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Terre des Éléments

Promenons-nous dans les bois, avant que l'soleil n'y soit


Anamaya
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Elle m'avait pourtant eu l'air d'être plus à l'aise, ici, à l'ombre.

Je me suis posé, tranquillement, contre l'arbre, parce que je me souviens que malgré tout, elle peut voir mes gestes ou mes paroles comme des piques, si elle le désire. Alors quelque part, s'asseoir ainsi, c'était pour essayer d'instaurer un climat plus... bon enfant, ou plus douillet. Complice peut-être.

Elle me rejoint sur l'herbe, mais je ne vois pas en elle l'assurance bravarde qu'elle m'a déjà opposé.

De la gêne, mal à l'aise, exclue? C'est ce que je pensais tout à l'heure, sans vraiment croire que ça s'appliquait à maintenant, ici, pourtant.

Une mèche rebelle qu'elle remet à sa place, et malgré moi, j'espère qu'il y en ait une seconde.

Elle répond à ma remarque plus avant que ce que j'aurai pensé. J'aurai pu m'amuser à poursuivre le fil de cette discussion, qui avait au moins le privilège de n'être pas porteuse de discorde entre nous, mais son ton ne souffrait pas de réponse.

Pas tout de suite, pas encore.

Alors je la regarde.

La tête appuyée contre le tronc, l'herbe fraiche sous moi, une ombre bienveillante qui laisse parfois filtrer le ciel bleu, comment aurais-je pu dire ce matin que je n'échangerai ma place contre rien au monde au sein du campement de celles avec qui nous sommes en guerre?

Et je la regarde. Je la sens preque frissonner sous la brise légère qui vient faire siffler les feuilles.

Et puis... j'ai un doute.

Ses yeux qui durcissent, comme je les ai déjà vu se durcir, plusieurs fois.

Parfois, je l'ai bien mérité, sans doute, en y repensant.

Parfois, je me suis permis de croire que c'est elle qui forcait le trait, sciemment, pour tenter de mettre à bas la muraille que j'ai érigée. Ne pas se permettre de sentiments, lorsque le destin des Constellations se joue.

Il s'est joué.

Plus aujourd'hui.

Pas l'officiel ici.

Et ici, je fronce les sourcils en voyant son regard se durcir.

Parce que je cherche, ce qui a pu déclencher cette saute d'humeur...

Et sa question suivante me déconcerte.

Sans aucune commune mesure avec sa réaction à notre première rencontre, avec son comportement au milieu d'un champ de rose, ou dans la demeure de ce cher Merr'Aos...

Je sais que je suis loin de pouvoir m'enorgueillir de la connaître sur le bout des doigts, mais là, ça ne correspond pas au personnage que je pensais avoir approché.

Comme forcée... comme appuyée...

Mon incompréhension doit se lire sur mon visage, en reflet du sien, énigmatique, souriant et provoquant.

J'ai... eu plus de preuves qu'il n'en faut de ton honnêteté, Eyleen.

Je ne suis pas d'un naturel méfiant, mais je me sens responsable, ce qui a pu me faire réagir avec plus de précautions dans le passé que ce qui n'aurait été strictement nécessaire. Avoir à prendre soin d'un peuple nécessite malheureusement de mettre ses propres intérêts de côté, parfois.

Et je crois avoir reconnu en toi l'amitié de me voir non pas comme le membre des Constellations, mais simplement comme l'homme.

J'espère ne pas bouleverser tes pensées en disant que oui, je te fais confiance, comme le faisait Ana aussi, et que je ne me suis pas inquiété de la décoction que tu lui as servie.

Trop de mots.

Cette manie de faire des phrases, parfois...

Il suffirait d'un regard, si elle accepte de le voir.

En revanche, je suis d'un naturel très curieux, et c'est loin d'être mon seul vilain défaut, même si je sais prendre mon temps pour le satisfaire.

Parfois.

Ca ressemblait à des fleurs des sables, que j'ai connu en d'autres contrées, sans pourtant correspondre exactement... Est-ce un secret? Me dirais-tu?

Une curiosité amusée.

L'impression qu'elle voulait me voir demander.

Comme si peut-être elle voulait ... quoi, me prendre en défaut? me faire avouer mon ignorance? ménager ses effets rhétoriques?

Je suis d'humeur a rentrer dans son jeu.

Une curiosité amusée sur mon visage, ce n'est pas souvent qu'elle m'aura offert l'occasion d'aborder une pointe de sa mystérieuse et piquante personnalité.

La réciproque est tout aussi valide.

Là, elle m'a pris en défaut.

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Décontenancé.

Une brève bouffée de triomphe, qui s'exprime par un pli en plus dans le sourire, un petit pli à gauche, qui taquine et qui se moque. J't'ai eu ! T'as été mal à l'aise une fraction de seconde ! Et puis toute cette longue explication, justification qui n'a pas lieu d'être, car tout était dit dans les premiers mots. Juste un ou deux qui me font comme un petit choc bizarre sous le sternum, mais pas question de m'y arrêter et de ruiner l'agrément de l'idée que cette fois, c'est moi qui t'ai fait perdre contenance, même si c'est un tout petit peu... La lueur d'embarras, je la savoure comme un nectar chèrement payé, comme si elle me donnait le droit de te regarder en face, cette petite hésitation dans ta voix, au début. Tu m'as imposé un tourment insidieux une heure durant, interminable, et moi je t'ai collé une demi-seconde d'hésitation, et c'est une vraie victoire. J'ai gagné le droit de te narguer.

Puis vient la question inévitable... Tournée bien différemment de ce que j'attendais, et l'avantage m'échappe. Peut-être que j'aurais préféré l'inquiétude, un peu de méfiance, à ce ton ouvert et amusé, cette... oui, un brin de connivence. Un début de jeu. Mais je ne sais pas jouer à ces jeux-là. Je ne sais pas feindre qu'une chose insignifiante soit gonflée d'importance. Ni l'inverse d'ailleurs... J'ai pourtant entendu dire que c'était un talent de fille. Je ne dois pas être assez fille pour ça.

Alors je me contente de sourire. Et de ne pas détourner les yeux, parce que je n'en ressens pas le besoin. Tant pis si je fais défaut aux usages... Mais je n'ai pas assez d'imagination pour inventer de belles histoires qui amusent ou fascinent ou font briller les regards. Et puis, pourquoi faire ? Je chercherais à l'épater par la brillance de mon esprit ? Il faudrait être la dernière des idiotes pour ne pas voir que le meilleur résultat que je pourrais obtenir serait un sourire gentil, comme ceux qu'ont les grands quand ils voient un môme leur apporter sa production artistique grossière et maladroite... La vérité toute simple, c'est moins risqué.

Parce que tu risquerais quoi, 'Nea, à ce qu'il te sourie de ce sourire-là ?

Tu te soucies donc tant de ce qu'il pense de toi ?

Je... Rien. Tais-toi. Fous-moi la paix.

Non, ce n'est pas un secret... Elles ne me sont précieuses que parce qu'elles sont rares, et que j'ai apporté celles-ci avec moi... Des fleurs des sables, tu n'es pas loin. Elles poussent dans les cavernes, là où la voûte laisse passer le jour. Il suffit d'une fissure étroite, quelques minutes de soleil par jour, et elles tapissent les parois. On les appelle les fleurs des songes, parce qu'elles éloignent les cauchemars. Mais il vaut mieux ne pas les prendre quand on est éveillé...

Là mon sourire revient, avec quelques vieux souvenirs.

Ceux qui le font, par bravade, sont généralement un peu honteux le lendemain...

Modifié (le) par Eyleen
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Aussi rapidement que son regard s'était durci, aussi rapidement son sourire devient cette fois-ci plus sincère, plus éclantant.

Et ses yeux qui brillent.

J'ai conscience que c'est en forme de victoire qu'elle le prend.

A d'autres moments, j'aurai tout fait pour empêcher cette victoire, parce que ça aurait rimé avec ma défaite.

Mais là, j'ai envie de croire que ce n'est pas comme d'habitude.

J'ai envie de croire qu'elle gagne une manche, et moi un sourire, et que je n'y perds donc pas au change.

Ses yeux alors se font moins fuyants, je retrouve là l'Eyleen qui bataille, qui ne s'en laisse pas compter, qui me tient tête, qui me...

...

me...

... laisse intérieurement sans voix?

... fascine alors qu'elle interprète la moitié de mes paroles comme des attaques personnelles?

... m'attire alors que la moitié de ses mots ont été couverts de fiel envers la famille à laquelle je tiens le plus?

... me pousse à m'interdire l'homme pour ne pas mettre en danger le roi et son peuple?

... m'incite à me mettre à sa place, et batailler avec elle, et non contre elle?

... me mène à me maudire de n'avoir pas connu son passé, ses difficultés, ses souffrances, et ainsi ne pouvoir la comprendre?

... fait poser toutes ces questions?

je...

...

Ah, les pétales, oui, voilà, fleurs de roches...

J'écoute attentivement son récit. L'herboriste fait quelques notes mentales, pour future référence. Le rêveur se plait à imaginer la scène, et les pinceaux de lumière à travers la grotte, comme autant de rayon d'étoiles qui percent le plafond de la nuit. L'homme bénit la distraction.

Il est effectivement commun que les herbes ayant un effet sur l'esprit humain ne soient pas à prendre à la légère.

Qu'est-ce que tu fais, là, tu commences un cours?

J'avais déjà remarqué que tu affectionnais les endroits fermés, cachés du soleil en tout cas, sans vraiment me l'expliquer.

J'ai aussi passé plusieurs années de ma vie avec pour seuls murs les parois rocheuses d'une grotte, à flanc de volcan. Je n'y ai jamais remarqué les fleurs que tu m'as décrites, ni les possibles effets pervers que tu suggères. Mais c'était loin. Peut-être ces pétales sont une spécialité de là d'où tu viens?

d'où tu viens?

des grottes.

Ces terres sont grandes, et je n'en connais qu'une petite partie.

Me manque-t-il les références pour comprendre à demi-mot?

Un sourire d'encouragement, et une espérance qu'elle me permette cette avancée dans son histoire...

Modifié (le) par Nadhir
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Je réfléchis quelques secondes avant de répondre... Que dire ? Parler de mon passé ? La remarque qu'il a faite donne à penser que peut-être, il aimerait en apprendre plus... Oui mais voilà, moi j'ai pas envie de lui en dire trop, là tout de suite parce que... parce que. Parce depuis le début de ma vie toute le monde s'est accordé à me faire sentir que je suis une sorte d'abomination... Seules mes soeurs n'ont pas eu l'air d'y attacher de l'importance. Et...

Et voilà.

Et je ne veux pas être rejetée une fois de plus à cause de l'inconséquence de mes parents, d'une erreur commise il y a plus de 25 ans, et que personne ne me pardonne à moi, comme si j'y étais pour quelque chose.

Précise un peu, 'Nea...

...

Oui, bon, d'accord. Je ne veux pas le voir se détourner avec dégoût. Voilà. C'est complet, là ? Passons à autre chose. Cette idée me dérange.

Les fleurs. Ca c'est le sujet de conversation du moment. Les fleurs et rien que les fleurs.

Je ne crois pas qu'elles poussent sur les parois de roches volcaniques. Je ne les ai jamais vues que dans des grottes calcaires, et elles poussaient toujours autour d'une fissure d'où coulait un filet d'eau... Mais j'ai rarement visité des cavernes volcaniques, à vrai dire. Une fois ou deux seulement, je ne les connais pas beaucoup...

Les roches noires et torturées, tordues comme des cordes irrégulières ou coulant comme des rivières figées crevées de bulles, irrégulières et coupantes, et plus bas, plus profond, ces miroirs sombres de verre noir, ces filons de cristaux verts, quelques taches blanchâtres comme des caries dans le noir absolu, profond... Je n'aime pas ces grottes traîtresses où les boyaux sont comme des os creux mille fois brisés... Je n'aime pas l'air qu'on y respire, il est lourd, et l'eau, elle est fétide... Je n'aime pas me trouver dans ce sang coagulé des blessures de la Terre. Ca me rend nerveuse...

Et il est vrai que je n'y ai vu aucune fleur violette.

En plus.

J'avoue que je ne sais pas... J'en avais suffisamment en partant, je ne les ai que peu utilisées, alors je n'ai jamais dû en chercher d'autres. Ceci dit je n'en ai pas vu. Mais parfois elles se cachent bien...

Et toi tu parles trop...

Ou pas assez...

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Ouf!

Déjà quelques échanges de paroles, et pas de prise de bec. Je m'améliore...

Et j'aurai même cru qu'effleurer ainsi son passé aurait plus facilement déclenché ses foudres.

Je me suis trompé, ou alors elle est d'humeur conciliante.

Quoique, finalement, ce qui aurait pu lui donner l'occasion de disséminer quelques détails de son histoire, elle le garde sous le coude. Dommage. Je sens pourtant que quelque chose m'échappe. Un non-dit que je ne perçois pas. Une conclusion qui m'est impossible à tirer. Je ne sais pas. Et je suis curieux. Et elle... me captive.

Au moins, j'en sais un peu plus sur elle.

Elle n'a pas l'air de faire beaucoup de mauvais rêves, malgré les occasions qui n'ont pas dû manquer. Un esprit libre, fort, qui ne se laisse pas intimider... et je ne fais encore que gratter la surface.

Je n'ai pas vu de ces fleurs par ici, et pourtant j'ai l'oeil.

Surtout pour découvrir les fleurs au reflets violets qui se cachent...

Peut-être n'ai-je pas tant eu l'occasion de chercher dans les grottes alentours.

Dans mon champ de vision, l'ouverture de son logis... après tout...?

Et, dans la tienne, il n'y a pas les conditions pour? J'y ai entendu un peu d'eau, et j'ai dû voir quelques rayons de soleil filtrer. Et si je ne m'abuse, c'est du calcaire aussi, quoique je suis moins calé sur le mineral que sur le végétal,

... ou l'humain d'ailleurs. Question d'intérêt.

je pourrai me tromper. Et quant aux cavernes volcaniques, je n'en ai pas repéré dans les alentours, malheureusement. Ca m'aurait rappelé de bons souvenirs. J'y ai trouvé beaucoup d'avantages, à l'époque, même si l'atmosphére y était plutôt chaude et âcre. Mais lorsque l'on y est obligé... euh,

Pas tout le monde trouverait ton ancien boulot très honorable, Nadhir, hein? et à avoir à se cacher dans un volcan parce que c'est un de ces endroits où tes poursuivants n'iraient jamais, par santé mentale, ce n'est peut-être pas vraiment un argument.

...Obligé d'admettre que sur les terres brûlées par la lave, la végétation repousse doublement plus forte, et autrement plus luxuriante, que c'en est un enchantement. J'y ai fais certains de mes premiers pas pratiques en tant qu'herboriste, en essayant de me souvenir de ce que disait ma grand'mère.

Mouais, diversion passable, quoique je marche toujours sur des oeufs, là...

On arrête les frais.

Ca m'amuserait néanmoins de retrouver de mes yeux de ces fleurs des roches, et je suis certain de m'adresser à qui connait le mieux les grottes par ici. Peut-être qu'un de ces jours... si par hasard tu venais à manquer de pétales...

rrhhhooo, l'excuse!!!

tu pourrais nous guider dans ce monde sous-terrain, afin que l'on en cherche de nouvelles?

Chercher des prétextes pour la revoir, en tête-à-tête, dans une pénombre judicieuse, c'est exagéré?

En tout cas, d'y penser, je sens mon coeur qui bat juste un peu plus fort...

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Je rêve ou il me flatte, là ?

Je ne rêve pas.

Il me flatte.

Il y a un truc bizarre qui brille dans le coin de son oeil... Quelque chose que je n'arrive pas à identifier. Mais qui me met un frisson tout le long du dos. Sans que je sois capable de définir s'il est agréable ou désagréable, le frisson. Il est juste... je ne sais pas. Incongru.

J'ai écouté ses paroles, apprécié son regard acéré et en même temps redouté qu'il applique à autre chose que les murs cette faculté d'observation...

Redouté, vraiment ? Admets, 'Nea, que tu as laissé les portes ouvertes... Juste un peu, mais assez... Et que tu regrettes qu'il soit trop correct pour les pousser.

Parce que tu veux qu'il sache.

Parce que tu veux être sûre qu'il ne se détournera pas, quand il saura.

Parce qu'il vaut mieux que ça arrive maintenant, alors que... que c'est encore supportable. Que tu peux admettre de voir changer ce regard, tant que tu ne le perds pas tout à fait...

Ses derniers mots sont une main tendue, c'est limpide. Incompréhensible, mais neanmoins limpide. Seule la dernière des crétines serait assez bornée pour ne pas saisir que les fleurs sont un agréable sujet de conversation... mais que son intérêt est autre. Aussi surprenant que ça paraisse. Je l'ai regardé parler. J'ai vu ses yeux clairs, l'intensité et la chaleur du regard, je les ai senties. Elles ne sont pas pour les fleurs. Mais elles ne peuvent pas être pour moi non plus. Autant éteindre ça tout de suite, avant que l'incendie ait trop détruit déjà. Je n'ai jamais eu à souffrir de ses ravages. Mais je les crains plus que tout...

Etrange... Il parlait de la lave et des plantes luxuriantes qui y prennent racine. La vie qui foisonne et qui masque les hideuses cicatrices de la Terre... L'image est bien trop adaptée... Rien ne cache mieux les blessures les plus profondes qu'un vernis de vie éphémère. Une tromperie. Car la lave revient et elle détruit tout à nouveau.

Et l'idiot qui n'a vu que les plantes gorgées de vie, y laisse la sienne.

Je ne suis pas idiote. Je préfère me tenir loin des volcans. Les plantes y sont moins belles... Mais elles ne se font pas ravager à chaque nouvelle saison par ce que dégueule le volcan d'à côté.

Allez, 'Nea. C'est juste un mauvais moment à passer.

Serre les dents.

Tourne la tête.

Regarde-le, et parle. Il a assez attendu, il va commencer à se demander ce qui se passe...

Tu...

Bel essai. Décoince ta mâchoire, déglutis un bon coup et recommence.

Tu n'as pas la moindre idée de ce que je suis, n'est-ce pas ?

En espérant qu'il ait entendu, ça.

C'était moins sonore qu'un dernier soupir.

Et nettement plus douloureux.

Mais ça a eu le mérite de tuer dans l'oeuf le frisson qui jouait sur ta nuque. Ce genre de frissons n'est pas pour toi, 'Nea...

Modifié (le) par Eyleen
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Un passage en douceur, suggérer plutôt que dire, inviter plutôt que demander, prendre mon temps plutôt que me dépêcher.

Sa réaction est en mi-teintes en tout cas.

Un éclair qui s'illumine dans ses yeux, et puis... et puis des questionnements.

Je la sens perdue dans ses discours intérieurs.

Que ne donnerai-je pas pour savoir ses pensées. Que questionne-t-elle?

Ma présence ici, la trahison qui serait de pactiser avec l'ennemi, la présence de ses soeurs qui pourrait réagir... je ne sais comment?

Non, trop loin ça, et trop tard.

Mes doutes sur sa grotte, qu'elle aurait pu voir comme une intrusion dans sa vie privée, son foyer, son jardin secret? Le fait que je pipotais presque l'histoire du calcaire? Toujours été nul en minéraux qui ne brillent pas moi. Mon insinuation sur les volcans, et cette partie de mon passé dont je ne sais comment elle le prendrait ? Ou encore les implications de cette recherche commune de boutons de fleur dans un endroit propice? Les mêmes qui défilaient dans mes pensées peut-être...

Elle prend son temps, elle aussi.

Ne pas brusquer. La laisser décanter la situation un peu. Tant qu'il y a cet éclair dans son regard, je ne peux pas être totalement mal barré. Hein? se fixer sur les reflets de ses yeux. S'accrocher à ce que l'on peut, le peu de tangible dans tout ça. Peut-être que mes chances ne sont que dans ma tête, encouragées par mon inconscient, rendu aveugle par l'espérance.

Bon sang, c'est presque insoutenable.

Un son.

Presque un murmure.

Mais il m'assure que j'aurai une réponse, quelle qu'elle soit. Suffisante pour me fixer? sans doute, probablement, peut-être...

Je tends l'oreille pour capter ce qui est finalement une question.

Plutôt inattendue.

Mais c'est tout de même une réponse.

Je crois.

Je ne peux m'empêcher de froncer un instant les sourcils. Au delà de la réponse, je ne sais pas exactement ce à quoi elle veut en venir par sa question. Et dans son ton, il est clair qu'elle prend la chose très au sérieux. Mais finalement, peut-être est-ce là ce à quoi nous avons tous les deux voulu venir, avec trop de détours à son goût apparemment.

Plusieurs réponses possibles.

D'une, qu'elle est une superbe demoiselle au teint hâlé, aux courbes à en tomber par terre, athlétique, volontaire, brave, déterminée, et autrement plus maligne et perspicace que ce que j'aurai imaginé de qui aurait passé la majeure partie de sa vie dans des grottes, probablement seule ou avec peu de contacts.

De deux, que j'ai bien remarqué ses oreilles légèrement pointues, ses traits fins, délicats, qui me rappellent les populations elfiques, dont je n'ai vu que très peu de membres par ici. J'ai aussi remarqué son teint plus sombre, très peu habituel des elfes que j'ai pu rencontrer. En fait, je ne les ai jamais vu que très blancs, peu enclins au bronzage, ces elfes. Les autres... je n'ai fait qu'en entendre parler, des rumeurs, des histoires, des cousins cachés. Mais même là, je ne suis pas convaincu, je n'ai pas devant moi la caricature typique que l'on en fait, vicieux, assassins, sadiques et anthropophages. Alors quoi?

De trois, que je pourrais tout à fait lui retourner la question. Et qu'elle est probablement plus loin de la vérité en ce qui me concerne, que moi de la sienne. Ou en tout cas j'espère...

Et il le faudra.

Aucune de ces réponses ne sortiront pourtant de ma bouche pour l'instant.

Je prends une inspiration, laisse le temps au battement de mon coeur de ne pas interférer avec mes paroles.

Je ne sais ce qu'elle attend de moi, je ne peux que lui demander ce dont elle a peur...

Tu es... quelqu'un avec qui je prend plaisir à discuter, tranquillement, à l'ombre d'un arbre, loin des soucis et de l'agitation des campements et de la ville. Plusieurs fois pourtant je me suis dit que quelque chose te retenait, t'empêchait d'être à l'aise. Je n'ai pas encore compris pourquoi, non. Mais tu me donnes envie d'en savoir plus, Eyleen. Sinon je ne serai pas là.

Je brûle d'envie de savoir même, si ça ne t'éloignerai pas de moi...

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En savoir plus.

Tu vas en savoir plus. En savoir trop, d'ici peu, sans doute.

Ta réponse reste superficielle, mais je te guettais. Et j'ai vu ton regard glisser sur ma peau, mon visage. Et je sais ce que j'y ai vu. La conscience qu'il y a là quelque chose de différent. D'autre. Tu n'as pas voulu t'y attarder, en tout cas tu n'en fais pas mention. Tu poses encore la question, alors que la réponse est à portée de ta main.

Une fois un pied posé sur ce sentier il faut aller jusqu'au bout, même si au bout c'est l'abîme.

Je pivote et m'assieds sur mes talons, directement face à toi, tu verras ce que je veux que tu voies. Et il ne sera plus question d'éluder le sujet. J'ai les yeux durs, mais tu n'es pas la cible de cette dureté, c'est moi. J'ai révélé ce que tu vas savoir à mes soeurs, et elles ont souri. Une demi-démone, et plusieurs voyageuses venues de très loin, elles ont souri et dit que c'était sans importance. Viens-tu d'assez loin pour que ce soit sans importance pour toi ?

Mes gestes sont retenus, mais il y a de la rage dedans quand même. Je plaque les doigts sur ma pommette, désigne mon oeil violet. C'est rare, le violet, non ?

Ca.

Une main levée, j'arrache le peigne de corne aux fortes dents qui tient en place mes cheveux roulés en tas, à la diable, comme d'habitude. Tout s'écroule en désordre, je saisis une grosse mèche et la tends, le poing fermé. Blanche. Même pas blond clair, même pas un peu grise. blanche.

Ca.

L'autre main, je la tends et je saisis ton poignet. Le contraste est frappant... Pas seulement le fait que mon teint est deux tons plus sombre que le tien. Mais même dans l'ombre des arbres, la nuance se marque. Une peau claire, dorée. Une peau sombre, bleutée. Pas juste hâlée, Nadhir. Mauve. Inhumaine.

Et ça...

Je lâche son poignet, la mèche de cheveux, je me redresse, droite comme une épée, les mains posées à plat sur les cuisses. Inspiration, expiration. Maîtriser le tumulte, garder le visage immobile, ne pas trembler. Et parler, calmement, posément.

Tu as vu tout ça, je le sais.

Tu n'as pas grimacé de dégoût ni tenter de me tuer (un sourire, non, un rictus), c'est que tu ne sais pas. Puisque tu veux savoir, voilà.

Je suis pour moitié comme toi, pour le sang. L'autre moitié vient de ceux qui ont massacré les vôtres. Ils ont été vaincus et repoussés dans leurs cavernes, mais pas sans quelques décennies de carnages. Ce sont ceux-là qui m'ont élevée. Cette poignée de survivants, terrés comme des rats depuis leur défaite. Ou celle de leurs pères. Nourris à la haine et à la rancune, comme ceux de ta race que j'ai croisés depuis que je suis sortie de là.

Mais moins dernièrement... Tiens, étrange, ce détail... Il me frappe seulement maintenant.

Pas le moment de perdre le fil, 'Nea... Reviens à l'essentiel.

Si tu viens de trop loin pour savoir ça, te voilà informé.

Voilà pourquoi j'apprécie les cavernes. J'y ai vécu toute ma vie.

Voilà aussi pourquoi je ne les connais que peu. Parce que j'ai toujours vécu dans la même.

Plus rien à dire...

Incapable d'en dire plus dans l'immédiat de toute manière.

Juste essayer de tenir bon, sans frémissement, sans signe de peur ou de nervosité. Froide et dure comme la pierre. En surface...

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Et le sommeil l'emporte plus vite qu'elle ne l'aurait cru possible. A peine sa tête s'enivre du contact des peaux qu'elle perd pied. Totalement. Un gouffre, un néant de pensée, une vie de conscience.

Le magicien se doit de maîtriser l'esprit, et parfois cela lui permet de maîtriser la chair.

Anamaya sent son esprit glisser. Elle ne le maîtrise pas. Un simple regard, de ses yeux clos, et elle à l'impression qu'elle n'est plus là où elle voudrait. Qu'un souffle de vent l'a emportée très loin, si loin qu'elle ne se sentira plus jamais complète. Légère comme le vent qu'elle aime tant. Elle ouvre les yeux, et son corps est là devant elle. Elle cherche à le toucher, sentir la tiédeur d'un corps endormi mais n'y parvient pas, traverse la coquille vide.

Elle se dirige vers la sortie de la grotte, hésite puis tend le bras. Cinq doigts malhabiles cherchent la limite d'un monde qu'ils n'avaient jamais effleuré... Puis ce fut un bras qui s'expose, et tout un corps. Anamaya reposait dans une lumière différente de celle de la lune, mais surtout, elle n'en souffrait pas...

Ses compagnons, plus loin, sous un arbre. Elle avança vers eux, un peu inquiète car aucun son ne sortait de sa bouche. Les cordes vocales ça reste sur le corps ça... Elle regarde ses pieds nus et les herbes hautes qui les transperçaient. Elle distinguait à peine son corps... Le soleil sans doute le traversait jusqu'à la rendre presqu'invisible...

Ils parlaient, semblaient très appliqués, à tenter de se toucher d'un doigt imaginaire... Ana les voyaient mieux, maintenant, ces esprits de force qui entouraient leurs êtres.

Elle ne voulu pas les interrompre, et toucha du bout du doigt l'arbre derrière eux. Sa paume traversa un peu la couche d'écorce, puis elle se sentie repoussée... Etrange...

"C'est étrange, on dirait que je suis morte" se dit elle...

Elle grimpa à l'arbre et s'allongea sur une branche au dessus d'eux. L'arbre ne broncha même pas... Pas étonnant de toute façon puisqu'elle ne pesait rien... D'une oreille distraite elle entendait leurs paroles

Ce n'était pas très poli, elle le savait. Mais se raccrocher à quelque chose de vivant, d'humain la rassurait alors qu'elle essayait de comprendre ce qui lui arrivait. Et alors une fois qu'elle aurait trouvé un début de réponse ou un moyen de communiquer, peut être allait elle les interrompre...

La tournure de la conversation coupa net ses cogitations, cependant. Elle était arrivée alors qu'ils parlaient des roches, et Eyleen en était à tenter de faire comprendre à Nadhir qui elle était. Visiblement ses origines auraient dû poser problème, mais Ana ne compris pas vraiment en quoi. Elle se penchait un peu pour mieux voir ce qu'Eyleen voulait montrer, et la branche en profita. Anamaya avait jusqu'à lors une drôle de sensation. Celle d'être "repoussée" par l'esprit de l'arbre. Elle en avait monté une théorie. Mais faisant glisser son esprit en direction du bas, la branche l'y repoussa également et elle tomba.

Il n'y eu pas de boum, car elle ne pesait rien.

Sa main "heurta" l'épaule d'Eyleen tandis que son pied se voyait éviter de peu une visite dans l'estomac royal. Chacun des 2 esprits avait "repoussé" celui d'Ana, entraînant comme une sensation de tension.

Au sol, elle pensait qu'ils ne s'étaient aperçue de rien. C'était sans compter sur l'ombre qui rendait chaque chose plus opaque. Elle ne faisait pas exception bien que sa transparence ne laissait pas de doute sur le fait que quelque chose n'allait pas.

Elle fit la moue, et eut un vague salut un peu désolé alors qu'elle se remettait debout. La moitié du corps visible dans l'ombre, l'autre moitié traversée par la lumière, qui faisait irradier l'air.

Décidément, ils étaient déjà pas très débrouillard tout deux, mais pour une fois qu'ils étaient sur la bonne voie...

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Au moins, me voilà fixé sur ce qu'elle voulait me dire... craignait me dire. Devait m'avouer sans doute.

Elle me montre la couleur de ses yeux, dans lesquels je pourrais facilement me plonger et oublier le temps.

Elle me montre celle de ses cheveux, qui me rappellent l'écume d'une mer lointaine, farouche, vierge, et tumultueuse.

Elle me montre sa peau, comme si le fait qu'elle soit plus sombre que la mienne, et bien plus claire que celle que j'ai eu, pouvait me troubler.

Mais jusqu'ici, ce ne sont que des détails, sur lesquels je m'attarderai volontiers, dont il me manque le lien.

Tout celà pointe effectivement vers ce dont j'ai entendu parlé comme étant des elfes noirs.

Le rictus de haine en moins.

La peau pas encore assez sombre néanmoins.

La frénésie de meurtre qui manque.

Mais elle me confirme. Je rajoute les pièces manquantes.

Une bâtarde, humaine-elfe noir. Elevée par les seconds dans la haine des premiers. Ca n'a pas dû être facile, étant ainsi de sang mêlé.

Et évidemment, à évoluer entre ceux dont elle ne peut se sentir proche, à cause des guerres dont elle est issue, ça continue à être difficile.

Dans mon esprit, les pièces affluent, les incompréhensions, les doutes, les observations étonnées, tout ça se met en place.

J'ai retenu un coin de sourire quand elle s'est comparée à moitié à moi. Il y a encore beaucoup à dire.

Elle a raison, je viens de trop loin pour avoir su ça.

Je viens de trop loin...

Je ne sais encore comment répondre, à part d'un regard qui peine à comprendre encore en quoi les méfaits que nos parents présumés auraient perpétré pourraient me faire changer d'avis sur elle?

Moi le premier serait incapable de juger sur la simple race d'un autre être vivant.

Et puis, non, nos propres actes et notre propre âme sont ce qui nous définit, pas ceux de nos parents, pas ceux que l'on nous prête.

Tout attentif à son discours, et ses gestes, je ne me suis pas rendu compte de la présence qui virevoltait à notre côté.

Et c'est une Anamaya d'ombre et de transparence que j'aperçois tout d'un coup.

Il me faut quelques instants pour me persuader que ce n'est pas une simple hallucination, d'autant qu'Eyleen elle aussi a réagit à ce spectre d'Ana.

En plein soleil, elle va y prendre goût, même si ce n'est jamais elle.

Ana, c'est toi?

Un instant de doute. Les esprits ne quittent pas habituellement leurs corps, sauf...

Un regard d'alerte vers Eyleen.

La tasse de tisane qui roule sur l'herbe.

Un bond félin qui me remet sur pied.

Et un sprint vers le corps inanimé d'Anamaya.

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Un choc très léger.

Une silhouette.

J'étais tellement concentrée sur lui que j'ai eu du mal à réaliser...

Puis il a dit son nom, au moment où je la reconnaissait. Une forme éthérée, presque impalpable... Comme un rêve ou...

Ou...

Il s'est levé d'un bond et a couru vers la grotte.

Mais Ana est ici, devant moi. Elle me regarde, ce n'est pas une illusion.

Je me lève également, lentement, comme si un geste trop brusque risquait de la dissiper.

Ana... Tu...

J'ai levé une main vers son épaule, je sens comme une résistance ténue, comme si je devais traverser des toiles d'araignées impossibles à casser. Elle est ici.

Ana... Qu'est-ce qui t'arrive ?

Ne me dis pas que tu es morte. Je ne veux pas entendre une chose pareille. Ne me dis pas que ce sont les fleurs.

La panique fait trembler ma voix.

Viens...

Viens, s'il te plaît...

J'essaie de l'attirer avec moi vers la grotte, mais mes mains traversent le vide...

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La tasse a fait plus de bruit qu'Ana en touchant le sol...

Sensation de vide.

Au moins ils arrivait à la voir, c'était déjà ça...

Eyleen qui tente de la toucher, mais qui sans s'en rendre compte vise à côté...

La voir, ou la discerner?

La jeune femme observe Nadhir courir vers la grotte. Elle aura presque pu dire "le coeur battant", si elle en avait eu un. C'est amusant comme certaines expressions perdent leur sens parfois.

Il est parti inquiet. Elle se demande ce qu'il va découvrir. Elle n'a pas la sensation d'être morte. C'est différent des passages habituels, des tourments et du passage en recycleuse.

Un regard vers Eyleen. Elle semble ne pas apprécier non plus l'expérience. Peut être pense t-elle que les pétales ont quelque chose à voir avec ça? Ana le pense aussi.

Mais c'est bien inutile de se rendre malade alors que tout est peut être déjà joué, non?

Elle fait un signe de main pour attirer l'attention d'Eyleen.

Elle se montre du doigt, puis fais avancer deux de ses doigts dans les airs comme si ils marchaient. Enfin elle conclu son petit manège par un grand sourire à pleines dents.

C'était pas terrible pour communiquer ça, mais cela la rassurerait peut être.

Anamaya hésite. Son inquiétude ne disparaît pas totalement avec sa volonté de vouloir rassurer la guerrière.

Finalement, elle tend la main vers la joue de la femme, sans réussir à la toucher réellement. La tension est là, bien réelle. Un picotement ténu d'un esprit qui refuse de se mêler à un autre...

Anamaya sourit.

"Je vais bien, fleur de louve. Tu ne m'as fait aucun mal..."

Si seulement elle pouvait lui parler, la rassurer...

Modifié (le) par Anamaya
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"j'ai eu envie de me promener"... ou quelque chose comme ça.

Le sourire est éclatant, même sur un visage presque transparent.

Puis elle me touche, à nouveau ce contact qui n'est pas un contact, cette sensation un peu nauséeuse, comme si elle frôlait du bout des doigts ma chair vivante dépouillée de sa peau. J'ai envie de me rejeter en arrière tellement j'ai l'impression qu'elle touche... quoi ? Mon esprit ? Ce mot ne convient pas, mais je n'en trouve pas d'autre. Cette chose qui anime la chair et qui provoque le souffle. Je ne sais pas... Mais tout ténu qu'il soit, c'est un contact trop personnel, intime, et je...

Je l'entends.

"...aucun mal..."

J'ai entendu, pas de mots, évidemment, mais entendu quelque chose qui s'écoulait par ce contact. Quelque chose de lumineux, gai et vif. L'image exacte que je me fais d'elle. Mais sous les non-mots qui rassurent, je la sens... Et elle est inquiète.

J'ai achevé mon mouvement, le pas en arrière, et aussitôt que le contact a disparu, cette conscience d'elle s'est évaporée avec l'impression désagréable qu'elle avait les doigts posés sur mon cerveau à nu. Je la regarde, les yeux écarquillés, le coeur qui s'essouffle. Elle me touchait et je l'entendais. Elle ne me touche plus et je ne l'entends plus.

Il faut essayer, même si c'est difficile à supporter. Je serre un peu les dents, j'avance lentement la main vers son bras. A nouveau l'impression d'appuyer sur quelque chose d'infiniment flexible, mais de terriblement vivant... La sensation vertigineuse, la proximité trop intense, trop profonde. Mais j'ai l'impression de la sentir à nouveau, une étincelle qui danse, pleine de vivacité et... d'anxiété. Elle a peur.

Et moi aussi.

Je pense à Nadhir qui doit être arrivé près de son corps, à présent. Peut-être qu'il l'appelle, qu'il la secoue, mais je n'entends pas. Bref éclair de pensée égoïste à l'idée que je n'aurai pas ma réponse, serrement de coeur brutal et douloureux, que j'écarte de mes préoccupations immédiates. C'est comme ça. Tant pis. D'abord elle.

Ana... Qu'est-ce qui se passe ?

Qu'est-ce qu'on peut faire ?

Modifié (le) par Eyleen
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Violence.

Douleur d'un retrait, de la fin d'une communion.

Je t'ai fait mal? Pardon....

Ana se referme sur elle-même, elle ne pensait pas, elle ne voulait pas...

Et elle se rapproche à nouveau comme si elle voulait tester encore... Si ça te fais souffrir alors pourquoi?

Es tu curieuse, Eyleen, de savoir ce que ça fait que de sentir une telle communion d'êtres?

Ce qu'est cette situation, je ne sais... mélange de peur et de curiosité, comme lorsqu'un semeur de mort vous poursuit et qu'on cherche à voir combien de temps on arrivera à le balader dans le désert où les ruines avant que la fatigue, le salut ou la mort ne vienne ...

Tu tends ta main vers moi, et je vois cette aura autour de toi qui se rétracte, une appréhension... Je le sens moi aussi, je me demande ce qui te pousse à renouveler ce contact qui ta fais reculer, qui t'as... dégouté peut être?

La sensation revient, et je me sens à nouveau moi et toi , à la fois là et partout, c'est étrange...

Et une image s'impose à moi, celle de Nadhir qui part, je sens une sourde déception qui m'oppresse...

Ainsi tu m'en veux?

Et ton esprit se joins à moi, et cette fois c'est à moi d'être surprise lorsque ta pensée glisse vers moi, indistincte, comme si elle s'était formée directement à mon intention, c'est étrange...

Je ne comprend pas tout mais, oui...

L'homme parle, mais il ressent plus facilement que le langage ne s'exprime. Elle a compris plus facilement le ressenti de la guerrière que son idée formulée.

Un sourire...

A nouveau l'image de Nadhir qui s'en va, puis un souvenir de la situation passée, elle attendait probablement une réponse de lui, oui...

La sensation de chagrin, de volonté de demander pardon qu'elle déverse...

Elle ne sait pas ce qu'elle a interrompu, mais cela semblait compter pour elle alors...

"Je ne sais pas ce que l'on peut faire..."

Elle lui montre les fleurs qu'elle a avalé, puis le souvenir de ses jeux dans l'eau, lui fait partager la sensation d'épuisement qui en a résulté... En plus des émotions...

Son esprit glisse ensuite vers la sensation de rejet de l'arbre, comme celle qu'elle a eu avec elle ou l'estomac de Nadhir...

Mais elle revient sur l'image de son corps que sa main a traversé... Elle ne peux dissimuler l'angoisse qui la taraude....

A dire vrai elle ne peut rien dissimuler...

Oppression, crainte que quelque chose qui ne doit pas être dit soit si facilement divulgué, et son rêve s'interpose, la sensation de froid, de mort, de peur, la forêt... trop vite pour qu'elle ne la contrôle, elle secoue la tête, la repousse, se reconcentre...

Revenir oui il faut revenir les fleurs, le corps traversé, les brins d'herbes qui transperçait son essence...

Idée de mort, son regard devant la recycleuse... Non c'est différent, elle est toujours là, elle interagit, elle ressent... Elle est. Tout simplement.

Tout est allé très vite, l'esprit conceptualise à une vitesse, elle est soucieuse à nouveau, elle espère qu'elle n'a pas été brutale, que le message est passé, qu'elle ne l'a pas a nouveau déçue, ou blessée...

Elle ne pourrait se le pardonner..

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Tout, elle sent tout, je sens tout d'elle, elle s'affole et elle m'affole, du coup, alors on se calme, on s'arrête, on respire...

Respire...

La bizarrerie du contact reste, mais je m'y fais. J'ai levé mon autre main, serré son autre bras, je me force à garder les yeux plongés dans la transparence qu'elle forme entre mes mains ouvertes. Et je respire, lentement, profondément. Calme-toi, Ana, calme... On n'arrive à rien quand on s'affole, quand on panique, d'abord calme-toi, et laisse-moi me calmer aussi, réfléchir, réfléchissons ensemble avec cette conscience commune, à laquelle je ne comprends rien. Peu importe, on n'a pas besoin de comprendre quelque chose tant qu'on l'utilise avec prudence, je te sens penser, ressentir, et je sais que...

Une seconde de gêne, je sais que tu as perçu des pensées qui n'ont rien à faire avec ce qui t'arrive en ce moment, et je t'en demande pardon, c'était juste... mal tombé pour moi, mais c'est rien, Ana, j'ai l'habitude, ça arrive tout le temps, c'est pas grave... Je ne parle même plus, c'est inutile, il suffit de te regarder, d'accepter le contact, même si quelque chose en moi se révolte et cherche à se terrer au plus profond, quelque chose qui ne supporte pas le danger, le risque, qui a vécu protégé derrière ma peau, mais là, je n'ai plus de peau, pas pour toi. Je me demande même si tu me vois, ou si tu ne vois que cet enchevêtrement de couleurs et de lumières diffuses que je vois moi-même...

Ca colle le tournis ce truc.

C'est totalement insensé, et pourtant. Mes sens te perçoivent, et je les crois. Ils me trompent rarement. Je ne vois pas pourquoi je les mettrais en doute, là, maintenant... Je te regarde fixement, mais mes yeux sont juste un support, en fait je me concentre sur toi, et sur ma respiration, j'essaie de la rendre lente et profonde, régulière, d'apaiser mes frayeurs et le tumulte de mes émotions, et les tiennes en même temps, tes émotions qui palpitent entre mes mains comme si je tenais un oiseau apeuré. Calme, calme, paix, silence...

Maintenant nous pouvons chercher.

Je reçois ta peur et ta fatigue, le relâchement du corps et de l'esprit dans l'eau des sources chaudes. L'épuisement profond, l'allègement de l'âme sous l'action de l'infusion... Il y a quelque chose en plus, quelque chose en trop que je ne comprends pas. Ces fleurs sont inoffensives...

Il faut que tu me montres, Ana... J'ai bu de ces infusions, j'étais épuisée parfois, et pourtant jamais je ne suis partie à l'aventure hors de ma propre chair... Il faut que tu me montres ce qui rend les choses différentes... Pour qu'on trouve une solution.

Modifié (le) par Eyleen
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Elle accepte, quelques retenues mais elle accepte, et c'est avec une volonté nouvelle qu'elle cherche, qu'elles cherchent.

Sensation d'éloignement, oui si elle en as pris aussi alors pourquoi Ana a t-elle droit à une décorporation?

Elle remonte en arrière elle se repasse les sensations qu'elle a éprouvé en quittant son corps, la sensation d'abandon, de glisser... oui elle l'a quitté ça elle s'en est aperçue, mais comment?

Elle la fixe, elle cherche la différence...

Des images vacillent derrière ses paupières d'ombres, elle cherche dans son passé, sous les pierres du temple, entre les rayons des bibliothèques poussiéreuses où elle ne croisait personne, derrière les fagots de bois entreposés dans la cave, dans l'une des cahutes des constellations, mais cela ne lui évoque rien...

Elle soupir dans un souffle qui ne crée rien, elle se sent à l'étroit dans son être, bizarrement. Et puis elle se demande si elle peut toujours faire de la magie. Loin de son cristal cela semble compromis... quoi que certains sorts simple n'en nécessite pas

Ses mains ne rayonne pas, elle n'arrive pas à lancer de soin sur la peau d'Eyleen, ou peut être est ce parce que celle si n'est pas blessée...

Elle regarde ses mains, la paleur de son être, et pense avec amusement qu'elle ressemble encore plus à l'un de ces fantômes ailé qu'elle avait vu dans un livre une fois...

Alors par curiosité elle pense très très fort à cette image, à la douceur des plumes, à la beauté du trait, elle s'imagine avec ces ailes, comme elle s'entraînait à le faire il n'y a pas si longtemps...

Et ses omoplates tirent, et la magie s'agite, l'esprit qui impose à l'esprit, voilà le lot des magiciens...

Elles se déploient quelques instants ailes venues de nulle part, avant d'y retourner dans un claquement léger de feuille qui se détache.

Une sensation d'allégresse s'empare de la jeune femme, sensation en rien due au fait d'avoir réussi à faire apparaitre un bout de corps qui n'existe pas...

La différence, la seule différence qu'il peut y avoir entre elles deux, c'est qu'elle est magicienne, de l'air de surcroit. Et que, depuis toujours elle a toujours été appelée par l'envie de voler, par le détachement de ce carcan de chair...

Et la magie, qui coule dans ses veines et fait vibrer ses sens... Elle met en exergue son esprit, elle se dilue dans tout son corps, elle la consume...

Peut être que, un excès de magie, et ces fleurs qui guident vers un sommeil sans cauchemar ont détaché ce qu'elle est de la chair, libéré son être...

Ana tourne la tête... C'est idiot, elle n'y a même pas fait attention mais, c'est la toute première fois qu'elle le voit.... Le soleil.

Ici il ne semble pas menaçant...

Elle fixe à nouveau Eyleen

" Le monde est si beau sous cette lumière... Bien moins effrayant que la clarté pâle que lui donne la lune..."

Sensation de bien être qui se coule en elle.

Oui la magie l'a déliée de son corps, un mauvais mélange qui l'a envoyé bien loin d'elle-même...

Peut être faut il attendre la fin de l'effet des pétales?

Peut être que son destin était d'être là, en cet instant, et de comprendre quelque chose. La vision fugitive de la statue d'Eolia.

Elle veut croire en son destin, et il n'est pas dit que sa route devait s'arrêter là.

Elle revient alors à ce qui l'a étonnée. L'image de la guerrière qui montre certains endroit de son corps à Nadhir, comme provocante. Une image... tournée en question.

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Je la suis dans les méandres de sa mémoire, je touche avec elle les vieilles pierres grises et les tranches de cuir des livres antiques. Je fouille les lieux où elle a vécu, où elle vit, et toujours sous la lumière froide de la lune et des étoiles... Jamais un rayon de soleil. Etrange...

Et surtout rien qui peut donner à comprendre pourquoi elle se tient ici, si loin de sa propre chair. Rien à part cette impression de confinement perpétuel. Cette impression qui est le contraire de ce que je ressens... Elle savoure le soleil interdit, alors que je l'évite. Elle recherche l'évasion et l'espace, alors que je ne me sens bien qu'entre des parois de roche bien solides et compactes...

Mais peut-être que c'est là la solution. Je la contemple pendant qu'elle joue avec son apparence, pendant qu'elle déploie sa magie, la fait miroiter au soleil qui la ravit. Oui, peut-être que c'est ça. Elle aspire à la dispersion, faite de brise et de lumière mobile, quand moi et tous les miens (les miens...) vivions terrés, serrés les uns contre les autres, dans la peur permanente d'être découverts. Les fleurs nous apportent un sommeil paisible, c'est ce que nous cherchons. Elles lui ont apporté la liberté qu'elle espérait.

Est-il possible que ce soit aussi simple ? Elle regarde droit dans le soleil, et elle sourit... Et pourquoi pas ? Pourquoi est-ce que tout devrait être tordu, compliqué, insoluble ? Les effets des fleurs... Différents sur chacun, en fonction de sa vie, de ses peurs, de ses désirs...

Puis l'image surgit. Cette femme aux cheveux blancs, agenouillée, et l'homme assis devant elle. Elle a quelque chose de dur et de désespéré, et lui, ses yeux sont pleins d'incertitude. Je ne me reconnais pas tout de suite, c'est lui que je reconnais. Vu d'ailleurs. Par elle. Et je sens qu'elle s'interroge. Qu'elle m'interroge...

Et là je détourne les yeux, un bref instant. Je n'aime pas l'expression qu'il y avait sur mon visage, elle sentait trop l'anxiété, l'amertume, les dents serrées comme quelqu'un qui se prépare à recevoir un coup. Le coup n'est pas venu, et c'est presque pire. L'incertitude plantée dans mon flanc comme une flèche brisée, une souffrance que chaque mouvement réveille. Un seul moyen pour que ce genre de blessure guérisse, arracher la pointe. Et puis attendre. Cette blessure-ci me fera mal longtemps, la pointe reste...

Ca ne répond pas à ce qu'elle veut savoir, mais est-ce que j'ai envie de lui dire ? En même temps comment lui cacher les pensées qui défilent dans ma tête, les visages à la peau sombre, fermés, qui ne sourient pas, les yeux de ma mère, qui hésitent et qui pleurent, et le sourire rayonnant de la petite... Elle m'aimait. C'était la seule. Puis ces autres visages, trop pâles, indifférents au mieux, haineux au pire, cette scène que je garde gravée au coeur, la mise à mort d'un des miens, les hurlements de la foule, comme des bêtes à la curée, et le dégoût, le dégoût d'avoir fui cachée dans l'ombre de ma cape. Tant de visages... Ne jamais rester trop longtemps au même endroit, éviter les contacts, fuir au moindre regard soupçonneux, sinon il faudra tuer. Cet autre soir dans la cour d'un relais forestier, sept cadavres et le mien, et cet homme aux traits anxieux, je n'ai jamais su pourquoi il a tenté de me sauver, puisqu'il a échoué et que je suis morte... Je me souviens du pas du cheval et de la chaleur de son corps autour de moi... C'était une mort douce.

Son regard et ceux des femmes qui sont venues ensuite, ces femmes avec qui je partage ma vie à présent... Les seuls que je ne crains pas. Elles ont choisi de m'accepter malgré mon sang souillé, je leur dois la discrétion, je continue à cacher ce que je suis, pour ne pas attirer sur elles la haine qui m'a toujours suivie.

Alors pourquoi est-ce que j'ai voulu qu'il sache, lui ? Je n'en sais rien. Peut-être pour qu'il éloigne de moi ces yeux qui voient trop loin. Ou alors... Je n'en sais rien, Ana. Je ne te mens pas, comment le pourrais-je, je ne peux même pas t'empêcher de voir tout ça, pas plus que je ne peux m'empêcher de le voir moi-même. Mais c'est sans importance, pour le moment, il y a plus urgent, toi. Savoir pourquoi tu flottes dans le soleil, savoir aussi si tu respires encore, ou si tu respireras. Est-ce que tu vis, Ana ? Je crois que tu vis, ton corps en sommeil, mais que sais-je, moi, des détours de la magie ?

Les fleurs, tu crois ?...

Leur effet dure plusieurs heures. Mais il existe un moyen de faire cesser leur effet... Le sommeil qu'elles donnent est profond et paisible, mais parfois il faut s'éveiller vite, pour se battre ou pour fuir. Nous connaissons l'autre plante, celle qui éveille...

Si tu le veux...

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Des visages sombres dans une valse de haine, de crainte, sensations froides que la jeune femme ne connaît pas, en a toujours été épargné... Souvenir de peur et de fuite, écho d'un malaise... C'était si différent. Anamaya apprit une nouvelle chose; les esprits ne peuvent pas pleurer. Pourtant elle en sentait la demande, présente au fond d'elle-même. Des boyaux inexistant qui se tordent, qui se désole pour la guerrière. Nulle pitié dans l'amitié, juste les conséquences de l'apprentissage d'une violence qu'elle ignorait.

Elle ne s'était jamais posé plus de questions quant à la couleur de peau d'Eyleen, ou de ses yeux, outre que, vaguement elle s'était dit que les vêtements rouges ne devaient probablement pas très bien lui aller. Ils avaient bien un semi-troll parmi eux... En quoi la prison de chair était il un critère pour condamner l'Homme? Les actes lui semblaient bien plus révélateur d'une personne que ce mirage d'apparence... Après tout elle avait la preuve que les yeux ne voyaient pas tout...

Tant de visages et d'expressions... Elle en était submergée. Elle revit la jeune guerrière dans le domaine des Kaernos, la fois passée, comprenant alors mieux son attitude, son aura défensive et ses murailles... C'était... triste, même si c'était ainsi...

L'image d'une autre plante s'imposa à son esprit, Eyleen avait, apparemment un moyen de la réveiller....

Mais voulait-elle réellement se réveiller? Revenir dans son corps, être à nouveau entière et pourvoir s'exprimer, toucher, pleurer...

A nouveau prisonnière. C'était une cage d'argent peut être, mais une cage tout de même, geole faite de peau et d'os qui la contraignais à demeurer dissimulée. Elle eu la sensation que pendant toutes ses années elle n'était pas restée cloitrée au temple plus qu'en elle-même.

Une sensation d'étouffement qui monte, un refus, une crainte irréelle. Maintenant qu'elle se sent libre, pourquoi s'enchainer à nouveau ?

Un regard de détresse qui glisse vers le soleil, une lueur de chagrin au fond de l'abime de ses yeux.

Etrange... C'était aussi la première fois qu'elle eu l'impression d'une injustice en ce qu'elle vivait...

Qu'elle crime avait elle hier commis pour passer toute cette vie à exister à rebours des autres? Comment aider si elle n'est pas là quand il le faudrait....

un soupir mental. Ceci est le chemin qui lui a été donné. Non la lumière mais l'obscurité. Elle est lumière dans l'obscurité.

L'un et l'autre, l'un jamais sans l'autre. Il devait en être ainsi.

Vaincu par elle-même, elle semble se vouter. Choisir de demeurer ainsi, de les inquiéter outre mesure, de ne plus avoir de corps et ne plus pouvoir aider ce serait bien égoïste...

Elle ne peut se l'autoriser, pas avec le chemin qui lui a été tracé...

Elle tourne le dos à cette lumière tentatrice. Elle sourit, tristement et ça se voit, probablement qu'elle a tout senti aussi, Eyleen...

Et bientot lorsque je m'éveillerais d'un sourire comme si tout allait bien, tu ne me croiras pas toi, hein...

Pourtant il faudra faire comme ci... Cela ne devrait concerner que moi, tout ces doutes et ces craintes. Mais le partage a été fait et quelque part je te remercie de l'avoir accepté ce partage....

Elle hoche la tête, en signe d'assentiment, pour que cette fleur lui soit donnée. Et que tout revienne dans l'ordre des choses....

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Ne sois pas triste, Ana...

Elle se détourne et s'éloigne, fantôme lumineux. Pour un peu je l'entendrais traîner des pieds... Le regret, la peine... Elle repart s'enfermer en elle-même, et malgré le contact rompu entre nous, je ressens le poids de sa tristesse... Ne sois pas triste, Ana... Tu en as le droit pourtant. Quand je pense que je trouvais mon fardeau lourd à porter...

Tu as disparu dans la muraille de roche, et je n'ai pas encore fait un pas, assommée par tout ce que j'ai appris de toi, éprouvé avec toi, tout ce que j'ai laissé échapper que je voulais garder secret. Quelques secondes à peine et tu m'es devenue plus proche que mes Roses, plus proche que personne. Plus proche sans doute que qui que ce soit ne pourra le devenir... Plus qu'une soeur. Et il y a un jour je ne te connaissais pas. Ca m'étourdit...

Bouge, 'Nea. Ne la fais pas attendre.

Je regagne la crevasse, m'y glisse, et débouche dans la caverne à la pénombre douce. Là, à gauche, je vois la forme agenouillée de Nadhir, une main anxieuse posée sur ton épaule nue. Il lève à peine la tête... et toi, tu es là, tu flottes tout près, nuage triste et résigné.

Je vais droit à l'étagère, au coffret de bois noir où j'ai rangé les quelques reliques de ma vie d'enfant. Je le vide sur la table, à côté du petit sac de fleurs violettes. La fiole de verre bleu, vide depuis longtemps... Je la rince plusieurs fois à l'eau claire, la sèche de mon mieux en la secouant. Je sais que vous êtes deux à suivre mes gestes... Un bref regard vers vous, tes yeux d'ombre vaporeuse, et les deux éclats d'or dans ceux de Nadhir. Un bref sourire, pour vous deux...

La fiole est propre et aussi sèche que possible, je prends le flacon contenant cette précieuse huile de louve... Elle est longue à préparer, très rare, cette graisse qui tient au chaud l'hiver les mamelles des mères dont les petits sont venus à la mauvaise saison... Une huile riche, dorée, très fine. La poudre qu'il me faut dort dans son sachet de soie. Une autre fleur, blanchâtre et transparente, vaguement luminescente pour attirer les insectes des grottes. Longuement séchée et broyée, elle donne cette poudre qui ressemble à de la cendre argentée. Trois pincées dans la fiole... Une... deux... trois... Je verse l'huile avec précaution. Il y a un petit trait à deux doigts du goulot, j'arrête de verser, je replace le bouchon de verre rodé, et j'agite vigoureusement le mélange.

Voilà...

Une dernière chose. Dans un autre flacon au solide bouchon de liège, je verse la moitié de mon huile de louve. Je l'enferme dans le coffret avec la poudre argentée et le sachet de fleurs violettes. Puis je prends le coffret, et je vais le poser sur la chaise, non loin du feu, où ta robe finit de sécher. Je ne crois pas qu'il soit nécessaire de parler...

Je peux revenir auprès de vous à présent. Quel sentiment étrange... Je me sens à la fois gauche et bizarrement légère... Comme si un peu de ton flottement m'avait gagnée et me donnait le pied plus léger que d'habitude. Nadhir se tient tout près de toi, tu reposes allongée sur le dos, les yeux clos, les cheveux répandus sur les fourrures claires. Je le contourne, brusque pincement de gêne au creux de l'estomac, et la gaucherie prend le pas... En passant près de toi-le-fantôme, je te souris. Mon cadeau, Anamaya... Une liberté factice, peut-être, mais je ne peux guère plus.

Je m'agenouille à mon tour de l'autre côté du corps endormi, sur les fourrures épaisses. Ma main qui tient la fiole bleue ne tremble pas. D'une légère pression sur ton menton, j'entrouvre ta bouche inerte. Et je verse doucement, une goutte, deux, trois... sept gouttes. Je referme le flacon, le pose dans ta main ouverte. Je n'ose pas regarder Nadhir, ni regarder ta forme flottante, savoir si elle s'estompe ou se trouble ou disparaît... J'espère juste... Dans les contes que ma mère me chantait, les princesses endormies n'avaient pas d'autre visage que le tien, en ce moment. Il est détendu, lisse et frais, la mèche sombre qui lui barre la joue est de trop, je la repousse... Dans les contes que ma mère me chantait, on éveillait les princesses endormies sans potions ni tisanes... On les ramenait aux vivants en leur offrant le meilleur de la vie. Je te ramène à ta prison, j'ai juste cette maigre clé en échange, les fleurs et l'huile, pour entrer et sortir, aller danser dans le soleil comme une princesse cabocharde et indisciplinée... Sept gouttes d'huile douce, et un baiser... Juste pour refermer ces lèvres entrouvertes, tout léger... Dans les contes que ma mère me chantait, ça marchait toujours, mais je ne suis pas le prince sombre que tu attends... Eh oui, petite soeur, j'ai vu cela aussi, un visage entraperçu, dissimulé, caché au plus profond de ton esprit... Je ne comprends pas, mais je n'ai pas à comprendre...

Sept gouttes d'huile douce, et un baiser...

Reviens, petite soeur...

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C'est le corps d'Anamaya que je découvre, après avoir rencontré son esprit.

Elle pourrait être en train de dormir.

Elle pourrait être morte.

Je la découvre à la lisière entre les deux.

Mon doigt contre sa jugulaire, un battement lointain.

La peau fraiche. Froide même, légèrement perlée de transpiration.

Sortie d'elle-même. Ce n'est pas commun.

Et c'est dangereux.

J'entends quelques paroles venant de dehors, trop basses pour que je puisse les comprendre, mais j'imagine Eyleen en train de converser avec l'esprit d'Ana.

Les yeux sous ses paupières, ils bougent légèrement, comme pour suivre son regard à travers du rêve.

Ce n'est pas qu'un rêve.

Il suffit de se réveiller d'un rêve.

Ici, il ne faudrait pas qu'Anamaya oublie son corps.

Si son esprit s'en est ainsi désolidarisé, ce qui ne me semblait pas aisé pourtant, il lui est facile d'oublier les contraintes matérielles.

On les oublie, mais elles ne nous oublient pas.

Est-ce une légère réduction de son pouls, que je viens de sentir là?

C'est à ce moment-là que son esprit revient, accompagné d'Eyleen.

Ce serait le bon moment pour qu'Ana réintègre son corps, ça ne lui est pas naturel de respirer sans âme. Combien de temps résistera-t-il? Je n'ai pas envie de découvrir. Pas comme ça.

Suffirait-il que son esprit vienne se coucher-là?

Eyleen semble avoir une idée, je la suis des yeux.

Une nouvelle décoction, l'esprit d'Ana qui attend aussi, avec un peu de fébrilité.

Je ne suis que spectateur, un rien torturé par le suspense de la scène.

Elle m'a demandé tout à l'heure, cette même Eyleen, si je n'avais pas été inquiet de cette herbe inconnue donnée à Anamaya.

J'aurai peut-être dû, mais elle-même ne s'attendait pas à ce qui est arrivé.

Et maintenant, c'est vraiment de l'embarras que je lis sur son visage. Elle a une solution, et elle n'a vraiment pas envie que ça rate.

Moi non plus.

C'est un coup à perdre deux êtres chers, ça.

Quelques gouttes de la contre-potion.

Et un baiser qui effleure ses lèvres.

Comme une mère qui souhaite de beaux rêves à son enfant, mais à l'envers.

Un pincement au coeur.

Rien qu'un geste maternel hein?

Si facile.

Ca aurait été n'importe qui d'autre, à recevoir ce baiser, j'en aurai été fou de jalousie.

Heureusement, c'est Anamaya.

Je ne le suis qu'un peu.

Et je me force à ne regarder qu'elle, et à compter ses battement de coeur.

Sinon il faudra trouver autre chose.

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Nadhir et là près de l'Ana endormie alors que l'autre irréelle est posée derrière lui, observant ses gestes, son visage, celui de Eyleen concentrée sur ce qu'elle fait...

Etrangement cela lui rappelle sa concentration, toute à l'heure sur sa décoction... Pour sa main...

Un regard vers le bandage, puis vers son propre visage, si pâle, si calme.

Une envie de pleurer l'assaille à nouveau sans qu'elle en comprenne la raison.

De quoi se plaint elle? La nuit est sa mère et le vent son berceau. La solitude son guide mais jamais elle n'a été repoussée. Chaque fois qu'elle peut tendre la main elle se sent vivre à nouveau. Chaque coup qu'elle reçoit sans sombrer est une victoire sur son propre corps. Ne pas périr c'est leur montrer que la violence n'amène pas à tout les résultats.

Pour ne pas que, à force d'être goutée, ce mirage de mort sois vu comme routine. Car, lorsqu'il n'y aura plus la certitude d'une fin à tous les tourments, qu'est ce qui poussera les hommes à se relever, encore, et encore à part la lassitude d'une guerre sans raison dont les origines seront perdues sous le sable du désert?

Un soupir... Comment pouvait elle se permettre de se renier elle-même ainsi que le don que la Déesse avait lové en elle... Abandonner, se laisser aller à la facilité et au plaisir, sans penser aux autres?

Elle vit Eyleen déposer le coffret près de ses vêtements, et lui en su gré.

"A bon escient, Eyleen, je te le promet... Merci de me laisser rêver..."

On manque moins de quelque chose que l'on a sous la main... Savoir que l'on pourra l'atteindre avec facilité permet de repousser au lendemain son usage... Se dire qu'un jour prochain, quand elle le voudrait, elle pourrait à nouveau goûter à la douceur de la liberté lui donnait envie de continuer à être elle-même. Pour que ce cadeau ait un sens...

Nadhir accroupi ne semblait pas rassuré... Voilà qu'elle leur causait bien du souci à tous.

Allait il finir par avoir les cheveux d'argent avant même qu'elle ait passé tout un cycle de terre parmi eux?

Il allait falloir qu'elle apprenne à être plus... moins à sa charge à l'a venir...

C'est alors que vint quelque chose d'étonnant.

Une sensation de sucre sur sa langue...

Elle regarda son corps, et vi Eyleen penchée au dessus. Elle la vit se rapprocher, plongée dans une sorte de léthargie, alors qu'elle se sentaient comme... brouillée...

Et alors que les lèvres s'effleurèrent, elle eu la sensation d'un fourmillement d'esprit...

Contact des corps, contacts d'esprits, son essence semblait couler à nouveau...

Elle se pencha près du corps inanimé, effleurant l'essence du roi. Ce qu'elle y ressenti la stupéfia.

Jalousie? Légère mais là. Elle eut un sourire. Sa culpabilité fondit pour laisser place à une provocation qu'elle n'aurait jamais osé en temps normal.

Une décharge. Un coup de poing entre le coeur et le cerveau. Quelque chose qui voulait dire " Mais secoue toi, nounouille!"

Amusement aussi. "idiot" murmura t'elle.

Et le temps d'un clignement, elle n'était plus là, prisonnière entre ciel et terre d'un baiser de conte.

"Nous savons, maintenant... Yllanea"

Pas besoin de remerciement. plus besoin, désormais. Elle rangea ce nom tout au fond de son coeur.

Les lèvres s'écartèrent, mais la jeune femme ne broncha toujours pas. Son pouls continua à ralentir. Puis il y eu comme une explosion de sens. Elle eut un léger soubresaut, lorsque son carcan de corps repris ses droits sur son être.

gout

toucher

ouie

vue

la voix... C'est par l'une de ses pensées restée en écho dans son esprit, qu'elle exprima.

"Idiot"

Elle ouvrit les yeux. Elle voyait trouble mais devina un regard d'étonnement. Il fallait réfléchir... vite. Elle se rassit d'un bond, et leva un doigt en l'air, qu'elle fixa avec détermination. Au bout de quelques secondes elle le plia d'un geste sec, puis eut un grand sourire innocent.

"Y dioite avoir un meilleur moyen pour que je dorme sagement dans mon coin, non?

En tout cas c'était bien amusant. Quand est ce qu'on recommence?"

Le sourire innocent s'affaisse.

"Vous savez si vous m'étranglez maintenant pour déficience d'humour, ça aurait pas été la peine de se donner tant de mal... Soyez raisonnable..."

Modifié (le) par Anamaya
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Le soulagement, immense, qui révèle par contraste l'ampleur de la tension. Elle est revenue. Ca a marché. Je ne savais pas que j'avais eu si peur.

Je m'assieds sur mes talons, les épaules basses, la tête lourde, relâchée et flasque comme un chiffon. Elle est revenue... Je ne comprends pas ce premier mot qu'elle prononce, souris aux suivants. Facétieuse... Puis penaude. Comme si c'était sa faute. Elle n'y était pour rien, si quelqu'un est à blâmer c'est moi, et même, comment aurais-je pu savoir... Ses petites phrases taquines cachent autre chose, de la peur, du regret, autre chose aussi que je distingue mal. Tout est tellement plus brouillé maintenant... Tout était tellement plus immédiat, plus complet, quand nous nous parlions sans mots... Je garde encore en tête l'écho de mon propre nom, subtilement teinté par sa pensée à elle. Je n'avais jamais pensé qu'un nom est la propriété de celui qui le porte, mais qu'il est différent pour chacun qui le dit. Le nom que j'ai entendu est à moi, et à Anamaya... Mon nom, par elle...

Ca fout le tournis.

Redescends sur terre, 'Nea.

Arrête de dériver, de planer, de te perdre.

Elle est revenue, elle plaisante, elle va bien. C'est tout ce qui compte. Le reste, ce sera bon pour meubler ta prochaine insomnie.

Je me redresse un petit peu mieux, relève un peu la tête. Tout s'est arrangé en fin de compte. Ou presque tout. Tout ce qui compte, en fait. A part le fait que du coup, elle n'a pas pu se reposer... Un cauchemar et une fugue... Ton sommeil est bien agité, Ana...

Dormir sagement ? Et dormir sans qu'il t'arrive quelque chose de fâcheux, c'est possible ? Qu'est-ce que tu vas nous sortir la prochaine fois, Ana, une transe prémonitoire, ou une métamorphose ?

Je ronchonne mais je souris...

Pas demain la veille que je te ferai goûter encore à mes petits secrets exotiques, ça n'a pas l'air de te réussir... Tu nous as fichu la trouille...

Ca fait tout bizarre de dire "nous"...

Modifié (le) par Eyleen
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Les yeux rivés sur elle.

Sur elles.

L'esprit d'Anamaya encore derrière moi, elle devrait rentrer en elle maintenant, elle devrait...

Un sursaut.

Bousculé dans ma concentration, dans mon observation. Si mes dents n'avaient pas été fermement serrées d'un mélange d'angoisse et d'une douleur insidieuse, j'aurai pu crier. J'aurai dû crier.

Peut-être que ça m'aurait empêché d'entendre ce qui est parvenu à mes oreilles.

Non, pas à mes oreilles, le son s'est propagé comme le long de mon coeur, se réverbérant dans mon âme même.

Me secouer, idiot.

Qui résonne encore dans ma tête.

Parfumé d'un zeste d'espièglerie et d'une bonne dose de provocation.

La voix d'Anamaya. Ses pensées, ses sentiments.

Pris de court, par surprise, je n'ai perçu que cet instant.

Je sais ce qu'elle a pensé. Mais je n'arrive pas à comprendre ce qui l'a motivé.

Lui répondre, à Eyleen. Ne pas la laisser dans le doute, idiot.

Qu'a-t-elle entendu de notre conversation sous l'arbre, si seulement elle pouvait nous entendre?

Qu'a-t-elle pu ressentir lors de ces contacts où les esprits semblent se mêler comme les pensées?

Une question en suspens. Un regard implorant. Une attente de jugement.

Et pas de réponse, par l'arrivée d'un esprit qui tombe d'un arbre.

Tu crois que c'est facile, toi, de reprendre la discussion avec Eyleen, comme si rien ne s'était passé? Comme si tu n'étais pas passé, Anamaya?

Tu crois que je pourrais juste lui dire un mot, alors que c'est à moi de lui poser la même question, et attendre son jugement en retour?

C'est comme une mauvaise blague, dit comme ça.

Anamaya ouvre finalement les yeux. La première bouffée d'air qu'elle expire répercute sa dernière pensée. Et me vrille à nouveau l'esprit.

Je détourne mon regard. La gorge nouée. Heureux de la voir revenir à elle. Nerveux encore de l'inquiétude passée. Maudissant la situation.

La voix d'Anamaya, celle d'Eyleen.

Une torture presque.

Il suffirait... Il suffirait que je joue le jeu, que je blague à mon tour, pour terminer de détendre l'atmosphère.

Une répartie du tac-au-tac, un sourire charmeur, un clin d'oeil complice, rien de plus facile pour Nadhir.

Et pourtant.

Tu nous a fait peur, Ana. Je crois comprendre que ce sont tes facultés magiques qui t'ont permis de sortir de ton corps. Mais ce n'est pas à prendre à la légère.

Ca aurait pu être une remontrance. Du roi, ou d'un tuteur peut-être.

Juste une parole de prudence, parce que même moi je ne sais pas jusqu'où celà aurait pu aller.

Merci pour le remède, Eyleen. C'était bien vu.

Et je suis heureux que tu n'aies pas renié ces connaissances, de ton passé, ça aurait pu en coûter la vie à Anamaya.

Un contact éphémère, ma main sur la sienne, pour appuyer mes paroles.

J'aurais pu dire tout ce que je voulais pour essayer de la convaincre sur cette question restée en suspens.

Mais je n'ai ni le temps, ni la liberté de le faire ici.

J'espère qu'elle prendra cette bribe pour ce qu'elle est. Une preuve au delà des mots, et de quoi attendre le prochain moment où les astres s'aligneront, et où nous pourrons continuer notre discussion.

Je ne garde que l'espoir que ça arrive.

Je me relève.

Un long filet de lumière blafarde pénètre dans la grotte.

Le soleil tire lentement sa révérence.

L'heure du départ.

Les étoiles m'appellent. Il me faut les rejoindre bientôt.

Ana, comment te sens-tu? Je t'encouragerai à retrouver ton environnement habituel, c'est toujours comme ça que l'on se repose, et que l'on récupère, le mieux.

Si tu te sens encore un peu faible, ce qui ne m'étonnerait pas outre mesure, alors reste un peu plus ici, si Eyleen le permet. Je sais que tu seras entre de bonnes mains...

Il faudra que je me force à partir.

Il le faudra.

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Comme si tout allais bien. Eyleen accepte ce pas de danse, et la jeune prêtresse s'apprêtait à lui répondre que justement elle s'entraînait un peu à la métamorphose des objets, lorsque une gifle l'atteignit. Pas réelle, mais c'est ainsi qu'elle le prit, ce ton et ces mots, de la part d'un de ses pairs.

faille....

Pas à prendre à la légère, non... Elle se senti d'autant plus coupable d'avoir éprouver du plaisir à vivre ces quelques instants. Elle ne pourrait pas s'habituer à ce qu'on commence à s'occuper d'elle et qu'on encadre ses expériences de crainte et de méfiance, alors qu'elle était déjà adulte. Elle aurait peut être dû le souligner, il y a longtemps, quelque part entre les premiers mots et les sourires. Mais elle n'en avait jamais vu l'importance. Elle n'avait jamais saisi la différence, celle qui faisait qu'Eyleen et elle qui avaient vécue le même nombre de cycles de terre, soient vues et traitées différemment.

Ironiquement, à sa remarque, elle se replia sur elle-même, alimentant de son fait ce ressenti erroné. Tant de choses à apprendre, tant de choses qu'elle refusait d'avouer, de partager...

Elle observa avec un triste sourire le contact bref entre ses deux compagnons d'infortune, avant de détourner la tête, lovée, les genoux contre son menton. C'était si peu, c'était tant de choses qu'elle avait interrompu... La foi pour une fois, ne la tenait en rien. Se dire que ce qui avait été fait devait être et serait un jalon de demain, que si ils n'étaient pas allés plus loin c'était qu'il ne devait pas, pas encore, que peut être d'autres choses devaient être vécues avant... ne la rassurait pas.

Vague à l'âme et chagrin d'une situation gâchée dont elle se persuadait d'être la cause par égoïsme. Il aurait suffit qu'elle ne s'approche pas, qu'elle n'ait pas de crainte et reste dans la grotte à attendre sagement... Même cela n'est qu'idiotie. Elle se serait faite gourmandée de ne pas les avoirs prévenu. Dans tous les cas, elle aurait eu tort. Il aurait mieux fallu qu'elle ne vienne pas.

Mais il ne serait pas venu, et un pas n'aurait pas été fait... Une pierre est posée. Une pierre... promesse d'éternité.

fossé....

Elle se jura de ne plus l'inquiéter tant qu'elle le pourrait. Ne plus s'approcher de lui, ne rien lui confier, tant qu'il le faudrait. Ombre dans la nuit, lumière tamisée, elle resterait mirage si il n'y avait que ça qui lui permettait d'être elle-même. La magie est sa vie, elle coule dans ses veines. Son destin n'est pas de mourir ainsi, par des erreurs imprévues. Son chemin n'est pas fini et ne finira pas sur une inconscience. Ses fausses morts ne sont rien que des hypocrisies des hommes. Sa fin ne viendra que par le soleil, ça elle le sait. Lui elle le craint.

Plus un mot ni un secret, plus une charge ou une confidence. Rien que ne pourrait astreindre le roi à une crainte déraisonnée. Il semblait déjà avoir des difficultés à régenter sa propre existence en écho de son devoir...

Silence alors qu'il parle.

Il part déjà, et c'est un soupir qui l'atteint, tristesse pour Eyleen qui doit être déçue ou frustrée. Chagrin d'une demande à demi-mot, volonté de sa part de rentrer seul, insister pour qu'elle reste se reposer un peu plus ici, afin pour lui d'avancer devant. C'est son droit après tout, de faire le chemin en paix avec lui, sans compagnie aucune...

gouffre...

Elle ne le regarde pas

"Je rentrerai un peu plus tard, alors... De toute façon mes vêtements ne sont pas tout à fait secs. "

Et il faut que je m'excuse auprès d'Eyleen... Que j'accepte sa colère si elle en a contre moi...

Elle cherche des yeux la guerrière, son acceptation... Un peu humide, les yeux d'Ana? Sûrement la condensation,...n'est ce pas?

Modifié (le) par Anamaya
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Il la gronde comme un père et elle se tasse comme une enfant... Il n'est pourtant pas si vieux, ni elle si jeune... Peut-être son insouciance apparente, sa joie facétieuse, et cette espèce de naïveté, de candeur, qui font oublier qu'elle est une femme adulte. Comme moi. Sauf que moi j'ai l'impression d'avoir mille ans, parfois...

Il me remercie en oubliant que ces connaissances de mon passé incluent la cause du mal autant que le remède... Etrange pour quelqu'un à qui rien n'échappe. Et puis je comprends... J'espère que je comprends bien mais c'est tellement fugitif... Une fraction de seconde de chaleur, un fragment de regard. Un petit choc dans l'estomac... Est-ce la répugnance ou la retenue qui a abrégé ce contact ? Il n'était pas obligé de me toucher... Ni de me regarder. Mais je n'ose pas m'y fier. Si bref... Et j'ai tellement envie d'y croire...

Et il se lève, le regard détourné sur la lumière qui s'allonge. Déjà... Le temps a filé si vite... Sa voix redevient neutre, a-t-elle jamais cessé de l'être vraiment ? Les conseils à Anamaya, à nouveau les paroles sentencieuse du père soucieux et attentionné. J'ai un bref sourire à ses derniers mots. Tu peux compter sur moi, je prendrai soin d'elle comme de moi-même... voire mieux.

Anamaya qui se roule en boule comme un gosse désolé, j'ai vu l'étincelle se ternir dans ses yeux... Coupable... Mais non Ana, tu n'es coupable de rien. Il a eu peur, c'est tout... Comme moi. Elle lui répond, la voix un peu froide, distante, tellement différente de l'Anamaya taquine de l'instant d'avant. Elle se tourne vers moi, quêtant mon accord, questions muettes qui ne sont pas celle qu'elle pose. Je lui réponds, à elle et à Nadhir, dans le même temps.

Ca ne sera plus très long, une heure à peine. Le temps que la nuit tombe tout-à-fait...

Cette tension... Je tente le sourire. Il dérape un peu. Je ne suis pas une boute-en-train, mais cette tension me pèse trop pour que je n'essaie pas de la rompre, ou du moins de la soulager.

Si tu veux, je demanderai à SEPPA de t'escorter... Evite juste de le serrer de trop près... Sauf si tu tiens à prendre un autre bain aujourd'hui, évidemment...

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