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Terre des Éléments

Suyvel

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Tout ce qui a été posté par Suyvel

  1. Saillant? * se gratte la tête en essayant de comprendre ce que Malicius a bien pu vouloir dire * Heu... seyant, peut-être???
  2. La première phrase de la guerrière laissa la magicienne perplexe. Et pour cause : ce n'était plus de l'elfique, même pas la langue commune des humains. C'était... ... la langue des orques ?! Un peu éberluée, Suyvel fourragea avec ses doigts dans sa crinière blanche. Combien de langues parle-t-elle au juste ? La question semblait pertinente car, juste après, l'humaine prononça d'autres mots à l'intonation fort différente. L'elfe noire ne reconnut pas le langage en question. Elle en connaissait certes plusieurs, mais de nombreux autres lui demeureraient totalement étrangers. Et si elle avait pu acquérir des bases dans l'écriture de certains dialectes, en les étudiant dans les livres, cela ne lui permettait pas forcément de les parler ou simplement de les reconnaître lorsqu'elle les entendait. Mais cette considération était secondaire. Suyvel se concentra sur la première phrase. De l'orkish. Aucun doute. L'elfe noire avait étudié cette langue depuis ses plus jeunes années. Dans sa cité natale, la menace orque était sérieuse, et il était toujours bon de connaître le langage de ses ennemis. D'autre part, parmi les nombreux esclaves que possédaient les drows, il y avait un certain nombre d'orques. Forts et résistants, ils constituaient une main-d'œuvre prisée. Comme eux n'entendaient généralement que l'orkish, il était commode de parler ce dialecte pour leur donner des ordres. Et puis les peaux-vertes avaient commencé à se montrer menaçants pour Melrath Zorac aussi. Suyvel pensait avoir laissé ce péril loin derrière elle, mais il l'avait rattrapée. Alors sa connaissance de l'orkish avait-elle repris toute sa valeur. Car depuis, Suyvel s'était souvent lancée dans la traque de patrouilles orques lancées à l'assaut de ses terres et, en les espionnant, avait ainsi réussi à saisir des informations fort utiles. Et voilà que sa maîtrise du langage orque allait lui permettre d'établir le contact avec... une humaine. L'elfe noire se concentra sur le sens de mots. « Je suis désolée, je ne vous ai pas comprise. Je parle un petit peu l'elfique, mais son enseignement remonte à loin. J'en suis navrée. » Suyvel allait répondre que cela n'avait aucune importance et que l'humaine n'avait pas à s'en excuser, d'autant plus que l'elfique n'était pas sa langue maternelle non plus, lorsqu'un détail attira son attention : avec une main, la géante rousse mimait une bouche qui parle, puis exprimait l'idée de "˜peu' d'un geste éloquent. Elle essaie le langage des signes aussi ? Dans leur situation, cela n'avait rien d'incongru, mais cela amusa néanmoins Suyvel, qui n'avait pas besoin de cela pour comprendre la phrase, et lui tira un sourire. L'humaine en profita pour capter son regard et se présenter, toujours en orkish et aussi dans l'autre langue que l'elfe noire n'avait pas identifiée. Ce fut donc d'un ton plus enjoué qu'elle répondit dans la langue des orques : « Gheman gorbô, tha bron murbul alvik. Di parhiz orkish. » (Pas de souci, vous pouvez oublier l'elfique. Je parle l'orkish.) Elle continua en se présentant elle-même : « Nekaliah, Amaya. Dizin blaz ystre Suyvel Adele Hycate Trajek'Towardh Ayflesh. Tha bron kolkho diz Suyvel. » (Enchantée, Amaya. Mon nom est Suyvel Adele Hycate Trajek'Towardh Ayflesh. Vous pouvez m'appeler Suyvel.) Puis, après quelques instants de réflexion : « Tha gumunz orkish münsh gott yabr... tha parhi gorcht uzbal jactans zoms ? » (Vous pratiquez l'orkish de manière aisée mais... vous ne parlez pas la langue commune des humains ?)
  3. La géante ne sembla pas réagir à son salut, mais hésita et parut réfléchir longuement. Suyvel se sentit un peu perdue. Un geste si simple, si largement répandu dans les peuples de ce monde pouvait-il vraiment lui être inconnu ? Si oui, cela n'allait pas simplifier les choses... Mais la guerrière finit par lever la main en un geste identique, en prononçant : « Quel amrun. » Deux mots qui attirèrent tout particulièrement l'attention de l'elfe noire, dont les sourcils s'arquèrent de surprise. Elle me salue en... en elfique ?! C'était inattendu. Doublement inattendu, même. L'elfique n'était pas une langue répandue sur ces terres, à part en Irliscia où vivait une petite communauté d'elfes sylvains. Et la géante rousse ne présentait aucun trait elfe. L'autre source de l'étonnement de la magicienne résidait dans la prononciation assez marquée du salut de la guerrière. D'où peut bien lui venir cet accent si particulier ? Une pointe d'irritation accompagnait cette sensation de surprise. Si l'elfe noire avait appris à composer avec ses cousins de la surface, elle ne les portait pas particulièrement dans son cœur. Les vieilles haines ancestrales ne s'oubliaient pas si aisément. Détestable héritage de son peuple. Alors s'entendre saluer dans leur langue pouvait laisser croire qu'on la prenait pour l'une des leurs. Et ce genre de pensées avait encore tendance à faire grincer les dents de la drow... Néanmoins, Suyvel crut percevoir une intention toute différente dans les mots de l'humaine. Plutôt une tentative de se montrer amicale et polie en employant la "“ supposée "“ langue de son interlocutrice. Pas de chance pour la guerrière, l'elfique noir constituait une langue à part entière. La magicienne réalisa qu'elle avait laissé le silence s'installer de nouveau et se hâta de trouver une réponse. Le plus évident était de lui retourner son salut. « Quel am'run. » Suyvel était depuis longtemps familière de la langue de ses cousins, à l'écrit du moins, mais depuis sa rencontre avec les elfes d'Irliscia, elle avait eu l'occasion de pratiquer l'elfique régulièrement. Se sentant désormais à l'aise avec les mots, elle fit donc l'effort d'arrondir convenablement les syllabes et d'en respecter l'accentuation. Toutefois une question vint titiller sa curiosité naturelle et elle ne put s'empêcher de demander à la guerrière, toujours en elfique : « Maí«l'silia lo fer'hün sindarin ? Lona falido'lia lo aelsyf aen vilsy'ris yí« enderlis ? »
  4. Enfin ! L'elfe noire regardait tout autour d'elle, l'air ravi. Elle inspira avec délice l'air frais des hauteurs. Enfin de retour chez moi. Originaire du lointain Royaume de Bäthen, patrie de ses semblables, qu'elle avait fui voici plusieurs décennies, l'elfe noire n'avait plus à proprement parler de "˜chez elle' mais elle en était venue à considérer Aéris, son pays d'adoption, comme tel. Ici s'étaient joués des choix importants pour elle. Ce fut en ce lieu qu'elle abandonna la sorcellerie de ses ancêtres au profit de la magie blanche. C'était ici qu'elle avait rencontré sa nouvelle protectrice divine : la douce Eolia, Dame de l'Air. Et c'était ici aussi qu'elle avait croisé son premier compagnon d'armes, un fier barbare. Kronan de Bourg. Suyvel se remémora ces instants perdus. Ils ne s'étaient plus quittés pendant presque deux années, et avaient écumé ensemble les terres d'Aéris et de Kiar Mar, puis de Melrath Zorac, et enfin le marais d'IssCaNak. Ils avaient même poussé ensemble le voyage jusqu'aux jardins de l'Académie. Mais aujourd'hui, c'était seule qu'elle revenait sur Aéris. Kronan... Etrange comme les lieux semblaient encore imprégnés de la présence du barbare. Les souvenirs affluaient dans l'esprit de la drow. Les premières récoltes de feuillus verts ou rouges, les combats avec les scarabées, les moustiques... et une terreur locale que l'on nommait Croloup... tous ces moments, petits et grands, qui appartenaient désormais au passé. Irrémédiablement. Car Kronan avait quitté ces terres. Où es-tu ? Le barbare n'avait pas cru bon de lui indiquer sa destination. Il était parti, seul. Presque sans un mot, comme à son habitude. Tout ce que Suyvel en avait compris, c'était qu'il ne voyait plus ces terres comme son foyer, et qu'il était allé trouver l'aventure ailleurs. Il ne lui avait pas proposé de l'accompagner. Sans doute avait-il compris que l'elfe noire était lasse de ses errances et qu'elle voulait se stabiliser un peu... et pourtant, s'il le lui avait demandé, ne l'aurait-elle pas suivi ? Telles étaient ses pensées alors que Suyvel avançait lentement vers les abords du village de Suspendia, principal lieu d'habitation de la contrée. Presque perdu au milieu des nuages, ce bourg possédait un charme particulier, presque indescriptible. Et surtout, pour la magicienne, il évoquait un havre de paix, loin des guerres incessantes qui déchiraient Melrath Zorac. Oh, certes, les combats s'étendaient jusqu'à Kiar Mar, et même sur les terres d'Aéris l'on pouvait parfois croiser quelque tueur avide de sang, quand bien même c'était celui de ses frères Aérides... car c'était le seul qui pouvait couler ici. La magie d'Eolia protégeait les frontières du pays, interdisant à tout fidèle d'un autre Seigneur Elémental de les franchir. De plus, lorsqu'un Aéride quittait sa patrie, il ne pouvait plus y revenir... normalement. Car les elfes sylvains d'Irliscia gardaient d'anciens tunnels "“ creusés jadis par les nains "“ qui menaient vers les Terres Elémentales. Ils n'octroyaient pas aisément le droit de passage, encore moins à une représentante du peuple de leurs sombres cousins, et Suyvel avait dû longuement faire ses preuves avant qu'ils ne se décident à lui laisser libre accès au cœur de la forêt elfe, d'où partaient les fameux tunnels. Une récompense durement gagnée. Mais elle était de retour chez elle, et elle se disait que tout ceci en valait finalement la peine. Elle inspirait avec délice l'air chargé des senteurs florales de ce début d'été, lorsqu'une ombre passa sur ce bonheur sans tache. Littéralement, car elle se retrouva privée de la lumière des quatre astres du jour par une haute silhouette. La silhouette était celle d'une femme. Une humaine ? La question méritait d'être posée car, si la géante rousse qui se dressait devant elle avait indubitablement l'air humaine, sa taille la plaçait presque dans d'autres peuplades. Elle doit faire... au moins deux mètres ! Les races elfiques étaient généralement d'une taille légèrement inférieure aux humains. Mesurant tout juste un mètre soixante, Suyvel était déjà dans la moyenne haute de son peuple... mais elle ne pouvait que se sentir écrasée par la haute stature de l'arrivante. La magicienne fit un pas en arrière, prudemment. Pourtant l'inconnue ne semblait pas hostile, comme tout un chacun ici d'ailleurs. A son cou pendait le médaillon d'Aéris, prouvant qu'il s'agissait bien d'une compatriote. Dès lors, à quoi bon reculer ? Ne sachant trop que dire "“ et pas encore vraiment revenue de sa surprise "“ Suyvel leva la main en un salut amical traditionnel.
  5. Mali, l'adepte te fait de gros retours? Je veux dire, est-ce que les retours qu'il te fait te paraissent cohérents avec une difficulté qualifiée de 'normale'? Moi j'ai tapé un monstre niveau 299, la difficulté était indiquée comme insignifiante. J'ai tiqué un peu mais à part un CC à 300, il ne m'a pas fait de dégâts, donc finalement l'appréciation était cohérente (malgré un niveau bien plus élevé que le mien).
  6. Là où je rejoins Kuchi, c'est que ça fait curieux de croiser des monstres de niveau supérieur au sien, de les examiner et de voir 'difficulté insignifiante'. C'est certes flatteur pour les joueurs... mais du coup on se dit que le système de niveau des monstres est différent de celui des joueurs. Par conséquent, connaître le niveau d'un monstre ne renseigne guère le joueur. Avant, je les trouvais sous-évalués, pour beaucoup. Maintenant, ils me paraissent surévalués. C'est dommage... le plus simple (pour les joueurs) aurait été que les 2 systèmes soient équivalents. Il aurait été bien plus facile d'évaluer la dangerosité des monstres. Mais du coup, il vaut mieux ignorer le niveau affiché et considérer uniquement la mention de difficulté... je ne sais pas si cela deviendra naturel pour tout le monde?
  7. Le sacristain, à l'église (fin de la quête de l'étoile d'argent): « Grâce te soient rendues... » Il peut rendre une ou plusieurs grâces, au choix, mais il serait bon de rester cohérent (accord sujet-verbe).
  8. Suyvel

    Dragon taxi ?

    /mode gros caprice on/ Dis, Keril, moi aussi je pourrais chevaucher un dragon? Oh oui oh oui oh oui !!! Allez Keril, s'teuplaaaaaaaaaaaaaaaaaît....
  9. J'ai le même message d'Avast, chaque fois que je passe par la page d'accueil de TDE.
  10. Suyvel

    Karst

    Ah? Merci pour cette information, alors. Je ne sais pas d'où je tenais cette fausse info de la résistance qui baisse l'efficacité offensive... Qui m'a enduite avec de l'erreur??? ^^ Dartz, désolée pour l'info erronée. @Panda: vilain jaloux. Et je te rappelle que mon est Suyvel... pas Syuvel.
  11. Suyvel

    Karst

    Bienvenue Dartz. N'étant pas pvpiste, mon avis ne te sera pas d'une grande aide, mais je puis te dire ceci: - la résistance sert à encaisser moins de dégâts; en revanche, elle limite les dégâts que tu infliges - la vitalité te donne des pdv, sans malus aux dégâts reçus/infligés Donc les 2 te seront utiles, en PvE comme en PvP. Après, c'est juste une question de dosage. A toi d'expérimenter et de voir ce qui te convient.
  12. :goodjob: :goodjob: :goodjob:
  13. Je viens de rencontrer à nouveau le bogue. J'ai beau chercher, je ne vois aucune explication au fait de ne pas pouvoir fabriquer. A l'aide! Edit: 10 minutes plus tard, le bouton est revenu, sans plus de raison qu'il n'était parti...
  14. La tunique est adjugée à Tranduil. Sujet à fermer, merci.
  15. C'était Selene qui avait eu l'idée de cette petite partie de campagne improvisée. La drow n'y avait vu aucun inconvénient, préférant largement se balader à l'ombre des quatre lunes de la Terre des Eléments que de subir la morsure des quatre soleils. Encore une brillante initiative de mon idiote d'alter ego que de quitter les confortables ténèbres du royaume souterrain pour venir rôtir à la surface ! Si elle avait eu son mot à dire, elle serait toujours dans sa ville natale et continuerait à tout ignorer du monde d'en haut. Si Suyvel avait eu plusieurs décennies pour apprendre à supporter la lumière du jour, la drow l'affrontait pour la première fois. Cela ne faisait que seize jours qu'elle avait pris le contrôle de son corps. Seize journées passées avec Selene, qui s'était révélée un guide patient "“ cela avait marqué Hycate car, si les rôles avaient été inversés, si ç'avait été Selene qui avait dû fouler le royaume souterrain, la drow n'était pas sûre qu'elle se serait montrée aussi conciliante. Du moins, pas sans l'augure d'un gain à venir. Et elles se trouvaient en maraude sur le marais, la Terrane marchant devant. L'Aéride, grâce à sa vision nocturne, aurait fait un bon éclaireur, mais Selene connaissait infiniment mieux le terrain qu'elle. La drow lui avait donc cédé le pas sans discuter. Les deux femmes progressaient discrètement, profitant de l'abri des arbres, jusqu'à ce que Selene fasse signe à Hycate de quitter le couvert végétal. La drow s'interrogea un instant sur ce changement, puis comprit que sa comparse devait avoir quelque idée en tête. Haussant les épaules, elle lui emboîta le pas. En deux semaines, elles avaient eu le temps de faire un peu connaissance, et la drow était certaine qu'elle marchait avec une alliée. Les herbes hautes les empêchaient de voir au loin mais un craquement les avertit qu'elles n'étaient plus seules. Immédiatement, Selene leva la main vers elle, lui intimant de faire halte. L'humaine faisait montre encore une fois de sa prévenance envers la drow. Deux voix montèrent jusqu'à elles. Des voix mâles. Hycate, usant de son infravision, finit par repérer deux silhouettes non loin d'elles. Elle distingua un rôdeur, l'arc en main, qui ouvrait la marche d'un pas furtif, et un guerrier en armes, qui le suivait d'un pas plus lourd. Ce fut à ce moment qu'elle sentit le poids de l'attention de la Terrane sur elle. Selene l'interrogeait du regard. Hycate leva un sourcil. Que veut-elle donc ? Désirait-elle s'en prendre aux deux hommes ? Et si oui, pourquoi à eux ? Pour la drow, il s'agissait de deux parfaits inconnus. Prise d'un doute, elle se concentra à nouveau sur eux, mais ne les identifia pas davantage. Alors qu'elle allait renoncer à comprendre, elle aperçut le symbole qui ornait leurs vêtements, et il lui sembla familier. Elle y songea quelques instants avant que cela lui revienne. Le blason de l'Alliance. C'étaient des alliés du Souffle d'Eolia, sa faction. Enfin, surtout celle de Suyvel. Peut-être des amis de son alter ego ? Cette pensée fit naître en elle des idées malveillantes. Elle n'avait jamais pu faire payer Suyvel pour tout ce qu'elle lui avait imposé par le passé. Elle se vengerait volontiers sur ses connaissances. Elle s'en délectait déjà. Néanmoins, cela posait un léger problème : si les deux hommes connaissaient Suyvel, ils risquaient de l'identifier facilement. Et toute action contre des membres de l'Alliance pouvait valoir des déboires à Hycate lorsqu'elle rentrerait au village du Souffle. A moins de ne laisser aucun témoin. Un sourire mauvais accompagna cette pensée funeste. Mais bien entendu elle ne pouvait pas prétendre connaître l'issue exacte d'un affrontement à coup sûr. Alors elle choisit de s'adapter aux circonstances. Nouvel échange de regards avec Selene. Celle-ci requérait manifestement l'accord d'Hycate avant toute initiative. Elle ne l'obligeait à rien. Elle n'en avait d'ailleurs pas besoin : l'envie de jouer un tour pendable aux membres de l'Alliance commençait à tenailler la drow. L'Aéride hocha lentement la tête, en signe d'assentiment. Puis elle lui fit une série de gestes pour lui indiquer ses intentions. Après quoi elle s'écarta un peu de Selene, puis se baissa dans les herbes hautes afin d'être sûre de ne point être repérée. Se concentrant, elle récita la formule d'un sortilège d'illusion, faisant apparaître sur le chemin que suivaient les deux hommes une réplique de Tigrrr, le général du Souffle d'Eolia. C'était là un piège perfide, un mirage destiné à attirer l'attention des deux hommes tout en les mettant en confiance... et, cerise sur le gâteau, s'ils devaient en réchapper, la responsabilité du guet-apens serait attribuée à Tigrrr. Voilà qui pouvait fort bien semer la dissension entre les deux factions. Encore fallait-il que l'artifice ne soit pas éventé. La drow n'avait pas recouru à un tel sort depuis longtemps et n'était pas parfaitement satisfaite du résultat. De plus, elle éprouvait des difficultés à le maintenir. Si l'image se volatilisait sous les yeux des deux hommes, cela les mettrait en alerte. Hycate choisit donc de se concentrer uniquement sur cette tâche, offrant à Selene une diversion qui, l'espérait-elle, lui serait profitable. La drow était persuadée que l'humaine avait une idée en tête au sujet de ces deux individus et elle était curieuse de voir de quoi il pouvait bien s'agir.
  16. Niveau 14. Deux nouvelles recettes: élixirs dégénérateurs d'esprit et de résistance.
  17. Dernière chance aux éventuels enchérisseurs. Je clos la vente dimanche soir.
  18. Pourquoi pas? L'idée est intéressante. Je vois tout de même une objection: si certains parrains récoltent beaucoup de points, ils vont devenir très populaires et seront très demandés par les nouveaux... trop demandés. Et lorsqu'ils seront surchargés, ils deviendront peu présents pour chacun de leurs filleuls, qui ne seront pas satisfaits. Le système actuel est certes aléatoire - un parrain est choisi au hasard - mais il garantit une bonne répartition des filleuls entre les parrains inscrits. Et c'est important. Autre souci, je pense: le manque de joueurs. Cela vaut-il la peine de mettre un système en place pour gérer les parrains alors qu'il y a peu de nouveaux joueurs? Moi-même, ça fait un moment que je n'ai pas eu de nouveau filleul... Et il reste peu de parrains aussi, je pense.
  19. Tranduil vient de me faire une offre différente: 105 écorces de bouleau. Ma préférence va à cette offre, pour l'heure. Quelqu'un souhaite faire une autre proposition?
  20. Suyvel lança un regard songeur vers l'écrin à demi ouvert, posé sur la table devant elle. A l'intérieur reposait son orbe envoûté, Cinq-Ents. Celui-ci bourdonnait faiblement, comme à son habitude, à cause du champ magique qu'il produisait. Cinq-Ents était un symbole à lui seul : la représentation de la magie des objets, dont la magicienne avait fait sa spécialité. Un choix déjà ancien, qui la ramenait trois années en arrière... juste à son arrivée sur la Terre des Eléments. Ou plus exactement, sa venue sur Aéris. C'était là qu'elle avait croisé les prêtres d'Eolia, qui lui avaient expliqués les fondements de la magie telle qu'elle est utilisée par les mages du pays. Bien entendu, l'éternelle dualité magie noire "“ magie blanche était de rigueur ici aussi. La voie de Suyvel, qui avait été formée par les sorcières de son peuple, était toute tracée. Et pourtant, après plusieurs échanges avec les prêtres, elle avait renoncé à la magie noire ancestrale de ses origines, pour se tourner vers celle qui lui était inconnue. Pourquoi ce choix ? Ce n'était pas simple à expliquer. Suyvel elle-même ne pensait pas que cette décision était vraiment raisonnée. Ça avait été plutôt instinctif... Un désir de se détourner de la voie de mort et de destruction sur laquelle ses semblables s'étaient égarés. Comme elle était en rupture avec la société drow, comme elle rejetait son modèle et ses préceptes, il lui avait paru préférable de renoncer aussi à la magie telle qu'elle l'avait pratiquée jusqu'alors. Et puis il y avait eu la curiosité, dévorante. Si Suyvel n'avait jamais pratiqué la magie blanche, elle n'en avait pas moins lu des ouvrages sur le sujet. Loin de satisfaire sa soif de savoir, ils n'avaient fait que l'aiguiser. Sans compter que lire et faire sont deux choses bien différentes. Après avoir assimilé les théories générales, Suyvel avait eu envie de passer à la pratique. Enfin, l'elfe noire avait éprouvé le désir de prouver qu'elle en était parfaitement capable. Ses maîtres lui avaient répété à l'envi que la magie noire est la voie naturelle des drows, celle pour laquelle ils sont faits. Celle-là et nulle autre. En dépit de cet endoctrinement, Suyvel avait vite eu des doutes à ce sujet. Alors, puisque l'occasion lui en était donnée, elle voulait savoir. ître fixée une bonne fois pour toutes. Elle n'avait jamais regretté ce choix. De fait, son intuition s'était révélée juste : elle était parfaitement capable d'utiliser la magie blanche. Au bout de trois années de pratique intensive, elle était devenue une mage aussi accomplie que la sorcière qu'elle avait été. La contrepartie en était que ses pouvoirs obscurs, par manque de pratique, avaient décliné. Peu lui importait, d'ailleurs, vu qu'elle n'y avait plus guère recours. Néanmoins, ce changement radical avait apporté son lot de doutes, qui avaient mis du temps à se dissiper. Et cela avait influencé son jugement lorsqu'il avait fallu faire un autre choix : magie des mots ou magie des objets ? Cette seconde discipline consistait à puiser dans certains objets magiques l'apport en mana nécessaire pour la pratique de la magie. Cela avait paru sécurisant pour Suyvel : si elle s'était révélée incapable de contrôler correctement la magie blanche, ou si elle n'avait pu drainer à travers elle qu'un flux de magie trop faible, elle aurait pu s'appuyer sur les artéfacts spécifiques à la magie des objets, pour pallier ses éventuelles insuffisances. Cinq-Ents était l'un d'entre eux. Longtemps, son contact avait rassuré l'elfe noire. Il avait amplifié son pouvoir naturel, certes, mais il lui avait aussi apporté une certaine tranquillité d'esprit. Suyvel s'était convaincue que son orbe suppléerait à toute déficience de sa part. Elle lui avait accordé une confiance qu'elle ne s'était pas octroyée à elle-même. Et cela avait fonctionné. Non pas parce que Cinq-Ents avait rattrapé chaque faux pas de l'elfe noir, non : il lui avait juste permis de mettre ses doutes de côté, inconsciemment. Et libérée de ce fardeau, du moins en partie, la magicienne en elle avait été capable de se dévoiler et d'évoluer. Jusqu'à aujourd'hui. En un geste pensif, la drow laissa ses doigts effleurer les gemmes serties dans l'écrin de l'orbe envoûté. Comme à la recherche d'une confirmation. Subitement, elle se leva. Puis elle appela une frappe céleste, qu'elle concentra sur la table de sa chambre. La lourde pièce de mobilier, en chêne massif, ne rompit pas, mais alla valdinguer contre le mur avec violence. Suyvel regarda sa main vide. Un soupir. C'était devenu une évidence à ses yeux : la source de son pouvoir ne provenait pas de son orbe, mais bien d'elle. Au début, peut-être avait-il été un auxiliaire efficace... mais désormais, il était comme une béquille pour son esprit : utile pour compenser un handicap "“ à condition que ce handicap ait une quelconque réalité. Sans cela, que pouvait-il bien lui apporter ? Car l'autre aspect de sa présence aux côtés de la magicienne était qu'il avait développé chez elle une certaine paresse intellectuelle. A quoi bon s'appliquer à concentrer au mieux le flux de magie puisque Cinq-Ents lui conférait son pouvoir ? Pour apprendre à marcher, une béquille peut être utile si l'on doute de la force de ses jambes, mais lorsque l'on souhaite se mettre à courir, elle n'est qu'une gêne qui vous ralentit. Et aujourd'hui, Suyvel n'avait plus besoin d'apprendre à maîtriser la magie, mais à développer cette maîtrise. Cinq-Ents ne faisait plus que la ralentir dans sa progression. A la lumière de ce constat, l'elfe noire comprit qu'elle aurait été plus avisée de croire en ses propres capacités. Sa main referma l'écrin d'un geste sec et définitif. La magicienne rangea Cinq-Ents au fond d'un tiroir. Il ne lui servirait plus désormais. Suyvel s'empara de son grimoire, où elle avait consigné, mois après mois, le fruit de ses recherches académiques en magie. Tous les sortilèges qu'elle connaissait. Si elle souhaitait user de magie sans son orbe, il lui faudrait arpenter l'autre voie de la magie, celle des mots. Renoncer à certains de ses sorts et en apprendre d'autres adaptés à cette forme de magie. Cela ne lui faisait pas peur. Avec un peu de temps et d'efforts, elle y parviendrait sans souci. Elle s'en sentait capable. Elle le savait. Et sa décision était prise. Tout comme elle avait abandonné la sorcellerie pour la magie blanche, elle délaisserait la magie des objets pour l'autre voie. Le secret de la magie ne se cachait pas dans des artéfacts enchantés. Sa puissance résidait dans sa source : les mots.
  21. J'ai ceci à proposer à la vente: Tunique éthérique (pour mage, niveau 148) Je la propose à 75% du prix en magasin, soit 39.000 PO au lieu de 52.000. Et j'étudie toute proposition différente (ressources ou autres).
  22. [hrP] Juste un petit mot au sujet de ce long récit... Commencé en février 2012 Fini en décembre 2012 Toutes les réponses compilées, ce récit comporte : - 51.000 mots - 255.000 caractères (305.000 avec les espaces) Il remplit 114 pages dans un document Word. Pas encore de quoi faire un roman, mais c'est un début. ^^ Merci à tous ceux qui ont suivi cette histoire. En espérant que vous y avez pris plaisir. [Fin HRP]
  23. Grisée par l'allégresse et la danse échevelée, la drow s'assit un instant, le temps de reprendre sa respiration. Entre ses doigts, les brins d'herbe lui procuraient une sensation curieuse... pas désagréable, mais étrangère. Dans les sombres couloirs du royaume souterrain, l'herbe n'existait pas. Ce fut ce moment, occupé par ces insignifiantes pensées, que Selene choisit pour poser une question : « Que comptes-tu faire, maintenant ? » C'était une bonne question. Une excellente question. A part prendre la place de son alter ego, la drow n'avait jamais eu de projets. Et pour cause : elle n'avait pas de corps, ni de vie à proprement parler. Seulement, la donne venait de changer. De changer du tout au tout. Elle ramena ses genoux vers elle, les entourant de ses bras et y posa son menton. Elle s'accorda le temps de la réflexion, car la décision qu'elle allait prendre conditionnerait certainement le reste de son existence. Elle savait bien de quoi elle avait envie ; retourner vers le monde qui l'avait vue naître. Retrouver sa famille et son rang, reprendre sa place dans la société drow, et travailler à accroître son pouvoir et son rang. Seulement il y avait un léger hic : si jamais elle se montrait à nouveau en terre drow, elle se ferait écharper avant d'avoir fait trois pas. En s'enfuyant de sa cité, son alter ego lui avait aliéné ses proches et son peuple. Si jamais les siens la reprenaient, ils lui feraient payer le prix de la trahison - et ça, elle n'en avait aucune envie. Je ne paierai pas pour les errements insensés de mon idiote de double ! Il valait infiniment mieux pour elle éviter de se montrer là-bas, au moins le temps de trouver un moyen - à supposer qu'il existât - pour rentrer dans les bonnes grâces de Lloth. Alors, avec la protection de sa sombre déesse pourrait-elle envisager un retour dans sa cité. Mais pas avant. Autant dire que ce n'était pas pour tout de suite. Elle était coincée dans le royaume de la surface. Elle allait devoir se faire à cette idée, alors... peut-être pourrait-elle en tirer quelque profit, si profit possible il y avait. Et sinon... autant s'amuser un brin. Elle tourna son regard vers Selene. Seul point vaguement familier dans ce monde étranger. L'humaine l'avait aidée à reprendre les rênes de son existence. Elle s'intéressait à elle, c'était manifeste, et la drow se demandait pourquoi au juste. Entre la nécessité de trouver un guide en ce pays inconnu et la curiosité qu'elle éprouvait vis-à-vis de cette alliée inattendue, elle n'eut pas de mal à décider de la suite des évènements. « Je crois que je vais demeurer ici quelque temps, alors... peut-être pourrais-tu me faire visiter la région ? Me dire ce qu'il y a à en raconter et me montrer ce qu'il y en a à voir... » Elle se leva et baissa les yeux sur sa tenue. Qu'est-ce que c'est que ces nippes ?! Suyvel portait évidemment des habits confectionnés par les artisans locaux, dont l'ouvrage n'avait rien de comparable avec ce que l'on pouvait trouver dans les grandes cités drows. Au fil du temps, la magicienne avait composé avec cette contrainte, et évolué dans ses goûts en matière d'habillement, mais la drow restait fermement ancrée dans les standards de son peuple. Elle allait faire une remarque désobligeante "“ doux euphémisme ! "“ sur les goûts des humains en matière de fringues lorsque son regard se posa sur la tenue de Selene. Celle-ci, même si elle était de coupe, de tissu et de couleur différents, demeurait d'une qualité équivalente aux robes de la drow. Elle se contenta de soupirer. Ça va être pénible, je sens que ça va être vraiment pénible de vivre dans ce trou paumé... Bon, si elle ne pouvait guère espérer trouver une tenue de la qualité qu'elle avait connue dans sa cité, elle pouvait peut-être en adopter une qui soit plus en accord avec ses goûts. Elle se tourna de nouveau vers Selene pour lui demander : « Et pour commencer, connaîtrais-tu une bonne adresse où trouver des habits convenables ? Les miens sont d'une... tristesse... une défroque de nonne, je suis sûre. Et je n'ai pas l'intention de vivre dans un couvent. » La Terrane voyait une boutique où elle pourrait certainement trouver son bonheur, aussi la drow lui emboîta-t-elle le pas. Tout en cheminant, la drow se fit une remarque et demanda en guise de confirmation : « Dis-moi, je ne crois pas m'être présentée à toi... ? » Selene secoua lentement la tête, négativement. « Mon nom est Suyvel Adele Hycate Trajek'Towardh Ayflesh, ou simplement Suyvel si tu veux. Oh, pas la Suyvel que tu connaissais. La véritable Suyvel. » La drow réfléchit un instant. « Si cela t'embrouille... tu peux m'appeler Hycate. J'ai toujours aimé ce prénom. Il me vient de ma trisaïeule. » Elle avait besoin d'affirmer qu'elle n'était pas son alter ego qu'elle méprisait tant. Et elle ne voulait pas que la Terrane la voie comme la même personne. Si pour cela elle devait changer de prénom, c'était un sacrifice auquel elle était disposée. « Ravie de faire ta connaissance, Selene. » Et elle conclut ces présentations par un sourire complice et vaguement inquiétant, que Selene trouva prometteur.
  24. La venue des adeptes de Niue n'était pas passée inaperçue dans Melrath Zorac. Ils n'étaient pourtant pas les premiers du genre. Bien des hommes de foi traversaient le pays et en profitaient pour répandre la bonne parole sur leur passage. Mais ceux-là en particulier étaient différents des autres. D'abord, ils semblaient vouloir rester dans la région. Ensuite, la garde de Melrath Zorac avait fini par leur interdire de prêcher entre les murs de la ville. Et enfin, des incidents avaient eu lieu. Des altercations, des rixes. Et bien que les missionnaires soient désormais tenus à l'écart, les troubles ne semblaient pas devoir se calmer. Bien au contraire, ils gagnaient en fréquence... et en violence. Suyvel n'en avait cure. L'elfe noire se tenait à l'écart de ce genre de considérations. Elle avait entendu quelques paroles prononcées par lesdits missionnaires et avait vite craint que leur message ne sème la discorde dans la région. Ces hommes tenaient les représentants des Eglises des Quatre Eléments pour responsables du déchirement de ce monde. Du point de vue de la drow, si cela n'était pas totalement dénué de sens "“ après tout, les Seigneurs Elémentaux étaient les architectes de ce monde, mandatés par l'Unique lui-même "“ les blâmer pour l'état actuel du monde semblait relever de l'abus manifeste, voire de la mauvaise foi. Quant à l'idée que l'Unique ait pu les renier, Suyvel en doutait fortement. L'Unique ne les avait-il pas choisi lui-même pour accomplir Sa Vision ? Les Quatre étaient Ses Elus. Les désavouer ne serait-il pas se désavouer Lui-même ? De toute manière, depuis que l'elfe noire avait rejoint les rangs des adorateurs d'Eolia, elle avait trouvé une certaine sérénité. Elle croyait sincèrement en sa bienveillante déesse et comptait bien continuer à lui adresser ses prières, librement et avec sincérité. Personne ne lui dicterait sa foi. Surtout pas une poignée d'illuminés qui prônaient l'intolérance. Il faut dire que cela rappelait de mauvais souvenirs à Suyvel. Tant qu'elle avait vécu parmi ses semblables, elle avait dû adopter leur religion officielle "“ le culte de Lloth. Et la Reine Araignée était une déesse jalouse. Dans la ville souterraine, aucun autre dieu n'avait droit de cité. Pas même les propres enfants de Lloth. Prononcer simplement le nom d'une autre déité que Lloth relevait du blasphème pur et simple. Et les prêtresses de Lloth avaient des oreilles partout. Les malheureux qui bravaient l'interdit risquaient de cruels châtiments, s'ils n'étaient pas tout bonnement offerts en sacrifice à la sombre déesse. Les guerres de religion étaient une plaie sans nom. Si jamais les adeptes de Niue, par leur message, créaient des conflits entre les différentes paroisses de la région, Suyvel s'en tiendrait soigneusement à distance. Elle ne voulait pas finir sur un bûcher pour ses croyances. Déjà qu'on la regardait souvent de travers à cause de ses origines... Mais aurait-elle seulement le choix ? Ce jour-là, elle se rendait en ville, et venait de franchir la porte Ouest des remparts, lorsque son attention fut attirée par une agitation inhabituelle. Une bande d'excités semblait courir après un individu seul. Suyvel tira son capuchon sur son front et voulut continuer son chemin sans se soucier de la scène "“ éviter les ennuis ici lui semblait toujours préférable "“ lorsqu'un détail l'interpella. Elle connaissait la personne traquée : c'était en fait une jeune femme, Lani, qui résidait du côté du lac oriental. Du coup, l'elfe noire arrêta ses pas et prêta attention à la situation. Les poursuivants semblaient lui lancer des invectives au sujet de sa religion et de sa déesse. Or Suyvel était bien placée pour savoir à quoi s'en tenir à ce sujet : Lani était une fidèle d'Eolia. Elles partageaient une même foi et avaient toutes deux régulièrement échangé sur le sujet. De bien plaisants moments aux yeux de Suyvel. Allait-elle laisser Lani dans cette fâcheuse situation ? La laisser se faire... quoi au juste ? Rudoyer ? Battre comme plâtre ? Ou pire... lyncher ? Lapider ? Sans compter que ses poursuivants étaient des hommes. Et dans ce genre de circonstances, les mâles avaient tendance à tout confondre et à laisser parler leurs instincts bestiaux. Suyvel hésita. Sa raison lui criait clairement qu'elle allait s'attirer de sérieux ennuis... mais sa foi en Eolia lui dictait de se porter au secours de la jeune femme. Et si c'était là une épreuve, placée sur sa route par la déesse elle-même ? Pouvait-elle prendre le risque de la décevoir ? Assez tergiversé! La magicienne s'élança entre les bâtisses, en suivant un chemin parallèle à celui de Lani et de ses poursuivants. La jeune femme essayait manifestement de les semer en multipliant les virages dans des ruelles tortueuses. Suyvel avait du mal à ne pas la perdre de vue, ses poursuivants, eux, étaient à la peine. Ils durent se diviser plus d'une fois pour ne pas la perdre complètement. L'elfe noire finit par espérer que la jeune femme s'en tire par ses propres moyens... mais peu après, elle vit qu'un petit groupe allait déboucher d'une rue perpendiculaire et couper la route de Lani un peu plus loin. La jeune femme serait prise entre deux feux. Suyvel n'hésita pas plus longtemps : un léger sifflet attira l'attention de l'humaine et elle découvrit dans un rue adjacente son amie drow qui lui faisait manifestement signe de la rejoindre. Elle n'hésita pas plus d'une seconde avant de se ruer à sa rencontre. Sitôt réunies, les deux femmes filèrent à toute allure dans une autre direction. Pour autant, elles n'étaient pas sorties d'affaire. De petits groupes les avaient repérées et des cris retentissaient régulièrement dans les ruelles, chaque fois que les deux femmes étaient repérées. A un moment, trois hommes surgirent devant elles et elles se crurent bloquées... mais Suyvel usa d'un souffle de magie blanche de faible puissance, non pour les blesser, juste pour les déséquilibrer et les écarter. Et les deux fuyardes reprirent leur course de plus belle. Toujours talonnées par leurs poursuivants, elles finirent par s'engager dans une rue assez longue et dépourvue d'embranchement. Ce fut leur seule erreur. A l'autre bout, un groupe fit son apparition et se porta à leur rencontre. Elles surent presque instantanément qu'elles étaient piégées. Elles s'immobilisèrent, dos à dos, et attendirent l'inévitable. Les hommes étaient nombreux mais à bout de souffle, tant et si bien qu'ils ne se jetèrent pas tout de suite sur les deux femmes. Ils se contentèrent de leur bloquer toute retraite et d'examiner la situation. La présence d'une elfe noire n'était pas prévue. Suyvel doutait que cela les arrête. Les commentaires réprobateurs sur ses origines et sa religion ne tardèrent pas à fuser, lui confirmant qu'elle avait vu juste. Elle allait devoir jouer serré. Rejetant sa capuche et sa cape en arrière, elle incanta un sort qui produisit un bref coup de vent tourbillonnant autour d'elle, bousculant et repoussant les hommes. Elle mit toute son autorité naturelle dans les quelques mots qu'elle prononça. « Arrière ! Je suis mage, alors ne tentez rien que vous regretteriez. Mon amie et moi-même allons partir d'ici en paix, et tout se passera au mieux pour chacun de nous. » Il y eut un léger flottement dans les rangs des poursuivants... mais aux murmures désapprobateurs, Suyvel sut que la partie allait être tendue. « ... saleté de drow... » « ... finissons-en avec tous ces adorateurs des Elémentaires... » « ... maudits hérétiques... » « ... nous sommes les serviteurs de l'Unique, il nous protège... » « ... Niue est avec nous, nul ne nous arrêtera ! » Et lorsqu'elle s'avança, de l'allure la plus assurée qui soit, elle comprit que cela ne suffirait pas. Peu d'hommes s'écartèrent. Les autres se saisirent de toutes sortes d'objets, du genre lourd et contondant, et firent face. Suyvel s'arrêta sur place. La confrontation était-elle inévitable ? Ce qu'elle craignait finit par se produire : un des hommes leva brusquement un bâton de manière menaçante à son égard. L'elfe noire avait eu l'intention d'éviter soigneusement la violence et toute effusion de sang, afin de ne point envenimer les choses. Mais une menace directe sur sa personne changeait la donne. Si Suyvel n'était pas agressive, elle n'était pas du genre à se laisser tuer sur place. L'individu encaissa un direct à la mâchoire aussi foudroyant qu'imprévu, qui l'envoya plusieurs pas en arrière. Ce qui aurait dû suffire à dissuader les autres, mais vu leur avantage numérique écrasant, ils n'en avaient cure. Ils avancèrent sur les deux femmes, prêts à refermer leur cercle. La magicienne chercha désespérément une solution à leur situation désormais critique... et un sortilège bien précis lui vint à l'esprit. Aussitôt, sans plus y réfléchir, elle laissa les mots de l'enchantement s'envoler de ses lèvres. Châtiment de l'Unique. C'était un pari osé, à plus d'un titre. D'abord, elle n'y avait encore jamais eu recours. Ensuite, c'était un sortilège de magie divine, qui recourait à la puissance de l'Unique. Comme Suyvel ne lui adressait pas ses prières, elle n'était pas sûre qu'il répondrait favorablement à sa requête. Et enfin, les individus sur lesquels l'elfe noire appelait le Châtiment de l'Unique se prétendaient les serviteurs du dieu. Soi-disant ses seuls authentiques serviteurs. Si c'était la vérité, l'Unique aurait certainement à cœur de les protéger, ou à tout le moins de ne pas contribuer à leur perte. Bref, pour toutes ces raisons, le choix de ce sortilège était pour le moins contestable. Seulement, c'était la seule attaque avec un vaste effet de zone que connaissait la magicienne. Et puis, malgré le risque d'échec que cela représentait, elle voulait voir s'il fonctionnerait, ou si l'Unique protégeait ces hommes. Dans ce cas, la situation des deux femmes deviendrait sans doute désespérée... mais au moins seraient-elles fixées sur les forces en présence. Tout en récitant la litanie, Suyvel distribua quelques coups de poing et de pied bien placés, de manière à tenir leurs agresseurs le plus en respect possible. Mais elle ne pouvait être partout et derrière elle, Lani, si elle se débattait tant qu'elle le pouvait, était déjà en sérieuse difficulté. Et surtout l'incantation restait sans réponse, ce qui augurait mal de leur avenir immédiat. Un des agresseurs tenait une corde et la passa vivement autour du cou de l'elfe noire, puis il tira brutalement, tentant de la déséquilibrer. Celle-ci porta une main à la corde pour résister tant bien que mal et rester sur ses jambes. Suyvel ne voyait plus d'issue à la situation et se disait que la partie était jouée lorsqu'une flammèche s'alluma sur l'épaule de son agresseur. Ce dernier, surpris, prit peur et lâcha sa corde pour tenter d'éteindre la flamme. A ce moment, plusieurs cris s'élevèrent dans le groupe d'hommes... et tous finirent par lever les yeux au ciel. Le firmament virait au cramoisi. Des traits de feu en tombaient, droit sur le groupe. Un vent de panique souffla sur les rangs des assaillants. Ceux-ci se dispersèrent en grand désordre, fuyant pour leur vie. La peur de finir brûlés vifs était bien plus puissante que l'animosité religieuse qui les animait. Certains, touchés par les flammes célestes, hurlaient de terreur ou se roulaient au sol, dans l'espoir de les éteindre. Suyvel, presque ébahie, contemplait la scène sans plus bouger. Alors voilà le visage du Courroux de l'Unique ! C'était une chose de lire la description du sort Châtiment de l'Unique dans un grimoire, c'en était une autre d'en découvrir les effets sur le terrain. La scène était dantesque. Et la zone d'effet, un peu plus étendue que la magicienne le croyait. La pluie de feu atteignait quelques bâtiments de la rue, qui risquaient fort de s'embraser sous peu. Des cris d'alerte retentissaient déjà dans les rues avoisinantes. Ce n'est pas le moment de prendre racine dans le coin ! Comme plus personne ne s'intéressait à elles pour l'instant, Suyvel se saisit du poignet de Lani et l'entraîna vivement le long de la rue provisoirement déserte. Elles purent franchir sans encombre la porte Est de la ville. De là, Lani pourrait rentrer chez elle sans encombre. Néanmoins, Suyvel aurait bien parié qu'elle n'était pas sortie définitivement d'affaire. Lani vivait seule, sa famille ayant été décimée par une épidémie de peste, il y a plusieurs années. Et sa demeure était connue des gens de la région. Ses agresseurs pouvaient fort bien la retrouver. L'elfe noire lui suggéra donc d'aller chercher refuge dans le seul endroit où sa foi ne lui vaudrait aucun ennui : au pays d'Aéris. Lani sembla d'abord réticente à quitter sa chaumière, puis finit par admettre que ce serait plus prudent. Elle remercia vivement son amie pour son aide. Les deux femmes se serrèrent dans les bras l'une de l'autre une dernière fois et se quittèrent. Une fois qu'elle fut seule, Suyvel eut la possibilité de méditer à loisir ce qui venait de se passer. Châtiment de l'Unique lui avait été accordé, c'était donc que l'Unique ne reconnaissait pas particulièrement les individus qui l'avait agressé comme ses fidèles. Ou du moins qu'il ne les protégeait pas spécialement. Peut-être désapprouvait-il leurs actes ? L'elfe noire songea alors aux deux prêcheurs, les adeptes de Niue. Si elle appelait le Châtiment de l'Unique sur leurs têtes, lui serait-il accordé également ? Un instant, elle envisagea la possibilité de se livrer à cette expérience, au vu de tous. Car si la colère de l'Unique s'abattait sur eux, ce serait la preuve éclatante que ces missionnaires se fourvoyaient, voire trompaient tout le monde. Malheureusement, même dans ce cas, elle doutait que leurs suivants aient encore assez de lucidité pour s'en rendre compte. Tout ce qu'elle obtiendrait comme résultat, ce serait d'offrir deux martyrs à leur cause. Leurs fidèles y puiseraient la justification de leur message d'intolérance et n'en deviendraient que plus radicaux. Et si par malheur la pluie de feu les épargnait, cela constituerait la preuve que les adeptes de Niue étaient les protégés de l'Unique. Ce serait leur accorder un statut reconnu, un prestige certain, et une aura auprès de la population locale, qui n'en serait que plus facile à convertir. Non, décidément, c'était une mauvaise idée. Suyvel reprit donc le chemin du village du Souffle d'Eolia. Ce périple fut sans histoire, et pourtant la magicienne ne se sentait guère sereine. Peut-être était-elle agitée par de sombres pensées sur les évènements à venir. Peut-être ne pouvait-elle pas s'empêcher de s'inquiéter pour l'avenir de ces terres...
  25. Au bout d'un moment, Suyvel finit par lâcher la guerrière et se recula un peu, toujours souriante. Ce fut à cet instant que tout se joua. La magicienne aurait pu demander à Elfe dans quelles circonstances exactes elle avait perdu l'écrin, et si la guerrière lui avait donné l'information, elle se serait sans doute étonnée qu'Elfe ne le lui restitue que maintenant. Seulement voilà, Suyvel était juste trop ravie pour songer à ce genre de détails. Et puis il se passa une chose qui détourna définitivement son esprit de la question. Un cri emplit soudainement les cieux. Le cri d'un oiseau de proie. Un piaillement gigantesque. Il était si vaste qu'il emplissait tout l'espace. Un instant, l'air, chargé des vibrations du cri, leur sembla solide. Les deux elfes le ressentirent jusque dans leurs os. Suyvel lança un regard ébahi vers le ciel. De quelle gorge un cri aussi puissant peut-il bien jaillir ?! Alors que les deux femmes fouillaient la nuit du regard, elles aperçurent deux ombres immenses qui se découpaient sur le ciel nocturne, qui cachaient des pans entiers de la voûte céleste, qui éteignaient les étoiles par centaines. Des silhouettes d'oiseaux, sans aucun doute. Elles évoluaient lentement, décrivant des cercles, comme si elles chassaient. En dépit de leur taille apparente qui laissait imaginer une courte distance, elles semblaient évoluer très haut en altitude, ce qui donna le tournis à Suyvel. Quelle envergure peuvent bien atteindre ces oiseaux ? Cinquante mètres ? Davantage... ? Non loin d'elles, l'oisillon, jusqu'alors placide, sembla pris soudainement d'une agitation incontrôlable : il sautillait dans tous les sens et poussait des piaillements frénétiques. Il finit par décoller à tire-d'aile, et prit rapidement de la hauteur, manifestement décidé à rejoindre les deux silhouettes aériennes. A ce stade, les deux aventurières avaient compris ce qui se déroulait devant elles. Elles virent la silhouette de l'oisillon, toujours plus petite dans le ciel, décrire des courbes autour des deux géants, les frôlant régulièrement. Ceux-ci semblaient réagir à l'identique. Un concert de piaillements joyeux leur parvint. Et les trois silhouettes entamèrent un gracieux ballet aérien, offrant aux deux Aérides un spectacle inattendu et sans précédent sur ces terres. Aucune des deux ne pouvait détacher les yeux de ce qui se passait au-dessus de leurs têtes. Ce furent les oiseaux qui y mirent fin. Reprenant un vol rectiligne, ils s'éloignèrent vers le nord, et eurent tôt fait de disparaître derrière les pics enneigés des Cimes. Lorsque la voix lui revint enfin, Suyvel articula lentement : « Les Oiseaux Roc... vont-ils revenir sur ces terres ? » Ils avaient quitté ces contrées depuis fort longtemps. Ces trois-là n'étaient-ils que de passage ? Avaient-ils été simplement retenus ici un moment par la capture de l'oisillon ? Ou bien leur présence était-elle le signe du début de leur retour ? Le signe qu'Eolia, de nouveau, leur envoyait ses enfants ? Le signe qu'à nouveau, la Dame de l'Air se penchait sur ce pays brisé par la guerre ? Qu'elle lui accordait à nouveau son attention ? Qu'elle le bénissait ? Suyvel sourit en songeant qu'un jour prochain, les dragons de Melrath Zorac pourraient bien avoir la mauvaise surprise de découvrir que la maîtrise des cieux leur était contestée. Avec de tels rivaux, leur règne sans partage ne serait plus que souvenir lointain... Ceci n'est pas la FIN, c'est un nouveau commencement.
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