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Terre des Éléments

Yuwena

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Tout ce qui a été posté par Yuwena

  1. C'était le lendemain de son retour à la patrie. Le médecin lui avait prescrit le repos qu'elle prenait sous l'arbre de Nuagia. Il ne neigeait plus. Sans le vent glacé, il faisait bon comme en Laboria. Yùwéna sortit la lettre d'attribution des parrains qu'elle avait reçu la veille. La missive était des plus courte, mais donnait un nom : Suyvel Ayflesh. Qui cela pouvait-ce être ? Comme si souvent par le passé, le vent lui apporta réponse en lui chuchotant une vision. Suyvel marchait sur un nuage en bordure d'une montagne plus sombre que les Alpes aérides. C'était une femme vêtue de violet, la chevelure dense d'une blancheur saturnienne, dont dépassaient les pointes des oreilles en forme de feuilles falquée. Ses yeux d'Elfes noirs étaient d'un violet plus léger que le manteau de mage. Une aura comme la senteur des fleurs d'héliotrope. L'image irréelle se dissipait déjà, Yùwéna se levait comme pour la retenir, mais c'était en vain. Le vent emporta un cheveu blond qui était accroché à ses vêtements. Comme un brin de blé mûr il virevoltait vers des hauteurs vertigineuse pour dépasser les sommets qui séparaient Aéris du reste de la terre. Le vent se tut. Oh bien sûr le courant n'avait pas cessé, seulement le maître Vent et sa fragrance. Yùwéna entreprit d'écrire une lettre à sa marraine. Le bureaucrate qui accueillait les aventuriers sous la statue d'Eolia lui prêta de quoi écrire et lui promit d'envoyer le pli gratuitement. Seulement, Yùwéna devait écrire ailleurs ! Il n'y avait pas de place. Elle retourna donc sous l'arbre, où depuis un coffre avait été déposé et présumablement oublié quelques décennies en arrière. Le couvercle de chêne était encore assez bon pour servir de pupitre, comme fermeture en revanche il laissait beaucoup à désirer. Noble Suyvel Ayflesh, pardonnez, je vous prie, mon ignorance des usances entre une aventurière et sa marraine. Ma décision de partir à l'aventure sous l'étendard de l'air est récente et votre attribution comme mon mentor date d'hier seulement. Je n'ai reçu de vous aucune information sur vous du côté de la bureaucratie, mais une vision parfumée m'a montrée votre image, m'apprenant votre sexe, votre race et votre classe. Vous marchiez sur un nuage, j'en conclu que vous êtes aéride comme je le suis. Je ne sais combien de filleuls se partagent vos conseils et j'espère ne pas abuser de votre temps sans interrogation concrète. Je n'ai nénamoins d'autre question pour l'instant que l'envie de vous connaître mieux. Bien à vous, Yùwéna Ce n'est qu'après avoir signé la lettre que Yùwéna remarqua qu'il était revenu. Le vent du Sud était chaud et laissait un goût âpre de sable sur la langue. Yùwéna crut que ce sirocco venait du plateau d'Urgo. Elle se trompait de désert, mais ne l'apprit que plus tard.
  2. La Source, le vent et la marraine (4° partie) L'histoire était finie, mais le jeune public ne faisait pas mine de se dissiper après avoir secoué ses mains en l'air – l'applaudissement gracieux et silencieux du peuple des montagnes. Yùwéna leur dit ce qu'ils devaient rapporter à leurs parents de son miraculeux retour. La mère déclara alors que la Conteuse avait besoin de repos et aucun des enfants n'en douta, parce que Titi fut envoyer quérir le médecin. Le dernier sorti referma tout doucement la porte comme pour quitter la chambre d'une personne endormie. "Je te l'avais bien dit ! ” Andelle s'adressait à Yùèn, "Que les flocons étaient différents. J'avais raison : c'était une représentation du Ballet. ” Le Ballet National des Vents c'est ainsi que sa famille nommait, depuis le temps où ses souvenirs commencent, le jeu du vent qui lui parlait en chorégraphie de feuilles, flocons, fils d'araignées ou semences et pollens. Yùèn fit une moue qui disait : „ Et hier, et avant-hier, et la semaine dernière aussi. ” Peut-être était-ce seulement la jalousie des talents de mages qui s'étaient manifestés dès son son jeune âge chez Yùwéna. Une jalousie, ou soyons exact envie, que la petite sœur éprouvait dans la même mesure pour l'adresse manuelle de Yùèn. Une adresse qui s'était vite transformée en métier, ce qui avait été fort utile à la mort du père. Le moment était venu de raconter les circonstances de la mort. Andelle se faisait de grands soucis pour sa précieuse benjamine, elle n'aimait pas la mine qu'elle avait et le son de sa voix, maudissant également l'au-delà et le désert. Yùèn, imperméable à ce que Yùwéna croyait palpitant dans sa rencontre avec Saladm, voulait seulement savoir si Yùwéna s'était réveillée nue après la mort. Cela avait si peu d'intérêt pour la revenante qu'elle avait oublié. La grande sœur décrit ensuite brièvement les événements en Aéris, après la soudaine disparition de Yùwéna qui n'était pas revenue de sa promenade vers le Nord-Est. Au cours de la recherche, on s'était même approché de la cave des esprits frappeurs ! Yùèn, plus douée avec l'aiguille, ne savait pas coudre un texte et c'est à peu près tout ce que Yùwéna apprit. Le reste n'était que l'anticipation joyeuse et noyée dans une mare de détails du prochain mariage de Yùèn avec Faramèn le cordelier. Yùwéna écouta d'abord avec une joie partagée, puis endura poliment toutes ces choses qu'elle avait déjà entendues trop souvent. Elle était impatiente de raconter ce que la mort avait changé en elle. Ce fut enfin au tour de Yùwéna, mais à peine avait-elle commencé d'énoncer sa décision de devenir aventurière et guerrière pour le bien, relater sa révélation que la mort n'est pas à craindre, que... „ Bien, bien. Il faudra vraiment que je répare cette cape, c'est un vêtement typique du désert ? Et qu'est-ce que tu as en-dessous ? Du beige aussi ! Yué, tu sais bien que cela ne te sied pas ! ” * La mère n'était pas plus réceptive que la sœur, elle voulait que sa fille soit rentrée à la maison, que le docteur la répare et que tout continue comme si rien ne s'était passé. Le reste lui donnait la frousse, il n'était pas question de parler ni de la mort, ni d'un futur potentiellement dangereux, ou même seulement différent de ses prévisions. Yùwéna était plutôt un sceau d'eau que la mort avait tirée du puits, qu'un fleuve qui reste en liaison avec sa source, tout au long de son cour. Elle enleva sa cape pour satisfaire Yùèn, puis se tourna vers Andelle. „ Ma bonne Maman, pourquoi tout le monde m'appelle la fille du faucon ? – Laisse-les dire ! Cela n'a aucune importance, ta sœur et toi, vous êtes comme tout le monde. Ne prêtes pas attention aux ragots. ” Yùwéna allait la contredire, que c'était aussi le surnom qui lui était revenu en guérissant de son amnésie, avant d'avoir parlé à quelqu'un, mais les trois furent interrompues par la venue du médecin. * Véridique entre ma sœur IRL et moi, je voulais parler avec laquelle de don d'organes, j'ai commencé en intro plus douce par lui raconter que je m'étais enregistrée comme donneuse de moelle osseuse et elle "Oui, c'est bien. ” Se lève. "C'est l'étagère avec le livre que tu voulais me rendre ? ” Mais je raconte cela seulement pour vous encourager à parler de don d'organes avec vos proches et d'être ouverts aux questions sur l'éventualité de leur mort. C'est important !
  3. Yuwena

    Commentaires HRP

    Merci Suy, je me suis laissée emportée par la "rime à l'œil" comme l'on disait au XVIIè.
  4. Yuwena

    L'ombre du Croloup

    Je n'ai qu'un seul perso sur le jeu, mais ce dommage de gâcher ce petit poème que je composai en tentant de m'endormir hier soir : La plus courte version des événements Rayna vola l'épée de son frère, Le Croloup déjà dans son repaire, L'attendait à dents bien aiguisées Et Rayna, en Kletor déguisée, De lui s'est fièrement approchée. Par le loup l'arme fut empochée. Le corps et l'âme bien amochés Rayna git morte sur le rocher. Éolia ! Éolia ! Aie pitié ! Puisqu'en Aéris c'est ton métier.
  5. Yuwena

    Commentaires HRP

    Ça me laisse pantoise /(ï¼ï¼)\ Est-ce que Dieu a des critères ?
  6. Sur Kiar Mar Arm Arik Un vieil ent. « - Ah ah ah, voilà qui est bel et bon. Connaissais-tu l'histoire de Kiar Mar, la forêt maudite? Non? Eh bien vois-tu, lorsqu'il y a bien des lustres les combats entre peuplades étaient monnaie courante, Ce n'est pas tout à fait une faute puisqu'on écrit souvent "et bien" (les grammairiens se disputent si c'est à tort), mais ici cela suit la réponse "non" et ne peut donc pas être à mon sens le connecteur "et", mais seulement l'interjection. Keril : Corrigé
  7. Yuwena

    Commentaires HRP

    C'est une question, pas un commentaire, j'espère être au bon endroit tout de même 〳° â–¾ °〵 Qui est le jury du concours "L'Ombre du Croloup" ?
  8. Yuwena

    L'ombre du Croloup

    L'Ombre du Croloup " Avez-vous entendu ce qui est arrivé à Rayna ? Oui, à celle qui née du même ventre que Kletor. ” Bien sûr que tous avaient entendu la nouvelle qui s'était propagée comme une traînée sur le feu, mais comment Yùwéna raconterait-elle cette troublante histoire ? La Conteuse n'apparaissait pas sur la place publique, pour répéter ce qu'on savait déjà. Elle avait sans doute étoffé les maigres témoignages en une geste pour l'héroïne. Quand la foule excitée se fit silencieuse comme la carpe dans la rivière, la Conteuse prit la parole. Hier soir, les lunes venaient de s'asseoir sur leurs trônes célestes, les étoiles sentinelles de la famille royale s'allumaient une à une en prenant leur tour de garde. Les astres veillaient aussi sur les Terriens assoupis et s'ils n'ont pas empêché ce qui va suivre, c'est qu'ils sentaient la pureté des intentions de Rayna. La Chasseuse Chaste, comme on la nomme de la forêt Irliscia aux grandes montagnes septentrionales, s'était dans un secret criminel emparée de l'arme de son frère, Kletor le Brave. Je vois dans vos yeux une lueur de curiosité. L'épée de Kletor ? Ma foi ! Une arme formidable, c'est mon avis que le métal de la lame refroidit en un acier plus dur que tout ce que l'on trouve ici. Rayna donc déroba cette fine lame de la chambre de son frère et se voyait déjà la retourner plus rouge qu'argentée ! L'odeur cinabre d'un exploit sanglant l'appelait. Rayna connaissait cette ivresse qui confond tous les sens en une seule essence vitale. C'était l'ivresse qui menait à la victoire ! Voici pour vos oreilles, non encore initiées, ce que la Chasseuse Chaste prévoyait. Kletor le brave était un poltron qui usurpait, ou plus souvent encore achetait, la bravoure d'aventuriers sans nom ni renom. Dernièrement, la chance ne lui avait pas souri et l'éclat de son aloi ternissait. Pour polir la réputation grisonnante de son grand frère, Rayna voulait décapiter un monstre. Pas n'importe lequel ! Une bête dont le meurtre vaudrait d'être appelé prouesse. Le sursis ainsi gagné sur l'opprobre et l'oubli serait investi à surmonter la lâcheté de Kletor. En effet, il n'était ni malveillant, ni maladroit, ni malavisé, il avait seulement la frousse. Rayna, l'arme au fourreau de sa ceinture, courait à travers la campagne. Dans son esprit sans cesse résonnait ce même dicton : „ Cinq coups Croloup combattra, cinquante coups Croloup chutera, cent coups Croloup crépira ! ” Voilà le diable qu'elle voulait terrasser. Ses yeux sans vie résidaient sur les versants ombragés d'Aéris. Il ne quittait cet abri qu'au crépuscule, quand la faim le poussait à la chasse sur l'adret habité par les humains. À l'heure du loup, il terrorisait les proches villageois. Cet être hirsute né, on ne savait comment, de l'union d'un homme, d'une louve et d'une amulette de céramique, serait bientôt envoyé au bestiaire des légendes du passé. Si les étoiles n'intervinrent pas -- pour garder la voleuse et non pas le frère cette fois -- c'est qu'elles étaient occupées à leurs propres affaires. On assistait, ce soir-là, à l'intronisation de la nouvelle étoile polaire. Pestironal le Nord exact à la Création s'était écarté de plusieurs degrés depuis ce temps, Lorbéa sa voisine lui disputait cette place. Un nouveau cycle astronomique commencerait avec son avènement sur le siège boréal céleste. Rayna restait ignorante du spectacle au-dessus de sa tête, puisque les humains n'ont pas le compas dans l'œil. Elle voyageait avec diligence et quelques aides magiques ; et déjà elle foulait de son pas les pâturages aérides. Il était maintenant minuit et on n'y voyait pas à deux carreaux. La Conteuse laissait méditer son audience sur cette expression que tous employaient sans en connaître l'origine. Le premier chapitre avait pris fin et elle s'accorda une gorgée d'eau de cactus moins pour sa voix que pour le suspens. " Dzoing ! ” Un éclair se précipita à une main seulement derrière elle, vive comme un faucon la chasseuse se retourna. Un froufrou de plume emportait dans ses serres un rat sauvage. Remise de sa première frayeur, Rayna remarqua clairement dans la noirté, la blancheur d'un harfang des neiges. Malgré le parfum des violes nocturnes et la relative douceur de l'air, au cœur de la nuit, Aéris était le grand Nord de par sa latitude. Pourtant un harfang n'aurait pas dû quitter les glaciers éternels. C'était un augure ! Rayna était fière, c'était même cette tête haute qui justifiait son entreprise. Jamais la Chasseuse Chaste ne se serait-elle prise pour un sujet si abject qu'un rat. Sans doute, elle était ce hibou et son pleutre frère, la proie qu'elle élèverait au sommet de la gloire. Le vent soufflait de l'Est, elle remarqua le changement de girouette et le crut profitable pour son approche du loup au flair si fin. Fatale ignorance du langage des airs ! Vent du Sud ce sera rude, Vent du Nord apporte réconfort, Vent de l'Ouest victoire sans conteste, mais Vent de l'Est, c'est la peste ! Dans l'obscurité Rayna avançait prudemment, dans les plaines d'Aeris un faux-pas conduit à plusieurs centaines de mètres plus bas. Le bruit des moustiques lui indiquait la terre ferme. En l'absence du soleil, ils n'avaient pas la force de voler et zonzonnaient sur les flaques stagnantes qui criblaient la plaine du midi. Elle resta heureusement, mais les souliers trempés, sur la route étroite. Un poteau surgit soudain dans le noir. C'était le dernier pont avant de pénétrer le territoire du Croloup, le grand pont qui permettait de franchir la Crevasse. Rayna s'arrêta et, face au passage de cordes et rondins, s'agenouilla. Elle planta la pointe de l'épée dans l'humus, pour entrer en contact avec le sol qu'elle révérait. Une main de chaque côté de la poignée, le front appuyé sur le pommeau, Rayna priait. " Eolia qu'on vénère ici et au-delà ! Libère les liens laçant mes mains, lourdes par l'humidité de la nuit. Loue-moi l'ardeur, je ne serai longue à te la rendre !” Eolia entendit la prière, sans écouter la pucelle qu'elle avait crue si pure. La déesse était insultée qu'on puisse à ce point méprendre son avertissement. Rayna n'en savait rien et confiante elle traversa. Sa prière avait duré quelque peu et la clarté regagnait le monde, elle vit la silhouette d'une fontaine, de là venait l'enivrante torpeur du parfum de maintes fleurs. Il fallait avancer, sinon elle succomberait aux voix de ces sirènes qui voulaient l'empêcher d'accomplir son action. Hélas, jamais la clémente Eolia ne prévient une troisième fois. Dans la plaine nuageuse, Rayna s'écarta du chemin tondu qui menait aux champs des paysans. Dans l'herbe haute, son seul point de repère était le tumulus de Killien, elle devait marcher vers lui et à cinq pas de sa paroi virer vers la droite. La broussaille se densifiait en signe qu'elle approchait de la zone mortelle. Quelques branleils luisaient comme des lucioles, pour attirer leur amour. Rayna sut tout de suite qu'elle avait pénétre sur le territoire du Croloup. Les branleils avaient disparu et des flaques de bave séchée empestaient l'air. Elles puaient encore plusieurs jours après avoir dégouliné des babines cramoisies de l'Immonde, dont le nom vient de "crade-loup", les consonnes s'étant estompées au profits des volatiles voyelles de notre parlé aéride. Rayna longea le tumulus dans cette puanteur de charogne et vinaigre. Puis elle passa les gardes du repère lupin, un lion couvert de mousse et un dragon auquel le temps avait volé une aile. Tous deux gisaient au côté d'un pilier de granit effondré. La civilisation s'était retirée du lieu longtemps, longtemps en arrière. Elle avait passé le col et marchait sur le versant nord. Le Croloup qui craignait la luminosité plus que tout, était accroupi, non loin, au fond d'un couloir formé par la falaise et le dos du tumulus. Il entendit le pas déterminé, le vent ne lui avait pas soufflé d'avertissement, quel animal osait s'approcher ? Vingt-cinq saisons s'étaient écoulées depuis qu'une vie, au lieu de s'éloigner, avait daigné venir vers lui. Quoi que ce fut, cela cherchait sa proximité. Le Croloup se redressa, pour peu que l'on puisse appeler sa posture droite. Ses bras surdimensionnés ballaient le long de son corps tordu. Le bipède bossu faisait le double de hauteur de celle qui venait le défier. Ce fut un de ces instants, où le temps ralentit, pour contempler son chef-d-œuvre. La Terre s'incline ou l'étoile elle-même s'élève : Lorbéa brille désormais en face du Sud. Rayna voit l'ombre du Croloup se dessiner pouce par pouce, s'allonger lentement éclairée par la lumière de cette nouvelle princesse. Les photons reprirent leur course rapide. Rayna engagea l’échauffourée avec cinq coups dont aucun ne se perdit, tant elle frappait vite. Les doigts-griffes effilés de la créature manquaient leur cible. Le Croloup n'avait pas la célérité de sa réputation, Rayna qui n'aimait pas voler les victoires était déçue. Cinquante ! Le géant tombe sur le dos. L'important pourtant c'est l'idée que les autres se feront de la difficulté du combat. Le Croloup roule au sol, pour éviter les coups dans sa peau de cuir grise, déjà couverte de cicatrices. Seules ses jambes sont poilues, un détail que Rayna évoquera en présentant le trophée. „ Cent ! ” triompha l'aventurière, l'épée dirigée comme un pieu vers le monstre pour l'achever. Prête à trancher sa tête ! Sauf que Croloup ne crevait pas : il était malin ! Sans aucun mal il saisit la lame de ses mains hideuses qu'elle entailla de son double tranchant. D'un élan de titan, il bondit sur ses pattes et secoua violemment l'épée. La surprise était totale ! Rayna à l'autre bout lâcha prise et fut projetée contre la falaise. L'insensible créature, d'une force plus qu'humaine, retira ses mains de la lame profondément enfoncée dans sa chair grisâtre. Il les plaça toutes deux derrière la garde et se rua pointe en avant sur sa victime. L'épée disparut dans son torse, assurant sa mort. Le Croloup ne dévora pas le cadavre, il s'était gavé le jour même de trois malheureux gamins. Il mit la main sanglante sur la poitrine : " Croloup cinq-cent coups comptera, cependant ce cœur cessera ! ” Le pieds sur le bas-ventre de la vierge saignée, il tira l'épée de Kletor le brave. Fier et féroce, il hurla le museau tourné vers le Nord, un rayon de Lorbéa l'étoile rouge toucha son pendentif. C'était pour en recharger le mana, en vertu d'un pacte que seuls ces deux connaissent. Puis le Croloup retourna à son occupation favorite : dormir le ventre repu jusqu'à la tombée de la nuit. Dans ses longues oreilles, le vent de l'ouest amplifiait le chant de l'alouette. Un courant d'air aspira l'âme de Rayna et l'emporta de ses ailes de héron au panthéon de nos héros. Yùwéna se leva, en assemblant des faits épars, elle avait donné une histoire à l'inexplicable qui alourdissait les cœurs. Elle savait de sa propre expérience, que la mort n'est pas nécessairement définitive et Rayna avait encore un corps... Mais c'était une autre histoire que ni le temps, ni l'inspiration n'avait écrite.
  9. HRP : Voici le texte complet de ce que j'ai écrit pour le concours lancé par Guix, mais qui malheureusement ne rempli pas les critères d'admission. Je posterai une version tronquée dans le sujet du concours, mais je préfère celle-ci qui transcende la coulisse du RP, qui n'est pas tronquée de son message explicite et où la conteuse laisse paraître pour ceux qui me connaissent bien (c'est pour ça que je vous le donne) que je n'aime pas tellement le heroic fantasy, mais comme entraînement je me suis bien amusée. L'Ombre du Croloup ou la Légende de la mort de Rayna, telle que racontée dans un futur lointain par la vieille conteuse qu'on nomme la Fille du Faucon. Avez-vous jamais entendu l'histoire de Rayna, née du même ventre que Kletor ? Oh je sais bien que vous connaissez le nom de la Chasseuse Chaste, mais l'histoire du jour, où elle vola l'épée de son frère pour s'en aller dire ses quatre vérités au Croloup ? La connaissez-vous ? Hé bien restez si le cœur vous en dit, qu'il soit établi cependant : ce que j'ai a dire n'est pas dans l'air de ce temps belliqueux. Autrefois, on m'écoutait, mais à ce jour mes propos font offense. Je ne veux pas me taire pour autant ! C'est après avoir tourné sept et sept fois ma langue que j'ose reprendre la parole, pour prêcher la paix. Si rien de ce que j'ai dit avant n'a pu vous prouver que les peuples du littoral, de la verte plaine, du volcan et des montagnes ne sont pas si différents, alors peut-être vous laisserez-vous convaincre par une histoire... par quatre histoires guerrières. Mais ne révélons pas déjà un mystère qu'une haute haie de haine vous empêche encore d'apercevoir. Les lunes venaient de s'asseoir sur leurs trônes célestes, les étoiles sentinelles de la famille royale s'allumaient une à une en prenant leur tour de garde. Les astres veillaient aussi sur les Terriens assoupis et s'ils n'ont pas empêché ce qui va suivre, c'est qu'ils sentaient la pureté des intentions de Rayna. La Chasseuse Chaste, comme on la nommait alors de la forêt Irliscia aux grandes montagnes septentrionales, s'était dans un secret criminel emparée de l'arme de son frère, Kletor le Brave. Je vois dans vos yeux une lueur de curiosité. L'épée de Kletor ? Ma foi ! Une arme formidable, c'est mon avis que le métal de la lame refroidit en un acier plus dur que tout ce que l'on trouve ici. Rayna donc déroba cette fine lame de la chambre de son frère et se voyait déjà la retourner plus rouge qu'argentée ! L'odeur cinabre d'un exploit sanglant l'appelait. Rayna connaissait cette ivresse qui confond tous les sens en une seule essence vitale. C'était l'ivresse qui menait à la victoire ! Voici pour vos oreilles, non encore initiées, ce que la Chasseuse Chaste prévoyait. Kletor le brave était un poltron qui usurpait, ou plus souvent encore achetait, la bravoure d'aventuriers sans nom ni renom. Dernièrement, la chance ne lui avait pas souri et l'éclat de son aloi ternissait. Pour polir la réputation grisonnante de son grand frère, Rayna voulait décapiter un monstre. Pas n'importe lequel ! Une bête dont le meurtre vaudrait d'être appelé prouesse. Le sursis ainsi gagné sur l'opprobre et l'oubli serait investi à surmonter la lâcheté de Kletor. En effet, il n'était ni malveillant, ni maladroit, ni malavisé, il avait seulement la frousse. Rayna, l'arme au fourreau de sa ceinture, courait à travers la campagne. Dans son esprit sans cesse résonnait ce même dicton : "ž Cinq coups Croloup combattra, cinquante coups Croloup chutera, cent coups Croloup crépira ! " Voilà le diable qu'elle voulait terrasser. Ses yeux sans vie résidaient sur les versants ombragés d'Aéris. Il ne quittait cet abri qu'au crépuscule, quand la faim le poussait à la chasse sur l'adret habité par les humains. í€ l'heure du loup, il terrorisait les proches villageois. Cet être hirsute né, on ne savait comment, de l'union d'un homme, d'une louve et d'une amulette de céramique, serait bientôt envoyé au bestiaire des légendes du passé. Si les étoiles n'intervinrent pas -- pour garder la voleuse et non pas le frère cette fois -- c'est qu'elles étaient occupées à leurs propres affaires. On assistait, ce soir-là, à l'intronisation de la nouvelle étoile polaire. Pestironal le Nord exact à la Création s'était écarté de plusieurs degrés depuis ce temps, Lorbéa sa voisine lui disputait cette place. Un nouveau cycle astronomique commencerait avec son avènement sur le siège boréal céleste. Rayna restait ignorante du spectacle au-dessus de sa tête, puisque les humains n'ont pas le compas dans l'œil. Elle voyageait avec diligence et quelques aides magiques ; et déjà elle foulait de son pas les pâturages aérides. Il était maintenant minuit et on n'y voyait pas à deux carreaux. La Conteuse laissait méditer son audience sur cette expression que tous employaient sans en connaître l'origine. Le premier chapitre avait pris fin et elle s'accorda une gorgée d'eau de cactus pour sa vieille voix. Au début, oh il y avait bien 10 ans de cela, elle avait eu honte d'interrompre ses histoires, entre-temps c'était devenu une figure de style, bien qu'imposée par l'âge. "ž Dzoing ! " Un éclair se précipita à une main seulement derrière elle, vive comme un faucon la chasseuse se retourna. Un froufrou de plume emportait dans ses serres un rat sauvage. Remise de sa première frayeur, Rayna remarqua clairement dans la noirté, la blancheur d'un harfang des neiges. Malgré le parfum des violes nocturnes et la relative douceur de l'air, au cœur de la nuit, Aéris était le grand Nord de par sa latitude. Pourtant un harfang n'aurait pas dû quitter les glaciers éternels. C'était un augure ! Rayna était fière, c'était même cette tête haute qui justifiait son entreprise. Jamais la Chasseuse Chaste ne se serait-elle prise pour un sujet si abject qu'un rat. Sans doute, elle était ce hibou et son pleutre frère, la proie qu'elle élèverait au sommet de la gloire. Le vent soufflait de l'Est, elle remarqua le changement de girouette et le crut profitable pour son approche du loup au flair si fin. Fatale ignorance du langage des airs ! Vent du Sud ce sera rude, Vent du Nord apporte réconfort, Vent de l'Ouest victoire sans conteste, mais Vent de l'Est, c'est la peste ! Dans l'obscurité Rayna avançait prudemment, dans les plaines d'Aeris un faux-pas conduit à plusieurs centaines de mètres plus bas. Le bruit des moustiques lui indiquait la terre ferme. En l'absence du soleil, ils n'avaient pas la force de voler et zonzonnaient sur les flaques stagnantes qui criblaient la plaine du midi. Elle resta heureusement, mais les souliers trempés, sur la route étroite. Un poteau surgit soudain dans le noir. C'était le dernier pont avant de pénétrer le territoire du Croloup, le grand pont qui permettait de franchir la Crevasse. Rayna s'arrêta et, face au passage de cordes et rondins, s'agenouilla. Elle planta la pointe de l'épée dans l'humus, pour entrer en contact avec le sol qu'elle révérait. Une main de chaque côté de la poignée, le front appuyé sur le pommeau, Rayna priait. "ž Eolia qu'on vénère ici et au-delà ! Libère les liens laçant mes mains, lourdes par l'humidité de la nuit. Loue-moi l'ardeur, je ne serai longue à te la rendre !" Eolia entendit la prière, sans écouter la pucelle qu'elle avait crue si pure. La déesse était insultée qu'on puisse à ce point méprendre son avertissement. Rayna n'en savait rien et confiante elle traversa. Sa prière avait duré quelque peu et la clarté regagnait le monde, elle vit la silhouette d'une fontaine, de là venait l'enivrante torpeur du parfum de maintes fleurs. Il fallait avancer, sinon elle succomberait aux voix de ces sirènes qui voulaient l'empêcher d'accomplir son action. Hélas, jamais la clémente Eolia ne prévient une troisième fois. Dans la plaine nuageuse, Rayna s'écarta du chemin tondu qui menait aux champs des paysans. Dans l'herbe haute, son seul point de repère était le tumulus de Killien, elle devait marcher vers lui et à cinq pas de sa paroi virer vers la droite. La broussaille se densifiait en signe qu'elle approchait de la zone mortelle. Quelques branleils luisaient comme des lucioles, pour attirer leur amour. Rayna sut tout de suite qu'elle avait pénétre sur le territoire du Croloup. Les branleils avaient disparu et des flaques de bave séchée empestaient l'air. Elles puaient encore plusieurs jours après avoir dégouliné des babines cramoisies de l'Immonde. Elle longea le tumulus dans cette puanteur de charogne et vinaigre. Puis elle passa les gardes du repère lupin, un lion couvert de mousse et un dragon auquel le temps avait volé une aile. Tous deux gisaient au côté d'un pilier de granit effondré. La civilisation s'était retirée du lieu longtemps, longtemps en arrière. Elle avait passé le col et marchait sur le versant nord. Le Croloup qui craignait la luminosité plus que tout, était accroupi, non loin, au fond d'un couloir formé par la falaise et le dos du tumulus. Il entendit le pas déterminé, le vent ne lui avait pas soufflé d'avertissement, quel animal osait s'approcher ? Vingt-cinq saisons s'étaient écoulées depuis qu'une vie, au lieu de s'éloigner, avait daigné venir vers lui. Quoi que ce fut, cela cherchait sa proximité. Le Croloup se redressa, pour peu que l'on puisse appeler sa posture droite. Ses bras surdimensionnés ballaient le long de son corps tordu. Le bipède bossu faisait le double de hauteur de celle qui venait le défier. Ce fut un de ces instants, où le temps ralentit, pour contempler son chef-d-œuvre. La Terre s'incline ou l'étoile elle-même s'élève : Lorbéa brille désormais en face du Sud. Rayna voit l'ombre du Croloup se dessiner pouce par pouce, s'allonger lentement éclairée par la lumière de cette nouvelle princesse. Les photons reprirent leur course rapide. Rayna engagea l'échauffourée avec cinq coups dont aucun ne se perdit, tant elle frappait vite. Les doigts-griffes effilés de la créature manquaient leur cible. Le Croloup n'avait pas la célérité de sa réputation, Rayna qui n'aimait pas voler les victoires était déçue. Cinquante ! Le géant tombe sur le dos. L'important pourtant c'est l'idée que les autres se feront de la difficulté du combat. Le Croloup roule au sol, pour éviter les coups dans sa peau de cuir grise, déjà couverte de cicatrices. Seules ses jambes sont poilues, un détail que Rayna évoquera en présentant le trophée. "ž Cent ! " triompha l'aventurière, l'épée dirigée comme un pieu vers le monstre pour l'achever. Prête à trancher sa tête ! Sauf que Croloup ne crevait pas : il était malin ! Sans aucun mal il saisit la lame de ses mains hideuses qu'elle entailla de son double tranchant. D'un élan de titan, il bondit sur ses pattes et secoua violemment l'épée. La surprise était totale ! Rayna à l'autre bout lâcha prise et fut projetée contre la falaise. L'insensible créature, d'une force plus qu'humaine, retira ses mains de la lame profondément enfoncée dans sa chair grisâtre. Il les plaça toutes deux derrière la garde et se rua pointe en avant sur sa victime. L'épée disparut dans son torse, assurant sa mort. Le Croloup ne dévora pas le cadavre, il s'était gavé le jour même de trois malheureux gamins. Il mit la main sanglante sur la poitrine : "ž Croloup cinq-cent coups comptera, cependant ce cœur cessera ! " Le pieds sur le bas-ventre de la vierge saignée, il tira l'épée de Kletor le brave. Fier et féroce, il hurla le museau tourné vers le Nord, un rayon de Lorbéa l'étoile rouge toucha son pendentif. C'était pour recharger le mana, en vertu d'un pacte que seuls ces deux connaissent. Puis le Croloup retourna à son occupation favorite : dormir le ventre repu jusqu'à la tombée de la nuit. Dans ses longues oreilles, le vent de l'ouest amplifiait le chant de l'alouette. Un courant d'air aspira l'âme de Rayna et l'emporta de ses ailes de héron au panthéon de nos héros. Cette histoire vous a touchés parce que vous connaissez de votre propre expérience les lieux de l'action. Mais i l est dans les quatre contrées des terres élémentaires, cet animal ennemi de tous les humains. Et son nom est partout : Croloup. "ž Mais-mais ! " vous entends-je déjà protester. Mais quoi ? Je sais bien qu'ici en Aéris, où les consonnes s'estompent au profit des volatiles voyelles, on y voit la déformation de "ž crade loup ", c'est notre sensibilité d'Aérides, d'être surtout importunés par l'infecte haleine de la bête. En Aqua, au contraire, les voyelles sont avalées et l'étymologie y est "ž carreau-loup ". C'est parce que les Aquatiques considèrent la matière de l'univers transparente, qu'ils reconnaissent l'influence de l'amulette de céramique. Les Ignides si friands de contes d'horreur s'attardent sur les armes que lui donne son corps, il le nomme "ž crocs-loup ", le terrible mordeur. Finalement, pour les gens de Terra, si observateurs des apparences de la nature, son nom est la corruption de "ž gros-loup ". Est-ce vraiment une différence ? Les uns accordent plus d'importance à telle ou telle caractéristique, mais dans le fond c'est le même ennemi commun, vu d'angles différents. Croyez-moi ou non, mais en ce moment même, mot pour mot mon histoire est contée sur une plage méridionale et d'une voix enflammée un peu à l'Est d'ici, aussi dans une caverne à l'Ouest. Seul un détail est changé : chacun croit que Rayna est morte dans sa contrée.
  10. í€ la recherche du soi ou du second soi, commencé par Anauelle J'ai lu hier soir, avant de me coucher, le premier message de ce récit fort drôle. Un style simple qui ne fait qu'aligner les actions, mais colle tellement bien avec l'humeur frustrée de la protagoniste. Un point bonus pour avoir intégré les décors, personnages et quêtes du début du jeu. Vous ne prenez pas l'héroïsme de votre personnage au sérieux ? Lisez ceci !
  11. Apprenti du Maître des esprits après avoir rapporté les 4 esprits de rats sauvages, dans le paragraphe du milieu : Dans ton inventaire, tu as la possibilité d'assimiler les esprits élémentaires. Tu peux retrouver ceux que tu possèdes déjà dans la partie invocation de ton personnage. Une fois les 4 esprits d'une créature intégrés, il te suffit de te munir du parchemin associé, et de la bonne compétence d'invocation pour pouvoir lancer une invocation. Celle-ci te confèrera un bonus de dégât limité sur le temps. Une fois l'invocation terminée, tu devras repartir à la chasse aux 4 esprits, avant de relancer une autre invocation, avec bien sûr le parchemin adéquat.
  12. Au cœur de la nuit..., de Hephaistos Le fort d'Hephaistos est la description ! Il personnifie les éléments, nous fait rêver avec la précision du décor. Un narrateur à vision externe, pas tout à fait omniscient, observe l'action nocturne, il explore les motifs et évalue les personnages : c'est le charme du récit. Je partage tout à fait l'avis de Guix : cela vaut un coup de cœur ! Ici aussi l'IG devient péripéties et gagne en profondeur. Le synopsis ? Ce pourrait être l'histoire de toute une faction, de la prise d'une quelconque tour, c'est l'auteur qui la rend distincte par les détails que l'observateurs apporte aux lecteurs. Pour ceux avides de lire un récit romancé d'une plume bien taillée !
  13. HRP : Merci à Guix pour sa récompense, c'était un fabuleux cadeau de voir le fruit de ma plume rémunéré. Je ne comptais pas poster aujourd'hui, mais je suis tellement malade que je n'avance pas avec mon roman, et cette partie était presque entièrement écrite. En indigo à la fin de message le premier conte de Yùwéna ! La Source, le vent et la marraine (3° partie) En approchant de la maison, une joyeuse chamade se faisait entendre. Tous les enfants, qui au contraire des adultes ne travaillaient pas à cette heure, avaient envahi le lieu. Yùwéna s'en réjouissait, elle aimait les gamins et ils le lui rendaient bien en voulant toujours entendre ses histoires. Elle ne pressa pourtant pas le pas, elle devait saluer tous les voisins qui se montraient à la fenêtre, quittant un instant leur œuvre pour lui souhaiter vivement le retour parmi les siens. Yùwéna leva son bras et plusieurs fois fit coucou. Elle le fit du geste gracile et aérien qui est le salut d'Aéris. Quelle joie ce fut de passer le seuil de la maison natale, de retourner à la source après avoir vécu la mort. Si Yùwéna était petite, sa mère l'était encore plus et sa fille la fit vivement tournoyer dans les airs. Yùèn, la sœur, fut serrée contre la poitrine. Ce n'est qu'en ouvrant les yeux pour contempler le visage si familier, que Yùwéna remarqua que les yeux qui la dévisageaient n'avaient pas non plus de pupilles. Ils étaient comme les siens ! „ Tes habits sont dans un sacré état ! – Plus tard Yùèn, plus tard. ” En effet, Yùwéna remarquait moins les bords effilés et les trous, souvenirs de ces combats contre des monstres, que les mains des enfants impatients qui tiraient sur sa cape. Elle voulait au plus vite se débarrasser de la horde des nains pour profiter de sa famille. À peine lui accorda-t-elle un peu d'attention que les questions fusaient de tous les coins de la pièce. „ Comment c'était d'être morte ? – C'est vrai que t'es morte ? – Ça faisait mal ? – Tu as eu peur ? – Est-ce que tu étais vraiment morte ? – Ça ressemblait à dormir ? ” Répondre séparément à chaque élément de cette cacophonie eut été une entreprise fastidieuse. „ J'ai rencontré la recycleuse d'âme ! ” dit-elle théâtralement. Sa mère lui lança un regard désapprobateur, il ne fallait pas faire peur aux petits, peut-être même pas du tout parler de ces choses-là. „ Quand je me suis réveillée, tous les mots étaient échangés. ” Les enfants méditèrent cette information en chuchotant entre eux, jusqu'à ce que Titi la plus âgée demande : „ Comment les mots peuvent-ils être échangés ? ” Ils ne partiraient pas avant d'avoir entendu un conte, ils n'étaient jamais partis avant. D'ailleurs c'était un bon moyen de couper court à un interrogatoire prolongé. „ Je vais vous raconter une courte histoire pour l'illustrer.” Soudain silence se fit ! En un saut et trois mouvements la bande braillarde s'était assise en demi-cercle, la bouche fermée, les oreilles ouvertes. Écoutez l'histoire de la Forêt Foire, „ Les enfants rirent, quelques uns corrigèrent la Forêt Noire, les autres plaçaient leur doigt devant la bouche. „ où poussent des maîtres et des champions, et où vivent le retard et la louve-gorge. C'est aussi le domicile du cendrier et de ses petits mocassins. Tout le printemps, le brave cendrier porte dans son dos ses mocassins qui regardent le paysage à travers les créneaux. Mais les mocassins grandissent : ils prennent du poids et comme c'est leur nature désirent marcher et courir à travers la Forêt Foire. Le cendrier se fait beaucoup de mauvaise cendre à ce sujet : "Le retard je ne crains point, il est toujours trop lent, mais tout ce que la louve-gorge trouve finit dans son énorme gorge affamée. Je m'en vais démanger conseil à un maître savant." Le maître pousse tout droit à quelque pas de là, le cendrier le gratte pour l'éveiller. Il est Docteur en Matt, Léo et François et à son avis le cendrier devrait lire tous les livres de ces auteurs. Les mocassin dans le dos creux du cendrier se baignent : "Papa nous voulons jouer dehors maintenant ! Pas dans une maternité !" Le cendrier remercie le maître et s'en va consulter un champion de sa connaissance. C'est un apérophile au nez rouge. "Mon bon cendrier tu dois entraîner tes mocassins, pour qu'ils deviennent forts comme des œufs ! La louve-gorge ne leur pourra rien faire. Je peux te prêter mes haltères." Le champion apérophile a abusé d'entraînement et ne voit pas que les mocassins n'ont pas de bras et pas de muscles. Passe alors un bûcheron du village des pommes, le cendrier lui demande secours, mais la pomme lui répond : "Les affaires des animaux, je n'en ai rien à poutre !" Le cendrier ne se décourage pas pour autant . "J'aurai, se dit-il, recours à la buse !". La buse lui conseille de se faire l'ami des grandes nouilles de la mare. "Elle projetterons tes petits mocassins !" Aussitôt dit, aussitôt fait. Les petits mocassins jouent tout l'après-midi au bord de la mare. La louve-gorge par l'odeur alléchée approche dans les roseaux. Vite les grandes nouilles jettent les mocassins à l'eau. Ils ne se sentent pas à l'aise parmi les pétards et ont peur de les toucher, mais la louve-gorge presse son pas dangereux. Seul les narines des mocassins dépassent et les grandes nouilles se posent dessus comme si c'était des broches dans la mare. Heureusement, la louve-gorge a vertu leur piste. Et ce jour-là, elle peste sur sa faim. Voyez donc qu'au quotidien, mieux vaut connaître une buse que d'avoir une maîtrise ou un titre de champion.
  14. Pourquoi la nécromancie ?, d'Anthariel Je voulais en fait louer le RP Mmmhhh, mais il semble qu'il ait disparu de ce forum, je l'ai lu sur le forum du Souffle d'Eolia. Néamoins, il me semble que ce qui suit est vrai pour tous les messages d'Anthariel. Des belles images et métaphores qui peignent le décor fantastique (et ce ne sont pas les seules figures de style !). L'histoire est racontée ligne par ligne, souvent une seule phrase à la fois et c'est merveilleux ! Aucune longueur, on lit vite et plaisamment ce récit vivant. On est dans la tête du personnage. Un style que je conseille à tous ceux qui croient ne pas savoir écrire de textes, même si vous n'atteindrez pas tout de suite la maîtrise d'Anthariel. Vos lecteurs vous en feront grâce. í€ lire en premier si vous croyez que lire du RP c'est lourd et long !
  15. Un œuf pour une flûte et Le Dernier assaut, de Ginji Ginji l'aquamentienne vit des aventures palpitantes et a la chance d'être le personnage d'une auteur au style vivant, je dirais même pétillant. Cette remarque est vraie surtout pour Un œuf et une flûte qui a un style vraiment autonome et original. Le véritable intérêt des RP de Ginji est pourtant de donner de la profondeur aux actions IG, La Dernier Assaut a de suite été commenté sur le chat et c'est un meilleur compliment que tout ce que je pourrais écrire. Le Dernier Assaut m'a ravie d'une autre façon que le premier récit : je l'ai lu d'une traite sans reprendre haleine, j'y étais ! C'est assez technique, mais peut-être que cela aidera quelqu'un : Ginji n'abuse pas du participe présent, comme souvent des auteurs maladroits, elle l'utilise ici plusieurs fois en début de phrase et cela profite au récit, lui permet de filer la réflexion dans les fils de l'action sans rien ralentir. í€ lire absolument si vous aimez le jeu et sa communauté !
  16. Atchi-Atchoum Voilà je crois que la poussière est tombée de ce fil de discussion. J'ai fait jusqu'à présent mes commentaires par MP, mais puisqu'une nouvelle ère rôliste commence, je vais tenter de relancer ce topic : Liberté, Liberté, de Noeleroi C'est le premier sujet ici, où je n'ai pas décroché après quelques lignes (ne vous inquiétez pas j'ai lu d'autres récits par la suite). Je n'ai trouvé aucune longueur dans le texte, un bon rythme de narration avec un synopsis poignant et crédible (même si un peu prévisible, mais ça c'est normal dans le genre du RP). Le plus important pourtant : un style clair et agréable. L'auteur ne le surcharge pas de mots zarbis ou désuets, sans manquer pour autant de vocabulaire. Je trouve que l'histoire du personnage commence par un moment très fort et un caractère bien cerné. J'ai toujours eu un faible pour les récits avec une morale forte et ce plaidoyer contre l'esclavage était fait pour me plaire. Mon préféré absolument ! Mon nom est Duine, Aon Duine ^^, de Aon Duine Avant tout chose : bravo Aon d'avoir eu le courage de te lancer ! Les petites rivières ne deviennent des grands fleuves qu'en sortant d'une source. Rien à redire de particulier pour ce début, j'attends la suite qui naîtra de ton imagination. Gardons seulement pour l'anecdote que je te savais de sexe masculin de par notre correspondance, mais que le premier mot de ton récit "heureuse", me fis à tort révoquer cet avis. í€ tord puisque que c'était ton enfance le sujet de la phrase Les points positifs maintenant : j'adoooore quand on mêle les quêtes et les paysages IG si explicitement à son RP. C'est d'autant mieux que chacun vit des aventures différentes avec en principe la même base, l'essence même du role play à mon sens. Je te classe dans la catégorie humour : qui ne pense pas au Donjon de Naheulbeuk en lisant de dirigeable gobelin incompétent ? (un élément déjà présent dans la description de ton perso sur le jeu). Le titre m'avait bien sûr prévenue ! Vive les aventures du nouveau James Bond comique ! Je crois important d'ajouter que si j'écris autant de mots qu'il y a d'étoiles dans le ciel (et ça par jour), je ne suis qu'une piètre lectrice. Je décroche facilement et retourne à mes pensées d'écritures, je trouve beaucoup de style ardu. Ma concentration est plutôt orientée vers l'écoute (je consomme principalement des textes audios : radio et je ne parle pas de chaînes qui passent de la musique, poèmes récités...).
  17. La Source, le vent et la marraine (2° partie) "ž Ah ces aventuriers de nos jours, ils ne sont même plus pressés ! Viens donc, viens vite ! Tu crois que je fais la paperasse avec plaisir ? Je ne vais pas faire des heures sup' pour que tu contemples en paix la statue. " L'enregistreur des nouveaux aventuriers maugréa encore quelque chose sur les touristes. Yùwéna pressa son pas vers un panneau de bois qui guidait les nouveaux arrivants venus avec le téléporteur, au-devant une grande table avec de quoi écrire, de la cire et des sceaux. Plus exactement sur la plus petite part, celle qu'utilisait le fonctionnaire. Le reste de la surface croulait presque sous la masse de papiers pliés et formulaires vides. Elle n'en voulait pas à l'homme, elle baissa avec un sourire poli sa capuche, mais c'était moins par courtoisie que parce que le vent ne lui avait pas giflé les oreilles depuis fort longtemps. "ž Conteuse ! " D'un bons le bureaucrate était sur ses deux pieds, avec moult révérences il salua Yùwéna. "ž On ne croyait plus vous revoir ! Il faut tout de suite quérir Dame Andelle, votre mère. Ah comme Yùèn va se réjouir ! Elle a repoussé son mariage à cause du deuil. " Et tandis qu'il appelait les enfants, toujours occupés à leurs boules de neige, Yùwéna songeait qu'ici au moins on ne la prenait pas pour la protagoniste de quelque superstition. Le bureaucrate "“ elle le connaissait mais son nom lui échappait et le panneau informatif n'était d'aucune aide à ce sujet -- cria alors : "ž Allez au plus vite à la maison de Dame Andelle ! Je crois que son vieux cœur ne supporterait pas de revoir sa fille sans avoir été prévenue. " Les enfants ne semblaient pas avoir compris leur mission. "ž Courrez annoncer à tous que la Fille du Faucon est de retour ! " Yùwéna était perplexe ! Elle lui aurait bien demandé ce que cela voulait dire. Hélas, le bureaucrate ne semblait attendre aucune parole de sa part, puisqu'il parlait comme un torrent, expliquant au plus vite tout ce qu'elle devait savoir après son choix pour l'élément de l'air et lui glissa une lettre, alors qu'il la poussait déjà vers le pont qui menait à la ville. "ž J'allais presque l'oublier ! Pourtant c'est une lettre vraiment essentielle, c'est l'attribution d'un parrain pour vous guider dans vos aventures. Je ne peux pas vous accompagner plus loin, je n'ai jamais abandonner mon poste et même si votre retour est exceptionnel... Mais pressez-vous donc ! Madame votre mère vous attend certainement ! " Il se tut enfin et Yùwéna marcha dans la direction qui lui semblait familière, pour trouver la rue qu'habitait sa famille. Elle reconnut de loin la maison avec une bobine de métal au-dessus de la porte, elle annonçait l'atelier de couture de sa sœur Yùèn.
  18. C'est dans la montagne que tout fleuve prend sa source La Source, le vent et la marraine (1° partie) Des flocons de neige voltigeaient dans les airs. Le vent faisait les saisons et en ce mois auquel les soleils fixes offraient la même chaleur qu'aux autres onze lunaisons, Borée soufflait du Nord. Borée le seul vent si puissant qu'il dépassait les pics des montagnes aérides si arides en leurs sommets. Par son violent passage, il emportait les cristaux de glace des éternels glaciers. Il balayait ce désert blanc, avant de descendre sur la verte Nuagia. Yùwéna était de retour au pays ! Au pays, où les fleurs sont ouvertes et l'herbe verte sous la danse d'une neige sans nuage. Des enfants non loin d'elle avaient empilé des boules de neige. Les années n'étaient pas encore lointaines, où elle faisait de même, car la neige entassée fond moins vite. Elle allait les rejoindre et ramasser une sphère de fraîcheur, pour refroidir ses mains échauffés par le désert d'Urgo. Elle se voyait déjà la lançant dans le vent pour lui dire "ž Je suis là ! ". Pourtant le vent n'avait nul besoin d'un appel, la valse des flocons avait commencée en son honneur. Une voix, une voix humaine et réelle l'appela. Yùwéna se tourna et ne vit que la statue d'Eolia qui dans son geste perpétuel soufflait sur une brume de marbre blanc qui cachait ou qu'elle tenait dans la dextre. Pour la première fois Yùwéna ne vit pas une Aphrodite couronnée, portant coquettement son châle de la couleur la plus claire et lumineuse de la nature. L'aventurière voyait une Amazone armée de son élément, hors de la mêlée assurément, plutôt supervisant en général génial du haut de son socle de granit. Yùwéna croyait en mainte chose dans l'univers, dans les volontés et l'esprits des hommes, mais pas en des dieux. "ž Qui me parle ? " demanda-t-elle en contournant déjà l'effigie de la déesse.
  19. Le double V (part 4) Le vent dans le dos, la bourse bien remplie et l'arme de se son choix en poche, Yùwéna rejoignit le gardien. Elle se sentait prête. Elle regarda encore une fois le W que lui avait confié Valtuena. Elle connaissait environ 1200 mots qui contenaient cette lettre, mais ne trouvait pas lequel il représentait. Par delà le monde l'attendait beaucoup de mystères. Le gardien la laissa passer, après lui avoir expliqué que son choix élémentaire serait définitif et irrévocable. Yùwéna s'attarda devant les quatre téléporteurs qui ne différaient que par la couleur. C'était par curiosité, pas par hésitation : sa décision était inébranlable. Elle l'avait été depuis sa convalescence de la mort et l'était bien plus encore depuis la disparition de Saladm. Yùwéna se sentait seule. Le vent lui manquait, c'était le seul ami dont elle ait souvenir, elle voulait le rejoindre, car elle l'avait trop longtemps négligé dans le désert. Le transporteur jaune aspira la nouvelle Aéride.
  20. Le double V (part 3) Une série de souvenirs déferlaient dans l'esprit de Yùwéna : la fièvre, le mal de gorge, le haut le cœur et comment chaque fois qu'elle était malade sa sœur Yùèn lui préparait du thé de feuillus rouge. Elle devait se concentrer sur la voix faible. L'homme avait pour nom Valtuena, il lui narra l'histoire des dieux élémentaires et de la guerre. Puis il arracha de ses dernières forces un amulette de son cou : "ž Tiens fille du Faucon, je te confie le pendentif, il te servira sûrement plus qu'à moi. Maintenant retourne voir le gardien dans la grotte et fais le bon choix. "“ Un dernier effort s'il vous plaît ! Pourquoi suis-je la fille du Faucon ?" Il était mort, mort de vieillesse, la seule fin absolue. Yùwéna recroquevilla le corps de Valtuena pour qu'il retrouve la position compacte des fœtus. Elle couvrit la dépouille de sable, puis elle entoura le monticule de cailloux et petites roches qu'elle trouva un peu plus loin, sous le flanc montagneux qui délimitait le Nord du plateau. Yùwéna avait en tête les mots et les images du deuil et des larmes. Elle n'était pourtant pas triste. Un cycle avait été accompli. L'ensablement fini, Yùwéna s'en fut plein d'entrain raconter la bonne nouvelle à Saladm. Yùwéna rentra à la grotte, mais ne retrouva rien d'autre qu'une paroi de pierre. Elle était revenue exactement sur ses pas, qui ne s'étaient pas effacer dans le sable, et même sans cela ! Cette caverne était devenue sa maison, elle n'avait pu se perdre. í€ propos perdre... Yùwéna passa le pendentif en forme de W à son cou. Une brise se leva alors pour la première fois pendant son long séjour au plateau d'Urgo. Le vent lui apportait du réconfort, car la disparition de Saladm l'attristait. Bientôt Yùwéna dû se relever, elle savait qu'une tempête de sable se préparait et qu'elle devait trouver un abris. Elle prit la direction du vent et ne réalisa que le soir en y repensant, que c'était fort judicieux pour protéger ses yeux, mais qu'elle n'avait pas réfléchit sur le coup. í€ peine une dizaine de pas plus loin, Yùwéna trébucha. Quelque chose était enfoui là. Elle écarta quelques poignées de sable et découvrit un coffre. Le bois ambré aux rayures brunes, avait une odeur aromatique. Seul le cèdre avait un grain si fin, parmi les arbres qui poussent aux abords du désert. Des hiéroglyphes couvraient le haut du coffre : une bourse transparente qui portait dans son ventre des cercles, puis une main creuse qui pointait dans la direction du symbole suivant, c'était un rapace éployé au-dessus d'un œuf. Yùwéna ouvrit le couvercle de cèdre. Richesse ! Fortune ! Abondance ! Elle qui n'avait jamais reçu que des sous de cuivres et une fois, à la mort de son père, une piécette d'argent ! Une lumière flamboyante, mille flammes d'un feu dangereux brillaient sous les rayons des quatre soleils. Ce n'était pas un doux chatoiement, mais le vif éclat de 250 sous en monnaies d'or. Yùwéna remercia Saladm, pensant que ses oreilles pouvant encore l'entendre. Elle ne se laissa pas corrompre par cet héritage inattendu et dit d'une voix assurée : "ž L'usage seulement fait la possession. J'investirai cet or pour devenir aventurière !"
  21. Le double V (part 2) Un jour tiède du mois de Festiva. Manama la marchande faisait son métier : "ž Regarde ce beau grimoire ! C'est un thésaurus de sorts ! "“ C'est de la magie mis en mots, pas des mots qui deviennent de la magie. " répondit sèchement Yùwéna. "ž Les mots ne devraient jamais être des armes, c'est mal ! " Manama referma son ample cape. "ž Tu possèdes déjà tout ce qui sert à la protection, je n'ai rien d'autre à te vendre, si tu ne veux pas faire de mal. "“ Oh Manama ! Je suis sûre que tu as quelque objet utile qui s'emploie sans mot ni parole. "“ Si c'est ce que tu veux, mais es-tu certaine ? demanda Manama. Tu as vraiment un talent. En magie des objets par contre, il faudrait que je te procure un orbe puissant pour débuter." Yùwéna éclata de rire, elle ne se laissait pas impressionner par les astuces marchandes de la vieille ridée. "ž Non, Manama pas de conjonctif, pas de futur. Montre moi ce que tu as d'équivalent au grimoire. " Manama sortit alors un orbe. C'était un globe blanc et lisse comme nacre. Yùwéna ne pu se retenir d'une expression de surprise et d'admiration. L'orbe était mystérieux, incompréhensible, il saurait toujours éveiller en elle l'inconscient magique, tirer son mana des profondeurs intangibles de son esprit. "ž Bien sûr, si tu le veux tout de suite, ce sera plus cher... tu comprends c'est mon modèle d'exposition. "“ Vieille sorcière ! " grinça celle qui venait de se faire rouler. Fatiguée d'avoir combattu avec sa nouvelle arme une horde de scarabées "“ une plaie à l'Est du désert -- Yùwéna se reposait derrière un rocher. Les mots étaient le havre de sa pensée ! í€ quoi penserait-elle le soir pour s'endormir, si c'était avec des mots qu'elle décimait des familles de monstres ? Elle avait fait le bon choix. Elle se remit en marche après une grande gorgée de sa gourde en peau de serpent. Elle rêvassait sans but véritable, en revenait toujours à la même conviction que les contes et les mythes étaient son asile dans la cruauté du monde. Elle trébucha soudain. "ž Oh NON ! " Un homme complètement ensablée gisait là. "ž Est-ce que je peux vous aider ? " Il était évident qu'il n'avait plus la force de bouger, sinon une dune ne se formerait pas sur son dos. Ses yeux étaient secs, ses lèvres couvertes de croutes de sangs et son râle éraillé. Il soupira. Yùwéna attrapa sa gourde, elle l'avait hélas vidée avant de commencer sa promenade. Ne comprenant toujours pas ce que la gorge asséchée de l'homme tentait de lui dire, elle le rassura de la sorte : "ž Je reviens dans un instant, il y a un bosquet de cactus à 50 pas d'ici. " L'homme se tut, il semblait reconnaissant. Yùwéna se pressa comme jamais auparavant dans le désert. Une chaleur de piment brûlait sa peau et le sable raclait ses voies respiratoires. Sa diligence fut récompensée ! L'homme retrouva l'usage de la parole.
  22. Le double V (part 1) En se réveillant le matin Yùwéna se sentait assommée. Le pied d'un R jaune et géant alourdissait sa poitrine, elle ne parvint à s'en débarrasser qu'en lui affublant un I et un A. Ils s'accrochèrent à la lettre de plomb et l'emportèrent légers comme un dirigeable. Le mot était revenu ! Sa poitrine se gonfla enfin, elle toussa. Elle avait inhalé et/ou avalé une bonne pelleté de sable pendant son escapade. „ As-tu bien dormi ? ” s'enquit Saladm et sans attendre la réponse elle continua „ Tu ne devrais pas dormir toute habillée... Et ne pas parler non plus.” Saladm tendit un verre à Yùwéna qui goûta le contenu avec une mine de dégoût. „ C'est de la tisane de feuillu vert, tu en as rapporté des belles feuilles hier. C'est bon pour le mana ! Tout le monde parle de tes exploits lumineux. Urgo le Cultivateur,” le grand nombre d'Urgo sur le plateau les forçaient à prendre un surnom, „ t'a recommandé à plusieurs amis et tous espèrent que tu viendras les aider... Je crois aussi qu'ils sont curieux de tes yeux, comme tu l'étais hier. ” Saladm était bien décidée à ne pas laisser sa patiente placer le moindre mot et enchaînait ses phrases comme les vagues sur la mer. „ J'ai trouvé les peaux de serpents dans ton sac et je les ai vidées. Voici une gourde pour toi ! Tu te sentiras mieux en buvant régulièrement. ” Yùwéna saisit l'objet, Saladm en fit encore longtemps les louanges : la gourde n'avait aucune couture, le cuir était extensible comme la gueule du serpent insatiable. La peau de serpent trouva sa place aux côtés de la dague, à la ceinture de Yùwéna. Les jours et semaines suivantes, Yùwéna arpentait le désert, tantôt en mission pour quelqu'un, tantôt à la recherche d'un travail. Ses réflexes ne l'avaient jamais vraiment quitté, maintenant elle avait aussi retrouvé le contrôle de son corps : courir et bondir, couper et racler, chanter et siffler, soulever et porter. Les gens se montraient reconnaissant de ces services, d'abord moindres (rapporter une liste de course), puis requérants habilité et expérience. Elle eu bientôt tout ce qu'il lui fallait pour recommencer une vie. En tout cas assez pour rentrer en Aéris, où l'on devait l'attendre... Qui au juste ? Cela restait un mystère, mais chaque jour apportait un souvenir. Un parfum ou une action déclenchait ce processus indescriptible de résurgence, de retrouvailles d'une chose qui n'avait pourtant jamais été absente.
  23. Le Rho et l'Omicron "ž De quoi tu te plaints ? Il est juste un peu pointu ! Regardes-moi avec ce menton carré et un nez gros comme une datte fraîche. " Et pour illustrer la vanité des pensées de Yùwéna, Lilla sauta dans l'eau. Le miroir éclata en mille remous. Yùwéna se déshabilla alors, elle resta un peu sur le bord pour curer ses ongles ensablés avec une sorte de luzules rugueuses qui poussaient là. Elle s'attardait sur des détails de son corps qui n'avait jamais été présent dans son esprit auparavant. Elle n'était pas très grande, sa gorge non plus, mais resplendissante de jeunesse. Ses orteils étaient fins, rangés par taille jusqu'au gros orteil, dans l'eau accalmée elle remarquait ses cils si longs. Lilla avait finit de barboter sans but et s'approchait à une vitesse dangereuse, annonciatrice de quelque blague mouillée. Yùwéna la rejoint dans l'eau. Elle n'avait pas même passé dans l'oasis le temps qu'il faut pour prendre un repas que Yùwéna trouvait l'eau désagréable. Les soleils l'avaient tant chauffée, qu'elle avait la température de l'urine, sans atteindre pourtant celle d'un bain. Sa peau desséchée s'était rapidement gonflée et Yùwéna n'avait pas le cœur à nager ou plonger. Elle s'était lavée, rafraîchit et détendue, aucun autre plaisir ne la retenait. Le feu n'était pas son élément, mais l'eau est un ennemi du feu, cela aurait pu... Avoir grandit en Aeris ne signifie pas nécessairement se tourner vers--- vers---- le mot ne venait pas. La terre, le feu, l'eau... l'O... une autre lettre... P... Q... non ça c'est une partie du corps. Là où tout avait commencé, le vent qui avait bercé son enfance ---- Le vent c'est aussi un pet... P quand même ? --- Non, c'est aussi un rot ! Son élément était le Rho ! Elle était partie avec la curiosité du vent, mais l'eau lui avait livré la réponse au terme de sa quête. Il ne faut jamais miser tout sur un seul des quatre éléments. Le chemin du retour lui paru pire que l'aller. í€ chaque pas elle s'enfonçait dans le sable, c'était un perpétuel combat de retirer son pied de cette attrape jaune et mouvante. Yùwéna se sentait lourde. La terre n'était pas plus son élément que l'eau ou le feu. Le paysage lui paraissait plat, elle se languissait des hauteurs, du vertige, du luxe d'être au-dessus ! Arrivée à la grotte, elle s'allongea et bien qu'on ne fut que l'après-midi dormit à poing fermé. Elle déclara seulement, avec la satisfaction d'avoir accomplit quelque chose plutôt que de s'être prélassée : "ž Saladm, ils sont émeraude ! "
  24. Le Regard (part 4) Elle détacha ses cheveux, ils avaient été en chignon toute la journée et la sueur les avait légèrement bouclés. Deux lourdes mèches encadraient son visage et formaient des charmantes ondulations autour de sa poitrine. Elles descendaient jusqu'au ventre. Le reste de la tignasse châtain clair, dorée presque, était éparpillé dans son dos et sur ses épaules. Cela n'avait que peu d'importance, elle avait vu ses longs cheveux auparavant dans la grotte de Saladm. L'important, ce qui la fascinait outre mesure, c'était ces deux yeux verts qui la regardaient fixement. Des yeux sans pupilles ! Comment cela était-il possible ? On voyait plus de rouge que de blanc autour des deux disques smaragdins, c'était des yeux puisqu'ils étaient à la bonne place. Il leur manquait seulement le cercle noir au centre de l'iris. La lumière ! Yùwéna se couvrit les paupière fermées avec les mains. Elle compta jusqu'à 100, imperturbée par les rires de Lilla. Ses pupilles n'apparurent pas. "ž Sacré conteuse que tu fais ! Tu ne connais même pas ta propre histoire. Tu es la fille du faucon ! Celle du conte ! " Yùwéna regarda Lilla incrédule. "ž J'invente mes contes ou je rapporte ceux d'ancêtres lointains pour ne pas perdre notre histoire. Les contes disent la vérité sans être réels. " Après cela Lilla bouda, sans que Yùwéna ne comprenne ce qui l'avait offensée. Elle revint à étudier son apparence. Son visage était petit, d'une symétrie parfaite, son sourire fin et joyeux, bien que ces lèvres soient craquelées. Elle était pour le moins jolie... toutefois ses joues... non c'était une idée implantée par Lilla... pourquoi Yùwéna y voyait-t-elle le motif de plumes brunes d'une tête de faucon ? Ces oiseaux sont nombreux en Aeris et elle connaissait bien leur anatomie, mais tout de même ! La principale caractéristique d'un faucon : c'est son bec crochu de rapace. " Oh non ! "
  25. Yuwena

    Je suis Charlie

    Charlie Hebdo (le journal des survivants) paraîtra la semaine prochaine ! Il ne faut pas se laisser décourager tant qu'il y aura quelqu'un pour continuer !
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