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Terre des Éléments

Vagabondage amoureux.


Caine
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Je passe machinalement la main sur mon front, dégoulinant de sueur. Ma main s'arrête sur mes délicates croûtes de sang séché. J'arrache les cheveux collés dans celles-ci dans un doux cri perçant.

Je ne me savais pas capable d'aller si loin dans les aigus... Je commençais à comprendre l'effroi que pouvait provoquer ma voix si sensuelle.

Mon regard s'arrête sur mes ongles. Longs, noirâtres, et vaguement recourbés. Je n'ai plus le temps de les nettoyer, mon désir est trop grand...

Son visage me hante. Son seul et unique sourcil, qui trône au dessus de ses yeux verdâtres lui donne un air si sévère... Ses lèvres pulpeuses et gercées, qui recouvrent de si belles dents tartrées... Et les délicates touffes de poils qui recouvrent ses joues...

Mes mains vagabondent sur mon torse puissant quand je me l'imagine, je me sens rougir, bien qu'elle ne soit pas là... Mes yeux se ferment, mes oreilles sifflent, ma mâchoire se contracte.

Je secoue vigoureusement la tête. Je suis encore dans l'Auberge Sud, et la marche jusqu'à l'objet de mes rêves est encore longue. Je sors, paie ma dette et prends la direction de la fontaine. J'écarte d'une main désinvolte les dizaines de mouches qui s'amassent sur l'eau verdâtre. Et je m'observe, me souris, me tire la langue. Je passe ma main dans mes cheveux graisseux, aplatissant les épis, rejetant ma mèche en arrière. L'eau me renvoie une image qui me convient et je reprends ma longue marche. [...].

Je suis devant notre tente. Mon corps entier tremble. J'appréhende énormément. Je ne peux retenir quelques larmes, qui creusent un profond sillon dans la crasse incrustée sur mes joues boursouflées. Enfin je pénètre dans la tente. Immédiatement une odeur nauséabonde, mais familière m'assaillit. Je la cherche des yeux, sa cape rouge, sa robe blanche... Je ne la trouve pas... L'angoisse monte, mon front se plisse, mes poings se serrent... Ma magicienne n'est pas là... Je sors.

Je tente de me calmer, désespérément... Je me dirige vers les crapauds, peut-être se trouve-t-elle parmi ces créatures, qui lui ressemblent sous certains aspects...

Elle n'y est pas non plus... J'hurle, atterré :

« ATALAAAAAAAAAAAANTE ! ».

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Je rase les bois, me fonds dans l'ombre d'une forêt, délaissant les chemins balisés. Quand soudain, un cri strident vient perturber la monotonie quotidienne :

« ATALAAAAAAAAAAAANTE ! ».

S'en suit une volée d'oiseaux fuyant. Comment ne pas reconnaitre ce cri, cette voix de gamin pré pubère. Une pensée furtive m'envahit, je m'engage dans la forêt pour rejoindre au plus vite mon prince charmant.

Je ruse, scrute a l'horizon, je ressens, enfin plutôt je le sens, il ne peut plus être bien loin. Mon cœur s'emballe, j'ai l'estomac lourd à l'idée de l'apercevoir.

Lui aussi, sans doute, il doit se préparer de son côté. En train de rentrer son ventre, de bomber le torse et de cacher ses kilos superflus dans son armure trop grandes. Fier de paraitre courageux dans son bel accoutrement.

Sous ses airs de brutes épaisses, il fait semblant de pas avoir peur. Mais bon, peut être qu'un jour il comprendra qu'on ne règle pas tout avec ses biceps.

Je m'approche, je suis tout prés, je vois cette silhouette difforme se tracer dans la clairière. Il est encore en compagnie des batraciens. Je l'ai déjà surpris en train de leur faire du zèle, et parfois même d'en embrasser une, en espérant que peut être, elle se métamorphose en une magnifique princesse. Je camoufle une pointe de jalousie dans un léger ricanement.

Je me reluque une dernière fois avant le sprint final et une fois à portée j'hurle tout en m'élançant dans ses bras :

« CaiiiIIIIiiiinnnNnne Je suiiis lààààAAAAAAAA ! »

Modifié (le) par atalante
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Je commence à désespérer. Sa présence me manque, son odeur de putréfaction, sa voix si rauque... Je me morfonds...

Soudainement j'entends un bruit, profond, intense, puissant...

Je relève la tête. A ma grande surprise, un nuage de poussière, pour le moins bruyant, se dirige à grande vitesse vers moi...

Qu'est-ce ?

Je pense immédiatement à un troupeau de tortogriffes... Ou à une invasion de Raptocornes peut-être ?

Et pourtant... Je ne bouge pas. Je plisse le nez et je pousse un petit cri strident ! Je reconnais cette odeur !

Sont-ce des tortogriffes en putréfaction ? Non bien sur... Il s'agit de ma magicienne !

Je regarde la masse informe qui se dirige vers moi, et, plissant les yeux, j'aperçois une cape rouge qui pend derrière une masse blanche.

« CaiiiIIIiiinnNnne Je suiiis lààààAAAAAAAA ! »

Elle semble vouloir me sauter dessus. Je préfère m'écarter de quelques pas sur le coté en souriant, gêné. Je sais que lancée à une telle vitesse, elle pourrait aisément m'écraser, me réduisant en charpie.

A mon air vaguement apeuré, elle semble comprendre, et s'arrête. Immédiatement la terre cesse de trembler, le nuage de poussière disparaît et les crapauds sortent de leur cachette.

Je rougis, l'observant à la dérobée. Je souris. Dévoilant ma dentition (presque) parfaite. Je bats des cils, et balade sensuellement mon doigt sur mes lèvres.

Ses yeux bovins me fixent, je ne sais reconnaître les sentiments qu'ils expriment...

« Euh... On peut faire... Euh... Un... Euh... Tour si tu... Eux... Veux ».

J'avais un présent à lui offrir, j'attendais le bon moment. De sa réponse dépendait ma vie...

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Ce tête à tête, tant espéré ou tant redouté, je ne sais plus quoi penser. Je le regarde, je souris pour faire bonne figure le temps de reprendre mes esprits.

Il est enfin là devant moi, me fixant. Nos regards se croisent, je rougis, il profite de ce moment de faiblesse pour sortir son plus beau sourire. Si seulement il n'y avait pas eu ce morceau de salade. J'essaye de détourner mon regard en fixant ses beaux yeux à moitié voilés par de gros sourcils. Mais rien n'y fait, j'en reviens toujours a cette tâche verte. Si seulement il n'était pas là..

Il a même fait l'effort de se coiffer, mettre un peu d'ordre dans sa chevelure de mouton. Je regarde ses traits endurcis, son visage d'homme. L'adolescent boutonneux travaillé par ses hormones tendait enfin à disparaitre. J'admire ses yeux, j'admire son nez, mon regard continue de scruter son visage pour atterrir sur son sourire que j'aurais pu qualifier de « beau », « hypnotisant » si seulement.. Si seulement il n'y avait pas eu cette feuille coincée entre l'incisive et la première molaire. Elle perturbe ce moment, elle gâche tout.

Il aurait pu, il aurait du.. Je ne serais pas là à m'attarder sur des détails. J'espère juste qu'il n'a pas capté la fixation.

Long moment de silence et de solitude qu'il rompt par un léger balbutiement.

« Euh... On peut faire... Euh... Un... Euh... Tour si tu... Eux... Veux ».

Machinalement j'acquiesce. Confiante je me laisse guider. Je reste là, les bras ballants, ne sachant que faire par idiotie ou par embarras, quelle importance, il est là.

« Mais ne nous écartons pas trop des sentiers battus, la nuit ne va pas tarder à tomber. »

Modifié (le) par atalante
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