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Terre des Éléments

Manque


Exoriel
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Après son départ, je n'avais pas attendu le matin pour quitter ma chambre. J'avais regagné le manoir perdue dans mes réflexions. Mon corps avait crié sa fatigue, la douleur à avancer, et j'avais continué de marcher, croisant ça et là des auberges. Seule avec moi-même. Je n'avais besoin de rien d'autre à ce moment.

L'amour ... Concept lourdement enchainé au plus profonde mon âme, profondément meurtri ... Même Leif n'avait pu goûter qu'une infime partie de ce qu'il était possible d'aimer, d'offrir par amour ...

Je soupirais. Aurais-je dû lui répondre et lui expliquer ? Et qu'aurais-je fait en suite ... J'y ai perdu plus que mes ailes la première fois, prendrais-je le risquer de brûler le reste ... L'amour et l'homme sont deux choses parfaitement incompatible ... Même la confiance de l'être aimé n'est qu'une chose futile.

...

Des jours s'étaient écoulés après notre dernière rencontre. Ni l'un ni l'autre n'avions pris la peine de se contacter, sans doute trop perturbés ... Trop troublés par cette agréable nuit. Pourtant, il domiciliait au manoir régulièrement. Sans vraiment le vouloir, nous nous esquivions.

Assise à mon bureau, recouvert de parchemins qui s'entassaient depuis deux jours, l'esprit occupé par autre chose. Combien de temps durerait celle situation ? Qui y mettrait fin ? Dans notre orgueil, sans doute qu'autant lui que moi attendions le premier pas de l'autre, que l'un de nous deux cède avant l'autre.

J'attrapais une plume et un parchemin et commençais à noter.

Je dois te voir immédiatement.

Il me fallait un prétexte.

J'ai un message pour Ombre, il doit l'apprendre au plus vite. Je suis dans mon bureau.

Exoriel.

A peine crédible, jamais je ne m'étais servie de son rôle d'ambassadeur, il savait très bien que lorsque je désirais quelque chose, je m'adressais directement à mon égal dans la hiérarchie. Mais j'avais cédé la première. Un manque trop important envers lui ...

J'entourais le parchemin après que l'encre ait séché, d'un ruban noir et le fit disparaître autour d'un halo de ténèbres, à la recherche de son destinataire. Moyen plus couramment utilisé pour abattre quelqu'un, mais efficace pour des tâches plus basique.

Je ne pouvais rester un jour de plus à me ressasser ce qu'il s'était passé, à me tourmenter. Savoir ce qu'il se passerait lors d'une nouvelle rencontre. L'embrasser, sentir sa peau contre la mienne ... Le désir de comprendre ce qui s'était passé, ce aurait changé. Savoir si je pourrais abattre certaines barrières pour le garder ...

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Quelques jours sans elle.

Une barrière de silence s'était érigée entre nous. Maladresse...

C'était peut être mieux ainsi.

Je ne pouvais cependant pas me dispenser de venir au Manoir comme l'exigeaient mes fonctions.

Nous nous évitions plus ou moins sciemment, nous nous arrangions pour ne pas nous retrouver face à face.

Embarrassés l'un et l'autre par une situation des plus inextricable.

Elle gênée par mes mots, par l'Amour, moi, entravé par mes penchants, par la Chair.

Début d'après midi. Ma langue appelle la saveur d'un breuvage. Non pas par soif, mais par envie.

Je retourne dans la taverne cossue, sombre et pourpre, du Manoir. Souvenir de notre rencontre... Ses divans matelassés. Son comptoir de bois sombre. Ses bouteilles alignées sur les étagères contre un miroir usé par le temps, dont les reflets et les légères brisures fragmentent le décor, cassent mon image.

Je me regarde, accoudé au comptoir, un verre de vin sanglant à la main. Un mouvement lent du poignet pour mêler les senteurs, millésime puissant et subtile. Une gorgée aspirée. Fruits rouges. Rond. Puissant. Tanin équilibré.

Mon regard se perd dans le liquide ondoyant, reflétant une lueur rougeoyante sur le bois. Absorbé.

Douce amertume légèrement persistante sur ma langue, je la frotte contre mon palais, glissant ma main dans mes cheveux, quand je remarque un parchemin a côté de mon avant-bras.

Je me retourne. Personne.

J'aurais entendu approché quelqu'un s'il y avait eu un messager.

Je le prend, du pouce et de l'index délasse le nœud noir, le déroule.

Mes sourcils se froncent. Tellement inhabituel de sa part. Elle ne passe jamais par moi pour transmettre un message, preuve en est la facilité avec laquelle elle m'a livré ce parchemin. Elle aurait put en faire tout autant avec Ombre.

Je l'enroule, le renoue, et quitte la taverne laissant mon verre a moitié plein sur le comptoir.

Je pourrais me poser un millier de questions, mais je préfère faire le vide. Elle a décidé de briser le silence entre nous. Un prétexte pour me voir. Peut être pour reprendre notre discussion. Ou alors pour tout autre chose. Nous verrons.

Je longe l'interminable corridor jusqu'à atteindre un escalier en colimaçon. Je monte, dans les grincements du bois.

Première fois que je me trouve devant la porte de son bureau. Je n'y suis encore jamais entré. Un peu paradoxale. C'est ce lieu dans lequel j'aurais dû la voir le plus souvent, au lieu de quoi...

Nous n'aimons pas le protocole sans doute...

Deux coups rapprochés, et un dernier plus long, plus compacte, contre le bois.

La porte s'entre-ouvre d'elle même, sans que je n'ai entendu le moindre mot de sa part.

Son office est plongée dans l'obscurité, éclairée par la lueur faible de quelques bougies. De lourds dossiers envahissent le bureau, des volutes de fumée se déplacent dans la pièce, une odeur de rose, une odeur d'encens.

Exoriel est assise dans un fauteuil rouge à haut dossier sculpté. Sa beauté diaphane me frappe, comme à chaque fois.

Je m'avance après avoir refermé la porte. Je m'arrête devant son bureau, pose son message devant elle, et joins mes mains derrière mon dos, mes yeux dans les siens.

"Tu m'as demandé...?"

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Le temps que lui parvienne ma missive, j'étais retournée à mes papiers. Je les avais laissé s'empiler depuis quelques jours et ils devenaient envahissant et si je les laissais ainsi quelques jours, ils finiraient brûlés. Plume en main, j'en avais signé quelques uns, raturé d'autres ... Ça m'agaçait. Je les repoussais sur le côté, éloignant mon fauteuil du bureau de manière à m'étendre avec nonchalance.

Les yeux clos, j'entendis des pas dans le couloir, se rapprocher de la porte. Helevorn. D'un geste leste de la main, je commandais celle-ci de s'ouvrir en rouvrant les paupières. L'observant avec plaisir face à moi. Ce fut trop long ... Retrouver la beauté de ses traits sombres me tirais un sourire de contentement.

Je posais un œil sur le rouleau avant de retourné à lui, plantant mes iris dorés dans les siens, après avoir examiné la position protocolaire dans laquelle il se tenait. Il était venu dans le but faire son rôle d'ambassadeur comme si il ignorait une once de mes habitudes. Agissant presque avec distance ...

« Oui. Mais pas pour ce que je t'ai écrit. » disais-je en me relevant, étalant sur mes jambes le fin morceau de tissu de soie qui les recouvraient.

Rouge, en harmonie avec mon siège, simple et ample au niveau des hanches. Suffisant pour passer une journée à signer des dossiers. Mes cheveux étaient remontés sur mon crane à l'aide de plusieurs piques, quelques mèches s'enfuyant dans ma nuque.

Il me suivit du regard, attendant surement que je continue. Faisant le tour de mon pupitre, afin de le rejoindre, me posant face à lui, droite, presque contre lui, le frôlant par endroit, âpre tentation que de résister à rompre la mince barrière qui nous séparait.

« Pourquoi m'évites-tu? » soufflais-je

Il pourrait me répondre la même question et ainsi éluder la réponse. Je le fixais, plongée dans le vert de ses iris.

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Elle confirme ce que je pensais. Puis elle se lève, contourne son bureau et vient se caler entre lui et moi. A peine plus d'un centimètre nous sépare.

Son parfum, son aura, son corps si proche. Je sens sa chaleur, le rappel de sa saveur taquine mon palais. Elle me scrute. Ses cheveux relevés en chignon, laissant quelques mèches négligemment tomber dans son cou, négligence savamment étudiée, lui donnent un autre visage qu'il m'est fort appréciable de regarder.

Sa question est assez surprenante. Elle, comme moi, savons que nous le faisons sciemment depuis cette fameuse nuit.

"Sans doute pour les mêmes raisons que toi." soutenant son regard, immobile.

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La pression si lourde autour de nous, qui nous dictait de nous jeter dans les bras l'un de l'autre et nous luttions. Un léger silence s'installe avant que je ne décide de répondre, ou du moins d'agir. Je brisais le mince écart qui nous séparait, passant mes bras autour de son cou, frôlant son menton de mes lèvres. M'enivrant de sa peau. Cherchant ses lèvres ... Contact savoureux.

« Que sais-tu de mes raisons, Helevorn ... ? Si ce n'est le mot amour. » soufflais-je contre ses lèvres que j'embrassais à nouveau.

« L'amour ... Un plaisir si lourd qu'il finit par nous tuer. Ce n'est pas la beauté et la magie que l'on conte partout. Vicieux, il nous endort par de beaux moments pour mieux nous assassiner par la suite ... » révélais-je.

Une conception bien macabre du plus beau des sentiments, la conception la plus pure est retenue prisonnière.

Je glissais une main dans ses cheveux, le taquinant tendrement, caressant sa nuque du bouts des doigts. Nos visages toujours collés l'un à l'autre, mêlant nos souffles chaudement.

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Je l'écoute en silence. Elle brise la distance, goûte à mes lèvres, m'enlace.

Je sens dans le timbre de sa voix qu'elle sait de quoi elle parle. Une fêlure.

"L'Amour est trop capricieux pour en valoir la peine alors..." laissant ma phrase en suspend, mes yeux dans les siens, cherchant sa vérité.

Implicitement, j'en déduis à sa phrase que la chair est plus sûre pour elle comme pour moi, et qu'il est inutile de chercher plus loin. Inutile de se battre, inutile d'essayer.

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Est-ce que l'Amour en vaut la peine? Je fermais un instant les yeux retenant les réminiscences de fugace moment de bonheur. Grimaçant intérieurement d'avoir laissé échapper cela. De voir remonter à la surface ce que je me cachais depuis des mois, les obstruant à la vue de tous. Tous sachant pourquoi ... Sauf lui. Et il voulait savoir ...

« Les caprices peuvent être délicieux ... » conclus-je en l'embrassant.

Un jour peut-être lui apprendrais-je. Pas aujourd'hui, peut-être pas demain, sans doute dans deux jours ... Qui sait surement dans trois ... Lorsque l'Amour a perdu son sens, il est bien dur de le retrouver et d'y regouter sans tomber dans l'amertume des regrets, des suspicions ...

Attendre. L'heure n'était pas encore celle des cœurs qui battent à l'unissons et des rougissements enjôleurs.

Je m'appuyais contre mon bureau, finissant par m'assoir sur celui-ci, l'attirant vers moi à l'aide de sa chemise. Plaquant mon corps contre lui dans une offrande non-voilé.

Un baiser sur sa joue, un long souffle à son oreille, je ne pus m'empêcher de lui avouer quelques mots.

« Tu m'as manqué ... » susurrais-je avant de mordre tendrement le lobe de son oreille.

Je ne pouvais me résoudre à penser qu'il n'y avait rien de plus que le plaisir de la chair entre nous ...

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Je comprend à ses mots qu'elle n'exclue pas l'Amour finalement, contredisant un peu ses précédentes paroles.

Ses doigts agrippent mes vêtements, elle m'attire contre elle. Ses seins se plaquent contre moi, lui offrant un sublime décolleté. Elle m'exprime son manque et appuis ses dents contre ma peau, tendrement, tout en laissant planer une tension charnelle entre nous.

Je ne sais pas où elle veut en venir, son discours s'emmêle paradoxalement. Elle me laisse entrevoir le sentiment tout en ayant des gestes trahissant le désir.

Je ferme les yeux, glissant ma main dans son cou, la respire. Ses mèches de cheveux chatouillent mon nez et mes lèvres, je me recule suffisamment pour la regarder à nouveau.

J'aurais envie de répondre "Moi aussi" mais quelque chose m'intime la réserve, je me contente de lui sourire et de l'embrasser. J'aurais envie de lui infliger maintes questions mais je préfère me retenir ne voulant pas la faire fuir comme la dernière fois. Je me contenterais d'une seule, pour le moment.

"Désires-tu revivre ces délices un jour ?"

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Doucereux baiser. Affolante tentation. J'ai envie de le retenir pour l'embrasser encore et encore, mais il s'éloigne pour me poser une question.

A laisser sous entendre trop de choses, sa curiosité s'aiguisait plus encore, parfois trop à mon goût. Je le fixais, hésitante à lui répondre.Non pas à nouveau mentir, nier la vérité. Et fini par lâcher son regard, observant la porte derrière lui.

" Oui ... Non ... Je ne sais pas ... " soupirais-je

Je laissais tomber ma tête contre son torse. Mes mains glissant jusqu'à ses pectoraux.

" Un jour, j'aimerais bien ... " avouais-je cachée contre lui.

Mais j'avais parfois peur que ce jour me soit fatal ...

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Je glisse ma main dans ses cheveux, les lui caressant, pensif. Ne sachant pas si de mon côté je vivrais ces délices moi-même, si je parviendrais a les ressentir véritablement, accompagnés de leur lot inhérent de doutes et de craintes.

Deux doigts sous son menton pour lui relever la tête et la regarder dans les yeux. Elle me fuit quelques instants avant de céder.

Cette femme contre moi, serait-ce elle ? Ou une autre ? Mais qui...?

Tout nous éloigne aujourd'hui, pourtant je ne suis proche de cette manière avec aucune autre.

Un soupir.

Je ne sais pas quoi dire. A part ceci...

"J'aimerais aussi pouvoir les vivre, un jour..."

Détournant le regard et m'éloignant de son étreinte pour me poster devant une fenêtre dont les volets ont été soigneusement fermés, observant entre les lames d'où s'échappent une douce lumière filtrant de l'extérieur. La journée est belle et douce.

Un souvenir. La noirceur de mon premier lieu de vie. Sans lueur, jamais. Sans la chaleur du soleil, juste celle de la terre, des profondeurs proches des Enfers. Du feu. Brûlure, douleur. Mais ici...à la surface, une autre vie possible, mêlée d'une multitude de choses, d'émotions nouvelles découvertes au fil des années. Aucune ne m'a échappée, à part celle ci. L'Amour. Ses facettes changeantes, quintessence du sublime accouplée de souffrance.

L'effleurer du bout des doigts, à peine, depuis si longtemps, avec la frustration ultime de ne jamais pouvoir la saisir...si fugace, immatérielle, insoupçonnée, onirique pour l'être que je suis...

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Il désirait gouter ce plaisir douloureux alors que j'étais réticente à me replonger dedans. Malgré son attrait. Toute cette tentation, si enjôleur ...

Ma main suiva son départ, jusqu'à revenir sur mon bureau. Le suivant du regard, l'observant perdu dans ses pensées. Je descendis de mon bureau, m'arrêtant à côté de mon siège, à mi-chemin entre la porte et la fenêtre. Devais-je le rejoindre ?

Mes pas finirent par céder à la tentation de me rapprocher de lui. Ma main se posa délicatement dans le creux de son dos. Seulement ce contact, si léger et significatif.

"Helevorn ... Ce soir, nous organisons un repas en l'honneur de mon statut au sein de " L'Ordre du Dragon du Crépuscule ". Etant à l'heure actuelle les seuls membres, il va de soit que tu dois être des notres. "

Ma main glissa jusqu'à sa hanche, me rapprochant de quelques centimètres de lui, attendant sa réaction.

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La douceur de son geste m'arrache de mes pensées.

Je me retourne, une raie de lumière filtre à travers mes yeux, conférant à mes iris une couleur éclatante. Limpide. Émeraudes précieuses.

J'observe Exoriel quelques instants. Un léger sourire s'esquisse sur mes lèvres.

"Quelle bonne idée...J'y viendrais avec plaisir." d'une voix basse, m'approchant de sa bouche pour toucher ses lèvres, les effleurer. Un tressaillement de sa part. Le bout de ma langue effleure sa lèvre supérieure. La goûter. Fugace. Juste assez pour me livrer sa saveur. Juste assez pour ne pas plonger...

D'un pas je l'esquive et me dirige vers la porte. La main sur la poignée, je l'entre-ouvre et tourne mon visage vers elle.

"A ce soir..." souriant, mélange de jeu et d'autre chose.

Puis disparais...

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