Aller au contenu
Terre des Éléments

Helevorn

Membres
  • Message(s) posté(s)

    198
  • Inscrit(e) le

  • Dernière visite

Tout ce qui a été posté par Helevorn

  1. Catins. Filles de mauvaise vie. Filles selon mon cœur. Voici des heures que nous rions et buvons dans ce boudoir privé. Salon de bordel aux bouquets fanés. Aux draperies lourdes, empourprées, salies. Crasse baroque d'une soirée récréative. L'âpreté du vin a un goût de groseille, son tanin n'est que sucre a mes papilles. Il est l'heure de partir. Pourtant. Car j'ai d'autres projets. Alors que j'abandonne ces femmes en location les gratifiant d'un sourire enjôleur, un cris déchire l'air. Pas un cris d'humeur, ni de peur. C'est la douleur qui s'imprime dans ce ton. Une douleur surprise. Mon regard se porte immédiatement à sa source, rencontrant un visage autrefois chérit. Celle à qui j'ai promis. Celle que j'ai trahie. Délaissée... Des mois se sont écoulés. Une forme intruse vient s'ajouter au tableau. Un loup. Les crocs plantés dans sa chair, faisant couler de fines lignes de sang le long de sa jambe. Immédiatement je me saisis de mon arme, prêt à abattre l'animal quand quelque chose vient troubler mes impressions. Rhapsody accepte la morsure, n'y prête même pas attention. Sa peau si blême, ses joues creusées, ses yeux habités d'une tristesse déchirante s'insinuent en moi comme un message. Message destiné à l'homme que je suis, l'homme qui a espéré d'un possible a ses côtés. Elle me perce. M'aiguillonne. Reflux en moi culpabilité, attachement, sentiments ensevelis. Je ne veux comprendre sur l'instant. Besoin de me complaire d'une incertitude rassurante. Nécessité de ne pas croire a ce qu'elle semble vouloir me dire. Son grimoire au sol, elle recule. Ma gorge se serre, étranglée par une sourde épouvante. Quelque chose ne va pas. Son comportement est anormal. Ce qu'elle dégage est inhabituel. Elle se retourne et fuit, la bête à ses côtés. A toutes jambes elle s'échappe. Se dérobe à moi. Mes yeux s'écarquillent, ma bouche s'entre ouvre. Une crainte immense me saisit. Un pas, puis deux, je me lance à sa poursuite. Dépasse le sac qu'elle a laissé tombé. Ses bottes. Sa silhouette s'amenuise. Opalescente. Elle me distance. Magie ? Ses traits se dissipent, elle s'évanouit à ma vue, déjà loin des remparts de Melrath. Je ralentis de moi-même avec la conviction de ne rien pouvoir changer a ce qui s'opère, et m'arrête devant sa robe étalée sur les pavés. Abandonné. Tout comme je l'ai abandonnée. Et avec elle l'espoir d'être aimé et de pouvoir aimer en retour...
  2. Helevorn

    Parrainage

    La prenez pas, elle est folle.
  3. Je la connais parce qu'elle en a parlé et que je me suis intéressé au duel qui a été lancé, ni plus ni moins. Si ça t'ennuie que l'issue en soit connue -en l'occurrence ta défaite-, il aurait fallut t'abstenir de provoquer un duel.
  4. Est-ce normal que l'issue du rp Le temps du repos soit différente de ce qu'il s'est réellement passé IG ?
  5. Au conseil des étoiles, les avis divergeaient sur la position à prendre. Comme toujours. Les sensibilités des Constellations promettaient de longues discussions. Certains penchaient pour attaquer les Orcs qui selon eux pourraient menacer notre fortin, d'autres préféraient combattre sans distinction afin d'assouvir leur soif de meurtre, d'autres encore privilégiaient la prudence en réservant leur position. Pour moi, tout était clair. Nous devions rester en accord avec nos engagements passés et protéger l'armée peaux vertes contre ses belligérants. "Les Orcs n'attaquerons pas notre fortin. Ils auront bien mieux à faire à l'Académie." ---- Une sorte d'aspiration stridente suivie d'un fracas métallique au tempo détaillé et répétitif traversa le mur épais de la forteresse. Les étoiles se regardèrent en silence. L'heure était venue. La double porte s'ouvrit dans un grincement. Les ténèbres tombantes étaient troublées par une lueur diffuse émanant du flanc ouest des remparts. "Le portail est apparu !" Une gigantesque porte ovoïde cerclée de métal accueillait en son centre un écran d'énergie vivace à la surface de mer agitée. Un bourdonnement continu et puissant. Une lueur bleuté. Un vortex vers un autre lieu. Des arcs électriques striaient de temps à autre le pourtour du portail. Une à une, les étoiles s'enfoncèrent dans le champ tumultueux pour réapparaître la seconde suivante dans une immense caverne. Mon pieds droit quitta l'herbe fraîche pour se poser sur la pierre poussiéreuse. Des picotements électromagnétiques coururent le long de mon épiderme avant de s'évanouir dans une sorte de brume céruléenne et crépitante. La fraîcheur de la nuit fut écrasée par la moiteur et l'âcreté d'un lieu minéral et rocailleux. L'arôme de la toute proche forêt balayée par un air vicié. Des grognements, des bruits de gueule, un lourd piétinement soulevant une nuée de particules dans l'atmosphère, des retentissements d'armes rudimentaires cognées les unes contre les autres, un relent de sueur putride mêlée de grasse crasse. Des combattants aux corps épais et durs. Aux oreilles déchirées, aux naseaux larges et morveux, aux bouches dénuées de lèvres traversées par des crocs proéminents, aux petits yeux luisants et emplis d'une stupidité meurtrière se tenaient en rangs serrés au centre du lieu. Des tentes de peaux ornées de crânes et d'os humains avaient été dressées un peu plus loin. Leurs chefs se déplaçaient d'un bataillon à un autre d'une démarche balourde mais pas moins guerrière, une arme brandie au dessus de la tête, haranguant d'un aboiement belliqueux des troupes assoiffées de batailles. Mon observation fut interrompue par la silhouette d'une guerrière aux cheveux d'or. Parée d'une fine armure laissant outrageusement à nu les parties vitales de son corps, comme si au cœur même de la guerre elle avait la prétention de déjouer la mort. Elle traversait l'armée, posant un regard indifférent sur ses alliés, jusqu'à ce que ses yeux d'améthystes rencontrent les miens. A quelques pas de moi, elle s'arrêta. Troublée. L'exquise effluve de sa peau claire se fraya un chemin jusqu'à moi, glissant entre les relents pestilentiels des Orcs. Un instant suspendu dans le tumulte avant qu'elle se détourne. Un sourire qu'elle ne vit pas, un long regard dont elle se douta peut-être avant que le retentissement des tambours de bataille ne fassent vibrer la grotte. L'ennemi était en approche. Les peaux vertes hurlèrent, écumantes, frénétiques. La lame de ma colichemarde tinta dans son fourreau. Le croassement sinistre d'un corbeau fila au dessus des troupes. Carnage. Métal contre métal, feu de l'acier, brûlures, coupures, cris, déchirement, décapitations, démembrements, hurlements, peur, douleur, goût de sang, chaleur, sueur, poussière, viscères, cervelles, écrasements, os qui craquent, se brisent... Un silence de mort. Un râle d'agonisant. Un blessé qu'on achève. Un dernier croassement. Les cheveux et le visage éclaboussés de sang. Mon regard suivit la fuite du corbeau. Un espion. Triviak. Je me relevais, fourbu et blessé, pour prendre la direction de l'Académie...
  6. Un cris résonne par delà les longs couloirs du Palais... La belle épuisée se recroqueville dans le lit, les yeux clos. Voulant à tout prix croire à son rêve. Un sourire se dessine sur mes lèvres d'or. Le tiroir de la table de chevet coulisse. J'en tire un petit flacon au contenu nébuleux, le débouche et le remue lentement sous le nez de la guerrière. Une senteur d'oubli... ~°~°~°~°~ Le voyage en Enfer se termine. Inconsciente, Ysande est lavée des traces d'or sur sa peau, rhabillée avec ses vêtements boueux, son poignet soigné avec l'eau bienfaitrice de la fontaine de sa suite. La brèche se rouvre, je passe le portail, la guerrière dans les bras. A mon retour à la surface, toute trace de cette nuit se volatilisera. Mes vêtements marécageux recouvrent a nouveau mon corps, ma peau retrouve son anthracite, mes cornes disparaissent ainsi que mon sixième doigt à chaque main. Le talisman de Graz'zt est rangé au fond de ma sacoche. J'ai laissé Ysande dans une chambre d'auberge du village, comme s'il ne s'était rien passé...Seule la présence d'un diamant taillé aux reflets ténébreux gît dans son sac. Un indice troublant. A son réveil, elle se sentira formidablement bien jusqu'à ce qu'elle s'aperçoive des raisons de sa béatitude. Elle sentira cette chaleur caractéristique entre ses cuisses, des images frapperons sa rétine. Un sentiment d'embarras la submergera. Elle sera incapable de déterminer s'il s'agit seulement d'un rêve, encore moins a la découverte du diamant. Un doute oppressant qu'elle décidera de repousser dans les confins de sa mémoire jusqu'à l'enterrer, ou qu'elle décidera d'élucider. Dans les deux cas, lorsque nous nous recroiserons, je me délecterais de l'incertitude et du trouble que j'aurais jeté en elle... "A bientôt, belle Ysande..." Laissant un rire narquois dans mon sillage.
  7. Un goût si déraisonnable de la richesse la pousse irrémédiablement dans des chemins dangereux. Son regard dévore chaque trait de mon visage, émerveillée devant l'idole que j'incarne. Ses quelques mots échappés dans un murmure ne prennent pas le ton tranchant dont elle à l'habitude. La guerrière se laisse conquérir par une image qu'elle espère sans doute captée du fond de ses rêves. Après tout, ni ce lieu, ni ma présence démoniaque ne l'aide à se raccrocher à la réalité qu'elle connaît. Je relâche son poignet, mes doigts encore fermement refermés sur son poignard. Elle approche ses mains de mon visage, touche mes cheveux, ma joue. Je débarrasse le dessous du coussin de sa lame en la glissant discrètement sous le lit, lui laissant tout loisir d'apprivoiser cet être dont la simple vision à tout empire sur elle. Je plonge mon regard dans le siens. Mes doigts glissent contre sa nuque chaude. Lentement, un baiser s'ébauche, puis se précise. Ses paupières se referment au contact de ma langue avant de se réouvrir, comme pour apprécier cette vision qui l'enchante tant. Le draps glisse entre nos corps, s'écrase à nos pieds. Ma peau d'or nue contre l'étoffe soyeuse de sa robe. Nos jambes se mêlent, nos mains s'égarent. Les miennes ôtant ce qui me sépare encore de sa chair, les siennes agrippant ma musculature avec avidité. Son souffle se saccade sous les jeux libertins de ma bouche et de mes doigts. Ses poignets au dessus de sa tête, je finis par me fondre en elle. Ondoiement d'or encerclé de ses jambes de statue à la peau si pâle. Plaisir tournoyant, vénalité jetée dans la volupté, luxe mué en luxure...
  8. Ma main effleure la surface d'une eau sombre. Au contact de ma peau, mon reflet se brise, la couleur change et s'étire jusqu'aux bords de la vasque. Ysande apparait dans les ondulations, plongée dans le bassin chaud de sa suite. Les yeux clos, la tête en arrière, ses cheveux se meuvent dans l'onde caressant mollement ses bras nus. Mon regard s'enfonce dans la transparence, s'y attarde un instant avant de se détacher des formes aperçues, un sourire en coin. Je lève les yeux sur Verin qui me scrute avec attention. "Que puis-je pour toi Altesse ?" "Demande au Thaumaturge de me préparer un bain d'or." Le sourire du majordome s'élargit. "C'est déjà fait..." Il disparait, laissant planer des résidus de brouillard à quelques centimètres du sol. Un frottement, puis deux se rapprochent. J'écarte les bras. Des mains de femmes s'affairent à déboucler les attaches de mon armure, à délacer les liens de ma cape, à retirer mon arme pour la déposer sur son piédestal, a côté du mannequin d'argent brut servant à ranger mon équipement. Des sifflements, un grouillement dissipé. Mon regard se porte sur le visage de ma servante et sa chevelure de vipères. Visage parfait, bouche somptueuse, poitrine superbe, et à la place de jambes un prolongement gigantesque de serpent. Belle marilith. Elle me scrute de son regard reptilien, activant ses multiples mains a retirer tout ce qui cache mon corps. On toque soudain à la porte. Une stridulation excitée fuse entre ses crocs. "Entrez." sans la quitter des yeux. Un Orc-mage vêtu d'un mantelet bariolé s'avance, sa tête épaisse craintivement baissée. "Vous m'avez fais demander O Seigneur Démoniaque." "As-tu ce que j'exige ?" "Bien sûr Majesté. J'espère ne pas vous avoir fais trop attendre." A ces mots il se recule, laissant passer deux gobelins voûtés portant chacun un énorme sac sur leur dos. Sous les ordres de leur maître ils les posent dans un bruit de graviers. "Un bain d'or." un sourire fier sur sa face. Ses larbins renversent le contenu des deux sacs dans le large bassin. Des pépites du précieux métal. "Puis-je vous demander ce que vous comptez en faire ?" Un regard glacial a mon interlocuteur qui déglutit bruyamment avant de s'en retourner sur les gobelins, leur flanquant quelques coups de pieds pour qu'ils se pressent. "Il faut que le liquide tienne à la peau." une question implicite à laquelle il ferait mieux de m'apporter une réponse positive. "Bien sûr votre Grandeur !" "J'espère." La totalité des sacs à été vidé. L'Orc renvoi ses sous-fifres hors de la chambre et lance un sortilège à la surface de l'eau. Un crépitement suivi d'un long bouillonnement remue le liquide qui prend peu à peu la teinte de l'or. Il se retourne vers moi, les doigts liés, incliné. "Voilà qui est fait Altesse." Un signe de tête en direction de la sortie. La marilith siffle agressivement et s'avance. Le Thaumaturge s'éclipse sans moufeter. "Voyons..." rejoignant le bassin. Ma servante referme consciencieusement les portes derrière elle me laissant seul pour apprécier ce bain doré. Mon index plonge dans la liquide onctueux et en ressort coloré d'une lumière d'or. Satisfait, j'y plonge le pieds, la jambe, puis tout le corps, m'immergeant totalement. Le liquide ruisselle le long de mes doigts, laisse les empreinte de mes pieds sur le sol d'argent. Je joue de mes articulations afin de retirer l'excès. Le haut miroir me renvoi une image des plus satisfaisante. Une idole démoniaque au regard d'émeraude. Ma chevelure a parfaitement absorbé le pigment ainsi que chaque millimètre de ma peau. Une fois sec, je retourne à la vasque trônant au centre de la suite et en effleure la surface. L'image d'Ysande apparaît, assoupie paisiblement dans son lit. Un sourire narquois s'étire sur mon visage. ~°~°~°~ La porte s'ouvre dans un souffle avant de se refermer derrière moi. Les hauts voilages du balcon se lève dans ma direction avant de se rabaisser avec mollesse. Les affaires de la guerrière sont dispersées dans la chambre. Seule son épée trône a côté d'elle. Une sécurité. Elle n'en fera pas usage cette nuit... Discret comme un loup je m'avance au pied du lit, pose un genoux sur le rebord, puis une main, et remonte jusqu'à la guerrière assoupie. Mon nez chatouille le drap, respirant les effluves de son parfum d'endormie. Suave et paisible. Mes mains se posent de part et d'autre de son visage, appuyant a demi sur le duveteux coussin accueillant sa tête. La dureté d'un objet s'applique dans ma paume. Je glisse avec précaution mes doigts en dessous, à la recherche de ce que je pense être son poignard lorsque ses yeux s'entre-ouvrent. Ma main se referme sur sa lame, l'autre retiens celle qui déjà plongeait à sa recherche. Je capte ses prunelles surprises qui me dévisagent. Les ténèbres parent mon corps d'une aura scintillante, rendant ma présence des plus onirique... La prendre à son propre vice dans son amour inconsidéré de l'or...
  9. Après la disparition de Verin, la guerrière reprend ses esprits et se rebelle. En quelques pas elle me contourne et se place face à moi, reculant en anticipant mes pas. Autant sa première question à du sens que la seconde me tire un froncement agacé. "Quand ais-je dis que nous jouions." Ma phrase se veut interrogative mais se referme sur elle même, n'appelant que le silence et l'obéissance. Je bifurque soudainement, ma cape claquant dans son étoffe de ténèbres. Dans un couloir perpendiculaire au sol et murs d'ivoire et d'argent, j'avance face à une porte à double battants. Ma main griffue s'en approche sans en toucher la poignée. Elle tourne sur elle-même et s'ouvre en grand, dévoilant une suite au luxe indécent. Au centre trône une fontaine d'adamantite au fluide clair et vaporeux, un peu plus loin, une large marche menant à un balcon de jais des plus spacieux donnant sur la cité. A droite, un lit a baldaquin aux lourdes draperies sombres cousues de fils d'argent, a gauche, un bassin flanqué de quelques marches recueillant une eau chaude et parfumée. Des armoires en bois précieux, des commodes, des coffres aux mécanismes d'orfèvre regorgeant de vêtements ostentatoires, de pierres précieuses, d'objets décoratifs et de bijoux confectionnés par les plus fins joailliers du royaume. Une profusion de richesses à rendre fou le plus cupide des hommes, d'autant que cette suite n'est qu'une parmi d'autres dans les soixante-six tours d'ivoire que compte le Palais d'Argent, et qu'il renferme bien d'autres somptuosités... J'avance jusqu'au balcon dont les hautes fenêtres ont été ouvertes. L'atmosphère de la nuit dans les Abysses est bien différente de celle de la surface. Une odeur de soufre persistante plane dans l'air, et avec elle des lueurs noires et grises s'érigent dans un ciel tourmenté. Les lumières de Gallenghast parsèment l'obscurité de points aussi nombreux qu'insignifiants. Et plus loin, les différentes provinces de la 46ème strate s'étalent à mes pieds. Je tourne la tête, observant d'un œil ce qui se trame en arrière. Ysande observe, ébahie, chaque objet, chaque meuble de la suite, approche ses mains sans encore oser les toucher. "Tout ceci t'appartient." revenant sur mes pas. "Si tu as besoin de quelque chose, tu n'as qu'a frapper deux fois dans tes mains et un serviteur viendra. Repose-toi, demain j'ai mille choses à te montrer." La journée sur la surface additionnée au passage de la brèche l'a suffisamment épuisée pour qu'elle profite du confort d'un lit sans en attendre plus pour le moment. Demain est un autre jour. Et entre les deux. La nuit...
  10. De deux doigts griffus, je saisis la mèche d'or au creux de sa paume et la laisse trainer dans le sang de son index. Le cheveux s'imprègne de son liquide vital, ne laissant que son extrémité où je le tiens intacte. Je l'approche du médaillon de métal noir, le dépose contre sa face. La mèche collante de sang se plaque contre la matière encore chaude. Une nouvelle lueur verte apparait. La boucle blonde s'évanouit, se fondant au médaillon, absorbée. Le pendentif retrouve sa noirceur mate. Ysande vient de signer son entrée à Azzagrat... Mon regard se pose sur la guerrière que je sens soudain fébrile. Un sourire narquois sur les lèvres, je m'avance dans la brèche verdâtre pulsant d'une énergie destructrice, lui lançant un "Ne me perd pas de vue."inquiétant, avant de m'y engouffrer. ~.~.~.~.~.~.~.~.~. Ma botte se pose sur le sol d'argent d'un immense hall à la propreté étincelante, provoquant un retentissement démesuré le long des murs et contre les plafonds de voûtes en cristal. Une armure noire forgée de visages cauchemardesques à remplacé mon plastron et mes jambières d'acier. Ma houppelande sombre de tissus simple évincée au profit d'une longue cape aux reflets changeants et soyeux. Une épée serpenté au pommeau d'or blanc repose contre ma hanche. La guerrière apparait à genoux et les mains au sol après un voyage dans la brèche des plus déstabilisant. Ses doigts se crispent sur le par-terre froid. Elle cherche un lien avec cette toute nouvelle réalité qui lui est offerte. Ses paupières s'ouvrent difficilement, scellées par la peur de l'inconnu. Ses iris d'améthystes apparaissent. Elle remonte le long de mon corps jusqu'à mon visage. Je la braque avec dureté. "Lève-toi." Je la dépasse et parcours le gigantesque hall, mes pas résonnant dans l'immensité brillante. Elle finit par me rattraper. Je sens une masse de questions se presser derrière ses lèvres. "Te voici dans la 46ème strate des Abysses, à Zelatar, au cœur de mes quartiers privés dans le Palais d'Argent, dont les hauts vitraux donnent sur le quartier de Gallenghast. Ne t'avise pas de t'éloigner de moi, même au sein de ma demeure. Le Prince Noir à pour plaisir de laisser errer des bodaks affamés dans les couloirs. Tu n'y survivrais pas." Un regard appuyé à mes propos quand une froideur brumeuse apparaît près d'un des haut miroirs du hall. Une silhouette se dessine, le visage et le corps du majordome de Graz'zt se précisent. Il me scrute avec ses yeux étrange et terrifiants pour le commun des mortels. Sa présence et sa puissance spirituelle glace le sang de n'importe qui le rencontre pour la première fois. Il ouvre une bouche osseuse. "Son éminence est de retour." d'une voix sépulcrale. Son attention se porte une seconde sur Ysande. Il ébauche ce qui peut s'apparenter à un sourire à mon attention. "Bienvenue Seigneur. Nous espérons que ton séjour sera fort long, et fort bon. Dois-je prévenir ?" "Vérin."en guise de salut."Je suis de passage. Je ne veux pas être dérangé." "Peut-être iras-tu au Terrain-Creux. Ton frère Athux s'y rendra demain." "J'ai a faire."sec. L'entité démoniaque s'incline respectueusement avant de disparaître dans une brume étincelante. Sans un mot de plus, je reprend ma route vers une destination dont la guerrière n'a pas idée.
  11. Un rire mauvais glisse entre mes dents, s'enroulant lestement autour de celle qui veut devenir ma proie. Impatiente... "Qu'il en soit ainsi." Froid. Peu importe le prix, l'Envie est plus forte que la raison qui la pressait de fuir. Les appâts tendus sont bien trop alléchants. La guerrière à déjà oublié la souffrance de son poignet, et mes plans ont changés. Les évènements auront été finalement plus rapides que prévu. Ma main disparait dans le replis de ma sacoche et en tire un pendentif circulaire de métal sombre marqué d'une main griffue à six doigts. Le sceau de Gratz'zt, démon chaotique de la luxure. Estampille maudite de mon père. Je la tiens devant ses yeux avides avant de la passer autour de mon cou. Le médaillon heurte mon plastron dans un retentissement sonore. Mes mains se croisent sur la matière noire, mes paupières s'abattent sur mes prunelles. Je sens l'empressement d'Ysande qui ne comprend pas ce qui se trame. Peut-être s'attendait-elle à ce que je fasse sortir une bourse pleine de diamants comme pourrait le faire un charlatan. Sa nervosité me divertit un instant, mais bientôt, sa présence est reléguée au second plan. Une profonde inspiration s'engouffre dans mes poumons et je forme mon appel en langue noire. Articulant parfaitement chaque syllabe de ses mots barbares. Au fur et à mesure que s'enchaîne les sentences, le pendentif produit une légère vibration, le métal tiédit puis chauffe diffusant une faible lumière avant de s'intensifier en une lueur verte, filtrant entre les interstices de mes doigts. Je fronce les sourcils, la transformation vient... Mon regard se laisse envahir d'une clarté étincelante, mon sang me brûle les veines, mon rythme cardiaque s'accélère, mes muscles s'embrasent, la lueur verte devient aveuglante et se diffuse largement autour de moi. Deux pics naissent dans ma chevelure d'argent, m'arrachant atrocement le crâne. Un hurlement naît en moi, mais je demeure les lèvres closes, supportant la douleur d'une métamorphose nécessaire. Les proéminences d'os s'élargissent et grandissent jusqu'à former deux cornes aux extrémités effilées. Un soupire rauque. Mes mains se crispent sur le médaillon qui me cuit la paume à présent. Je serre les mâchoires. Mes poignets épaississent, tremblants sous le traumatisme, et de mon annulaire se dédouble dans l'os et la chair un sixième doigt parfaitement indépendant des cinq autres. Enfin, mes ongles s'étirent pour devenir griffes, marquant l'achèvement de la transition. Sans un regard vers Ysande que je sens pétrifiée, j'avance d'un pas, tend le bras et déchire la nuit de mon index en une longue lacération verticale, laissant s'échapper une lueur verdâtre vers un autre monde. Une coupure irréelle sur le paysage des marais. Tournant le visage vers elle. "Donne moi une mèche de tes cheveux, et quelques gouttes de ton sang." Nous ne jouons plus.
  12. Un frisson contre sa peau. A l'énonciation de ma proposition, sa respiration s'emballe. A chaque mot de plus, un soupire s'échoue à sa lèvre. Une caresse de plus à sa vénalité qui l'empoisonne. Je m'immisce dans son imaginaire pervertit, le cajolant de mille douceurs toutes plus exquises les unes que les autres. Une étreinte irréelle de mes mots enchâssés dans son esprit. Un vibrant appel qu'elle ne saurait ignorer... Ce contact sibyllin la trouble plus que de raison et elle s'empresse de fuir pour me braquer d'un regard accusateur, mais à la fois follement piquée de curiosité et dévorée par l'envie. J'esquisse un nouveau sourire à son interjection. Ses traits sont marqués d'un désir indécent de savoir, et de voir...Elle ne s'en cache pas. Assumer ses travers est une bien belle qualité... "Je suis l'être rêvé pour satisfaire tes désirs." Son regard se fait plus noir encore. Je m'en amuse et poursuis, sachant très bien qu'elle voudra en savoir plus. Mais sauras-t-elle seulement l'accepter ? Et me croire. "Le Démon des Pêchés." Inutile d'entrer dans le détail, cette introduction saura faire son effet. Son œil d'améthyste brille soudain avec étrangeté. Sa bouche s'entre-ouvre à peine. La stupeur ? L'effroi ? La joie ? Un mélange peut-être. Le silence s'étire dans le marais. Plus un crapaud ne coasse, plus une fougère ne bruisse, plus un insecte ne bourdonne grassement autour de nous. "Pour te montrer, il faudra que tu ailles en Enfer..." Le croassement lugubre d'un corbeau brise brutalement le silence.
  13. Une de mes hypothèse est repoussée par sa seconde question, à moins qu'il s'agisse une nouvelle fois de son arrogance. "Je ne le crois pas, je le sais." Un aplomb déconcertant. Le masque tombe. Je m'arrête au milieu des fougères. Ysande se retourne vers moi. Mon visage se fend d'un sourire, appréciant le trouble qui s'immisce peu à peu dans son esprit . "Plus que la richesse, c'est le pouvoir, les terres, un royaume tout entier qui t'ouvrirais les bras. Or, argent, ivoire, pierres précieuses, matières rares. La fortune, l'influence et la gloire... Qu'espérer de mieux pour assouvir tes désirs cupides et bien d'autres encore, Ysande ? Ici, tu n'es rien. Alors que là-bas où je peux te mener, tu serais traitée en princesse. " Je me rapproche d'elle, posant ma main sur son épaule et me plaçant dans son dos, mon visage près du siens. Murmurant. "N'est-ce pas une alléchante proposition ?...Veux-tu voir ?"
  14. En cinq mots elle me jette son âme aux pieds avec toute l'indifférence propre aux jeunes insolentes répondant sans réfléchir à la conséquence de leurs actes. Une réplique sèche dont le ton fleur le dédain. Un passage au tutoiement qui en dit long, mais dont je peine a choisir l'interprétation. Ysande est-elle si assoiffée de richesses pour céder avec tant d'aisance une telle part de son être ? L'âme...sans doute n'est-ce pour elle qu'un nébuleux concept dont l'importance est égale à sa matérialité... Et qu'est ce qui lui fait croire que je suis en capacité de la lui prendre ? En saurait-elle plus que ce que je le pensais sur moi ? Et surtout contre quoi ? Je ne lui ai rien dis. Lui faire miroiter des richesses considérables est-il suffisant ? Une simple annonce alléchante est-elle satisfaisante ? Ou alors, mon pouvoir de persuasion a décuplé depuis mon changement karmique, et la pauvre enfant ne sait plus ce qu'elle dit...Ce qui serait fort navrant, moi qui ai tant le goût du jeu. Mon regard interrogateur se fait précis dans sa lueur, débutant une lecture impudique de son être. "On ne vend pas son âme à la légère Ysande... Surtout quand on ignore pour quoi on la vend."
  15. Un sourire fend mon visage. Sans la regarder. "Tu n'as pas idée..." Retrouvant son regard de lavande soudainement plein d'intérêt. Un silence auréolé de mystère plane d'une manière parfaitement exaspérante pour elle, délicieuse pour moi. "Serais-tu même prête à vendre ton âme au diable ?" Ma question est des plus amusante pour moi, mais Ysande est à mille lieux de s'imaginer qui je suis...
  16. Un remous. Je m'arrête, tendant l'oreille, balayant des yeux les alentours. Ysande frôle la main que j'ai laissé en arrière avant de reprendre l'équilibre. J'examine la surface de l'eau à la recherche de bulles suspectes. Les lieux sont le repère privilégié des alligaterreurs. Monstre a demi rampants aux mâchoires d'une puissance colossale, guettant leurs proies tapis dans la vase et les eaux troubles. Une rencontre qu'il vaudrait mieux éviter, d'autant qu'ils chassent en horde. Tournant le visage vers Ysande. "Nous allons sortir du marécage, la route sera plus longue mais la terre ferme offre des dangers que l'on peut voir." Il ne faut pas s'attarder plus longtemps. Je bifurque et prend par l'est, accélérant le pas dans la vase et les roseaux qui me fouettent les cuisses. Un coassement retentit non loin. Ma botte se lève, entraînant avec elle une masse de terre flasque et heurte enfin le bord et son herbe grasse. Ysande me rejoint la seconde suivante, les cuissardes et le pagne dégoulinant de bourbe et le visage contrarié. Un dernier regard à la surface menaçante des eaux poisseuses et je reprend la route. Nous marchons à présent sur un petit sentier à travers les fougères épaisses. Les ténèbres ont terminées de lever leur voile sur le ciel. J'entreprends de poursuivre notre conversation. "Si je te disais que tu pourrais posséder des richesses illimités, que serais-tu prête à donner en échange ?" sondant son regard.
  17. Comme je me l'imaginais, la guerrière se refuse à faire preuve de la moindre docilité et ne me suit donc pas. Une hésitation ? Une crainte ? La volonté de me mettre le doute ? Je n'en ai pas. Et certainement pas sur le fait qu'elle finira par me rattraper. Une minute, peut être deux s'écoulent. Ma certitude se confirme à son pas hâtifs foulant la terre grasse derrière moi. Elle s'arrête à ma hauteur, la respiration légèrement saccadée par sa course. Sans lui prêter attention, j'observe la découpe des marais dans le gris flou d'un soir qui tombe, et examine précautionneusement le sol meuble. Dans le bruissement des feuillages traversés par quelques bêtes rampantes et crapahutant sur la flore, parmi les bourdonnements agaçants des insectes gravitant autour de nos corps chauds, sa question reste en suspend dans l'air à l'épaisseur collante. Un moment de silence s'étire dont la longueur est propre à rendre mon interlocutrice nerveuse. Ma botte s'enfonce à l'instant dans un GLOUPS repoussant, remuant le cloaque nauséeux d'IssCanaK. "Là où réside une guérisseuse." J'aurais tout aussi bien pu me taire, ma réponse ne l'avancera en rien, excepté à comprendre qu'elle n'obtiendra pas plus d'information sur le lieu de notre destination. J'avance lentement mais le pas sûr. Le voile terne de la nuit pigmente le paysage de points imprécis rendant la progression aux non-nyctalopes bien difficile. Ma main se place en arrière. Une aide pour l'équilibre. Le siens, si jamais elle perdait pieds. "Marche dans mes pas." Un conseil prenant des allures de commandement, comme toujours. Une vieille habitude qui ne me quitte pas. "La berge est proche." De quoi la rassurer peut-être. Si Ysande brille par sa maitrise de l'épée, peut-être n'est-elle pas une baroudeuse...et il se pourrait parfaitement qu'elle n'en soit pas une aux vues de la qualité de sa tenue. Ses cuissardes risquent d'en prendre un coup, ainsi que son long pagne. Un sourire fend mon visage à cette idée. Elle doit me maudire de la faire passer dans un endroit pareil. Afin de la distraire, j'engage la conversation sur tout autre chose. "D'où te viens ce goût immodéré de la richesse ?"
  18. Un rire discret s'échappe de ma gorge. Elle ne perd pas le nord. J'élude sa première question, ne pouvant m'empêcher de répondre à ses paroles embaumées de vénalité. "Presque oui. Mais nous allons te trouver un soigneur, et ce vilain coup ne sera plus qu'un mauvais souvenir." Je m'adresse à elle comme à une enfant, car c'est ce qu'elle est au demeurant. Insolente jeunesse gargarisée d'un trop plein de talent. Arrogant front auréolé de l'ondulation dorée de ses cheveux. Statue dédaigneuse le pieds jeté sur un luxe plein de sang. Je lève un sourcil mi-amusé mi-espiègle, lisant dans ses traits la réaction à cette douce provocation tout en replaçant d'un mouvement ample ma cape sur mes épaules. Les lèvres d'Ysande se pincent, sans doute ne sait-elle pas comment le prendre. Je m'éloigne pour ramasser ma colichemarde et l'ajuste silencieusement dans mon dos. Elle me rejoint. "Suis-moi." Je ne lui révélerais pas le lieu de notre destination, pas parce que je l'ignore, je sais parfaitement où trouver une guérisseuse, mais parce que je me laisse le champ libre sur la voie à emprunter, ainsi que le nombre de détours à prendre...
  19. Sage décision. Finalement, cette orgueilleuse guerrière est un minimum sensée. J'empoigne mon poignard qu'elle a prit soin de ramasser, esquissant un léger sourire en guise de remerciement. Aux vitres de la taverne, le brouhaha s'est calmé et le gros des badaus retourne vaquer à ses occupations. Tandis qu'elle me demande où elle pourrait soigner son poignet, je passe mon pouce le long de l'estafilade superficielle courant le long de mon avant-bras, refermant la plaie au passage de mon doigt. Un soin mineur s'avère suffisant. Mon regard se porte ensuite sur sa main dont le poignet est enflé et bleuit. Je jauge Ysande un instant, n'attendant ni approbation ni refus de sa part et le saisit entre mon pouce et mon index avec précaution. Ma paume s'applique sur sa blessure, l'irradiant d'une chaleur apaisante. J'examine sa peau sensiblement désenflée puis lève les yeux jusqu'aux siens. "Il faudra trouver un soigneur pour parfaire la guérison. Mes capacités en la matière sont trop limitées pour le rétablir totalement." Elle me regarde sans rien dire, une lueur d'étonnement et d'autre chose dans les prunelles. Un sourire plus franc marque mon visage. "Peut-être pourrions-nous poursuivre notre discussion tout en partant en quête d'un soigneur ?"
  20. A peine l'ais-je libérée qu'elle se jette sur son épée, me tirant un froncement de sourcils contrarié. Le combat était terminé à mes yeux, mais visiblement pas pour elle. Dévorée d'orgueil à l'idée d'accepter une défaite alors que la victoire lui était promise, elle poursuit les hostilités. J'aurais dû être plus prudent. Un coup d'œil à ma colichemarde trop éloignée. Un regard à mon poignard. Ma lame ne fera pas le poids. Je retourne à l'observation de mon adversaire qui déjà fond sur moi. J'ébauche un geste défensif balayé brutalement par un coup d'épée. Un cliniquement de métal. Une brûlure le long de mon bras. Ma dague est jetée au sol et Ysande m'a déjà dépassée. Je me tourne vers elle, les traits marqués d'une froide colère, un filet de sang s'échappant le long de mon index. Je n'ai plus d'arme à portée et n'ai pas l'intention de courir en chercher une. D'une voix glacée. "Un point partout ma chère. Peut-être pourrions-nous passer à autre chose à présent, à moins que tu tiennes à ta victoire...ou à ta défaite." Un regard acéré dans ses améthystes claires. Si elle prend le parti de poursuivre, je ne jouerais plus.
  21. L'épée sombre vibre dans la terre, laissant planer un long bourdonnement métallique. La buée a recouvert les vitres obligeant les badaus à y passer régulièrement leurs doigts. Le spectacle prend une tournure palpitante. La guerrière fait glisser sa dague hors du lacet de cuir entourant sa cuisse, les sourcils froncés, les prunelles vives tentant d'appréhender un vide mensonger. La lame de son unique est bien trop longue pour s'adapter à ce qui va suivre. Son choix est somme toute judicieux. Sur ses gardes elle avance. Je perçois le grincement de ses bottes hautes en cuir, le léger froissement du tissus de son pagne. Je ressens sa tension et sa méfiance, mêlé au doux parfum de ses cheveux. Arôme caractériel. D'une main je déboucle l'attache retenant ma colichemarde et la dépose à terre. Une fois ma main éloignée du contact de la lanière, elle apparaitra. Je prend suffisamment de distance le bras tendu avant de la lâcher. L'arme se matérialise et tombe à plat dans une nuée poussiéreuse. La guerrière fait volte-face, serrant nerveusement le pommeau de sa dague. Elle s'en approche tandis que je m'éloigne, déliant les liens de ma cape que j'enroule rapidement sur elle-même dans le sens de la longueur tout en décrivant un demi tour pour me placer dans le dos de mon adversaire. Elle peste, tourne et retourne la tête, s'apprête à pivoter face à moi quand d'un geste vif, tenant chacune des extrémités de la cape, j'emprisonne la main qui tient sa dague la coinçant dans les pans croisés de l'étoffe et la tire violemment en arrière en direction du sol. Entraînée par son bras, Ysande vacille dans un demi-tour, évitant tout juste de tomber à plat ventre. Une botte intraitable se lève pour s'abattre sur son poignet déjà entravé, l'écrasant brutalement dans la terre. La guerrière grimace de douleur lâchant son arme sous le choc. Un son de métal clair rebondit sur le sol. Désarmée et agenouillée, elle ne représente désormais plus grand danger, dumoins en apparence. Je garde l'œil vif sur sa position et ses gestes. Je lâche un des bord de ma houppelande et pointe l'acier de ma lame sous son menton, de quoi la dissuader d'un contre immédiat. Mon invisibilité s'évapore sous les regards éberlués des spectateurs. Un genoux à terre, le poignet agonisant sous ma semelle, les doigts recroquevillés comme des serres, elle me jette un regard méprisant. Son menton se lève davantage avec tout l'orgueil dont elle est capable, me défiant avec arrogance. Une ligne de sang file rapidement le long de son cou. Son bras gauche est à moitié levé, la maintenant dans un équilibre précaire. A deux pas son épée. Aucun doute sur ses facultés d'ambidextre, je ne peux rien lui lâcher, pas encore. Ma jambe ne s'allège pas. Un craquement. La guerrière laisse échapper un grognement, me fusillant du regard. La pointe pivote vers le bas. Le plat de mon poignard s'échappe de son menton. Je la libère enfin, ramenant ma cape que je lance sur mon épaule. "Peut-être que si..." La ruse, seul moyen de sortir vainqueur de ce duel. Si je n'ai indéniablement pas son niveau à l'épée, j'ai avec moi l'expérience et l'art de surprendre en fin resquilleur.
  22. La lame sortie de son fourreau protecteur me lance un reflet acerbe. La guerrière baisse légèrement son centre de gravité en pliant les jambes, signe manifeste d'un surgissement imminent. Aucun sourire, elle arbore un visage de statue aux sourcils tendus par trop de dédain. Son mouvement, si discret est-il n'a su échapper à mon œil aguerrit. Bien plus qu'un guerrier traînant derrière lui des siècles de combats, mes facultés de naissance sont ici d'une grande utilité. Je m'interroge alors sur ce qu'elle a en tête. Vu son caractère il ne serait pas étonnant qu'elle tente de me ridiculiser en étalant son art. Écraser l'adversaire pour s'élever sur sa dépouille. Un sourire insolent se lit sur mes lèvres. Elle en serait bien capable si la superficialité de ses penchants cupides gangrénait déjà à son jeune âge les autres parts d'elle-même. D'un bond elle est déjà sur moi. Mes muscles se bandent, ma colichemarde pèse encore tranquillement entre mes omoplates. Mes doigts partent en arrière sous le couvert de ma cape, comme appelés par la garde de mon poignard. La poussière se soulève sous ses pas, virevolte lorsqu'elle dévie sur la gauche, entamant un demi cercle ressemblant à une danse de combat. Dans le mouvement, elle me souffle à l'oreille quelques mots avant de se retrouver derrière moi, là où je ne peux voir ce qu'elle manigance, ni quel sourire railleur ou mauvais elle peut afficher. Je cherche une seconde la réponse dans le regard absorbé des spectateurs avant de me centrer sur moi-même. L'attraper ? J'ignorais que nous jouions à "chat". Mes doigts se délient du poignard. J'ai une folle envie de changer les règles... Ma bouche esquisse un mot et je disparais, lui offrant le vide à ma seule place. Je me retourne et recule, appréciant son expression surprise et la ligne verticale se creusant entre ses sourcils. Ysande semble un tantinet contrariée...
  23. Sa remarque piquante comme une aiguille me tire un sourire amusé. La joute promet d'être intense. La guerrière s'éloigne vers la sortie d'une démarche nonchalante en me lançant un défi maquillé en invitation. Lui montrer ce que je voulais lui apprendre ? Sa présence sur Aéris était un leurre et elle en joue désormais sans bouder son plaisir. Comment aurais-je pu savoir en lui proposant mon art sur l'apprentissage du combat rapproché qu'elle n'en avait en réalité absolument pas besoin ? Les yeux de la taverne se sont tournés vers moi. Je m'aperçois avec un déplaisir certain qu'on a pas perdu une miette de notre conversation. Comment Ysande aurait-elle pu passer inaperçu ? Première question pleine de sens. Comment l'attention de tous n'aurait put être captée en me voyant approcher cette jeune créature ? Une seconde interrogation des plus pertinente. Ma réputation est faite depuis longtemps, et les regards insistants de la clientèle parés d'un sourire mesquin en disent long sur le fond de leur pensée. Comment va-t-il se dépêtrer de cette situation pour le moins délicate ? Assurément, la guerrière est une fine lame et il serait ridicule que je me fasse battre par une femme. Imbécile et sexiste charge pesant sur la gente masculine de cette société dirigée par l'humain. Un sourire remonte à la commissure de mes lèvres. Je ne suis pas de cette race. Je ne suis pas mortel. Et je trouve déjà une délicieuse opportunité à cet affrontement, peu en importe l'issue... Je rejoins mon élève transformée en adversaire, franchissant le seuil de la porte à ses côtés. "Il faut toujours savoir faire preuve de générosité lorsqu'on manie une lame assoiffée." sans la regarder. M'éloignant de quelques pas alors qu'elle s'est arrêtée, puis me retournant vers elle. "S'identifier auprès d'une arme si unique est la plus élémentaire des politesses." Les traits détendus j'observe la guerrière qui me scrute avec curiosité. Aux fenêtres ébréchées de la taverne se presse les nez des badaus qui lancent déjà leurs paris. A l'embrasure de la porte entre-ouverte apparait une rangée verticale de têtes. Un fourmillement meurtrier me court dans la main. Si je n'étais occupé avec la guerrière, nul doute que j'aurais raccourcis les corps de ces spectateurs envahissants...
  24. Sa réplique est lâchée comme une pique. Satisfait de trouver là une compagne de jeu décidée à me tenir tête, mon sourire s'accentue avant de disparaître en faveur d'un air distrait. Mon regard parcours l'arme déposée sur la table, écoutant sa voix comme un bruit de fond sans pour autant en ignorer sa portée. Faussement indifférent face à son offre, j'arbore une moue et esquisse un léger haussement d'épaule accompagné d'un soupir. Si cela peut lui faire plaisir... Une œillade aussi brève qu'espiègle et j'approche mes doigts du fil. Une vive piqure sur mon pouce, un infime froncement de sourcils. Une fine ligne rouge apparaît sur ma peau, s'épaississant jusqu'à former une lourde goutte de sang. Extrêmement bien aiguisée.. La guerrière scrute chacun de mes gestes et semble s'amuser de ma blessure. Ne trahissant rien de ce qui se joue en moi, j'ignore la plaie suintant faiblement et caresse le plat de la lame de mes doigts laissant une trace rougeoyante jusqu'à la garde avant de m'en emparer par le pommeau. Je la soupèse, effectue un mouvement de rotation qui fend l'air, en admire la légèreté, la létalité de sa pointe comme de son tranchant puis la lui tend par la garde, la lame remontant le long de mon bras jusque sous mon aisselle. De mon pouce goutte toujours lentement quelques larmes écarlates noircissant les lames du parquet. "La tentation appelle la tentation. Je te la rend avant d'y prendre trop de plaisir." lui lançant un regard vif.
  25. Une voix claire et distincte s'adresse à moi, pleine de caractère et pourtant d'une douceur qui ne s'assume pas. Je baisse les yeux sur elle, assise, une corne d'hydromel posée sur la table. La guerrière a le visage à demi tourné et m'observe avec des yeux de lavande claire me rappelant la couleur classique des iris Drow. Des cheveux d'un blond pur caressent ses joues avec souplesse et descendent en cascade contre ses épaules nues. Mon œil avisé remarque ses gants longs aux reflets soyeux et ses cuissardes de fin cuir noir. "Je n'en doute pas." un sourire avenant. Un pas pour me placer face à elle, la main posée contre le rebord de la table, jouant de la pulpe de mes doigts avec les aspérités de la matière. "En effet..." lorgnant son épée. "Et il semblerait que je ne te sois plus d'aucune utilité." l'observant avec un petit sourire. "Porter une arme de cette qualité contre sa hanche en dit long sur ta maîtrise...à moins que tu sois une imposteuse..." Ma phrase reste en suspend le temps que ma provocation fasse son chemin. Je continue dans un sourire, détachant mon regard du siens avec nonchalance. "La corruption est une arme efficace pour obtenir ce qu'on désire. Tu en est au fait n'est ce pas ?" d'un ton piquant.
×
×
  • Créer...

Important Information

By using this site, you agree to our Terms of Use.