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Terre des Éléments

Exoriel

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Messages posté(e)s par Exoriel

  1. Doucereux baiser. Affolante tentation. J'ai envie de le retenir pour l'embrasser encore et encore, mais il s'éloigne pour me poser une question.

    A laisser sous entendre trop de choses, sa curiosité s'aiguisait plus encore, parfois trop à mon goût. Je le fixais, hésitante à lui répondre.Non pas à nouveau mentir, nier la vérité. Et fini par lâcher son regard, observant la porte derrière lui.

    " Oui ... Non ... Je ne sais pas ... " soupirais-je

    Je laissais tomber ma tête contre son torse. Mes mains glissant jusqu'à ses pectoraux.

    " Un jour, j'aimerais bien ... " avouais-je cachée contre lui.

    Mais j'avais parfois peur que ce jour me soit fatal ...

  2. Est-ce que l'Amour en vaut la peine? Je fermais un instant les yeux retenant les réminiscences de fugace moment de bonheur. Grimaçant intérieurement d'avoir laissé échapper cela. De voir remonter à la surface ce que je me cachais depuis des mois, les obstruant à la vue de tous. Tous sachant pourquoi ... Sauf lui. Et il voulait savoir ...

    « Les caprices peuvent être délicieux ... » conclus-je en l'embrassant.

    Un jour peut-être lui apprendrais-je. Pas aujourd'hui, peut-être pas demain, sans doute dans deux jours ... Qui sait surement dans trois ... Lorsque l'Amour a perdu son sens, il est bien dur de le retrouver et d'y regouter sans tomber dans l'amertume des regrets, des suspicions ...

    Attendre. L'heure n'était pas encore celle des cœurs qui battent à l'unissons et des rougissements enjôleurs.

    Je m'appuyais contre mon bureau, finissant par m'assoir sur celui-ci, l'attirant vers moi à l'aide de sa chemise. Plaquant mon corps contre lui dans une offrande non-voilé.

    Un baiser sur sa joue, un long souffle à son oreille, je ne pus m'empêcher de lui avouer quelques mots.

    « Tu m'as manqué ... » susurrais-je avant de mordre tendrement le lobe de son oreille.

    Je ne pouvais me résoudre à penser qu'il n'y avait rien de plus que le plaisir de la chair entre nous ...

  3. La pression si lourde autour de nous, qui nous dictait de nous jeter dans les bras l'un de l'autre et nous luttions. Un léger silence s'installe avant que je ne décide de répondre, ou du moins d'agir. Je brisais le mince écart qui nous séparait, passant mes bras autour de son cou, frôlant son menton de mes lèvres. M'enivrant de sa peau. Cherchant ses lèvres ... Contact savoureux.

    « Que sais-tu de mes raisons, Helevorn ... ? Si ce n'est le mot amour. » soufflais-je contre ses lèvres que j'embrassais à nouveau.

    « L'amour ... Un plaisir si lourd qu'il finit par nous tuer. Ce n'est pas la beauté et la magie que l'on conte partout. Vicieux, il nous endort par de beaux moments pour mieux nous assassiner par la suite ... » révélais-je.

    Une conception bien macabre du plus beau des sentiments, la conception la plus pure est retenue prisonnière.

    Je glissais une main dans ses cheveux, le taquinant tendrement, caressant sa nuque du bouts des doigts. Nos visages toujours collés l'un à l'autre, mêlant nos souffles chaudement.

  4. Le temps que lui parvienne ma missive, j'étais retournée à mes papiers. Je les avais laissé s'empiler depuis quelques jours et ils devenaient envahissant et si je les laissais ainsi quelques jours, ils finiraient brûlés. Plume en main, j'en avais signé quelques uns, raturé d'autres ... Ça m'agaçait. Je les repoussais sur le côté, éloignant mon fauteuil du bureau de manière à m'étendre avec nonchalance.

    Les yeux clos, j'entendis des pas dans le couloir, se rapprocher de la porte. Helevorn. D'un geste leste de la main, je commandais celle-ci de s'ouvrir en rouvrant les paupières. L'observant avec plaisir face à moi. Ce fut trop long ... Retrouver la beauté de ses traits sombres me tirais un sourire de contentement.

    Je posais un œil sur le rouleau avant de retourné à lui, plantant mes iris dorés dans les siens, après avoir examiné la position protocolaire dans laquelle il se tenait. Il était venu dans le but faire son rôle d'ambassadeur comme si il ignorait une once de mes habitudes. Agissant presque avec distance ...

    « Oui. Mais pas pour ce que je t'ai écrit. » disais-je en me relevant, étalant sur mes jambes le fin morceau de tissu de soie qui les recouvraient.

    Rouge, en harmonie avec mon siège, simple et ample au niveau des hanches. Suffisant pour passer une journée à signer des dossiers. Mes cheveux étaient remontés sur mon crane à l'aide de plusieurs piques, quelques mèches s'enfuyant dans ma nuque.

    Il me suivit du regard, attendant surement que je continue. Faisant le tour de mon pupitre, afin de le rejoindre, me posant face à lui, droite, presque contre lui, le frôlant par endroit, âpre tentation que de résister à rompre la mince barrière qui nous séparait.

    « Pourquoi m'évites-tu? » soufflais-je

    Il pourrait me répondre la même question et ainsi éluder la réponse. Je le fixais, plongée dans le vert de ses iris.

  5. Après son départ, je n'avais pas attendu le matin pour quitter ma chambre. J'avais regagné le manoir perdue dans mes réflexions. Mon corps avait crié sa fatigue, la douleur à avancer, et j'avais continué de marcher, croisant ça et là des auberges. Seule avec moi-même. Je n'avais besoin de rien d'autre à ce moment.

    L'amour ... Concept lourdement enchainé au plus profonde mon âme, profondément meurtri ... Même Leif n'avait pu goûter qu'une infime partie de ce qu'il était possible d'aimer, d'offrir par amour ...

    Je soupirais. Aurais-je dû lui répondre et lui expliquer ? Et qu'aurais-je fait en suite ... J'y ai perdu plus que mes ailes la première fois, prendrais-je le risquer de brûler le reste ... L'amour et l'homme sont deux choses parfaitement incompatible ... Même la confiance de l'être aimé n'est qu'une chose futile.

    ...

    Des jours s'étaient écoulés après notre dernière rencontre. Ni l'un ni l'autre n'avions pris la peine de se contacter, sans doute trop perturbés ... Trop troublés par cette agréable nuit. Pourtant, il domiciliait au manoir régulièrement. Sans vraiment le vouloir, nous nous esquivions.

    Assise à mon bureau, recouvert de parchemins qui s'entassaient depuis deux jours, l'esprit occupé par autre chose. Combien de temps durerait celle situation ? Qui y mettrait fin ? Dans notre orgueil, sans doute qu'autant lui que moi attendions le premier pas de l'autre, que l'un de nous deux cède avant l'autre.

    J'attrapais une plume et un parchemin et commençais à noter.

    Je dois te voir immédiatement.

    Il me fallait un prétexte.

    J'ai un message pour Ombre, il doit l'apprendre au plus vite. Je suis dans mon bureau.

    Exoriel.

    A peine crédible, jamais je ne m'étais servie de son rôle d'ambassadeur, il savait très bien que lorsque je désirais quelque chose, je m'adressais directement à mon égal dans la hiérarchie. Mais j'avais cédé la première. Un manque trop important envers lui ...

    J'entourais le parchemin après que l'encre ait séché, d'un ruban noir et le fit disparaître autour d'un halo de ténèbres, à la recherche de son destinataire. Moyen plus couramment utilisé pour abattre quelqu'un, mais efficace pour des tâches plus basique.

    Je ne pouvais rester un jour de plus à me ressasser ce qu'il s'était passé, à me tourmenter. Savoir ce qu'il se passerait lors d'une nouvelle rencontre. L'embrasser, sentir sa peau contre la mienne ... Le désir de comprendre ce qui s'était passé, ce aurait changé. Savoir si je pourrais abattre certaines barrières pour le garder ...

  6. Je fronçais les yeux à sa question et répondis sèchement.

    « Non. »

    J'en avais serré brutalement sa main, enfonçant mes ongles dans sa chair sous l'impulsion. Au bout de quelques secondes, je desserrais mes doigts, mes phalanges crissant sous l'intensité que j'avais mis.

    « Excuse moi ... » soupirais-je en le regardant.

    Des traces rougeoyantes perlaient sur le dos de sa main. C'était surement le sujet le plus sensible qu'il pouvait aborder, le sujet cloisonnait autour de forteresse de pierre vouaient à ne jamais tomber. Je sentais peser son regard sur moi, me transcender, chercher. Il ne trouverait rien ... Perdu entre haine, colère et mépris il n'atteindrait jamais la simple vue des barrières qui retenaient mes souvenirs. Il savait pertinemment que ce fut un mensonge.

    Je lâchais sa main, me levant du lit, murmurant une excuse. Celle d'aller lui chercher quelque chose pour sa blessure à la salle de bain ... Je fuyais tout simplement.

  7. Je réfléchis un instant. Il n'a pas tout à fait tord, mais il a rapidement oublié ce dont je lui parlais précédemment.

    « Je ne suis pas née pour la magie noire, Helevorn. » disais-je simplement.

    Ne pouvant me résoudre à lâcher sa main, seul lien qu'il supportait, je me laissais tomber sur l'oreiller, sur le dos en relevant mon bras devant moi. D'un simple mouvement du poignet une douce lumière blanche naquit au creux de ma paume, si faible, un sort de bas niveau. Et d'un second mouvement elle se fit dévorer par la noirceur de ma magie. Elle vibrait dans ma main, sa puissance était tangible, malléable sous mes désirs. La propre puissance que je lui insufflais.

    « Ton caractère est-il défini par l'arme que tu portes ? En effet, pour la magie, c'est plus compliqué car elle nous possède autant que nous la possédons. La nécromancie n'est que la magie que tu vois au bout de mes doigts ... Elle influe sur ma façon d'être, mes gouts car ils sont siens, miens et notre. Car les ténèbres appellent la mort, il est si désirable de la donner ... De voir la souffrance, la torture avant la fin ... Délectable ... Mais est-ce vraiment un trait qui nous est propre ? N'aimes-tu pas voir cela aussi ?»

    Je refermais ma main et la balle de ténèbres disparue. Je regardais le plafond un instant avant de retourner la tête dans sa direction.

    « Rien ne m'empêche d'aimer le mal et une certaine forme de douceur ... C'est apaisant ... »

    Sans doute mes mots n'avaient pas été très clair mais il me semblait les plus proches de ce qu'il désirait savoir. Et puis au fond, je n'avais pas non plus la réponse exacte non plus.

  8. Je fermais les yeux, veillant à chacun de mes gestes, surveillant mon corps pour qu'il ne bouge que lorsque ce serait nécessaire. Le sentir crispé contre moi me gênait, plus me dérangeait ... Je me posais des questions.

    Les yeux clos, j'appréciais l'instant sans un mot jusqu'à ce qu'il me pose une question. Simple et pourtant compliquée. Je relevais la tête, m'écartant par là-même de lui, gardant pour unique contact nos mains enlacées.

    Prenant appuie sur mon coude afin de le regarder droit dans les yeux, un sourire tendre aux lèvres.

    « J'aime me laisser aller à d'autre plaisir que ceux du corps ... » C'était légèrement imagé mais il comprendrait, il était resté. Il saurait forcément ce que j'insinuais par là.

  9. Il lutte. Je le sens lorsqu'il serre mes doigts sans aucune tendresse, une brutalité qu'il peine à contrôler. Les traits de son visage ... La douleur. Si familière et pourtant, elle m'était insupportable sur lui. Je baissais les yeux, hésitant à retirer mes doigts des siens pour faire cesser cela. Lorsque sa prise se fit plus douce, agréable. Je fixais nos doigts entremêlés retournant à son visage lorsqu'il s'excusa, un sourire aux lèvres.

    Est-ce vraiment sa faute ... N'est-ce pas celle de mes caprices ...

    Je voulus le prendre dans mes bras, l'enlacer, m'accoler à lui, l'embrasser ... Et ainsi, je réduirais à néant ses efforts pour retomber dans ses pulsions charnelles. Je posais simplement ma tête contre son épaule, peut-être que cela suffirait pour commencer, pour essayer.

    « Tu n'y es pour rien ... » murmurais-je.

  10. Il s'éloigne afin de s'enfoncer coeur du lit, sans un mot, une nouvelle attente. Je reste là quelques secondes à le dévisager, lisant clairement une dualité entre ses désirs et ses pulsions. C'en était presque cruel de lui infliger cette torture pour l'avoir auprès de moi cette nuit et peut-être les prochaines ...

    C'est à ce moment là que j'aurai du faire le choix le plus raisonnable pour moi,pour lui, pour nous. Partir. La raison ... Combien de fois l'avait-il invoqué pour que je cesse de jouer avec lui ? Autant de fois je lui avais répondu que je n'étais raisonnable ...

    Encore une fois ...

    La raison fut balayée sans demander son reste. Sans un mot, je m'avançais vers lui, hésitante à me blottir contre son corps, je posais ma tête sur l'oreiller à côté du sien en glissant mes doigts entre les siens. Plongeant mon regard dorée dans ses yeux émeraudes.

  11. Il me retient, de la même façon que moi avec lui précédemment. Replongeant mes yeux dans les siens lorsqu'il parlait, mes pupilles s'écartant sous son explication, sa révélation. Je lui souris tendrement.

    Répondre. Et choisir.

    « Les promesses ne valent rien. Seuls les actes comptent. »

    Ses doigts m'enserraient toujours avec moins de force, me disant reste mais tu es libre de partir. Je retirais délicatement ma main de son étreinte, frôlant sa paume de mes doigts. Je décrochais ma cape, la posant sur mon fauteuil, retirant mon arme, la remettant sur son trône. Je ne pouvais me résoudre à partir ...

    Je reviens à lui, me plaçant en face, debout. Un frôlement de ma main sur sa joue ...

    « Tu es là ... »

    A l'instant, c'était sans doute la meilleure chose que je pouvais espérer de lui ... Pour nous ? Je marchais sur du verre.

  12. Je recule. Comprenant clairement où il voulait en venir. Juste un jeu, juste du plaisir, juste nos corps. Le reste ... Trop dangereux. Trop lourd de conséquence.

    « Pourquoi être revenu à moi ce soir alors ... ? » question perdue entre amertume et tristesse.

    Je passais une jambe à côté du lit, posant mon pied au sol, à moitié à genou, moitié debout. Signe d'hésitation entre un départ précipité et un départ plus patient. J'érigeais à nouveau mes barrières, petit à petit, les renforçant par d'autres, plus solide plus hermétique, au dépend de sa réponse.

    Je savais les risques que j'avais pris. Je savais que c'était un pari risqué. J'étais mauvaise lors des paris, je perdais souvent, trop. Et perdre à ce jeu là était offrir sur un plateau mes plus grandes faiblesses ...

  13. Je le suis, m'assoie à ses côtés, patiente. J'attends qu'il parle pour finir par écouter chacun de ses mots. Chacun ampli de sens. Une évidence pour lui, une logique implacable qu'il a cherché durant si longtemps. La paix auprès de son opposée. Pouvait-il réellement trouver celle qui incarnerait une pureté contraire à son côté démoniaque? Qui sait ...

    Une chose était sûre, j'étais au antipode de celle-ci. Je brûlais de maléfisme. Et si son but était un équilibre, je ne pourrais lui apporter. Cette révélation me tira un sourire.

    Il me fixait, attendant une réponse de ma part, ou même un geste. Lorsque mon regard s'illumina en souvenir de notre dernière rencontre. Plutôt mouvementée.

    « Quelqu'un m'a dit un jour que je devais accepter ma liberté et l'embrasser. »

    Il se reconnaitrait surement là dedans.

    « Pourquoi fuir qui tu es ? Pourquoi chercher à renier tes origines ? »

    Je m'agenouillais sur mon lit, à ses côtés, me permettant ainsi de me mettre à sa hauteur. Son visage face au mien. Nos souffles si proches, si irrésistibles ... Ne pas céder.

    « Ne rejette pas une chose si précieuse ... » Le citais-je mot pour mot.

  14. Au moment où mes bras ont entouré son corps, une fissure c'est ouverte. Son regard, son sourire l'ouvrant pour devenir brèche ... Jusqu'à l'implosion au contact de ses lèvres, à l'échange de ce baiser si particulier ... Unique.

    Mes doigts caressaient sa nuque, se perdant parfois dans les mèches de ses cheveux. Je remontais mes doigts jusqu'à sa joue, passant en un doux frôlement dans son cou, agréable caresse. Ma main se moulait contre celle-ci, mon pouce flattant sa mâchoire remontant jusqu'à sa pommette.

    Le silence s'installa à nouveau entre nous, sous nos regards enjôleurs et sourires cajoleurs. Une tendresse réciproque troublante et envoutante. Le désir de savourer cet instant était oppressant. J'appréciais grandement nos visites, bestiales, sensuelles mais ici, le caractère différent qui nous retenait dans les bras l'un de l'autre. Bien défini et pourtant je ne pouvais mettre de mot dessus.

    Il fallait, malgré tout, briser ce silence. J'hésite. Les bons mots ? Balbutiements.

    « Merci ... »

    Trop banal. Pas assez explicite. En totale inadéquation avec l'instant. Je pose mes doigts sur ses lèvres, lui intimant le silence, de me laisser finir. Si seulement avais-je réellement commencé ...

    « Reste ... » une impression de déjà vu ... « ... avec moi. Aujourd'hui, demain ainsi que les autres jours ... »

    Ce n'était pas ça, ce n'était pas loin mais ce n'était pas ça. Je n'y arrivais pas. Pas encore ...

    Je le fixais, le regard ampli d'incompréhension pour moi-même, pour lui sans doute aussi. Un sourire timide et fugace ...

  15. Les minutes défilent, j'en perd la notion du temps devant le spectacle figé de la nuit. Il ne se passait rien. Il ne se passerait rien, il ne viendrait pas ... Pourquoi le ferait-il après tout. Je soupire, perdue entre désirs et raisons.

    Je quittais mon promontoire, faisant les cent pas devant mon orbe, la regardant brillé, parfaite, puissante. Et je jetais quelques coups d'œil à la porte, espérant au fond qu'il finirait par arriver. Qu'il n'avait pas fuit en m'ayant menti cette fois. Je laissais mes vêtements en plan. Je posais ma cape sur mes épaules, l'accrochant à mon cou, rabattant ma capuche au maximum afin de couvrir mon visage. Mon arme en main, prête à partir ... Repartir. Réfléchir. Loin. Retourner aux Marais d'IssCaNak.

    Je posais ma main sur la porte, emprise par le doute : devais-je aller le chercher avant de quitter la ville pour m'exiler à nouveau loin de tout ça. Je n'en savais rien ... Il n'était pas venu, mon départ n'aurait donc aucune importance.

    J'ouvris la porte, tombant face à lui, étonnée et ravie à la fois. Je ne disais rien, l'écoutant s'excuser en s'en cherchant en même temps. Je le regardais, hésitante à reculer, ou à partir alors que je lui avais demandé de rester. Retournant dans ma chambre à reculons, suivant mes pas, je finis par lui répondre.

    « Ce n'est rien ... » Il était évident que cela fut faux.

    Face à lui, nous scrutant l'un l'autre, cherchant à comprendre. Je finis par céder à la tentation de l'enlacer ...

  16. Il met quelques secondes pour me répondre mais sa réponse est hésitante. Je souris avec amertume ne sachant pas si je devais le croire ou non. Je baisse les yeux en desserrant l'étreinte de mes doigts et m'éloigne au même moment où il ouvre, s'en va.

    Je laisse tomber ma serviette au sol, parmi mes autres vêtements, sortant une robe simple de mon placard, d'un bleu nuit. Je l'enfilais devant mon psyché, les yeux rivés sur mon reflet. Pensive.

    S'attacher s'avère toujours dangereux ... Le jeu en valait-il la chandelle ? Pensais-je.

    Soupire. Le temps s'écoulait ... Attend me murmurait une petite voix que j'aurai préféré ne jamais entendre. Je me dirigeais vers ma fenêtre, m'installant contre le rebord, admirant la beauté de la nuit. Si calme et si dangereuse.

  17. Le regard dans le vague, je le suis, encore allongée dans la baignoire, le furtif souvenir de ses lèvres sur les miennes. Un instant hors du temps. Je mis quelques secondes à réagir après son départ, sortant de l'eau, attrapant une serviette sans prendre le temps de me sécher. Laissant derrière moi les traces de mes pas humidifiant le sol.

    Dans l'encadrement de la porte, je le regardais, sans un mot, il prenait ses affaires, sur le départ. Encore une fois. Comme toujours, la situation faisait en sorte qu'il puisse partir. Nos lieux de rencontres, coïncidence ou pas étaient neutres ou miens, jamais siens. Ne pas déroger à cette règle qu'il semblait s'être fixée. Fuir ... Le premier.

    J'hésite longuement, devais-je le laisser partir, le laisser regagner sa chambre ? Ou profiter du climat qui s'était installé tout à l'heure pour le retenir. Ou du moins essayer.

    Alors qu'il fut à la porte, près à partir, sans un mot, un regard. J'attrapais sa main qui allait prendre possession de la poignée. Il se retourna vers moi, qui fixée mes doigts enlacés à son poignet, étonnée par mon propre geste. Avait-il seulement envie que je le retienne ... Nous étions passés d'une situation incongrue pour nous, à une situation que je rendais ridicule mais tout aussi troublante ...

    Je relevais mes yeux vers les siens. Cherchant mes mots. N'en trouvant aucun alors qu'il le fallait. Parle.

    « Reste ... »

    Qu'avais-je d'autre à dire ... C'était si simple comme demande et à la fois si compliqué.

  18. Il mentionne à nouveau ma liberté. Il a raison, je n'ai plus d'épée de damoclès menaçant de me tuer à chaque faux pas. Je n'ai plus cette dépendance à mon antidote. La seule qui me reste se trouve dans le plaisir ... Je souris en y pensant.

    « Oui ... » affirmais-je.

    L'eau détendait agréablement mes muscles, la situation jouant surement aussi son rôle. Je n'avais rien d'autre à dire malgré que j'aurais pu lui poser quelques questions. Notamment celle d'une liberté acquise, mais je ne doutais pas que ce soit le cas.

    Mes bras posaient sur les siens, je caressais du bout des doigts ses avants bras, sans un mot. Profitant juste de l'instant. Agréable. Innovant. Différent entre nous. Aussi loin que remonte nos rencontres, jamais nous n'avions passé de moment si proche ... Si intime. Paradoxe aux raisons de chacune de nos visites placées sous le sceau de l'intimité charnelle. L'abandonnement physique l'un à l'autre.

    Le silence ambiant me permet d'écouter les sons de son corps, parfois entremêlés aux miens, les appréciant comme une douce mélopée ...

  19. Je suis son mouvement, venant me coller à lui, me posant contre son torse avant qu'il ne referme ses bras autour de moi.

    « Parce que j'ai libéré Ek'Tor. Entrainée la mort de Marissa et que j'en fus maudite. »

    Il était évident que ce ne pouvait être que la seule raison de mon exclusion, mais peut-être pas pour lui. Je fermais les yeux, m'enfonçant dans la chaleur de ses bras en balayant mes vieux souvenirs. Celui du jour de mon jugement plus particulièrement, suivit du lendemain où ma mère m'expédia loin ...

  20. Il semble tout aussi hésitant à parler de sa jeunesse que moi. Mon regard se fait doux, patient. Sans doute n'en avait il pas envie, pensais-je. Mais il finit par trouver les mots et je me ravisais. Je ne m'étais pas aussi épanchée que lui sur le sujet. Sans doute aurais-je du à la façon qu'il avait de m'expliquer que ses parents n'en portaient que le titre.

    J'attendais donc la fin de son explication avant de lui dire.

    Le prénom de sa mère sonnait agréablement à mes oreilles, peut-être qu'en réalité, ce ne fut pas le cas. Quand à son père ... Il me tira un large sourire. A présent, je savais d'où tirait Helevorn, sa succulente aura, ses pouvoirs étrangers aux guerriers de son type. La magie des démons.

    « Vois-tu, je n'ai pas eu l'enfance dorée d'un enfant humain lambda. Si tu m'avais demandé le prénom de mon père, je n'aurai pas pu te répondre. On m'a toujours raconté qu'il était mort avant ma naissance et jamais on a voulu me dire qui il était, jusqu'à son nom. »

    Je devançais sa question.

    « Et lorsqu'à mes huit ans, l'on m'a banni du village, avec l'appuie de Lilyane. Connaître mon père est passé au seconde plan de ma vie. Et aujourd'hui, je n'en ai que faire. »

    J'avais préféré changer de sujet, revenant à moi plutôt que de continuer sur lui. Voyant à ses traits ce que cela lui causait de parler de cela. Sans doute plus tard.

    Je souris, et en toute innocence, je lui éclaboussais le visage de mes doigts.

  21. Je le regardais, pensif à mes mots. Je démêlais la demi-longueur de mes cheveux dans l'eau, les laissant s'étalaient autour de moi en léger voile de ténèbres. Je lui rendis son sourire avant de répondre instinctivement.

    « Elle s'appelle Lilyane. »

    Il avait employé le passé et moi le présent, mais à vrai dire, j'ignorais totalement si elle était du passé ou du présent à l'heure où nous parlions. Me concernant, elle n'était qu'une partie de mon passé. Sans doute aurait-il aimé en savoir plus. Il en apprenait déjà un peu petit plus à chaque question. Et mon passé n'était pas quelque chose que beaucoup connaissaient. Même feu mon compagnon n'en savait qu'une partie, et Leif ignorait tout.

    Je posais ma tête contre le rebord de la baignoire en m'enfonçant dans l'eau, celle-ci m'arrivant à la naissance de mes épaules. Je posais mes jambes contre les siennes en lui souriant, me disant qu'il était le seul à savoir le nom de ma génitrice. Et que si il désirait connaître plus, il pouvait demander, je répondrais, mais il y avait peu de chance que je sois loquace de moi-même sur ce sujet.

    « Comment s'appellent les tiens ? »

  22. Un sourire. Un long regard suivant ses gestes, le regardant s'installait dans l'eau avec plaisir, sans pour autant envahir tout l'espace disponible. Une invitation implicite.

    C'est en le rejoignant que je lui répondis, ou du moins lui expliquais.

    « Ce sont des sorts basiques que ma mère, qui est magicienne, m'a appris. J'étais censée suivre sa voie, ainsi que celle de tous mes ancêtres. »

    A présent, complètement dans l'eau, celle-ci m'entourant de sa chaleur et de sa fluidité. Adossée à l'opposé d'Helevorn, les genoux ramenés vers moi, dans une position similaire à la sienne.

    « Mais comme tu peux le constater, j'ai tracé ma propre voie. » finis-je en lui souriant.

  23. L'eau semblait être à la bonne hauteur. Je plongeais mon regard sur celle-ci au lieu de lui répondre tout de suite. La frôlant d'un mouvement léger afin de faire cesser le sort.

    « Non. J'avais froid ... Et tu n'étais plus là ... »

    L'eau était froide, je passais ma main d'un geste circulaire au dessus en soufflant un mot et une douce brume de chaleur s'échappait à présent de la baignoire. Je me relevais, me rapprochant de lui, juste quelques centimètres. Je levais ma main, la posant sur sa joue afin de la caresser, une douceur inattendue.

  24. Assoupie sous le flot de plaisir. La chaleur de nos ébats. Je cherchais à retrouver mon calme, par habitude alors que ce n'était plus nécessaire. Je me posais légèrement contre lui, ma tête sur son épaule, de profile de manière à pouvoir le regarder avant de sombrer.

    J'étais physiquement épuisée et pourtant, je n'éprouvais pas le besoin intérieur de dormir. Je somnolais donc. Un état de semi-conscience, sans rêve, seulement quelques pensées évasées ... Avant de réellement sombrer. Beaucoup trop fatiguée ...

    Un frisson parcourut mon corps signe que mon corps n'était plus aussi brulant. Un léger froid. Machinalement, je cherchais à me rapprocher d'Helevorn, me blottir contre lui, mais rien. Ce n'était pas étonnant, il était encore parti, futile espoir d'avoir cru qu'il serait resté cette fois. J'attrapais un pan du drap afin de m'enrouler dedans, où son odeur subsistait encore, à défaut de lui-même.

    Enroulée dans le drap tiède, un bruit venant de la salle de bain me dérangeait. Si il n'était censé ne plus avoir que moi, qui était-ce ? Ou bien n'était-il tout simplement pas parti, pas encore ...

    Je quittais la douceur de mon drap, me dirigeant à pas feutré jusqu'à la salle de bain faiblement éclairée par l'éclairage nocturne, quelques rayons lunaire filtrant à travers la petit fenêtre. Également, les bougies des chandeliers n'étaient pas mortes, leur flammes brillaient encore faiblement, proche de l'extinction offrant une agréable lueur tamisé à la pièce.

    Dans l'encadrement de la porte, je le regardais de dos, face à la baignoire vide. Je récitais la même formule que j'avais utilisé pour Neala quelques heures auparavant. Sous ses yeux la baignoire se remplissait et il se retournait, plantant son regard dans le mien, je me rapprochais de lui, frôlant sa main de la mienne, comme si j'allais la prendre. Lié ses doigts autour des miens sans le faire.

    Je m'asseyais sur le rebord de la baignoire, suivant ses mouvements du regard, ne pouvant m'empêcher de plonger le mien dans ses deux émeraudes. Le stade de la fascination était dépassée depuis bien longtemps, c'était autre chose ...

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