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Terre des Éléments

Suyvel

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  1. Ainsi, la guerrière n'avait jamais fait face aux orques ? Suyvel songea, non sans ironie, qu'elle ne perdait pas grand chose à rester dans l'ignorance... sauf qu'avec la guerre qui couvait, il était infiniment préférable qu'Elfe sût à quoi s'attendre. Même si rien ne valait l'expérience personnelle, Suyvel pouvait toujours l'éclairer un peu.

    « Dans ma prime jeunesse, j'ai appris à connaître les orques. La menace constante qu'ils représentent pour toute civilisation. Leur mode de vie est basé uniquement sur le combat et la guerre. Ils se cherchent sans cesse de nouveaux champs de bataille. Mais les orques ne bâtissent rien. Lorsqu'ils déboulent quelque part, ils tuent tout le monde et rasent ce qui ne les intéresse pas. Les seuls prisonniers qu'ils font sont là pour leur servir d'esclaves. Ou de garde-manger, en cas de disette. Lorsqu'un orque a faim, il n'est pas très regardant sur la provenance de la viande... »

    « Mes semblables se servent parfois des orques comme chair à canon dans leur guerre contre ceux de votre race. Mais toute alliance avec les orques ne peut être qu'éphémère. Dès qu'ils n'ont plus d'adversaires face à eux, ils s'en cherchent de nouveaux... y compris parmi leurs "˜alliés'. C'est pourquoi les drows ne manquent jamais de chasser et tuer les orques. Pour les empêcher de se regrouper et de former une menace trop sérieuse. Et leur rappeler qui sont les plus forts. Car les orques ne respectent que la force. Oh, et aussi pour en capturer certains. Les orques fournissent aux drows une main-d'œuvre robuste et bon marché. A Menzoberranzan, il doit y avoir des centaines d'orques réduits en esclavage. »

    « Toujours est-il que je n'aimerais pas voir ces terres ravagées par les orques. Personne ne l'aimerait, en fait... mais certains sont trop ignorants ou trop aveuglés par d'hypothétiques bénéfices à court terme pour s'en rendre compte. Il faut avoir vu ce que les orques peuvent faire pour comprendre que nul n'a intérêt à se liguer avec eux... »

    Puis, en réaction à la demande de Suyvel, Elfe sortit sa masse d'armes et la posa prestement sur la table. La magicienne en resta médusée. Elle écouta la guerrière lui parler de son arme puis se dit qu'étant arrivée récemment, celle-ci n'était pas forcément au courant des usages en vigueur. Elle lui fit remarquer :

    « Dans l'enceinte de la taverne, il est d'usage de garder les armes rangées. Il y a d'autres lieux pour cela. Le dojo, par exemple. En fait, à peu près partout... sauf précisément ici. »

    D'un léger signe de tête, Suyvel indiqua l'assistance à Elfe. Lorsque celle-ci jeta un coup d'œil circulaire, elle vit une trentaine d'yeux interrogateurs voire réprobateurs fixés sur elle. Suyvel fit un léger geste d'apaisement. Pas de problème. Les regards finirent par se détacher des deux femmes.

    La magicienne s'en détourna pour se concentrer sur l'arme dévoilée à sa curiosité. Elle ne fut pas déçue. Sur un plan thaumaturgique, ce qu'elle voyait relevait du sacré. Une essence de magie qui lui évoquait furieusement celle de la divine Dame de l'Air, sa déesse. La force des vents, contenue dans un objet matériel et s'en dégageant à la volonté du porteur... Elle aurait juré la chose impossible. Et pourtant elle contemplait cette puissance éolienne. Changeante mais stable, puisque la masse d'armes ne donnait aucun signe de corruption ou de désintégration.

    La vision de cette harmonie mystique la renvoyait à une autre arme. Une arme qu'elle connaissait bien.

    Cinq-Ents.

    « Je ne sais pas si cela vous intéressera, mais je pourrais vous montrer une chose qui "“

    Elle s'interrompit. Elfe venait de passer son doigt sur le métal de l'arme, déclenchant un changement dans l'aura de l'objet. De paisible, elle devint brièvement agitée, voire tempétueuse. Que cela signifiait-il donc ? Etait-ce lié aux capacités magiques de l'arme, qu'elle ne pouvait qu'imaginer ? Suyvel s'abîma dans une profonde réflexion, captivée par ce spectacle inattendu.

  2. Elfe parla de ses origines, du clan sylvain qu'elle avait laissé loin derrière elle. Suyvel ignorait presque tout de ces elfes, de leur mode de vie, de leur culture... Il faut dire qu'étant donné son exécration pour cette race, elle ne s'était jamais intéressée à la question. Mais en ce jour, tout était en train de changer. Cette discussion "“ totalement inimaginable pour elle il y a quelques minutes encore "“ dévoilait un charme sulfureux : celui de l'inconnu. Et attirée par ce mystère imprévu, elle s'apprêtait à soumettre Elfe à un interrogatoire en règle lorsqu'une ombre sur son visage la fit changer d'avis. Sa compagne ne semblait pas à l'aise avec le sujet. Elle choisit "“ à contrecœur "“ de brider sa curiosité et de la laisser d'elle-même revenir sur le sujet, si elle le souhaitait.

    D'ailleurs Elfe lui parlait d'une rencontre avec un humain et des raisons qui l'avaient poussée à quitter les siens. Puis de ce qui l'a conduite à rallier Aéris. Elle évoqua le nom d'un esprit du vent, Sûl, et ce que cette entité lui avait apporté, sa soif d'aventure, son envie de découvrir le monde et son exigence de liberté. Alors qu'elle l'écoutait, l'elfe noire sentit quelque chose remuer au plus profond d'elle-même. Une chose qui semblait faire écho aux paroles d'Elfe. Comme une chose fragile qui se serait brisée au simple son des mots de la guerrière, qui continuait à discourir sans remarquer le trouble de la magicienne. Comme une vieille blessure qui se serait finalement réouverte. La liberté... une valeur qu'elle partageait, et qui lui avait déjà coûté beaucoup. Un mal-être s'abattit brièvement sur Suyvel... mais de façon intense. Elle s'efforça de garder un visage impénétrable. Pas question de paraître faible devant une elfe de la surface.

    Pour finir, Elfe nomma celui qui était responsable de son départ : Gyu. Un nom qui fit ressurgir un petit sourire sur le visage de Suyvel. D'abord parce qu'elle appréciait le jeune magicien, et ensuite parce qu'au vu de leur complicité évidente, elle ne trouvait pas surprenant d'entendre que Gyu ait été présent dès le début des pérégrinations d'Elfe. L'un n'allait généralement pas sans l'autre. Ce soir-là faisait partie des exceptions notables.

    La guerrière relevait sa remarque sur les apparences en lui adressant une question, à laquelle l'elfe noire répondit.

    « Non, pas seulement les magiciennes, bien sûr. Cette vision serait, je crois, bénéfique à tous... à part peut-être ceux qui profitent des autres et de leur crédulité. »

    La question d'Elfe en disait long sur elle... en dépit de sa jeunesse apparente, elle semblait déjà expérimentée et avertie. Probablement pas le genre à se laisser berner facilement. Peut-être avait-elle appris cette leçon à ses dépens... mais Suyvel s'abstint de toute remarque. Elle se demanda également l'âge que pouvait bien avoir Elfe. Passé un certain cap, les races elfiques étaient très peu marquées par le passages des ans. Suyvel se souvint de certaines de ses semblables qui, à quatre cents ans, paraissaient presque aussi jeunes que d'autres qui n'avaient pas vécu la moitié de leur siècles. Il était donc délicat de déterminer l'âge de son interlocutrice, mais à la fraîcheur de certains de ses propos, Suyvel eut l'intuition d'entendre une femme jeune, probablement plus qu'elle.

    Elfe finit de se présenter en lui dévoilant son nom réel. Elerinna... Suyvel avait lu que les elfes de la surface avaient tendance à porter des noms riches en sens, souvent en rapport avec la nature chère à leur cœur. Sa connaissance de la langue des elfes de la surface était théorique et sûrement perfectible, mais elle aurait parié que son nom signifiait "˜couronnée d'étoiles' ou quelque chose d'approchant. Un joli nom pour un joli brin d'elfe.

    L'investigation magique que l'elfe noire avait entreprise ne révélait rien de significatif. Sa compagne semblait être ce dont elle avait l'air : une guerrière, pas une magicienne. Lorsqu'un écho étrange lui parvint. Cela ne venait pas d'Elfe, mais...

    « De par ma classe, je m'intéresse à la magie sous toutes ses formes. Si ce n'est pas trop personnel... porteriez-vous quelque objet magique ? »

    Le sourire en coin qu'elle affichait laissait entendre qu'elle connaissait la réponse à la question.

    Puis vint l'inévitable question sur sa présence en ces terres. Suyvel s'assombrit (si si, en dépit de son teint naturellement sombre, elle y arrivait encore... au figuré, bien sûr !), comme à chaque fois qu'elle se trouvait devoir parler des siens.

    « Sachez simplement que j'ai quitté la Cité des Araignées. De mon propre chef. Et si je ne suis pas aujourd'hui près de mes semblables, c'est que j'ai mes raisons. De sérieuses raisons. La première d'entre elles étant le peu d'estime que je leur porte. »

    Une inspiration profonde, puis elle lâcha le poids qui l'étouffait :

    « Pour tout vous dire, vous avez devant vous une fugitive. Une exilée volontaire. Certainement vouée au sacrifice, condamnée à mort, si ses semblables lui remettent la main dessus un jour. »

    Etonnant comme il était parfois plus simple de dire certaines choses à une quasi-inconnue. Néanmoins, elle préféra ne pas s'appesantir sur le sujet.

    « La situation ici devient tendue, pour ne pas dire critique ; on parle d'une attaque imminente. D'une armée entière d'orques à nos portes. Il y avait déjà eu des petits groupes repérés dans le marais. J'en avais moi-même abattu trois. Puis il y a eu cette première grosse alerte du côté de l'Académie. J'imagine que vous en avez entendu parler. Et tout laisse croire qu'il ne s'agit que d'un début... »

    Un déclic s'opéra dans son esprit.

    « ... mais peut-être cette menace d'invasion est-elle la raison de votre présence aujourd'hui ? Il est vrai que, si vous savez vous battre, vous êtes doublement la bienvenue ici. Je crois que, lorsque les orques attaqueront, nous aurons besoin de tous les combattants disponibles... »

  3. « On m'appelle Elfe, et vous ? »

    í€ ces mots, Suyvel comprit pourquoi le nom de la guerrière ne lui était pas revenu. Quand bien même elle l'aurait entendu au village du Souffle d'Eolia, elle l'aurait pris pour une allusion í€ son peuple et non pour son patronyme. Elle ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel. De dépit.

    Elfe... ça ne peut être qu'un surnom qu'un humain lui aura donné. Et on sent que celui qui l'a affublée de ce sobriquet a dû drôlement se creuser la tête pour le trouver...

    La guerrière s'était présentée et s'enquérait de son nom. Suyvel répondit obligeamment :

    « Suyvel Adele Hycate Trajek'Towardh Ayflesh, magicienne d'Aéris. »

    Elle porta sa main í€ son cou et y saisit son propre pendentif sacré qu'elle leva vers les yeux d'Elfe, attestant de ses dires. Avisant brusquement l'air í€ moitié affolé de l'elfe, elle haussa un sourcil. Puis elle comprit. Evidemment. L'énoncé complet de son nom avait une fâcheuse propension í€ semer la panique chez ses interlocuteurs.

    « Vous pouvez m'appeler Suyvel. »

    Un sourire amusé devant l'évident soulagement de la guerrière.

    « Je suis toujours heureuse de rencontrer une sœur aéride... »

    Suyvel surprit l'expression dubitative d'Elfe et son regard hésitant, voire circonspect. Logique. Elle ne pouvait pas la blâmer d'être sur ses gardes en présence d'une elfe noire.

    « ... même si, et vous n'aurez pas manqué de l'observer, nos origines divergent. J'ai connu la nuit (1) dans la cité de Menzoberranzan, en Outreterre. Et vous-même ? êtes-vous une Sylvaine ? De quelle région venez-vous ? »

    Suyvel songea après coup que sa question pouvait ressembler í€ une mise en cause de la lignée d'Elfe, si elle était bel et bien de sang elfique pur. Les elfes noirs avaient tendance í€ être abrupts dans leurs relations aux autres. Des années de vie au contact des humains avaient permis í€ Suyvel d'arrondir les angles de ses propos, mais pas complètement. Elle jugea bon de préciser :

    « Une magicienne digne de ce nom ne s'arrête pas aux apparences. Elle s'en méfie. Et puisque nous parlons apparences, je suppose qu'Elfe est un surnom ? »

    Une autre question titillait la curiosité de Suyvel. Les elfes constituaient une race forte de grandes capacités dans les arts magiques. Celle qui se tenait lí€ était-elle capable d'en user ? Certes, la drow savait qu'Elfe s'était présentée comme guerrière auprès du Souffle d'Eolia. Mais elle pouvait fort bien avoir d'autres capacités qu'elle aurait tues.

    Tout en prêtant l'oreille í€ la réponse d'Elfe, Suyvel activa son sens de la magie pour se faire une idée de l'aura de la guerrière et d'une éventuelle affinité avec la magie.

    _____________________________________________________________

    (1) Expression drow équivalente í€ celle de "˜voir le jour' chez les humains.

  4. Pour Suyvel, la journée avait été tranquille, passée en étude d'ouvrages sur l'herboristerie. Les heures s'étiraient paresseusement et prenaient tout leur temps pour céder leur place. Bercée par ce rythme lent et monotone, la journée touchait néanmoins à sa fin. Et en fin d'après-midi, lorsqu'elle referma ses livres, la drow entendait bien passer une soirée plus mouvementée. Pourquoi pas une petite excursion à la taverne ? Il devrait y avoir du monde et elle n'avait pas envie de rester seule.

    Suyvel ouvrit sa penderie et réfléchit à ce qu'elle allait porter. D'humeur aventureuse, elle jeta son dévolu sur une tenue légère, voire minimaliste, et plutôt provocante... selon des critères drows. Des humains l'auraient sans doute qualifiée autrement. D'attentat à la pudeur, par exemple. Mais quand bien même on le lui aurait dit, Suyvel s'en serait moquée. Probablement parce qu'elle n'entendait pas grand chose à la pudeur des humains. Elle se souciait de tels concepts comme d'une guigne. La seule chose qui l'intéressait sur l'instant était l'effet qu'elle produirait en se montrant.

    Et de fait, lorsqu'elle fit son apparition dans la grande salle, elle suscita un ample murmure, dans l'assistance masculine surtout. Des regards appréciateurs, quelques hommages empressés et un ou deux sifflets vinrent à sa rencontre. Satisfaite de cette attention, elle se prit au jeu et avança d'un pas lent, répondant aux salutations courtoises et aux compliments galants. Elle en rajouta encore en glissant des regards incendiaires, en offrant quelques sourires complices et en passant les doigts dans sa chevelure, pour mettre le feu à la salle... ainsi qu'aux regards qui croisaient sa route.

    elfe_m10.jpg

    La taverne était comble ce soir-là. Suyvel songea qu'elle n'aurait que l'embarras du choix, ce n'était pas le gibier qui manquait. Par contre, les tables étaient prises d'assaut. Elle s'assit là où elle le put. Alors qu'elle en était encore à choisir son menu "“ mais pas celui que l'on trouve sur la carte de la taverne "“ une voix féminine parvint à ses oreilles.

    « Bonsoir. »

    Suyvel tourna la tête et s'avisa que l'une de ses voisines de tablée venait de la saluer. Toutefois, lorsqu'elle la vit, elle ne répondit pas. Probablement parce que les muscles de sa mâchoire se crispèrent quelque peu. Les traits de la jeune femme ne laissaient aucune place au doute quant à ses origines.

    Une elfe !

    Une haine ancestrale séparait leurs deux peuples. Si Suyvel n'avait pas de raison personnelle de haïr les elfes de la surface, ses maîtres lui avaient inculqué cette aversion et elle était devenue comme un réflexe. Depuis son départ, ses diverses rencontres avec des représentants de la race elfique lui avaient permis de relativiser les choses et de comprendre que ce qu'on lui avait enseigné était largement erroné, au moins en partie. Pour autant, ce sentiment de détestation perdurait.

    Passées la surprise et cette réaction épidermique, la drow réalisa que cette elfe en particulier ne lui était pas inconnue. Elle fronça les sourcils, puis se souvint. Et se détendit un peu.

    Le village du Souffle d'Eolia. Elle est de la faction.

    Suyvel se remémora dans quelles circonstances elles s'étaient rencontrées. La magicienne passait maintenant beaucoup de son temps au marais et n'était guère présente au village du Souffle. Toutefois, elle y passait régulièrement et, si le besoin s'en faisait sentir, elle y officiait comme guérisseuse. Bien sûr, les mages ne manquaient généralement pas pour cela, mais elle était une des plus expérimentées. Et un jour, alors qu'elle remplissait ses obligations, elle avait vu venir de nouvelles recrues. Notamment un jeune humain, un mage, Gyu, qu'elle avait d'ailleurs fini par prendre sous son aile, et cette elfe, une guerrière. Ces deux-là traînaient souvent ensemble et semblaient s'entendre comme larrons en foire. Elle leur avait dispensé des soins "“ même à l'elfe "“ mais les deux femmes n'avaient pas échangé un mot.

    Suyvel la détailla quelque peu. La guerrière ne passait pas inaperçue. L'elfe noire songeait qu'au vu de son style vestimentaire, elle cherchait à attirer les regards "“ elle aussi. C'est alors qu'elle remarqua son médaillon... l'emblème d'Aéris. Une sœur venue des Terres sacrées d'Eolia. En revanche, la drow butait sur un point précis... le nom de l'elfe.

    Comment s'appelle-t-elle donc, déjà ?

    Alors que la magicienne restait songeuse, la guerrière se tourna à nouveau vers elle et lui proposa même un verre. Légèrement étonnée, elle réalisa qu'elle la dévisageait depuis un moment, sans mot dire. Sa première pensée fut de refuser... puis elle se ravisa. Elle avait déjà commis un impair diplomatique il y a peu, elle n'avait pas envie de récidiver.

    Chassant de devant ses yeux quelques mèches rebelles, elle prit le breuvage offert.

    « Salutations... et merci pour le verre. »

    Leurs regards se croisèrent. Suyvel remarqua avec intérêt la couleur sombre des yeux de l'elfe, qui contrastaient avec sa peau et sa chevelure. Pour autant qu'elle le sût, les elfes de la surface avaient les yeux clairs. Elle-même n'avait pas des yeux d'une couleur répandue chez ceux de sa race "“ qui étaient en général rouges ou jaunes "“ mais c'était la première fois qu'elle apercevait une elfe avec de tels iris. à moins que... elle ne le fût pas réellement?

    « Etes-vous seule ? Si un peu de compagnie vous tente, je serais heureuse que nous fassions connaissance.»

    Suyvel ne savait pas très bien ce qu'elle allait pouvoir raconter à la guerrière, mais la curiosité avait été la plus forte... comme d'habitude.

  5. La rumeur allait s'amplifiant, grondant dans les rues de Melrath Zorac.

    Les orques attaquent!

    La menace planait depuis un certain temps. La nouvelle du rassemblement d'une vaste armée d'orques datait déjà, mais ce péril paraissait alors assez lointain. Puis récemment, une première avant-garde avait été repérée dans les forêts du sud, poussant les elfes sylvains à quérir l'aide des habitants de ces terres et des aventuriers de tout poil. Toutefois, les orques en question s'étaient contentés d'établir une tête de pont fortifiée sur la côte. Bien sûr, il était évident qu'ils préparaient quelque chose. Une chose qui semblait se produire somme toute plus vite que prévu : une offensive avait débuté.

    Lorsque la nouvelle parvint aux oreilles de Suyvel, il semblait qu'elle n'était déjà plus de première fraîcheur. Qu'importait à l'elfe noire! Elle s'était juré de défendre ces terres contre la peste verte, elle n'allait pas se défiler sous prétexte qu'elle risquait d'arriver en retard sur le champ de bataille. Elle boucla rapidement son sac, y fourra un certain nombre de potions en prévision du combat et prit la route du sud, son orbe à la main. Une fois entrée dans la forêt, elle eut du mal à s'orienter, comme toujours. Ce n'était pas son territoire de prédilection. Les arbres orgueilleux qui se dressaient ici étaient le domaine des elfes sylvains. Bien qu'elle vienne les assister en chassant les orques, elle était sûre que ceux-ci verraient la présence de l'elfe noire d'un mauvais œil. Presque comme un camouflet. Cette pensée l'encourageait à faire fi de sa répugnance envers l'environnement actuel et elle continua sa route, un sourire aux lèvres.

    Après avoir croisé quelques aventuriers qui allaient et venaient en tous sens, Suyvel finit par tomber sur une bande d'orques à crête. Son sang se mit à courir dans ses veines. Serrant son orbe, elle entama une incantation de combat et se lança dans la mêlée.

    orc1punk.png

    Le combat fut relativement aisé. Totalement dépourvus de coordination, les combattants orques ne pouvaient pas prétendre encercler ou attraper une drow rapide et agile. Et aucun d'eux n'avait la valeur nécessaire pour la défaire en venant l'affronter seul à seul. Néanmoins, elle reçut de sérieuses blessures qui, si elle n'y avait pris garde, auraient pu finir par avoir raison d'elle. Fort heureusement, elle était convenablement équipée pour faire face à cela. La drow fit des ravages dans cette bande d'orques, bien décidée à stopper sa progression, faute de pouvoir la décimer complètement, car des renforts leur arrivaient régulièrement.

    Lorsqu'elle jugea avoir fait œuvre suffisante, elle laissa d'autres aventuriers arrivés entre-temps achever ce combat et progressa plus avant dans la forêt. Plus loin, une horde conséquente et disparate de peaux vertes faisait face à plusieurs humains qui la harcelaient sans relâche.

    orc1lance.pngorc1hache.pngorc1gler.png

    Suyvel se joignit à cette tactique de sape et abattit des fantassins et quelques lanciers, des adversaires hargneux mais moins expérimentés que leurs homologues à crête. Rapidement, elle commença à se chercher d'autres cibles, plus à sa mesure.

    Ce fut alors qu'elle le repéra.

    orc_casque.gif

    Un orque de grande taille, avec la musculature d'un ours. Pour toute protection, il portait un lourd casque. Non seulement il avait l'air bien plus dangereux que les autres, mais il semblait grogner des ordres à ceux qui l'entouraient.

    Un chef orque?

    Cette brute se trouvait malheureusement hors de portée de la magicienne. Analysant le terrain, Suyvel réalisa qu'il lui serait certainement possible de faire tout le tour du champ de bataille en restant dissimulée au regard des orques, de façon à arriver près du meneur sans être arrêtée par ses sous-fifres. Ce qu'elle fit avec la discrétion naturelle de sa race. Sur le chemin, elle dut néanmoins faire face à d'étranges créatures, des squelettes rampants. Certainement l'œuvre de quelque nécromancien malhabile... ou fou.

    S'abritant derrière des obstacles naturels, elle parvint ainsi tout près de sa cible. Cachée derrière une masse rocheuse, elle allait incanter un sort lorsqu'elle entendit le bruit de pas lourds s'approcher puis s'arrêter. L'orque devait se tenir juste à côté d'elle! La drow retint son souffle et évita de prononcer son sortilège, de peur d'être immédiatement repérée. Une telle proximité requérait d'autres méthodes. Accroupie, elle fit le tour du rocher de façon à repérer exactement la position du chef orque. Chance! Elle le vit qui lui tournait le dos. Sa main droite s'envola vers sa manche gauche, d'où elle tira Wyvarnia'Slen.

    Son katar au poing, elle s'avança subrepticement vers sa cible et, arrivée au contact, frappa avant que celle-ci n'ait réalisé qu'une ennemie se tenait là. La lame décrivit un large arc de cercle pour venir frapper l'arrière du genou droit de l'orque. Un bref cri, et celui-ci s'effondra au sol. Evidemment, il lui aurait été difficile de rester debout avec un genou dont une partie des ligaments était tranchée. C'était bien ce qu'escomptait l'elfe noire, qui bondit aussitôt sur le corps massif et porta un second coup. Elle visa le cou cette fois-ci, rendu beaucoup plus accessible une fois l'orque à terre. S'il avait été debout, Suyvel aurait été presque incapable de le frapper là, tant l'orque était grand. La lame s'enfonça dans l'épaisse gorge, répandant un sang noir, causant des dommages mortels et empêchant définitivement l'orque de crier. Un meurtre rapide et discret, comme on le lui avait enseigné à Menzoberranzan. Suyvel se releva, fière de cette action bien exécutée - aussi bien que l'orque, en somme.

    Et son regard croisa celui d'un autre orque, tout proche. Un malabar bâti sur le même modèle que celui qu'elle venait d'expédier.

    Par la malepeste, quelle déveine!

    Trop occupée à se dissimuler, Suyvel n'avait pu vraiment contrôler son environnement et n'avait pas détecté la menace avant d'attaquer. La haine fulgura dans le regard de l'orque en découvrant l'elfe noire sur le corps de son pair, encore secoué par les spasmes de l'agonie. Néanmoins, avisant que le premier orque avait été abattu au contact, il jugea plus malin de ne pas se ruer directement sur sa meurtrière. Une erreur d'appréciation car, dans le cas contraire, la situation de la magicienne serait passée du stade du léger problème à celui du péril grave. Il se contenta d'arracher du sol un gros rocher et de le lancer à la tête de l'elfe noire. Suyvel, sidérée par la taille du projectile improbable - qui devait peser dans les deux cents kilogrammes - tarda à réagir. Ce fut son instinct de survie qui la sauva. D'un saut agile, elle se sortit in extremis de la trajectoire du caillou gargantuesque.

    à peine au sol, elle entama une incantation pour contre-attaquer de loin. Pas question de s'approcher d'une telle brute alors qu'il l'avait repérée! S'ensuivit un âpre combat, un échange de tirs à distance, sortilèges d'un côté, projectiles en tous genres de l'autre "“ mais inévitablement d'un poids qui les rendait tous potentiellement létaux. Le meneur orque était aussi résistant que puissant, et les sorts de la magicienne, s'ils l'atteignaient sans difficulté, ne paraissaient pas devoir en venir à bout. Pourtant, au bout d'un moment, l'orque finit par donner des signes de faiblesse. Et il hésita, se rendant compte de l'inanité de sa tactique. Il finit par en changer, chargeant la drow comme un taureau furieux. Un changement tardif, car une nouvelle attaque de la magicienne le fit tomber au sol avant qu'il ne puisse l'atteindre. Et il ne devait pas s'en relever. Suyvel lâcha un soupir de soulagement et s'esquiva discrètement avant que d'autres adversaires aussi coriaces ne s'intéressent à elle.

    Après cette offensive victorieuse, Suyvel décida qu'elle en avait assez fait pour l'heure. Une trentaine d'orques, dont deux meneurs, avaient mordu la poussière, abattus de sa main. Elle se déclara satisfaite. Elle ignorait quelle était la situation globale mais, de toute manière, elle ne pouvait continuer indéfiniment. Alors elle prit le chemin du retour, tout en envisageant les retombées de son action. Elle songeait que certains orques l'avaient certainement vue et qu'ils rapporteraient à leurs semblables qu'une drow les guettait sur ces terres. Elle ignorait si les orques d'ici connaissaient les elfes noirs, mais s'ils ne les craignaient pas encore, il était temps qu'ils commencent. Une peur qui, amplifiée par les récits successifs, irait croissante et minerait leur moral lors des batailles à venir.

    Oui, Suyvel était satisfaite. Elle savourait cette perspective.

    Ce fut à ce moment qu'elle découvrit une scène totalement inattendue. Trois humains qui semblaient lancés dans un affrontement fratricide.

    necromant_juste_0_face_1.gifguerrier_malefique_2_face_1.gifnecromant_juste_3_face_1.gif

    Suyvel connaissait les humains et leurs dissensions et ne se serait pas émue de cette vision si elle ne connaissait pas personnellement deux des belligérants.

    Deux nécromants.

    Deux frères de faction.

    Ardycael et Skelderane.

    Ils combattaient un guerrier que Suyvel ne reconnut pas, mais elle identifia sans peine sans blason : il appartenait à une faction qui était en guerre avec le Souffle d'Eolia. Mais ce qu'elle réalisa surtout, c'était que les nécromants paraissaient en mauvaise forme. Ils risquaient de céder rapidement. Sans réfléchir, Suyvel s'élança droit sur le groupe tout en préparant un sortilège. Elle vint directement au contact, sans aucune précaution, et lança son sort... non pas sur le guerrier, mais sur Skelderane.

    Un sort de soins.

    Bondissant sur le flanc du guerrier, Suyvel se précipita sur Ardycael et lui fit bénéficier du même traitement. Elle renouvela même l'opération une seconde fois sur l'Aéride, car il était certes plus résistant que l'Igné, mais avait également subi davantage de dégâts. Ses deux amis requinqués, Suyvel pouvait maintenant envisager la suite des opérations.

    Sauf qu'il n'y en eut pas.

    Le guerrier avait-il cru que la drow le chargeait ? Le fait de voir les deux nécromants revigorés lui fit-il douter de ses chances ? Ou bien l'avantage numérique lui parut-il insurmontable ? Toujours est-il qu'il tourna les talons et disparut sous les frondaisons de la forêt. Suyvel en resta muette d'étonnement. Elle s'était attendue à tout, mais pas à un sprint en armure !

    Plus tard, alors qu'elle arrivait en vue de l'auberge, elle songea qu'Eolia avait dû guider ses pas pour qu'elle arrive ainsi à point nommé pour secourir ses camarades de faction.

    Grande Déesse, sois remerciée de tes bienfaits!

    Oui, décidément, pour Suyvel, cela avait été une excellente expédition. Elle adorait qu'un plan se déroule sans accroc.

    hannib10.jpg

  6. Bienvenue à toi, Orfe.

    Toujours heureuse de saluer un frère Aéride. :)

    Même si c'est un elfe... :p

    L'elfe noire sourit en songeant que, la prochaine fois qu'Orfe se glissera dans l'ombre, il ferait bien de vérifier qu'elle n'est pas déjà occupée...

  7. Certaines rencontres semblaient marquées de l'empreinte du destin : que l'on eût envie de les éviter n'y changeait rien, on n'y coupait pas.

    Pour Suyvel, la rencontre avec le lutin Festoch en fut une de cet acabit.

    Elle avait pourtant superbement ignoré la rumeur qui enflait sur ces terres. Un passage vers un domaine mystérieux se serait ouvert. Etant donné la curiosité quasi-maladive de la magicienne, une telle information aurait en temps normal recueilli la plus grande attention de sa part. Mais dès qu'elle avait ouï qu'un lutin en gardait l'accès, elle s'était détournée, refusant même d'entendre la fin de l'histoire. Eolia savait l'effort que cela lui coûtait, mais Suyvel avait autant envie de rencontrer un lutin que de voir, disons, une mouche se poser sur son repas du soir.

    On ne pouvait pas vraiment l'en blâmer. Les Drows entretenaient une haine vivace envers le peuple des fées, dont les lutins font partie. Ils la cultivaient, la transmettaient à leurs descendants, en leur enseignant que tout ce qui n'allait pas dans leurs vies pouvait généralement être imputé au peuple des fées. Suyvel, qui avait beaucoup voyagé et vu bien des choses de ses propres yeux, avait fini par remettre en cause cet enseignement et perdu de vue cette haine ancestrale. Sa rencontre récente avec un Korrigan, un certain Ceatharlach, n'était pas étrangère à cette évolution. Néanmoins, la mention en sa présence de représentants du peuple des fées faisait ressurgir un vieux fond d'aversion. Un peu comme une mauvaise habitude dont elle aurait eu du mal à se départir.

    Suyvel se désintéressa donc de l'histoire... et ce jour-là, si elle se mit en marche vers le Temple du Phénix, c'était pour tenter d'arracher à la statue sacrée sa précieuse flûte. Sans savoir qu'ainsi, elle se dirigeait droit vers une rencontre qu'un dieu moqueur avait manifestement planifiée pour elle.

    Et lorsque la magicienne fut affairée à tenter de retirer l'objet des serres de l'oiseau, une voix fluette vint l'informer que le Temple comptait ce jour-là un occupant imprévu. Un simple coup d'œil lui permit de réaliser instantanément que la haute et puissante silhouette de cinquante centimètres ne pouvait appartenir qu'à un lutin. Une fatalité écrasante qui fit s'affaisser les épaules de la Drow.

    Ah bravo ! C'était bien la peine de refuser d'écouter les récits de la taverne, tiens...

    Maudissant le destin qui semblait jouer avec ses nerfs, elle pivota vers l'arrivant. Celui-ci, fort volubile, se présenta et lui expliqua qu'il cherchait des aventuriers pour quelque tâche indéfinie et qu'il pouvait lui indiquer l'entrée d'un monde merveilleux. Il ne sembla pas réaliser la race de son interlocutrice... ou bien il en faisait fi avec une maîtrise de soi qui forçait le respect.

    Suyvel l'interrompit :

    « Si c'est un monde plein de lutins, je vais décliner l'invitation, merci. »

    Festoch ne renonça pas, redoublant d'arguments pour la convaincre. Lorsqu'il mentionna le Père Nowell, il réussit à capter l'attention de la magicienne. L'année précédente, Suyvel avait rencontré le personnage sur Melrath Zorac, et l'avait aidé à remettre la main sur ses lutins grévistes. Si Festoch lui permettait d'accéder au domaine de cet homme, elle ne doutait pas d'être bien reçue, vu le service qu'elle lui avait rendu. Evidemment, à ce moment, Suyvel ignorait tout du bazar intégral qu'elle allait découvrir, et encore moins qu'elle allait de nouveau être mise à contribution pour y remédier. Elle aurait dû être plus prudente. Mais sur le moment, l'idée lui parut bonne.

    « Très bien, Festoch, j'accepte l'invitation... si tu es capable de répondre à une devinette.

    - Une énigme ? Pour moi ? Je t'écoute ! » clama le lutin avec un plaisir non dissimulé.

    « Il s'agit de trouver la réponse à cette simple question : qui suis-je ?

    - Qui tu es ? Mais je ne peux pas deviner ton nom, tout de même... !

    - Je ne te demande pas de deviner mon nom mais mon sang. A quel peuple appartiens-je ? »

    Festoch, intrigué et manifestement intéressé, commença de la détailler.

    « Voyons... étant donné ta taille et ta silhouette, je pencherais pour une Elfe.

    - Non, je ne suis pas une Elfe... » répondit Suyvel avec un certain déplaisir.

    « Ah bon ? Pourtant tu as vraiment un visage d'Elfe.

    - Je ne suis pas une Elfe, » répéta Suyvel, agacée.

    « Tu as même les oreilles typiques des Elfes.

    - Je "“ ne "“ suis "“ pas "“ une "“ El "“ feuh ! » scanda Suyvel, sentant la moutarde lui monter au nez.

    Non mais il cherche les mots qui blessent, l'avorton ?!

    Se contraignant au calme, elle reprit, non sans une lueur dangereuse dans les yeux :

    « Bon, un indice pour toi, l'échantillon sur pattes : qu'est-ce qui ressemble à une Elfe mais qui a les cheveux blancs et le teint sombre ? »

    Ce disant, elle rejetait sa capuche en arrière afin que Festoch puisse mieux la voir. Celui-ci la regarda intensément, avant de marquer une réelle surprise. Suyvel lui vit alors nettement le blanc de l'œil, avant que le lutin ne tombe à la renverse, sur le dos, évanoui de toute évidence.

    Apparemment, il venait de trouver la réponse à la devinette.

    Un sourire de satisfaction s'enfuit au coin des lèvres de Suyvel. Bien fait pour lui. La prochaine fois, le lutin prendrait probablement le temps de réfléchir avant de solliciter la première aventurière qui passait par là.

    En même temps, ce dénouement posait un léger problème... Festoch ne lui avait pas indiqué l'entrée du domaine du Père Nowell. Et inconscient comme il l'était maintenant, il ne risquait pas de lui être très utile. La Drow songea un instant à le bombarder de coups de botte jusqu'à ce qu'il daignât se réveiller. Mais comme il faisait partie du personnel de l'auguste personnage qu'elle s'apprêtait à visiter, autant rester courtoise. Elle réfléchit rapidement à une façon plus amène de lui faire reprendre ses esprits.

    Une idée lui vint. Le peuple des lutins était réputé pour son amour de l'or. Détachant sa bourse, elle l'ouvrit et en prit une poignée de pièces qu'elle fit retomber une à une dans un tintement évocateur.

    « C'est l'or... il est l'or... l'or de se réveiller... Monseignor... il est huit or... » (1)

    Cette prétendue soif des lutins pour le métal jaune ne devait pas être qu'une simple légende car Festoch ouvrit grand les yeux, puis sauta agilement sur ses pieds, un regard avide vers la source de la mélodie aurifère.

    Un regard qui croisa immédiatement celui de Suyvel, froid et dur comme une lame d'acier. Les yeux de la Drow délivraient un message éloquent.

    N'y pense même pas.

    Elle ferma les cordons de sa bourse et la remit à sa ceinture, sous les yeux implorants de Festoch, qui n'osa néanmoins pas protester.

    « Bon, alors, et ce domaine ? Tu m'en montres l'entrée ?

    - Oui... oui, bien sûr. Elle se trouve dans cette faille, répondit le lutin en désignant une brèche dans le mur de la caverne. Je te fais la courte échelle. »

    Suyvel avait beau être légère, quand on avait un physique de lutin, ce genre de proposition était sans doute serviable mais pas aisée à mener à bien. Avec force geignements et ahanements, Festoch parvint néanmoins à hisser Suyvel jusqu'à l'ouverture, dans laquelle elle se faufila.

    « Parfait, tu y es ! Tu n'as qu'à continuer doit devant, tu ne peux pas te tromper ! Je te laisse, je dois trouver d'autres volontaires... Salut !

    - Un instant. »

    La magicienne se retourna, se mit à plat-ventre et, d'un geste vif vers le lutin resté en contrebas, lui saisit l'oreille, lui interdisant de s'éloigner come il en avait eu l'intention.

    « Ouille ! Héééé !!! Mais qu'est-ce que tu me veux encore... ?

    - Ma bourse. »

    Un instant, lutin et elfe noire se toisèrent. Puis, d'un air penaud "“ et manifestement à regret "“ Festoch tendit ladite bourse vers Suyvel, qui s'en saisit de sa main libre.

    « Bon, bon, d'accord... Voilà...Tu as senti que je te l'avais prise ? Les miens ont pourtant la main légère...

    - Pas besoin de le sentir. Je savais que tu tenterais ce coup-là. Un peu trop tentant pour toi, mmh ?

    - Je... heu... disons que ça a été plus fort que moi. L'amour de l'or est inscrit dans nos gènes. Dis-moi... heu... tu ne m'en veux pas, hein ? » fit Festoch dans un grand sourire gêné.

    Suyvel lui rendit un sourire magnifique de compréhension et de douceur. Le lutin en parut rassuré.

    Mauvaise évaluation de la situation.

    Tous ceux qui connaissaient un tant soit peu Suyvel, lui voyant ce sourire si particulier, auraient pris leurs jambes à leur cou. Seulement, précisément, Festoch ne la connaissait pas. Et même dans le cas contraire, il n'aurait pu aller nulle part, la prise ferme de la magicienne le lui interdisant.

    Yhaaaaaa - BAM !

    Propulsé par un souffle magique, Festoch, dans un hurlement strident, alla s'aplatir sur le mur d'en face. Il parut y rester incrusté un instant, puis glissa lentement jusqu'au sol, où il demeura inerte pour la seconde fois.

    « Et bien moi, c'est la propension à la vengeance qui est inscrite dans les miens, » grogna la Drow.

    Que l'on puisse convoiter son bien la mettait en rogne. Mais ce n'était rien à côté des contrariétés qui l'attendaient dans le domaine du Père Nowell...

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    (1) Tout le monde aura reconnu cette citation célèbre, je pense. :)

  8. J'ai recherché 'Johnson' dans la liste des joueurs, je n'ai rien trouvé.

    Tu confonds peut-être avec un autre jeu?

    Et guerrier eau, c'est un peu mince comme indication.

    As-tu envoyé ton adresse mail à Keril?

    Je crois qu'il n'y a plus que lui pour te sauver... :geek:

  9. Bonjour,

    Tu as oublié ton pseudo?

    Si tu n'as plus de message provenant de TDE, difficile de le retrouver....

    On peut toujours essayer de mener l'enquête, mais il faudrait que tu puisses nous donner quelques indications comme:

    - ta classe de personnage,

    - ton niveau,

    - ton élément,

    - le sexe,

    - le nom de ta faction (si tu en as intégré une),

    - le nom de joueurs que tu connaîtrais sur le jeu...

    Note aux admins: y a-t-il un moyen d'identifier un joueur sans son pseudo?

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