Neala

Une douce chaleur émane de mon dos, se répand lentement en moi. L'étonnement grandit en moi, tout comme cette chaleur qui bientôt me revigore. Je me sens un peu mieux, mais guère assez encore pour me mettre debout. Je me contente de me redresser un peu et de poser ma tête sur son épaule. -Merci... Je me passe une main tremblante sur le front tandis qu'un soupir s'échappe de mes lèvres. Il va falloir que je m'entraine. Que j'augmente mon énergie, ma concentration. Pour arriver à tenir plus longtemps. Peut-être même qu'il pourra m'apprendre. -Ca va... Encore un peu fatiguée, mais ça va aller. Je le regarde attentivement et lui demande, de l'anxiété dans la voix : -Alors ? Qu'as-tu ressenti ?

Sa main qui me saisit et m'amène vers lui me fait me déconcentrer. Ma magie se stoppe soudainement. Heureusement pour moi. Je ne savais pas que cela allait me demander un tel effort. Et encore, je n'ai mêmepas réussi à étendre mon baume magique sur son bras entier ! Je ferme les yeux, essaie de contrôler ma respiration. Rien n'y fait. Je suis épuisée, mes yeux se ferment tout seul. Même si je le voulais, je ne pourrais pas me redresser. Alors je reste là, contre lui. Un brin abattue à l'idée de ne pas être assez forte pour l'aider. Je cherche quoi lui répondre ,comprendre aussi pourquoi je n'ai pas pu m'arrêter. Mais je ne peux même pas lui demander de me dire ce que cela lui a fait. Je ne peux que rester là, reprendre lentement mon souffle, attendre de récupérer assez pour pouvoir au moins me lever.

Mes yeux quittent sa main, regardent son visage avec appréhension. Pour la première fois depuis que j'ai appris à soigner, la peur de l'échec me saisit. Je ne veux pas ressentir ce sentiment. Ses yeux s'ouvrent. Mon appréhension s'envole au loin, emportée par la Déesse que je remercie dans une prière muette. Un doux sentiment de joie m'envahit. Je ne sais pas à quel point ma magie l'aide. Je lui demanderais bien, mais je sens que je me déconcentre et que ma magie reflue. Alors, je baisse à nouveau les yeux sur son bras, prononce une nouvelle incantation, pour étendre ma magie. Je ne sais pas si je vais pouvoir tenir longtemps, ni même si je vais pouvoir étendre à son bras entier. Mais je ne veux pas y penser. Ma magie commence petit à petit à monter son poignet, puis son avant bras. Dans le même temps, ma respiration s'accélère comme si j'étais en train de courir alors que je suis simplement assise. La tête commence à me tourner. Je sais que je devrais arrêter, mais une part de moi veut continuer à l'aider.

Comment m'y prendre ? Et si je ne faisais que lui faire plus de mal au contraire ? Il était magie noire. J'étais blanche. Selon lui, toutes deux s'opposaient. Je pensais le contraire. Qui allait avoir raison ? J'espérais que ce serait moi. Non pas par plaisir de lui donner tord. Plutôt car je n'avais pas envie d'être celle qui allait lui faire du mal. Je décide donc de me concentrer sur sa main. Si mon sort marchait, je l'étendrais alors à son bras dans son entier, si mes ressources me le permettaient. Mes yeux se posent sur lui. Je me concentre, commence à murmurer des mots qui bientôt font jaillir une faible lumière au bout de mes doigts. La magie blanche peut tout aussi bien détruire que guérir, il fallait donc que je fasse attention. Une fois mon sort en place, je touche sa main. La lumière se propage sur sa peau. Je plisse les paupières, la contrôlant pour qu'elle englobe seulement sa main. Mon énergie passe à lui à travers mon sort. Va-t-il me repousser ?

Je n'arrive pas à m'imaginer une telle douleur. Le pire semble être la constance. Ne pas avoir de répit. Je prends son autre main dans la mienne, celle maudite. La lève devant mes yeux. L'observe. Je passe les doigts de ma seconde main sur son bras, effleurant ses nombreuses cicatrices. Il ne finit pas sa phrase, me faisant lever les yeux vers lui. Qu'a-t-il voulu dire qu'il n'a pas osé finir ? Se venger sans doute. Toute cette rancœur qu'il a amassée en lui devrait bien s'échapper un jour, et je ne doutais pas qu'il la laisserais s'acharner sur l'auteur de la malédiction. Nombreux sont ceux qui chercheraient à faire pareil. -Il doit bien exister un moyen, à défaut de te soigner, au moins de t'apaiser. J'hésite. Après tout il ne m'a rien demandé. -Je pourrais essayer, si tu le souhaites.

Il me parle de son bras, et mon regard en est comme attiré. C'était comme demander à quelqu'un de ne passe retourner. Il le faisait quand même. Encore une fois, je me demande s'il peut se soigner. A-t-il tout essayé, avant de passer à la scarification ? Je sens l'amertume dans ses propos. En suis-je la cause ? Sans doute pas. D'ailleurs il s'excuse, montrant ainsi qu'elle ne m'était pas dirigée. Je pourrais lui dire que je comprends, mais ce n'est pas le cas. Et a-t-il besoin de l'entendre ? Je ne pense pas. Sa déclaration me fait sourire. Attirer par mon aura ? Je retiens un petit rire. Pour ma part, ce n'est pas son aura qui m'attire. Elle aurait plutôt tendance a m'oppresser parfois, comme lorsqu'il est apparu devant moi, me prenant par surprise. Je décide alors de changer de sujet. -As-tu essayer tous les différents soins qui existent pour soigner ton bras ?

Il me regarde fixement. Son visage n'exprime rien. Ce regard me dérange, je n'y suis toujours pas habituée. Il semble le sentir. Il sent toujours certaines choses que je garde en moi. Un sourire monte à son visage, amusé. Mes poings se serrent. Ses yeux de félin me détaillent avec désinvolture. Je n'aime pas quand il me regarde comme ça. Comme si j'étais sa proie. Comme si j'étais déjà prise au piège. J'avais beau me débattre, le fuir ou bien l'affronter, je finissais invariablement vaincue. Son sourire se fait carnassier. Le jeu allait commencer. Les Anciens sentent ce léger changement dans l'atmosphère. Cette légère excitation qui nous prend à l'idée de la chasse à venir et, surtout, à l'idée de la récompense. Ils ont beau être âgés, ils savent encore reconnaître ce sentiment. Je regarde mon adversaire, les yeux pleins de défis. Cette nuit encore sera une nuit blanche pour nous, n'en déplaise aux Anciens. Après l'extinction des feux, je me faufile hors du dortoirs. Je sais que certaines de mes compagnes ne dorment pas encore. Certaines voudraient me suivre, mais la peur d'une punition les en empêche. D'autres ne manqueront pas de me faire la morale le lendemain, peut être même me dénonceront-elles si je ne me fais pas prendre. Sous mes pieds nus, le sol est froid. Il faut que je le trouve la première. Je me cache dans un recoin du mur, pour me concentrer. Mes yeux se ferment. Ma respiration se fait plus lente. Je le repère rapidement. Le connaissant depuis longtemps, il ne m'est pas difficile de le sentir. Cela ne l'empêche pas de me surprendre encore. Je me remets en mouvement, me dirigeant vers lui. Je me retrouve dehors, sous la lune pleine. Je le sens tout près. Il sait que je suis là. Peut-être m'attendait-il ici depuis le départ ? Je tourne sur moi-même, le cherchant dans l'obscurité. Le sifflement d'un bâton dans l'air se fait entendre dans mon dos. Je me baisse précipitamment. Son rire résonne tandis qu'il me lance un autre bâton. Il sait pourtant que je ne sais pas me battre. Mais, comme à son habitude, il ne me laisse pas choisir. Il me sourit, de ce sourire à la fois plein de chaleur, de sympathie. Et terriblement inquiétant. Aussitôt après ce sourire, c'est une lutte soudaine, sans cri et parfaitement inégale. Je vois bien cependant que ses gestes sont plus lents, contrôlés. J'essaie d'éviter ses assauts, de le parer avec mon bâton. Ses coups m'atteignent plusieurs fois. Aux jambes. Aux bras. Dans le dos. Je sais comment stopper tout ça, mais ce serait le laisser gagner encore une fois. Peut-être est-ce de la fierté mal placée. Je tombe. Serre les dents pour ne pas crier dedouleur. Je veux me relever, arrive juste à me tourner sur le dos. Mes yeux observent le ciel étoilé. Un bruit à mes côté me fait comprendre qu'il s'est allongé, lui aussi. Il passe alors sa main sur mon bras, mon épaule, puis mon visage. Il le fait avec une précaution, une douceur inattendue. Il me regarde longuement, le visage impassible, avant de me dire ce qu'il me dit à chaque fois :« Il faut que tu apprennes à te battre. Au moins pour te défendre. ». -Je ne partirais pas avec toi Iain. Il se détourne. La déception et la reddition émanent de lui. Il me prend alors dans ses bras, m'embrasse avec douceur. Je sais que, demain, il aura disparu. Je sais aussi que ma vie pourrait me plaire si je m'enfuyais à ses côtés. Et, pourtant, je me contente de répondre aux dernières caresses que je recevrais de lui.

-Je ne connais pas grand monde, et encore moins des personnes qui pourrait m'aider comme tu sembles vouloir le faire. Surtout qu'Exoriel ne serait peut-être pas ravie de savoir qu'il m'apprend à lui empêcher d'entrer en moi. Avec un peu de chance, il gardera nos leçons pour lui. Puisqu'il se dit taciturne, même avec les siens, il y a peut-être une chance. Une partie de moi à hâte de voir le visage d'Helevorn aussi, la prochaine fois qu'il cherchera à me parler par esprit. Sera-t-il énervé, surpris ? Mais, pour le moment, la seule surprise, c'est moi. Ma main se crispe légèrement sur la sienne. Je voudrais détourner le regard, mais cela me semble impossible. Comme s'il me tenait par des fils invisibles. Je vois ses lèvres bouger, sans qu'un mot n'en sorte. Pourtant, je sais. Je comprends. Que cherche-t-il à me dire ? Que veut-il que je comprenne ? Mes lèvres s'entrouvrent, sans qu'un son ne s'en échappe. Il ne sert à rien de faire semblant. Ni de paraître choquée alors que je ne le suis pas. Ce n'est pas qu'une histoire d'enseignement non. Au départ, si. Mais je ne cherche pas à me mentir à moi-même, à me dire qu'il ne me plait pas. Et je ne lui mentirais pas non plus à ce sujet. Tout aurait pu être différent, j'aurais pu ne rien ressentir à son égard. Mais les fait sont là. Je hausse la tête, petit air de défis. -Tu me plais. Mais je ne crois pas que ce soit une raison d'utiliser cette attirance que je ressens pour te faire payer l'enseignement que tu vas m'apporter.

Un sourire aparait sur mon visage. Il est bien mieux comme ça, le visage a découvert. Il m'apparaissait alors moins lointain, plus accessible. Je reprends alors sa main dans la mienne, un peu pensive. -Contrariée ? Un peu oui. Je ne comprends pas pourquoi tu te caches. Pour cacher tes sentiments ? Pour qu'on ne puisse pas te deviner ? Pour que je ne puisse pas te deviner ? Tu as le droit de garder ta capuche, ce n'est pas une petite magicienne comme moi qui va t'y obliger. Mais... Si nous devions continuer les leçons, je préfèrerais pouvoir voir ton visage. Comme maintenant.

Sa description du lieu que l'on venait de quitter me fit sourire. Je n'avais pas eu le temps d'apprécier comme lui semblait le faire ce lieu. J'y étais allée pour apprendre à me fermer, non pas m'ouvrir au monde qui m'entourait. -J'y retournerais sans doute pour voir si je ressens la même chose. Même si je n'ai pas besoin d'aller si loin pour être un peu seule ici... Je m'étais arrêtée, observant son visage légèrement ombré par sa capuche. Pourquoi la gardait-il ? De quoi voulait-il se cacher ? Il n'y avait que moi ici. Peut-être des ivrognes dans des fossés plus loin et quelques gardes. Rien de dangereux pour lui. Je levais ma main vers sa capuche, prête à la baisser. -Tu as vraiment besoin de ça ?

J'avais eu quelques problèmes à venir au rendez-vous indemne et voilà que je devais refaire le chemin inverse, qui plus est de nuit... Petit à petit, je me rapprochais du nécromant, serrant un peu plus fort sa main dans la mienne. Sa question me surprit. Il aurait du déjà connaître les raisons de mon choix. Je restais un moment silencieuse, me contentant de marcher en faisant attention autours de moi. Puis, poussant un soupir, je me lançais. -J'ai hésité un temps entre Eolia et Fimine. Toutes deux me plaisaient. Vulfume a été rapidement écarté, trop agressif pour moi. Et le dernier Dieu ne me plaisait pas tellement non plus. Alors que je me sentais vraiment proche des deux Déesses. Au moment de choisir, j'ai senti la bienveillance et la douceur de l'une des Déesses. Je me sentais attirée alors je n'ai plus réfléchis. J'ai choisi Eolia, tout comme elle m'a choisi. Je tourne mon regard vers lui, soupir en me souvenant que je ne peux l'observer à cause de sa capuche et de l'obscurité. -Et toi, pourquoi Eolia ?

Son rire me surprend. Je n'ai pourtant pas l'impression d'avoir dit quelque chose de drôle, bien au contraire. Il me surprend... Je veux reculer encore, mais je sens le tronc sur lequel je m'étais assis contre mes jambes. Si j'essaie de faire un pas en arrière, je tombe. Alors je reste sans bouger, même si sa présence si proche fait accélérer ma respiration, de peur, et sans doute d'autre chose. Il n'avait pas tord. Il devait avoir vu tout de mon passé, et pouvait s'en servir à tout moment. J'avais voulu empêcher toute intrusion et, dans ma hâte, j'avais décidé de me tourner vers lui. Ce choix ne me semblait plus aussi judicieux qu'alors. L'instant d'après, il était loin, son visage à nouveau caché. Comme si rien de tout cela ne s'était passé. Comme si je n'avais pas douté de lui. Lentement, je m'avançais, et pris la main qu'il me tendait sans rien dire. Une partie de moi commençait à avoir confiance en lui, quand une autre voulait à tout prix rester méfiante, le fuir. Cette dernière était en train de perdre la bataille. Mais jusqu'à quand ?

Tout allait trop vite. Beaucoup trop vite pour moi. Lorsqu'il lâche ma main, je recule de quelques pas. Non pas par peur. Ou peut-être un peu si. Tout à l'air si facile lorsqu'il le dit. Tellement facile. Pourtant, je restais septique. Était-ce tout ? Devais-je seulement accepter mon passé pour que mon esprit soit inaccessible ? Je ne pouvais, ne voulais y croire. Je l'observais, méfiante. Il devait préparer quelque chose. Me mordant la lèvre, je réfléchissais. Comment savoir s'il m'avait véritablement aider ? Surtout qu'il ne m'avait pas encore dit le prix que j'allais devoir payer, et je ne voulais pas me faire avoir. -Non, je ne suis pas satisfaite. Rien ne me prouve que mon esprit soit fermé à présent. Et qu'il le reste.

Je suis rapidement essoufflée, vidée.Et pourtant je continue tant qu'il m'en laisse le loisir. Je sens ma colère diminuer. Autours de nous, le vent souffle, faisant claquer nos capes, nos cheveux. Eolia est avec nous, j'arrive à la sentir. La savoir présente décuple mes forces. Guix a raison, je dois oublier mon passé, même si cela est difficile. Aujourd'hui, cela commence par laisser partir la colère qui est en moi, que j'ai amassé au cours de ces longues années. Sa prise sur mon poignet me surprend. Me déstabilise. Je stoppe net, légèrement courbée enavant. Je ne cherche même pas à délivrer mon poignet. Tout ce qu'il vient de me faire découvrir me tombe dessus au même moment. Je suis comme sonnée. Ma main libre passe sur mon front, ôte mes cheveux tombés sur mon visage. Je le regarde, ne dis rien. J'écoute. J'apprends. La violence dont je viens de faire preuve m'étonne moi-même. Qui aurait-pu croire qu'il se cachait ainsi toutes ces choses en moi ? Sa question me laisse muette. Seul résonne le bruit de ma respiration, non encore calmée, et le vent qui, toujours, passe entre nous. Je ne sais que répondre, trop choquée encore. Un but... Je secoue la tête, ouvre la bouche sans que rien n'en sorte. Et puis, soudain, je sais. Comme une évidence, qui aurait toujours été là, cachée en moi, sous toute cette colère. -Je vais devenir Ciara...

Mes yeux sont attirés par son bras. Je ne peux cacher la grimace qui monte sur mon visage. Comment était-ce possible ? Mon instinct de guérisseuse se réveilla. J'avais envie de m'approcher, de prendre son bras dans mes mains, de le toucher. De savoir comment il s'était fait ça. Et, surtout, de l'en guérir. Mais si cela avait été possible, il l'aurait sans aucun doute déjà fait. Il était de toute façon trop tard, il venait de retirer son bras de ma vue. Je ne savais comment lui répondre, et m'aperçus que, de toute manière, il n'attendait rien de ma part sur ce sujet là. Comme il m'y invitait, je m'assis sur le bois sans le quitter des yeux. Je ne savais pas ce qu'il préparait. Je l'écoutais attentivement. Comment pouvais-je ériger un mur ? Sesmots, bien que me semblant justes, me laissaient un brin perplexe. Enfin il se dévoile. Enfin je peux lire sur son visage. Il a commencé. Un instant, je jubile .Je vais pouvoir les empêcher d'entrer en moi... Mais il me fait vite déchanter. Mes mains se posèrent sur le tronc. S'y crispèrent. Je ne voulais pas qu'il lise en moi, mais qu'il m'apprenne à empêcher les gens de le faire ! Je passais de l'étonnement à lacolère. J'aurais du me douter qu'il ferait ça. Et je ne le voulais pas. Il n'avait pas le droit ! Pas plus que les autres ! Au début, je ne savais que faire. Je ne voulais pas le frapper. Je voulais juste qu'il sorte de ma tête. Et puis, me revint en mémoire tout ce que les Anciens m'avaient fait subir. Toutes ces allées et venues dans mon esprits, pour m'humilier, me montrer à quel point j'étais faible. Pour me faire peur, que j'ai honte. J'en avais assez. Assez que l'on meprenne pour une femme faible. Que l'on me traite en tant que telle. Je savais que je ne pourrais lui faire de mal, et pourtant, je me jetais tout de même sur lui. J'y jetais aussi ma rage, ma hargne. Toute la colère amassée depuis tant d'années. Je n'étais plus qu'une boule de sentiments divers dont je voulais me débarrasser. Il fallait que tout parte. Absolument tout. Il m'en donnait l'occasion, je ne voulais pas la manquer. Alors je frappais, frappais encore. Descris de rages et de désespoirs sortaient de ma bouche. Il me faisait mal, mais bientôt, tout aller cesser. Je le savais. Je le sentais.

Un rire me fit me retourner brusquement. Comment n'avais-je pas senti plus tôt sa présence ? Maintenant qu'il était en face de moi, je le sentais, presque écrasant. Je ne pu tout d'abord pas lui répondre, mon coeur battait tant dans ma poitrine que ma respiration m'en faisait presque mal. Je laissais tomber mes bras le long demon corps, essayant de contrôler mon souffle. -Je ne crois pas tellement en la distinction de ces deux magies. Ne pas pouvoir distinguer son visage ne me plaisait pas. Je ne pourrais lire sur son visage, je devrais me contenter de ses paroles. -Désespérée n'est pas le mot juste. Je veux juste que ces intrusions cessent, et je pense que vous êtes le plus à même de m'y aider. Je marquais une pause, le regardais de bas en haut. -Du moins je l'espère... Dis-je avec défi.

La missive qui me parvint en retour m'étonna. Je n'avais encore jamais vu de messages écrit sur une peau d'animal. Venant de la part d'un nécromant, j'aurais du trouver ça logique. Je tournais la missive dans tous les sens, observant le travail de la peau. Ne m'y connaissant pas en tannerie, je ne pouvais dire si le travail était bien fait. Je pouvais encore arrêter, ne pas aller au rendez-vous. Peut-être était-ce la meilleure chose à faire, trainer avec un nécromancien, pour une prêtresse, n'était sûrement pas l'idéal. Mais, à choisir, je préférais rencontrer cet homme plutôt que de continuer à vivre ces intrusions. Tout du moins était-ce que je préférais pour le moment... L'avenir me dirait si mon choix était le bon. Ne me restait plus qu'à trouver le lieu du rendez-vous. Pour cela, je parcourus Aéris, prenant garde aux divers obstacles qui barraient ma route. Il me fallu quelques temps pour y arriver. Fallait-il attendre la nuit pour qu'il se présente ? Arrivée près de la bûche, je restaisdebout, sans bouger, bras croisés sur ma poitrine, à l'attendre. Une légère crainte s'insinuait en moi, mais je me devais de ne pas flancher.

Fermer mon esprit... Ne plus laisser entrer quiconque. Ne plus les laisser entrer. Helevorn, Exoriel. Qui allait être leprochain ? Personne. Et je voulais en être sûre. ître sûre que personne ne vienne me parler par pensées, que personne ne pourrait lire en moi. Ou projeter dans mon esprit des images dans le but de me torturer mentalement. J'avais eu à le subir par le passé, et je ne souhaitais pas que cela se reproduise. Il fallait donc que je trouve quelqu'un près à m'aider, et qui soit suffisamment fort quant à cette pratique. Je ne pensais pas qu'un mage eut pu m'aider. Cela me semblait être plus du domaine de la magie noire. Il me fallait donc un nécromant. Mais qui sur ces terres correspondait à ce que je cherchais ? Je ne connaissais encore que très peu de monde. Exoriel aurait pu convenir, mais m'ayant elle même parlé de cette façon, elle ne voudrait sans aucun doute pas perdre ce pouvoir sur moi. Je devais donc me tourner vers quelqu'un d'autre. Et où pouvait-on trouver facilement des questions à la majeure partie de nos questions ? Je suis donc allée à la taverne, afin de glaner des informations, devant parfois poser des questions. Un nom était de temps à autre murmuré : Guix. Après quelques jours d'hésitation, je me décidais enfin à lui envoyer une missive. « Messire, je suis à la recherche d'un nécromant puissant qui pourrait m'aider à fermer mon esprit aux diverses intrusions que je subis. Votre prix sera le mien. Neala. » Ne restait plus qu'à attendre une réponse.

Une petite tête aux cheveux noirs dépasse d'un buisson. Elle semble dormir, aussi ne peut-elle pas voir l'homme arriver. Son visage buriné et fermé semblait peu engageant. Il tenait une pelle dans sa main droite, et se dirigeait à grand pas vers le buisson. Il regarde autours de lui, comme s'il cherchait quelqu'un. Une proie peut-être ? Ses yeux tombent sur la fillette. Impossible de savoir ce qu'il ressent en le regardant. Il semble avoir le visage figé. La petite gémi dans son sommeil. L'homme se précipite vers elle. Sa pelle tombe sur le sol dans un bruit mat. Dans la minute, il se retrouve à genoux, sa grosse main calleuse sur le front pâle. Étonnamment, il fait preuve de douceur, la caresse doucement. Son visage, enfin, se met à s'exprimer, par un sourire. La petite ouvre les yeux, qui se posent sur lui. Elle sourit à son tour, et tend les bras vers lui, accrochant ses mains sur sa nuque. L'homme l'attrape, la soulève. Il ne dit rien sur son escapade, ce n'est pas la première fois. Et puis, elle s'enfuit toujours au même endroit. S'il devait dire quelque chose, ce n'était pas à elle, mais plutôt à sa femme, qui était la cause de ses multiples petites fugues. Comment une femme pouvait-elle avoir si peu d'amour maternelle en elle ? Rien ne l'intéressait plus que sa propre personne. Il ne pouvait plus la supporter, l'amour qu'il avait un jour éprouvé pour elle s'était reporté sur leur petite fille. Il faisait son possible pour la protéger de celle qui l'avait mise au monde, mais il devait travailler pour les faire vivre, aussi ne pouvait-il pas toujours être là. Sa femme ne lui avait pas pardonné de l'emmener loin de la ville et de tout ce qu'elle aimait : les ragots, l'hypocrisie, le faste, les faux-semblant... Ici, dans ce coin retiré, elle ne souhaitait qu'une chose, repartir. Avec leur fille. Alors même qu'elle ne l'aimait pas. La petite, dans ses bras, gigotait, lui racontant sa journée, rigolant, et le regardant avec ses yeux étranges. Ses yeux qui étaient la cause du désamours de sa mère. Cette dernière en était jalouse. Comment pouvait-on être jaloux de son enfant ? Si le Dieu Unique ne l'avait pas choisi, sa femme n'y pouvait rien, et aurait du se résigner. Mais non, elle n'y arrivait pas, ne pouvait même pas l'envisager. Il yavait forcément une erreur. Comment une femme aussi merveilleusequ'elle pouvait ne pas être choisie ! Et le pire dans tout ça, se disait-elle, c'était que l'Unique avait fait une erreur. Il ne pouvait en être autrement. Sinon pourquoi aurait-il marqué sa fille à sa place ? La petite avait des yeux dorés, qui insupportaient au plus au point sa mère. Huit ans déjà. Six ans passés sans une vraie mère. L'homme souriait à la petite, fière d'elle, répétant inlassablement le prénom qu'il avait choisit pour elle. Il lui correspondait tout à fait. Son visage changea soudain d'expression. Le sourire fut remplacé par une grimace. Il posa un genou et sa fille à terre, mit sa main sur son cœur, s'enfonçant ses ongles dans la chair. Ce n'était pas la première fois qu'il ressentait cette sensation, mais jusque là, jamais aussi fort. Il regarda sa fille, qui se tenait à son genoux, un air inquiet au visage. Il se força à lui sourire, avant de s'effondrer. Après l'enterrement, sa mère, plus heureuse que jamais, pu enfin retourner en ville, trainant avec elle sa fille. Maintenant que son mari était mort, elle allait enfin pouvoir profiter de sa vie, et elle comptait bien profiter des horribles yeux de sa fille pour entrer dans les hautes sphères. Elle ne cessait de lui répéter combien ses yeux allaient les mener loin, et la petite, naïve, prenait ses paroles comme des paroles d'amour maternel. Mais l'Unique n'avait pas choisi la mère, et les Anciens du Temple allaient le lui faire savoir. Des yeux pareils, ça ne restait pas longtemps inaperçu. Elle était peut-être un peu trop âgée, mais les Anciens la convoquèrent. La venue de la mère avec la petite ne plu pas. Elle parlait trop, se comportait de manière irrespectueuse, qui eut tôt fait d'énerver. Mais la petite, elle, avait un don, c'était incontestable. Quelques jours plus tard, elle entra au Temple, afin de commencer sa formation de Prêtresse de l'Unique. Un Ancien s'approcha d'elle et se mit à lui parler. -En entrant ici, tu dois oublier qui tu étais, afin de ne te consacrer qu'au Dieu Unique. Tu dois te couper de ta vie d'avant. Entrer ici est une sorte de renouveau. Oublie tes parents, oublie jusqu'à ton nom. Ici, tu ne sera plus que Neala et rien d'autre ne devrai plus compter pour toi que l'Unique.

Chapitre 3 "“ Saut dans le vide La réponse de Tapate arriva sans attendre. Il y avait là un brin de FNOUS tout à fait semblable à ma marraine. Qui se ressemble s'assemble. 'Bonjour! Z'ai quitté Aqua il y a longtemps déjà, mais ze m'en souviens bien. C'est un pays humide, fort accueillant et lumineux. Les plages y sont de sable fin, il fait bon se reposer à l'ombre des arbres et le climat y est doux. On y rencontre beaucoup de crabes, mais ils ne sont pas dangereux d'une fois qu'on a appris à les combattre. De nombreux autres animaux aquatiques s'y trouvent. C'est probablement un endroit approprié pour toi si tu rêves de jouer dans un décor de vacances en bord de mer. En tous cas moi, qui suis un animal partiellement aquatique (un lapin-limace fille), z'ai beaucoup apprécié mon enfance sur Aqua. Ze pouvais y baver tant que ze voulais, m'y baigner dès que l'envie m'en prenait et jouer à faire des châteaux de sable !' La simple idée des plages, et surtout du sable fin, ne me fit pas grande envie. Je n'avais jamais aimé l'océan ou la mer. Voir toute cette étendue d'eau à perte de vue était pour moi plus une source de stress que d'apaisement. C'était comme si au loin, il n'y avait plus rien. Les collines, montagnes et toutes autres créations des Dieux permettaient au moins d'atténuer ce stress du vide que je sentais monter en moi. Et puis le sable, c'était un peu comme les fourmis. Ça s'infiltrait partout, dur de s'en débarrasser... Bref, désagréable. Ne me restait donc que deux options. J'avais besoin de calme pour trancher. Fimine ? Eolia ? Toutes deux m'attiraient. Le gardien me laissa passer. Pendant quelques temps, je me mis à réfléchir. Mon destin se jouait à cet instant précis. Pas de retour possible. Je passais et repassais devant les cristaux, tendue par le choix qui m'attendait et la peur de l'échec. Mais, au fur et à mesure que je passais devant l'un d'eux, je sentais que je m'apaisais. Fermant les yeux, je me postais devant le cristal, et posais ma main dessus, en toute confiance. L'Unique m'avait guidé jusqu'à elle. Eolia...

*Compte sur ses mains* Une bavouille. Plus deux. Plus quinze... Ca fait... 18 ! C'est plus que 12 Shorion est très bien vi

Chapitre 2 - Choix Je ne sais pas où je vais, mais je sais que c'est le bon chemin. Je sens l'œil de l'Unique sur moi. Mais, même si je sais que je suis là où il faut, je ne me sens pas bien. La vie ici est trop différente de celle que j'ai toujours connue. Je me sens seule, chose inhabituelle pour moi. Alors, je fais la seule chose que je sais faire : demander de l'aide à l'Unique, pour qu'il me montre la voie à suivre, et qu'il me rassure. Sa réponse me laisse perplexe. Jamais il n'avait fait les choses d'une façon aussi claire. Devant moi se tient une fée. -''Je m'appelle Shorion et serais ta marraine !'' Elle avait une façon de parler parfois assez étrange, mais je me suis rapidement pris d'affection pour elle. Grâce à ses explications, et à celles d'un homme qui se trouvait dans ce désert, je compris que j'allais devoir faire un choix cruel si je voulais continuer mon chemin. Choisir une nouvelle terre, un nouvel endroit où vivre. Alors que je voudrais seulement retrouver mon ancien chez moi. Mais cela n'est pas possible. Shorion me rassure un peu, mais j'ai peur de faire le mauvais choix. Comment choisir entre ces quatre Dieux ? Lequel me sera le plus proche ? Ne serait-ce pas trahir l'Unique ? Comment savoir ? Vers qui me tourner ? Shorion saurait-elle me répondre ? Mais l'Unique en a décidé autrement. Il me montre un homme, et me dicte de lui parler. Sans hésiter, faisant confiance en mon Dieu, je lui envoie une missive, à laquelle l'homme répond rapidement. 'Bonjour Neala, vous voici devant un choix qui va régler votre futur, effectivement, Choisir votre allégeance a un Dieu élémentaire vous marquera à vie. Ceux qui choisissent Fimine, et l'élément Terre, sont accueillis sur Terra, effectivement. Fimine est la déesse de la nature, de la vie, certains diraient même du bonheur tant les fêtes qui lui sont consacrées sont dédiées aux plaisirs. Assurément, c'est une déesse très différente d'un Vulfume, beaucoup plus agressif. Il faut savoir que les suivants de Fimine sont comparativement peu nombreux. Ceci est autant un avantage qu'un inconvénient. Je ne sais ce que vous cherchez en ce monde, peut-être pourrais-je plus facilement vous aiguiller si j'en savais un peu plus. Au plaisir de vous lire, Nadhir ' Shorion m'avait déjà parlé de Vulfume, et ses propos ne m'avaient guère plu. Au moins un Dieu de moins à choisir. Ne restait plus qu'à trouver d'autres personnes pour me parler des deux autres Dieux. Ma marraine était la personne toute indiquée pour Eolia, et fut ravie de m'en parler. 'Eolia est très très gentille. Avec elle je me laisse porter par le vent, légère comme un nuage. Notre déesse, dousse comme la caresse du vent, tendre comme un nuage moelleux. Je suis très aérienne on me dit... ze suppose ils veulent dire tête en l'air mais ça me zene pô, zaime bien avoir la tête dans les nuages pour etre près de ma déesse ' Le choix s'annonçait compliqué. Et il me manquait toujours l'avis d'un dernier disciple, que ma marraine trouva pour moi : Tapate.

Merci merci !

Chapitre 1 - Nouveau départ Une main sur mon épaule me réveille. Je vois un sourire rassuré. -"Enfin vous vous réveillez ! Vous êtes restée inconsciente de longues heures. Comment vous sentez vous ?" Je la regarde, intriguée, ne comprenant pas de quoi elle me parle. Mes yeux quittent son visage et rencontrent une toile de tente, une sorte de table, et d'autres affaires et tissus colorés. Où suis-je ? Lafemme me passe un tissus mouillé sur le visage, sans rien dire sur mon absence de réponse. -''Mon mari vous a trouvé dans le désert, et vous a mené ici. Vous pouvez rester autant que vous voulez.'' Un nouveau sourire. Mes yeux se ferment d'eux-même sans que je puisse le contrôler. Je suis fatiguée, trop fatiguée. [...] Je me réveille à nouveau, mais seule. Il fait chaud, je suis couverte de sueur. Lentement, je me redresse sur le lit. J'ai envie d'eau froide, pour que cette chaleur dérangeante me quitte. Je quitte le lit et, d'une démarche peu rassurée, et me dirige vers la sortie de la tente. Je soulève un pan de toile et porte mon autre main à mes yeux le temps de m'habituer à la lumière. Le sable sous mes pieds est chaud mais un peu désagréable. Où suis-je ? La femme s'approche de moi, semble heureuse de me voir debout. Quelques jours plus tard, je suis suffisamment en forme pour sortir comme j'en ai envie. Chaque jour, je prie l'Unique, espérant de sa part des réponses aux multiples questions qui trottent dans mon esprit. Pourquoi ne suis-je plus au temple de l'Unique ? Aurais-je fait quelque chose de mal pour que le Dieu m'envoie sur cette terre ? En attendant de trouver les réponses, j'aide le couple, mais je sens bien qu'il faudra un jour que je parte. Un soir, me voyant prier, la femme est venue près de moi, et m'a dit que, plus loin, je trouverais sans doute les réponses à toutes mesquestions. Alors je suis partie, espérant qu'elle disait vrai.

Oui c'est Shorion !