'il m'apporterait l'harmonie que je recherche depuis mon adolescence... Des décennies entières passées à plonger d'un côté puis de l'autre sans jamais parvenir à me stabiliser. Les Constellations étaient ma chance d'y parvenir, mais depuis le début du changement...l'espoir avait volé en éclats. Après la défection du Mal, le Roy avait déclaré la guerre au Bien, abandonnant notre neutralité afin de rétablir l'équilibre sur la terre des éléments. Notre faction glissait alors rapidement sur une pente des plus obscures, et l'alliance avec les Sapere Aude en était la célébration... Ma réticence des premiers jours avait peu à peu fait place à l'acceptation, et mon retour ici n'allait pas être sans conséquences. Cette autre...Peut-être allais-je la perdre sans même avoir eu le temps de la trouver. Elle aussi était ma chance d'atteindre l'équilibre, encore aurait-il fallut qu'elle l'ai atteint elle-même pour être en mesure de m'aider... Le parfum de la fatalité embaumait mon destin. Du bout de la langue, je goûte avec délectation sa sève rougeoyante. J'ai faim d'elle... Mon bras gauche entoure sa taille, je la serre contre mon corps. Elle murmure quelque chose, la formule d'un sort de protection sans doute, car se forme autour de nous un champ d'énergie qui nous englobe. Etrange...L'air me porte faiblement l'odeur et le son de mouvements lointain, dont quelque chose qui me semble familier sans que je puisse encore l'identifier. Je chasse immédiatement ces sensations qui me perturbent, ce n'est ni le lieu ni le moment. Je n'accepterai pas qu'on ose me déranger maintenant. Mes lèvres reprennent là où elles s'étaient arrêtées, effleurant, embrassant son cou offert, faisant glisser mes incisives le long de sa jugulaire jusqu'à son épaule. Mes doigts se perdent dans sa chevelure noire avant de l'empoigner, tirant tendrement sa tête en arrière. L'extrémité de ma langue parcours sa gorge déployée, puis nos visages se retrouvent face à face, j'ai libéré ses cheveux de ma poigne, nos regards se mêlent intensément sous l'éclat nocturne...ma main glisse sur sa joue pour lui offrir une caresse avant d'approcher ma bouche de la sienne...J'aspire son souffle chaud...mes ongles dans son dos tracent une voluptueuse courbe, je la sent qui se cambre... Le même parfum...je le sent plus clairement à présent...Je refuse d'y prêter attention, je refuse de le reconnaître. Mes lèvres effleurent celles d'Exoriel...
  15. Exoriel décide de plonger dans mon abîme plutôt que de faire la chose la plus raisonnable : partir. La plus raisonnable pour elle, mais pour moi aussi sans doute... Une part de moi entend encore raison, mais ses encouragements à mon égards accélèrent irrémédiablement l'éclosion de ma nature originelle. Je le sent...plus présent encore. Je ne pensais pas qu'il me submergerait aussi rapidement, et pourtant, il faut bien voir les choses en face. J'aurais dû le deviner...Au contact de son aura maléfique, il ne pouvait que s'épanouir davantage et avec plus de vivacité. Ce sang qui coule en moi... Je baisse la tête, fermant les paupières sur l'inéluctable. La nécromancienne pose ses mains sur mes genoux avant de m'encourager encore, avec une de ces voix qui m'incite au crime... Une vague d'énergie déferle dans mon corps. Je suis électrisé par ce contact. Je relève la tête et ouvre mes yeux, scintillant d'un éclat vert clair précis. A cet instant, tout n'est que sens. Odeurs... Son parfum est partout autour de moi, le parfum de sa robe, le parfum de sa peau d'opale, fragrance légère se mêlant à la fraîcheur nocturne, si douce... Son... Ses mots résonnent dans mon esprit..."Continue..."...délicieuse incitation à laquelle je suis incapable de résister. La brise déplace ses cheveux noirs tombant en cascade sur ses épaules nues, je perçois le froissement discret de ses vêtements... J'observe le moindre de ses gestes, attentif comme un prédateur. Mes yeux se perdent sur les lignes de son visage, descendent le long de sa gorge... Toucher...Ma main glisse sur sa nuque, remontant jusqu'à la naissance de ses cheveux... Je me rapproche d'elle sans plus de cérémonie, mon torse se presse contre sa poitrine, juste assez pour que je puisse ressentir les battements soutenus de son cœur. Goût...Mon visage croise le siens, ma joue effleure la sienne, j'approche ma bouche de son oreille et lui susurre ces mots... "Ussta ssinssrigg zhah chath wun l'olath..." ..avant de perdre mes lèvres dans son cou, et d'y laisser la marque de mes dents...
  16. Un enfant effrayé face à la mort...J'en ai connu un oui, et très intimement, pensais-je sans pour autant lui répondre. Peut être devrais-je lui donner ce livre encore incomplet...nous verrons plus tard... Mon esprit est désormais capté par tout autre chose. Elle glisse la main dans son cou, le regard perdu dans de douloureux souvenirs sans doute. Esthète des souffrances les plus profondes, j'apprécie les traits de son visage, son air absent. Ses yeux d'eau ne produisent nulle larme et pourtant elle aurait put en verser. Cette image m'est si douce que je ne peux m'empêcher de le souligner à voix haute... "L'expression de ta douleur est un atour qui te pare à merveille..." Elle relève alors la tête avant de se perdre dans mon regard qui je le sens, se laisse submerger par la lueur jusqu'à devenir peu à peu étincelant dans les ténèbres... Elle s'approche davantage. Mon sourire ne me quitte pas. Elle prend des risques et j'aime ça. A cette distance, je peux sentir son souffle sur ma bouche. Les muscles de mon corps se contractent, j'expire profondément...je le sent... "Ussta ul-ilindith zhah d'har'luth jalilen... Tu as encore le temps d'arrêter le jeu ma belle, mais le temps presse..."
  17. Un sourire franc raye mon visage. Elle veut jouer alors... "Es-tu bien certaine de pouvoir assumer ce qui pourrait s'en suivre sans prendre la fuite comme une gamine effrayée ? Ce ne serait pas la première fois que je fais fasse à des femelles qui ne savent user que d'artifices, et une fois que je pénètre dans le vif..." Une lueur émeraude inhabituelle scintille faiblement dans mes yeux.
  18. La ténébreuse joue le mystère et n'offre que de nébuleuses réponses. Prêtresses ou sorcières, les femelles s'attendent toujours à voir les mâles courir après leurs chevilles dans l'espoir qu'elles laissent tomber un secret. La belle ignore tout de qui je suis, et qu'importe après tout. Son narcissisme me tire un sourire. Elle s'approche soudain de mon visage et me fixe de son regard limpide. Je le soutiens sans ciller. "Tu ne devrais pas te risquer a plonger ton regard dans le miens et à t'approcher si près. Qui sait comment mon instinct indiscipliné pourrait réagir..." Je ne m'attends pas a ce qu'elle prenne au sérieux mon avertissement, je sens déjà sa fierté emplir la distance qui nous sépare. Que va-t-elle faire a présent ? Me rire au nez, me gifler, ou partir tout simplement...peut être usera-t-elle de la contradiction, quoi qu'il en soit tout pour ne pas perdre la face...
  19. Elle se met à rire. Je l'observe sans ciller, aussi impassible qu'elle se veut hilare. Je m'interroge alors. La mort ne lui est pas permise ? Seuls les dieux et démons supérieurs, les êtres morts et ravivés, et ceux qui ont subis une malédiction majeur d'immortalité sont condamnés à vivre éternellement, souvent au détriment de leur enveloppe corporelle ou de leurs facultés intellectuelles. Même moi, immortel de nature connaîtra un jour le goût de la Mort dans le monde mortel pour renaître ailleurs... Elle finit par s'allonger nonchalamment. Je me tourne et m'assois en tailleur face à elle. "Explique-toi Exoriel...Tu prétends ne pas être une sorcière, tu affirmes être immortelle. Qui es-tu donc, d'où te viens ce don...ou peut être plutôt cette malédiction ? Et quelle est cette haine dont tu parles ?"
  20. La nécromancienne s'assoit fébrilement au bord de la corniche. Mes sourcils se froncent. Je ne fais aucun geste mais surveille le moindre de ses mouvements. Mon instinct me laisse penser qu'elle ne se jettera pas dans l'abîme, mais je la connais trop peu pour en avoir l'absolue certitude. Ses pieds se balancent au grès de la brise, sensiblement plus vivace à cette hauteur. Après avoir scruté la forêt en contrebas qui pourrait lui servir de tombeau, elle se tourne légèrement vers moi, le visage défait par la tristesse et l'incompréhension. Elle me pose alors une question. "La vie est une tour infernale pourvue de multiples escaliers. Chaque montée est une épreuve, à chaque marche sa souffrance, et à chacun le temps de la gravir selon sa capacité d'adaptation à la douleur, jusqu'à atteindre un nouveau pallier plein de promesses. Une ascension peut prendre des semaines, des mois ou plusieurs années. Le long de l'escalier, de longues séries de meurtrières assez large pour pouvoir se jeter dans le vide quand tout ceci devient trop insupportable. Chacun est libre de faire ce choix. La vie n'est que choix. La finalité pour tous reste inchangée. Malgré notre ascension, nos efforts, le sentiment à mesure de notre évolution d'être plus fort par tant d'épreuves surmontées, il n'en demeure pas moins que cette tour nous entraîne irrémédiablement à la tombe à un moment ou a un autre, car chaque jour vers l'Enfer nous descendons d'un pas, et il serait bien dangereux de l'oublier..." Mon regard se mêle au siens. "En tant que sorcière, ta capacité d'attachement et la douleur qui te ronge est assez stupéfiante. Cet être cher à ton cœur a dû tenir une place irremplaçable dans ta vie pour t'infliger tant de tourments." Je prend place a côté d'elle sur la corniche. "Tu peux faire le choix de mettre fin à ta vie tout de suite. Celà dit, rien ne te garantis que la mort te sauvera de tes tourments, et une fois de l'autre côté, peut être n'auras-tu même pas la possibilité de te guérir de cette douleur, alors qu'ici, même si la souffrance est cuisante, tu peux faire ce choix. Où que soit l'être qui te manque, s'il t'aimait, je sais qu'il ne voudrait pas que ta vie finisse de la sorte, et personne à sa place ne le voudrait." Je marque une pause et observe en contrebas. "Pas même moi qui ne te côtoies que depuis cette nuit."
  21. Je pénètre la nuit qui m'enveloppe de ses bras ténébreux. Son haleine est fraîche et délicate. La grande voûte est dégagée, laissant scintiller les étoiles d'un éclat d'or. J'aime cette obscurité familière, parée des constellations... Un court moment plus tard, j'entends la porte du manoir s'ouvrir. J'ai dû parcourir quelques dizaines de mètres. Je ne me retourne pas, je sais déjà de qui il s'agit. Je ralentis à peine mon allure déjà nonchalante, même si je sais qu'elle saura me trouver dans les ténèbres. En effet, ses pas se rapprochent. La jeune sorcière arrive à ma hauteur et me précède d'un pas, détail qui ne m'échappe pas. Je la laisse prendre son avance, après tout je suis sur ses terres... Elle rompt le silence par l'ébauche d'une confidence et ferme les yeux. Je sens la douleur de la disparition l'envahir. "Pour faire le deuil, nous avons besoin de nous confronter maintes fois à la réalité. Le dénis et la souffrance sous des formes multiples sont notre lot avant d'accepter les choses telles qu'elles sont." Arrivés en haut d'un point culminant offrant un panorama étendu sur la forêt, je m'arrête au moment où fini ma phrase. J'inspire une bouffée d'obscurité avant de poursuivre d'une voix calme, le regard perdu au lointain. "Peut-être est ce pour toi le moment d'accepter, et de tourner cette page, la mémoire emplit des meilleurs souvenirs que tu puisses garder..."
  22. Elle préféra le silence. A une réponse maladroite peut être. Son air légèrement hautain me rappela cette autre. Les Aqueuses auraient-elles toutes cette glace en elle...couvrant les remous d'un fluide brûlant...? Je pris le parti de ne pas laisser mon esprit divaguer davantage dans ces songes incertains. La mort, l'absence et la disparition sont des deuils trop lourds pour être jugés. Le temps fait son office, même pour les mortels... Sa lèvre trembla sur le bord du verre. Je n'ajouta pas un mot à son silence. La soirée était animée et au fur et à mesure que les minutes s'égrainaient, l'atmosphère se faisait oppressante. Légère frustration provoquée par l'envie d'une conversation isolée. La nécromancienne au regard d'azur avait bu quelques verres et était à présent perdue dans ses pensées. Je sortis de ma bourse quelques pièces d'or sonnantes et trébuchantes et fit signe au tavernier que je réglais pour deux avant de me lever. Un regard à son attention avant de rejoindre le hall, désireux d'une ballade nocturne dans la fraîcheur des ténèbres. Peut être me rejoindrait-elle dans la nuit, je n'attendais rien alors, simplement la caresse d'une sombre brise...
  23. Je la sens qui marche dans mes pas. Elle a le parfum de la mort douce, fleuri fané, léger comme une brume et pourtant si lourd de sens... Je salue d'un signe de tête mes compagnons d'arme quand ses mots viennent à nouveau jusqu'à moi. Je tourne le visage vers elle, le regard légèrement surpris. "Non. A vrai dire j'aurai pu te retourner la question... J'ai cru sentir une vague désillusion dans ta voix. Un timbre qui s'écorche de la sorte, même talentueusement dissimulé ne saurait m'échapper..." Mon œil perce dans le siens juste un instant sans pour autant en attendre davantage. Je porte la coupe servie par le tavernier à mes lèvres pour déguster juste une gorgée du breuvage couleur sang. Je ne la quitte pas des yeux jusqu'à reposer ma boisson sur le comptoir. Après tout, nous ne nous connaissons pas, et ce lieu est plus coutumier de la ripaille et des éclats de voix que des murmures et des confessions..
  24. Un murmure, presque coupé dans un souffle. Je me retourne lentement. Il me semble reconnaître la dame des lieux. Dans son regard, l'ombre d'une nostalgie qui s'ébauche à peine avant de s'évanouir. Un mirage sans doute. En moi s'esquisse parfois le contour d'un être perdu, cher aux cœurs des esseulés. Un léger sourire relève la commissure de mes lèvres. "Exoriel..." Ne désirant pas laisser trainer le souvenir du mirage je me dirige vers le comptoir où sont déjà accoudés quelques étoiles.
  25. Quelques mois que je n'ai foulé les dalles poussiéreuses de ce manoir. La porte d'entrée est toujours aussi impressionnantes, et son grincement aussi caractéristique que la première fois. Ma première visite, j'y suis venu en quête de réponses et d'une voie, la seconde par courtoisie, puis les attaques d'un certain rôdeur m'ont dissuadé de me déplacer pour une troisième, la repoussant jusqu'à ce jour. Visiblement, j'ai été assez visionnaire sur ce coup là. Les deux factions m'ayant le plus attirées se rapprochent aujourd'hui. Mon instinct ne me trompe pas. Un coup sur la porte avant de la pousser. Je n'ai plus de crainte à pénétrer l'antre des Sapere Aude. J'évolue le long du hall, tourne à gauche et débouche à l'endroit même où j'avais payé ma dernière tournée. Je sens déjà un parfum voguer dans l'air, quelqu'un approche...
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