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Terre des Éléments

Commencement.


Rowan
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Tout semble vide. Les créatures s'en sont rendues compte, elles prolifèrent. Elles viennent de plus en plus près du village de Terra, comme en territoire conquis, bien qu'aucune bataille ne se soit déroulée. C'est un peu comme si tous ici s'avouaient vaincu. Schima, Minoie et les quelques autres auront beau faire semblant que non, feindre une bataille perdue d'avance, rien ne changera ici. Et ce ne sont pas les quelques êtres de passage dont je fais parti qui pourront dire le contraire.

Et pourtant, nous les aidons lorsqu'ils nous demandent de tuer quelques bêtes. Mais est-ce que ces cadavres que nous empilons changent réellement quelque chose ? Je crois que non. Mais je n'en dis rien. Pas à haute voix. Autant les laisser dans leur monde utopique. Ils ne voudraient sans doute pas m'écouter de toute façon. Ni voir ce qu'ils ont sous les yeux.

De toute façon, bientôt, et comme tant d'autres avant moi, je partirais d'ici. Et il faudra que cela se fasse sans l'ombre d'un regret.

On n'avance pas avec des regrets...

Comment font-ils pour vivre ainsi ? Rester, et voir sans cesse des gens partir. Des gens qu'ils ont appris à connaître. Lina, Aristide, et les autres résidents de la ville. Comment font-ils... Je n'ose imaginer la déchirure que chaque départ doit causer.

Certains diraient sans doute que ce qu'ils ont partagé pendant quelques semaines ou mois avec ces gens de passage valait la peine de souffrir en les voyant partir.

Je ne peux pas. Peut-être cela me fait-il rater nombre de choses, mais je ne peux pas. Alors je passe, comme une ombre. Je me fais silencieuse, toujours une cape sur le visage lorsque je ne peux faire autrement que d'aller vendre certaines choses, en acheter d'autres, afin de ne pas me lier. Pour ne pas avoir à souffrir ensuite. Pour ne pas hésiter au moment où je devrais partir. Pour ne pas regretter de les laisser derrière moi.

Tout est calme. Mon arc est calé dans mon dos. Je me glisse entre les arbres et les buissons, veillant à ne pas faire de bruit. J'ai trouvé une vieille dague il y a quelques jours, non loin de là où les loups se retrouvent pour crier à la lune. Sans doute quelqu'un qui voulait ramener une de leur peau au village, revenir en héros. Mais il n'y a rien eu. Toujours le même calme depuis que je suis ici.

Je n'avais jusque là jamais essayé d'attaquer avec autre chose que mon arc, mais maintenant que j'avais trouvé la dague, il en allait autrement. Elle me semblait parfaite. Faite pour ma main de femme. Les proies ne manqueraient pas pour étrenner cette nouvelle acquisition...

Pourtant, étrangement, plus je m'enfonce dans la forêt, plus je me rends compte de l'absence inhabituelle des bruits des créatures qui y vivent. Un silence, non pas de mort, mais de peur..

Elles sont revenues...

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Elles sont trois. L'une me tourne le dos, les deux autres, âgées, pourraient très bien me voir si elles levaient les yeux. Je m'avance, ne sachant pas ce que je cherche à faire, la dague serrée entre mes doigts. Je contourne la femme de dos, me rend compte qu'elle est bien plus jeune que les deux autres, même âge que moi je dirais.

Leurs regards sont tous ouverts, regardant je ne sais trop quoi. Voient-elles réellement ce qu'il se passe ? J'en doute. Elles ont l'air ailleurs.

Je tourne sur moi même, les observe, partagée entre l'envie de fuir, et l'envie de les faire stopper tout ça. L'une des deux vieilles lève soudain les yeux vers moi, manquant me faire faire un bond en arrière tant cela me surprend.

Un sourire monte à son visage.

Elle se moque de moi ! Elle ose ! Une vague de rage se répand en moi. Je m'approche d'elle, serrant plus fort le poignard. Son sourire ne fait que grandir, ses yeux, à nouveau ici, se font rieurs.

-Je sais que tu ne veux pas tuer.

Mes sourcils se froncent à ses mots. Comment peut-elle le savoir ! Derrière moi, les deux autres continuent de psalmodier, de plus en plus fort me semble-t-il. Je ne comprends toujours pas le sens de leurs paroles, et cela m'énerve.

-Ne pas vouloir ne dit pas ne pas savoir.

Ma voix, à peine plus forte qu'un murmure, s'entend à peine avec le bruit que les deux autres font. Et pourtant, à voir la lueur d'étonnement qui passe dans les yeux de la vieille, elle m'a entendu. Et, sans plus réfléchir, d'un geste vif, je passe la lame contre sa gorge. Un étrange gargouillis s'en échappe. Suivi d'un cri déchirant et aigu, dans mon dos.

J'ai le temps de voir le sang s'échapper de la blessure que je viens de lui causer, avant de me retourner et de voir que le cri provient de la plus jeune des trois.

Ses yeux sont posés sur le corps sans vie derrière moi. Sa bouche est encore ouverte sur le cri qu'elle vient de pousser. Elle bouge d'avant en arrière, le visage tourmenté par la vue qui s'offre à elle.

Je contourne alors le feu, le mettant entre elle et moi. Qui sait ce qu'elle serait capable de me faire afin de venger son amie ?

La dernière femme semble se moquer complètement de ce qu'il se passe. Elle continue ses marmonnements horripilants.

Il faut qu'elle se taise !

Je vais vers elle. La tuer, comme l'autre ? Il faut pourtant qu'elle me dise ce qu'elles voulaient invoquer, et je doute que l'autre, sanglotant comme elle le fait, puisse aligner quelques mots. Je lève alors ma main gauche, et la gifle fortement. Sans doute trop. Elle a l'air d'être une poupée de chiffon. Elle tombe sur le côté, et un bruit horrible se fait entendre lorsque sa tête rencontre une des pierres au sol.

Elle ne fait plus aucun mouvement. Un instant, j'attends. Elle va se relever. Elle doit faire semblant. Mais il ne se passe toujours rien. Alors je la pousse du bout du pied, pour voir.

Elle retombe sur le dos, le front en sang.

Je pince mes lèvres, soupir. Puis hausse les épaules. Je n'ai pas fait exprès. Sans doute le destin. Je m'en moque de toute façon.

Je me tourne vers la jeune, qui a les yeux maintenant tourné vers moi. Ou plutôt, sur ma dague. Elle ne cri pas, pleure en silence. Son corps n'est plus secoué de sanglots. Je me demande si elle pense que je vais la tuer.

Je lève un peu ma main droite, tenant la dague, afin d'être sûre que c'est bien celle-ci qu'elle regarde. Sa réaction me surprend, mais me fait comprendre que j'ai raison. Sa voix est grinçante, plus aiguí« encore que son cri.

-C'est mon athamé !

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Me voilà surprise. Mais que raconte-t-elle donc ?

-Je ne vois pas de quoi tu parles.

Et je m'approche d'elle à grands pas. Il faut partir d'ici. Le sang va attirer nombre de bêtes, et peut-être même des hommes. Je préfèrerais être loin quand cela arrivera.

Toute volonté semble avoir désertée la petite. Elle se contente de garder les yeux posés sur ma dague, hébétée. Je la giflerais bien pour lui remettre les idées en place, mais après ce qu'il s'est passé avec la vieille...

Je me contente de l'attraper par les cheveux, et de la secouer.

-Debout. On s'en va.

Mais cela n'y fait rien. Elle reste là, comme une idiote. Et ça commence à m'énerver. La patience, ce sera pour une autre fois. Je me baisse, range la dague dans ma botte et la force à se mettre debout.

Son regard se pose sur mon visage, elle ouvre la bouche. Je lève les yeux au ciel, redoutant un nouveau cri et la saisie vivement par la main, l'entrainant derrière moi. Heureusement, elle se contente de m'emboiter le pas, et sans tomber. Je l'aurais trainé s'il l'avait fallut, épaisse comme elle est, elle doit pas être lourde.

Je marche à pas vif entre les arbres, ne sachant pas tellement où aller. Et manque trébucher, lorsque je sens l'autre main serrer la mienne. Ne devrait-elle pas plutôt se débattre, chercher à se libérer ? Tout en continuant de marcher, je lui jette un regard. Et croise le sien. Elle a toujours cet air perdu, mais ne pleure plus au moins.

Je détourne le regard, ralenti un peu l'allure. Plusieurs fois, je l'entends commencer une question, mais la fin se perd dans le vide. Autant dire que ça m'arrange. Je ne veux pas entendre ce qu'elle a à me dire. Je veux juste trouver un endroit où je pourrais lui demander ce qu'elles faisaient.

Elle trouve enfin ses mots. Me demande qui je suis. Je me retourne brusquement, retire brutalement ma main de la sienne et la pousse contre un arbre, une main contre son cou. Je vois une ombre de peur passer sur son visage.

Ne te remets pas à pleurer...

-Qu'est-ce que vous faisiez là-bas ? C'était quoi le sens de vos paroles ?

Ma voix s'est faite plus hargneuse que d'habitude. Je n'arrive pas à me contrôler. Pourtant, si je veux qu'elle me réponde, il va le falloir... Alors je me force, et ma main descend un peu, cessant de serrer son cou.

Elle tremble, ouvre la bouche et la referme. Va-t-elle parler oui ?!

-Je ne sais pas ! Je vous jure que je ne sais pas !

Les larmes coulent à nouveau sur mes joues et, autant sa main serrant la mienne aurait pu m'émouvoir, autant ses larmes me dégoutent, m'énervent plus encore.

-Tu te moques de moi ?

Mon cri résonne dans la forêt. J'ai envie de la secouer et pourtant je me recule d'un pas, serrant mes poings. Lui faire du mal ne servirait à rien, à par à la refermer plus encore sur elle-même.

-Je vous jure que je ne sais pas !

Sa voix est entrecoupée de sanglots. Elle se laisse tomber à terre et reste prostrée à mes pieds. Un moment, le silence se répand entre nous. Je reste là, à la regarder, me calmant doucement.

-Tu ne me feras pas croire que tu étais là-bas, avec ces sorcières, à psalmodier sans comprendre un traitre mot à ce que tu disais, ni sans savoir pourquoi tu le faisais !

Sans me regarder, elle bouge la tête de gauche à droite.

-Elles m'ont dit... Elles m'ont juste dit de venir... De faire comme elle. Je ne savais pas ! Elles.. Elles avaient besoin d'être trois, mais elles ne trouvaient personne...

Je n'écoute pas la suite de ses paroles, me passe une main sur le visage, les yeux fermés. Je n'arrive pas à y croire...

Sans jeter un regard à la fille toujours prostrée à terre, je pars sans bruit.

Lorsque j'estime avoir mis assez de distance entre elle et moi, je lâche un cri de rage. J'y étais presque... J'allais enfin savoir ce qu'il se passait !

J'allais enfin...

Mon regard se tourne vers le ciel. Un soupir s'échappe de mes lèvres.

Non loin, la femme prostrée se redresse, essuie ses larmes. Ses épaules semblent secouées par des sanglots. Mais non, elle ne pleure pas. Un rire se fait entendre dans la forêt. Elle se relève, époussette sa robe d'un air distrait, un sourire satisfait aux lèvres. La seule chose qui la chagrine dans toute cette histoire, c'est que ce soit cette idiote de chasseuse qui ait son athamé...

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