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Terre des Éléments

Doutes et Malédiction


Rhapsody
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Impossible de me rendormir.

Je sens la fatigue dans tous mes membres, épuisée encore par ma soirée passée avec Helevorn... Je n'ai réussi à me remettre des tensions physiques qui parcourent encore délicatement mes muscles suite à notre étreinte pour le moins... passionnée. La honte m'a traversée un instant quand je me suis rendue compte à quel point mon corps s'était serré au sien dans l'inconscience. Mon bras l'enlaçait de manière possessive, mes jambes se mêlaient aux siennes, ma poitrine reposait en partie sur son large torse tandis que ma tête se nichait au creux de son cou quand j'ai ouvert les yeux.

Prenant sur moi, j'ai réussi à ne pas bouger malgré mon angoisse à me retrouver dans telle position. Inhabituelle. Pour ne pas le réveiller, je me suis concentrée sur son souffle régulier pour y caler le mien. Chacune de ses respirations se brise dans ma chevelure telle une brise apaisante. Eolia. Après quelques secondes affolées, mon cœur a remporté la victoire sur sa course. Les battements se sont peu à peu calmés tandis que j'inhalais ses suaves fragrances d'homme. Une telle virilité. Une sensation agréable de protection pour une femme qui n'a que trop pris l'habitude de fuir. Enfermée ainsi dans l'étreinte de ses bras dont je sens la chaleur le long de mon dos, je ne pensais pas parvenir à trouver telle quiétude.

Pour la première fois depuis longtemps, épuisée dans ma chair, mes idées me paraissent parfaitement claires. Satisfaite peut être d'une frustration dont je devais porter la croix depuis trop longtemps, heureuse d'avoir laissé libre cours à mes pulsions les plus primaires, d'avoir abandonné la maîtrise permanente que je m'imposais, tant au niveau physique que psychologique. Réduites à néant des années de travail sur ma personne... Des jours passés à feindre la plus profonde indifférence. Des semaines passées à me convaincre de ma propre fuite, de ses bienfaits, des avantages à maintenir une barrière permanente à l'égard des autres.

Balayées les craintes. Dévastées les angoisses. Piétinée la maitrise. ître de sensations, de sentiments, déserté par une raison trop peu préparée à tel bouleversement. Le temps d'une soirée, l'oubli le plus total. Qui aurait pu prévoir qu'il aurait une telle emprise sur ma personne ?

La relation avec un homme est une étrange chose. Cette dépendance qui s'instaure entre les amants, ce besoin que j'éprouve désormais de me lover contre lui, au mépris des risques auxquels je m'expose. Mon cœur, pourtant fermés à tous, s'accélère immanquablement lorsque mes souvenirs se portent sur ses prunelles émeraude. Les promesses que j'ai pu y lire dans la soirée ont réveillé en moi des instincts bien trop enfouis. A cette évocation, je sens mes joues s'empourprer violemment. Les réminiscences de notre étreinte sont encore trop récentes pour que je puisse y penser sans éprouver plaisir et honte.

Plaisir tout d'abord, car jamais je n'aurais cru possible que mon corps réagisse à ce point. J'ai pris énormément de sensations, tant dans ses caresses que dans mes propres jeux pour pousser sa résistance à bout. Mes désirs de nécromancienne que j'avais jusqu'alors fermement repoussés ont trouvé une occasion inestimable de s'exprimer, bien qu'encore faiblement. Des années de maîtrise ne peuvent disparaître en une simple soirée, si tentateur que soit mon amant. Et je pense que j'en ai trouvé un très doué dans ce domaine.

Le fils de la luxure...

La honte éclipse néanmoins une partie de ma béatitude. La perspective de me trouver de nouveau face à lui me semble insurmontable. Comment oserai-je encore le regarder dans les yeux après tout ce qu'il s'est passé ? Avoir fait montre de tant de dépravation, et même si je ne doute pas un instant qu'il ait goûté avec délectation à mes dérapages, me paraît indigne de l'image que je m'étais faite de moi. Ma détermination de ne lui céder qu'en échange d'un début de promesse sur ses sentiments a volé en éclats à sa première tentative.

Assurément, mon corps m'a trahie. Moi qui pensais pouvoir garder empire sur ma raison, je n'ai pas tenu un seul instant face à ses murmures enjôleurs, ses caresses délicates... Pourvu qu'il ne se rende jamais compte de l'effet déplorable qu'il a sur tout mon être, de l'emprise qu'il possède sur mes sens... Ce serait un véritable désastre s'il l'utilisait, non seulement devant d'autres personnes, m'enfonçant dans une ignominie à laquelle je ne suis pas prête à faire face, mais aussi dans l'intimité, me convaincant j'en suis certaine du moindre de ses désirs pour peu qu'il sache adresser les pressions adéquates au bon moment. Et il a eu plus de deux cent ans pour apprendre à le faire.

Un demi-démon.

Enlacée contre son sein avec douceur, il est si facile d'oublier qui il est. Alors que je me love dans la tendresse dont il est étonnamment capable avec moi, il n'est qu'un homme faillible et dicté lui aussi par ses sens. La peur devrait m'étreindre. Elle est effectivement présente d'une certaine manière. Qui suis-je pour prétendre défier un tel être, pour me jouer de lui dans des provocations toujours plus enivrantes ? Car tout ceci n'est qu'un jeu au fond... N'est-ce pas ?

Quant à ses sentiments... Pareille créature peut-elle en connaître ? Peut-elle seulement goûter à la sincérité d'une affection, à la rémission complète à l'autre dont me parlait maman en son temps ? Sa galanterie ne doit être qu'une ruse pour séduire les femmes. Je ne suis qu'une de plus dans l'étendue de ses conquêtes. Assurément les promesses qu'il trahit dans son regard ne sont là aussi futilités de sa personne destinées à envoûter les frêles demoiselles dont il doit aimer à se repaitre. Il n'est pas un homme fréquentable. Dois-je écarter tout espoir de le faire mien ? Cela serait la solution la plus sage. Là où tant ont du essayer, qui suis-je pour prétendre avoir une chance ? Ignorante des jeux de l'amour, je ne suis certainement pas la plus à même de parvenir à mes buts. Buts que je dois d'ailleurs étouffer.

Je dois repousser tout sentiment à son égard. Si j'ai été trop faible pour lui céder mon corps, je refuse qu'il se délecte aussi de mon cœur. Je n'aurai pas le courage de le voir jouer de mon attachement pour lui. Je n'en aurai pas la force. Désormais convaincue de la perversion répugnante de mon être, je céderai probablement encore à ses avances charnelles si d'aventures elles devaient se produire à nouveau, mais tenterai d'ériger de solides remparts à mon affection. Je n'ai pas la volonté nécessaire pour tenir tête à ses implacables tentatives de séduction...

« Fimine me garde d'une telle malédiction ! »

Les quelques mots ont échappé à mes lèvres. A peine murmurés, ils résonnent pourtant étrangement dans la pièce silencieuse. Fimine, désormais mère de ma destinée, femme habile dans de tels jeux est la seule puissance vers laquelle je peux porter mes vœux sans crainte.

Tomber amoureuse d'Helevorn me mènerait assurément à ma perte. Me convaincre que notre relation ne peut être que physique. Ne m'envisager que comme une amante supplémentaire parmi ses conquêtes. Y parviendrai-je ? Serai-je assez forte pour ne pas m'éprendre d'un être dont chaque détail, chaque expression est une invitation au vice ?

Je l'ignore.

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  • 3 weeks later...

Suite de Prétexte

Nouvelles heures sans sommeil. Impossible de me concentrer sur la moindre tâche sans être irrémédiablement détournée par de sombres ruminations. Les songes ne sont propres qu'à me ramener à des images que je souhaiterais bannir, soit qu'elles me représentent mes désirs enfouis contre lesquels je mène une lutte constante, soit qu'elles me renvoient au visage mes doutes et mes peurs.

La faim m'a désertée. Les mets ont pris un fumet repoussant et une saveur proche de la terre. Mon estomac semble en outre s'être décidé à ne plus rien accepter, m'ayant clairement prouvé et exprimé son mécontentement quand j'ai eu la mauvaise idée de tenter le forcer.

Les hommes ne me réussissent vraiment pas. Celui-là en tout cas. Deux fois déjà que je connais un tel état, un tel mal-être par sa faute. Ce qui m'inquiète particulièrement. Je rumine actuellement ce que je considère comme une trahison, suffisamment remontée contre lui pour ne pas le regretter. Quand mon ire sera retombée, me hantera-t-il à nouveau comme cette première fois ? Jusqu'où suis-je attachée à lui ?

Relation purement charnelle aurais-je envie de dire. Si seulement c'était le cas... Je n'aurais ainsi qu'à trouver une alternative, un substitut qui me permette de passer à autre chose. Mon ressenti n'aurait alors été que celui d'une femme vexée de n'avoir pas été suffisante.

Je doute qu'un tel sentiment m'aurait anéantie à ce point. Je dois me résoudre à admettre qu'il y a plus entre nous, de mon côté du moins, qu'il a su toucher mon cœur par ses mots, par ses gestes, et que mon imagination fertile s'est chargée du reste. Je sais qu'il n'est pas fréquentable, mais je ne peux raisonner mon cœur. Je savais qu'il était dangereux. Je savais qui il était. C'est de mon côté que j'ai fait une mauvaise évaluation, sur la qualité même de mon attachement. Je pensais être à même de plus de discernement, être capable de m'offrir sans succomber.

J'étais trop peu commune à ce genre de chose. J'ignorais trop la folie des sentiments, leur irrépressible appel, leur incroyable force. Brisée, j'ai fait confiance au premier qui a tenté de me connaître, qui m'a tendu la main. Perdue, j'ai suivi sa voie, reconnu sa voix comme pouvant être celle d'un ami qui a vite tourné à l'amant. J'ai cru maitrisé le jeu quand il avait en réalité l'ascendant sur moi durant tout ce temps.

Je ne sais comment, par quelle force j'ai réussi à me tenir face à eux quand je les ai rencontrés. J'ignore quelle ressource j'ai appelé en moi pour ne pas tomber immédiatement. Les événements m'ont endurcie plus que je ne le croyais, malgré ma sensibilité toujours si développée. J'aurais pu parvenir à me reconstruire convenablement si ce nouvel élément n'était venu tout détruire.

A peine avais-je quitté la vue de la clairière que je me suis effondrée dans l'herbe. Certaine qu'ils avaient tous deux pris rapidement la fuite, j'ai laissé libre cours à mes larmes, à mes cris. Repliée sur moi, j'ai laissé échapper toutes mes rancunes, j'ai maudit tout ce que je pouvais. Surmontée par ma peine et ma colère, j'ai agonisé un long moment, m'étouffant dans mes sanglots, subissant les convulsions de douleur.

Ma neigeuse seule m'a permis de me relever. Au travers d'un sursaut de conscience, j'ai réussi à l'empoigner pour dessiner une estafilade sur la paume de ma main. Mon sang, son parfum, sa texture ont réussi à me tirer un instant des griffes du chagrin. Grisée par ma douce folie, j'ai pu rejoindre ma chambre où j'ai passé ma première mauvaise nuit.

Depuis, je ne vis plus. Des dizaines de fois, j'ai refait l'histoire. J'ai repensé à tous les détails qui auraient du me mettre sur la voie. J'ai imaginé ce que j'aurais pu dire ou faire pour ne pas tomber dans une telle impasse. Sans succès. Tout refaire est impensable. Les événements se sont déroulés désormais, il me faut les accepter. Il me faut ériger de nouveaux points de repères moins douloureux. Il me faut rénover les barrières de mon indifférence. Eloigner Helevorn de ma vie afin qu'il ne m'embrouille plus.

J'en souffrirai assurément, mais le mal sera moindre. Il me faut le blesser. Il faut qu'il croie à mon indifférence. Je ferai la part belle à la garce mais ma haine à son égard vaut moins que mon propre équilibre. De toute façon, si j'ai bien compris ce qui s'est déroulé, elle ne pourra être heureuse. Perverse satisfaction. Mais il n'est pas temps de penser à elle. Pas maintenant. J'ai déjà assez de mal à garder ma santé.

Je dois m'armer pour accueillir Helevorn au mieux lors de notre prochaine rencontre. Etre prête à lui envoyer à la figure toute ma haine, tout mon ressenti sans qu'il n'y voie ni mon affection, ni mon désir. Trouver un état tel que mes inhibitions soient levées afin d'être au plus désagréable avec lui. Sans lui sauter dessus toutefois... Ce qui serait envisageable sans aucun contrôle.

Je n'arrive à le haïr complètement. Toujours des excuses que je trouve à son comportement. Sa nature, ses pulsions, son caractère. Je n'ai reçu nulle promesse.

Mon esprit se rebelle contre ce que désire mon cœur. Je ne peux accepter tel traitement ! J'ai été atteinte par sa duplicité. J'ai du réfléchir et faire des concessions sur ma personne pour m'en remettre. Je ne dois pas me rabaisser à tel comportement !

Encore troublée dans mes pensées, sans avoir fait de réel choix, je décide de quitter cette chambre où je me morfonds. Un bon épuisement physique qui me permettrait de sombrer enfin dans une douce inconscience. Je me jette au dehors. Courir pour oublier. Courir pour m'affaiblir. La forêt et son apaisante présence. Je me noie dans son doux réconfort. Nul besoin de tant de choses. Je dépose mes bottes au pied d'un arbre, accroche à une branche basse ma besace ainsi que ma cape. Pieds nus, vêtue seulement de ma robe, je m'élance dans les sous-bois, chantant à tue tête, riant et dansant pour tenter de tout bannir.

Mes poumons brûlent délicieusement du manque d'air. Mon cœur bat avec intensité, provoquant une douleur entre mes côtes à chaque nouveau ravitaillement de sang. Ma tête tourne à force de sauter et danser en tous sens. Peu m'importe. Je me sens vivante. Je sens chacun de mes muscles jouer sur ma peau. J'entends le son de ma voix vibrer dans l'air. J'écoute mon rire cristallin se briser en de délicieux éclats qui se répandent alentour.

Peu m'importe de croiser quelqu'un. Je suis peut être devenue folle au fond.

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  • 2 months later...

Pluie. Douce et vivifiante pluie qui jaillit de l'infini d'un ciel gris pour tenter de laver les meurtrissures des hommes.

Oh bruit doux de la pluie, par terre et sur les toits... Mon cœur est en déroute et mon âme affolée.

Fâcheuse habitude me direz-vous ? J'en conviens bien volontiers. Il est temps que tout cela cesse. Que je tente de faire un point qui pourrait s'avérer salvateur. Je pars à la dérive au nom d'une protection de mes sentiments personnels.

Foutaises !

Je m'égare ! J'ai juré de faire de mon mieux auprès d'un homme qui m'a confié ses espoirs, et à la première difficulté, j'abdique lâchement.

Les temps ont bien changé. Le regard perdu dans l'onde qui se déverse, je tente de comprendre les sentiments qui m'animent. A l'abri dans ma chambre. A quelques pas de la sienne qui se révèle si désespérément vide... Je délaisse les bois ces derniers temps. Trop de retour à ma bestialité. Trop de tentations sauvages. La louve me hante quand je m'approche de son territoire. Son instinct animal tente de m'attirer dans ses griffes et l'écho qui résonne en moi ne m'inquiète que trop.

Ma volonté de me laisser submerger par mes sentiments au détriment de ma raison est finalement excessivement radicale. J'ai songé qu'il n'existait qu'une seule occasion au cours de laquelle je pouvais me résoudre à l'appliquer. Une seule personne avec laquelle j'accepterais de m'y plier. Le seul être en lequel j'ai toute foi. Il ne me jugerait pas. Cet abandon consenti est peut être même la solution tant recherchée. Que j'abdique un peu sur ma tête par trop restrictive pour le laisser prendre possession de mes sens comme il sait si bien le faire...

Le coude posé sur le genou, le menton au creux de ma paume, je patiente. Mes yeux tentent de briser l'obscurité et les rideaux de pluie. Trop à l'étroit dans l'habitation, j'ai enjambé le chambranle de la fenêtre pour m'asseoir sur sa largeur, remontant les jambes contre ma poitrine. La tête appuyée sur l'embrasure, j'ai l'humeur maussade. Les récents événements m'ont faite prendre conscience de certaines choses.

L'eau parfois détournée par le vent lèche ma peau de nacre, créant des sillons glacés qui me hérissent la chair. Une seule évocation est en mesure de me réchauffer de la façon adéquate à laquelle j'aspire... Plusieurs fois, je me suis retournée vers l'ombre de la chambre. J'aurais juré avoir senti des lèvres ardentes courir le long de ma nuque jusqu'au creux de mon épaule. Exaltée, j'ai relevé le menton bien des fois afin de laisser la brise joueuse remonter sur ma gorge. Cet instant ne fait pas exception. Mon souffle s'accélère. Mes doigts se crispent sur le bois tandis qu'une douce sensation envahit mes membres.

Je ferme les yeux pour m'abandonner à cette fugitive étreinte, imaginant déjà sa main se glisser le long de mon dos jusqu'à ma hanche pour s'y refermer de manière possessive. Le moment aurait pu être parfait si une bourrasque virulente ne m'avait violemment aspergée. Vertement douchée au sens propre du terme dans mes ardeurs, je laisse échapper le soupir qui fleurit de mes lèvres. Mon amant me manque.

Et cette absence ne me pèse pas que physiquement. Bien sûr, j'ai pris goût à ses talents à cet égard, incapable de renier sans faire preuve de mauvaise foi son attrait charnel. Mon amant est magnifique. Ses prunelles aux tons verts dont l'éclat fait vaciller toutes mes certitudes. Les émotions que je peux y lire lorsque dans un instant d'égarement, il laisse ses sentiments transparaître. Cet air de certitude dont il ne se départit jamais totalement, qui fait sa force, son attrait.

Quant à son torse à la musculature scandaleusement indécente... Quant au reste de son corps, véritable appel à la luxure... Non vraiment, mon démon n'a aucun souci à se faire de ce point de vue là. Et il le sait !

Cette fierté arrogante qu'il affiche à la certitude d'être attirant peut s'avérer insupportable. Pourtant... Pourtant cette confiance en lui fait assurément partie de son charme. J'ai compris désormais ce que je pouvais rechercher dans la présence d'un autre... Ce n'est pas l'abandon aux ordres d'un autre, la soumission. Ce n'est pas la passion, le romantisme.

Ce à quoi j'aspire est plus indéfinissable... Un homme pour me soutenir quand je vacille, pour m'épauler dans les moments difficiles. Un homme auquel je puisse rendre la pareille dans ses propres égarements. Une entité présente en ce monde à laquelle me raccrocher quand mes derniers espoirs s'éteignent pour savoir qu'il existe au moins une chose pour laquelle je dois me battre.

Et pour cela, mon amant doit présenter la force nécessaire à me faire croire à ma propre sécurité sans pour autant en abuser pour me considérer comme inférieure. Que perdue dans l'étreinte de ses bras, je me sente loin de toute menace.

Mes pensées me ramènent vers mon démon trop longtemps absent. Dois-je prendre le risque de lui en dévoiler plus de mes sentiments ? Dois-je lui faire savoir que je me suis éprise de lui depuis quelques temps déjà ?

Deux choix s'offrent à moi aujourd'hui. Impliquée comme je le suis dans cette relation, il est temps que je me décide une bonne fois pour toute. Les serments de la bibliothèque me semblent bien loin maintenant que j'ai si peu de nouvelles... Aucune nouvelle. A-t-il failli ? Tente-t-il de mettre de la distance entre nous afin de retarder au plus ce moment où il broiera mon cœur ? Peut être. Je l'ignore.

S'est-il produit bien pire encore ? Blessé ? Mort ? Je repousse prestement ces hypothèses. Cette information nous serait parvenue depuis longtemps.

Je ne crois pas en son désintérêt. Il est temps de choisir. Renier la parole que je lui ai donnée au milieu des livres pour espérer un salvateur retour à ma propre solitude ou bien accepter pleinement de me brûler le cœur à sa propre flamme ? L'amour est un choix, et je refuse de me voiler la face en prétextant d'une obligation supérieure.

Oui, je pourrais vivre sans lui. Il me manquerait certes, les premiers temps seraient difficiles à l'idée d'avoir repoussé une potentielle source de bonheur, mais je n'aurais à subir ni la déconvenue de ces autres femmes, ces rivales potentielles, ni la possibilité de la perte de son affection. Je ne doute pas qu'il pourrait se lasser de l'humaine que je suis.

Si je fais le choix de continuer à lui offrir ma foi, il faut que je sois bien consciente des risques. Que j'accepte la possibilité de son infidélité, que j'accepte la lutte du démon. Que je lui accorde pleinement ma confiance dans ses actions. C'est à moi surtout que je dois faire confiance. Je dois prendre conscience n'être pas qu'une parmi tant d'autres. S'il m'a fait une telle proposition, c'est que j'avais les moyens de répondre à ses attentes. Dans ces conditions, il me faut m'affirmer.

Sans renier mes propres valeurs, sans chercher à cacher la fragilité qui peut parfois m'étreindre, je dois retrouver partie de l'état d'esprit que j'ai connu lors de notre étreinte volée aux Melrathiens. Devenir une créature plus sereine avec moi-même afin d'exciter l'intérêt des autres. Croire en mon propre potentiel afin de le laisser rejaillir aux yeux des autres.

Mais plus important que tout, me décider enfin dans mon choix. Si je veux que le démon capitule, je dois déployer des charmes typiquement féminins. Ne plus demeurer si passive. Car il doit m'appartenir, il ne peut en être autrement. Je veux qu'il ne jure que par moi. Je veux pouvoir le rendre fou de désir jusqu'à ce qu'il oublie même la possibilité d'une autre. Je veux l'entendre gémir mon prénom dans nos nuits délirantes alors qu'il se perd dans notre étreinte.

Helevorn sera mien.

Tandis que je me fais cette promesse au creux de la pluie, j'avise mes poings serrés. Mes doigts se détachent doucement, illustration parfaite de la force de ma détermination. Dès demain, je lui écrirai pour lui révéler sans détour qu'il me manque et que j'espère le revoir bientôt. Ne plus lui cacher mes sentiments. Les lui montrer pleins et entiers pour mieux lui faire croire à ma sincérité.

Pour ce soir... je vais m'oublier encore un peu à la chaleur de sa bise joueuse afin de contenter ce corps ardent à sa seule évocation...

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