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Terre des Éléments

Rowan

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  1. Rowan

    Percussion

    Je sens quelqu'un tout près, mais mes paupières sont fermés avec trop de force pour que je puisse regarder qui est là. De toute façon, je m'en moque. Je connais si peu de monde par ici, alors il n'est pas question de honte, de gêne. Je ne me soucie pas de la pitié que l'on pourrait ressentir en me voyant. Est-ce que ça existe encore de toute façon la pitié par ici ? J'en doute. J'en doute énormément. Je n'en ai vu nulle part. Et ça n'est sans doute pas bien grave qu'elle n'existe pas, vu comme les gens y réagissent. Je me contente d'attendre que la douleur reflue. Et si la personne qui se trouve là veut m'y aider "“ en me tuant par exemple "“ qu'elle ne se gêne pas. Je n'aurais jamais du quitter Terra. Il n'y a rien pour moi ici. Que du sable. Des palmiers, même pas des arbres. Et des hypocrites. Je préfère encore mes sorcières, ma petite vie que l'on pourrait dire pourrie. Que peut-il m'attendre d'autre part ici ? Sans doute pas grand chose. Alors pourquoi ne pas mourir ? Se laisser partir. Mais on décide pour moi, et c'est sans doute mieux ainsi. Je ne suis pas en état pour réfléchir à de telles choses. D'ailleurs, peut-être est-ce un sort de la sorcière. Peut-être espère-t-elle que je me laisse aller à vouloir mourir ? Je ne sais pas. Je ne suis pas en état. Je ne suis pas en état. On m'agrippe avec fermeté. Je n'ai même pas le temps d'avoir peur que je reconnais sa voix. Décidément. Peut-être Fimine me l'a-t-elle envoyé, pour lutter contre la sorcière, me montrer ce que je dois faire ? Alors je l'écoute, j'inspire, aussi fort que je le peux, cette fumée étrange que je ne reconnais pas. Je ne sais pas ce qu'il veut de moi avec cela, mais il doit y avoir une raison à ça. Il y a toujours une raison. Les volutes de fumée pénètre en moi. J'ai un dernier sursaut de volonté. Il est sans doute trop tard, mais mon corps se défend contre lui tandis que mon esprit part. Il a tout compris lui. Maudite sorcière. Tu peux avoir mon corps autant que tu veux, mon esprit lui est libre, et cet homme vient de me le faire comprendre. L'emprise que la sorcière avait sur mon corps a alors cessé étrangement. Je ne l'ai pas compris tout de suite. Mon corps était détendu, je ne luttais même pas pour me dégager de cette main qui me tenait. Mes yeux enfin ouverts regardaient autour de moi, et j'avais l'impression de n'avoir jamais réellement vu avec attention ce qu'il y avait ici. Tout me paraissait plus... J'étais partie, un endroit sans douleur, où je n'étais plus.
  2. C'est inacceptable de dire une telle chose Bibsou ! L'honneur n'a rien à voir dans le fait d'écrire un rp, et personne n'a le droit de dire à quelqu'un d'arrêter d'écrire s'il en a envie.
  3. Rowan

    Percussion

    C'est en voyant la mimique sur son visage que je me rends compte de ce que je suis en train de faire. Soudainement, mes doigts s'ouvrent, libèrent l'habit. Mes mains restent comme en suspension, grandes ouvertes sur rien. Je reste un instant comme ça, l'esprit vide de toute chose. Les yeux perdus sur lui, sans pourtant le voir réellement. Et puis mes mains retombent le long de mon corps. Mes paupières papillonnent, mes yeux semblent reprendre vie, comprendre ce qu'il se passe devant eux. Je le vois s'éloigner vers la sortie, dégageant un chemin parmi les hommes et les femmes présents ici. Il semble m'ouvrir la voie, mais si je tarde trop, les gens reprendront leurs mouvement désordonnés, se mettront à nouveau entre la sortie et moi. Alors je m'avance à sa suite, les yeux accrochés à son dos. Juste assez près de lui pour être dans son sillon, mais juste assez loin pour ne pas risquer de le toucher. Je me glisse par la porte qu'il a ouverte, soulagée d'être enfin dehors. Je m'appuie alors contre le mur de l'auberge et me laisse lentement glisser au sol tout en gémissant de douleur. Je ne prends pas la peine d'attendre qu'il soit vraiment parti, peu importe finalement d'être seule ou non. Assise sur le sable chaud, les genoux remontés contre ma poitrine, je bouge doucement d'avant en arrière, attendant que la douleur reflue. Je ne sais que faire d'autre. La magie m'est une chose inconnue, à laquelle je n'ai jamais recourt. Je ne comprends pas son essence, ni d'où elle vient. Les seules fois où elle m'a touché personnellement, c'était toujours pour me faire du mal. Alors me faire soigner par elle... Ne me reste plus qu'à trouver quelqu'un qui s'y connaisse en plante, seul remède que je saurais accepter pour panser mes plaies.
  4. Rowan

    Kalio

    Bienvenu parmi nous, surtout un Terrant ! Si tu as besoin d'aide, n'hésite pas.
  5. Bientôt, les rituels furent finis et, lorsque les sorcières s'écartèrent, les corps des trois hommes semblèrent reprendre vie. Ils se mirent debout sous les rires sinistres des sorcières. Rowan ne cessait de les fixer, n'en croyant pas ses yeux. Mais la réalité lui apparue, douloureuse. S'il s'agissait effectivement des corps de ses frères, leurs âmes elles n'étaient plus là. Leurs yeux étaient morts, plus aucune étincelle n'y brillait. Comment Fimine pouvait-elle accepter une telle chose ? Jamais ses frères ne seraient en paix ainsi, leurs corps avilis, souillé par la maudite magie de ces garces. Une rage mordante envahie la jeune fille, se mêlant à sa douleur. Elle avait vu à l'œuvre ces sorcières, elle savait leur perversité, mais jamais encore leurs actes ne l'avaient autant détruite. Sa rage prit le pas sur toute autre sensation en elle. Elle la porta, déformant son visage dans un rictus déterminé, douloureux. Elle sauta au milieu du chaos des corps, prenant l'une des armes de ses frères. Elle ne savait comment les libérer, ne connaissait rien à la magie, mais la peur n'avait plus de place en elle, tant la rage était grande. Devait-elle à nouveau tuer ses frères ? Ou bien tuer les sorcières responsables de leur sort ? Les villageois s'étaient approchés des lieux, apeurés, n'osant réagir. Ils avaient vu comme Rowan les trois frères se relever, semblant de vie. Et ils avaient eu peur. La mort était le seul endroit où les sorcières, avaient-ils cru, ne pourraient les toucher. Et voilà que toutes leurs certitudes s'effondraient. Que leur restait-il à présent ? Que faire face à de telles créatures, capables de décider de leur vie, de leur mort. Rien ne semblait pouvoir les faire sortir de leur léthargie. Ils restaient là, cloués au sol par la peur, ce sol que Fimine leur avait offert, et qui était à présent un lourd fardeau pour eux. Les mères furent les premières à réagir, voyant en Rowan à présent au milieu de sorcières leur propre enfant. Cette petite n'avait à présent plus personne pour la protéger, et il en serait de même pour chaque enfant du village si tout cela continuait, si personne ne réagissait. Elles s'élancèrent alors, la peur soudain relayée au second plan. Ne comptait plus, enfin, que leur désir de protéger les leurs. Les hommes étaient non loin, touchés à leur tour par l'envie de se débarrasser des sorcières, par le courage d'agir. Tous ne participèrent pas, loin de là, mais cela suffit à dérouter les sorcières qui, pour la première fois depuis leur arrivée, voyait la force de la Terre dans tous ces gens. Quelques uns d'entre elles moururent, persuadée à tord que leur force était plus grande. Lorsque les dernières sorcières se furent enfuies, ils s'approchèrent des trois frères, ne sachant ce qu'ils allaient découvrir. Il n'y avait plus rien sur le sol. Aucun corps.
  6. Personne ne saurait dire quand elles sont arrivées. Sans doute avaient-elles toujours été là, tapies parmi les arbres, améliorant lentement leur noire magie à l'aide d'animaux qu'elles trouvaient, parfois même d'hommes égarés. Les plus âgés de ce village isolé de Terra avaient sans doute déjà vu ce type de magie par le passé, mais la grande majorité des habitants n'en connaissait rien. A part quelques magiciens, la plupart n'avait aucune magie en eux, aussi inspirèrent-elles à tous une peur incomparable. Leur magie puante se sentait de loin, et les villageois apprirent rapidement à la reconnaître, pour mieux la fuir. Elles arrivèrent couvertes de guenilles, les cheveux emmêlées de brindilles, de mousse, parfois même d'os d'animaux. Leurs ongles étaient noircis de terre, de sang. Leurs membres découverts étaient pâles, scarifiés en de nombreux endroits. Sans doute ces boursouflures avaient-elles une quelconque signification pour elles. Tout cela leur ôtait une beauté que l'on aurait pu deviner en d'autres circonstances, sans l'air malin, pervers et supérieur qu'elles affichaient à tout va. Elles savaient cependant déployer des charmes, attirer à elles quelques hommes. Nul ne savaient réellement ce qu'elles faisaient avec eux, même si les gens se doutaient du caractère maléfique de leurs actes. On ne connaissait pas leurs noms, aussi furent-elles nommé sorcières. Malgré leur peur, certains habitants se réunirent pour chasser les sorcières du village. A la tête de cette petite troupe était un jeune homme. Ses deux frères, reconnaissables à leur chevelure noire, le suivaient de près, la rage au cœur. Les autres suiveurs, moins motivés, la peur au ventre, les suivaient bon gré mal gré, les mains serrées sur leurs armes de fortunes, comme un gamin s'accrochant aux jupes de sa mère. Lorsqu'ils arrivèrent devant les sorcières, leur simple vue les fit détaler. Seuls restaient les trois frères, prêt à se battre pour leurs terres, leur liberté, et la survie de leur petite sœur restée chez eux contre sa volonté. A la surprise se succéda sur le visage des sorcières les rictus amusés. Nulle peur en elles. Elles commencèrent par jouer avec eux, les blessant sans même les toucher. Mais tout lasse un jour... Sous les yeux apeurés de la jeune fille, venue à la suite de ses frères en se cachant, les sorcières tuèrent les trois hommes. Aucun cri ne sorti de la bouche pourtant grande ouverte de Rowan. L'horreur de la situation grava les traits de la jeune fille d'une marque grave, qui ne devait jamais vraiment partir. Mais la magie des sorcières, vorace, perfide, n'en avait pas fini avec les corps de ses frères. Sous le regard horrifié de Rowan, elles s'approchèrent des corps sans vie. La suite, la jeune fille ne l'a compris pas. Les manipulations des sorcières la firent vomir, les larmes y succédant rapidement. Son incompréhension était totale. Comment de tels être pouvaient exister ? Comment pouvait-on faire de telles choses ?
  7. Rowan

    Percussion

    Il ne pouvait donc pas faire attention ! Suis-je si minuscule ? Infime petite chose sans importance, que l'on jette après s'être aperçu de la défaillance ? Ma présence ne se sent-elle donc pas ? Pourtant, je me ressens trop en ce moment même. Depuis mes retrouvailles avec la sorcière. Depuis qu'elle a torturé mon corps sans chercher à me tuer. Pour qui se prend-il ? Pour qui me prend-il ? Je suis là ! Tu ne le vois donc pas ? Je suis là ! J'ai envie de crier. Mais ça n'est pas Sewin. Et je ne peux m'énerver contre tout et n'importe quoi "“ n'importe qui. Surtout n'importe qui. C'est pour ça qu'il faut que je sorte d'ici. Pour crier ma rage à Fimine. Je ne doute pas un instant qu'elle reconnaitra le son de ma voix. N'ai-je pas si souvent crier auprès d'elle ? Elle m'entendra, me répondra. Elle répond toujours elle. A sa façon, si particulière. Elle ne juge pas, ne laisse pas tomber. Pourquoi n'apprend-elle pas ce genre de choses à tous ses enfants ? Vite, sortir. Crier. Crier, aussi fort que je le peux. Crier ma rage, que la terre l'engloutisse profondément. Que je puisse l'oublier, ne plus avoir tout ça en moi qui me broie, me tord de l'intérieur. Mais il m'en empêche. Pourquoi ne se pousse-t-il pas ? Encore un de ces balourds de comptoir ? Il n'en a pourtant pas l'odeur. Son regard croise le mien. L'accroche. Je préférais quand je n'étais qu'une chose inconnue, un quelque chose négligeable. Lâche moi. Je m'en moque. Je ne veux pas savoir. Tais toi ! TAIS TOI ! J'agrippe fermement le devant de sa tunique. J'ai besoin de crier ma rage et ma douleur, et lui me dit être enchanté ? Enchanté de quoi ? De voir que je suis à deux doigts de craquer ? Que je suis faible, que je tiens à peine sur mes jambes blessées ? Ma rage me portait jusque là. Pourquoi ne continue-t-elle pas ? Pourquoi me laisse-t-elle à son tour ? La garce. C'est comme si cette maudite sorcière rouvrait les blessures qu'elle m'a fait, à distance, au pire moment. Et si c'était cela ? Et si mes blessures se rouvraient ? Je panique, ne sais plus trop ce qu'il en est. Qu'est-ce qui est réel, qu'est-ce qui ne l'est pas ? Oh Fimine... Fais moi sortir d'ici. La garce ! La garce ! Ma main serre plus encore le tissus. Je dois sortir, et je reste plantée là. Dis quelque chose toi ! Demande moi de te lâcher ! Fais moi te lâcher ! Je me force alors à parler sans trop desserrer les dents. -Je serais « enchantée » de sortir d'ici. Que dis-je ? Ravie ! Heureuse ! Emballée !
  8. Rowan

    Percussion

    Je ne devrais sans doute pas m'enfuir de la sorte. Il faudrait plutôt que je lui demande ce qu'elle entend par là, histoire d'être sûre. Je n'arrive pas à la croire lorsqu'elle me dit qu'elle ne sait rien d'autre que ça. Elle doit forcément en savoir plus ! Qui accepterait de s'occuper d'une inconnue sans savoir de quoi il en retourne, de pourquoi il faudrait s'en occuper ? Et puis, quelle volonté étrange de la part de Sewin... Comment peut-il être si changeant ? S'il est encore en vie... Si aimable, parfois même charmant dans ses missives. Et puis si... Blessant, alors même que j'étais à terre. Et puis le voilà qui disparaît, après m'avoir dit qu'il me parlerait. Et tous ces changements d'humeur, moi, ça m'énerve. Et dire que je me sentais prête à lui faire confiance ! Je serre les poings sans m'en rendre compte, et me mets à marcher rapidement vers la sortie. Aller dans ma chambre ? Dehors ? Dehors... Au contact de Fimine. Qui d'autre pourrait m'apaiser ? Tout à mon envie précipitée d'aller rejoindre la terre "“ de fuir ce lieu "“ je ne vois plus que des formes indistinctes autours de moi. Alors que j'ai pratiquement atteint la sortie, une des personnes de la taverne se déplace, se retrouvant entre la sortie et moi. Malheureusement trop pressée, je ne peux l'éviter, et le percute de plein fouet.
  9. Plusieurs jours ont passé depuis que Sewin a quitté ma chambre d'hôtel. Plusieurs jours pendant lesquels j'ai passé une grand partie de mon temps à réfléchir sur ce qu'il s'était passé. Sur le sens de ses paroles. Grâce à la potion qu'il m'avait fait boire, mes blessures avaient commencé à guérir doucement, mais les plus profondes d'entre elles me faisaient encore mal si je n'y faisais pas attention. Je n'étais pas arrivée à me décider quant à la marche à suivre vis à vis de Sewin. D'un côté, j'avais envie de comprendre ce qui l'avait poussé à agir comme ça. Et, d'un autre côté, je lui en voulais. Ce sentiment prenait bien souvent le pas sur mon envie de lui pardonner. C'est à moitié énervée que je suis sortie de ma chambre pour aller à la taverne. Le fait que Sewin ne soit pas là augmenta ma colère. Il devait me parler, mais il ne prenait pas la peine de rester pour le faire. Que m'avait-il dit déjà ? D'aller voir... Radegonde. Je n'avais pas la moindre idée de qui était cette personne. Ni de si elle se trouvait ici après tout. Apercevant le tavernier, je me dirigeais vers lui et lui demandais s'il la connaissait. Il leva alors la main, me montrant une femme dans un coin de la taverne. Sans plus attendre, je me dirigeais vers elle. -Où est Sewin ? Elle leva les yeux vers moi. -Je peux savoir qui vous êtes ? Je fronçais les sourcils, agrippant une chaise avec force. -Rowan. Je suis Rowan. Sewin m'a dit de venir te voir. Où est-il ? -Je ne peux pas te le dire. Tout ce que je sais, c'est qu'il m'a demandé de m'occuper de vous. Sa réponse m'interpella. Qu'est-ce qu'elle racontait ? -Pardon ? Que tu t'ocupes de moi ? J'éclatais alors nerveusement de rire. Il ne me connaissait vraiment pas... -Je ne sais même pas qui tu es ! -Je ne sais pas qui vous êtes non plus, mais c'est une des dernières volontés de Sewin. De toute façon, il est trop tard. Je le regardais, éberluée. Je n'osais pas comprendre ce que ses paroles voulaient dire. Et puis, finalement, je n'avais plus tellement envie de savoir quoi que se soit. Tout ce que je comprenais, c'est qu'il m'avait abandonné. Alors je me détournais de Radegonde, m'enfuyant presque d'ici. (HRP : écrit avec l'aide de Radegonde)
  10. J'aimerais pouvoir parler, dire à celui qui est en train de me fouiller que ce n'est pas la peine, à part ma dague, je n'ai rien sur moi. Me croit-il morte ? Il y a une étrange douceur dans sa façon de me fouiller. D'ailleurs, me fouille-t-il réellement ? J'essaie d'ouvrir les yeux, voulant voir qui me touche. Qui me fait boire. La boisson avait un goût étrange. Je la sentais passer dans ma gorge, réchauffant peu à peu mon corps, me redonnant de la force. Cet élixir me permet d'ouvrir les yeux, de croiser le regard de Sewin. Je lui souris, incroyablement soulagée. Il allait m'aider... Son baiser me surprend, mais je suis encore trop faible pour y penser, même si je sens mes forces me revenir petit à petit. Je ferme un moment les yeux avant de me redresser un peu, afin de m'appuyer contre le tronc d'un palmier. Et les ouvre brusquement lorsqu'il se met à parler. Ses paroles me choquent, me révoltent. Je le regarde, éberluée. Pense-t-il réellement ce qu'il dit ? J'ai envie de crier en le voyant se détourner. Alors c'est comme ça ? Sans rien me demander, il me juge. Je ne m'attendais pas à ça, pas de sa part. La rage que je ressens m'aide à me lever. Tout mon corps me fait mal, mais je ne pense qu'à le suivre. Dans ma tête se mêlent des phrases, des mots que j'ai envie de lui jeter à la figure. Lorsqu'il entre dans la taverne, je le suis sans prendre la peine de regarder qui s'y trouve. Je m'en moque. Je m'avance vers lui, un bras posé en travers de mon ventre, comme si cela allait suffire à faire disparaître la douleur. Arrivée à sa table, je me force à rester immobile, alors même que mon corps menace de tomber. Je lève la main, comme pour lui dire de ne pas parler. J'ai envie de m'expliquer. De lui dire ce qu'il s'est réellement passé. Et puis, finalement, je n'en fais rien. S'il avait réellement voulu savoir ce qu'il s'est passé, il me l'aurait demandé. Je n'ai aucune raison de me justifier. Ni devant lui, ni devant personne. Il ne mérite pas de savoir. Ma voix me paraît cassée, morte. -Je ne pensais pas que vous étiez si prompt à juger. Un instant, j'hésite à ajouter quelque chose d'autre mais je ne vois pas ce que je pourrais dire de plus. De toute façon, il n'y a rien à dire. Sans attendre, je me retourne afin de me diriger vers l'escalier menant aux chambres. Je n'ai aucune envie de l'écouter. Qu'il s'imagine ce qu'il veut, je n'en ai plus rien à faire.
  11. La forêt de Terra me manque. Ainsi que la protection qu'elle m'offrait. Ici, il n'y a pratiquement rien. Quelques palmiers sont parsemés le long du lac près duquel je me trouve. Ils offrent peu d'ombre. Trop peu à mon goût, moi qui suis habituée à marcher sous le couvert épais des arbres. En plus de cacher mon visage du regard des gens, ma cape me sert à présent afin de me cacher du soleil. Je me suis baissée, trempant ma main dans l'eau froide pour m'en passer sur le visage. Un bruit me fait relever la tête. Mes yeux croisent les siens. Son visage n'a plus rien à voir avec celui qu'elle avait dans la forêt, il y a plusieurs lunes de ça. Alors qu'il n'y avait que de la peur auparavant, voilà que son visage affiche une assurance désarmante. Un sourire amusé apparaît sur son visage et, sans se préoccuper de l'eau, elle s'avance vers moi, plus déterminée que jamais. J'aurais du la tuer quand j'en avais l'occasion. J'aurais du la tuer lorsqu'elle était à terre, se moquant de moi, se jouant de moi ! La garce ! Je me redresse brusquement, portant ma main à ma dague, avant de me souvenir de ses paroles. Son athamé... Elle ne le récupèrera pas. Je n'ai pas le temps de réfléchir plus à ce que je vais faire qu'elle est déjà sur moi. Elle se sert alors de sa magie ainsi que de ses poings contre moi. Chacun des coups qu'elle me porte me blesse, mais j'ai l'impression qu'elle ne cherche pas à me tuer, juste à me faire mal. Et elle y arrive bien. Elle me pousse violemment contre un arbre, me tenant fermement par le col. D'où lui vient cette force ? Il y a de ça quelques lunes, c'est moi qui menait la danse. Mais pas ce soir. Ce soir, je me fais l'effet d'être un pantin. L'arbre dans mon dos me fait mal, les coups qu'elle m'a porté me font mal. Je me sens faible, la peur commence à m'envahir. Et la rage. Rage de m'être fait avoir par cette maudite sorcière. Rage d'être si faible. Elle me force à redresser la tête, à la regarder. Un sourire sardonique apparaît sur son visage. Elle place un de ses bras contre ma gorge, me forçant à rester plaquée contre l'arbre. De sa main libre, elle attrape le blason de ma faction qui trône sur ma poitrine, et l'arrache avec force avant de le jeter au loin. Je sens le peu de force qu'il me reste s'échapper lentement. Si elle ne me plaquait pas contre l'arbre, je serais déjà tombée à terre. -J'ai hâte de te revoir. Elle me sourit, dépose un baiser sur le bord de mes lèvres et s'écarte brusquement de moi, me laissant tomber avec force sur le sol. J'ai l'impression qu'elle a frappé la moindre parcelle de mon corps. Elle n'a pas épargné non plus mon visage, je sens même le goût du sang dans ma bouche. Si seulement mon sang pouvait ne couler que de ma lèvre. Mais je sens bien que les nombreuses entailles que ses sorts m'ont fait sont suffisamment profondes pour que mon sang en coule... J'observe les jambes de la sorcière s'éloigner, ma vision s'assombrit, je sens mes dernières forces partir...
  12. J'ouvre déjà la bouche pour répondre à sa question, mais il ne m'en laisse pas le temps. Est-ce une question pour me faire croire qu'il s'intéresse à ce que je raconte, ou juste quelque chose lancé comme ça, histoire de dire quelque chose ? De toute façon, que lui aurais-je répondu ? Mon tableau de chasse... Je n'en ai pas réellement. Je me moque de savoir combien on péri à cause de moi. Tout ce qui m'importe, c'est de trouver la bonne sorcière. Je me lève alors, prête à le laisser me raccompagner. -Il n'y a pas que des sorcières donc je me méfie... Certaines personnes sont bien plus menaçantes encore... Je lui jette un petit coup d'œil, sans pour autant m'expliquer plus. Après tout, j'ai déjà eu à faire à des personnes qui n'attendaient qu'une chose, que j'ai confiance en eux, pour ensuite mieux me blesser. Et il vaut mieux parfois apprendre de ses erreurs. Devant la porte de la chambre qu'il a pris pour moi, je lui adresse un petit sourire. -Bonne chasse alors... Lui jetant un dernier regard, je referme la porte sur moi. L'oreille collée au battant, j'écoute le bruit de ses pas s'éloigner. Ne me reste plus qu'à rejoindre la chambre que j'avais prise, afin de dormir un peu avant d'aller rencontrer la générale des Astres...
  13. Je n'ai pas la moindre idée de l'endroit où il m'emmène. Ne connaissant pas les lieux, je ne peux que le suivre sans rien dire, un brin méfiante tout de même. Après tout, je ne connais pratiquement rien de lui, si ce n'est qu'il est un tueur. Pourtant, le sourire qu'il a esquissé tout à l'heure me rappelle celui qui ressortait à travers les mots utilisés lors de notre échange de missives. Arrivés devant la bâtisse, je marque une légère hésitation avant d'entrer, me demandant ce qu'il peut y avoir à l'intérieur. La surprise que je ressens me fait marquer le pas. Il m'emmène... En prison. Qui aurait eu idée de venir nous y trouver ? Mais, tout de même, en prison... Je lui jette un regard, avant d'aller m'assoir dans un coin. Qu'attend-il de moi ? J'observe les lieux, ne pouvant m'empêcher de réfléchir à un moyen de m'échapper. Je me sens à la fois piégée, et en sécurité. étrange paradoxe... Mon regard se porte sur lui lorsqu'il se met à parler. Je ne peux m'empêcher de froncer les sourcils. Comment a-t-il deviné ce qu'il se passait en moi ? Lorsqu'il s'assoit près de moi, je me tourne légèrement vers lui. Je prends le temps de réfléchir à ses paroles, à leur sens. -Je chasse les sorcières. Ma voix est basse, calme. Je le regarde, lui parlant comme si je lui délivrais un secret. -Et si je suis méfiante, ce n'est pas à cause du lieu... C'est à cause de toi. Je me penche un peu vers lui. -Ai-je raison de vouloir t'accorder ma confiance ?
  14. Un léger haussement de sourcil fut ma seule réaction lorsqu'elle fit apparaître toute sorte de chose sur la table. Je me doutais bien qu'elle était une magicienne, mais elle ne me semblait pas faire parti de ces sorciers que je cherchais. Il allait d'ailleurs falloir que je m'y remette rapidement. Après avoir observé la table, je pris un verre d'hydromel et le portais à mes lèvres pour y gouter. -ître libre de choisir son chemin... Je trouve ça bien. Quant à l'honnîteté et l'entraide, je n'y vois pas d'inconvénients, au contraire. ça me paraît mîme normal. Je lui souris, et finis lentement mon verre, observant les alentours. Puis, quand elle me proposa de visiter sa demeure, je me levais, et la suivis. Mes yeux s'égaraient tout autours de moi, observant les lieux. -Il y a l'air d'y avoir beaucoup de travaux à faire... Je n'ai jamais eu l'occasion de faire ce genre de choses, mais je ferais de mon mieux. J'observais encore une fois les lieux, réfléchissant à tout ce qu'elle m'avait dit. J'appréciais cette envie qu'elle avait de faire une faction de femmes, et ses idées de liberté de chacune. La vie ici serait sans doute calme, et j'aurais tout loisir de vaquer à mes... occupations. En parlant d'occupations... Le soleil était à présent haut dans le ciel et j'avais envie de découvrir le plus rapidement possible ces nouvelles terres. Et surtout, je devais savoir si celles que je chassais étaient ici... -Je serais ravie de faire partie des votre Lumi. Vos idées me plaisent. Si vous voulez toujours de moi, vous pouvez me compter parmi les votre. Cependant, si cela ne vous ennuie pas, je suis assez curieuse de découvrir ce nouveau monde. Et de retrouver la trace de certaines personnes... Ajoutais-je à voix basse.
  15. Ne gardant que ma lame sur moi, je referme la porte de la chambre que je viens de prendre à l'auberge. Prenant l'escalier, je mets la clé dans une de mes poches, et pose ma capuche sur ma tête, afin de cacher un peu mon visage. Avant de sortir de l'auberge, je saisis les pans de ma cape, les rabattant sur moi afin de me protéger du froid extérieur. A peine sortie, j'entends déjà le bruit de l'eau. Je pensais que j'aurais eu besoin de demander mon chemin, mais il n'en ai rien, je n'ai qu'à tendre l'oreille, et à suivre l'apaisant bruit de la fontaine. Sera-t-il déjà là ou vais-je devoir attendre ? Le soleil commence déjà à baisser dans le ciel, bientôt seules les lumières de la ville illumineront les lieux. Comme je m'y attendais, il n'y a personne. L'aigle a du mettre plus de temps que moi pour arriver ici. Un soupir s'échappe de mes lèvres sans que je puisse l'en empêcher. Je m'approche de la fontaine, regardant autours de moi. J'espère qu'il ne va pas tarder. Je trempe le bout de mes doigts dans l'eau tout en réfléchissant. Vais-je l'attendre ? Vais-je encore attendre ? Alors même que je me suis enfin décidée, je sens une main sur mon épaule. Je me retourne brusquement, regrettant mon manque d'attention. Je n'ai pas le temps de prendre ma dague, j'attends la douleur du coup qui ne risque pas d'arriver. Mais rien n'arrive, je croise seulement un regard vert tandis que ma capuche échoue dans mon dos. La surprise me laisse muette. Je ne l'avais pas entendu arriver. Ma mémoire ne m'a pas fait défaut, l'homme que j'ai en face de moi est bien celui que j'avais aperçu dans la forêt de Terra. -Je vous suis...
  16. Je su tout de suite que j'étais arrivée, quand bien même il n'y avait aucune grille pour signifier mon entrée dans la demeure des Astres. La végétation n'avait tout à coup plus rien à voir avec celle que j'avais parcourue. Un petit sourire monta à mes lèvres. J'avais l'impression de retrouver un petit bout de Terra. Tout en marchant et en regardant autours de moi, je passais doucement ma main sur les plantes, les effleurant. Je sentais que j'allais me plaire ici, quand bien même l'aspect de la demeure ne correspondait pas à celui du jardin. Mais cela pourrait changer avec un peu d'huile de coude. J'observais la demeure lorsque mon regard fut attiré par une silhouette qui venait vers moi. Je cessais de marcher, me contentant d'attendre qu'elle me rejoigne. Je l'observais sans me cacher et répondit à son sourire avant de prendre sa main pour la serrer. -Je suis enchantée de vous voir enfin ! Je me sentais étrangement en confiance maintenant que j'étais devant elle. Sa simplicité me faisait baisser ma garde aussi sûrement que plusieurs semaines à apprendre à se connaître pour gagner ma confiance. Je la suivi et, m'asseyant près d'elle, je continuais de l'observer. -Je suis en effet Rowan. Je n'ai pas tellement de questions en fait. Vous avez déjà répondu à celle qui me tracassait le plus. Après un silence, je repris. -Qu'attendez-vous des femmes qui viendront dans votre guilde ?
  17. La réponse ne se fit pas attendre. Et ne fit que me convaincre plus encore que j'avais fait le bon choix. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle accepte aussi simplement ma petite particularité. Peut-être avait-elle vu pire. En attendant le fameux pigeon, j'étais allée voir Zwon, le maître de notre élément, passage obligé avant de quitter Terra. Et maintenant, contre ma poitrine trônait le pendentif de Terra, doux rappel de là d'où je venais. Je n'avais pas tellement d'affaires à emmener, aussi mon départ ne fut-il pas très long à préparer. J'étais devant le garde et pourtant, mon regard était tourné vers le ciel. Dans ma main se trouvait une missive. Enfin, j'aperçus un aigle noir s'approcher de moi. Un sourire aux lèvres, je lui accrochais la missive avant de le regarder partir. « Messire, je vous renvoie votre aigle, nous ne devrions plus en avoir besoin pour se parler puisque je pars pour Melrath Zorac. J'espère vous y croiser bientôt. Rowan. » Puis, lorsque l'aigle ne fut plus qu'un point dans le lointain, je passais derrière le garde, sans un regard pour Terra, toute concentrée sur ce qui m'attendait. (...) Plan en main, je me dirigeais vers la demeure des Astres. Le soleil se levait à peine. Je n'avais pas encore pris le temps de visiter les nouvelles terres où je me trouvais, impatiente de rencontrer cette fameuse Lumi.
  18. Comme bien d'autres avant moi, il allait bientôt falloir que je quitte ces terres. J'y avais déjà passé de longs mois, sans doute bien plus que je n'en aurais réellement eu besoin. Et puis ma chasse sur ces Terres n'avait plus lieu d'être. Je n'avais plus trouvé aucune sorcières depuis des semaines. Depuis que j'en avais tué deux en fait. J'aurais sans doute pu m'arrêter là, mais ma vengeance était loin d'être finie... Et elle se continuerait sur d'autres terres. Mais avant de partir, il fallait que je me prépare. Que je trouve quelqu'un. Quelqu'un qui puisse comprendre, ou au moins accepter ma quête. M'aider sur ces nouvelles terres. Dead, un guerrier rencontré sur Terra, m'avait bien proposé de me revoir lorsque nous serions tous deux à Melrath Zorac, mais il avait aussi parlé d'un frère, qu'il n'avait pas vu depuis longtemps, et je ne pouvais m'empêcher de penser qu'il serait alors bien trop occupé pour m'aider. Ne restait plus qu'à me trouver une faction. J'avais déjà reçu plusieurs missives, et vu de nombreuses affiches parlant tantôt de l'Alliance, tantôt des Thuatha ou d'autres factions du genre. Jusque là, j'avais préféré décliner les invitations. J'avais le temps. Et pas spécialement d'envie. Et pourtant, il fallait que je m'y mette. J'allais donc me planter devant le panneau d'affichage de la ville, un brin ennuyée déjà à l'idée de devoir lire et relire les buts et les aspirations de chaque faction... Il y en avait un paquet. Certaines affiches semblaient dater de plusieurs années. J'en vis alors une qui devait avoir été mise la veille. Un petit sourire apparut sur mes lèvres en lisant l'en-tête. Et bien, cela était de bon augure... Je lus rapidement la suite de l'affiche et su tout de suite qu'avec un peu de chance, je n'aurais plus besoin de lire autre chose. Rentrant dans l'auberge, j'allais m'assoir à une table afin d'écrire une missive... « Madame, je me nomme Rowan, jeune rôdeuse de Terra. J'ai vu votre affiche à propos de votre faction et serait désireuse d'en faire partie. Je me dois cependant de vous dire que, pour des raisons personnelles que je pourrais vous évoquer un jour, je suis à la poursuite de certaines sorcières (utilisant la magie noire entre autre). J'espère que ma quête ne m'empêchera pas de devenir une des votres. Rowan. »
  19. Il neige *_* Et sur Terra, tout est à la couleur de la Déesse ! (pour ceux qui comprennent pas, les petits tas vers, c'est des boules de neige)
  20. Me voilà surprise. Mais que raconte-t-elle donc ? -Je ne vois pas de quoi tu parles. Et je m'approche d'elle à grands pas. Il faut partir d'ici. Le sang va attirer nombre de bêtes, et peut-être même des hommes. Je préfèrerais être loin quand cela arrivera. Toute volonté semble avoir désertée la petite. Elle se contente de garder les yeux posés sur ma dague, hébétée. Je la giflerais bien pour lui remettre les idées en place, mais après ce qu'il s'est passé avec la vieille... Je me contente de l'attraper par les cheveux, et de la secouer. -Debout. On s'en va. Mais cela n'y fait rien. Elle reste là, comme une idiote. Et ça commence à m'énerver. La patience, ce sera pour une autre fois. Je me baisse, range la dague dans ma botte et la force à se mettre debout. Son regard se pose sur mon visage, elle ouvre la bouche. Je lève les yeux au ciel, redoutant un nouveau cri et la saisie vivement par la main, l'entrainant derrière moi. Heureusement, elle se contente de m'emboiter le pas, et sans tomber. Je l'aurais trainé s'il l'avait fallut, épaisse comme elle est, elle doit pas être lourde. Je marche à pas vif entre les arbres, ne sachant pas tellement où aller. Et manque trébucher, lorsque je sens l'autre main serrer la mienne. Ne devrait-elle pas plutôt se débattre, chercher à se libérer ? Tout en continuant de marcher, je lui jette un regard. Et croise le sien. Elle a toujours cet air perdu, mais ne pleure plus au moins. Je détourne le regard, ralenti un peu l'allure. Plusieurs fois, je l'entends commencer une question, mais la fin se perd dans le vide. Autant dire que ça m'arrange. Je ne veux pas entendre ce qu'elle a à me dire. Je veux juste trouver un endroit où je pourrais lui demander ce qu'elles faisaient. Elle trouve enfin ses mots. Me demande qui je suis. Je me retourne brusquement, retire brutalement ma main de la sienne et la pousse contre un arbre, une main contre son cou. Je vois une ombre de peur passer sur son visage. Ne te remets pas à pleurer... -Qu'est-ce que vous faisiez là-bas ? C'était quoi le sens de vos paroles ? Ma voix s'est faite plus hargneuse que d'habitude. Je n'arrive pas à me contrôler. Pourtant, si je veux qu'elle me réponde, il va le falloir... Alors je me force, et ma main descend un peu, cessant de serrer son cou. Elle tremble, ouvre la bouche et la referme. Va-t-elle parler oui ?! -Je ne sais pas ! Je vous jure que je ne sais pas ! Les larmes coulent à nouveau sur mes joues et, autant sa main serrant la mienne aurait pu m'émouvoir, autant ses larmes me dégoutent, m'énervent plus encore. -Tu te moques de moi ? Mon cri résonne dans la forêt. J'ai envie de la secouer et pourtant je me recule d'un pas, serrant mes poings. Lui faire du mal ne servirait à rien, à par à la refermer plus encore sur elle-même. -Je vous jure que je ne sais pas ! Sa voix est entrecoupée de sanglots. Elle se laisse tomber à terre et reste prostrée à mes pieds. Un moment, le silence se répand entre nous. Je reste là, à la regarder, me calmant doucement. -Tu ne me feras pas croire que tu étais là-bas, avec ces sorcières, à psalmodier sans comprendre un traitre mot à ce que tu disais, ni sans savoir pourquoi tu le faisais ! Sans me regarder, elle bouge la tête de gauche à droite. -Elles m'ont dit... Elles m'ont juste dit de venir... De faire comme elle. Je ne savais pas ! Elles.. Elles avaient besoin d'être trois, mais elles ne trouvaient personne... Je n'écoute pas la suite de ses paroles, me passe une main sur le visage, les yeux fermés. Je n'arrive pas à y croire... Sans jeter un regard à la fille toujours prostrée à terre, je pars sans bruit. Lorsque j'estime avoir mis assez de distance entre elle et moi, je lâche un cri de rage. J'y étais presque... J'allais enfin savoir ce qu'il se passait ! J'allais enfin... Mon regard se tourne vers le ciel. Un soupir s'échappe de mes lèvres. Non loin, la femme prostrée se redresse, essuie ses larmes. Ses épaules semblent secouées par des sanglots. Mais non, elle ne pleure pas. Un rire se fait entendre dans la forêt. Elle se relève, époussette sa robe d'un air distrait, un sourire satisfait aux lèvres. La seule chose qui la chagrine dans toute cette histoire, c'est que ce soit cette idiote de chasseuse qui ait son athamé...
  21. Elles sont trois. L'une me tourne le dos, les deux autres, âgées, pourraient très bien me voir si elles levaient les yeux. Je m'avance, ne sachant pas ce que je cherche à faire, la dague serrée entre mes doigts. Je contourne la femme de dos, me rend compte qu'elle est bien plus jeune que les deux autres, même âge que moi je dirais. Leurs regards sont tous ouverts, regardant je ne sais trop quoi. Voient-elles réellement ce qu'il se passe ? J'en doute. Elles ont l'air ailleurs. Je tourne sur moi même, les observe, partagée entre l'envie de fuir, et l'envie de les faire stopper tout ça. L'une des deux vieilles lève soudain les yeux vers moi, manquant me faire faire un bond en arrière tant cela me surprend. Un sourire monte à son visage. Elle se moque de moi ! Elle ose ! Une vague de rage se répand en moi. Je m'approche d'elle, serrant plus fort le poignard. Son sourire ne fait que grandir, ses yeux, à nouveau ici, se font rieurs. -Je sais que tu ne veux pas tuer. Mes sourcils se froncent à ses mots. Comment peut-elle le savoir ! Derrière moi, les deux autres continuent de psalmodier, de plus en plus fort me semble-t-il. Je ne comprends toujours pas le sens de leurs paroles, et cela m'énerve. -Ne pas vouloir ne dit pas ne pas savoir. Ma voix, à peine plus forte qu'un murmure, s'entend à peine avec le bruit que les deux autres font. Et pourtant, à voir la lueur d'étonnement qui passe dans les yeux de la vieille, elle m'a entendu. Et, sans plus réfléchir, d'un geste vif, je passe la lame contre sa gorge. Un étrange gargouillis s'en échappe. Suivi d'un cri déchirant et aigu, dans mon dos. J'ai le temps de voir le sang s'échapper de la blessure que je viens de lui causer, avant de me retourner et de voir que le cri provient de la plus jeune des trois. Ses yeux sont posés sur le corps sans vie derrière moi. Sa bouche est encore ouverte sur le cri qu'elle vient de pousser. Elle bouge d'avant en arrière, le visage tourmenté par la vue qui s'offre à elle. Je contourne alors le feu, le mettant entre elle et moi. Qui sait ce qu'elle serait capable de me faire afin de venger son amie ? La dernière femme semble se moquer complètement de ce qu'il se passe. Elle continue ses marmonnements horripilants. Il faut qu'elle se taise ! Je vais vers elle. La tuer, comme l'autre ? Il faut pourtant qu'elle me dise ce qu'elles voulaient invoquer, et je doute que l'autre, sanglotant comme elle le fait, puisse aligner quelques mots. Je lève alors ma main gauche, et la gifle fortement. Sans doute trop. Elle a l'air d'être une poupée de chiffon. Elle tombe sur le côté, et un bruit horrible se fait entendre lorsque sa tête rencontre une des pierres au sol. Elle ne fait plus aucun mouvement. Un instant, j'attends. Elle va se relever. Elle doit faire semblant. Mais il ne se passe toujours rien. Alors je la pousse du bout du pied, pour voir. Elle retombe sur le dos, le front en sang. Je pince mes lèvres, soupir. Puis hausse les épaules. Je n'ai pas fait exprès. Sans doute le destin. Je m'en moque de toute façon. Je me tourne vers la jeune, qui a les yeux maintenant tourné vers moi. Ou plutôt, sur ma dague. Elle ne cri pas, pleure en silence. Son corps n'est plus secoué de sanglots. Je me demande si elle pense que je vais la tuer. Je lève un peu ma main droite, tenant la dague, afin d'être sûre que c'est bien celle-ci qu'elle regarde. Sa réaction me surprend, mais me fait comprendre que j'ai raison. Sa voix est grinçante, plus aiguí« encore que son cri. -C'est mon athamé !
  22. Tout semble vide. Les créatures s'en sont rendues compte, elles prolifèrent. Elles viennent de plus en plus près du village de Terra, comme en territoire conquis, bien qu'aucune bataille ne se soit déroulée. C'est un peu comme si tous ici s'avouaient vaincu. Schima, Minoie et les quelques autres auront beau faire semblant que non, feindre une bataille perdue d'avance, rien ne changera ici. Et ce ne sont pas les quelques êtres de passage dont je fais parti qui pourront dire le contraire. Et pourtant, nous les aidons lorsqu'ils nous demandent de tuer quelques bêtes. Mais est-ce que ces cadavres que nous empilons changent réellement quelque chose ? Je crois que non. Mais je n'en dis rien. Pas à haute voix. Autant les laisser dans leur monde utopique. Ils ne voudraient sans doute pas m'écouter de toute façon. Ni voir ce qu'ils ont sous les yeux. De toute façon, bientôt, et comme tant d'autres avant moi, je partirais d'ici. Et il faudra que cela se fasse sans l'ombre d'un regret. On n'avance pas avec des regrets... Comment font-ils pour vivre ainsi ? Rester, et voir sans cesse des gens partir. Des gens qu'ils ont appris à connaître. Lina, Aristide, et les autres résidents de la ville. Comment font-ils... Je n'ose imaginer la déchirure que chaque départ doit causer. Certains diraient sans doute que ce qu'ils ont partagé pendant quelques semaines ou mois avec ces gens de passage valait la peine de souffrir en les voyant partir. Je ne peux pas. Peut-être cela me fait-il rater nombre de choses, mais je ne peux pas. Alors je passe, comme une ombre. Je me fais silencieuse, toujours une cape sur le visage lorsque je ne peux faire autrement que d'aller vendre certaines choses, en acheter d'autres, afin de ne pas me lier. Pour ne pas avoir à souffrir ensuite. Pour ne pas hésiter au moment où je devrais partir. Pour ne pas regretter de les laisser derrière moi. Tout est calme. Mon arc est calé dans mon dos. Je me glisse entre les arbres et les buissons, veillant à ne pas faire de bruit. J'ai trouvé une vieille dague il y a quelques jours, non loin de là où les loups se retrouvent pour crier à la lune. Sans doute quelqu'un qui voulait ramener une de leur peau au village, revenir en héros. Mais il n'y a rien eu. Toujours le même calme depuis que je suis ici. Je n'avais jusque là jamais essayé d'attaquer avec autre chose que mon arc, mais maintenant que j'avais trouvé la dague, il en allait autrement. Elle me semblait parfaite. Faite pour ma main de femme. Les proies ne manqueraient pas pour étrenner cette nouvelle acquisition... Pourtant, étrangement, plus je m'enfonce dans la forêt, plus je me rends compte de l'absence inhabituelle des bruits des créatures qui y vivent. Un silence, non pas de mort, mais de peur.. Elles sont revenues...
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