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Terre des Éléments

Devant la Porte


Luxiya
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Journée étouffante...

Le soleil dardait ses rayons sur la terre, comme si il nourrissait une certaine rancune contre l'un de ces habitants terrestres. De même, une guerrière d'aqua pestait silencieusement contre l'astre du jour dont la chaleur excessivement harassante minait les forces. Elle rêvait d'une gorgée d'eau bien fraîche ou encore d'une plongée dans un cours d'eau. Avec amertume, elle se rappela qu'elle aurait put satisfaire sa soif si elle n'avait perdu sa gourde dans sa fuite. Maudit guerrier. Son être tout entier soupira à cette pensée. Se secouant, elle s'encouragea à continuer sa marche dans le désert. Cependant, au fur et à mesure qu'elle avançait, ses forces faiblissaient de plus en plus. Finalement, ses jambes refusèrent de la porter plus loin, entamant une grève de la fatigue. Sa vue se brouilla et elle s'effondra sur le sol sableux.

Combien de temps avait elle été inconsciente? Elle ne pouvait le dire avec exactitude. Les paupières encore closes, elle sentait une brise fraîche la caresser. Le jour tombait sans doute déjà. Elle ouvrit les yeux. Avec étonnement, elle constata qu'elle ne reconnaissait pas le lieu où elle se trouvait, ni les alentours, le paysage ne lui était vraiment pas familier. Non loin, des bâtiments se profilaient, peut être qu'elle y trouverait quelqu'un pour la renseigner.

Au bout de quelques mètres, elle approcha de quelques maisons, mais pas âme qui vive dans les environs. Surprise, la guerrière arrêta son exploration et continua son avancée vers les bâtiments aperçus tout à l'heure en espérant que eux au moins présenteraient un signe quelconque d'activité humaine. A son arrivée, elle se trouva confronter à une imposante porte. Malgré ses appels, elle n'obtint aucune réponse. Déçut, elle finit par s'exclamer:

-Mais c'est un cimetière ici??!!!

Avec rage, elle envoya un coup de pied contre la porte qui résonna sinistrement, mais elle n'en avait cure. Elle se trouvait dans un endroit inconnu et il ne semblait y avoir personne pour la renseigner. Pourquoi diable à elle toutes ces mésaventures?!

Modifié (le) par Luxiya
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L'Euf l'observait dans l'ombre d'une maisonnette.

Quelle que soit la raison de la présence de ce corps inerte au milieu de la place, il était déterminé à ne pas s'en mêler. Ses nouveaux compagnons étaient des êtres sombres et silencieux dont les réelles motivations lui étaient encore inconnues, mieux valait rester prudent. Il se mit à chercher une ombre dans les environs, un Gardien attendant le réveil de sa captive mais il était difficile de voir sans être vu et il estima qu'il valait mieux garder un œil sur la pauvre fille.

Le soleil tombait et la guerrière ne bougeait toujours pas. Accroupi dans son coin, l'Euf commença à se demander s'il ne valait pas mieux rentrer. Il avait mal partout à force d'attendre immobile et la douleur devenait insupportable. Enfin ! Il lui semblait la voir bouger. Il changea de position, se penchant en avant pour observer la scène. La bouche à demi ouverte, il balaya des yeux les environs une nouvelle fois ; toujours personne. Son regard revint se poser sur l'inconnue qui se relevait péniblement comme si elle avait reçu un bon coup de masse sur la tête. Son armure était pourtant intacte, et elle non plus ne semblait pas comprendre ce qu'elle faisait là.

Déjà elle reprenait ses esprits et se dirigeait vers les maisons, et le jeune guerrier dû réagir vite pour reculer dans l'obscurité. Heureusement pour lui, elle ne fit qu'un vague tour sans arrêter son regard dans la direction où il tentait de se cacher. Il s'autorisa à reprendre son souffle lorsqu'enfin elle fixa son attention sur la lourde porte. Lorsque les battements de son cœur arrêtèrent de résonner dans ses oreilles, il pu l'entendre crier, appeler à l'aide peut-être. La curiosité reprit le dessus, et il reprit sa position dans l'angle du mur au moment même où elle mettait un coup de pied dans la porte sacrée.

Fallait pas faire ça... se dit-il.

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L'écho plaintif de la lourde porte se répercuta dans le silence environnant et s'évanoui progressivement. La colère de la jeune fille contre la malice du destin la faisait trembler. Dans un geste qu'on aurait pu considérer comme désespéré, elle agrippa les poignets de la lourde porte, s'y accrochant comme à une ancre la maintenant sur terre. Progressivement, elle se calma. Ses sens reprit, elle regarda de nouveau autour d'elle. Après tout, si ces bâtiments avaient été construits, il devait bien y avoir quelqu'un pour les entretenir, puisqu'ils ne semblaient pas être abandonnés.

Au bout d'un moment, elle se rendit compte d'une présence. Depuis quand était il là? Dans son accès de panique, elle avait été fermée aux ondes autours d'elle. Mais à présent, elle sentait la présence de quelqu'un. Il ou elle ne devait guère être plus fort qu'elle, cette personne ne représentait donc pas un danger, mais prudence était de mise. Se concentrant, elle finit par le localiser. Il était là, caché dans l'ombre d'une bâtisse, à quelques mètres.

Sans s'attarder dans son observation, elle prit la direction opposée afin de se cacher à la vue du jeune homme. Avec précautions, elle revint sur ses pas en se dirigeant vers lui. Le jour déclinait, et les ombres offraient plusieurs cachettes favorables. La silhouette calme de l'inconnue la rassurait sur le fait qu'elle ne s'était pas fait repérer. Lorsqu'elle ne fut qu'à quelques pas, elle l'interpella:

-Qui est tu et pourquoi m'espionnes tu?

Pris par surprise, il fit volt face et fixa Luxiya avec un léger étonnement. A présent qu'elle était plus près de lui, elle l'examina discrètement. C'était un guerrier d'Aeris et à juger son équipement, il venait fraîchement de débarquer. Ses cheveux étaient en batailles et la majorité retombaient sur son visage, cachant à la jeune fille son regard. Avec un sourire, elle pensa qu'elle aurait bien aimée les écarter, après tout, c'était dans les yeux de quelqu'un qu'on pouvait en apprendre plus sur lui.

Silencieux, ils se dévisagèrent et se jaugèrent...

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Surpris, il retomba sur les fesses, un peu honteux de s'être fait prendre comme un débutant.

A la surprise succéda vite l'angoisse, celle d'avoir sans doute perturbé les plans d'un de ses compagnons d'armes. Son visage était brulant d'embarras mais il se releva avec contenance, dépoussiérant son pantalon sans la regarder franchement. La bonne nouvelle était que personne n'avait encore manifesté sa présence. Peut-être étaient-ils vraiment seuls. Il l'espérait pour lui, mais aussi pour elle qu'il avait eu le temps d'observer ces dernières heures.

Ne pouvant plus feindre l'indifférence, il leva les yeux vers elle. Les derniers rayons du soleil s'éteignaient une à une, et il fut reconnaissant pour cette pénombre qui le protégeait du regard inquisiteur de l'intruse. Elle souriait, ce qu'il jugea inapproprié en cet instant. Faisait-elle si peu de cas du danger qu'elle encourait à demeurer en ce lieu ? Il se demanda une fois encore où les autres pouvaient bien se trouver. Il lui fallait gagner du temps.

Je ne t'espionne pas puisque je suis ici chez moi.

Conscient de son manque d'expérience, l'Euf restait sur ses gardes. Il ne savait jamais trop à quoi s'en tenir et passait plus de temps à fuir la compagnie des gens qu'à se mêler à eux. Quand bien même il venait à les côtoyer, son esprit était ailleurs. La vie parmi les Gardiens lui convenait donc parfaitement. Pas de faux-semblants ni de regards complices. Liés par un devoir commun, ils se regardaient sans se voir. Cependant, cette étrange apparition venait bouleverser cet équilibre avec son sourire.

Que fais-tu là ?

Modifié (le) par Euf
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Reprenant contenance, le guerrier répondit. Il était donc ici chez lui... Etait il seul? Ce domaine était bien trop vaste pour quelqu'un qui était seul et aussi jeune, ils devaient avoir le même âge.

Que fais-tu là ?

Question pour question...

Il était à présent difficile pour la guerrière de se débarasser de son sourire, était ce un tique nerveux? Non, elle s'amusait vraiment de la situation, à croire que les difficultés lui procuraient satisfaction. Etrange lubie. Le proximité d'âge entre elle et l'aéris la mit un peu en confiance. De plus, il ne semblait pas avoir de lien avec sa déportation.

-Moi aussi j'aimerais bien savoir ce que je fais ici. Et en parlant du lieu, où suis-je?

La surprise se lisa un instant sur le visage du jeune homme, enfin ce qu'elle pouvait en voir. Se rapprochant de lui, elle souleva les mèches qui lui masquait le haut de son visage:

-Tu devrais les tailler un peu, on ne voit presque rien. Au fait, tu ne m'as pas dit qui tu étais, moi on me nomme Luxiya, et toi?

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Etait-ce une technique d'intimidation ? Quoi qu'il en soit, l'Euf perdit le peu d'assurance qu'il lui restait lorsqu'elle lui dégagea le visage d'un revers de la main. Elle n'avait pas peur. Elle aussi avait compris que personne ne viendrait. Lui qui d'ordinaire faisait peu de cas de la présence de ses compagnons maudissait à cet instant leur absence. Ses oreilles étaient écarlates et lui brulaient malgré la douce brise. Les mots qu'elle prononça alors résonnèrent comme de lointains échos dans sa tête. Elle le regardait mais il ne fixait que ce sourire. Ce sourire qui, selon lui, avait vaincu de manière déloyale.

Il ne lui fallu que quelques secondes pour reprendre ses esprits mais lorsqu'il recula enfin, il eut l'impression désagréable d'être resté trop longtemps spectateur. Que feraient les autres ? Il n'en savait rien. L'attaquer serait inutile et ses intentions semblaient pacifiques. Il n'avait d'autre choix que de lui répondre en espérant que quelqu'un arrive enfin ...ou qu'elle se décide à rentrer chez elle.

Mon nom est Euf, et tu es ici chez les Gardiens de la Porte. Celle que tu as outrageusement attaquée à ton réveil.

Il prononça ces mots calmement mais son regard était redevenu méfiant. Il lui semblait important de comprendre. Si aucun de ses compagnons d'armes n'avaient ramené cette guerrière ici et qu'elle ne semblait pas plus au courant que lui...

Personne ne vient jamais ici, continua-t-il.

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Elle remarqua l'embarras du guerrier, aussi éloigna sa main de son front. Elle avait été trop directe, fâcheuse habitude dont elle devait essayer de se débarrasser.

Des réponses que lui fournit l'aéris, elle n'en retint premièrement que son prénom: Euf. Etonnée, elle se le répéta plusieurs et sentit un fou rire la gagner lorsqu'elle murmura sans le faire exprès:

- Omelette?

Ne voulant pas le blesser, elle se retint de rire. A la place, elle se sentit rougir devant son manque de tact, aussi se concentra sur la suite des paroles du guerrier. Ainsi il faisait parti des Gardiens de la Porte, sans doute celle à qui elle avait fait part de ses sentiments du moment. Elle senti la méfiance du gardien s'éveiller à son égard, aussi de justifia t-elle:

-Je m'excuse d'avoir tapé sur cette porte, j'ignorais qu'elle avait une certaine importance.

Un silence s'installa. Fatiguée des derniers évènements, la jeune fille s'assit contre le mur de la bâtisse. Elle se sentait de nouveau perdu, la réalité de sa situation l'ayant de nouveau envahi. Comment allait elle pouvoir rentrer sur Melrath Zorac? En cet instant, la ville lui manquait. Elle replia ses jambes contre elle et croisa les bras sur ses genoux pour y loger son menton:

-J'aimerais moi aussi savoir comment je suis arrivée ici, j'aimerais retourner là où j'étais, quitte à me retrouver sous ce soleil brûlant...

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Encore une qui se moquait de son nom. Cela devenait une habitude. Loin de le vexer, ces remarques l'intriguaient. Là d'où il venait, les choses étaient différentes. Certaines images lui revinrent, des souvenirs de la cérémonie au cours de laquelle son nom fut invoqué et offert à lui. Il balaya ces images ; c'était une autre vie, un autre temps.

... j'ignorais qu'elle avait une certaine importance.

Il baissait encore sa garde. Lui non plus ne connaissait pas la réelle importance de cette porte. C'était un secret bien gardé par l'organisation et il n'en était qu'un Gardien. Elnino n'abordait jamais ce sujet avec l'Euf, et Vorac, et bien... c'était Vorac. Un nom et un visage. Il l'apercevait parfois, mais c'est de la bouche d'étrangers que la jeune recrue entendait le plus parler de son Général. Il faut bien que les gens parlent, mais lui n'écoutait plus vraiment.

J'aimerais moi aussi savoir comment je suis arrivée ici, j'aimerais retourner là où j'étais, quitte à me retrouver sous ce soleil brûlant...

La nuit était tombée et il regarda un instant ces longs cheveux bleus, se demandant si la nuit avait un quelque rapport avec l'humeur radicalement changée de la jeune fille. Recroquevillée contre le mur, elle n'avait plus rien de l'exubérante insolente qui l'avait agacé toute l'heure.

Peut-être pourrais-je te raccompagner jusqu'à la ville...

Il ne savait si ses Généraux approuveraient qu'il guide une étrangère, lui révélant par là même le chemin de leur demeure, mais il lui suffirait de se taire. Ne rien leur dire.

Ils n'avaient qu'à être là.

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Prostrée, Luxiya s'en voulait de se laisser aller ainsi. S'abattre n'était pas la solution, espérer offrait une porte de sortie. Pourtant, malgré tout ces sermons, elle ne bougeait toujours pas, figée dans son abattement.

Lorsque le gardien lui proposa de la ramener, elle sentit son angoisse s'évanouir, la glace de sa peur fondre. Lui accordant un sourire reconnaissant, elle se leva :

-Oui je veux bien, s'il y a une possibilité de quitter cet endroit.

Le calme de son compagnon la fit rougir sur sa propre attitude défaitiste du moment. Se jurant de ne plus recommencer ainsi, elle changea de sujet et ajouta :

-Et aussi si cela ne te posera aucun problème...

Même si Euf n'avait dit ouvertement qu'il avait des compagnons, la guerrière se doutait bien qu'il n'était pas le seul "˜'gardien'' de cette fameuse porte et elle ne voulait pas lui causer d'ennuis. Sortant de l'ombre de la bâtisse, elle attendit que son compagnon lui montre le chemin et réponde.

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L'Euf s'éffaça pour la laisser passer, lui désignant vaguement la direction à prendre. Pour plus de discrétion, le camp des Gardiens n'était bordé que de grands arbres, délimité par aucune clôture ni aucun sentier, de sorte qu'il ne soit trouvé que par mégarde. Et malgré les risques, le jeune guerrier lui avait indiqué la route la plus directe. Plus vite elle sortirait de là, plus vite il retrouverait une tranquillité d'esprit. Une idée soudain lui traversa l'esprit alors qu'ils approchaient des bois.

Et s'il s'agissait d'une épreuve ?

Il jeta un dernier coup d'œil par-dessus son épaule avant de franchir la frontière invisible. Tout en marchant, il repensait à ses compagnons qu'il connaissait peu. Il imaginait leurs regards accusateurs et en ressentait une légère culpabilité. Il avançait silencieusement aux côtés de cette étrangère mais dans son esprit, il rassemblait ses arguments, les classait par ordre logique et préparait son discours. Au cas où.

Elle non plus ne parlait pas, et cela arrangeait bien l'Euf qui tentait de minimiser son acte. Ne pas lui parler c'était prétendre qu'elle n'était pas vraiment là. Il avait l'habitude.

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Sans répondre, l'aeris lui indiqua le chemin à suivre. Respectant son silence, Luxiya lui emboîta le pas. Au bout de quelques minutes, ils pénétrèrent dans une forêt.

Ayant les idées à présent plus claires, la guerrière profita de leur mutisme respectif pour réfléchir plus calmement à ce qui lui était arrivée. En somme, ce qu'elle aurait dû faire depuis un moment déjà. Mais elle avait beau y réfléchir, elle ne trouvait rien parmi ses activités de la journée qui aurait pu provoquer ou lui fournir un indice sur son déplacement vers ce lieu. Se pourrait-il que sous l'effet de la chaleur et de la soif elle se soit déplacée jusqu'ici par elle même? Non, impossible. Alors quelqu'un l'avait il transporté jusqu'ici, mais dans quel but si il en était ainsi? Les scénarios étaient trop peu probables à ses yeux. Alors, si elle ne pouvait se fier à aucune des ces deux théories, il ne lui en restait plus qu'une: les dieux devaient vraiment s'ennuyer sur leur petit nuage pour avoir à la téléporter d'un endroit à un autre. En tout cas, si c'était l'oeuvre d'une intervention divine, elle avait là une preuve que les dieux ne faisaient pas que des miracles et si cela les amusaient, pour sa part elle s'en serait passé.

Décidant finalement qu'il lui faudrait plus qu'une réflexion pour trouver réponse à ses questions, elle reporta son attention sur le présent. La forêt était plutôt calme, sans doute en raison de l'heure tardive. Avec une petite fierté futile, elle ne put s'empêcher de penser que la forêt des Constellations était bien plus belle et accueillante. Mais ce n'était qu'un avis personnel après tout.

Elle observa du coin de l'oeil son compagne toujours aussi perdu dans ses réflexions. L'ombre des arbres ajouté à ses cheveux qui cachaient une partie de son visage et son air absent lui donnait un air bien mystérieux, presque adulte. Bien différent en tout cas de son embarras de gamin lorsqu'elle avait écartée ses mèches. Elle eut un sourire amusée à ce souvenir et reporta son regard devant elle. Il s'était présenté comme étant un Gardien de la Porte, ou étaient donc ses compagnons? C'était une bonne question qu'elle formula à haute voix:

-Dis-moi, où sont donc passés les autres gardiens, tes compagnons? Car à mon avis, tu ne dois pas être le seul.

L'interrogation fut lancée, mais plus par envie de briser un silence devenu trop pesant, que pour assouvir une curiosité quelconque...

Modifié (le) par Luxiya
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Je ne sais pas.

Il avait répondu d'un air détaché. A vrai dire, il n'avait pas réfléchi et avait répondu mécaniquement à une question qu'il se posait lui-même depuis des heures. Le son de sa voix le sortit de ses réflexions et il regarda Luxiya pour la première fois depuis qu'ils avaient quitté le camp. Encore ce sourire. Elle était très différente des personnes qu'il côtoyait au quotidien mais une pensée lui vint presque aussitôt ; il se rappela qu'elle était comme les autres, ceux qu'il ne voulait pas connaître. Elle n'était pas différente de ceux-là. Et pourtant, sa présence ne l'ennuyait pas.

C'est très bizarre, poursuivit-il, ramenant son regard sur les ombres dansantes des grands arbres alentours. Peut-être sont-ils sortis...

Il avait dit cela pour la rassurer. L'Euf n'y comprenait plus rien mais il ne voulait partager ses interrogations en cet instant. Sa journée aurait été semblable aux autres s'il ne l'avait pas trouvé. Il essayait de se persuader que ce n'était qu'une coïncidence, qu'il avait l'habitude de ne croiser personne durant des jours entiers, qu'il y avait une explication rationnelle à tout cela.

Cependant, ses anciennes croyances lui revenaient avec force. Il tentait de les réprimer, mais elles résonnaient de plus en plus fort dans son esprit, comme déterminées à ne pas se taire. Elles criaient triomphalement qu'il avait eu tort de se détourner d'elles, qu'elles détenaient la réponse et qu'il devait abandonner. Se laisser aller à Croire de nouveau et à délaisser cette Eolia. Mais lui, l'Euf, n'était pas prêt. Il repoussa avec rage ces voix qui se turent presqu'instantanément, rétablissant un silence menaçant dans son esprit.

Ce n'était qu'une coïncidence. Il se répéta ces mots plusieurs fois en accélérant le pas.

Suis-moi. Nous devons faire vite si tu souhaites rentrer avant le lever du jour.

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-Je vois...

Étrange groupe. Chez les constellations, même si les allées et venus des membres n'étaient pas surveillées, ces derniers laissaient par acquis de conscience la possibilité de les joindre au cas où. Il devait en être ainsi dans toutes les factions et autres groupements, mais ici cela semblait être différent. Ses compagnons d'armes avaient-ils disparus, où s'étaient-ils juste absentés sans se soucier de prévenir qui que ce soit? Elle jeta un coup d'oeil à l'aéris et se demanda à quoi il pouvait bien penser, mais l'expression sur son visage en disait long. Après l'avoir raccompagnée, il ira sûrement à la recherche d'informations sur ses compagnons.

Suis-moi. Nous devons faire vite si tu souhaites rentrer avant le lever du jour.

Elle acquiesça d'un hochement de la tête et accéléra le pas. Si elle tenait compte de ce qu'il venait de dire, ils avaient une longue distance à parcourir, mais assez courte pour qu'elle puisse être effectuée en quelques heures. Elle était donc aux alentours des terres de Melrath Zorac. Cette déduction lui procura un immense soulagement, tout en lui faisant ressentir une légère honte pour son abattement de tout à l'heure. La densité des arbres lui indiqua qu'ils devaient être entrain de traverser présent le coeur de la forêt. En cet instant, elle s'estima heureuse que le guerrier soit là pour la guider, elle aurait sûrement mis un temps fou à trouver une sortie dans tout cet encombrement végétal. La forêt des Constellations lui était familière, elle y était chez elle, mais ici elle était en terre étrangère.

Elle buta soudain contre une racine d'arbre et se rattrapa en s'accrochant à son compagnon. Gênée, elle marmonna une excuse. Lâchant le bras d'Euf, elle demanda:

-Lorsque tu m'auras ramené, tu t'en iras pour ne plus réapparaître?

... Je veux dire, est ce qu'on se croisera de nouveau?

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Attent"”, lâcha-t-il plus à lui-même qu'à la jeune fille qui s'accrochait désormais à son bras.

Sans la présence du tronc contre lequel il s'était cogné l'épaule, elle l'aurait entrainé dans sa chute. Ils restèrent un moment immobiles, s'assurant que tout allait bien, et elle laissa échapper ce qui sembla être une excuse avant de se relever. Elle semblait fatiguée, chose dont il ne s'était pas soucié auparavant. Les évènements de la journée avaient du la vider de toute énergie et l'Euf se reprocha d'avoir voulu presser le pas.

Elle avait ouvert la bouche pour parler et les mots qu'elle prononça l'embarrassèrent de nouveau. La guerrière sembla remarquer son air décontenancé puisqu'elle reformula vite sa demande, mais le jeune homme n'aimait pas les questions. Comment pouvait-il lui répondre ? Il hésita un instant. Il n'aimait pas non plus les regards insistants mais elle ne détachait pas les yeux de son visage.

Sans doute oui...

Il évitait de croiser son regard mais elle se tenait beaucoup trop près de lui pour qu'il ne perçoive pas ses yeux brillants le fixer. Il frotta machinalement son épaule encore douloureuse en se demandant dans quoi il s'était embarqué.

Veux-tu faire une pause ?

Profitant de sa question, il s'éloigna de quelques pas l'air de regarder si les lieux étaient propices à un arrêt.

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Elle sentit l'hésitation du guerrier à lui fournir une réponse, mais elle insista du regard. Une petite voix au fond d'elle lui souffla avec taquinerie qu'elle semblait espérer une réponse favorable, mais Luxiya l'écarta.

Sans doute oui...

Veux-tu faire une pause ?

Le soulagement qu'elle ressenti n'était cependant pas à nier. Elle y réfléchira plus tard, pas maintenant. Ils étaient plus proche l'un de l'autre qu'elle ne l'avait pensée. Une nouvelle gêne l'envahi et elle recula légèrement lorsqu'il s'éloigna de quelques pas. En le regarder frotter son épaule, elle se demanda si la douleur était forte ou non, mais n'osa pas lui demander, préférant éviter d'avoir l'air de trop s'en faire pour lui. A la place, elle s'excusa de nouveau:

-Pardon, j'accumule les gaffes, j'espère que tu n'as pas trop mal.

Avec un sourire taquin, elle ajouta:

-Et je peux encore avancer, je ne suis pas une faible femme. Sortons d'abord de cette forêt, je suppose qu'on aurait fait ainsi une bonne partie du chemin, on pourra alors prendre un peu de repos.

Aller avance.

Elle ajouta ces derniers mots avec un rire et joignant le geste à la parole, elle le poussa en avant avec douceur. En parlant de "faible femme", elle s'était rappelée de Naxorm, sans doute aurait il relevé l'allusion si il avait été là. Cette pensée fit durer son sourire. Elle se sentait un peu trop confuse et penser à autre chose était soulageant. Par contre, elle regretta de ne pas avoir accepté la pose, mais tenu bon sans broncher. Euf quant à lui se remis en marche sans rien ajouter mais ralenti l'allure, ce dont elle lui fut reconnaissante.

Au bout d'un long moment, qui sembla être une éternité pour la jeune fille, ils sortirent du bois. Avec un soupir, Luxiya murmura:

-Enfin...

Elle se sentait lasse, mais son esprit était encore éveillée. Elle n'était donc pas trop fatiguée, mais un peu de repos n'était pas de refus. Sans plus de façon, elle s'étira et s'assit à même le sol. C'était dans ces moments là que l'on trouvait le sol, quel qu'il soit, accueillant. Remarquant que l'aéris était resté debout, elle lui demanda:

-Tu vas rester debout comme une statue? Tu devrais t'asseoir, même si tu n'es pas fatigué tu économiseras tes forces.

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...j'espère que tu n'as pas trop mal.

Il la regardait pendant qu'elle parlait et cessa instantanément ce mouvement. Bien sur que non, il n'avait pas mal ! Ce n'était qu'un tronc, et lui... et lui. Qu'était-il ?

Cette question ressurgissait des profondeurs de son esprit. Lorsqu'il y pensait la nuit, dans la nuit noire de la pièce où il couchait, il lui semblait que les questions n'étaient pas que dans sa tête. Il sentait leur présence physique comme des corps sortant de terre. Alors il tentait de vider son crâne, de renvoyer ces êtres dans la tombe qu'il leur avait creusé...

Mais il n'était pas seul cette nuit. Il ne faisait pas si noir.

Il ressentit une chaleur agréable lui traverser tout le corps.

L'Euf ne pensait plus à ses démons. Ils resteraient tapis dans l'ombre, patients comme toujours, dans l'attente d'une meilleure occasion.

Mais lui, n'y pensait déjà plus.

Il avançait, comme elle l'avait demandé.

Il aimait marcher.

Cette escapade loin du camp lui faisait le plus grand bien, et à chaque pas il distançait un peu plus ses frayeurs. Il les avait semées une à une sans vraiment les affronter mais ne se faisait pas d'illusion. Bientôt il referait la route à l'envers. Et bientôt il se pencherait pour les ramasser une à une. Il en aurait besoin pour retrouver son chemin. Cependant il n'y pensait pas. Il pensait au fait qu'il aimait marcher.

-Enfin...

Au sortir du bois, elle se laissa tomber sur le sol comme une enfant. Il la regarda faire sans vraiment y porter attention jusqu'à ce qu'elle lui fasse une remarque. Décidément. Elle n'était pas assez fatiguée à son goût.

Modifié (le) par Euf
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Le guerrier ne répondit pas. En soi, cela ne dérangeait pas Luxiya, mais elle ressentit une colère à l'encontre du silence obstinée de son compagnon. Ne cherchant pas à comprendre ce brusque changement d'humeur, elle se leva le visage renfrogné.

-Très bien, en route alors.

Sans attendre une réponse de l'aéris, elle se mit en marche. Elle ne savait pas exactement quelle direction prendre, mais elle était sans doute la bonne car il la rattrapa sans la rappeler. Cette fois, c'était elle qui forçait l'allure, comme si elle souhaitait soudain mettre le plus de distance entre elle et ce lieu. A ses côtés, elle sentait la surprise du guerrier face à se brusque changement d'attitude, mais ne lui accorda aucun regard. Elle était excédée par l'attitude froide d'Euf. A vrai dire, elle même ne comprenait pas vraiment la raison de cette colère et ne cherchait pas à savoir.

Ils avancèrent ainsi une bonne trentaine de minutes, le paysage autour d'eux se désertifiant au fur et à mesure qu'ils avançaient. Le guerrier était visiblement entrain de se fatiguer, mais Luxiya fit semblant de ne pas le remarquer. S'il souhaitait se reposer un moment, qu'il ouvre la bouche et le dise, quand à elle, elle ne se gênera pas à parler.

Modifié (le) par Luxiya
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Il l'avait vexé par son silence. Elle se leva brusquement mais c'est le ton sec de ses mots qui le surprit le plus. Pourquoi était-elle si impulsive ? Déjà elle avançait, rapidement. Il dût presque courir pour la rattraper. Elle marchait vite. Plus vite que lui lorsqu'il fuyait les voix. Mais que fuyait-elle ? L'Euf n'était pas un idiot. Il comprenait le besoin pour certains de parler, se confier, le besoin de se lier, mais il n'était pas de ceux-là. L'avait-elle envisagé ? Elle, cette capricieuse qui accélérait encore le pas. Le faisait-elle exprès ?

Surement. Elle l'ignorait et avançait sans la moindre hésitation en direction de la ville. Elle semblait connaitre la route et c'était son guide qui la suivait péniblement désormais. Il avait eu l'occasion de voir ce blason auparavant et Balamus lui avait expliqué que ce peuple lisait les routes dans les étoiles. Il n'avait pas compris alors, mais n'était-ce pas ce qu'elle lui démontrait à cet instant ? Il avait mal aux pieds, les os de ses jambes menaçaient de se briser à tout instant. Ses bottes ne semblaient pas faites pour ce genre de voyage, rien à voir avec les siennes. Il les fixait pour ne plus penser à la fatigue, continuait de les suivre. Pour quoi faire ?

Tu sembles savoir où tu vas.

Les mots étaient sortis, sans doute par lassitude. Il se laissa tomber dans les hautes herbes, s'allongeant de tout son long, les mains ramenées sur sa poitrine, comme pour contrôler les battements de son cœur.

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Tu sembles savoir où tu vas.

La guerrière s'arrêta aussitôt, autant alertée par le ton las de la voix d'Euf que par le bruit mat de son corps s'affaissant contre le sol. Se reprochant son emportement, elle s'approcha de lui en fouillant dans sa sacoche. Elle en sortit un petit flacon blanc contenant de la salive de plantovor. Elle en avait reçu de la part de ses amis plus expérimentés qu'elle et savait que ce liquide peu ragoûtant saura le remettre sur pied. S'agenouillant derrière lui, elle le redressa et glissa le goulot entre les lèvres sèches de l'aéride. Elle fit couler la bave dans sa bouche, mais ne supportant pas le goût hideux de la chose, il en recracha une partie avant qu'elle eut le temps de plaquer sa main sur sa bouche, l'empêchant de vomir le tout. Déjà épuisé, il n'offrit pas beaucoup de résistance et avala le reste. Luxiya eut une petite grimace en voyant la salive répandu à terre. Ce qu'elle avait réussi à lui faire boire ne suffira pas à le revigorer d'un coup et elle ne voulait pas risquer un autre de ses précieux flacons, il faudra donc faire une pose. Quoique, elle le comprenait, ayant aussi eut du mal les premiers temps à absorber le tout jusqu'au bout.

Elle leva ses yeux vers la voûte céleste et contempla un court instant les étoiles. Parmi elle, se trouvait sans doute la sienne. Y faisant allusion, elle se rappela des mots du guerrier. Elle s'était en effet avancée au hasard, mais dans la bonne direction et surtout sans le moindre doute. Se pourrait-il que...

-Peut être juste que quelqu'un sait vers où je dois me diriger.

La réponse était tardive, mais c'était mieux que le silence. Elle n'aimait pas le silence, il laissait trop de questions sans réponses. Mais cela ne semblait pas être son cas à lui, se dit-elle en baissant son regard sur lui. Avec étonnement, elle constata qu'il s'était assoupi. Elle regarda autour d'elle, ils étaient à découvert, ce n'étaient pas vraiment l'endroit propice pour un somme, l'idiot. Reportant son regard de nouveau son regard sur lui, elle l'observa un moment. Il semblait vraiment fatigué... et tourmenté. Elle soupira, et murmura:

-On dirait qu'il n'y a pas d'autre solution.

Elle s'installa un peu plus confortablement, laissant la tête de l'aéris reposer sur ses cuisses. Elle écarta les mèches qui tombaient sur le front du jeune homme et levant les yeux, eut un sourire. Il fallait à présent attendre.

Modifié (le) par Luxiya
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Etrange personnage.

L'Euf pensait l'encourager à poursuivre sa route seule en prononçant ces quelques mots. Il n'était plus utile de l'accompagner puisqu'elle savait où elle allait, inutile de se fatiguer ainsi et d'user ses souliers. Il s'était abandonné dans l'herbe haute pour reposer ses jambes et tous les muscles de son corps qui brûlaient intensément après tant d'effort. S'attendait-il à ce qu'elle revienne sur ses pas ? Il ne s'était pas posé la question. Il était bien installé dans ce lit d'herbe fraîche. Ses pieds lui faisaient toujours autant souffrir mais ce n'était que l'écho des efforts répétés des ces dernières heures. Bientôt la douleur se tairait. Il se sentait bien, ainsi immobile.

Elle avait un air grave. Inquiet. Il vit d'abord un flacon vide qu'elle agitait au dessus de lui. Il aurait préféré qu'il soit vide ! Le récipient avait à peine touché ses lèvres qu'il sentit un liquide gluant se déverser dans sa bouche. Il était frais, emplissait sa bouche toute entière, forçait le passage de sa gorge, l'étouffait. Pris de panique, il bascula sur une épaule pour recracher le poison dont il pouvait sentir la rapide progression dans tout son corps. Etait-elle folle ? La main sur la bouche de l'Euf, elle l'avait plaqué de nouveau au sol. Il sentait le liquide se répandre partout, ses membres étaient lourds, son corps tout entier engourdi. Il savait la brise douce, mais elle lui griffait le visage. L'herbe sur lequel il était allongé l'irritait désormais. Il ferma les yeux et s'assoupit, rêvant d'un soleil brûlant, d'un désert aride et infini, d'un sol dur et poussiéreux.

...

Le soleil s'était levé lorsque l'Euf reprit connaissance. Il avait bien dormi malgré les rêves étranges. Il avait la lumière dans les yeux et ne voulait pas les ouvrir tout de suite.

Il devinait un ciel bleu, ce qui le mit de bonne humeur et un léger sourire se dessina sur son visage.

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L'aube se levait, diffusant un doux éclat rosé. Tout au long de la nuit, Luxiya avait laissée l'aéris dormir. Pendant ce temps, elle s'était concentrée sur cette présence qu'elle sentait autour d'elle. La guerrière avait l'impression que cette présence lui était familière et ce qui était certain c'est qu'elle n'était pas humaine. Il se pouvait que c'était la présence de son étoile qu'elle ressentait, mais elle en doutait encore. A présent, le jour se levait et avec elle le lien fragile qu'elle avait avec cette présence s'atténuait.

Avec le levée du soleil, son compagnon sortait enfin de son sommeil. Sans ouvrir les yeux, il esquissa un sourire, de quoi rêvait-il? Doucement, elle secoua son épaule, lui faisant ouvrir les yeux. Le guerrier la considérant un moment d'un air endormi, puis se rendant compte de sa position, se redressa brusquement en rougissant. Luxiya ne fut pas mécontente de pouvoir se lever et s'étira. Ayant compris qu'elle pouvait effctivement retourner à Melrath Zorac seule, l'aqueuse avait décidée de continuer sa route en solitaire. Même si son Euf ne le montrait, elle sentait que sa présence le rendait mal à l'aise. En quoi, elle ne voulait pas le savoir. Ramassant son sac, elle salua le guerrier:

-Bonjour, bien dormi?

Sans attendre sa réponse, elle enchaîna avec un sourire:

-Je vois que tu as l'air d'aller mieux que hier. Nos routes se séparent ici je pense. Tu avais raison hier en disant que je semble savoir vers où je dois me diriger. Même si je ne sait pas trop comment, je crois pouvoir m'orienter toute seule, tu peux donc retourner chez toi...

Désolée de t'avoir causée tout ces soucis. Au plaisir de te revoir un jour et si je peux t'aider à quelque chose, n'hésite pas à me contacter, je te dois un service.

Elle hésita un moment, comme si elle attendait une réponse, puis lui faisant un signe de la main, elle s'éloigna.

Luxiya eut un dernier regard en arrière et s'aperçut qu'il l'observait encore. Elle lui adressa un dernier signe et continua sa route. Peut être se croiseraient-ils encore un jour...

Modifié (le) par Luxiya
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Comment avait-il pu oublier ? Tout en la regardant dans les yeux, les souvenirs de la nuit passés lui revinrent et il se leva d'un bond. Elle avait le don de le mettre dans l'embarras avec sa familiarité. Les situations gênantes s'étaient multipliées depuis qu'il l'avait rencontré et il ne s'y faisait toujours pas. Elle, au contraire, ne s'étonnait plus de ses réactions d'animal farouche et s'étira longuement avant de saisir son sac.

-Bonjour, bien dormi?

L'Euf repensa au bien-être qu'il avait ressenti au réveil, puis aux songes étranges qui l'avaient précédé... Il s'apprêtait à répondre un Oui de convenances mais la guerrière n'attendait aucune réponse. Elle avait hâte de rentrer et attendait son réveil pour prendre congé. Il leva les yeux vers le ciel qui se colorait de bleu. Luxiya parlait désormais de direction, d'orientation. Il regardait mais n'y comprenait rien. Son repère était les routes, et bien qu'il fût disciple d'Eolia, le ciel ne lui parlait pas.

... Désolée de t'avoir causée tout ces soucis. Au plaisir de te revoir un jour et si je peux t'aider à quelquechose, n'hésite pas à me contacter, je te dois un service.

Un service ? Il ne savait quoi répondre. Le Oui était adapté à une question simple mais elle enchaînait les hypothèses à présent. Se revoir, l'aider, rester en contact ...un service. Elle se tut brusquement, semblait attendre une réponse mais il n'en avait pas. Pour une fois, il aurait voulu qu'elle parle plus longtemps, qu'elle lui donne le temps de réfléchir. Il fit un léger signe de tête qu'elle ne perçut peut-être pas et elle lui tourna le dos.

Il resta sur place à l'observer s'éloigner en direction de Melrath puis regarda de nouveau le ciel pour essayer de lire la route qu'elle suivait. Peine perdue. Les quelques traces de nuages essayaient de le perdre et l'ardeur le défiait. Il abaissa son regard en direction de la jeune fille qui s'était arrêtée et leva la main pour répondre au signe qu'elle lui faisait. Peut-être se croiseraient-ils encore un jour...

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