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Terre des Éléments

Percussion


Rowan
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Je ne devrais sans doute pas m'enfuir de la sorte.

Il faudrait plutôt que je lui demande ce qu'elle entend par là, histoire d'être sûre.

Je n'arrive pas à la croire lorsqu'elle me dit qu'elle ne sait rien d'autre que ça. Elle doit forcément en savoir plus !

Qui accepterait de s'occuper d'une inconnue sans savoir de quoi il en retourne, de pourquoi il faudrait s'en occuper ?

Et puis, quelle volonté étrange de la part de Sewin... Comment peut-il être si changeant ?

S'il est encore en vie...

Si aimable, parfois même charmant dans ses missives.

Et puis si... Blessant, alors même que j'étais à terre.

Et puis le voilà qui disparaît, après m'avoir dit qu'il me parlerait. Et tous ces changements d'humeur, moi, ça m'énerve.

Et dire que je me sentais prête à lui faire confiance !

Je serre les poings sans m'en rendre compte, et me mets à marcher rapidement vers la sortie.

Aller dans ma chambre ? Dehors ?

Dehors...

Au contact de Fimine.

Qui d'autre pourrait m'apaiser ?

Tout à mon envie précipitée d'aller rejoindre la terre "“ de fuir ce lieu "“ je ne vois plus que des formes indistinctes autours de moi.

Alors que j'ai pratiquement atteint la sortie, une des personnes de la taverne se déplace, se retrouvant entre la sortie et moi.

Malheureusement trop pressée, je ne peux l'éviter, et le percute de plein fouet.

Modifié (le) par Rowan
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Elle m'agace.

Passablement.

Elle m'agace passablement.

Qu'elle rejette notre lien soit, qu'elle me rejette moi, je ne peux que difficilement le supporter. J'aurais du enfoncer ma lame bien plus profondément dans sa chair. Quelle garce. Arpenter la ville à la recherche d'une étoffe. Non mais quelle idée. Encore un de ses satanés stratagèmes idiots pour qu'on cause de ma virilité dans la taverne. Je foudroie son dos du regard. Son dos nu.. Au vu du peu de tissu avec lequel elle aime se draper je m'interroge sur la réelle nécessité d'aller lui chercher de nouvelles tentures. Au final quoique je puisse lui offrir elle déambulera toujours dans une tenue approximative de celle d'Eve. Et cela m'agace. Passablement. Qu'elle fasse profiter à tous de sa beauté soit, qu'elle m'expose au regard de la populace j'y suis farouchement opposé.

Un amnésique soumis.

Une folle.

On jase.

Je lui rétorque qu'elle devra se débrouiller seule mais comme à l'accoutumée elle m'ignore. Et comme à mon habitude je m'éloigne d'une démarche contrite vers la porte de l'auberge tout en appréhendant la réaction prochaine du couturier à ma vue. La bâtisse fait salle comble ce soir, et cela aussi contribue à mon malaise. Alors que j'aurais pu observer en silence la scène divertissante qui se jouait devant moi sans aucun frais, je m'en vais affronter, meurtri par avance, les moqueries des tailleurs de la cité. Diablesse. Elle me le paiera.

Les pensées vengeresses fusent. J'entraperçois ses yeux larmoyants, goûte à ses cris, me délecte de sa colère et de son désarroi, jouis à la vue de son sang. Tu te meurs Sally.. Je t'ai tué. Dans un froissement de tissu, le trident brodé sur mon poncho me rappelle douloureusement à l'ordre. Je dois obéir. Obéir aveuglement pour un jour savoir.. Enfin peut-être. Tout dépendra d'elle, d'elle et de moi. De ce nous auquel je n'accorde aucun avenir.

On me bouscule, je me retourne, mon bras se lève, menaçant et résigné à la fois.

Je dois rester en vie. Si je suis Naxorm, je ne l'ai été et ne le serais peut-être pas indéfiniment. Qui sait.. Ma raison se jette violemment à l'encontre de ma fougue. Ce n'est qu'une femme. Je retiens mon geste. Lentement ma main s'abaisse, élisant domicile dans mes cheveux, elle frictionne mon cuir chevelu. D'un regard affligé je m'excuse sans pour autant juger qu'il soit nécessaire d'y adjoindre la parole. Bêtement, je jette un coup d'oeil en arrière, en direction de Sally. Occupée à s'entretenir avec un soldat cuirassé, elle n'a rien vu de ce qui m'est arrivé. Cela me blesse, sans que je puisse toutefois en comprendre les raisons pourtant évidentes.. Mon regard dévie, meurtri. Il s'égare sur celle qui m'a bousculé. J'ignore qui elle est. Comme elle ignore sans doute qui je suis.. Je hausse les épaules à ce constat évident. Et pourtant je m'accroche, à ses traits, à son regard. Je n'y vois rien d'attrayant, tout est morne. Désespérément morne. Suis-je semblable ?

Dans la rondeur de ses joues, je me perds. Je me cherche. Mon front se plisse. Des perles de sueur caressent ma nuque. Je me sens divaguer sans pour autant pouvoir me retenir. Je vacille. Je m'égare en tentant de me chercher. J'en souris.

Qui est-elle ? Peu importe. Qui suis-je ? Je l'ignore, encore.. Mes sourcils se froncent, je plonge ardemment mon regard dans le sien. Rien. Il n'y a rien, et c'est de ce rien dont je me satisfais. Sans doute parce que ce rien c'est un tout, ce rien c'est moi.

« Enchanté, Naxorm. »

Modifié (le) par Naxorm
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Il ne pouvait donc pas faire attention ! Suis-je si minuscule ? Infime petite chose sans importance, que l'on jette après s'être aperçu de la défaillance ? Ma présence ne se sent-elle donc pas ? Pourtant, je me ressens trop en ce moment même. Depuis mes retrouvailles avec la sorcière. Depuis qu'elle a torturé mon corps sans chercher à me tuer.

Pour qui se prend-il ? Pour qui me prend-il ?

Je suis là !

Tu ne le vois donc pas ? Je suis là !

J'ai envie de crier.

Mais ça n'est pas Sewin. Et je ne peux m'énerver contre tout et n'importe quoi "“ n'importe qui. Surtout n'importe qui. C'est pour ça qu'il faut que je sorte d'ici. Pour crier ma rage à Fimine. Je ne doute pas un instant qu'elle reconnaitra le son de ma voix. N'ai-je pas si souvent crier auprès d'elle ? Elle m'entendra, me répondra. Elle répond toujours elle. A sa façon, si particulière.

Elle ne juge pas, ne laisse pas tomber.

Pourquoi n'apprend-elle pas ce genre de choses à tous ses enfants ?

Vite, sortir.

Crier. Crier, aussi fort que je le peux. Crier ma rage, que la terre l'engloutisse profondément. Que je puisse l'oublier, ne plus avoir tout ça en moi qui me broie, me tord de l'intérieur.

Mais il m'en empêche. Pourquoi ne se pousse-t-il pas ? Encore un de ces balourds de comptoir ? Il n'en a pourtant pas l'odeur.

Son regard croise le mien. L'accroche.

Je préférais quand je n'étais qu'une chose inconnue, un quelque chose négligeable.

Lâche moi. Je m'en moque. Je ne veux pas savoir. Tais toi !

TAIS TOI !

J'agrippe fermement le devant de sa tunique. J'ai besoin de crier ma rage et ma douleur, et lui me dit être enchanté ? Enchanté de quoi ? De voir que je suis à deux doigts de craquer ? Que je suis faible, que je tiens à peine sur mes jambes blessées ?

Ma rage me portait jusque là. Pourquoi ne continue-t-elle pas ? Pourquoi me laisse-t-elle à son tour ?

La garce. C'est comme si cette maudite sorcière rouvrait les blessures qu'elle m'a fait, à distance, au pire moment. Et si c'était cela ? Et si mes blessures se rouvraient ?

Je panique, ne sais plus trop ce qu'il en est. Qu'est-ce qui est réel, qu'est-ce qui ne l'est pas ?

Oh Fimine... Fais moi sortir d'ici.

La garce ! La garce !

Ma main serre plus encore le tissus. Je dois sortir, et je reste plantée là. Dis quelque chose toi ! Demande moi de te lâcher ! Fais moi te lâcher !

Je me force alors à parler sans trop desserrer les dents.

-Je serais « enchantée » de sortir d'ici.

Que dis-je ? Ravie ! Heureuse ! Emballée !

Modifié (le) par Rowan
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  • 2 weeks later...

Elle s'excite sur ma chemise. Je souris.

Elle est en vie.

Elle aussi.

Étrangement en vie toutefois.

Comme moi.

Je laisse vaquer mon regard entre son visage et ses doigts blanchis par l'effort. Ma main dÉlaisse mon cuir chevelu pour s'appuyer sur ma hanche, un sourire franc aux lèvres.

Je ne l'ai jamais vu mais elle a l'odeur de la Terre, de cela je m'en contenterais. Ma tête s'abaisse, se rapprochant de son visage, ma bouche affiche un rictus à la vue de ce qu'elle fait endurer à mon vêtement. Je pense à lui conseiller de cesser, mais elle semble n'avoir que ça à se raccrocher, alors je la laisse faire. Qu'elle continue même autant qu'elle le voudra, Sally va se retourner, elle va la voir, elle et sa chevelure brune, elle esquissera les quelques pas qui nous sÉparent.. Et alors.. Et alors.. J'aurais ce que je .. MÉriterais. Une rÉplique cinglante.

« Et bien sortons. »

Elle a parlÉ. J'ai rÉpondu. DÉçu et rassurÉ à la fois.

J'essaie de me retourner en direction de la porte mais ses doigts demeurent refermÉs sur ma chemise. Je hausse les Épaules, penaud et amusÉ à la fois. D'un sourire entendu et d'un regard cajoleur, je lui laisse entendre silencieusement que je ne lui laisserais pas mon vêtement, supplication larmoyante ou non. Son Étreinte cesse, elle semble avoir lu dans les traits de mon visage ce que je n'osais lui dire. Je ne prends pas la peine de rajouter quoique ce soit, je me retourne dÉsormais libre et entreprends d'entamer les derniers pas qui me sÉparent encore de la porte de sortie. Où vais-je dÉjà ? L'Échoppe des couturiers.

Diable. Je secoue la tête nÉgativement avant que le son de pas taquine mes oreilles.

Sans doute est-ce elle dans mes talons.. DÉmarche fluette et pourtant si lourde, ses pas pourtant graciles s'ancrent Étrangement au sol. Les dalles de pierre semblent rÉsolues à la maintenir sur place. Je m'interroge.. Pourquoi elle ? Elle semble si terne.. Si attristÉe.

La porte est là. j'Évite les nouveaux arrivants, tends mon bras pour retenir la porte et prÉcède grossièrement l'Étrangère. Je l'ai dÉjà oubliÉ. Non, je ne l'ai pas oubliÉ. J'attends juste de voir sa rÉaction. Je pousse la porte assez fort pour qu'elle ait le temps de la franchir à ma suite sans que cette première ne se referme sur elle. Je souris en marchant, en m'Éloignant d'elle. Je presse le pas. S'est-elle arrêtÉe ? Après tout nous sommes sorti..

Ne me demandez pas pourquoi les "É" sont en majuscules.. Ce doit être l'effet Rowan.. x)

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C'est en voyant la mimique sur son visage que je me rends compte de ce que je suis en train de faire. Soudainement, mes doigts s'ouvrent, libèrent l'habit. Mes mains restent comme en suspension, grandes ouvertes sur rien.

Je reste un instant comme ça, l'esprit vide de toute chose. Les yeux perdus sur lui, sans pourtant le voir réellement. Et puis mes mains retombent le long de mon corps. Mes paupières papillonnent, mes yeux semblent reprendre vie, comprendre ce qu'il se passe devant eux.

Je le vois s'éloigner vers la sortie, dégageant un chemin parmi les hommes et les femmes présents ici. Il semble m'ouvrir la voie, mais si je tarde trop, les gens reprendront leurs mouvement désordonnés, se mettront à nouveau entre la sortie et moi. Alors je m'avance à sa suite, les yeux accrochés à son dos. Juste assez près de lui pour être dans son sillon, mais juste assez loin pour ne pas risquer de le toucher.

Je me glisse par la porte qu'il a ouverte, soulagée d'être enfin dehors. Je m'appuie alors contre le mur de l'auberge et me laisse lentement glisser au sol tout en gémissant de douleur. Je ne prends pas la peine d'attendre qu'il soit vraiment parti, peu importe finalement d'être seule ou non. Assise sur le sable chaud, les genoux remontés contre ma poitrine, je bouge doucement d'avant en arrière, attendant que la douleur reflue.

Je ne sais que faire d'autre. La magie m'est une chose inconnue, à laquelle je n'ai jamais recourt. Je ne comprends pas son essence, ni d'où elle vient. Les seules fois où elle m'a touché personnellement, c'était toujours pour me faire du mal. Alors me faire soigner par elle...

Ne me reste plus qu'à trouver quelqu'un qui s'y connaisse en plante, seul remède que je saurais accepter pour panser mes plaies.

Modifié (le) par Rowan
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  • 2 months later...

Le bruit de ses pas a cessé. Déception tangible. Je me retourne l'air de rien et l'aperçoit, plongée dans une transe. La douleur suinte de sa chair, je la perçois et mon visage exprime un recul. Mes narines se froncent. Relent de putréfaction. A leur tour, mes sourcils se plissent. Je ne perçois nulle blessure apparente. Tout ceci m'intrigue, me poussant à me rapprocher de nouveau d'elle. Je rechigne toutefois à la toucher. Un quelque chose m'en dissuade. Danger.

La pensée que je ne connais pas son nom m'assaille. Je frémis sans savoir pourquoi. Pourquoi est-ce que j'attache autant d'importance à un simple prénom ? Des scènes se dessinent devant mes yeux, je revois des visages et lis leurs noms dans le mouvement de leurs lèvres..

Elle gémit. Une femme. Je secoue la tête, chassant le venin de mes pensées. Ce spectacle m'est familier, les jours passent, et je perçois toujours autant de douleur, si les raisons sont changeantes, les expressions physiques sont les mêmes. Cris, gémissements, mouvements incontrôlés, plissure du front, larmes salées.. Face à mon impassibilité. Même s'il est vrai que je tente parfois un sourire ou alors un pleur, je ne reste pas moins immobile, impuissant, résigné. Je m'accroupis devant l'hôte de tant de maux et la regarde. Bête curieuse.

En équilibre sur mes jambes, de l'intérieur de ma cape, je sors un sachet d'herbes avant d'invoquer une coque brûlante à l'aide d'un des parchemins fripés qui résident dans une poche basse de mon habit. La créature se dessine, puis prends vie, d'un regard je lui souffle l'injonction de mettre feu aux végétaux. Aussitôt l'être docile s'approche du paquet, et se frottant à ce dernier, l'effet opère. Des fumerolles s'élèvent dans la nuit naissante. Ayant achevé sa tâche, la créature m'interroge de son regard animal. Elle va mourir et elle le sent. L'éclat d'une lame et puis.. Rien. Même son sang a disparu..

Et puis.. Soudain.. Une interrogation, un frisson d'horreur. Peut-être suis-je moi aussi une invocation dont l'auteur a rechigné à y préciser un terme ?.. Tss.. Je tue mon inquiétude dans les vapeurs.

J'inspire puis souris.

J'attrape avec violence l'étrangère par les cheveux et lui positionne le nez au dessus du sachet qui se

consume.

« Respire. »

Je me surprends à obéir moi même à mon ordre.

« Oublie. »

A celui ci je ne pourrais pas m'y plier, ou alors pour un temps. Souvenirs et oubli sont paradoxalement éphémères chez moi. Je n'en suis pas maître. Mais pour ce soir, je fais un effort et tente de ressentir ce que elle ressent.

Me résiste t'elle ? Oui, je la sens s'émouvoir et gesticuler sous ma poigne. Ses ongles tentent d'agripper ma chair mais le danger est ailleurs que dans le nécromancien que je suis, elle le sent et son corps s'apaise.

La porte de la taverne ne s'est toujours pas rouverte après notre départ, je m'en rassure silencieusement. A coup sûr ma posture me tirerait bien des ennuis, puis la drogue balaie peu à peu mes inquiétudes..

Je quitte ma position inconfortable et m'assis en tailleur face à ma compagne de jeu. Ses cheveux de jais sont toujours enfermés dans ma main, je joue avec eux, les faisant crisser entre mes doigts. Un envol de corbeaux. Je perçois leurs croassements stridents, et les relents de charnier émanant de leurs becs.. Ils tournoient haut dans le ciel, balayant la terre de leurs funestes ombres. Puis la couleur jaillit sous la forme d'un oiseau du paradis, oui c'est ainsi que je le nommerais, un oiseau du paradis qui danse, vole, et les rejoint dans leurs voltiges.. De ses couleurs soleil, il les avale.. Tout rond. Puis explose en plein ciel, libérant les oiseaux de mort pour qu'à nouveau ils balaient la terre..

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Je sens quelqu'un tout près, mais mes paupières sont fermés avec trop de force pour que je puisse regarder qui est là. De toute façon, je m'en moque. Je connais si peu de monde par ici, alors il n'est pas question de honte, de gêne.

Je ne me soucie pas de la pitié que l'on pourrait ressentir en me voyant. Est-ce que ça existe encore de toute façon la pitié par ici ? J'en doute. J'en doute énormément. Je n'en ai vu nulle part. Et ça n'est sans doute pas bien grave qu'elle n'existe pas, vu comme les gens y réagissent.

Je me contente d'attendre que la douleur reflue. Et si la personne qui se trouve là veut m'y aider "“ en me tuant par exemple "“ qu'elle ne se gêne pas.

Je n'aurais jamais du quitter Terra. Il n'y a rien pour moi ici. Que du sable. Des palmiers, même pas des arbres. Et des hypocrites. Je préfère encore mes sorcières, ma petite vie que l'on pourrait dire pourrie.

Que peut-il m'attendre d'autre part ici ?

Sans doute pas grand chose.

Alors pourquoi ne pas mourir ? Se laisser partir.

Mais on décide pour moi, et c'est sans doute mieux ainsi. Je ne suis pas en état pour réfléchir à de telles choses. D'ailleurs, peut-être est-ce un sort de la sorcière. Peut-être espère-t-elle que je me laisse aller à vouloir mourir ?

Je ne sais pas.

Je ne suis pas en état. Je ne suis pas en état.

On m'agrippe avec fermeté. Je n'ai même pas le temps d'avoir peur que je reconnais sa voix. Décidément.

Peut-être Fimine me l'a-t-elle envoyé, pour lutter contre la sorcière, me montrer ce que je dois faire ?

Alors je l'écoute, j'inspire, aussi fort que je le peux, cette fumée étrange que je ne reconnais pas. Je ne sais pas ce qu'il veut de moi avec cela, mais il doit y avoir une raison à ça. Il y a toujours une raison.

Les volutes de fumée pénètre en moi. J'ai un dernier sursaut de volonté. Il est sans doute trop tard, mais mon corps se défend contre lui tandis que mon esprit part. Il a tout compris lui.

Maudite sorcière.

Tu peux avoir mon corps autant que tu veux, mon esprit lui est libre, et cet homme vient de me le faire comprendre.

L'emprise que la sorcière avait sur mon corps a alors cessé étrangement. Je ne l'ai pas compris tout de suite. Mon corps était détendu, je ne luttais même pas pour me dégager de cette main qui me tenait. Mes yeux enfin ouverts regardaient autour de moi, et j'avais l'impression de n'avoir jamais réellement vu avec attention ce qu'il y avait ici. Tout me paraissait plus...

J'étais partie, un endroit sans douleur, où je n'étais plus.

Modifié (le) par Rowan
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Ma poigne se relâche, je fais imprimer à sa tête un mouvement circulaire avant de la relever à hauteur de mes yeux. Ces derniers sont ouverts, mais vers un Ailleurs.. Je souris, inspire de nouveau les fumerolles qui désormais s'espacent. La fin. Je plonge mon regard dans le sien, aura t'elle apprécié ? Autant que moi ? Saisit t'elle l'honneur que je lui ai fait de partager ce moment avec elle ? Alors que cette interrogation fuse, je songe que j'ai partagé ce moment avec une simple étrangère. Je pousse un juron.. A demi chuchoté toutefois. J'esquisse un nouveau sourire, béatitude. Un réflexe me pousse toutefois à lâcher ma prise, me relever et à tirer par les pieds la jeune femme afin de nous dissimuler des éventuels regards. Je la traîne dans la ruelle de sable et l'adosse contre le mur de la bâtisse des apothicaires que nous venons de quitter. Dangereux apothicaire que je fais.. Nouveau sourire.

Je relève son front, veillant à ce qu'elle ne morde pas sa langue, lui palpe les joues et m'étend finalement à ses côtés dans l'obscurité. Des rires me parviennent. Sally.. Même elle, je ne lui aurais jamais fait partager ce que j'ai donné avec tant de facilité à cette étrangère.. Son sourire hautain me manque, son regard dédaigneux me poursuit.. Quel faible je fais. Je maudis Posicillon en silence de m'avoir chargé d'un tel fardeau. J'ai déjà grande peine à m'occuper de moi, alors comment pourrais-je veiller sur elle ? Encore si elle m'avait été d'une quelconque aide, non au contraire elle s'évertuait à me torturer de ses regards et me meurtrir de ses mots.

Ma voisine poussa un râle.. Libération, résignation, euphorie, surprise ? Qu'importait. Elle était maîtresse d'elle même..Tout en ayant recours à des herbes pour le devenir.. Amusante contradiction. De mon côté je me laissais de nouveau aller recherchant les parfums de l'Ailleurs dont je disposais encore en bouche et dans le nez.. Je me savais en position de faiblesse si jamais un danger devait survenir, toutefois je ne parvenais pas à concentrer mon esprit sur la recherche d'un abri.. De plus je me sentais étrangement prompte à affronter brigands et monstres. Après tout n'étais-je pas habile nécromancien ? Je toussotais malicieusement de ce sursaut d'assurance et me laissais glisser avec délice dans les fanges voluptueuses de mon monde.

(...)

Naxorm..

Naaaxoo...

Naa..

Naxorm !

Oui bon !

Mes paupières se rouvrent sur le jour naissant, je me dissimule difficilement derrière mes mains ouvertes. La lumière.. A mes côtés, je perçois des bruits de respirations. Elle est encore là.. Peu à peu mes doigts s'écartent, laissant la lumière napper mon visage d'une aura chatoyante. Je me retourne vers celle qui se trouve à mes côtés, la regarde, encore égarée dans ses rêveries puis la secoue délicatement. La régularité de son souffle se rompt, elle s'éveille sous mon regard amusé.

« Bonjour vous »

Yeux rieurs bien qu'encore un peu embrumés.

« Une matinée emplettes, cela vous siérait-il ? »

Je redoute qu'elle me réponde qu'elle préfèrerait se débarbouiller d'abord et aviser ensuite, nous sommes peut-être encore engourdis et dans nos effets ce seront certainement glissés de nombreux grains de sables, mais cette réponse briserait à jamais ce moment. Alors de mes yeux, je lui délivre mon espoir.

Je ne sais si elle est apte à se mouvoir, je jauge désormais avec difficulté les effets que mes jouets peuvent avoir.. Trop habitué sans doute. J'approche mes doigts de sa main, les fait glisser dans la mienne et évalue sa réactivité. Bien que visiblement exténuée, elle a réouvert ses yeux qu'elle pose sur moi. Je fronce un sourcil, fomente t'elle un mauvais coup ?

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