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Tout ce qui a été posté par Suyvel
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Je suis désolée d'apprendre que tu sembles vivre une phase difficile. J'espère que tes problèmes personnels se résoudront.
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Bonjour, J'ai trouvé une serpe de maître herboriste ainsi qu'un esprit de pangolin. Si leur propriétaire souhaite les récupérer, merci de m'écrire dans le jeu et de me communiquer le lieu où il les a perdus, ainsi qu'une preuve de sa mort.
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La pluie tombait sans discontinuer sur l'ample capuche de la cape de la magicienne. Ce n'était pas un temps qui l'incitait à sortir de sa douillette chaumière, et pourtant... Même par beau temps, le marais reste un endroit peu avenant. Partant de là, à quoi bon laisser de futiles considérations météorologiques remettre en question ses plans du jour ? Elle avait prévu de récolter de la valériane, elle se tiendrait à son programme. Le ciel pouvait bien lui faire grise mine, elle n'y prêterait pas attention, et voilà tout. Elle s'était donc armée d'une paire de ciseaux au tranchant chirurgical et mise en route vers IssCaNak. Suyvel se consolait en se disant qu'une mauvaise rencontre en serait d'autant plus improbable. Pas un temps à mettre un tueur fou dehors. Et de fait, elle n'avait vu âme qui vive. Jusqu'à ce qu'elle s'approche de ce saule pleureur. Il fallait dire que l'homme assis dessous se tenait immobile. Dans la grisaille environnante, il était donc peu repérable. L'elfe noire eut un geste de surprise et fronça les sourcils. Qui cela peut-il être ? Et que fait-il donc sous cet arbre ? En tout cas, il ne semblait pas se cacher, et ne montrait aucune hostilité "“ à supposer qu'il l'ait seulement vue. Suyvel prit quelques instants pour le détailler quelque peu. L'homme, en définitive, ne semblait rien faire de plus que d'essayer de se préserver de la pluie, ce que tout être sensé ferait. Il avait l'air d'un guerrier, à en juger par sa tenue et les épées qu'il portait au côté. Sa tête était couverte d'une fourrure "“ du renard, à en juger par la couleur. Un détail qui pouvait avoir son importance, ou peut-être pas. Après tout, ce n'étaient pas les amateurs de fourrure ou de trophées animaux qui manquaient dans la région, y compris au sein du Souffle d'Eolia. Suyvel pensa à son général, Tigrrr, et à son éternel casque félin. Ou mieux encore, à un certain nécromant Aéride. Siiix et sa peau de toutou vissée sur le crâne ! L'image la fit sourire sous sa capuche. Ce fut à cet instant qu'elle remarqua le blason sur l'armure. Les armes de l'Alliance ! Alors le guerrier faisait partie de cette grande faction amie ? Pourtant, je ne l'ai jamais vu... Ce n'était pas impossible pour autant. L'Alliance comptait beaucoup de membres, et elle était encore loin de les connaître tous. Hé bien voici une occasion d'y remédier, même partiellement. Elle s'avança donc droit vers l'homme, jusqu'à ce qu'il lève les yeux dans sa direction. Alors elle s'immobilisa et leva la main en un salut amical. « Je vous souhaite le bonjour, messire. » Elle lui laissa un instant avant de se présenter : « Suyvel Ayflesh, magicienne d'Aéris et membre du Souffle d'Eolia. Toujours ravie de rencontrer un de nos alliés. » Tout en disant cela, elle tenait entre deux doigts la broche qui fermait son manteau "“ marquée du blason de sa faction. « Je ne crois pas que nous ayons déjà eu le plaisir de nous croiser. Puis-je vous être d'une aide quelconque ? » Prise d'un doute, elle jeta un regard de part et d'autre. « Mais peut-être attendez-vous quelqu'un... ? »
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Promis, Shorion ! Bienvenue à Nanais, alors. J'espère qu'elle se plaira ici.
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L'aptitude 'soin medium' ne semble pas fonctionner si on essaie de la déclencher par un raccourci clavier. Les autres soins fonctionnent très bien. Donc bug, je pense.
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Hycate vit Selene qui revenait prudemment vers elle en ayant soin de ne pas alerter le guerrier de son retour. Elle l'observa du coin de l'œil pour ne pas la dénoncer involontairement : la Terrane approchait à pas mesurés en opérant un léger contournement. Discrètement mais lentement. Un peu trop au goût de la drow, dont la situation n'était pas brillante. Bien que blessé à la jambe, le guerrier tenait l'offensive, et Hycate ne devait qu'à son agilité et sa rapidité naturelles le fait d'être encore saine et sauve. Mais elle ne se faisait guère d'illusions : au premier coup de hache, elle serait mise hors combat, voire gravement blessée, étant donné la puissance de son adversaire. Plus vite, Selene, plus vite !!! La drow dut se retenir de ne pas hurler ces mots tant elle sentait la mort approcher. Ce fut alors que Selene fit un geste en direction de l'homme... et celui-ci recula de deux pas en portant les mains à ses yeux et en grognant. Hycate lança un regard interrogateur du côté de Selene, puis elle comprit. La poudre aveuglante ! La drow partit d'un rire hystérique alors que sa comparse la rejoignait. Voir son adversaire handicapé par ce coup en traître la ravissait. « Bien joué ! Je m'occupe de lui, maintenant... à mon tour d'attaquer ! » Et elle prononça la formule d'un sort offensif : Choc Ténébreux. Depuis qu'elle avait pris en main les commandes de la vie de Suyvel, Hycate avait tout naturellement remis en cause certains des choix de son double, qui lui avaient paru parfaitement ridicules. La pratique de la magie blanche était l'un de ces choix honnis. La drow en était donc revenue tout naturellement à la magie noire, et avait commencé à apprendre les sorts disponibles dans la région. Tous les sorts utilisables avec sa magie noire. Une sombre vague d'énergie néfaste naquit de sa main et alla frapper le guerrier en plein poitrine ! Ce dernier accusa le coup, hurla et tituba. Hycate en eut un rire jubilatoire. Ce qui s'avéra une erreur. Le guerrier était désormais sérieusement blessé, certes, mais pas au point de ne pouvoir riposter. Toujours aveuglé mais guidé par le son du rire de son ennemie, il se rua en avant et tenta une attaque circulaire, en une véritable toupie mortelle. Selene était par chance un peu en retrait et ne fut guère menacée par la tentative, mais Hycate était à portée du redoutable fer de hache. Aussitôt, elle se rejeta en arrière et évita le coup. Il s'en était fallu d'un cheveu. Par tous les démons ! Il est encore capable de se battre après un sort pareil ? Cela semblait douteux, mais c'était pourtant le cas. Hycate avait préjugé de sa puissance en tant que sorcière : comme Suyvel n'avait pratiqué que la magie blanche depuis des années, son aura de magie noire s'était affaiblie. Et Hycate allait devoir composer avec ce qu'il en restait. Et malheureusement pour elle, le sort lui réservait un de ses tours malicieux. Sous la forme d'une racine dépassant du sol, derrière son talon. Trébuchant sans pouvoir rétablir son équilibre compromis, Hycate se retrouva sur le dos, lâchant un bref cri de surprise. Immédiatement, le guerrier se porta à sa hauteur et leva son arme, prêt à conclure définitivement ce combat...
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Elixir amplificateur de finesse: seulement 4 genièvres, 4 sapins et 5 sels gemme. Poudre aux yeux: seulement 6 aubiers de tilleul, mais 30 graviers Potion dégénératrice de résistance: 7 essences de gaulthérie, 2 essences de rose Élixir amplificateur de force = élixir d'amplification sanguine (nom modifié) Élixir dégénérateur de chance: seulement 10 essences de lavande, 5 genièvres, 70 brindilles (Toutes les recettes que je connais sont indiquées dans ma boutique et sont à jour, tu peux t'y référer pour ton tableau: http://www.terre-des-elements.net/forum/index.php?showtopic=6308) Effets: Elixir d'amplification mentale: +21 en esprit, +14 en adresse (5 minutes) élixir d'amplification sanguine: +21 en force, +14 en adresse (5 minutes) Huile de gaulthérose: +35 en résistance (5 minutes) Fumerolles nirvâniques: lançable sans nécessité de cibler, donc comme un consommable même si ce n'est pas fait pour ^^ (idem pour encens hypnotique) Grand élixir d'amplification mentale: +48 en esprit, +32 en adresse (5 minutes)
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Le troisième larron était empailleur de métier. D'emblée, Suyvel se heurta à un problème inattendu : elle ne comprenait pas un traître mot de ce que l'homme racontait. Peut-être s'agit-il d'un patois local ? Là, elle avait besoin d'aide. Elle décida donc de retourner vers le village du Souffle d'Eolia. Cependant, elle était à peine rendue à la Porte Ouest de Melrath Zorac qu'elle tombait sur Skelderane. Elle le héla et lui expliqua aussitôt son problème. Le nécromant ne demanda pas mieux que de l'accompagner et de jouer les traducteurs, si c'était dans ses moyens. Aussi se rendirent-ils de concert devant Vyrzz. « Holà, le drôle ! l'interpella Suyvel. Pourrais-tu nous dire si tu connais Hersyn ? C'est lui qui nous envoie. - (galimatias incompréhensible). - Qu'est-ce qu'il dit ? - Il dit que... oui, il le connaît ! traduisit obligeamment Skelderane. - Ah, donc tu le comprends. Parfait ! On avance. Oh, mon brave ! Pourrais-tu nous dire en quoi tu saurais nous aider dans la reconstitution du sceptre ? - (bouillie indigeste de mots). - Tu as saisi ? - Il dit qu'il s'agit d'un secret de famille, qu'il ne divulguera pas à des inconnus. - Tiens donc, vraiment ? Hé bien, bonhomme, je te paierai grassement pour que tu m'en fasses profiter. - (hoquets hystériques). - Pfff, ça me court déjà sur le haricot, ce dialogue en triangle... Il dit quoi, là ? - Rien. Heu... pas de mots, quoi... hem... il... il ricane, en fait... - Ah oui ?! » L'elfe noire empoigna l'homme par le col et le secoua violemment d'une seule main. « Tu vas parler, oui ? Mais tu vas parler ?! » Et de sa main libre, elle commença à lui mettre des baffes à tour de bras. Au bout de quelques rafales de mandales, Vyrzz sembla se raviser et se mit à déblatérer dans son obscur dialecte. Son monologue était déjà peu clair, mais entrecoupé par les tartes que lui distribuait Suyvel sans compter, la traduction n'en fut guère facilitée pour Skelderane. « Il dit qu'il est désolé, qu'il ne voulait pas te froisser, qu'il est prêt à coopérer, qu'il est compétent en création de parchemins d'invocation, qu'il connaît la formule de celle qui permettrait d'assembler le sceptre, qu'il aimerait bien en garder le secret, mais qu'il est tout disposé à t'en fabriquer un contre quelques menues babioles, qu'il t'a dit tout ce qu'il savait, et qu'il aimerait bien que tu arrêtes de lui avoiner le museau à coups de beignes, par pitié. » La magicienne suspendit son geste et tourna son visage vers Skelderane, le sourcil interrogateur. « Par quoi ? - Par pitié, il a dit. - Pitié... c'est quoi, ça encore ? Tu aurais pu traduire ce mot-là aussi, non ? - Ah heuuuu... oui, pardon... C'est que le concept n'est pas évident à expliquer... surtout pour une elfe noire. Enfin, je veux dire... - Dis tout de suite que je suis bête ! - Nononon du tout, du tout ! C'est une question de différence culturelle, vois-tu... heu... Comment te dire ça... Oh et puis zut, mettons qu'il n'a rien dit ! - Alors je continue les baffes. - Mais non, c'est pas la peine, il va coopérer ! Et puis je ne voudrais pas que tu abîmes ta fine mimine sur son vilain faciès. - Hmmm... tu as raison, j'arrête. » Skelderane soupira discrètement, ravi que son subterfuge pour fermer la boîte à claques ait fonctionné. Suyvel ajouta : « C'est vrai, pas la peine de me faire mal aux mains sur ce rustre. Je n'ai qu'à me procurer une pelle. Justement, il y a des marchandes, non loin d'ici... » Le nécromant se prit le visage entre les mains. Oh nooon... elle est irrécupérable ! De fait, l'elfe noire se rendit à l'étal le plus proche pour y demander l'outil susmentionné. « Bien le bonjour. Il me faudrait une pelle, et une solide. » Elle avait pris la peine de cette précision car toutes les pelles qu'elle avait achetées dans la région ne lui avaient guère fait d'usage. Au moindre effort, elles avaient invariablement cédé à la rouille ou au poids des ans. A croire que tous les marchands de la région s'étaient entendus pour ne proposer que des pelles qui tenaient de la pièce de musée, histoire d'obliger leurs clients à en racheter régulièrement. L'obsolescence programmée, quelle plaie ! La marchande, tout sourire, lui répondit avec aplomb : « Tous nos articles sont d'une qualité éprouvée. En voici une qui vous satisfera, j'en suis sûre. Cela nous fera trois cents pièces d'or. - Ah bon ? Parce que les fois précédentes... Enfin, voici votre or. » Néanmoins, la magicienne examina l'ustensile d'un air suspicieux. Il ne paraissait pas neuf... loin de là. Comme d'habitude. « Pardonnez-moi d'insister, mais j'aimerais vérifier quelque chose... - Je vous en prie », répondit la marchande sans réfléchir. Beng ! fit la pelle en s'abattant sur le sommet du crâne de la commerçante. Crac ! fit le manche de l'outil en rompant net. « Ouaille ! » fit la marchande en portant les mains à son crâne endolori. « Mais qu'est-ce qui vous prend ? - Juste une petite vérification, comme je vous le disais, sourit Suyvel, confortée dans ses opinions sur la qualité de la marchandise. Votre produit avait l'air vétuste... - Mais vous n'êtes pas obligée de me frapper avec mes articles ! - Inexact : celui-là, je vous l'ai réglé. Ce n'est plus votre article. Il m'appartient désormais, et je puis donc faire ce que bon me semble avec. D'ailleurs, il va m'en falloir un autre, vu qu'il n'a pas résisté au test. - Mes articles ne sont ni repris ni échangés ! Si vous voulez une autre pelle, il vous faudra me la payer également. - Soit. » Et la marchande lui tendit une autre pelle, alors que Suyvel lui remettait une seconde bourse d'or. Alors que la marchande comptait les pièces, l'incident se renouvela. Beng ! Crac ! « Aouh ! » cria la marchande en posant ses mains sur son crâne maltraité. Suyvel la regardait d'un air détaché. « Pas mieux. Vous en auriez une autre ? - Trois cents pièces d'or, grinça la marchande sur un ton nettement plus revêche. - Les voici. » Beng ! Crac ! « Yaaargh ! » hurla la marchande en massant son crâne martyrisé. Suyvel la considérait, toujours calmement. « J'espère pour vous que vous avez du stock... et des remèdes pour les maux de tête. - Ca va, ça va, j'ai compris ! Tenez, voici une pelle qui vous fera plus d'usage. Je vous la laisse au même prix que les autres si vous me promettez de ne pas la tester sur moi. - Vendu. » L'elfe noire étudia son achat de près. Cette pelle, sans être neuve, avait l'air bien plus récente que les autres. La magicienne sourit à l'intention de la marchande. La pédagogie, ça finissait toujours par payer. La guerre psychologique, aussi. Suyvel alla donc retrouver Skelderane. Ce dernier "“ probablement pour éviter un massacre "“ s'était entendu avec Vyrzz et, contre un certain nombre de trophées prélevés sur la faune de la région, avait obtenu le parchemin que désirait l'elfe noire. Celle-ci considéra le parchemin avec satisfaction, puis la pelle, d'un air vaguement déçu. Ayant rassemblé les trois composants, elle s'en fut revoir Hersyn, qui réalisa l'assemblage du sceptre ainsi qu'il s'y était engagé. Bien entendu, ni l'un ni l'autre n'était plus avancé sur l'utilité de l'objet. Mais Suyvel avait son idée sur l'usage qu'elle lui réservait. Elle partit en quête du sbire qui l'avait recrutée. Lorsqu'elle le trouva, elle lui annonça de but en blanc : « J'ai un message pour l'Architecte. - Ah ? Hé ben donne... » Beeeennnng !!! A moitié assommé par le coup de pelle, l'homme gisait au sol, mais il entendit clairement les propos de l'elfe noire soudainement moins amènes. « Tu diras à ton employeur que j'ai ce qu'il recherche, et que je ne traite pas avec les sous-fifres. S'il veut le sceptre, qu'il se dérange lui-même. Tu as enregistré ou tu veux que je t'épelle ? » Elle leva l'ustensile pour souligner son sérieux. Le sbire ne se le fit pas dire deux fois. « J'ai compris ! Parfaitement compris ! Aucun souci ! Je transmets au plus vite !!! » Et il détala à une allure prodigieuse. Suyvel le regarda disparaître avec satisfaction, tout comme son acquisition qui avait parfaitement résisté à sa première utilisation. Puis elle reprit la direction des Cimes, et du village du Souffle d'Eolia. Arrivée à destination, elle avait eu le temps de songer à ce qu'elle allait faire du sceptre. La magicienne espérait que l'Architecte serait assez appâté "“ et assez naïf "“ pour venir la trouver au sujet du sceptre. Néanmoins, elle en doutait fortement : il était bien plus probable qu'il envoie un autre homme de main lui subtiliser l'objet. Aussi décida-t-elle de le cacher dans un endroit connu d'elle seule, protégé par des pièges mécaniques et magiques. Elle y ajouta des sorts d'alarme et de détection, pour être alertée de la moindre intrusion. Si jamais l'Architecte ose pointer le bout de nez ici, il sera accueilli avec tous les égards qui lui sont dus. C'était ce que ce disait Suyvel en fixant la pelle. Après tout, elle espérait bien que sa nouvelle acquisition lui ferait encore de l'usage. * * * FIN * * * [hrP] Pour tous ceux qui se demanderaient où je vais chercher tout ça, j'aimerais citer, dans le désordre, quelques personnes qui m'ont inspiré des éléments du présent récit : - Exoriel, qui m'a dit un jour que, lorsqu'elle regardait mon skin de face, elle ne voyait pas un fouet mais une pelle ; - Didier Bénureau pour son sketch le collabo rose - Albert Dupontel pour son film Bernie ; - Goscinny et Uderzo pour la saga d'Astérix et des baffes, et en particulier pour la guerre psychologique dans l'album la zizanie. Je leur adresse à tous mes plus vifs remerciements. [Fin HRP]
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Bien qu'étant moi-même hermésiste, je suis contre l'idée de distinctions pour le M2. Pourquoi? Tout bonnement parce que peu de joueurs sont en mesure de développer leur M2. Ceux qui y arrivent sont souvent ceux qui sont soutenus par leur faction, au détriment de tous les autres qui leur laissent gentiment la place. Dès lors, accorder des distinctions aux producteurs serait malvenu, je trouve.
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Tout commença par un bel après-midi qui présageait d'un hiver clément. Revenant d'Irliscia, Suyvel tomba sur un individu à l'allure louche, qui l'interpella de façon discrète et encore plus suspecte. Fronçant les sourcils, la magicienne se décida néanmoins à aller voir ce que lui voulait ce particulier. « L'Architecte, tu connais ? - Tu crois que j'ai hiberné dans un trou depuis des mois ? Ou bien tu me prends pour une truffe ? Ca doit être le type le plus recherché de la région depuis la révolte des gardes ! - Ah parfait, je vois que tu connais... hé ben c'est lui qui m'envoie. - Aaaah oui quand même... et tu n'as pas peur de t'attirer des ennuis en le disant à tout un chacun ? fit une Suyvel quelque peu blasée. Parce que, bon, il n'a pas que des amis, avec tout ça... - Oui mais toi, tu es une elfe noire, pas vrai ? Je m'en doutais, j'ai l'œil, moi ! Donc les plans machiavéliques de l'Architecte, ça doit te plaire, hein ? Les trafics sous le manteau, tout ça... » Suyvel soupira. Les hommes de main n'étaient pas très souvent des lumières, et celui-là devait manifestement être le chef. En tout cas, au vu de ses capacités intellectuelles, il en avait l'étoffe. Et puis le cliché sur les elfes noirs qui trempent tous dans des affaires pas claires, on l'avait déjà servi à la magicienne jusqu'à plus soif. L'originalité ne semblait pas devoir être au rendez-vous ce jour-là. Dans le même temps, cela ressemblait à une opportunité inespérée d'en apprendre un peu plus sur les menées obscures de l'Architecte. Malheureusement, ce dernier, lui, n'était pas sot, et n'avait rien confié de ses plans à l'atrophié du bulbe qui faisait face à l'elfe noire. Néanmoins, l'homme savait que l'Architecte recherchait un sceptre, et que cet objet servait à utiliser une ancienne relique qui se trouvait désormais entre ses mains. Tiens tiens... et s'il ne peut mettre la main sur le sceptre, que fera-t-il de la relique ? Rien, probablement... il y a là une idée à creuser. Ce fut ce qui décida Suyvel à accepter l'offre du sbire. Ce dernier l'enjoignit de trouver le descendant de la famille Hersyn qui devait se trouver dans la région... Après quelques brèves recherches, Suyvel rencontra effectivement un vieillard de ce nom. Elle décida de jouer franc-jeu avec lui et lui parla du sceptre. L'homme, hélas, ne put rien lui apprendre quant à son utilité, mais affirma être en mesure de l'assembler si elle en trouvait les composants. Pour cela, il lui désigna trois personnes qui, selon lui, seraient en mesure de l'aider. La première, Arzog, se révéla être un bohémien flûtiste et manifestement brocanteur à ses heures perdues, à en juger par l'invraisemblable bric-à-brac qu'il déballa sous ses yeux. Suyvel grommela : « Pattes de grenouille, bave de crapaud... il ne manque plus que les ailes de chauve-souris et tu me proposes le kit parfait da la sorcière débutante ! - Ah mais si vous en voulez, je dois en avoir quelque part. - Tu me prends pour une sorcière et un pigeon de surcroît ? Remballe ton fourbi avant que je ne mette le tout à la poubelle ! - Ho ho, une cliente difficile, hein ? Mais j'aime bien les défis. Qu'est-ce qui trouverait grâce à vos yeux ? - Un sceptre. - Ah... je dois pouvoir vous trouver ça dans mon clan... mais mes compères sont rudes en affaires, il me faudrait de quoi négocier... - Hum... fit Suyvel qui s'attendait au pire. Combien... ? - Des ressources seraient fortement appréciés. Des ressources de valeur, bien sûr. Disons... un sachet de feuilles de menthe, un sac de gravier, une pelote de fibre de soie et un fagot de brindilles... » Suyvel s'était attendue à ce que l'homme, sentant venir la cliente aisée, tente de la saigner aux quatre veines. Suite à sa demande dérisoire, elle dut réviser son jugement : dans la catégorie fin négociateur, Arzog appartenait sans conteste possible à la catégorie des belles têtes de vainqueur. La magicienne manqua de s'étrangler de surprise, puis toussa pour dissimuler un fou-rire. Après quoi elle trouva suffisamment de sérieux pour jouer les clientes affolées par le prix demandé. « Rhooolala, je ne sais pas... c'est que ça va faire cher... - On n'a rien sans rien, je ne vous l'apprends certainement pas. - Hihihu heuf keuf keuf... bon, je vais voir ce que je peux trouver... » Peu après, la magicienne était de retour avec les ressources demandées. Et Arzog, en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, lui fournissait un sceptre, ou du moins la base. Conviendrait-il à Hersyn ? Suyvel décida que oui puisque c'était le vieil homme qui l'avait adressée à Arzog. Elle verrait cela avec lui directement. Au second de ces messieurs. Barzsk était un contrebandier et certainement un receleur, à en juger par l'incroyable bric-à-brac qu'il proposait. Néanmoins, il possédait un joyau de belle taille qui convenait parfaitement au sceptre. Lorsque Suyvel se renseigna du prix, il en exigea cinq millions de pièces d'or. Pendant quelques instants, la magicienne en resta muette, littéralement assommée. Puis elle reprit ses esprits. « Cinq millions de... non mais ça va pas la tête ? s'indigna-t-elle. - C'est le prix que j'en demande. A prendre ou à laisser. Et je ne fais pas de ristourne. Jamais. - Ah oui ? Vraiment ? » Cinq minutes plus tard, Barzsk se retrouvait pendu par une jambe au bout d'une corde passée au-dessus d'un portique et attachée à la base d'un arbre. Sur un ton toujours calme et poli, mais où pointait désormais une certaine appréhension, il s'adressait à l'elfe noire en ces termes : « Ecoutez, pour une client de qualité, je ne dis pas que je ne ferais pas un geste... surtout si cette personne acceptait de me détacher. J'ai le sang qui me monte à le tête... enfin, non, qui y descend, en fait. Et heeeeuuuu... pourquoi vous taillez ces bambous en pointe ? - Pour rien, pour rien... ça m'occupe les mains. - Ah oui, c'est important le travail manuel. Une saine occupation, à coup sûr. Mais heeeeuuuu... pourquoi vous plantez ces bambous pointus dans le sol ? Et juste sous moi ? - Je suis favorable au reboisement, voyez-vous. Alors je replante. Des fois que ça repousserait... en plus, une bambouseraie à Melrath Zorac, ça serait bien, non ? - Sans doute, sans doute... Et cette bougie que vous allumez, c'est pour quoi faire ? - Mais pour y voir plus clair, bien entendu. - C'est-à-dire... il fait grand jour, là. Et puis, pourquoi placer cette bougie précisément sous la corde qui me retient ? - Je ne vois pas de meilleur endroit. Ca me semble parfait ainsi. - Certes, certes... heeeeuuuu... vous savez quoi ? Oublions cette histoire de pièces d'or, c'est si vulgaire de parler ainsi d'argent. J'ai quelques clients qui cherchent des choses un peu particulières que j'ai du mal à dénicher... Contre un peu d'aide, je vous céderai volontiers la gemme. » Considérant avec prudence la nouvelle proposition, Suyvel se décida finalement à ôter les bambous. Juste à temps. Clac ! Boum ! « Houmpf !!! Ouille, ouille, ouille... vous auriez pu enlever la bougie en premier lieu... - Bien sûr, mais alors comment seriez-vous descendu ? - Certes, certes... » Lorsque Barzst put se remettre sur pieds, il précisa les besoins de ses clients. Certes, leurs demandes étaient très spécifiques, mais Suyvel ne vit rien d'insurmontable là-dedans. Aussi accepta-t-elle de bonne grâce. Et quelques heures plus tard, elle entrait en possession du joyau convoité. Et de deux ! Au dernier de ces messieurs...
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Epilogue Telle une ruche, la caverne bourdonnait d'activité. On y construisait, on entassait des ressources diverses, on s'entraînait, on enseignait et on apprenait. Ou on présentait son rapport, comme les deux humains - un rôdeur et une magicienne - qui se tenaient devant le siège de la Matriarche. Que tous ici nommaient par ce titre, même si chacun connaissait son nom : Suyvel. Celle-ci, silencieuse, écoutait avec attention le compte-rendu de ses deux lieutenants. Trois années s'étaient écoulées depuis le jour où le royaume sylvestre était tombé et où l'armée orque avait été décapitée. Trois années qui avaient apporté leur lot de changement. Comme l'avait prophétisé Suyvel à Shin, les orques s'étaient enlisés dans des luttes de clans cherchant à s'arroger le commandement. Lorsqu'un nouvel envoyé de Rebom avait semble-t-il repris les choses en main, de l'eau avait coulé sous les ponts, et les diverses offensives des peaux-vertes se heurtèrent à la résistance acharnée des humains. Les elfes commençaient même à se rassembler et à reprendre la lutte contre l'envahisseur. Bref, les orques avaient laissé passer leur chance et se trouvaient à nouveau cantonnés à leur base fortifiée en Irliscia. De son côté, Suyel tirait ses plans pour l'avenir. Oh, bien sûr, suite à ses exploits, elle avait jugé plus sage de disparaître. Elle se voyait mal reparaître comme si de rien n'était devant ses compagnons du Souffle : Gyu avait été le témoin de sa félonie et une certaine guerrière elfe devait désormais rêver de l'étriper... En trahissant les elfes, la drow savait à quoi elle s'engageait. Elle préféra donc se tenir loin de son ancienne faction et prit soin de ne jamais être vue en public à visage découvert, gardant l'incertitude sur son sort. Pour autant, Suyvel n'était pas restée inactive : elle recrutait en toute discrétion pour sa future faction. Elle choisit de s'appuyer sur les femmes insatisfaites de leur sort et de leur condition dans la société patriarcale humaine. Ce n'étaient pas les mécontentes qui manquaient ! Guerrières rejetées par leurs pairs trop phallocrates pour reconnaître leur valeur, jeunes femmes douées pour la magie mais qui ne trouvaient pas de maître acceptant de la leur enseigner, prêtresses novices reléguées à des tâches subalternes sans aucun espoir d'avancement... beaucoup prêtèrent une oreille attentive au discours de l'elfe noire qui leur soufflait des idées de révolte. Qui expliquait que, si les hommes tenaient les femmes dans l'ignorance, c'était pour qu'elles ne se rendent pas compte qu'elles leur étaient supérieures en tout. Qui leur promettait l'avènement d'une nouvelle société dont elles tiendraient les rênes. Ainsi naquit, dans le plus grand secret, l'Ordre des Veuves Noires. Une faction cachée qui tissait sa toile en toute discrétion, dans toute la contrée, dans toutes les organisations, dans toutes les strates de la société. Car les femmes étaient partout, et les mécontentes également. Celles qui rejoignaient l'Ordre avaient pour instruction de ne jamais en mentionner l'existence et recevaient, comme signe d'appartenance, un pendentif en forme d'araignée, qui leur permettait de s'identifier entre adeptes. Son discours eut des échos si favorables que Suyvel fut bientôt à la tête d'un vaste réseau de contacts et même d'espions. Elle dut le segmenter et déléguer une partie de son autorité. Et c'était le rapport de deux chefs de réseau qu'elle écoutait présentement. Le rôdeur et la magicienne lui disaient sensiblement la même chose : dans toute la région, la tension était palpable entre partisans de Quen et ceux de Niue. Suyvel sourit. Elle avait elle-même ordonné d'attiser les dissensions entre les deux cultes. La guerre de religion qui allait bientôt éclater balaierait l'ordre établi, et affaiblirait tout le monde. Tout le monde, sauf l'Ordre des Veuves Noires, qui se tiendrait sagement en retrait... et qui serait ensuite en mesure de prendre le pouvoir. Les idiots qui perdaient leur temps à bêler le nom de Quen ou de Niue comprendraient alors qu'il existait une troisième force plus puissante, mais il serait trop tard, bien trop tard. Quen et Niue n'auraient bientôt nul droit de cité dans la région. Car l'Ordre des Veuves Noires ne rendait hommage ni à l'un, ni à l'autre. Dieux de pacotille, patriarches à l'image des hommes qui dirigeaient cette société, ils seraient balayés comme fétus de paille par la tempête qui approchait. La Révolte des Femmes, comme on l'appellerait un jour, brandirait la bannière non pas d'un dieu, mais d'une déesse : Lloth. Lloth, qui savait la dure réalité de la condition féminine. Lloth, qui enseignait le modèle matriarcal. Lloth, qui encourageait les femmes à régner sur les hommes. Suyvel sourit sombrement. Il lui avait fallu longtemps pour comprendre... Elle avait abandonné la culte de la Reine Araignée, croyant que la tyrannie et la malveillance de son peuple lui étaient imputables. C'était peut-être vrai, du moins en partie, mais c'était un mal nécessaire pour en combattre un autre plus grand : la phallocratie. Car partout où les hommes dominaient, les femmes étaient tenues dans l'ignorance la plus crasse et réduites aux rôles de poules pondeuses et de domestiques. Même au sein de la société drow, réputée si dure avec les hommes, elle n'avait vu ce genre de choses. Les hommes y étaient instruits dans tous les savoirs, y compris le combat et la magie. Seule la prêtrise leur était interdite, Lloth ne tolérant nul mâle dans son clergé. Et si les femmes dirigeaient, elles n'empêchaient pas les hommes de se hisser aux plus hauts niveaux de responsabilité, tant que ceux-ci reconnaissaient leur prééminence. Suyvel avait eu la révélation de cet état de choses lorsqu'elle avait été présentée devant le Haut Conseil des elfes sylvains. D'abord, leur mépris et leur ton hautain envers elle, elfe noire, lui avaient déplu. Elle avait réalisé que, bien qu'ils ne fussent que les descendants lointains de ceux qui avaient condamné son peuple à l'exil, ils en avaient gardé la morgue et l'hostilité envers les drows. Et elle ne s'éteindrait jamais. Ensuite... il n'y avait pas de femmes dans le Haut Conseil. Pas une seule. Humains ou elfes, les hommes semblaient être partout les mêmes, à s'arroger arbitrairement le pouvoir au détriment des femmes. Alors à quoi bon les sauver des orques ? avait-elle pensé à ce moment-là. Qu'ils meurent donc ! Une fois son forfait accompli, Suyvel s'était livrée à des rituels de divination pour savoir quels dieux pourraient encore lui être favorables. Elle n'avait rien vu de bon. Elle ne s'était jamais sentie proche de Quen ou de Niue et désormais, même Eolia se détournait d'elle, n'approuvant pas sa conduite. La surprise était venue de Lloth : Suyvel avait découvert avec étonnement qu'elle n'était plus en disgrâce auprès d'elle malgré sa fuite et son reniement. Le massacre des elfes sylvains avait ravi la Reine Araignée, qui lui accordait à nouveau sa faveur. Lloth, la redoutable protectrice de son peuple. Lloth, l'unique défenseur de la condition féminine. Pour le combat que Suyvel envisageait, elle était le seul choix logique. Aussi avait-elle renouvelé ses vœux auprès de la noire déesse, et œuvré à constituer un cercle clérical voué à la Reine Araignée. Une nouvelle prêtrise était en train de voir le jour sur ces terres. Bientôt, les premiers chants liturgiques résonnèrent dans les profondeurs du monde, dans les grottes aux araignées situées juste sous le fortin du Souffle d'Eolia. Suyvel, avec une ironie non dissimulée, avait établi son quartier général presque sous le nez de son ancienne faction, qui ignorait tout de sa présence. Et Lloth répondit favorablement à l'appel. L'Ordre des Veuves Noires montait en puissance et préparait le règne de la Reine Araignée. Et alors, ses fidèles suivantes régenteraient le pays en Son Nom. Le rôdeur terminait son rapport. « ... il serait judicieux de regrouper les réseaux de Melrath Zorac et d'IssCaNak. Suyvel, je me porte volontaire pour - ZZZZAAAAKKKK !!! Un éclair noir foudroya le rôdeur et l'envoya bouler au pied des marches. Il ne s'agissait certes pas d'un sortilège de destruction, mais il causait un choc assez rude et surtout une douleur crucifiante. Un sort de magie noire, bien entendu. Suyvel avait également renoncé à la magie blanche pour revenir à celle de son peuple, la seule qu'enseignait Lloth. Elle se leva en furie et fut sur le rôdeur en un instant. Elle l'empoigna par le col et le releva avec une facilité déconcertante pour lui hurler en plein visage. « Mon titre ! Lorsque tu t'adresses à moi, emploie toujours mon titre !!! » Lorsqu'elle le lâcha, l'homme manifestement confus et terrifié tomba à genoux puis s'aplatit devant elle, le nez presque sur le sol. « Pardon, Honorée Matriarche ! Je... j'ai oublié de... » Devant tant d'humilité et de repentir, la colère de Suyvel redescendit de plusieurs degrés. « C'est bon, je passe l'éponge pour cette fois... mais sois plus attentif à ta langue à l'avenir ! » Suyvel avait confiance dans les capacités du rôdeur, c'est pourquoi elle l'avait mise à la tête d'un réseau d'agents liés à l'Ordre des Veuves Noires. Mais c'était aussi un homme, et il avait du mal à se souvenir des règles. Sans compter que l'ambition lui faisait parfois oublier sa condition. On n'effaçait pas si facilement une éternité de patriarcat. De temps à autre, il a besoin qu'on le rappelle à l'ordre. Qu'il apprenne à rester à sa place. Les hommes étaient de plus en plus nombreux à rejoindre l'Ordre. Tous ceux que les femmes adeptes de l'Ordre avaient su soumettre, d'une façon ou d'une autre... Il fallait bien leur enseigner les préceptes de l'Ordre, la réalité de leur nouvelle condition d'être inférieur et la nécessaire discipline qui allait avec. Ils étaient utiles, il n'était pas question de se passer d'eux. Mais leur éducation était parfois difficile. La magicienne la tira de ses pensées. « Matriarche... quand allons-nous faire le premier mouvement ? Quand allons-nous enfin abattre le pouvoir en place ? Quand allumerons-nous les feux de la guerre ? » Suyvel eut un sourire évocateur. « Bientôt, bientôt... Pour l'heure, tu peux disposer. Je me retire dans mes quartiers. » Ce qu'elle fit. En entrant dans sa loge, Suyvel vit son reflet dans un miroir et y prêta brièvement attention. En trois ans, elle aussi avait changé. Elle se demanda fugitivement si ses anciens camarades la reconnaîtraient encore. Aucun intérêt. L'elfe noire en revint à son grand projet. Comme elle l'avait dit à la magicienne, leur plan serait prochainement mis en œuvre. Ils étaient presque prêts. Presque. Dès que les adeptes de Niue et de Quen se seraient entretués, la région serait comme un fruit mûr : prête à tomber. L'avènement de Lloth était proche. * * * FIN * * *
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Sur le principe, je suis d'accord avec Elessar, mais je doute de voir tout le monde se responsabiliser... j'aimerais y croire... La criaillerie privée serait une idée intéressante, encore faut-il que ceux qui s'énervent aient le réflexe de s'en servir au lieu de continuer sur le canal général... là dessus, j'ai un doute. Je partage entièrement l'opinion de Tigrrr sur les peines longues. Je suis d'accord sur les idées (modérateurs et liste noire temporaire MP) avancées par Exoriel. Je préfèrerais que l'on avance sur ces différentes pistes avant d'envisager les solutions proposées par Salaha.
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Le lendemain soir. La nuit était tombée sur le campement fortifié des orques en Irlisicia, mais il était le siège d'une activité bourdonnante. Il y régnait une effervescence inhabituelle, une atmosphère de fête. Partout, des feux avaient été allumés, et nombre de broches tournaient au-dessus, activées par les orques qui faisaient rôtir force gibiers divers. Et des tonneaux étaient mis en perce, à foison. Autant dire que l'ambiance était détendue, et même festive. Ca criait, ça riait, ça glapissait, ça chantait même à tue-tête - faux, mais ça chantait. Le seul endroit où l'on ne s'amusait pas - où, à vrai dire, l'ambiance était franchement pesante - c'était du côté des cages. Enfermés là, on pouvait voir des humains et des elfes, dont certains en piteux état, qui tiraient des têtes de cent pieds de long. Tous ceux qui avaient été pris vivants durant la bataille. Soit relativement peu de monde, en fait. Ils attendaient leur sort en silence, et ils doutaient fort, connaissant les orques, qu'il leur soit clément. Sous la tente de commandement se donnait une réception bien plus gaie. Autour d'une table siégeaient Shin, le général de la base, et une trentaine de meneurs orques, dont Ylessor et ses shamans. Le gratin de l'armée orque. Plus une elfe noire. Assise directement à la gauche de Shin, ce qui était bien évidemment une place d'honneur, Suyvel chipotait dans les nombreux plats aux proportions gargantuesques, y prélevait parfois une chiche portion qu'elle grignotait du bout des dents, se régalant davantage des vins fins provenant de la cave personnelle de Shin que des quartiers de viande trop saignante pour son goût. Les orques, eux, ripaillaient de bon cœur, engloutissaient des quantités hallucinantes de nourriture et trinquaient à tout-va. Il faut dire qu'il y avait matière à réjouissances. La veille, l'offensive sur le royaume sylvestre avait été un succès complet. Dramatiquement impréparés à une invasion par le monolithe, ses défenseurs, dont bien peu étaient restés dans le village même, avaient été débordés et les renforts venus en toute hâte n'avaient pas pu inverser le cours de la bataille. Finalement, la barrière magique était tombée, ce qui avait permis à l'armée orque d'opérer sa jonction. Dès lors, les elfes n'avaient plus aucune chance de sauver leur royaume, et ils l'avaient vite compris. Tous ceux qui se battaient encore s'étaient enfuis dans la foret environnante, à la recherche d'un refuge au mieux précaire, pour ne pas dire illusoire. Les orques avaient exploité leur victoire en chassant les survivants toute la nuit, accroissant le nombre de victimes, et n'étaient rentrés à leur base qu'au matin. Et bien entendu, une fois les prisonniers dûment cadenassés et les plaies pansées, les orques n'avaient plus eu qu'une envie : célébrer la victoire qui les fuyait depuis leur arrivée sur ces terres. Certes, tous les elfes n'étaient pas morts, mais leur royaume n'existait plus. La régente de Melrath Zorac était restée introuvable, mais cela était accessoire. Rien n'assombrissait valablement le triomphe des peaux-vertes. Autour de la table des chefs, le silence se fit alors que Shin levait son verre. « Un ban ! A nous et à notre grande victoire ! » Ylessor ajouta : « Pour la gloire du Seigneur Rebom ! » Et un concert d'exclamations braillardes y répondit. Eructation de joie générale. Shin, se rasseyant, se tourna vers son hôte de la soirée et tendit son verre. « Et à la brillante stratège qui nous a permis d'élaborer ce plan absolument parfait. » Suyvel prit son verre pour répondre au salut du général. « Trop d'honneur, messire. Nous l'élaborâmes de concert. Et Ylessor y a grandement contribué, en réussissant l'embuscade sur la garde de Melrath Zorac. » Elle avait élevé la voix, et Ylessor put l'entendre. Un peu surpris, il regarda du côté de l'elfe noire, qui le gratifiait d'un sourire et levait son verre à son intention. Il bredouilla vaguement quelque chose, légèrement gêné, et finit par lever son verre en retour. Shin souriait. « Oui, j'étais certain qu'une approche par le nord nous permettrait d'éviter les patrouilles elfes. Et que la garde ne prendrait pas les mesures adaptées à son avancée en terrain hostile. Ce n'est pas une armée, à proprement parler, plutôt une force de maintien de l'ordre. Et leurs chefs ne sont pas de vrais généraux issus des champs de bataille. - Une observation très pertinente, sourit Suyvel. - Je reste admiratif devant votre capacité à berner les elfes sylvains, ma chère. J'avoue que je doutais de vos chances. - J'étais leur prisonnière. Ils me croyaient impuissante et cela les a aveuglés. Il a suffi que je leur fasse miroiter le mirage de la sauvegarde de leur précieux royaume et ces benêts m'ont crue. L'espoir... voilà ce qui les a perdus. - Et votre hypothèse de l'existence d'un monolithe de transport au sein même de leur royaume s'est avérée parfaitement fondée. - C'était sans doute un pari de ma part, mais il était improbable qu'il en fût autrement. Ma première visite chez les elfes m'a permis de vérifier que j'avais raison. J'ai aperçu le monolithe. Comme j'ai obtenu le secret du rituel d'ouverture de la porte, mon plan était réalisable. Et le plus drôle... je devais revenir vous voir pour finaliser notre stratégie, et voilà que ces idiots me donnent un excellent prétexte à ma visite ici avant la bataille : ils me demandent de vous assassiner ! » Shin partit d'un rire à gorge déployée. « Ah, nos vies regorgent d'ironie ! Ces drôles ne pensaient pas faire ainsi votre jeu... leurs Dieux eux-mêmes se sont détournés d'eux. » Et ils continuèrent à trinquer tout en devisant joyeusement et se congratulant mutuellement. La fête déclinait doucement. Autour de la table de Shin, l'ambiance se faisait plus feutrée. Les orques, solidement imbibés d'alcool, tenaient pour la plupart à peine assis sur leurs chaises. Quant à Ylessor, fin saoul, il s'était effondré sur la table et ronflait comme un bienheureux. * * * * * La nuit s'avançait. La conversation entre Shin et Suyvel se poursuivait dans le calme revenu. Tous deux sirotaient un énième verre de vin. L'humain s'était renversé dans son fauteuil, et ses yeux mi-clos trahissaient une fatigue grandissante, à laquelle l'excès de spiritueux n'était pas étranger. L'elfe noire demanda : « Alors, général, quels sont vos projets maintenant ? - Guerre et paix. » Bien que la tête lui tournât, Shin explicita son propos à son interlocutrice. « La guerre, bien sûr, dans un premier temps. Nous allons exploiter notre victoire sur les elfes. Les habitants de Melrath Zorac ont perdu leurs alliés de la forêt ainsi qu'une partie de leur garde. La ville est désormais un fruit mûr, prêt à tomber. La région suivra. Nous allons faire main basse sur ces terres... Et la paix, ensuite. La paix du Seigneur Rebom. Il régnera d'une main de fer et tout fauteur de trouble sera exécuté. Très vite, les guerres qui ont déchiré ces terres ne seront plus que lointains souvenirs... - La paix... douce utopie, en vérité. Je crains fort que l'avenir vous donne tort. La guerre perdurera. - Ah ? Et quel augure vous inspire cette vision des choses ? fit Shin, vaguement contrarié. - Les orques sont par nature trop querelleurs. Bien encadrés par des chefs respectés et craints, ils peuvent former une force puissante, mais toujours éphémère. La perte de leurs meneurs actuels les plongera dans des luttes intestines sans fin pour le pouvoir. Le temps que Rebom en soit informé et y mette bon ordre, les humains se seront réorganisés et feront face. Ils sont obstinés et quoi que vous en pensiez, ils ont encore les ressources pour résister indéfiniment. - Humpf... je vois ce que vous voulez dire, mais vous partez sur une hypothèse fort improbable : que tous les chefs actuels disparaissent en peu de temps. - Pas une hypothèse, général : un fait. Cela a déjà commencé. - Hein ?! » Jetant un regard dubitatif autour de la table, Shin ne vit que les chefs orques tous plus ou moins ivres et assoupis. Mais un élément précis sembla le dessouler quelque peu : toujours vautré sur la table, Ylessor paraissait endormi... mais ne respirait plus. Shin articula d'un ton hébété : « Mais enfin, que se passe-t-il ici ? - Poison », répondit laconiquement Suyvel. L'humain sentit une sueur glacée lui couler le long de l'échine. « Un empoisonnement ? Mais qui - - Moi, bien entendu. Qui d'autre ? fit Suyvel d'un ton sardonique. Poudre de fleur de lotus noir mélangée à de la grande ciguë. Un mélange insipide et inodore, presque indétectable. Cela sape les forces de la victime jusqu'à la plonger dans un profond sommeil, qui peut être confondu avec un état éthylique avancé. Un sommeil dont on ne se réveille jamais, étant donné que l'on cesse de respirer assez vite. Pourquoi croyez-vous que j'ai tant fait honneur à votre vin et si peu à vos mets ? - Maudite traîtresse ! - Pour être traîtresse à votre cause, encore aurait-il fallu que je l'embrasse ne serait-ce qu'un instant. » Shin se saisit vivement de la dague qui ne quittait jamais son côté et voulut se jeter sur l'elfe noire pour l'embrocher, mais ses forces lui firent défaut. Ses jambes flageolèrent, une douleur lui déchira les entrailles, et il tomba de tout son long sur le sol. Sa dague lui échappa. Lorsque, péniblement, il tendit le bras pour tenter de la saisir de nouveau, la botte de Suyvel vint se poser sur ses doigts, lui arrachant un grognement de douleur. « Trop tard pour cette option, mon cher. Si vous vouliez vraiment la victoire, je vais vous dire ce que vous auriez dû faire : aussitôt le portail ouvert, me trancher la gorge, puisque je ne vous servais plus à rien ! Mais non, il a fallu que vous vous sentiez reconnaissant pour ce que j'avais fait... La reconnaissance ! Quelle ineptie ! Je me suis servie de vous et des orques pour rayer le royaume elfe de la carte, c'est tout. - Pourquoi trahir notre alliance ? coassa Shin dans une grimace haineuse. - Pourquoi ? Vous le demandez sérieusement ? Je ne suis pas d'ici, certes, mais je considère ces terres comme mon pays, désormais. Si j'ai pris la peine d'en chasser les elfes, croyez-vous que ce soit pour laisser des orques puants le raser ? Le détruire de fond en comble ? Vous déraisonnez ! Une fois les elfes vaincus, l'armée orque représentait une menace trop grande. Il fallait bien que j'agisse pour rétablir la balance... - En faveur de qui ? Des humains ? Mais c'est futile ! Vous avez trahi leurs alliés, ils doivent déjà le savoir et ne vous le pardonneront jamais ! Même la mort des chefs orques ne vous rachètera pas à leurs yeux... - Contrairement à vous, mon cher, j'ignore la reconnaissance et n'en attends donc aucune - de qui que ce soit. Ce que j'ai fait, je l'ai fait pour moi. Pour moi et pour nul autre. Adieu, petit général. Tu as été un pantin entre mes doigts, certes, mais un pantin fort utile... » Shin aurait voulu hurler, ameuter la garde et faire mettre l'elfe noire à mort devant lui avant de rendre l'âme lui-même. Mais il ne put qu'émettre un râle dépourvu de force. Son bourreau eut un sourire doucereux et attendit qu'il rende son dernier soupir. Suyvel ferma sa cape et ajusta sa capuche sur la masse de ses cheveux blancs. Elle se glissa hors de la tente, ombre parmi les ombres. Peu d'orques étaient encore éveillés, et tous bien éméchés. De toute manière, pourquoi auraient-ils suspecté l'invité personnelle du général Shin ? Celle qui, de notoriété publique, les avait guidés vers la victoire sur les elfes ? L'elfe noire put quitter le camp fortifié sans encombre et disparut dans la nuit. Littéralement. A compter de ce moment, nul témoignage ne put affirmer avec certitude qu'elle hantait toujours la région, ou même qu'elle fût encore en vie.
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[HRP] Cette histoire est une variation sur un récit existant : Petites trahisons entre amis. http://www.terre-des-elements.net/forum/index.php?showtopic=7553&p=68687 Les faits relatés dans le récit de base restent valables dans cette version, du moins ceux du prologue, des actes I et II, et du début du troisième acte - jusqu'à la fin de la rencontre de Suyvel avec Tapate. La présente histoire débute donc peu après l'entrevue avec la régente. [Fin HRP] Et si... les fantômes du passé avaient été les plus forts ? Acte IV - Guère épais Gyu progressait sur les sentiers qui menaient en Irlisica, guidant la Garde de Melrath Zorac vers le site du monolithe, comme convenu avec Suyvel. Cela faisait trois jours que l'elfe noire avait quitté son disciple, lui laissant pour instruction d'attendre que la régente ait fini de lever ses troupes, de les rassembler et de les préparer au mieux, puis de les conduire au portail de téléportation. Dans le même temps, elle accomplirait sa part du marché avec les elfes sylvains : supprimer Shin, le brillant général - humain - qui dirigeait la base avancée des orques. Une tentative risquée mais qui devait faciliter grandement l'assaut de la Garde. Gyu s'était élevé contre l'idée de laisser Suyvel y aller seule mais celle-ci s'était montrée intraitable sur ce point. Trois jours sans nouvelles, à imaginer ce qui avait bien pu se passer... Gyu se retourna pour jauger l'avance des troupes. Sous le soleil du matin, les casques, les boucliers et les fers de lance de la Garde rutilaient comme une rivière d'argent. Tapate avançait juste derrière lui, à la tête du premier régiment. Quatre autres suivaient, s'étirant dans le lointain, presque à perte de vue derrière eux. Cela pouvait sembler une forte troupe, mais ce n'était guère qu'un tiers des effectifs actuels de la Garde - étant donné le délai assez court, Tapate n'avait pu en réunir davantage. Et Gyu pressentait que toutes ces épées rassemblées sous la bannière de Melrath Zorac ne seraient pas de trop pour enlever d'assaut le puissant campement fortifié des orques. Enfin, le monolithe de téléportation était en vue ! Gyu avança d'un pas rapide, cherchant du regard celle qui devait les attendre en ce lieu. Mais il n'y avait nulle trace de Suyvel. Le mage Aéride sentit ses appréhensions grandir. Etait-il arrivé malheur à l'elfe noire ? Derrière lui, Tapate et le capitaine arrêtaient la marche du premier régiment et discutaient de la suite - comment positionner les hommes au mieux pour franchir le monolithe dès que celui-ci serait activé. Gyu tenta bien de suivre le débat, mais son esprit était sans cesse distrait par des considérations autres. Finalement, ce furent les elfes sylvains qui se manifestèrent les premiers. Sous le commandement de Beliondel, protecteur du royaume sylvestre, un détachement de rôdeurs et de mages elfes vint se ranger aux côtés des humains. Beliondel se présenta à Tapate et l'assura que les termes de l'alliance seraient respectés : les elfes appuieraient l'assaut de la Garde. Le cœur de Gyu bondi dans sa poitrine lorsqu'il aperçut au loin, à l'est, une minuscule silhouette qui se dirigeait vers eux. Il se rua à sa rencontre, et vit très vite qu'il ne s'était pas trompé : c'était bien celle qu'il espérait. « Suyvel ! Enfin, vous voilà ! - Oui, sourit l'elfe noire. Tu en doutais ? - Oui... enfin, non... je veux dire... la tentative était vraiment très risquée, même pour vous... ça a marché ? - Je suis là, devant toi, et tu vois d'où je viens, fit-elle en pointant du pouce, par-dessus son épaule, les fortifications orques au loin. Cela devrait suffire à répondre à ta question, tu ne crois pas ? - Formidable ! Vous avez eu raison de Shin... Lui mort, notre offensive va pouvoir commencer, alors ? - Le temps de saluer notre Régente, d'ouvrir le portail, et... oui, l'assaut pourra être donné. » Et Suyvel, d'un geste de la main, répondit aux grands signes que lui adressait une Tapate enthousiaste, au risque de tomber des épaules du capitaine, où elle avait cru bon de se percher pour avoir une meilleure vue d'ensemble. Comme en réponse, le son de tambours de guerre s'éleva des bois avoisinants. Et une immense clameur monta vers les cieux alors que les orques sortaient en masse des bosquets au nord de la position de la Garde. Celle-ci, bien que surprise par l'assaut, tenta de manœuvrer pour faire face à cette attaque sur son flanc gauche. Mais orques et gobelins, en une irrésistible vague géante, enfoncèrent les lignes des humains. Suyvel, en toute hâte, rejoignit le groupe de commandement. Les ordres fusaient en tous sens, parfois contradictoires, ce qui augurait du chaos ambiant. Les elfes sylvains, postés au sud, tentèrent d'épauler la Garde au mieux. Mais la marée des peaux-vertes était partout, et déjà chacun se battait plus pour sa vie que pour maintenir une position. En dépit des efforts tactiques des officiers de la garde et des elfes. Suyvel finit par héler Beliondel. « Commandant ! Les humains ne tiendront pas longtemps... Il faut mettre la Régente à l'abri des orques ! » Beliondel y songea un instant. « Ce serait sans doute plus sage... mais où ? demanda-t-il d'un ton songeur. - Dans le seul endroit où les orques ne pourront pas vous suivre ! - Vous voulez dire... dans le royaume elfe ? Mais cela est interdit ! - Commandant ! Croyez-vous que ce soit vraiment le moment de penser au règlement ! Pouvez-vous faire franchir la barrière magique à la Régente ? - Oui, c'est en mon pouvoir, concéda-t-il, un peu à contrecœur. Mais je ne sais pas si je dois... - Vous allez laisser la Régente aux griffes des orques ?! - Je... Non, ce serait assurément une catastrophe si la Régente était capturée. Et un grave manquement à notre alliance si nous laissions ceci se produire sans rien tenter. » Sur ces mots, Beliondel s'entretint brièvement de la marche à suivre avec les officiers de la Garde. Il fut convenu que les troupes humains se replieraient vers l'est puis le nord, en direction de Melrath Zorac, entraînant les peaux-vertes à leur suite, pendant que les elfes iraient au sud, jusqu'à leur royaume, avec Tapate. Gyu se chargea d'entraîner la Régente à sa suite alors que le groupe s'enfonçait dans les profondeurs de la forêt. Tapate s'égosillait à demander à retourner jouer avec les orques. Suyvel lui répondit : « Pas maintenant, Tapate. C'était nous qui devions donner l'assaut, pas l'inverse ! Il faut se mettre à l'abri... » Elle s'interrompit, comme frappée d'une idée subite. « Au fait, Beliondel, comment se fait-il que vos rôdeurs n'aient pas repéré les orques ? - Nos ennemis sont venus du nord de la forêt, répondit ce dernier d'un ton sombre. Avant tout, nous patrouillons autour de notre royaume, pas dans toute la forêt, et encore moins depuis que les orques ont établi leur base sur ces terres. Ils ont certainement manœuvré en restant en dehors du rayon d'action de nos patrouilles. - Voilà un point que nous aurions dû évoquer plus tôt ! La Garde aurait su qu'elle n'était pas couverte par vos rôdeurs et qu'elle devait veiller à protéger son avancée... » Ils gardèrent leur souffle pour courir. La tactique fonctionna plutôt bien, dans le sens que la Garde put effectivement faire mouvement, tant bien que mal, vers la ville, pendant que les elfes retournaient vers l'entrée de leur royaume. Mais les orques avaient manifestement senti la présence de leurs ennemis héréditaires, et ils ne les lâcheraient pas si facilement ! La marée verte se scinda en deux, et ce fut harcelé par les orques que le groupe de Beliondel atteignit enfin la barrière magique. Les mages elfes s'activèrent en toute hâte à faire franchir la barrière à ceux qui n'étaient pas autorisés à entrer, et Tapate fut ainsi mise à l'abri, ainsi que Suyvel et Gyu. Pour autant, la situation n'était pas stabilisée. Car les orques, ayant constaté leur impuissance à franchir la barrière, étaient en train de faire intervenir leurs shamans, Ylessor à leur tête, pour tenter d'abattre le sortilège défensif. Beliondel guida en toute hâte les humains vers le village forestier, aux constructions fréquemment perchées dans les arbres. Le regard de Suyvel fut momentanément attiré par l'une d'elles : parmi d'autres bâtisses se dressait un monolithe semblable à celui qu'elle avait découvert dans la forêt d'Irliscia. Les elfes sylvains ne lui en avaient pas parlé. Pour autant, elle n'en était pas surprise. Ses hôtes, outre leur méfiance naturelle envers ses semblables, n'avaient certainement aucune envie de mettre ce portail à disposition des projets de la magicienne. Et il lui avait bien semblé, lors de sa première venue, distinguer la silhouette si caractéristique d'un monolithe, par une ouverture de la pièce où elle se tenait. Elle revint à ce qui se passait autour d'elle. Beliondel sonnait le rassemblement en urgence de toutes les forces disponibles : il fallait défendre la barrière magique. Des heures plus tard. Presque épuisé, Gyu considérait la scène de l'affrontement. La barrière était encore debout mais, malgré les efforts des elfes pour repousser l'ennemi, les shamans orques étaient toujours à l'œuvre pour tenter d'abroger le puissant sortilège défensif. Les peaux-vertes avaient subi des pertes, mais pas assez conséquentes pour les faire renoncer. Il se demanda si Suyvel ne serait pas de bon conseil pour les tirer de cette impasse. Jetant un regard alentour, il remarqua alors l'absence de l'elfe noire. Il alla trouver Tapate, mais elle non plus ne savait pas où la magicienne se trouvait. Pris d'un doute, il choisit de rebrousser chemin vers le village des elfes. Une fois arrivé aux abords des premières bâtisses, il sentit sa peau fourmiller d'une énergie qui ne trompait pas : celle d'un puissant champ magique. Une lueur le guida vers le monolithe, qu'il eut la surprise de découvrir activé : une porte dimensionnelle béait sous son arche. Et ce fut alors que tous deux arrivèrent, surgissant de ce portail. L'elfe noire... et un humain. Suyvel s'adressait à l'homme en ces termes : « Nous y sommes. Mais voyez plutôt par vous-même. - Effectivement ! Une porte d'entrée au cœur des positions ennemies. Remarquable ! Et vous avez pu l'activer... - Grâce aux efforts d'Ylessor et de son armée, je n'ai pas été dérangée une seule fois. - Cela reste un beau tour de force. Une manœuvre d'une grande subtilité. Vous avez brillamment accompli votre part du marché ! - Alors tenez la vôtre, général Shin, et écrasez-moi ce nid de cloportes. - Bien entendu... et avec le plus grand plaisir ! » Une troupe orque, plus petite que celle qui assiégeait l'entrée du royaume sylvestre, mais composée d'unités de vétérans, commença à faire irruption dans le village via le monolithe. Gyu, la gorge nouée, considérait la scène avec une horreur croissante mêlée d'impuissance. Son regard finit par croiser celui de l'elfe noire : froid comme la mort une lame. Suyvel ne manifesta aucune expression, aucun sentiment. Ses lèvres finirent par former un mot en silence, que Gyu put déchiffrer : Fuis. Gyu aurait voulu faire quelque chose. Aller trouver la magicienne, l'empoigner par les épaules et la secouer pour lui faire reprendre ses esprits, ou bien lui faire entendre raison... mais l'horreur de la trahison de celle en qui il avait eu toute confiance le tétanisait. Et les orques pullulaient déjà autour d'elle. Alors, s'arrachant à la contemplation de cette scène de cauchemar, il tourna les talons et courut vers l'entrée du royaume sylvestre pour alerter les elfes. Les larmes aux yeux.
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Meilleurs vœux à vous tous pour cette nouvelle année !
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Ami nain, ne te mine donc point La nouvelle avait circulé dans les tavernes à la vitesse d'une traînée de poudre : le Rachsrak, la mine des nains, venait de s'ouvrir. Et selon la rumeur, les gobelins en avaient profité pour lancer un assaut massif sur le royaume nain. Suyvel prêta une oreille attentive à ces on-dit. Certes, le sort des nains lui importait peu, tout comme l'issue de la bataille contre les gobelins. Sur ce genre de sujet, l'insensibilité de l'elfe noire le disputait au cynisme. Si seulement ils pouvaient tous s'entretuer... Mais une autre pensée avait fait son chemin dans sa tête. Et celle-ci méritait bien quelque considération. Le trésor des nains doit maintenant être accessible. Cela ressemblait à une opportunité qui ne se représenterait sans doute plus. Une occasion en or "“ littéralement. Les nains étaient réputés pour leur amour des richesses issues des entrailles de la terre. Argent, or, mithril... sans parler des objets issus du savoir de leurs maîtres artisans. Des armes uniques. Des bijoux d'une beauté rare. Il existait chez les drows une expression qui traduisait cette réputation du peuple nain : riche comme un nain. Suyvel laissa filer un sourire évocateur. Tout cet or à porter, ça doit être bien lourd... peut-être pourrais-je alléger le fardeau des nains ? Sitôt envisagé, sitôt adopté : Suyvel se mit en route séance tenante pour la mine, là où l'entrée du Rachsrak avait été découverte, selon la rumeur. Très à l'aise dans le milieu souterrain "“ son habitat naturel, à la base "“ l'elfe noire, usant de son infravision, détecta vite la crevasse dans une paroi, qui menait à un lac souterrain. Là se dressait, majestueuse, l'entrée du royaume nain. Contrairement à ce qu'elle avait espéré, les portes n'en étaient point ouvertes, et il lui fallut chercher un moment avant de trouver une "˜clé' appropriée. La première salle, si on tenait à l'appeler ainsi, tenait davantage du tunnel de mine. Elle était déserte, dans le sens où il n'y avait pas âme qui vive. En revanche, les cadavres essaimés çà et là attestaient qu'une bataille rangée s'était livrée ici il y avait peu. Alors qu'elle passait près de l'un d'eux, Suyvel eut la surprise de sentir une main enserrer sa cheville ! C'était celle d'un éclaireur nain, apparemment pas si mort que ça, mais pas loin. Le mourant parvint à articuler "“ façon de parler ! "“ son nom : Gromst. Chose inattendue, il demanda à l'elfe noire de transmettre un rapport à ses chefs. Une expression ennuyée se peignit sur le visage de Suyvel : pour qui la prenait-il donc ? Une messagère ? Ce fut alors qu'elle remarqua le regard vide du nain : il ne voyait déjà plus rien ou presque. Et comme la magicienne n'avait pas dit un mot, il l'avait peut-être prise pour l'un des siens. Le temps de songer à cela, et le nain exhalait son dernier soupir. Les yeux de Suyvel lorgnèrent sur le rapport tenu dans la main désormais flasque. Bon, elle se moquait éperdument des préoccupations du nain, mais cela avait été sa dernière volonté. Peut-être pouvait-elle emporter le document ? Si d'aventure elle croisait d'autres nains, elle pourrait toujours le leur remettre. Et puis cela donnerait une certaine légitimité à sa présence en ces lieux... Alors que Suyvel se relevait, le rapport en main, elle perçut des bruits de pas derrière elle. Elle pivota prestement... pour découvrir un groupe de gobelins qui venait de franchir les portes du Rachsrak à sa suite. Chacun s'immobilisa, jaugeant l'autre. Les gobelins étaient manifestement surpris de tomber sur une drow en ce lieu. Celui qui devait être le meneur finit par faire un pas en avant et dit juste un mot en elfique noir : « alliée ? » Suyvel y songea rapidement. La chose n'était pas étonnante en soi : là d'où elle venait, leurs races respectives nouaient des accords et des alliances, certes éphémères, mais aucun contentieux grave n'entachaient leurs relations, même si des conflits ponctuels survenaient parfois. La proposition valait que l'on s'y attarde. Prudemment, Suyvel demanda : « Alliés ? Pour faire quoi ? » Et le meneur gobelin se lança dans une longue allocution enfiévrée et gesticulante, dans sa propre langue, ce qui n'aida guère Suyvel, peu accoutumée à la pratiquer. Elle reconnut néanmoins des mots et des bouts de phrase assez éloquents, comme « tuer tous les nains » et « piller le trésor ». Pour le reste, cela ressemblait à une interminable liste de doléances envers le peuple nain, qui aurait spolié les gobelins de leurs droits et de leurs biens. Suyvel comprit le parti qu'elle pouvait tirer de la situation et dit : « Ma magie est vôtre. » Et comme elle n'était pas sûre que le gobelin ait compris cette simple phrase, elle ajouta : « Alliés. Mort aux nains. » Aussitôt, son interlocuteur se fendit d'un large sourire aux dents tachées et gâtées"“ un spectacle propre à couper l'appétit d'un ogre "“ et se retourna face à ses hommes, en agitant ses armes et en vociférant « mort aux nains ! » Son cri s'étrangla dans sa gorge lorsque la pointe d'un katar en surgit, à sa grande stupéfaction comme à celle des autres gobelins. Derrière lui, Suyvel s'était approchée d'un pas de loup et lui avait transpercé la nuque sans autre forme de procès. Elle dégagea sa lame d'un coup sec et le gobelin s'effondra comme un pantin. S'il n'était pas déjà mort, il devait être en train de se noyer dans son propre sang. Une fin ignominieuse. Moment de flottement dans les rangs des gobelins. Etant donné leur avantage numérique, ils auraient pu charger et enlever une victoire rapide. Mais privés de leur chef et trop surpris, ils hésitèrent, se regardant les uns les autres. Suyvel, qui n'en demandait pas tant, en profita pour expédier une boule de feu dans leurs rangs, qui se désintégrèrent sous la violence de l'explosion. Quelques gobelins, embrasés par le sort, se mirent à cavaler dans la mine en hurlant. C'en était trop pour le maigre courage dont faisait habituellement montre leur engeance : leurs survivants prirent leurs jambes à leur cou et franchirent les portes du Rachsrak en sens inverse. Posément, Suyvel marcha jusqu'aux portes, les referma et les barra. Elle avait été négligente de les laisser ouvertes en entrant, elle entendait bien se dispenser de la compagnie d'autres gêneurs. S'il y avait bien une chose que Suyvel avait relevée dans le discours du meneur gobelin, c'était « piller le trésor ». C'était plus ou moins ce qu'elle avait elle-même en tête. Leurs intérêts paraissaient convergents, sauf que... il aurait fallu partager. Et vu le nombre des gobelins, sa part à elle aurait pu se réduire à la portion congrue. Bande de parasites ! Elle avait préféré limiter les risques de concurrence. En outre, la méprise de Gromst lui avait conféré un vague alibi, elle entendait bien ne pas le compromettre d'emblée. Si elle avait fait alliance avec les gobelins, toute entente avec les nains serait devenue compliquée ; elle imaginait sans peine la scène... « Bien le bonjour, messires nains. Je suis une gentille elfe noire venue vous aider à sauvegarder la paix et la prospérité de votre beau royaume souterrain... - Qu'est-ce qui nous prouve que c'est vrai ? - Regardez, je viens vous livrer le rapport d'un de vos éclaireurs, qui a tout de suite vu que l'on pouvait avoir toute confiance en moi... - Mouais... admettons pour le rapport... et l'escouade de gobelins qui vous suit en affûtant ses pointes de lance, ce sont des amis aussi ? - Ah heeeuuuuu... c'est-à-dire... Hum, hum... tiens, j'avais oublié ce détail... Alors, le plus simple, ce serait de faire comme s'ils n'étaient pas là, hein ? » Moyennement crédible, dans ces conditions. Lors de son exploration des lieux, elle finit par croiser un officier nain. Il fut très réticent à croire les bonnes intentions de son interlocutrice, même quand celle-ci lui remit le rapport de l'éclaireur. Il exigea une preuve de loyauté, par exemple une défroque de gobelin. Suyvel revint sur ses pas jusqu'au petit groupe qu'elle avait dispersé et prit une tunique à demi brûlée sur l'un des cadavres. Le trophée mit le capitaine nain bien plus à l'aise. « Je me nomme Argus, et j'aurais besoin que tu me retrouves un de mes hommes, Risek. - Je dois pouvoir faire cela pour vous... j'imagine que je pourrai compter sur votre reconnaissance ? - Notre reconnaissance totale et sincère ! - Une reconnaissance en espèces sonnantes et trébuchantes... ? - Grrrmmmlbr... on verra ça, on verra... » Mouais. Ce n'était apparemment pas gagné. Si la soif des nains pour l'or était notoire, leur prodigalité, elle, ne l'était pas. Il y avait chez les drows une expression qui traduisait bien cela : avare comme un nain. Bon, l'elfique noir n'était pas une langue pauvre en expressions peu flatteuses pour les nains... Quoi qu'il en fût, Suyvel poursuivit ses déambulations dans la mine et finit par retrouver le nain Risek, aux mains des gobelins. Ce dernier n'était pas en forme mais pour les talents de guérisseuse de Suyvel, cela ne constitua pas un obstacle insurmontable. Reconnaissant, il accepta de confier ce qu'il savait sur deux sujets : un certain homme mystérieux, qui jouait un double jeu... et la marche à suivre : utiliser un artefact des nains. Lorsque la magicienne rapporta tout cela au capitaine Argus, celui-ci l'adressa à ses supérieurs. Suyvel était satisfaite : elle progressait. Elle allait vite déchanter : elle se heurta successivement à un nain buté nommé Bryvsk qui gardait farouchement l'accès à un pont, et qu'elle dut convaincre à son tour, et "“ chose curieuse "“ à un humain, un magicien qui se tenait au beau milieu de l'arche de pierre, en interdisant le passage à quiconque. Néanmoins, il venait de briser son bâton et sollicita l'aide de l'elfe noire pour trouver des cristaux. Si Suyvel avait su ce à quoi elle s'engageait en acceptant de l'aider, elle aurait sans doute changé d'attitude. La chose se révéla une succession de tâches ingrates, de complications inattendues et d'agaçants contretemps. L'aurait-elle su, Suyvel l'aurait envoyé balader, lui, son bâton brisé, ses cristaux et ses interdictions de passer. Enfin... sans doute pas, en fait. L'homme avait tout d'un mage puissant. Très puissant. Un archimage, peut-être. Et Suyvel était assez avisée pour reconnaitre son supérieur dans les arcanes de la magie, et pour éviter de s'en faire un ennemi. Enfin, Suyvel put traverser le pont et rencontrer les officiers supérieurs des nains : Arashtak, le général, et Reusik, l'archiviste. Ce dernier lui parla d'un humain nommé l'Architecte qui aurait pris une position influente auprès du roi nain et lui confia la tâche d'aller prendre l'artefact perdu dans la salle du trésor. Suyvel dut s'employer pour ne pas trahir par un frémissement l'exultation qui l'emplit à cet instant. Enfin !!! L'envoyer chercher un item dans la salle du trésor... quelle riche idée. Pour un peu, elle en aurait fait la bise à Reusik "“ presque sans se forcer. D'un pas impatient, l'elfe noire franchit les portes de la sale du trésor et se trouva au beau milieu d'une caverne obscure, ce qui ne l'embarrassait nullement, et quasiment vide, ce qui la gênait davantage. L'endroit avait semblait-il contenu de vastes richesses, mais il n'en restait plus que de minces reliquats. Et par "˜minces', il fallait entendre : ridicules. C'est ça que ces nabots osent appeler une salle du trésor ?!? L'indignation manqua d'étouffer l'elfe noire. En fourrageant dans les coffres vides et éventrés, elle trouva néanmoins une pierre taillée porteuse d'un pouvoir magique certain : très certainement l'artefact que les nains voulaient. Ça, c'était réglé... mais pour ce qui était de s'en mettre plein les poches au passage, cela paraissait compromis. C'est proprement scandaleux !!! Repartir les poches vides de la salle du trésor nain, elle ne s'y serait jamais attendue. Un instant, elle envisagea même la possibilité de porter plainte auprès de qui de droit. Mais bon, cela n'aurait eu aucune chance d'aboutir. Tout ce qu'elle aurait récolté, c'est un coup de hache. Ce fut donc d'une humeur passable que l'elfe noire alla trouver Reusik. Satisfait, ce dernier parvint à lui obtenir une audience auprès du Roy Nain. Et Suyvel découvrit alors la somptueuse salle du trône. Elle salua sobrement le roi et en vint directement à l'objet de sa visite. « Sire Nain, je vous apporte l'artefact que votre Archiviste m'a mandé trouver. - Ah oui, fort bien, fort bien... Approchez et remettez-le-moi. » Ce que fit Suyvel. « Hum... je suppose que celle qui a ainsi contribué à la défense de votre peuple sera gratifiée de la reconnaissance royale... ? - Bien entendu, bien entendu... une récompense dont vous apprécierez l'inestimable valeur, nous en sommes bien certain : un sauf-conduit pour ressortir du Rachsrak. Voyez-vous, nous avons pour règle d'emprisonner ou de tuer quiconque en connait l'entrée en dehors de notre peuple. C'est une insigne faveur que nous vous faisons donc là. » Le souffle coupé, Suyvel considéra avec ahurissement le Roy Nain qui, déjà, lui tournait le dos pour se diriger vers son trône, perdu dans la contemplation de l'artefact. Ce royal avorton croyait la récompenser en lui laissant la liberté et la vie ? Brusquement, c'en fut trop pour la maigre patience de la drow. Aussi silencieuse qu'une panthère noire, elle fut derrière le Roy Nain en trois pas et lui planta dans la gorge un objet prélevé plus tôt dans les mines : une flèche de gobelin. Le Roy mourut avant même de toucher le sol. Suyvel resta silencieusement à considérer le petit cadavre, ainsi que les implications de son geste, pendant de longs instants. Une cavalcade derrière elle lui fit tourner la tête : Arashtak venait d'entrer dans la pièce, la garde royale sur ses talons. Aussitôt, Suyvel laissa libre cours à son esprit d'à-propos : « L'Architecte ! Il vient de tirer sur votre Roy ! Regardez cette flèche : il est avec les gobelins ! Il s'est enfui par cette porte ! » Elle désignait la porte du fond de la salle du trône. Aussitôt, les nains glapirent de rage et se ruèrent vers l'issue, laissant l'elfe noire à nouveau seule avec le cadavre royal. Ce fut à cet instant qu'elle avisa la couronne qui avait roulé au sol. Suyvel la ramassa : tout en or et pierreries, c'était une œuvre superbe, la création de maîtres artisans nains. Tout compte fait, elle avait peut-être bien trouvé un trésor... Elle trouverait bien à le revendre pour une coquette somme. Peut-être le futur Roy Nain voudrait-il recouvrer ce bien, quitte à verser une rançon royale ? Finalement, elle ne repartait pas les poches vides. Tout sourire, Suyvel quitta le Rachsrak pour de bon. Ses portes devaient être bientôt condamnées et elle n'y remettrait plus jamais les pieds. Et elle ne s'en porterait pas plus mal. * * * * * FIN * * * * *
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Une soeur Aéride, voilà qui fait plaisir. Bienvenue à toi, Fenwyn. J'espère que tu te plairas ici. Et n'hésite pas à m'envoyer une petite missive dans le jeu si tu as besoin de quoi que ce soit (info ou autre).
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Joyeux Noí«l à toutes et à tous !
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Bon anniversaire, petite rôdeuse Aéride.
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J'ai eu une idée, il faut encore que je rédige le récit, mais je compte participer.
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Joli, Noé. Tu as même trouvé le fouet, bravo. ^^
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Si tu as envie de dessiner une elfe noire, je veux bien un chibi. ^^ Les infos sur mon personnage sont disponibles ici: http://terre-des-elements.webnode.fr/news/suyvel-ayflesh/
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Le campement orque. Dès le début de leur traque, les deux magiciennes avaient émis l'hypothèse que ce pouvait être la destination des quatre orques qu'elles pourchassaient, au vu de la direction qu'ils avaient prise. Par la suite, la piste avait souvent bifurqué, selon les obstacles rencontrés, et la direction suivie par les fuyards avait semblé moins évidente. Mais au bout de plusieurs heures, Suyvel, qui était venue plusieurs fois aux abords du campement, commença à reconnaître les lieux. Un sombre pressentiment l'agita. Qui se confirma lorsque, au détour d'un dernier bosquet épais, les puissantes murailles de la base orque s'allongèrent devant ses yeux. Ils sont rentrés là-dedans avant que l'on puisse les rattraper. Une pensée qui lui sapait le moral. Et lorsque Sheelah, dont la voix tremblait légèrement, lui demanda : -Comment allons-nous faire à présent hein ? ... elle ne sut que répondre sur l'instant. Mais au moins avait-elle sous la main une personne sur laquelle passer la méchante humeur qui montait en elle. Elle apostropha Vandil d'une voix basse et pleine de morgue : « Félicitations à notre pisteur émérite. Si c'était pour trouver la base orque, j'aurais pu facilement y parvenir sans votre aide ! Et en plus, nous arrivons bien après notre gibier. Mais peut-être que nous aurions pu les rattraper avant si vous ne vous étiez pas arrêté pour nous donner des leçons de ramassage des feuilles mortes... ? » Le rôdeur parut serrer les dents mais ne pipa mot. Il semblait mal à l'aise, et se sentait peut-être vaguement coupable. Ses yeux allaient d'un point à un autre, cherchant probablement une solution... ou une confirmation de leurs craintes. Finalement, il se tourna vers Sheelah, et lui dit d'une voix résignée : « Nos fuyards sont rentrés dans leur base... Nous n'avons plus rien à faire ici. Je vais vous raccompagner vers la cité de vos semblables puis je rejoindrai mon groupe. » Suyvel eut un rictus de dédain. Toi, tu ne connais pas bien Sheelah ! C'était également son cas mais, dans cette situation précise, elle pressentait la réponse de la Terrane. Aussi ne fut-elle pas surprise lorsque l'humaine rétorqua vivement : « Je ne peux pas leur abandonner le diadème de Kaimi. Il faut que je le leur reprenne... à tout prix ! » Et Suyvel adressa un petit sourire goguenard au rôdeur déconfit, qui se retrouvait sans allié pour défendre son point de vue. Puis elle se tourna vers Sheelah. « Tu peux compter sur mon appui. Je ne te laisserai pas tomber, moi... en mémoire de Kaimi. Je suis déjà entrée là-dedans. » Lorsque Sheelah lui demanda comment, l'elfe noire parut réfléchir à voix haute. « En fait, par la voie des airs. J'en ai appelé au pouvoir d'un élémental de l'air qui m'a propulsée sur le chemin de ronde. Rapide et efficace, mais vraiment pas discret ! A l'époque, mon but n'était pas de passer inaperçue... Et puis de toute façon, comme tu n'es pas une fidèle d'Eolia, je doute qu'un de ses enfants accepte de te rendre ce service. Hmmm... j'imagine que le plus simple serait d'attendre la nuit. Alors nous pourrions utiliser des cordes et des grappins pour franchir cette muraille... » A ces mots, Vandil, qui s'était enfermé dans un morne silence, répondit vivement : « Escalader ces hauts murs ? Sans un bruit ? Pensez-vous vraiment en être capable ? Ou bien la vie de cette jeune femme ne vaut-elle rien à vos yeux ? En outre... il est un moyen bien plus sûr d'entrer. » Aussitôt, le rôdeur parut regretter ces derniers mots. Mais comme Sheelah tournait vers lui des yeux interrogateurs, il poursuivit, un peu à contrecœur : « Lors de l'assaut de la garde de Melrath Zorac, mes frères d'armes ont ouvert des brèches dans ces fortifications. Certaines sont bien dissimulées à cause de l'épaisseur de la végétation. Les orques ne les ont toujours pas découvertes. Et justement, j'en connais une. C'est un peu loin d'ici, vers le sud, mais nous pouvons y être pour le crépuscule. Et de toute façon, il n'est pas question d'entrer là-dedans avant la nuit. » Il riva son doux regard à celui de la jeune femme. « Si vraiment vous voulez vous y aventurer, je vous accompagnerai. Hors de question de vous abandonner à tous les orques qui pullulent dans ce camp. Et mon peuple est doté d'une excellente vision nocturne. Je serai vos yeux, si vous le permettez... » Suyvel fit la grimace. Et les drows ? Ils sont aveugles dans le noir, les drows ? C'était ce qu'elle avait envie de lui lancer au visage. Néanmoins, l'offre de Vandil ne lui était pas adressée à elle. Et puis sa proposition de les amener à une entrée dissimulée lui semblait de quelque valeur. Elle attendit donc sans mot dire de voir quelle serait la position de Sheelah...
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Sheelah, ta proposition me laisse un peu dubitative... Un des intérêts du PNJ serait de faciliter les échanges, notamment entre joueurs qui ne se connectent pas aux mêmes heures. Restreindre les dépôts aux objets en X exemplaires serait très limitatif à mes yeux. J'ai souvent l'occasion de donner un objet en un seul exemplaire. Si je n'arrive pas à croiser le destinataire et que le PNJ en question refuse de me le prendre, je ne suis pas plus avancée. :/
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Salaha, le principe que tu proposes est cohérent, et pourrait fonctionner sur un jeu dont les cartes sont très fréquentées. Ce n'est hélas pas le cas de TdE actuellement. Et puis, comme Guix, j'aime bien lire les textes des autres joueurs. Je suis donc favorable à une criaillerie RP ouverte (sans restriction autre que se tenir à des propos RP).