Aller au contenu
Terre des Éléments

Jeu dangereux


Helevorn
 Share

Recommended Posts

J'ai quitté la bibliothèque le cœur verrouillé de promesses, un sourire en gage de retrouvailles prochaines.

Rallier Melrath au clair de lune, dans la fraîcheur de ses bras qui m'habillent. Y trouver dans ses rues pavées, dans les lueurs tamisées de ses fenêtres, dans les murmures des maisons d'insomnies un refuge à mes ombres.

Dans mon cœur, la liberté vacille, enchevêtrée dans les liens de son attachement qui le serre.

Je m'entête et persévère, au milieu de cette dualité qui m'irrite.

N'être qu'un, taillé dans une roche banale par des mains sans âme m'aurait rendu la tâche plus facile.

Façonné pour vivre une existence tracée dans la terre noire de Che'el, dans ses ténèbres, dans sa dureté. Esclave d'une société empoisonnée. Si seulement je n'avais désiré la liberté et ne l'avais trouvée... J'aurais pu encore en faire de jolis songes sans jamais lui trouver le goût du mensonge.

L'égoïsme ne sied pas à l'Amour. Frère ennemi qui pourtant je sais lui est parfois vital.

Se donner l'un à l'autre...promesse naïve au miel écœurant altérant de son sucre la saveur des passions. L'Amour siffle son mystère tandis que je m'applique à le disséquer de l'intérieur. Sécurité d'un serment. Apaisement de l'engagement.

Un soulagement après l'incertitude, et ensuite ? Que reste-t-il aux amants ? Une belle acquisition. Obtenue oralement. Contrat moral que certains officialisent par une union. Mille subterfuge pour se convaincre que l'Amour demeure toujours...

Si je brûle de découvrir ce sentiment, je refuse de m'abaisser à ce mime grotesque. L'Amour a-t-il besoin de promesses, de contrats, d'alliances ou de colliers...tant de matière à briser...

Si jamais l'Amour existe, il n'a que faire de ces artifices créés par les hommes. De ces symboles, de ces déguisements, de ces parures tape-à-l'œil.

Cet amour là ne vaut rien...

Je ne suis plus un enfant. Je n'en ai jamais été un.

Le vent siffle entre les chaumières. La lueur des lanternes vacille. Le son de mes bottes sur le pavé humide me fais prendre conscience que j'ai traversé la ville. Un regard vers les toits pour discerner le ciel coincé entre les tuiles. Les bâtisses se sont tues. Je tourne sur moi-même, la ruelle est déserte.

Je fronce les sourcils, forçant mon regard sur un angle d'impasse perpendiculaire.

Un doute soudain. L'impression d'avoir été suivi sans m'en rendre compte, trop absorbé dans mes réflexions. Tout ceci me rend imprudent.

Je me retourne et poursuis ma route, glissant discrètement ma main sur mon poignard. Qu'il vienne m'agresser pour prendre mon or, j'ai de quoi l'accueillir. Une chance qu'il n'ai pas agit avant.

Un bruit de pas forcés à la discrétion monte à mes oreilles. D'un regard j'évalue la distance qui me sépare du croisement, le nombre de ruelles sombres où il pourait tenter sa chance.

Mes doigts compriment le pommeau. Les secondes s'égrènent. L'acuité de mes sens croît avec l'excitation de lui donner sa raclée. Il n'agit pas. Qu'est ce qu'il attend ? Sa lenteur m'exaspère. Un novice à ne pas en douter. Il hésite sûrement à s'attaquer à un homme de ma stature. L'idée qu'il abandonne m'irrite.

Je tourne à gauche.

Un murmure.

*velkyn*

Mon corps se fond dans le mur. Les pas se rapprochent, s'activent même. Débutant...

A la seconde où il tourne je lui attrape le poignet et lui tord derrière le dos, le plaquant de mon corps contre le mur, la pointe de mon poignard sur sa gorge.

Un gémissement de douleur. Une voix de femme. Instinctivement je desserre un peu ma poigne, mon arme toujours pointée sur sa jugulaire. Le capuchon qu'elle porte m'empêche de voir son visage. Le lui retirer me mettrait en danger, m'obligeant soit à éloigner ma lame, soit à lâcher sa main.

Ma poitrine discerne le relief d'une dague entre ses omoplates.

Mes doigts se resserrent autour de son poignet.

Un bref instant passe. Une étrange sensation me saisit. Sa fragrance remue mes instincts. La chaleur de son corps contre le miens fouette mon désir. Mon bassin s'appuie contre son fessier tandis qu'une délicieuse certitude remonte le long de mon crâne.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Quelques heures que nous nous sommes réconciliés, quelques heures que nous sommes censés représenter un couple, et le malaise demeure. Il a agi avec moi comme s'il avait peur de m'effrayer. Bien sûr, j'apprécie les efforts qu'il a fait pour m'offrir une relation relativement normale, néanmoins, il perd partie de son charme à brimer sa personnalité.

L'être pour lequel j'ai ressenti une profonde attirance dégage une aura terriblement tentatrice et étrangement en décalage avec les habituelles. Son côté démon assurément. Même si je ne suis pas fervente admiratrice de cette partie de lui qui m'empêche de le considérer comme mien, peut être pour le reste de mes jours, je dois reconnaître qu'elle lui confère un certain attrait que je ne peux décemment nier. J'ai passé trop de temps jusqu'ici à me voiler la face sur mes émotions et mes désirs pour accepter continuer.

Et en cet instant, je le désire.

J'ai récupéré le livre dans lequel j'étais plongée avant qu'il ne vienne m'interrompre. Je parcours ses pages depuis plusieurs minutes déjà, tentant en vain de me concentrer sur les mots. Mon esprit pourtant s'échappe et s'adonne à des luxures que je réprouve. Que je réprouvais... Mes sentiments, mes valeurs ont évolué. Je ne suis plus la gamine effarée des premiers temps. J'ai grandi plus que je ne l'aurai cru depuis que j'ai commencé à fouler ces terres. Les confrontations m'ont faite mûrir.

Il ne quitte pas mes pensées. Son corps me manque plus que je ne l'aurais cru possible. Cette nouvelle façon de nous aborder est par trop sage... Toute la spontanéité, toute l'émotion dans notre relation ont été happées par un consensus fragile. A trop vouloir me protéger, nous en perdons l'intensité qui fut nôtre.

D'autant que je n'ai en rien oublié ma résolution de parvenir à lui suffire, de réussir à le faire devenir mien. Je n'ignore pas les besoins qui l'animent. Je ne peux me leurrer sur les désirs du démon. Si je veux le convaincre, ou du moins, puisque cette étape doit probablement être plus physique que psychologique, le séduire pleinement, il me faut me prêter à de tels plaisirs.

C'est assurément le motif principal qui me pousse à faire ce que j'envisage. Je tente de m'en convaincre alors même que je sais pourtant le désirer physiquement. Son corps nu enlacé contre le mien, ses lèvres tentatrices qui parcourent ma peau, m'arrachant des frissons et des gémissements, ses mains adroites qui trouvent mes points sensibles, sa voix délicieuse qui attise mes sensations... Mon souffle se fait plus court, mon cœur accélère.

Hagarde, je me rends compte avoir parcouru déjà deux pages et en avoir même tourné une sans pour autant avoir retenu le moindre traitre mot de ce que j'ai pu lire... Il en est assez. Telle torture ne peut se poursuivre, tel égarement n'est pas envisageable.

Je quitte le fauteuil qui m'accueillait, jette le livre dans un coin de la pièce, et sort de ma chambre. Je tente de conserver mon calme tandis que je rejoins ses appartements, toquant à la porte puis entrant sans même attendre de réponse. Ce n'est qu'une fois le seuil franchi que je me rends compte être ridicule.

Transie sur le perron, le cœur affolé, le souffle en déroute, je m'interroge sur la conduite à tenir, un peu gênée, légèrement gauche.

Ce n'était là que pure folie.

La pièce est vide. Désespérément vide. Un long soupir m'échappe, glisse hors de mes lèvres, se mêle à l'air ambiant. Je tente de réprimer ma déception. Elle jaillit pourtant en moi avec la force d'un raz de marée, dévastant toutes mes joies sur son passage, m'opprimant, me coupant le souffle.

Il me faut le voir. Cette relation aseptisée que nous semblons avoir entamé ne me comblera pas, cette sagesse, ce manque d'aventure. Notre réconciliation fut certes romanesque, emplie du charme d'un mélodrame. La sensation d'être une héroïne de roman m'a étreinte. Toutefois, un roman m'assurerait l'amour du beau démon à la fin de l'histoire ou la mort dans des conséquences tragiques. Si j'ai du mal à croire à l'un, je ne peux décemment me résoudre à l'autre... Je demeure suspendue entre deux extrêmes, tentant de trouver un équilibre au sein de ma propre existence.

Adossée au chambranle de sa porte, je finis par me décider à bouger. Rester ici à méditer sur des considérations démentielles ne m'avancera à rien. Cela n'apaisera pas ma soif de changement. Si je désire que notre affection réciproque évolue, il me faut entrer dans la logique du démon, répondre aux jeux de la luxure sans pour autant perdre de vue sa part d'humanité. Il faut me faire plus retorse encore que je n'ai pu l'imaginer, plus perverse que mes rêves les plus fous tout en conservant ma fragilité, ma douceur. Qu'il ne perde jamais de vue ma faible constitution de femme, la précarité de ma raison, la difficulté de mes sentiments. Qu'il soit toujours conscient des conflits qui m'animent en tant qu'être de chair et de sens. Osciller dans la dualité entre un être fantasmagorique apte à réveiller les désirs les plus enfouis et une créature encore sauvage car trop inquiète des atteintes à sa propre sensibilité.

Paraître forte quand les doutes demeurent. Savoir garder la tête haute alors mêmes que les angoisses me rongent. J'ignore si je parviendrai jamais à retrouver une certaine sérénité alors que j'ai offert ma foi à un être sorti tout droit d'une autre logique que la mienne.

Il n'est plus temps de se lamenter. Plus de place à cette chétive demoiselle. Il me faut le rendre fou.

Retour à mes appartements. Les diverses dagues retrouvent leur place le long de mon corps. J'ai besoin de prendre l'air, d'inspirer la fraicheur pour calmer mon être affolé. Trop fragile pour de tels jeux, j'entreprends pourtant de plonger dans la décadence, ignorant l'avenir que me réservent de telles tentatives.

Ma lourde cape pourpre épouse parfaitement mes épaules. Dernier regard vers le miroir. Je me trouve pâle ces derniers temps. Les privations que je me suis faites subir sont encore visibles sur ma silhouette amaigrie, sur mes traits tirés, pourtant, une étincelle dans mon regard l'anime d'une vie que j'ai rarement connue. Je cache cette marque trop visible de mon bonheur par l'étoffe qui s'affaisse sur mon visage. Délices de l'anonymat.

Arpenter Melrath à une telle heure tient probablement de la folie. Je n'en ai que faire pourtant, trop perturbée pour m'inquiéter de telles banalités. L'extérieur parvient à peine à me dégriser. La tâche serait probablement plus simple s'il ne revenait continuellement me hanter, pourtant, je suis bien incapable de tenir un raisonnement logique qui ne l'implique pas. Il semble présent dans toutes mes possibilités, dans toutes mes envies.

C'est probablement la raison pour laquelle je crois à une hallucination quand j'entrevois sa silhouette au détour d'une ruelle. Immédiatement fondue dans l'ombre, je me tapis contre le mur espérant qu'il ne me repère pas. Aucun risque apparemment, trop plongé dans ses propres pensées qu'il semble être.

Prise d'un irrépressible désir, tous mes efforts étant définitivement sapés, une idée folle m'étreint. Dans le plus grand silence dont je suis capable, je me glisse à sa suite dans les sombres dédales, tentant de paraître inaperçu. J'ignore ce que je compte exactement faire, peut être lui sauter dessus, peur être lui faire peur. Il aurait certainement été plus simple de manifester immédiatement ma présence ou bien de fuir, mais je ne peux me résoudre à de telles alternatives. Le revoir a ranimé tout ce que j'ai tenté d'oublier par cette balade.

Il disparait pourtant de mon champ de vision. Alors même qu'il était présent l'instant d'avant, impossible par la suite de le retrouver. J'avance avec rapidité, certaine de l'avoir perdu au coin de cette rue. Je m'y engouffre sans aucune précaution.

Une main se saisit de mon poignet, le tord. Un corps me plaque contre le mur. Le froid de l'acier contre ma gorge. Je déglutis péniblement, incapable de réprimer le cri de surprise qui traduit mon égarement. Je tente de me raisonner, m'assurant qu'il ne peut s'agir que de lui et qu'il se rendra rapidement compte de mon identité. Mon capuchon m'empêche pourtant d'en avoir la certitude, et je préfère demeurer figée pour ne point m'attirer d'ennui.

Le mur m'oppresse. Ainsi bloquée, je me sens terriblement fragile. Prise au piège d'une force largement supérieure, ce qui n'est guère difficile du reste, je le concède volontiers. La peur remonte le long de mon épine dorsale alors même qu'une excitation caractéristique point à l'idée que ce puisse être mon amant. Si tel est le cas, voilà une aventure comme je les attendais.

Je tente de reprendre mon souffle mais ma position m'empêche d'inspirer comme je le souhaiterais. La panique me gagne, mêlée à un désir aussi fulgurant que nouveau. L'entrevue de nouvelles possibilités. La perspective de jeux inédits.

Je suis consciente qu'il me faut parler. Il faut que je tente quelque chose afin de m'assurer que je suis bien prisonnière de l'étreinte de mon amant et non de celle d'un inconnu. Je tente d'assurer ma voix qui pourtant tremble légèrement. Impossible de ne pas laisser transparaître l'angoisse qui m'habite. Je ne parviens à sembler aussi forte que j'aimerais l'être. Jeune biche qui tente désespérément de se donner des allures de louve.

« Est-ce donc là une manière d'aborder les dames ? »

Que cette torture prenne fin.

Que je connaisse la nature de mon agresseur afin de prendre la décision qui s'impose.

Que je sache qui redouter.

Demeurer dans le doute va me ronger. Désirs et terreur sont trop liés.

Je basculerais dans la folie.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Sa voix s'abîme au mur de pierre. Son souffle s'écrase à la matière. Froid contraste à la douceur de sa chair.

Le doute s'immisce, glisse au creux de son esprit, inocule son poison jusqu'au cœur. Paralysante anxiété. Aux abois, sa crainte est un philtre délicieux. Fou je serais de ne point y goûter. De me priver de son excitante sapidité.

Juste un instant, profiter de sa vacillation. Juste assez pour m'enivrer. Suffisamment pour la tester. Peut être devinera-t-elle...

Ma lame glisse le long de sa gorge, caresse l'étoffe de son vêtement. Descend. Trouve l'échancrure. Court le long de sa cuisse, remonte de sa pointe la robe. Métal contre métal. Un tintement de poignard contre sa neigeuse. Lui indiquer que je sais où se trouve le danger.

Je n'ai nulle intention de lui répondre. Et je sens son cœur s'emballer.

D'un mouvement maîtrisé je la retourne dos au mur. Plongeant dans ses yeux alors qu'elle admire le vide. Transparence parfaite. Seul mes gestes comptent.

Ses poignets plaqués à la parois, je contemple sa beauté. Ses traits crispés d'incertitude. Ce parfum délétère de supplication qui me séduit.

Même si elle sait peut être désormais, l'incertitude demeurera tant qu'elle ne m'aura pas vu.

C'est sur cette corde que je veux jouer. Danser. Au fil coupant des divertissements d'un démon. Et si ce n'était pas moi ? Et si les pôles s'inversaient ? Si elle était sur le point de céder et de me tromper. Brisant ses promesses par trop de confiance. Me connaît-elle suffisamment pour se livrer à moi en de pareilles circonstances ?

Jeu de fous.

Prise de risque inconsidérée. Mais c'est dans le danger que j'aime me baigner...

La rue est d'un silence...Le murmure de nos souffles trouve un écho démesuré.

J'approche ma bouche de la sienne, la laissant évaluer la distance à ma chaleur. Ses paupières se ferment. Un renoncement. Une offrande. Un délicat abandon. Mes lèvres se mêlent aux siennes. Fraîches. Sa langue, brûlante...

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Je sens le froid du métal glisser le long de mon corps, effleurer ma cuisse, tinter contre ma dague. Une seule personne en connait l'emplacement, un seul auquel je l'ai déjà montré. Tentative de m'indiquer qui il est ? Simple perspicacité ? L'angoisse demeure.

Avivée encore lorsque l'on me retourne. Face à moi, le vide. La chaleur d'un corps que je ne peux voir. La tentatrice présence d'un être que je n'arrive à discerner. Une fragrance qui me semble familière que je redoute pourtant comme n'étant qu'une tentative pour mon esprit de justifier l'impossible. S'il s'agit de mon amant, sa part démoniaque doit se délecter de ma peur. Si tel n'est pas le cas... peut être ai-je simplement perdu la raison. Ce doit probablement être ça.

Privée de la présence physique de mon amant, victime de plusieurs semaines de privation, mon esprit a probablement abdiqué une fois de plus. Enfermé dans ses ressentis, il a laissé libre cours à l'expression même de mes désirs. Pas assez puissant cependant pour créer une image là où il a pu restituer tant l'odeur que la chaleur. Une haleine caresse mon visage. Un souffle se brise sur ma peau, faisant écho au mien qui s'approfondit. Mon cœur s'emballe, prisonnier de cette excitation qui le gagne tandis que je tente de me calmer.

Mes yeux se ferment, inutiles, délaissés dans cette étreinte où je ne peux discerner mon compagnon. Tant qu'à vivre dans la folie, autant la faciliter. Laisser libre cours à mes autres sens me permet de discerner avec plus d'acuité mon partenaire. Finalement, la folie du bon. Retrouver mon amant que je cherchais tant.

Je m'abandonne à cette entité sortie de mon imagination, avisant pourtant qu'elle est étrangement réelle pour une pure création. Nos lèvres se trouvent, se reconnaissent avant que le baiser ne s'intensifie. J'en ai le souffle coupé, surprise d'une telle force. Mes bras souhaiteraient enlacer mon bien aimé, mais l'irréel les cloue contre la paroi. Ridicule désir de me lover contre l'inexistant.

Mon corps réagit pourtant avec fougue à cette présence. Une chaleur inimaginable nait au creux de mon bas ventre, s'enracine délicatement le long de mes membres. Mon crâne s'emplit de visions toutes plus délicieuses les unes que les autres. Si la démence ressemble à ça, je veux bien perdre toute lucidité ! M'abandonner aux délices d'une étreinte...

Un gémissement échappe à mes lèvres, se mêle à son propre souffle. La sensation pourtant impie de ne pas m'offrir à mon amant, de succomber à un simple fantasme nait. Elle tente de se développer, de me submerger. Mes lèvres se détachent un instant des tentatrices tandis que je tente de retrouver mon souffle. Le prénom de mon amant m'échappe juste avant que je ne sois happée de nouveau par le baiser.

Incapable d'opposer plus de résistance, trop intimement convaincue que ma folie me fait imaginer les bras de mon compagnon, je ne parviens à tenir tête. Je sombre peu à peu dans l'excitation, embrassant de plus belle cette bouche invisible, toujours aveuglée pour ma part d'ailleurs. Mon corps se presse avec plus de vigueur contre le torse qui me bloque contre le mur. Une de mes jambes se glisse entre celles qui me font face pour que nos cuisses se caressent délicatement.

Le désir m'oppresse. La folie me berce.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

"Helevorn.."

Le goût du crime sur sa bouche. Perdue en déraison. Suave oraison aux barrières abattues des convenances.

Délicieuse démission.

L'être transparent qui l'étreint n'est peut être pas celui qu'elle croit. Sa méfiance se dissipe pourtant au profit d'un désir dévorant, d'un plaisir qu'elle exprime sans réserve.

Un sourire translucide. Sa cuisse contre la mienne remonte, un appel explicite.

La jeune fille des premiers jours à disparue. Innocente, timorée, sauvage. Elle se change en une créature répondant à ses instincts, à ses envies inavouées, à son appétence tapie.

J'y trouve une succulente récompense à ma patience.

Elle se révèle.

J'hésite. Sa soif s'intensifie et je ne saurais rester davantage invisible. La laisser dans le doute en prenant la fuite ou répondre à son invitation ?

Un œil autour de nous. Le pavé luit au clair de lune, la toiture de la bâtisse jette sur nous sa pénombre. Faire l'amour dans la rue est une savoureuse opportunité. Se prêtera-t-elle au jeu ?

Je la libère de mes tenailles. Laisser libre cours à ses fantasmes, lui offrir ce qu'elle veut. Voilà ce dont j'ai envie.

Ses doigts frais rencontrent soudain la peau de mon torse. Un doux frisson sous leur pulpe. Je lis dans son regard la frustration de ne point voir celui qu'elle désire. Ses pupilles furètent dans le vide avant de retrouver la sécurité de ses paupières. Le confort précaire de l'incertitude.

Mon invisibilité se dissipe. Ses mains ouvrent ma chemise, descendent le long de mes abdominaux. Elle me touche avec circonspection, mordant sa lèvre inférieure de concentration et de désir. Réflexe d'une aveugle cherchant à reconnaître les traits et les formes d'un être qu'elle espère.

Ses doigts s'accrochent à ma ceinture. Je la laisse faire attendant un sourire aux lèvres qu'elle ouvre les yeux. Ma lame retourne au fourreau avec lenteur. Je recule légèrement, libérant son corps de mon poids, lui offrant désormais une engageante liberté.

Ses cils frémissent. Le bleu de ses iris apparaît dans la fine fente de ses yeux...Prendra-t-elle le risque de savoir ?

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

La pression sur mes poignets se relâche. Immédiatement, mes mains partent à la découverte du torse offert. Sous un réflexe de surprise, mes paupières se sont ouvertes, me plongeant néanmoins dans un profond néant. J'étouffe mes scrupules, tord le cou à mes angoisses. Quitte à être folle, autant en profiter. Quant à la possibilité d'une réalité, je n'y crois plus. Je n'y songe plus.

Plongée dans les méandres d'une excitation inconnue, prisonnière de la délicieuse perversion que je sens grimper en moi, de penchants que je pensais ne pas posséder... Je retourne à mon bienheureux aveuglement, laissant à mes doigts l'opportunité de reconnaître la chair qu'ils parcourent. Une peau si chaude à la fine musculature. Un frisson qui nait sous mes caresses. Grisée, je m'aventure jusqu'à sa ceinture, désireuse de bien plus encore quand ce corps tant chéri s'éloigne.

J'étouffe un feulement de frustration. Il n'est pas question que mon fantasme me repousse. J'hésite à ouvrir les yeux, prise d'un irrépressible besoin d'apercevoir ce récalcitrant. Mes pupilles tombent sur l'image de mon amant paré d'un sourire désarmant. Cette découverte avive le désir qui est mien, me faisant définitivement perdre toute considération extérieure. Mon besoin de le toucher, mon envie de le sentir plus proche de moi encore...

La distance qui nous sépare est rapidement comblée par mon corps frémissant. Tandis qu'une main enlace sa nuque en un geste possessif, l'autre reprend sa course le long de son ventre. J'oscille entre besoin de le faire mien et volonté de poursuivre cette séduction délectable. Retrouver son être réveille tant de sentiments enfouis, tant de souvenirs. C'est ainsi que notre relation doit être.

Mes lèvres effleurent les siennes un instant, nouveau jeu désormais que je peux soutenir son regard dans lequel je trouve mon semblable. Plus amusé peut être, mais non moins tenté. Ma langue parcourt sa peau, caresse sa mâchoire. Mes doigts repoussent une mèche de ses cheveux, permettant à ma bouche de se poser contre son oreille.

Une voix rendue rauque par l'excitation que je peine à surmonter. Un murmure empli d'émotion.

« Si tu savais comme je te désire mon démon... »

Ma voix se perd dans mon souffle court d'une expectative difficile à supporter. Comme pour appuyer mes dires s'il en est réellement besoin, plus par envie néanmoins, ma main libre glisse sous le tissu dont elle réussi à déboucler la ceinture. Elle y découvre le but de mes attentions. Douce caresse. Invitation sans équivoque.

Mon corps se presse contre la chaleur du sien. Mes lèvres glissent dans son cou, ma langue y savoure sa peau, y faisant naître de délicieux frissons. Erratique, elle frappe au hasard sa chair, oscillant entre son épaule et sa gorge, s'aventurant parfois jusqu'à la naissance de son torse.

Jeu dangereux. Je réveille chez mon amant mon pire ennemi.

L'engeance que je vais devoir supporter.

La créature que je vais devoir séduire.

Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

Join the conversation

You can post now and register later. If you have an account, sign in now to post with your account.

Invité
Répondre à ce sujet…

×   Pasted as rich text.   Paste as plain text instead

  Only 75 emoji are allowed.

×   Your link has been automatically embedded.   Display as a link instead

×   Your previous content has been restored.   Clear editor

×   You cannot paste images directly. Upload or insert images from URL.

 Share

×
×
  • Créer...

Important Information

By using this site, you agree to our Terms of Use.