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Terre des Éléments

Promenons-nous dans les bois, avant que l'soleil n'y soit


Anamaya
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Les deux mon capitaine!

Non, tu crois qu'il apprécierait la blague?

Je ne sais pas, et puis ça ne fait pas très digne.

Continuons donc dans la dignité.

A la mention d'une petite étoile, je laisse aller le coin de mes lèvres en un sourire. D'abord parce que ça me confirme qu'Anamaya est là, ça ferait trop de coincidences sinon. Ensuite parce qu'il n'a pas parlé de la-petite-étoile-qui-m'a-servie-de-quatre-heures. Ce n'est pas que je n'ai pas confiance, juste que je ne connais pas les Us et coutumes des ... euh... des grands gros poilus avec des cornes. Je SEPPA quoi.

Quelque part, en fait, j'ai une petite compréhension envers lui. Moi aussi je me suis baladé à poils comme ça, à une époque... Bon sang ça parait si loin maintenant. Presque irréel. Je sais que la carapace exterieure est ce qui définit le moins l'être humain, mais ça fait bizarre... Parfois considérés à peine pensant, seulement commes des bêtes. Mieux encore qu'une telle carapace, c'est une armure contre l'adversité que l'on se forge, une armure contre le regard d'autrui parfois. L'ultime protection toujours.

Et ça nous rend plus animal ou plus humain? toute la question est là.

Ah oui, Seppa donc.

Enchanté, Seppa. Et désolé de ne pas être capable d'y mettre bien l'accent, ça ressemble à tout autre chose quand je le dis.

Mais bref.

Effectivement, je suis à la recherche d'une certaine étoile, dont j'aimerai m'assurer de la bonne santé.

Mais nous avons aussi quelques affaires en suspend encore avec les Roses, et je pourrais profiter de l'occasion pour les mettre au clair.

Je comprends qu'elles ne se sentent pas en danger, les Roses, si elles ont un tel gardien à leur porte.

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seppaor0.png

(SEPPA parle...)

Groumpf...

Si tu crois que ça m'importe qu'on prononce mal mon nom... C'est même pas mon nom, en fait, ma maman ne m'appelait pas comme ça du tout. C'est mes Roses quand elles m'ont demandé comment je m'appelais, ben je leur répondais, et puis y'a la petite brune qui disait à la rousse à cornes "qu'est-ce qu'il a dit ?" - "Je sais pas ! Et toi, tu sais ?" qu'elle renvoyait à la grande aux yeux noirs - "nan je sais pas non plus"...

Et donc, voilà. Je suis SEPPA. Des fois faut pas chercher.

Pourquoi je lui raconte tout ça ?

Je sais pas.

Haha...

Viens par ici.

La petite étoile est cachée du soleil. Ca lui réussit pas des masses, hein ?

Tout en papotant, je lui ai fait traverser le campement, tranquille sous le soleil, juste les ronflements de Kheg, faut qu'il arrête de dormir sur le dos à la sieste, lui, foutu vacarme. Je l'aime pas. Il regarde Tally avec des yeux de veau... Euuuuh... Des yeux de ... Des yeux, là ! Pas m'énerver.

Groumpf.

C'est là qu'elles sont.

'Nea s'occupe d'elle.

Et je lui désigne la faille dans la falaise.

Vaut mieux pas entrer sans s'annoncer.

Enfin moi j'dis ça pour toi.

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Ben, en fait j'avais pas du chercher plus loin que ça.

Ce qui saute aux yeux n'est pas toujours de la poudre de perlimpinpin pour les prestidigitateurs.

Pendant un instant, j'ai presque demandé comment l'appelait sa maman, à cette grosse boule de poil qui en parait nettement plus sympathique à raconter sa petite histoire.

Peut-être que c'est pas normal, peut-être qu'il s'oublie...

J'en souris à moi-même.

Nous entrons plus avant chez les Roses. Un campement, des tentes, simples.

De loin, on aurait presque pu dire celui des Constellations, à part les couleurs sur les tentes, l'agencement plus pratique et moins ... masculin sans doute. Mais nous on a une forêt, voilà, na!

Non, c'est le soleil qui a rendez-vous avec une étoile, mais quand il est là elle ne peut plus y être.

D'ailleurs... Je suppose qu'Anamaya a dû passer par vous pour rentrer, se protéger... Merci de lui avoir ouvert la porte, de l'avoir aidée.

Un hochement de tête, bref, mais sincère.

Et puis je me retourne cette fente dans la falaise. Qu'y découvrirai-je? Une simple grotte, une caverne taillée par un torrent sous-terrain, ... ? Une Anamaya au moins, j'espère.

Et puis... Nea? Jamais entendu parlé d'une Rose de ce nom-là... Mais ça avait l'air d'un diminutif, dans sa bouche. Laquelle donc serait cette Nea? Il n'y a sans doute qu'une tellurique pour préférer rester dans une grotte plutôt qu'une de ces tentes...

Euh, hum hum, Anamaya? Eyleen? comment s'appellait-elle déjà?Aya? Puis-je rentrer? C'est... c'est Nadhir... en paix.

Qu'est-ce qu'on peut dire comme conneries quand on est pas à son aise.

pfff...

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HEIN ?

Quoi ?

J'ai lâché le bol en bois, il est tombé sur le sol sablonneux avec un petit bruit mat. Je ne connais pas cette voix. Enfin si. Mais c'est la voix de personne d'ici.

Et puis il termine sa litanie de prénoms par le sien.

Il a fait vite...

Tellement inquiet qu'on lui maltraite son amie ?

Je ramasse le bol et le pose sur la table, avant de m'avancer vers le couloir d'entrée. En paix, hein ? Je croyais que c'était la guerre, moi, mon cher Nadhir.

Je m'engage dans la fissure, pas trop de bonne grâce je l'avoue. La dernière fois que j'ai vu ce monsieur, il m'a fallu trois jours pour m'en remettre, trois nuits où j'ai fait des cauchemars, son pied titanesque écrasant mes soeurs, et lui qui me regardait avec son air calme, "tu as échoué, quel dommage n'est-ce pas"... J'en frissonne rien que d'y penser.

Et là, dehors, il y a SEPPA et lui. Va falloir que je le brieffe, mon cornu préféré. Il commence à prendre de sales habitudes à m'amener les visites juste sur le pas de la porte...

Merci, SEPPA. Au fait, anamaya m'a demandé de te remercier d'avoir pris soin d'elle.

Il se redresse, tout fier... Ca me fait sourire. Tant de tendresse sous cette apparence de grosse brute... Oui bon, d'accord, y'a une belle fraction de grosse brute aussi.

Bienvenue, Nadhir. Anamaya est bien ici, à l'abri. Par contre, pour Aya, c'est cette tente bleu foncé, là-bas.

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Quelques instants d'attente.

Un petit bruit comme étouffé, quelques secondes, et puis c'est Eyleen qui finalement passe la tête par l'ouverture de la grotte.

Je ne sais qui j'aurai préféré.

Celle avec qui j'ai déjà pu parler, presque simplement, sans avoir la guerre entre nous pour dicter nos réactions?

Ou celle avec qui nous avions convenu une route pour l'arrêt des hostilités, qui n'a jamais vue le jour...?

C'est la même.

Ces deux-là sont devant moi maintenant. C'est la seconde qui m'évalue du regard, dur, inquisiteur, mais il semble que ce soit la première qui m'adresse la parole.

Je hoche la tête. Son ton me confirme qu'Ana est en sécurité. Pas de double-sens à ses paroles, presque pas de curiosité non plus.

Etonnante Eyleen...

En fait, je ne cherchais pas particulièrement Aya, j'ai mal deviné. C'est Anamaya et ... toi que je voulais voir.

La dernière fois, je l'avais vouvoyée. J'avais essayé de garder la distance qu'il sied à deux envoyés diplomatiques. Mais là, maintenant, je ne sais pas, c'est moi qui vient les voir, et garder mes distances ne sonne pas juste.

J'ai reçu un message d'elle. Quelque chose en moi me disait de ne pas le croire pourtant. J'ai cherché, et mes pas m'ont conduit à votre campement. Je ne sais pas encore quoi en penser...

C'est souvent le soleil qui lui fait prendre des risques immesurés. Comment s'est-elle réfugiée ici, pourquoi? Aurait-elle senti la présence de Val, qui évolue encore parmi les Roses?

Ou peut-être simplement est-ce mon étoile, qui m'entraine parfois le long de chemins tortueux, pour me guider jusqu'à mes buts véritables...

J'espère que le soleil n'a pas eu le temps de la mordre... Pourrais-je la voir?

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Euuuuuh...

A moins qu'elle soit extraordinairement rapide, elle doit être encore en train de mariner dans l'eau chaude, et probablement vêtue exclusivement de ses projets d'avenir...

Je... je crois qu'elle n'est pas visible, là, dans l'immédiat... Il faudra que tu patiente un petit peu.

Elle a été un peu brûlée. A la main. A ma connaissance le reste va bien.

Et maintenant ?

Le faire entrer ? ... Déjà Anamaya, c'était parce qu'il n'y avait pas d'autre solution, et ça me fait comme l'impression de quelque chose qui se serait logé sous ma peau et qui bougerait doucement, pas vraiment désagréable, disons juste préoccupant... J'ai le sentiment que l'impression serait nettement plus difficile à supporter si je le laissais pénétrer dans mon antre...

Trouver autre chose...

Mais quoi ?

Vite.

Là, à danser d'un pied sur l'autre, je vais vraiment finir par a avoir l'air stupide...

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Tiens, pourquoi maintenant sa réponse me file un doute?

Patienter. Pas visible. Elle pourrait être en train de commencer à m'embobiner...

Non, sa remarque suivante est franche, sans doute me faisais-je des idées.

Le fait qu'officiellement je suis en terrain ennemi, à la recherche d'une étoile dont je n'ai aucune preuve de la bonne santé?

Non, ça ne tient pas.

Eyleen, elle serait sans doute capable de jouer le jeu et m'induire en erreur, même si je ne la vois pas le faire. Mais Seppa, non, il n'a pas l'air.

Ses réponses me suffisent pour le moment.

Attendons donc...

Pas non plus invité à entrer. Je vais camper là alors.

Je vais m'adosser à la roche, d'une façon que j'espère décontractée.

Je sens un peu de nervosité chez elle, bizarre, elle est chez elle, avec son gardien a portée de main... Ce n'est pas la plus difficile des situations.

Sauf pour ce que je viens lui dire.

Bien, je crois qu'elle connait déjà les remèdes pour ce genre de blessure, par force de nécessité. Mes propres baumes ne marcheront pas mieux que les siens. Si tu me permets, j'attendrais d'être sûr qu'elle est en bonne forme, et prête à repartir, avant de vous laisser.

Sinon, j'aurai fait tout ce chemin pour ne même pas la voir, j'aime bien marcher, mais pas qu'on ME fasse marcher...

Sur un autre sujet...

mon regard un peu en dessous, qui la regarde de côté, elle toujours campée devant l'ouverture de sa grotte.

J'imagine que ne pas avoir entendu parler de vous, ni avoir reçu de nouvelles via Merr'Aos, clôt les affaires que nous avions encore en cours...?

Je suppose que vu les histoires qu'elles ont propagées sur nous, elle doit s'attendre à un sourire satisfait de ma part, à l'évocation de cette tentative échouée d'arrêter la guerre entre nos deux factions.

Rien n'est plus loin de la vérité que ça, pourtant.

Pas de sourire.

Un air de tristesse, presque... ou de résignation.

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J'imagine que ne pas avoir entendu parler de vous, ni avoir reçu de nouvelles via Merr'Aos, clôt les affaires que nous avions encore en cours...?

Alors qu'il posait cette question, Nadhir pu voir passer à gauche d'Eyleen, une petite bulle de savon, toute simple aux couleurs d'un ciel de pluie, qui explosa entre eux deux.

Etrangement, une voix, celle d'Anamaya, un peu étouffée sembla en sortir.

"Bouh!"

Pendant qu'Eyleen s'activait dans la grotte plus loin, Anamaya avait découvert l'un des revers du bain en solitaire. L'ennui. Et les lectures ce n'était pas génial à cause de l'humidité.

Après avoir chanté, barboté, songé à l'avenir et à nouveau barboté, elle se rendit à l'évidence. D'une part, elle n'avait pas envie de bouger. D'une autre part, elle devait trouver quelque chose à faire. Vite.

Elle en était arriver à faire des bulles dans l'eau en soufflant, ce qui n'était pas très constructif. Et puis une idée lui vint. Son orbe s'éclaira dans son sac, malgré la distance.

Cela la fit sourire. Elle était enfin en phase avec cet objet qui lui permettait de canaliser son pouvoir.

De l'eau au creux de ses mains. Elle souffla lentement dessus. Une bulle d'eau se forma autour de l'air.

Elle la regarda, satisfaite, puis colla ses lèvres à la bulle et murmura "Eyleen"

La bulle s'envola. Elle la regarda divaguer quelques instants, puis la creva du bout du doigt.

Un "Eyleen" se dissipa dans l'air.

Anamaya se mit à rire, renouvelant l'expérience de nombreuses fois

Puis une voix se fit entendre, lointaine, masculine.

Elle sentie qu'on prononçait son nom, plusieurs fois.

Alors, elle interrogea le vent, et se fut la terre qui lui répondit.

Le vent amena de l'eau sur le sol, traçant une lettre.

Elle n'eut plus de doute.

Mais qu'est ce qu'il pouvait bien faire ici? N'avait il pas eu son message? Cela n'aurait pu être. Il était donc venu pour autre chose. Pour Eyleen peut être?

Une sorte de sourire goguenard se dessina sur ses lèvres.

Elle créa une première bulle, qui s'envola avec Eyleen pour but.

Elle sentit le lien se rompre avec l'orbe aqueuse, et sa propre voix résonna dans son esprit comme si ses propres oreilles l'avait entendu.

Elle créa un petit papillon, gorgé d'eau qui se laissa dériver par un courant d'air amusé des jeux de la pretresse, jusqu'au sommet de la tete du roi des constellations. Il s'y posa.

Il y explosa.

Un rire enfantin, puis une grenouille suivit le papillon.

Puis un saumon argenté

Puis un petit louveteau.

Puis... plus rien

Pendant quelques instant plus aucun mouvement. Depuis l'intérieur de la grotte....

Et une forme en sortie.

Elle avait le visage d'Anamaya, mais le bas de son corps était celui d'un poisson. Une Ana sirène, ondoyait entre les deux protagonistes. Son corps translucide laissait apparaitre des dizaines de petites bulles de formes indéfinissables agglutinées.

Puis la sirène fit face au soleil, sourit, et éclata sans bruit.

Des fleurs, des roses se déversèrent. Certaines s'éteignirent en touchant le sol où les deux êtres.

D'autres, emportées par le vent, montèrent vers le ciel, dérivant paresseusement dans un ballet indolent.

A leurs pieds, 2 se posèrent, légères comme une plume, fine comme la soie, couleur de cristal.

Elles n'éclatèrent pas au contact de la terre, ni à la chaleur du soleil.

Le vent ne les perça pas, car elles n'étaient pas d'eau.

Si d'aventure, Nadhir où Eyleen les touchaient, ils se rendraient compte qu'elles étaient de verre...

Anamaya rangea le sable qui lui restait après son petit jeu, éteignit la lampe dont elle avait extirpé le feu, laissa l'eau ruisseler sur son corps alors qu'elle sortait, et se laissa sécher par un souffle de vent.

Nue elle traina son sac et ses vetements humides jusqu'à la pièce principale, où elle les mit à sécher. Puis elle se laissa tomber sur la paillasse d'Eyleen, se recouvrant avec un tissu qui devait être prévu à cet effet.

Fatiguée par ses jeux mais heureuse, elle s'endormit en souriant alors que sa paume blessée la lançait.

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Quel culot...

Recevoir des nouvelles via Merr'Aos ? Alors qu'en revenant ici j'ai trouvé le campement en émoi, tout retourné par le meurtre de VAL de la main d'un de ses "amis", alors qu'il venait à peine de nous rejoindre ? Et que depuis, plusieurs agressions, dont certaines se sont conclues par la mort d'une Rose, ont été perpétrées par les Constellations ?

Et après ça on aurait encore dû aller proclamer, en ayant l'air d'y croire, que les Constellations ne sont pas des brutes avec un gros égo et une soif de mort au moins aussi démesurée ? Je connais deux membres des Constellations qui ne sont peut-être pas des crétins bavant la rage. L'une marine dans son bain, et l'autre est devant moi. Mais je lui découvre, soit un humour très particulier, soit une intelligence nettement moindre que ce qu'il m'avait semblé voir de prime abord.

Les affaires en cours ?

Et puis quoi encore ?

Tu veux pas mes boyaux pour t'en faire une lyre, tant que t'y es ?

Les efforts on les a faits, et ils me coûtent encore, je ne crois pas que j'oublierai de sitôt l'heure éminemment inconfortable que j'ai vécue autour d'une table de négociation face à ce regard indéchiffrable, insaisissable, inflexible. Tu m'en as fait baver, Nadhir, et pour rien. Et je t'en veux pour ça. J'ai les sourcils qui se froncent, la bouche qui s'ouvre pour répondre un truc bien indigné.

Et puis une petite bulle explose à côté de mon épaule et je sursaute. La voix d'Anamaya. Puis une succession d'apparitions viennent se répandre sur la tête de Nadhir, quelques gouttes à chaque fois, qui s'accumulent dans ses cheveux découverts et lui dégoulinent le long de la tempe.

La forme-sirène translucide danse dans le soleil, alors que son auteur reste bien protégé dans la caverne, c'est étrange de penser que la vraie Anamaya se tordrait sous la brûlure alors que celle-là sourit. Et enfin l'explosion de roses. Pas de doute, elle a le sens du spectacle... et de la dérision. Un vrai talent. Il en faut pour arriver à me faire sourire alors que j'allais piquer une grosse colère...

Je ramasse la rose de verre, si fine, je regarde l'éclat du soleil qui s'accroche à ses pétales figés... Magnifique... J'entends un peu de remue-ménage derrière moi, dans la caverne. Elle est sortie de son bain. Je relève les yeux sur Nadhir, un rien goguenarde.

Rassuré ?

Puis je hausse les épaules. Quelle importance après tout.

Viens. Elle est sans doute plus décente maintenant qu'elle ne l'était il y a deux minutes.

Regard appuyé. Parce que l'air de méfiance quand je t'ai dit qu'elle n'était pas visible, n'imagine pas qu'il m'a échappé...

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Elle n'a pas ouvert la bouche.

Mais son regard était plus éloquent que toutes les paroles qu'elle aurait pu prononcer.

Je sais bien ce qu'elle pense. Nous avons eu cette discussion, il y a quelques semaines déjà, sur une façon de sortir de la guerre.

Et nous avons trouvé un terrain d'entente, au milieu. En aucun cas un cessez-le-feu n'avais été une condition. Jamais je n'aurai pu interdire les Constellations de les attaquer, sans avoir de pacte de non-agression. Ainsi sont les lois. Des Roses sont mortes, sans doute. On m'en a rapporté le récit. Des Roses mortes... dont une ancienne Constellation. Je ne sais quelle annonce m'a fait plus de peine, alors que je n'aurai moi-même levé la main ni sur les premières, ni sur la seconde. Mais j'ai aussi prévenu VAL du chemin qu'il suivait. Il ne pouvait y avoir d'assurance pour lui qu'il ne serait pas inquiété par les Constellations. Certains en ont profité.

Certain... qui ne porte même plus notre blason.

Toujours un engrenage.

Que ce serait facile aujourd'hui.

Ma décision fait loi, à présent, chez les Constellations, mais même moi je ne peux aller à l'encontre de ce que sont les Constellations, de ce que les étoiles nous inspirent. Ce serait fou de ma part.

Mais c'est trop tard, évidemment.

C'est toujours trop tard, apparemment.

Même quand on fait preuve de bonne volonté, c'est mal interprêté, obligatoirement.

Peut-être un jour trouverai-je les bons mots Eyleen, peut-être.

Une diversion.

Une bulle de savon qui éclate.

Elle me prend par surprise.

La seconde, qui vient se poser sur le haut de mon crâne avant de m'asperger, m'intrigue, la troisième déjà me décroche un sourire.

J'ai un mouvement instinctif et inquiet alors que le visage d'Anamaya sort de la protection de la grotte, avant de me persuader que ce n'est qu'une autre éphémère pellicule d'eau qui la représente, comme une sirène.

Je ris interieurement à cette vision. Une sirène, ce n'est pas faux...

Et puis elle éclate, disséminant des fleurs translucides et irisées alentour.

L'une d'entre elle se pose à mes pieds, et reste là, contre toute attente.

Je m'accroupis au dessus d'elle, mes doigts posés autour, sur la terre.

Une bien belle fleur.

Mais sans vie.

Aurait-elle envie qu'un petit coup de pouce du destin...?

La terre me répond, au bout de mes doigts.

Je murmure quelques instants à son oreille.

Quand je me relève, la fleur est toujours là, par terre, translucide, irisée, fragile...

Mais au premier coup de vent, elle ploie légèrement, puis revient à sa place. Une abeille vient rapidement se poser sur elle pour en boire le nectar.

Bonne chance à toi, petite rose transparente.

Eyleen me rappelle à la réalité. Celle-ci tout du moins.

C'est bien une Anamaya avec toutes ses facultés qui était à l'origine de ce tourbillon de bulles aqueuses. Pas de doute.

Eyleen m'invite à entrer. Je note son regard, sans doute était-ce le même que celui que je lui ai servi à elle et Tallulah, lorsqu'elles étaient venues en visite de courtoisie, mais sans vraiment nous faire confiance, il y a bien longtemps. Je ne sais pas, je ne m'en souviens pas. Et puis je ne l'ai pas vu, mon regard, à l'époque.

Une respiration plus profonde. Laisser le temps. Laisser ça passer. Pas grave. Ne pas toujours voir le mal dans ce que disent les autres. C'est la solution de facilité. Calme.... Allez Nadhir.

J'étais rassuré... dis-je avec un sourire. mais la responsabilité qui est mienne vient aussi avec une bonne dose de préoccupation. Et je suis loin d'être insensible, heureusement, malgré le comportement que je dois parfois assumer.

Un prétexte peut-être, seulement. Une excuse à moi-même...

En tous les cas, je vous remercie de l'avoir protégée du soleil. Et je te remercie Eyleen, de lui avoir offert ainsi ton hospitalité. Je suppose que ça n'a pas dû être facile, mes remerciements sont donc d'autant plus mérités.

Pas facile, parce que c'est tout de même une ennemie... mais surtout pas facile, parce que de ce que j'ai pu voir, Eyleen est plutôt solitaire, pas nécessairement prompte à ouvrir sa porter à n'importe qui.

Décente... des bulles de savon... Ah ben en fait elle ne s'embêtait pas, Anamaya! et il y a l'air d'y avoir tout le confort dans cette grotte. Bien finaude, Eyleen, en fait... Mais ça ne devrait pas m'étonner, je ne connais presque rien d'elle, je peux m'attendre à tout...

Et je suis désolé que mes paroles aient toujours le don de te faire grincer les dents. C'est idiot à dire, mais c'est involontaire, je dirai même que c'est loin d'être le but. Mais je suppose aussi que dans le climat entre nous qui a commencé depuis notre première rencontre, un rien peut être interprêté comme le pire qui soit. J'espère que de ça, tu m'en excuseras.

...

J'ai dit ça tout haut.

J'aurai dû?

Je sais pas. je ne sais plus.

Mais quand on est en plein dans l'incompréhension, on ne peut jamais savoir où l'on va.

Alors on avance, on met un pied devant soi.

Et on prie.

Que ce soit la bonne direction.

Impossible à savoir à priori.

Et on se jure de ne plus jamais se gausser du poivrot qui ne sait prendre le chemin le plus court d'un point à un autre.

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J'étais déjà dans l'ombre du couloir, heureusement. Il aurait vu le trouble. D'abord le geste vers la fleur de verre, ancrée en terre maintenant. La magie , je ne la comprends pas, je ne la maîtrise en rien, elle me fait un peu peur. Et puis ses derniers mots, totalement inattendus... Je ne sais pas quoi répondre. Ni même s'il ne vaudrait pas mieux me taire. J'avance dans le boyau, quelques pas pour me donner le temps de trouver un mot à dire.

Je crois que le mieux serait de renoncer à essayer de tomber d'accord sur certaines choses. Et d'éviter des sujets qui fâchent... Et tu n'as pas à t'excuser. Je crois que je suis au moins aussi têtue que toi, alors laissons tomber, c'est mieux.

Un peu trop bourru, le ton, peut-être ?...

On verra bien si en-dehors de tout ça il reste quelques sujets de conversations qui ne mènent pas à l'empoignade...

Petite pointe de taquinerie, cette fois. Mieux.

Je débouche dans la caverne, vais activer un peu le feu et rallumer une lampe ou deux. Je lui désigne la chaise qu'occupait Anamaya il y a peu de temps.

Installe-toi, je vais voir où en est la...

... demoiselle.

Elle est là la demoiselle. Plongée jusqu'au nez dans les fourrures. Endormie... Je me retourne vivement vers Nadhir, pose un doigt sur ma bouche, signe universel...

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C'est vrai ça, pourquoi est-ce qu'on arrive pas à se comprendre, entre têtus...?

J'acquiesce à ses paroles. Ca a au moins le mérite de mettre au clair les choses. Pas besoin... Car oui, c'était bien un besoin pour moi d'évoquer les dernières peripéties, justement pour pouvoir tirer un trait, dans un sens ou dans l'autre. Pas besoin donc, de remettre la chose sur le tapis. Statut quo, sur ça au moins nous sommes d'accord.

Un léger ton grave dans sa voix, un peu aggressif peut-être, mais je passe outre, ses paroles sont sages, je m'y tiens.

Quant à trouver d'autres sujets de conversations, ce n'est finalement pas l'envie qui m'en manque. Mais est-ce bien l'occasion? Voyons Anamaya d'abord.

Et je rends un sourire complice à Eyleen, à sa légère pique. Les dernières fois, j'y ai répondu. Ca na jamais résulté en quoi que ce soit de bon, il est temps de revoir ma tactique.

Je sais pourtant que je ne pouvais pas la mettre dans une case.

La guerrière, elle se serait marrée à mes boutades, en m'offrant une bière pour me faire oublier.

La solitaire, elle aurait haussé les épaules dès le début, et laissé coulé.

L'ennemie, elle ne se serait pas plus offusquée de mes paroles que de ma présence.

Toujours du mal à là cerner, Eyleen...

Est-ce pour celà que chaque rencontre avec elle se place sous le signe de l'appréhension et de l'attraction tout à la fois?

Je lui emboite le pas. Découvre la caverne, rustique, mais pratique, je n'aurai guère pu trouver mieux si je n'avais toujours préféré dormir à la belle étoile. Un peu plus loin, la grotte s'ouvre, une étendue sombre... L'origine des bulles de savon?

D'un signe de tête, j'accepte l'invitation d'Eyleen à m'asseoir.

Une paillasse, recouverte de fourrures, et une forme qui y respire doucement.

Je lui souris lorsque Eyleen se retourne et m'intime l'ordre de ne pas faire de bruit.

Faudra-t-il que nous parlions alors avec les mains? je ne sais si celà aidera, ou pas, à mener à une empoignade.

Je m'assied alors, les coudes sur mes genoux, mains croisées, le menton sur mes pouces, le regard sur les deux... demoiselles, qui me font face.

Deux caractères, deux vies.

L'une ne peut supporter le soleil, l'autre le supporte, parfois difficilement.

L'une dort paisiblement, alors que l'autre s'est fait piquer sa place dans son refuge.

Une alliée, à qui ma confiance est totalement acquise, et une... non, pas une ennemie. Elle ne l'a jamais été, ni avant ni après la déclaration de guerre. Nous nous sommes blessés pourtant. Et je ne connais aucun remède par les plantes, aucun sort de soin, qui puisse guerir ça.

Je ferme les yeux un instant.

Pas de bruit.

En apparence.

Là, le souffle lent et régulier d'une sylphide qui dort.

Par là, derrière, un léger clapotis, de l'eau encore, celle aperçue plus tôt.

Un très léger crissement, sur le sable, sous les bottes d'Eyleen.

Celà me rappelle mes pieds nus, la fraîcheur du sable qui me chatouille la plante...

Par ici, le souffle du vent, qui s'engouffre dans l'étroite entrée de la grotte.

Comme un instrument de musique, qui ferait vibrer la caisse de résonnance.

La grotte toute entière tremble. Imperceptiblement.

Comme si elle parlait, la roche pour bouche, brise pour respiration, les stalagtites pour cordes vocales. Une des nombreuses expressions de Fimine. Pas la plus connue, pas la plus appréciée par les néophytes, mais néanmoins une de mes préférées.

Pourquoi n'avons-nous pas écouté la Déesse plus tôt? C'est si facile, c'est si tentant pourtant.

Faites l'amour et pas la guerre, nous dit-elle.

Les libations au lieu des batailles, nous rappelle-t-elle.

Mais voilà, pour l'entendre, il faut s'arrêter et prendre le temps de l'écouter.

Pas de bruits encore, et pourtant j'écoute.

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Mes bottes font un raffut d'enfer. Je ne m'en étais jamais rendu compte, évidemment, puisque je n'ai jamais eu à veiller à la tranquillité de personne, ici. Ca a du bon de vivre seule... Deux petits gestes et je me débarrasse de ces tapageuses choses en cuir épais. Et des deux stylets qui dorment dans leurs tiges.

Cette fois je suis toute nue pour de bon. Désarmée. Ca fait bizarre... Je refoule une mèche de cheveux vagabonde, le temps de m'habituer à l'idée que deux autres personnes respirent l'air frais de ma caverne, aujourd'hui, deux ennemis de par les décrets et les actes. Et que je leur fais assez confiance pour laisser les dernières lames derrière moi.

Je contourne la table sur mes pieds nus, et prends deux chopes de bois sur l'étagère. Le pot de métal qui sert de bouilloire est vite empli à la jarre d'eau fraîche, posé sur le brasero que j'attise de quelques souffles longs et réguliers. La tisannière est un peu petite, mais elle suffira pour deux. En quelques mouvements, silencieux cette fois, j'ai rassemblé sur la table les objets du rituel de la courtoisie.

Plus qu'à attendre que l'eau chauffe. Ce ne sera pas long.

Je m'assieds face à Nadhir, l'oreille tendue au souffle de la dormeuse d'une part, et à celui de la bouilloire d'autre part, pour l'enlever de là aux premières bulles. Pas question de la laisser siffler évidemment...

Et puis l'absurde de la situation me frappe... Je ris en silence, en secouant un peu la tête.

C'est râpé pour la conversation...

J'ai pas pu m'empêcher de la chuchoter, celle-là...

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Anamaya était tombée comme une masse, enveloppée d'un sommeil qui ne se fit pas désirer. La longue marche, la crainte, et ses frasques aqueuses avaient eu raison d'elle.

Et toujours, lorsque le sommeil l'emportait bien plus loin que ses barrières ne le permettaient, elle fit ce rêve. Une forêt, la nuit.

Une ombre. La crainte angoissante, sensation d'être observée.

Et la peau à vif, le coeur qui déborde, qui s'échappe.

Une mort qui ne dit pas son nom...

Elle se voit, elle, de dos, le tatouage enflammé, le reste de l'espace lacéré, et elle effleure sa propre épaule, et elle se voit se retourner, et elle se fixe de ces yeux... Fixe cette Elle qu'elle n'est pas...

mort!

faucon10.jpg

Réveil.

Anamaya dans une respiration violente se redresse, agrippe ses genoux, repliée sur elle-même. Ses yeux sont clos, elle semble ne pas être sortie de ses tourments. Sur son omoplate droite, le dragon fixe de ses yeux d'émeraude le mur. Ses écailles bleutés paraissent briller plus qu'elles ne devraient. Et le cercle...

Des marques, comme des griffures si semblablent à celle de l'autre, elles s'ouvrent puis se referment peu à peu, stigmates d'un passé, menace d'un avenir.

Sa respiration se calme, elle se décrispe, ouvre des yeux luisants d'avoir coulé.

Elle voit... Et se dit qu'elle est très mal barrée.

Son retour parmi les éveillés n'a pas dû passer inaperçu. Et s'en sortir s'avère délicat. Puis elle prend conscience qu'a part les fourrures elle n'a pas grand chose sur le dos, le dit dos étant totalement à découvert, et un peu trop visible de surcroît. Silencieusement, Ana pivote pour leur faire face, toujours en boule dans les peaux tièdes.

Elle lève la tête vers eux, et en un instant son regard reprend la douceur de celui qu'on lui connait, aussi rapidement que le soleil revient après l'orage.

C'était comme si rien ne s'était passé.

Elle sourit à Eyleen, puis penche la tête en direction du roi aux pieds nus, curieuse.

" Nadhir... c'est un sacré hasard que tu sois justement venu rendre visite aux roses le jours où je m'y trouvais... Tu n'as peut être pas reçu mon message?"

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Ma respiration qui se calle sur le rythme du vent entrant dans la grotte. J'en viendrai à croire que la grotte est devenu mes poumons. Une légère euphorie me prend.

M'arrêter, couper le lien. stop.

Presque étourdi, je remarque le crépitement du brasero, que l'on attise.

Et puis quelques entrechoquements légers, terre cuite, un joli son.

C'est le chuchotement d'Eyleen qui me fait rouvrir les yeux.

Rapé, et c'est dommage, me dis-je.

Quoique...

Une respiration plus rapide qui vient de la couche, sous les fourrures, je tourne mon attention vers Anamaya, les sourcils froncés un instant.

D'un bond, elle se réveille.

Sa silhouette est rigide, ses muscles tendus, un mauvais rêve sans doute.

Encore une indication qu'elle était ici à son aise, on ne fait des cauchemards que l'esprit joyeux.

Faire des mauvais rêves en enfer, c'est suicidaire.

Ses cheveux couvrent à peine son dos, c'est la première fois que je le vois, et il m'hypnotise un instant. Un tatouage, des marques. A ma distance, et avec la faible lumière, je n'en distingue pas les détails. Le temps de me lever avec curiosité, elle s'est retournée, arborant son sourire habituel.

Il me faut toute ma concentration pour ne pas oublier la vision précédente, comme si ça n'avait été, à mon tour, qu'un mauvais rêve, sacrifié sur l'autel de la conscience.

Elle prend la parole en premier, et pendant un instant, je trouve la question incongrue.

D'abord, couvre-toi, ce n'est pas vraiment le moment de prendre froid.

Ensuite, crois-tu vraiment au hasard, Anamaya? J'ai reçu ton message, c'est lui qui m'a fait venir.

Une incompréhension de sa part, qui traverse ses yeux clairs.

J'ai entendu ton message, mais j'ai écouté les signes. Une feuille morte était à l'origine, un mauvais augure.

Et un mauvais pressentiment.

J'aurai dû demander à Ignis, elle connait mieux ces arcanes que moi.

Anamaya est là, en bonne santé, en sécurité.

Mais le message provenait du campement des Roses...

Un mauvais rêve? Ou une vieille blessure qui s'est rouverte? Je n'ai pu m'empêcher de voir ton dos, Ana, et je n'ai pas encore compris ce que j'y ai vu. J'espère... que tout va bien.

J'aurai pu avoir cette discussion-là plus tard, en privé. Mais Anamaya fait aussi confiance à Eyleen, et il faut savoir voler la bourse tant qu'elle est à portée de main.

Modifié (le) par Nadhir
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C'est pas le bruit. Elle s'est agitée après... Et puis quand on s'éveille à cause d'un bruit, on ne se tient pas tétanisé comme ça. Mauvais rêve...

Mais c'est quoi ce truc qui luit vaguement sur son dos ??? On dirait des écailles bleutées... Je plisse les yeux, je vois mal... Et déjà elle se retourne, souriante. Mais c'était bizarre, et ce n'était pas une hallucination, puisque Nadhir a vu aussi. Ses paroles en témoignent.

Pas de questions ni de curiosité déplacée. Je n'aimerais pas qu'on m'interroge, je n'interroge donc pas... Mais je n'en prête pas moins grande attention aux réponses qu'elle fera... si elle en fait. En attendant, je vais pècher dans mon coffre une autre tunique... L'autre, qu'Anamaya a oubliée dans la grotte aux sources, doit être humide à présent. J'irai la récupérer plus tard.

Je tends le vêtement à Anamaya, puis me poste dos à elle, avec un regard signification à Nadhir. Mais bon, je ne connais pas leurs moeurs, non plus, si ça tombe ils ne sont pas pudiques... Aucune importance, de toute façon. Chacun ses habitudes...

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Bon pour le mode autruche c'est râpé. Nadhir semble vouloir poser les questions qu'il ne faut pas.

Mais ce n'est pas ça qui lui fait froncer les sourcils. Il lui dit de se rhabiller pour pas qu'elle n'attrape froid. ça sonnerait presque comme un conseil, sauf que ça à la tournure d'un ordre. C'est étrange, mais quelque part ça lui déplait. Peut être qu'avec le temps, fantôme parmis les vivants elle avait oublié ce que c'était de se voir demander quelque chose de cette manière.

Elle aurait presqu'envie de ne pas le faire... Et cela l'amuse.

Mais Eyleen lui tend déjà quelque un vêtement, et elle la remercie d'un hochement de tête. Elle hésite, puis se tourne à nouveau à demi, rabattant ses cheveux pour exposer son dos.

" Tu n'as rien vu Nadhir, car il n'y a rien à voir à part ce qui m'a été tatoué, mais aucune vieille blessure"

Et en effet, la peau pale ne portait plus aucune des stigmates qui apparemment avait été là quelque temps plus tôt.

Ses yeux se firent vagues alors qu'elle refaisait face au magicien, puis elle murmura, comme ailleurs

" Mais parfois l'esprit peut avoir une telle ascendance qu'il fait croire au corps des choses qui ne sont pas, pas encore, ou ne seront peut être jamais.

Tout va bien."

Elle le fixa, un sourcil s'arquant légèrement au fil des secondes, puis elle parla finalement.

"Pourrais tu te retourner? Il parait qu'il faut que je m'habille, et je pense que de nous deux c'est toi qui serait le plus mal à l'aise..."

Le voyant obtempéré Ana se releva puis laissa glisser le tissus le long de son corps. A nouveau dignement vêtue elle frôla le bras d'Eyleen.

" Je suis à nouveau visible..."

Elle était fatiguée, mais s'imaginait mal dormir alors que des personnes se trouvaient dans la même pièce. Et puis un nouveau mauvais rêve ne ferait que lui poser problème. Le tatouage ne la lançait plus, c'était déjà ça. Elle allait encore devoir déranger Ignis...

un léger silence, peut être dû à son réveil brusque. Peut être aussi que tant de monde dans l'espace de vie d'Eyleen ne lui était guère plaisant...

Anamaya se sentait désolé de l'avoir mise dans une telle situation. Cependant la prêtresse sentait quelque part que les ondes-rempart qui flottaient autour de la guerrière n'aurait guère gouté qu'elle s'excuse à nouveau.

Cela ne devait pas être dans ses habitudes...

Elle se tourna vers Nadhir, sa main blessée sous son menton, les yeux froncées comme si elle essayait de le faire avouer quelque chose.

On en fait des choses idiotes avec la fatigue...

" Donc tu dis qu'à la réception de mon message qui disait que tout allait bien, pour la simple raison que je n'avais qu'une feuille morte sous la main, tu as abandonné sur un coup de tête tes affaires de général et de roi, pour venir ici et voir comment j'allais vraiment, alors même que si je n'avais rien envoyé, tu ne te serais probablement pas aperçu de mon absence?"

Derrière son air, Anamaya était surtout intriguée. Même pour une mauvaise augure elle ne comprenait pas bien pourquoi Nadhir était venu. Cela lui paraissait incongru que l'on s'inquiéte pour elle. Peut être parce que c'était véritablement les premières fois qu'elle voyait que l'on s'inquiétait pour elle.

"C'est... étrange... Je suis désolé de t'avoir inquiété pour rien Nadhir... Je vais bien, j'ai juste pris un mauvais coup de soleil, et un drôle de parfum, mais ce n'est pas grand chose."

Elle fit un sourire à Eyleen, puis tourna la tête alors que quelque chose en direction du feu se mettait à siffler

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Merde, ma bouilloire !!!

En quelques pas rapides de suis près du brasero, j'attrappe le chiffon molletonné pour saisir la poignée, je tire le récipient du feu et le pose sur le sable. Bon, plus qu'à ôter le couvercle de la tisannière, verser l'eau... Les herbes parfumées sont là dans leur sachet, une dose, deux doses...

Une troisième chope vient rejoindre les premières, et un pot de miel également, pour ceux qui veulent... Ces herbes sont amères, mais moi je les aime comme ça...

Je souris à Anamaya.

Pour le parfum, ça va mieux, je te rassure...

Une tisane ? Ca va être un peu serré, mais j'en referai.

Elle a les yeux battus. Fatiguée, sans doute...

Il va falloir que je trouve de quoi occuper Nadhir pendant qu'elle se repose...

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Une réponse d'Anamaya.

Rien à signaler?

Peut-être.

Sa remarque est vraie pourtant, nous savons bien que l'esprit prime sur la matière, et celà peut avoir des conséquences inattendues parfois. Les rêves sont un moment particulier dans lequel conscient et inconscient s'entrechoquent et semblent nous jouer des tours.

Je hoche la tête, acceptant son explication. Je la range dans un coin de mon cerveau, au cas où.

Et puis je me retourne pour la laisser s'habiller, sans pourtant être persuadé de la raison qu'elle me donne.

J'adresse un remerciement muet à Eyleen, alors que nous tournons le dos à Ana, pour lui avoir proposé une tunique. Il y a eu un éclair dans ses yeux, qui s'est adouci devant la l'étoffe tendue par la guerrière. S'était-elle formalisée de ma remarque? Peut-être était-elle sorti de ma bouche plus dure que je ne l'avais voulue. Peut-être aussi que j'ai toujours en tête le bien-être de ceux qui me font confiance, et que celà demande parfois de la fermeté.

Je pourrais d'ailleurs presque répondre ça à sa question suivante, pleine de curiosité et d'incompréhension. Sa dernière remarque lève un peu la pression sur moi, et le sifflement de la bouilloire m'offre une distraction bienvenue.

Je laisse Eyleen s'en occuper, et nous rapporter des tasses.

J'en prendrai juste un fond, merci Eyleen. Suffisant pour en humer le parfum, me réchauffer les doigts contre la tasse, et se tremper les lèvres. Mais pour l'instant, il faut laisser infuser un peu...

Je repose mon regard sur Anamaya, un air vague sur mon visage.

M'assurer que tout va bien, Ana, est la moindre des choses. Et m'inquiéter du sort des Constellations est une partie importante de mon rôle, en aucun cas ai-je dû abandonner mes fonctions en venant ici.

Au contraire, Anamaya, au contraire.

Dans ses yeux, je vois encore la fatigue accumulée. Elle n'a pas dû dormir grand chose encore, et les mauvais rêves ne sont guère les compagnons d'un sommeil réparateur.

Un coup d'oeil à Eyleen, elle a l'air de se faire la même remarque que moi.

Je reprends la parole, un peu plus doucement...

Je suppose, Ana, que tu profiterais bien encore d'un peu de repos. Sans doute cette tisane pourrait-elle t'aider à chasser les mauvais rêves qui t'ont assaillie. Si Eyleen le permet, nous te laisserions dormir là tranquillement, je ne te vois pas encore faire le chemin de retour vers notre campement, de toutes façons.

Il suffirait qu'elle s'endorme, nous irions terminer la tisane dehors...

Si le soleil ne gêne pas Eyleen non plus, je ne sais même plus.

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Je suis l'échange sans rien laisser transparaître, neutre et silencieuse comme une servante de grande maison, un bout de mobilier. Je ne sais pas, j'ai l'impression qu'il me faut marcher sur des oeufs, entre ces deux-là, si je veux éviter de déclencher les foudres de l'un ou de l'autre... Ou bien c'est moi qui suis tendue. Possible. Probable, même.

J'acquiesce avec soulagement à la proposition de Nadhir, il est clair qu'elle a besoin de dormir, comme il est clair que j'ai besoin de me débarrasser de l'impression de confinement qui me serre la gorge. Dehors, c'est mieux.

Je prends derrière moi un petit bocal en verre bleu. Dedans, les fleurs de roche, relique de ma vie d'avant, si rares et si précieuses. Ma mère m'en mettait deux pétales dans ma tisane du soir, pour rendre mes nuits paisibles. Mes cauchemars d'enfants étaient du style à provoquer les réveils en larmes et en hurlements, ce qui accroissait encore l'aversion des "miens" à mon encontre...

Deux pétales dans le creux de la main, je m'approche d'Anamaya. La fumée odorante ondule au-dessus de la chope dans mon autre main. Je la lui donne, puis je tends ma main ouverte, les deux pétales secs et fripés, violet sombre.

Pour tenir les mauvais rêves au loin... C'est inoffensif. Le goût n'est pas fameux, mais dans la tisane, tu ne le sentiras pas...

Reste à voir si elle acceptera ce vieux remède inconnu d'elle. Proposé par une ennemie, dans un lieu étranger. Moi à sa place, je refuserais. Mais nous sommes différentes...

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Quand le parfum va, tout va!

Anamaya aurait bien réfléchi à la réponse de Nadhir, mais le sommeil se faisait maitre, pliant la jeune femme à sa volonté. Apparemment ce ne fut guère difficile à remarquer pour ses deux compagnons de grottes, qui sautèrent sur l'occasion pour essayer de la bourrer de tisanes, afin qu'elle s'endorme et les laissent traquilles. Ce n'était peut être pas tout à fait ça ,mais en tout cas l'idée était amusante.

Les adultes couchent l'enfant afin de pouvoir aller parler entre eux de choses de grands. Anamaya se demandait dans quelles mesures elle délirait; à quel point on l'infantilisait parfois. Important ou non ce n'était pas le moment de se poser ce genre de questions, alors qu'Eyleen lui proposait de curieux pétales qu'elle ne connaissait pas. Sa curiosité en fut aussitôt émoustillée, et elle fixa les pétales, la tête légèrement penchée. Puis, se rendant compte que ce n'était pas non plus le moment d'un examen biologique avancé, Anamaya hocha la tête puis récupéra le remède.

"Je te remercie, Eyleen, je vais les prendre... Nul danger pour l'heure, mais au moins je dormirai tranquille jusqu'à la prochaine lune.

Tu me raconteras, d'où ça vient, après?"

Les pétales dans la tasse, qui tournent et dansent au gré des impulsions. Ana est captivée par cette valse, coupée des autres personnes. Elle reprend pied peu après et avale la tisane améliorée. Un léger froncement de sourcil, un sourire.

" En effet il est... original le goût... J'aurai peut être dû attendre que les pétales fondent un peu plus..."

Les bras un peu ballant, Anamaya retourne vers la couche. Quand il est l'heure, il est l'heure...

Un sourire en coin, alors qu'elle se demande si elle va réclamer une histoire à Nadhir avant d'aller s'endormir. Mais non, elle n'aura pas besoin de berceuse...

" Bon et bien... bonne journée... N'oubliez pas de me réveiller, au cas où à la tombée de la nuit... Je ne sais pas quels seront les effets soporifiques de ce que j'ai pris, donc au cas où..."

Trop, Anamaya lui a déjà pris trop de son temps et de son espace, et elle ne veut pas que cela se poursuive plus que nécessaire... C'est tout ce qu'elle peut lui rendre...

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Je souris à la réaction d'Anamaya, qui lutte contre le sommeil et contre l'éveil en même temps.

Chaque chose en son temps, Ana, le soleil te dicte tes nuits, profites-en.

Eyleen lui offre une infusion plus particulière.

D'ici, je ne reconnais pas les deux pétales, sans doute une spécialité locale de... euh, d'où elle vient. Je ne sais pas d'ailleurs. Pas d'ici en tout cas. Et pas de là d'où je viens non plus.

Maintenant que j'y pense, elle m'a toujours semblée mal à l'aise par ici, comme si elle était exclue, comme si elle ne pouvait pas considérer ces terres-ci comme siennes.

Me retournant vers l'entrée de la grotte, je cache un sourire.

On ne naît pas en appartenant à une nation, on s'approprie les us et coutumes, les amis, son propre foyer... si on y arrive.

Derrière moi, Anamaya se couche, je lui envoie un petit signe de tête, muet, comme pour ne pas briser l'atmosphère propice au sommeil. Nous veillerons sur elle.

Je passe la fissure dans la roche, sentant l'air s'engouffrer un peu plus vite à mon passage.

La main sur la pierre, j'en suis un instant les contours, avant de sortir, et m'y adosser.

Dans ma paume, la tasse encore pleine de tisane, la chaleur radie dans mes doigts, presque jusqu'à mes bras. Je réprime un frisson. A quelques pas de moi, la rose transparente qui a pris racine. Un jour, j'ai eu à faire couper une rose noire. Celle-ci prendra-t-elle sa place dans l'équilibre naturel? Rose pour rose, lumière pour ombre...

Par l'ouverture de la grotte, j'entrevois Eyleen reposer ses ustensiles, et puis la forme allongée d'Anamaya, respirant doucement.

Je fais tourner la tisane dans la tasse, avant d'en boire une gorgée.

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Elle accepte, en confiance. Ca me fait un drôle d'effet... Elle me fait confiance, à moi.

Ceci dit, j'ai bien choisi de leur faire confiance, à eux. Ce qui n'est pas vraiment dans mon caractère non plus. Et que d'ailleurs je ne m'explique toujours pas...

Elle a bu la tisane, s'allonge et s'installe, avec un petit sourire sur les lèvres, un air de bien-être comme un chat roulé en boule au coin d'un feu... Je souris aussi dans la pénombre, je retiens un geste étrange. Un instant j'ai été tout près de lui frôler les cheveux... C'est un geste rare, un geste ancien, et destiné à une seule personne... Pincement dans la poitrine. Si loin déjà... Elle doit être grande à présent. Comme Anamaya, un peu moins peut-être, mais elle a l'air si candide avec ses traits qui s'abandonnent et sa main calée sous le menton...

Je me lève sans bruit, emportant la tasse. Je la pose sur la table, prend la mienne, et suis Nadhir à l'extérieur. La confiance... Quelle étrangeté. Je la lui ai accordée, et pourtant il me fait toujours aussi peur. Je crois que jamais je ne pourrai cesser de voir en lui l'ennemi implacable masqué derrière une courtoisie de façade qu'il m'a fallu affronter il y a peu... Je reste sur mes gardes. Il peut encore me faire du mal. Même s'il ne semble pas hostile, il est trop secret, trop fermé, pour que je puisse être certaine de ses intentions. Anamaya, c'est différent. Je crois qu'elle ignore même ce que retorse veut dire...

Dehors le soleil est déjà très haut. Je plisse les yeux. J'ai laissé mon capuchon à l'intérieur, et la clarté me blesse. Lui est adossé à la falaise, sa tasse à la main, les yeux perdus dans les reflets de la rose de verre miraculeusement vivante... J'ai un frisson qui me court dans le dos, brusquement. Ca ne sert à rien de te demander à quoi il pense, 'Nea. Va t'abriter. Je dépasse le seuil de roches nues, éclaboussées de soleil, et vais me réfugier sous un bouquet de noisetiers bien touffus. L'ombre est fraîche, apaisante. L'herbe rase est douce à mes pieds nus. Les bottes aussi sont restées dans la grotte... Décidément j'oublie tout...

Il est resté contre la paroi de roche blonde, à quelques pas.

Désolée, le soleil...

Un peu trop vif pour moi.

Ce n'est pas toi que je crains, c'est le soleil.

Menteuse.

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J'ai fermé un instant les yeux.

Un bruissement à mon côté, Eyleen qui sort de la grotte.

Des souvenirs m'assaillent.

Elle a le don pour sortir des fourrés sans que je la remarque.

Dans notre forêt, il y a de celà bien longtemps, et puis à l'orée d'un champ de roses, il y a ... presque autant de temps.

Est-ce qu'elle prend plaisir à me suprendre, me suis-je déjà demandé.

Un coup d'oeil, je l'ai vu froncer les sourcils, et se diriger vers une ombre rafraichissante. Voilà la réponse à une de mes questions, elle apprécie toujours aussi peu le soleil, surtout tête nue. Et comme une amusante coïncidence, ses pieds le sont aussi, nus.

Sans doute la courtoisie m'aurait-elle dicté de la suivre. Et pourtant je reste immobile, un instant.

Suis-je ici et aujourd'hui en train de me permettre...?

Je la regarde, s'éloigner de quelques pas, les jambes fines et élancées, rehaussées par sa marche, légèrement sur la pointe des pieds.

Comme on peut être parfois aveugle, et ne s'arrêter qu'aux apparences dont on se convainc soi-même.

Une guerrière, que je n'ai cotoyée que quelques minutes avant qu'elle devienne une ennemie officielle.

Ses yeux qui voulaient nous culpabiliser.

Ses yeux-là, je les avais déjà remarqués, au delà des apparences.

Violets, profonds, qui auraient déjà pu me faire tomber.

Pas le diplomate, jamais je ne l'aurai permi. Mais l'homme...

Elle s'arrête, se retourne, et dans l'ombre, je la distingue mieux.

Je hoche la tête à sa remarque, avant de donner un coup de talon sur la roche pour me donner un petit élan.

Je la rejoins sous le noisetier, la dépasse par la gauche, pour atteindre le tronc.

Je me glisse à son pied, le dos contre l'écorce, les jambes en tailleur, la tasse de tisane sur le bas de ma cuisse, supportée par ma main.

Un petit sourire.

J'aime marcher pieds nus... Ne pas sentir le carcan des bottes retenir ma marche.

Le contact avec la terre, sentir ses pieds s'enfoncer légèrement dans l'humus.

Mes yeux dans les siens.

Dans l'ombre, je la distingue mieux, c'est son univers, sa scène, son réconfort. J'ai même cru sentir en elle plus de tranquilité quand elle a rejoint le couvert de l'arbre, que ce à quoi je me serai attendu si elle n'y avait gagné que le repos de ses yeux.

Ses épaules plus relâchées aussi.

Sa silhouette qui se découpe en ombre chinoise, avec comme toile de fond la roche baignée de soleil de la grotte. Tout à fait de circonstance pour son caractère.

Et tout à fait avantageux à ses formes, je dois me l'avouer...

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Evidemment. A quoi est-ce que tu t'attendais ? A ce qu'il reste planté en plein soleil comme un bout de viande mis à sécher ?

Je l'ai regardé approcher, immobile. Il s'est décollé de la paroi, quelques pas pleins de désinvolture, et il s'est laissé tomber au pied du bouquet de troncs. Une série de gestes fluides, sans heurts. Il a la grâce d'un danseur... ou d'un prédateur. Une sorte d'élégance nonchalante qui fascine et qui effraie. Qui m'effraie. De la même manière que ses mots sont aussi doux et lisses que l'acier d'une lame, et aussi tranchants, de la même manière que ses traits sont paisibles et neutres quand il parle, alors qu'on sait que derrière ce visage se cache une intelligence féroce, redoutable... de la même manière, ses mouvements souples, parfaitement contrôlés, me font peur. Ils vibrent d'une énergie latente. Quelque chose qui m'échappe. Quelque chose qu'on ne voit pas de prime abord, quand on se laisse abuser par le sourire affable de cet homme pas vraiment grand, pas spécialement imposant. Quand tant d'autres se haussent du col et font gonfler leurs muscles, les imbéciles, celui-ci déploie un talent certain pour dissimuler la menace qu'il peut représenter... Mais moi je sais.

Il parle et c'est seulement alors que je réalise que je suis restée plantée debout comme un piquet de clôture, à l'observer. Merci à mon teint qui trahit peu les rougeurs aux joues... Bravo, 'Nea, c'est une coutume korgaï, sans doute, de dévisager les gens comme les vaches qui regardent passer les chariots... Tu tiens vraiment à passer encore plus pour une crétine, continue, c'est bien parti. Je me pose gauchement sur l'herbe, pas trop près, pas trop loin. Je me sens maladroite. Ces foutus yeux, aussi... Toujours la même impression qu'ils voient à l'intérieur de ma tête, comme chez Merr'Aos. Comme si aucun de mes secrets ne pouvait lui échapper. Et bizarrement, ça me rends nerveuse, mais...

Mais...

...

Mas pourquoi est-ce que tout le cinglant que je peux avoir parfois pour prier les gens de s'occuper de leurs fesses et de garder leurs distances me paraît hors de propos quand il s'agit de lui ?... Bizarre.

Je fronce un peu les sourcils, range derrière mon oreille une mèche de cheveux qui m'énerve. Non. C'est pas la mèche qui m'énerve. C'est le fait que je n'arrive pas à soutenir son regard.

Plus agréable sur l'herbe que sur un sol de roche... Et beaucoup moins sûr dès que la lumière est absente. Je te recommande la rencontre entre les orteils et un bout de rocher sournois. Rien de tel pour te prouver que tu es vivant.

Aucun intérêt, ce que tu dis, 'Nea.

Les yeux baissés sur mes pieds nus, je ne sais pas pourquoi j'ai soudain envie de les cacher. Et les chevilles, et les genoux, et les cuisses, et tout le reste. Si on me donnait un grand trou avec un couvercle, j'y plongerais en disant merci. Mais pourquoi est-ce que... Mais ça m'agace à la fin ! J'ai quoi, comme raison, de me sentir aussi fébrile ? C'est idiot. C'est incompréhensible.

Bon, 'Nea, allons-y logiquement.

Est-ce que tu sais pourquoi tu ressens cette impression d'être une gosse qui va se faire gronder, oui ou non ? Non.

Est-ce que tu penses avoir le moyen ou le loisir de rechercher une réponse, là maintenant ? Non plus.

Alors, qu'est-ce qu'on fait dans ce cas-là ?

On traite par le mépris.

Allez hop !

Nervosité ? Quelle nervosité ?

J'suis pas nerveuse, moi, j'ai l'air nerveuse ?

C'est juste un air !

Regardez comme j'ai même pas peur !

Même que je me tourne pour lui faire face, et même que je souris !

Qui a dit que j'étais nerveuse ?

Qu'on le trucide.

Alors, monsieur l'inquiet, comment se fait-il que tu aies laissé ta protégée boire un truc non identifié offert par une inconnue ? Ne me dis pas que tu n'es même pas un peu curieux sur les bords ?

Beaucoup mieux.

Sauf que s'il veut savoir d'où ça vient, ça risque de t'emmener loin...

Peut-être beaucoup trop loin...

...

Et ça te dérangerait ?

...

Sincèrement... tu l'as fait exprès, non ? Avoue...

...

J'avoue.

Mais quant à l'expliquer...

On traite par le mépris ?

D'accord.

On verra bien...

Mais surtout n'arrête pas de sourire.

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