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Terre des Éléments

En effeuillant le chrysanthème


Guest Nadhir
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Ca c'est salaud.

Carrément prise au dépourvu, là.

Je m'attendais pas à ce que l'assaut commence aussi brusquement.

Déjà je dois vraiment me retenir de grogner, gronder, geindre ou jurer comme un charretier. Rien que l'extension de mon pied me donne envie de bouffer mes phalanges. Et c'est maintenant qu'il attaque ? Je lui balance un regard indigné et... et ?

Et...

Il me semblait que j'allais protester moi...

Si, une histoire de questions, je sais plus trop ce que...

Une seconde de néant complet dans ma tête. Toute idée cohérente s'est enfuie, évaporée... C'est le frisson de peur qui me réveille. J'ai peur de lui. Je préférerais franchement affronter trois gros guerriers velus que le seul regard de cet homme, même avec la certitude de me faire envoyer ad patres en deux secondes et six dixièmes... Le frisson me secoue...

Et mon pied se libère.

Je l'avais carrément oublié celui-là.

Il glisse hors de la botte, m'arrachant un cri au passage, surprise et douleur.

Et soulagement.

Et puis consternation.

Gonflé, et presque noir sur le côté externe. Epanchement de sang. Mauvais. Je gigote les orteils, essaie de bouger d'avant en arrière, d'arrière en avant, sur le...

Non, pas sur le côté. Oh la VACHE ! J'ai tout vu en bleu-noir pendant un instant...

Je remonte la chose vers moi, en pliant la jambe. Je le dépose avec précautions sur le rocher. Puis je tatonne du bout des doigts... Geignement à travers les dents serrées... Eh merde, je ne me suis pas ratée, là. Pas de fracture, en tout cas je ne crois pas. Mais une entorse majuscule. Peut-être des déchirures.

Mon front sur mon genou une seconde, le temps que ça s'apaise un peu. Puis je redéplie la jambe, et descends mon pied jusqu'à l'eau de l'espèce de petit bassin peu profond juste à côté du rocher. Soupir-gémissement. Froid ! Je continue à descendre jusqu'à ce que ma cuisse repose sur le caillou. J'ai de l'eau jusqu'au mollet et la tête qui tourne.

Je me relâche enfin, penche le buste en avant, les deux mains appuyées entre les jambes sur le rocher, coudes tendus, je laisse pendre la tête un moment... Pfiouh... Ca fait du bien quand c'est engourdi... Je respire profondément, lentement...

Puis je relève le nez et je réponds.

J'essaie de contrôler ma voix, de gommer toute ombre de sarcasme ou d'ironie qui pourrait s'y glisser malgré moi. Il ne faut pas qu'il puisse comprendre de travers. Un flash, me revoici dans la demeure des Kaernos, démunie, seule, mal à l'aise dans cette robe qui ne m'appartient pas, le visage à découvert. Un bout de roseau qui essaie de résister à une tempête d'été. Ses yeux avaient exactement le même éclat.

On fuit quand on a peur, d'habitude. Tu m'as fait peur, et j'ai fui. Tout simplement.

La vérité toute nue, toute simple.

Lisse et claire comme la surface d'une eau tranquille.

Modifié (le) par Eyleen
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Guest Nadhir

Une réussite, et une demi-défaite sans doute.

Elle se serait fait plus mal encore si elle s'était concentrée sur son pied. Si elle avait eu un mouvement d'hésitation, ou qu'elle ne m'avait pas laissé faire glisser sa botte hors de son pied dans un mouvement le plus fluide possible. Ca, c'est réussit.

Et ça n'a pas l'air joli, je craignais ça, vu comment elle avait du mal à poser le pied, ça ne pouvait pas juste être un ongle cassé. A première vue, c'est le choc, hématome, pas agréable, mais rien qui ne nécessite une opération à pied ouvert. Parfois le remède peut être pire que le mal, et mes trucs de chirurgien n'arriveront à rien ici. La fraicheur de l'eau sur son pied, voilà ce dont elle a besoin pour le moment. Et pour plus tard, peut-être juste un cataplasme, de quoi continuer à apaiser pendant que le corps se renouvelle de lui-même. Elle a les bons réflexes, rien de plus á faire encore.

Alors qu'elle s'occupe à chercher une bonne position sur son rocher, et son pied dans l'eau, je repose sa botte, maigre récompense encore. Un sourire à moi-même, alors que je regarde Eyleen faire trempette devant moi. Ca aurait pu être une ondine, se prélassant au soleil au bord de l'eau. Elle en a les traits élancés.

Et viens sa réponse. Je n'aurai pas fait mieux. Parfaite réponse de diplomate, la pure vérité, mais qui ne répond à rien, qui fait croire que l'on cède sans pour autant donner la plus petite once d'information. D'où aurait-elle pu tenir ça? De moi-même lors de cette rencontre chez les Kaernos? Le destin se rit de moi...

Pourtant, elle ne se rit pas de moi. Ses yeux sont francs, honnêtes, je sais que c'est la vérité, sans qu'elle tente forcément de me cacher le reste.

Peut-être aurai-je dû m'y attendre, elle ne m'a pas promis la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Elle m'a promis mes questions, a suggéré qu'elle puisse y répondre, peut-être est-ce finalement plus que je n'aurai dû espérer, si elle s'en tient à la vérité...?

Tout simplement? Etait-ce donc l'évidence, qu'après nos multiples rencontres dans le passé, sous le signe de la confrontation, de l'entraide ou des confidences, tu aies peur de moi?

Je fronce un instant les sourcils.

Serait-ce donc ma faute?

Si ça pouvait expliquer au moins... Mais je n'arrive même pas à me convaincre de ça. Et si ce n'est pas ma faute, qu'y puis-je...?

Non, ça ce n'est pas vrai, ma faute n'a rien à voir là dedans, tant que je m'intéresse et me soucie d'elle. Mais peut-être que c'est ça qui la choque.

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Evidemment qu'il n'accepte pas cette réponse. En tout cas il n'accepte pas de s'en tenir là. C'était à prévoir.

Et maintenant ?...

Sachant qu'il a tapé direct dans le sujet délicat, on fait quoi ?

Bon, déjà on se donne le temps de réfléchir en touillant du pied dans le bassin d'eau fraîche. Ca fait des petits reflets qui bougent, c'est joli... On resterait bien là à contempler les petits reflets qui bougent, non ?

Non ?

Pffff... T'as vraiment pas l'âme d'un poète...

Tiens, j'ai soupiré en vrai.

Bon, ben on plonge alors.

Mais en maugréant quand même un petit peu.

J'ai toujours eu peur de toi.

Fais pas comme si tu ne t'en étais pas rendu compte...

Chez Merr-Aos, j'étais à ras de prendre la fuite à chaque seconde tellement ça me terrorisait d'être là. Et c'est pas ce bon vieux Papy Kaernos qui me foutait la trouille. C'était toi et la foutue inflexibilité que tu caches si bien sous des manières courtoises et des mots de velours. Mais ce jour-là, il était mince le velours, et on voyait l'acier à travers. Un acier à reflets dorés au fond des yeux. Un acier qui tranche derrière la voix qui restait douce.

Et puis les confidences... Pourquoi tu crois que je te les ai faites ? C'était pour que ça fasse mal tout de suite de te voir grimacer de dégoût ou pire. Bon, c'est pas arrivé. Mais ça aurait dû arriver. Je ne comprends pas encore très bien ta réaction. Ou ton absence de réaction, plutôt. Mais j'en avais peur évidemment.

Evidemment...

Ah bon.

Stop.

On arrête de gratter ce mur-là, les briques pourraient tomber.

Il devient urgent de dévier sur un autre sujet de conversation.

Ta faute, non, je ne crois pas.

Mais je suis une combattante, moi, pas une politicienne.

Sur ce terrain là, je pars perdue d'avance.

Donc je ne vois pas trop en quoi ça te surprend.

Ca y est je tiens ma bifurcation. Ouf ça soulage.

Et puis on est ennemis depuis la première fois où on s'est croisés.

D'ailleurs pour autant que je sache tu aurais déjà dû me tuer trois ou quatre fois.

Hop, mâchouille un peu celle-là pendant que je renforce le mur.

Quelques secondes, c'est presque rien mais mieux que rien quand même.

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Guest Nadhir

Cette fois-ci non plus, la réponse ne sort pas tout de suite.

Elle barbotte un instant dans l'eau, les yeux perdus dans le vague. S'il n'y avait pas eu ces dernières semaines, cette marque sur son bras, je m'en serai tenu là, je n'aurais fais que profiter de l'endroit et de l'agréable compagnie. Mais là, il y a toujours quelque chose en travers de ma gorge, et elle tourne autour du pot.

Peur de moi. Peut-être oui. N'est-ce pas là une victoire, lorsque son ennemi tremble devant nous? N'importe quel stratège verrait la victoire rien que dans la peur remplissant les yeux de son adversaire. Je n'ai jamais voulu ça. Ni dans mes ennemis, ni dans mes sujets, ce qui compte pour moi, c'est le respect, mutuel. Alors quoi, me suis-je aveuglé jusqu'ici, et n'ai découvert sa peur qu'alors que sa perte de mémoire l'empêchait de la maquiller en camouflage?

Elle continue à parler. La conversation dévie, et je ne suis même pas sûr si elle dévie du bon endroit.

Répondre, et en profiter pour recentrer, ou l'occasion ne reviendra peut-être pas.

Tu te trompes. Tu es une guerrière, et nous étions ennemis dès notre première rencontre, pourtant tu n'as jamais même tenté de me tuer jusqu'à aujourd'hui.

Les occasions où j'aurai dû te tuer, comme tu dis, auraient très bien pu aussi tourner à ton avantage, et pourtant tu as attendu jusqu'à maintenant pour lever une lame agressive sur moi. Mais jamais la peur n'a retenu ton bras, au contraire, c'est elle qui t'a fait m'attaquer.

Je n'ai pas vu de peur en toi, lors de nos précédentes rencontres, peut-être ai-je mal vu. Peut-être ne voulais-je pas voir. Mais je ne pense pas. Jamais la peur n'a été le sentiment à vue, chez toi. La colère, l'intégrité, la révolte, la croyance en tes soeurs, oui, mais pas la peur.

Et aujourd'hui, je l'ai vue, cette peur, sur le devant de la scène, emplissant ses yeux. Et je n'ai pas aimé la voir.

Notre dernière rencontre, je t'ai vue Rose, à aider une de nos étoiles, à parler avec moi comme si nous n'étions qu'un homme et une femme, prêts à oublier tout ce qui est censé nous éloigner l'un de l'autre, et je retrouve aujourd'hui une Enfer, apeurée mais sortant d'un massacre d'innocents, et... je ne comprends pas.

Parlé sans m'arrêter, rapidement, à peine sans réfléchir à ce que j'allais dire ensuite. Mais déjà par deux fois elle a esquivé la question, peut-être sans forcément s'en rendre compte. Il faut que je sache. Même pas une question; une incompréhension, une incrédulité, qui m'ont fait parler plus crûment que ce que je n'aurai pensé possible.

Que je ne me serai même avoué.

Cette envie de la revoir, de la découvrir, de partager des moments avec elle, depuis quand? Depuis une rencontre houleuse chez Merr'Aos? Depuis un champ de fleur? Depuis avant même? Quelque chose qui palpitait dans mon coeur en pensant à elle, sans vouloir encore croire que ça puisse être de l'amour, sans oser encore espérer que ce soit réciproque...

Et aujourd'hui je me l'admets, avoir voulu la retrouver par amour, le jour où je doute le plus de mes sentiments.

Mes yeux ont pris une teinte plus triste en la regardant. Du coin de l'oeil, je vois sa marque comme rougeoyer et s'imprimer dans ma rétine. Qui est-elle vraiment maintenant? Que reste-t-il de celle qui m'a subjugué par son caractère?

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Il y est revenu.

Et pire encore, je me prends des coups de poignard entre les côtes et il ne s'en rend même pas compte.

Ma croyance en mes soeurs... Mes soeurs...

J'ai grimacé sur ces mots-là, je crois, et baissé les yeux sur l'eau pour faire passer la brusque poussée de douleur dans la poitrine.

J'écoute la suite, immobile.

Et ça fait mal aussi d'entendre ça.

J'ai les yeux baissés, facile de les faire glisser jusqu'à mes bras tendus l'un à côté de l'autre. Mon avant-bras droit et cette marque sombre, un peu en relief. On dirait une brûlure... Et parfois c'en est une, quand elle devient rouge vif et brûlante et qu'elle appelle le sang. Je lève la main gauche et je la passe dessus, pensive, comme si ça pouvait l'effacer. Elle est étrange, cette marque. Je suis toujours un peu surprise de la redécouvrir là... Je repose ma main sur la pierre, reporte mon poids sur mes deux paumes.

J'aurais peut-être mieux fait de ne pas relever les yeux à ce moment-là. La vibration dans sa voix, cette sorte de fièvre aurait du m'avertir. Mais c'est fait, c'est comme ça. Et je me souviens trop tard que son regard est souvent plus intense encore que tout ce qui peut vibrer dans sa voix. Et je tombe dedans la tête la première. Parce qu'il y a trop de peine dans ce regard, et cette incompréhension, ce besoin de savoir sont entièrement tournés vers moi. Et ça c'est un autre coup. Quand j'ai essayé de lui faire comprendre ce que j'étais, j'étais tenaillée d'angoisse. Je ne le croyais déjà pas capable de comprendre, à ce moment-là. Et maintenant ? Ce que je suis maintenant ? D'ailleurs qu'est-ce que je suis, au juste ?...

Les innocents...

Qui est innocent ici ?...

Même ceux qui devraient être les chevaliers de ce monde ne sont que des bouchers.

Et même parmi les tiens, Nadhir...

Mais la question n'est pas là, pas vraiment, pas encore.

C'était juste pour gagner du temps.

Ce n'était pas la même peur.

Je me suis enfuie et je t'ai attaqué parce que je ne voulais pas que ça arrive. Et c'est arrivé quand même.

J'avais réussi à... à tenir jusqu'à maintenant mais ça devenait plus difficile et...

Et c'est incompréhensible.

Alors tu arrêtes, tu expires et tu essaies d'être claire.

Autant pour toi que pour lui, c'est l'occasion de faire le tri, la part des choses. Il le faut.

Je passe une main rapide devant mon visage, cale derrière l'oreille une mèche qui s'empresse de retomber, et je l'en remercie... C'est plus facile de parler comme ça... Ce n'est qu'un maigre obstacle mais il atténue un peu l'impression que son regard me touche pour de vrai.

J'avais oublié, tout.

Sur le moment, je veux dire.

Et comme ça faisait moins mal j'ai préféré continuer à ne pas me souvenir.

J'ai la voix sourde et voilée.

J'espère qu'il entend.

Je crois qu'il entend.

Mais à chaque fois que je rencontrais quelqu'un d'avant, ça s'éveillait.

Et je savais bien que toi...

Gorge sèche.

Je savais bien que tout s'écroulerait avec toi...

Sourire-grimace.

J'avais raison...

Tout est là à nouveau.

Comme quoi j'étais bien avisée d'avoir peur de toi...

Une seconde ou deux, je replonge dans le noeud de l'histoire, le moment où tout a sombré, c'était un matin magnifique. Un matin horrible. J'aurais jamais cru...

J'aurais jamais cru que tout pouvait changer aussi vite. L'heure d'avant elles étaient là. Et puis brutalement, plus personne, plus rien. Le vide. Et pas un mot pour expliquer.

Je ne sais même pas où elles sont allées. Je ne sais même pas pourquoi elles sont parties... ni pourquoi... pourquoi elles n'ont pas permis que je les suive...

Et ça fait mal de dire ça...

Ca fait mal de l'entendre sonner dans l'air, même faiblement, alors que je ne pensais pas le dire tout haut.

Mal de donner à ça la réalité des mots.

Et de me souvenir de la suite aussi, la course folle à travers tout, la furie aveugle, l'envie de casser quelque chose, et l'impulsion auto-destructrice, tant qu'à détruire, autant détruire quelque chose qui ne vaut rien, quelque chose de déjà fracassé.

C'était un hasard si je suis tombée sur eux...

Ca aurait pu être n'importe qui, j'aurais foncé dans le tas, pareil...

Je ne sais pas quand j'ai piqué du nez au juste. Mais j'ai piqué du nez, et me revoilà à regarder cette marque, à la frotter de la main, comme une cicatrice. Du reste c'est un peu ce qu'elle est...

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Guest Nadhir

Clic.

Un pan de son vécu qui se déroule devant moi, tout d'un coup. Comme tout à l'heure le voile derrière ses yeux, qui s'est tiré promptement. Quelques phrases, quelques non-dits, mais beaucoup de sens, beaucoup de raisons.

Avec ses yeux, avec ses paroles, je revis moi aussi ses moments avec elle.

Leur disparition à elles... les Roses évidemment. Sans explication, elle reste toute seule. Sans raison, elle perd celles en qui elle avait toute confiance, en qui elle avait placé sa force et sa croyance. Perdue, le choc, le reflet de ses yeux me dit tout ce que ses mots n'arrivent pas à exprimer. Une folie passagère, destructrice, suicidaire. La perte de ses souvenirs pour se protéger elle-même, ne pas revivre éternellement dans sa tête ce qu'elle a vu comme une trahison. Se renfermer sur elle-même pour éviter que la tempête de ses souvenirs ne déferle à nouveau sur elle. Mais c'est impossible. Combien de temps aurait-elle tenu? Combien de temps peut-on vivre avec une étrangère au sein même de son propre corps? Elle aurait retrouvé ses souvenirs, pardonné peut-être, oublié finalement, même si je...

Moi?

Un frisson dans le dos.

Elle savait qu'elle ne pourrait se cacher d'elle-même, si je la confrontais, c'est ça? Parmi tous ceux qu'elle a pu voir, fantômes de sa vie passée, c'est contre moi qu'elle ne pouvait se défendre, autrement que par la fuite, par l'attaque aveugle...

Quel pouvoir peut-elle donc penser que j'ai sur elle?

Elle avait raison pourtant.

Quel pouvoir...?

Quelle influence?

Moi en particulier?

Pourrais-je me laisser à espérer...

Je ferme les yeux, calme, me calmer, respirer profondément, ne pas laisser mes pensées dériver, revenir à elle, à sa situation, à ce qu'elle est maintenant, à... ce qu'elle serait...

Les yeux baissés, dans le vide, frottant inconsciemment la marque enferienne. Elle doit faire mal, elle aussi. Ce n'est pas qu'un tatouage, c'est une partie du lien entre chaque démon et les Enfers eux-mêmes, si j'ai bien compris. Peu de démons ont pu s'en délivrer de leur libre volonté. Une chaîne, autant qu'une marque de reconnaissance. Et elle aurait succombé à leur pouvoir, sans avoir avec la force de ses souvenirs de ses convictions, pour se défendre. Cible facile pour eux alors. Cible involontaire, innocente...

Un écho de ses premiers mots.

Qui sont les innocents?

Question bien difficile à répondre, pour qui a l'ouverture d'esprit de reconnaitre la subjectivité.

C'est une question de choix. Comme beaucoup d'autres.

Si l'on n'a pas choisi, si l'on nous a forcé, comment ne pas être l'innocent?

Quelque part, ma pire crainte était qu'elle se soit donnée aux Enfers, volontairement, de toute son âme...

Un espoir renaît, alors que je me rends compte que c'est bien loin de la vérité. Un espoir...

Merci Eyleen...

Un regard franc, une pointe de sourire peut-être, même si je sais que la suite ne sera pas évidente.

Tu as déjà répondu à plus de questions que je ne pensais. Et je suis heureux que tu aies bien voulu me faire comprendre tout ça, même si j'ai peut-être été un peu... pressant.

Une demande d'excuse, dans ma voix. Peut-être y avait-il une façon plus aisée, moins choquante, d'y arriver, et je n'ai pas vraiment pris de gants avec toi... Laisse moi donc l'occasion de me racheter, si tu permets.

Je ne peux qu'imaginer la perte que tu as éprouvée. J'ai vu la confiance, le dévouement, l'aise que tu avais trouvés avec tes soeurs les Roses, et je sais qu'elles t'avaient acceptée comme une des leurs, à part entière. On dit qu'elles ont disparues, que nul être vivant ne les a rencontrées depuis. Que jamais plus elles ne s'orneront d'un sourire, comme les roses arborent leurs pétales. Je ne sais ce qui les a fait partir, mais si j'avais été à leur place, si j'avais su que ton destin aurait été pire que si tu étais restée dans l'ignorance, alors je ne te l'aurais pas dit non plus. Ce pourrait-il que ce soit leur amour pour toi qui les ai fait réagir ainsi? Je le crois...

Une autre implication là. Tout juste avouée...

Le bonheur n'est pas un acquis. C'est une quête, éternellement renouvellée.

Ne laisse pas ce dernier souvenir effacer tous les précédents. Ces moments passés avec elles, chéris-les. Ils te donneront de quoi reconnaitre et apprécier de trouver à nouveau quelqu'un qui t'accepte comme tu es, et qui te rende heureuse...

La voix qui finit dans le vide.

J'aurai dit la même chose à n'importe qui. Parce que je suis comme ça, c'est l'espérance qui me fait avancer, la croyance en les étoiles est la meilleure façon qui me permette de le matérialiser. Et mon étoile brille de mille feux, ne peut s'empêcher de rayonner sur d'autres.

J'aurai dit la même chose à n'importe qui dans le même cas. Mais je n'aurai alors pas cru que c'était en mon propre pouvoir, de réaliser cette espérance.

Une piqûre encore, au plus profond de moi.

Mais peut-être... d'ailleurs... que tu as trouvé ça déjà chez eux...

Les enfers l'ont acceptée, l'ont marquée, l'ont embrassée en leur sein.

Les roses sont elles juste devenues pourpres?

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Me rendre heureuse...

La bonne blague.

Est-ce que j'étais heureuse ?

Sincèrement oui, je l'étais, même quand tout ce que nous construisions était menacé, parce que j'avais quelque chose à défendre. Quelque chose en quoi croire. Et puis tout s'est envolé hors de ma portée, brutalement.

C'est ça le bonheur ?

Quelque chose que l'on perd ?

C'était la première fois que je ressentais ça.

Et la première fois aussi que je souffrais autant...

... quoique ça c'est inexact. J'ai passé de sales moments à la fin de l'enfance, quand j'ai compris pourquoi on me parlait si peu, mais j'étais très jeune, à la fois plus vulnérable et plus forte, et j'ai guéri...

... et ça aussi c'est inexact.

J'ai pas guéri.

Sinon je ne serais pas devenue à moitié folle quand leur départ m'a frappée exactement au même endroit. Le morceau de coeur qui a besoin des autres... besoin de sourires, de contacts, de partages.

J'ai la tête qui tourne.

Trop de pièces du puzzle qui tombent en place en même temps, l'image qui apparaît me heurte...

L'image qui me montre telle que je suis, sans les illusions. Sans la carapace.

Il y a ceux qui sont seuls parce qu'ils aiment ça.

Et puis il y a ceux qui sont seuls parce qu'ils n'ont pas d'autre option.

Et au bout d'une vie de solitude j'ai connu ces autres qui m'ouvraient les bras. Et j'ai été heureuse.

Parce que je suis de la deuxième sorte.

Et si je les ai maudites, c'est parce que j'ai souffert de ça, plus que si j'avais poursuivi ma route en solitaire.

Maintenant que je connais cette souffrance, est-ce que je reprendrais le risque ?

Est-ce que ça le vaut ?

Est-ce que la peur ne viendrait pas entacher la joie ?

Est-ce qu'elle peut même se représenter, cette joie ?

Il a l'air de penser que tout est possible...

J'aimerais le penser aussi...

Mais j'ai encore trop mal pour ça.

Trop peur...

Une remarque qui sonne comme une question, je lève les yeux, il regarde mon bras, la main qui le frotte machinalement...

Chez eux...

Un petit bout de rire, sec et désabusé.

M'accepter comme je suis...

Oui, ils m'acceptent comme je suis.

Parce qu'ils se foutent pas mal de ce que je suis, en fait...

Je ne crois pas que ça les intéresse.

La façon dont je tiens l'épée les intéresse, et rien d'autre.

Et c'est très bien comme ça...

Je suis juste... un chien de la meute.

C'est tout.

Et c'est tout ce que je voulais être...

Un chien qui ne se souvient pas qu'il était autre chose.

Mais un chien vicieux, sournois, qui attend son heure.

Un chien qui mordra la main qui l'a battu.

Oh oui...

Il y en a un à qui je garde une dent, et même plusieurs, les plus acérées, les plus pointues...

Il n'est pas question de bonheur, là en bas...

Pas pour moi en tout cas.

Maintenant peut-être que certains d'entre eux aiment être ce qu'ils sont, je ne sais pas...

Mais tu te doutes que ce ne sont pas des gens à faire dans le sentimental...

Pas comme elles...

L'opposé d'elles, en fait.

Etrange que le hasard m'ait justement conduite au milieu d'eux...

Après le pacifisme, la violence aveugle. Après la droiture et la loyauté, l'absence totale de valeurs. Après l'union égalitaire des forces, le totalitarisme d'un seul. D'un seul qu'on ne voit jamais. Un dieu, disent-ils... Jamais vu aucun dieu là en bas. Juste parfois, la marque qui devient rouge et je redeviens une bête grondante et furieuse. La bête qui s'est jetée au milieu d'eux, les yeux fous... La louve enragée avec le flanc qui saigne...

...

Trop de choses en même temps, j'ai le vertige.

Après leur départ et ma fuite, tout est confus, je ne sais plus, ce n'est qu'un enchevêtrement de visages, les traits austères du nécromant, j'avais ciblé celui qui me paraissait le plus dangereux, et c'était leur empereur, comme par hasard, bien vu la louve. La face empreinte de folie du Juge, ses yeux comme des brandons. D'autres visages entrevus comme dans une brume. C'est devenu plus clair ensuite, mais voilé d'irréel... Comme un cauchemard dont on s'éveille tout juste.

J'ai une petite pièce du puzzle en main, je la tourne et la retourne, sans savoir qu'en faire...

Pourquoi ne suis-je pas revenue à moi aux pieds de la recycleuse, cette fois ?...

...

Mal au crâne, ça y est.

Même pas surprenant.

J'arrête de frotter la marque, je me penche pour plonger la main dans l'eau fraîche et le frais me fait du bien quand je passe la main sur mon front, sur la tempe qui commence à me lancer. Soupir. Epuisement...

Tu crois vraiment que c'est pour m'épargner qu'elles ne m'ont pas avertie ?

Pourtant elles savaient...

Tally savait.

Toute mon histoire.

Comment imaginer qu'elle ait pu croire que c'était mieux de ne rien me dire ?

Je relève les yeux sur lui, ils me font mal, mes yeux.

Je voudrais tellement le croire...

Est-ce qu'il dit ça pour m'apaiser, seulement ?

Ou bien est-ce qu'il en est convaicu ?...

Si seulement...

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Guest Nadhir

Son appartenance aux Enfers.

Plusieurs fois j'avais essayé de toucher le sujet, plusieurs fois elle m'avait mis en déroute.

Petit à petit, cette fois-ci, elle s'ouvre à mon questionnement.

Des indices, des vérités, des confirmations. Elle ne me cache pas, me laisse conclure moi-même peut-être.

Il y a en elle en même temps une acceptation, de résignation, de sa condition actuelle mais aussi une sorte de rejet, d'interrogation...

Quelque part, ça me rassure. Je préfère la voir comme la victime des Enfers, plutôt que le bourreau implacable qu'elle devient sous leur commandement. Peut-être que je m'aveugle moi-même, que je me fais croire ce que j'ai envie de croire. N'a-t-elle pas la volonté, la force de caractère, pour décider d'elle-même, et fuir si elle le veut? Ça aussi je le crois. Mais je sais aussi que d'autres ont succombé au pouvoir des Enfers, sans aucune chance de résistance. Merr'Aos. Que me dirais-tu, toi, qui en est revenu, du royaume sous-terrain?

Je ne sais pas.

Et est-ce que ça importe?

C'est Eyleen qui importe...

D'ailleurs, elle est totalement différente. Lui semblait complètement subjugué par l'appel Infernal. Elle, se permettrait-elle la tristesse du souvenir de ses soeurs, si elle n'était qu'un démon sans coeur? Se permettrait-elle de reconnaitre ne pas trouver le bonheur, là-bas? Se permettrait-elle d'éprouver la moitié de ce qui passe sur son visage?

Tourmentée. Aussi bien par le présent que par le passé. A l'entendre, elle n'a jamais connu que ça.

Peut-être que tout viens de là.

La question directe, sans détour, sur les Roses.

A vrai dire, je n'ai jamais compris leur départ, jamais eu d'indice pour l'expliquer... A part peut-être la présence d'Eyleen derrière elles, comme un mystère.

Si elles avaient été contraintes, si elles avaient été prises contre leur gré, je suis certain qu'elles pourraient voir les Enfers comme une destin moins tragique.

Si elles sont parties d'elles-mêmes, je ne peux pas imaginer que ce soit un oubli, de laisser derrière une soeur, une égale, celle qui la première les défendait dans le danger, celle à qui elles accordaient toute leur confiance pour leur destin. Je ne peux juger que ce que j'ai vu, et c'est ça que j'ai vu.

J'en suis certain. Et si elles sont parties ainsi, je suis persuadé que tu ne peux envier leur sort, aujourd'hui.

Et puis... ce n'est pas comme si elles ont laissé derrière elles quelqu'un qui ne savait pas prendre soin d'elle-même. Si je devais parier sur la survie en solitaire de n'importe qui que je connais, ce serait toi.

Volonté, débrouillardise, caractère, force, elle est toute adaptée aux environnements hostiles.

Par malédiction.

Elle semble n'avoir pu se relâcher que parmis les Roses, et tout de suite rattrapée par les évènements, la persécution.

Même si la solitude semble moins te convenir que ce que j'aurai pu penser...

Les Roses, les Enfers. Je ne t'ai jamais vue toute seule. Toujours à défendre une cause commune.

Même si je ne sais pas encore quelle cause te fais te battre aujourd'hui.

Tout le monde se bat pour quelque chose.

Une espérance, un rêve, une croyance...

Lorsqu'elle était chez les Roses, c'était clair.

Et maintenant?

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Je souris.

Mais ce n'est pas un sourire de joie, oh non.

Il fait mal aux lèvres ce sourire.

Puis mes yeux se perdent dans le vague, à nouveau... Un vague signe sombre sur mon bras droit.

Je ne sais pas...

Hier, ou encore ce matin je me battais pour ne pas avoir le temps de réfléchir. Ou parce que Ca m'en donnait l'ordre...

Peut-être que je me battais par rancune sans savoir à qui et pourquoi tenir rancune.

Peut-être que je me battais parce que c'est tout ce que je sais faire...

...

Je ne sais pas, maintenant.

Les Enfers ne défendent aucune cause.

Ils obéissent, et c'est tout...

Les ordres viennent des généraux, ou de Ca...

Coup de menton vers la marque...

Quand elle devient rouge et brûlante, je me sens comme elle, rouge et brûlante, emplie de rage et de fureur.

Là elle est noire et desséchée comme un vieux bout de bois brûlé.

Et je me sens comme elle.

Un vieux bout de bois brûlé...

Je n'ai plus besoin de me battre pour oublier.

Il reste... les ordres.

Frapper qui et quand l'Empereur le décide.

Frapper qui menace un des nôtres.

Frapper au hasard dans la folie rouge de la marque...

Frapper, frapper, frapper...

Mourir parfois.

Aussi.

Je me sens tellement vide...

Morne, terne et sans but...

Fatiguée de tout...

Fatiguée à me rouler en boule entre deux racines, et dormir, sans en avoir rien à foutre que le premier justicier venu puisse m'occire au passage...

J'avais une famille, une foi, un idéal. Quelque chose à défendre.

Ma famille, maintenant...

C'est une famille dont les membres ne se parlent pas.

Ils partagent la même atmosphère sulfureuse, la même ardeur au combat. Pour la plupart d'entre eux, la soif du sang et cette dévotion aveugle pour un être qui ne leur a jamais parlé... Poussés en avant par leur foi, ou par leur propre violence. Et je marche à leurs côtés. Et je ne sais même pas pourquoi. Juste que là, maintenant, je n'arrive pas à touver un sens à tout ça... Quand est-ce que j'ai choisi de les rejoindre ? Est-ce que c'est quand j'ai eu envie de déchirer le monde pour qu'il ait aussi mal que moi ? Envie de le transformer en désert de cendres sillonné de crevasses, à l'image de mon coeur à moi ?

Je ne me souviens pas...

Je ne me souviens pas de comment je suis arrivée là... Des images confuses et des sentiments violents, de la peur et de la haine. Je ne sais même pas pour qui, tout ça... Peur d'eux, oui, et la haine, envers tous... Moi en premier, elles ensuite. Et puis le reste du monde, chacun son tour, poussez pas, y'en aura pour tout le monde...

Qu'est-ce qu'il reste de tout ça à présent ?

Qu'est-ce qui me tient encore debout, en vie ?

La peur a fondu, la haine a fondu aussi, qu'est-ce qui me reste ?

La case départ, seule à l'abri dans le fond de mon capuchon, bien loin du regard des autres ? Bien loin du danger des autres ?

Est-ce que c'est possible, seulement ? Après avoir connu ces femmes et leurs sourires, cette vie trop brève au milieu d'elles, cette peur qu'on a de perdre quelque chose de cher... C'est un vide en moi, une déchirure. Quelque chose qui n'était pas là avant. Quelque chose qui change tout...

Et puis, il y a Ca, aussi...

Cette marque, une entrave et un lien, une compagne...

Et si c'était vraiment tout ce qui me reste ?...

Je la caresse à nouveau, les yeux baissés, les cheveux devant la figure.

Pour me rassurer, pour me convaincre, je ne sais même pas...

Pour m'accrocher à quelque chose de réel...

Et surtout respirer profondément, calmement, sinon je vais me mettre à pleurer comme un veau.

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Guest Nadhir

Elle répond.

Je ne sais pas ce que j'attendais.

Mais elle me confirme, par ses paroles, par ses yeux, son language corporel, qu'elle est perdue.

Trop de choses, d'un coup, et puis plus rien.

Le vide, comblé par ce qui passe en premier. Pour ne plus craindre ce vide, tout faire pour éviter le vide.

Perdue.

Elle parlait de peur, mais ce n'est même plus ce qui domine.

La résignation, je l'avais déjà sentie. Pas assez encore. C'est plus que ça.

Je lui ai demandé ce pour quoi elle se bat, maintenant.

Ce que j'ai entendu, c'est qu'elle finira par baisser les bras.

Sans motivation, qu'est-ce qui nous fait avancer?

L'habitude.

Et si l'habitude s'use à force de trop lui en demander?

Que reste-t-il alors?

Plus rien.

...

Plus rien.

Une douleur au fond de ma poitrine.

C'est ça qui arriverait? Laisser mourir l'une, c'est condamner l'autre.

De doute, d'espérance trompée, de cauchemar.

Est-ce que j'arriverai à me l'avouer, que mon bonheur dépendrait d'elle? Que quoi qu'il arrive, je ne pourrais oublier son souvenir? Et que si ce souvenir est macabre, il aura raison de moi?

Ses yeux baissés, cachés, peut-être subjugués par la marque à son bras.

L'habitude peut-être.

Qui s'use.

Comment brise-t-on ce cercle vicieux là?

Dans un murmure, en cherchant son regard,

Je n'aimerai pas qu'on me laisse, moi, sans plus aucune espérance, sans rien qui ne vienne caresser mes rêves. Et je ne le souhaite à personne.

J'ai tendu la main, posée sur la sienne, celle qui prolonge le signe infernal, celle qui doit trembler lorsque il se réveille.

Et j'ai serré.

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Un frisson qui m'a filé tout le long du dos. Un frémissement très bref.

Elle est chaude, sa main.

Douce.

Et son murmure...

Peut-être que j'en ai trop dit, le choc ou la fatigue, mais je me suis répandue bien au-delà de ce que je comptais lui dire. J'ai perdu de vue certaines réalités, qui je suis, qui il est, ce qui nous affronte au lieu de nous réunir, et j'ai parlé. J'étais tellement plongée en moi-même que j'ai oublié, presque, qu'il n'était pas une partie de moi...

Mais nous sommes distincts.

Même si il a compris ce que je ne disais pas. Ce qui était derrière les mots, mal dissimulé sans doute, même pas dissimulé en fait, juste tu, par pudeur ou par gêne. Mais c'était là, à fleur de voix, à fleur de regard. Et il sait comment voir au-delà des visages, alors quand le visage est un livre grand ouvert, un jeu d'enfant...

Est-ce que je l'attendais de lui ? Pas impossible... Quelque chose en moi qui voulait qu'il sache. La même chose peut-être qui m'a fait un jour lui mettre mes différences sous le nez, pour provoquer une réaction qui n'a jamais eu le temps de venir.

J'ai trop parlé, oui, j'en avais trop besoin, il fallait que je dise ces choses-là à quelqu'un. Et je ne vois qu'une autre personne à qui j'aurais pu les dire, deux, peut-être, mais c'est lui qui était là. Et c'est très bien comme ça. C'est lui qui devait entendre ça, le recevoir. Je me fous du pourquoi, c'est comme ça et c'est tout.

J'ai toujours les yeux baissés sur ma main, recouverte et serrée à présent par la sienne. Ma main refermée sur ses doigts, mais c'est une prise précaire. Mon autre main délaisse la marque et glisse. Trop craintive pour le saisir franchement, elle dérape un peu sur le côté, hésite, se crispe et se cramponne. Voilà. Un peu plus solide comme ça. Je ne veux pas qu'il me la reprenne trop vite, cette main, la chaleur qui me vient par elle m'est bien trop nécessaire.

Il faudrait peut-être que je respire...

J'avais arrêté, c'est idiot.

Une grande inspiration un peu saccadée, qui me redresse un peu les épaules et le front.

L'air qui m'emplit sent bon l'eau et la forêt. Les choses sereines et vivantes.

J'ai glissé un regard à travers les mèches qui me pendent devant le nez, un regard comme ma main, qui tâtonne, hésite, qui vibre un peu trop. Croisé ses yeux à lui, vite, peur de s'attarder, envie pourtant de revenir, mais il se passe trop de choses dans ma tête pour oser lui en donner l'accès. Et pourtant je m'y fixe, protégée à demi par un voile de cheveux providentiel. Piégée comme un papillon imprudent qui aime trop le miel. C'est un peu de cette couleur-là, qu'ils sont, ses yeux, en ce moment. Du miel...

Ne pas rester figée comme ça, immobile, dis quelque chose, ou fais quelque chose.

Je souris.

Un sourire maigre et pas très assuré, mais un sourire.

Ca veut dire merci.

Mais j'ai le coeur dans la gorge, ça me bloque tous les mots.

C'est idiot.

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Guest Nadhir

Je m'attendais à un sursaut, ne serait-ce que léger.

J'aurai compris, si la proximité de sa marque avec ma main de poussière d'étoile l'avait fait se rétracter, ne serait-ce qu'un peu.

Rien de cela.

Sa main qui accepte la mienne, qui en attendait le réconfort, comme je brûlais de le lui apporter.

Pas encore suffisant pourtant, sa main gauche vient en renfort, recouvre la mienne. Il ne m'en faut pas plus comme remerciement.

Elle est fraîche, veloutée, sa main. Délicieuse à mon contact, et presque aussi intense que le regard fugace à travers sa chevelure.

Et puis un sourire, un peu timide, un peu hésitant, mais le premier depuis bien longtemps. Un sourire d'espoir.

Le coeur qui gonfle dans ma poitrine, les battements qui m'assourdissent.

L'euphorie.

Quels étaient les doutes que j'avais? Je ne sais plus, je m'en fous.

L'important, c'est ce sourire, c'est ce contact qui promet tant, c'est sentir sans équivoque qu'une magie s'opère, entre nous.

La plus belle des magies. Celle pour laquelle on ne sera jamais qu'un apprenti-sorcier.

Celle que même avec mes Mots, je ne saurais ordonner.

Celle dont la manne se renforce, à mesure qu'elle se dépense.

Re-clic.

Aurai-je été aveugle? Aurai-je dû plus croire en ces rêves qui m'animaient?

Nos précédentes conversations me reviennent en mémoire.

Cette certitude qu'elle avait que son voile d'oubli de me résisterait pas, à moi, c'était...

Cette peur qu'elle avait de rencontrer mon regard et mon jugement, c'était...

Ce besoin de me montrer sa vraie nature, sans fard, c'était...

Je m'approche d'elle, m'agenouille devant elle. J'ai laissé ma main là où elle était, là où elle est bien.

Il faut que je lui réponde d'abord.

Il faut que je sois aussi franc qu'elle. Elle le mérite, et je lui dois.

Eyleen...

Ben merde... Allez, franc on a dit, pas encore se laisser emporter avant le jugement. Avoue.

Il faut que je revienne à notre dernière conversation, au dehors de ta grotte, il y a quelques semaines. J'aurai voulu que ce soit différent, j'aurai voulu que l'on aie plus de temps alors.

J'avais deux choses à te dire... pour commencer.

Fixer son regard, ouvrir le mien, s'ouvrir...

Tu t'es montrée telle que tu étais, ce jour-là, telle que j'aurai dû te haïr, apparemment.

Mais je ne suis pas d'ici. Je ne connais pas les histoires qui ont poussé les humains et les elfes des grottes à s'entretuer, et continuer à s'en vouloir à mort. Moi et mes ancètres n'avons aucune dent contre les elfes, d'ici ou d'ailleurs. Ils les ont longues, acérées, aussi mortelles que leurs griffes, mais pas contre les elfes.

Et je serais de toutes façons le dernier à pouvoir juger par les apparences, et par la race. Mon passé à moi est plus étrange encore que le tien. Je ne sais pas si c'est une chance, pour moi, qu'il soit invisible sur mes traits.

Une inspiration.

Je ne suis pas né comme ça. Pas comme un humain, et pas par ici. Les lointaines Terres d'Argent m'ont vu naître, sous la peau et les griffes d'un félys, le chaînon manquant entre l'homme et le félin, pourrais-tu dire. J'ai changé. Mon arrivée ici a coïncidé avec la traversée d'un lieu empli de magie élémentaire, et ancestrale. Mon lien avec la Terre nourricière s'est illustré dans mon apparence.

Que croira-t-elle?

Mon passé à moi est ainsi, d'une autre race, et d'une autre profession. J'étais un voleur, parmi les plus honorables et les plus doués qui soient.

Un silence.

Je n'aurai pas voulu que tu apprennes ça de quiconque d'autre que moi, ou d'une autre façon.

Observer sa réaction, chercher un indice...

Modifié (le) par Nadhir
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Au moment où il se rapproche, j'ai comme un drôle de petit vide tourbillonnant qui s'installe au creux de mon estomac. Une seconde ou deux, pas plus, mais l'effet est... très inhabituel. Un petit vertige, comme quand on monte un escalier et qu'on croit qu'il y a une marche en plus. Une sensation de chute, mais très brève...

Puis il parle, et j'ai d'abord un peu de mal à me concentrer sur ce qu'il dit. J'étais encore plongée dans l'ambre et le miel, bien au chaud, il m'a fallu un petit moment pour émerger... C'est parce que sa voix est chaude aussi sinon j'y serais restée. Il est tout près maintenant, je dois lever un peu le menton, et lui il lui suffit presque de chuchoter pour que j'entende.

D'abord la confirmation de ce que je supposais à travers certains de ses mots d'avant. Un petit soleil qui s'allume dans ma poitrine, et mon sourire s'affermit un peu. Ce qui vient ensuite me fait ouvrir de grands yeux idiots. Et pourtant ça explique énormément de choses. Cette façon de bouger, de se déplacer, qui est trop souple et trop fluide, trop parfaitement contrôlée pour être seulement humaine. La voix qui peut trancher même en restant si douce, la menace latente qui sous-tendait ses mots parfois, comme le feulement de certains fauves avant que vienne le coup de griffes. Et ces yeux étranges à la couleur unique... Un homme-chat. Je cherche sur ses traits mais je ne vois rien de ce passé. Juste les yeux d'or. Mais il ne me vient même pas à l'idée de mettre ses paroles en doute. J'avais remarqué trop de choses qui le rendaient différent, lui aussi.

Et puis il termine ses aveux, et là mon sourire s'étire lentement. Tiens tiens... Je crois même que je ris intérieurement...

Salut, Voleur Félys, moi c'est Mercenaire Korgaï...

Jolie promotion, Sire... Même si tu n'en as jamais rien affiché...

Ma voix revenue est basse et il y affleure une once de taquinerie... Mais le sourire est là pour tempérer les mots... j'espère.

C'est pour ça que t'as réussi à me rattraper, en fait. En principe j'aurais du te semer après quelques secondes...

Là c'est plus une once, c'est une louche.

Un peu de prétention feinte, on sait tous les deux pourquoi je ne l'ai pas semé.

C'est étrange quand même de parler si bas... a quelqu'un de si proche...

Etrange aussi de noter les accents que prend ma voix...

Des accents... très inhabituels.

Un peu inquiétant tout ça.

Faudrait que je me décroche de son regard...

Faudrait aussi que mon sang arrête de me résonner aux tempes...

Ca me trouble l'esprit.

Il y a donc tant de gens qui savent ?...

Et...

En fait, qu'est-ce que ça change ?

La voix plus douce, plus claire aussi, sans ces inflexions qui sonnaient comme... comme un déhanchement qui provoque. Très très inhabituel. Là c'est à nouveau ma voix. Juste plus faible, vu qu'il n'y a aucune raison de hausser le ton. Un soupçon de dérapage sur les derniers mots, alors que me vient sournoisement à l'esprit une petite question troublante...

Pourquoi tient-il à ce que je sache, moi ? Pour me convaincre qu'il est sincère ? Seulement pour ça ?

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Guest Nadhir

Soulagement. Elle le prend à la légère, au sourire, à l'ironie.

Elle avait mille manières de me renvoyer dans mes cordes, elle ne l'a pas fait.

Pétillement dans ses yeux.

Ses pommettes qui se bombent. Cet amusement-là a chassé la morosité de l'instant d'avant.

Je vais vraiment croire qu'elle n'attendait que ça pour se rouvrir, la rose qui hibernait sous terre.

Ouvrir sa corolle. Laisser la douce chaleur du soleil radier dans ses pétales.

Se bercer au gré du vent, légère.

Permettre à l'abeille de venir la butiner.

Ses lèvres... Pendant un instant, alors qu'elle en jouait à essayer de me provoquer, elles me paraissent irresistibles. Félines, gourmandes, sucrées. Le changement de son ton me fait reprendre le fil. Revenir sur ses yeux, y lire ses questions, pas seulement celles qu'elle vocalise.

Un sourire en coin, elle me permettra de répondre à sa provocation...

Avec ce que je vois de tes gambettes, j'aurai pu courir longtemps, et ça aurait été bien dommage, non?

Surtout parce que je serai en train de parler en ahanant comme un boeuf, là, ce qui est nettement moins charmeur, j'ai noté.

Quoique, en la poursuivant, j'aurai autant profité d'une vue imprenable sur sa silhouette. Peut-être faudra-t-il répéter...

Mais non, peu de gens savent. Certains vieux frères des Constellations avec qui je suis venu ici, guère plus. Peut-être même que cela fait moins de personnes que celles qui ont su de ta bouche tes origines.

Et pour ce que ça change, j'espérais... rien, comme tu devais espérer la même chose de moi.

Et parce que je voudrais que tu saches qui je suis, comme moi j'aime apprendre à te connaitre.

Pourquoi ne me suis-je jamais arrêté à voir s'épanouir une fleur?

C'est fascinant...

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Rien...

Et effectivement, ça ne change rien.

De toute manière tout se renverse en ce moment, tout bascule et décolle de tous les côtés, tout s'embrouille...

Cet élément-là n'est qu'une pirouette de plus dans le ballet.

Beaucoup trop de choses en même temps, j'arrive plus à suivre...

Tous ces souvenirs qui me percutent, les accepter comme miens, déjà, accepter aussi mes réactions violentes et les conséquences encore pas très bien mesurées, répondre à ses questions et aux miennes, essayer de mettre de l'ordre dans tout ça, n'y parvenir qu'à moitié et encore, couler au fond de l'étang de l'auto-apitoiement et en remonter au bout de sa main tendue...

Et puis j'ai aussi joué à pousse-toi de là que j'm'y mette entre mon front et une racine, aussi, faudrait pas oublier que j'ai perdu à ce jeu-là...

J'ai des excuses.

Vertige.

Décuplé, le vertige.

Au moment où il m'a renvoyé la balle sur le terrain de la taquinerie.

Il y a eu un bref regard vers ma jambe nue toujours plongée dans l'eau, une sorte de miroitement dans l'oeil, et puis ce demi-sourire...

Le frisson me reprend, plus net.

Le frisson qui me rappelle d'ailleurs que je tiens toujours sa main prisonnière.

Juste là devant moi. Sur le rocher. Entre mes jambes.

Houlà...

C'est plus du vertige, là...

Il vient de me monter un étourdissement brusque, un vrombissement dans les oreilles, pendant un instant j'ai plus vu que du rouge et de l'argent en paillettes. Et le coeur qui pompe à toute vibrure, qui me fait résonner de l'intérieur, un tambour qui sonne à coups sourds et réguliers.

J'ai plus de souffle.

Je sais plus quoi faire.

J'ai peur de le retenir et pas envie de le lâcher.

Il est trop près, pas assez près, jamais assez près.

Je suis en train de m'égarer en terrain hautement instable, et c'est dangereux.

Vite dire quelque chose pour casser ça.

Ca devient critique.

C'est pas impossible que j'en sache déjà un peu trop.

Ah non, c'est pas ça qu'il fallait dire.

Et pas sur ce ton-là, non plus.

T'as tout faux, 'Nea.

Oups...

Mords-toi la lèvre un bon coup.

Ca réveille.

Tu avais parlé d'une deuxième chose ?...

Petite voix pointue de gamine innocente, mais non, c'est pas moi qui ai grignotté le gâteau, c'est le chat, tu sais qu'il adore le gâteau...

Grands yeux candides pour aller avec, mais non je tremble pas de partout, mais non, c'est pas nerveux.

Réponds-moi vite un truc bien sérieux pour rompre cette tension...

Ca devient urgent...

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Guest Nadhir

Boum.

J'ai vu son coup d'oeil, ses mains qui serrent la mienne un peu plus, et ses joues qui rosissent.

Boum.

Comme une panique dans ses yeux lorsqu'ils reviennent sur moi, scintillants néanmoins.

Boum.

J'ai la main sur son pouls, là, et il fait battre la chamade au miens, en retour.

Boum.

Assourdissant encore, les oreilles qui en sifflent.

Boum.

Qu'est-ce qu'elle a dit, là? Ca ne paraissait pas elle, ça ne semblait pas le moment.

Boum.

Sa dent sur sa lèvre. Elle veut me tuer. Qu'est-ce que je donnerai pour que ce soit moi à la croquer...

Boum.

Une deuxième chose? J'ai l'impression d'en avoir déjà tant dit.

Boum.

Reprendre là où l'on s'était arrêté la dernière fois, c'était un.

Boum.

Réciproquer son ouverture, pour qu'elle m'accepte elle aussi comme je suis, c'était deux.

Boum.

Lui avouer mes origines, que certains pourraient croire peu glorieuses, c'était déjà trois, je me suis emballé.

Boum.

Ce qu'il manquait à dire, le voilà...

Boum Boum Boum

Mes lèvres sont parties à la recontre des siennes.

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Ah mais...

... c'est pas ça que ...

... je suis pas sûre que ...

... je suis pas prête à ...

... je ne ...

... non rien ...

... rien ...

... plus rien...

... plus rien pour me rendre triste, ou me faire mal, ou rien...

... plus de souffrance, de peine, d'amertume, tout ça est loin, très loin de moi...

J'ai vu ce miroitement lui repasser dans le regard, cette lueur fauve, et puis la chaleur tout à coup...

C'était trop facile, il n'avait qu'à se pencher un peu plus, j'aurais dû m'y attendre, mais comment aurais-je pu m'y attendre...

Il y a deux heures j'étais enfermée en moi-même, il y a une heure je le fuyais, il y a une demi-heure j'essayais de le tuer... et là je respire son souffle...

Est-ce qu'il y avait moyen de s'attendre à ça ? Est-ce que ce n'était pas totalement improbable ? C'était censé ne jamais m'arriver à moi, la souillée, la paria, la féroce... Et voilà... le cou ployé en arrière, les yeux mi-clos, les lèvres entrouvertes... Crispée et douce, figée et docile... Contraste violent entre l'immobilité de mon corps, ne pas bouger surtout, ne rien faire qui pourrait le faire s'éloigner, et le tumulte qui me ravage... Le sang qui tourbillonne, la fièvre qui monte en frissons incontrôlables, le souffle précipité...

Et mon seul mouvement est de m'entrouvrir davantage...

Les mains serrées sur la sienne, convulsivement, pour compenser la souplesse de mes lèvres, pour exprimer la tension, la peur...

Parce que j'ai peur...

Evidemment.

Presque aussi peur que ça s'arrête ou que ça continue...

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Guest Nadhir

Un moment de surprise, un moment d'incertitude, mais quel moment!

Il a suffit que je me penche un peu plus, sa main dans la mienne, mon autre bras à la rencontre de son dos, pour bien la caler dans mon embrassade. Il a suffit que je tente le coup, que je cède à cette envie qu'il me semblait lire dans ses yeux aussi. Il a suffit de retenir un peu ma respiration.

Et elle s'abandonne à mon baiser. Finalement.

Se serrant un peu plus contre moi, me laissant profiter de ses lèvres sucrées, chaudes et charnues, de son contact qui me fait l'effet d'un éclair.

Un premier baiser.

Un feu d'artifice de sensations, d'émotions, de promesses, de gourmandise...

Et pourtant...

Comme une tension en elle.

Elle m'a ouvert ses lèvres, sans s'opposer à mon geste, sans s'en offenser, mais sans la conviction que j'aurai aimé trouver.

Hésitation. Curiosité. Tâtonnement.

Comme si...

Comme si ça allait trop vite, alors même qu'elle me fait forcer l'allure.

Comme si elle résistait, alors même qu'elle m'y encourage.

Comme si c'était son premier baiser.

Laissera-t-elle la fièvre la prendre?

Laissera-t-elle l'ivresse la submerger?

Nos lèvres qui se glissent, se cherchent, se goûtent, s'électrisent. Plus lentement, plus doucement.

Un filet d'air qui se faufile entre nous. Un contact à nouveau, un dernier baiser volé.

Un léger mouvement de recul, laisser nos yeux s'accoutumer à la proximité.

Eyleen a laissé un sourire sur mes lèvres, un peu d'elle-même.

Un clin d'oeil, complice, malicieux, et plein de vie.

Un murmure, avec son souffle à elle, encore dans mes poumons.

Ca peut être si facile, le bonheur, quand on le découvre...

Dis moi donc, si cette découverte t'attire, si tu veux la suivre, t'en impreigner, te permettre de t'y abandonner à nouveau.

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Trop bref.

Ou trop doux.

Ou trop chaud.

Ou trop...

... je sais pas.

Je sais même plus comment je m'appelle...

Si il ne me tenait pas, là, sa main au creux du dos, je crois que je tomberais en vrac au pied de mon rocher...

...sa main au creux du dos... Et tous les frissons qui partent de là.

Il s'est reculé tout doucement, et même ça c'est trop brusque...

Le vertige qui me reprend, comme je me rends compte, je réalise, et même comme ça j'ai du mal à y croire... Mais il sourit... Il murmure quelques mots tendres qui parlent de découverte...

De découverte...

Est-ce qu'il se doute, seulement ?

Ca tourne trop... et je tremble comme une feuille, moi.

J'incline le front et il tombe juste en place, juste là où il doit être dans le creux du cou, sous la mâchoire, à droite, contre la vie qui bat dans ses veines. Au chaud, à l'abri. Je peux fermer les yeux, maintenant. Trembler à mon aise, à longues décharges nerveuses qui me secouent... N'essaie même pas de bouger, pas question, si tu bouges je m'effondre, reste là... En dessous de mon front, contre mon buste, autour de mon dos... D'ailleurs je vais dégager ma main pour aller la glisser autour de ton cou, comme ça je suis sûre...

Tu sens bon...

Les fougères et les feuilles de printemps. Et puis quelque chose d'autre, aussi, je ne sais pas...

Et puis tu as la mâchoire qui picote...

Et puis je sens tes battements de coeur aussi...

Et puis...

Et puis ça veut pas se calmer !

Tu sens ? Encore un frémissement qui vient de me descendre tout le long de la colonne... Non mais c'est épuisant, à force... Et hop, encore un !! C'est pas possible d'être émotive comme ça... Si je me doutais...

C'est rien, ça va passer...

Enfin je crois...

Petit rire murmuré...

Je pousse du front pour creuser ma place dans le creux de ton cou.

Trop bien, là... C'est parce que tu dois être mal mis sinon je resterais bien comme ça, moi...

A faire connaissance avec ton odeur, avec la texture de ta peau... Trop bien, pas envie de bouger... Entrouvrir les yeux et regarder ton épaule, peut-être... Et encore...

Je dois avoir l'air d'une belle idiote avec mon souffle court et mes frissons...

C'est...

J'ai pas l'habitude, c'est tout...

Chuchoté comme une excuse...

Je me déloge à regrets de cette place toute chaude dans l'odeur de tes cheveux... Ma place... Celle qui me manque déjà. Juste assez pour pouvoir lever la tête et chercher tes yeux... Peur soudaine que tu me prennes pour une nouille ou une gosse ou...

Oui, bon, d'accord, pour ces choses-là je suis une gosse...

J'y connais rien, et après tout, c'est pas surprenant.

Alors t'avise pas de glousser de moi, Nadhir, pasque j'te mords.

Je suis pas du tout impressionnée, la preuve !

C'est bon ? Qu'est-ce que ça goûte ?

Et le petit sourire de défi.

Et le frisson sournois et perceptible qui vient me gâcher tout mon effet.

Saleté.

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Guest Nadhir

Une attente, une envie, un chavirement.

Je redécouvre ses yeux, et il faut que je me retienne pour ne pas m'y plonger à nouveau, en même temps qu'entre ses lèvres, dans ses bras. Pas trop vite, ne pas brusquer, laisser découvrir petit à petit...

A peine le temps de me confirmer ça, qu'elle laisse sa tête couler sur mon épaule.

Imperceptiblement, ma joue vient à son encontre, mes yeux se ferment, nous nous resserrons un peu plus l'un contre l'autre.

Rien ne me la ferait lâcher, rien, alors que je sens le plus petit de ses frémissements, de ses battements de coeur, de ses souffles.

Tout s'est envolé. Il n'y a plus l'ancienne ennemie, il n'y a plus la nouvelle, il n'y a plus celle qui pouvait me tuer, celle qui aurait dû me tuer. Il n'y a plus qu'elle, dans mes bras, contre mon coeur, celle avec qui je peux bien jouer le charmeur, c'est moi qui me fait prendre à mon propre jeu.

Evidemment, ma main dans son dos la retient contre moi, une pression souple et suffisante, caressante.

Evidemment, les quelques mèches de ses cheveux qui viennent me chatouiller les narines réveillent plus qu'un sourire, elles livrent un peu plus d'elle-même, son parfum. Rien que lui m'attire, sans que je puisse m'expliquer pourquoi.

Evidemment, elle doit sentir les battements de mon coeur, que je calme à grand peine. D'un regard, je peux cacher, d'une parole, je peux dissimuler, d'un geste, je peux faire oublier, mais là, je suis à nu. Et ça ne m'est pas incongru, devant elle.

Quelques murmures, comme une excuse.

Jamais je ne lui accorderai cette excuse-là.

Et si moi j'appréciais cette fraicheur, cette candeur, cette découverte, me demanderai-tu pardon?

Je ne lui réponds que par un sourire, qu'elle ne voit que plus tard, alors qu'elle retire son visage de mon épaule.

Il faudra que je lui fasse découvrir l'autre.

Et puis de lover son visage sur ma poitrine, mon bras autour d'elle.

Et puis de s'asseoir, elle entre mes jambes, son dos contre mon ventre, sa nuque offerte à mes lèvres.

Et puis...

Son sourire mutin, une autre provocation, comme un jeu.

j'ai envie d'y jouer, à celui-là, aussi.

Mes yeux qui rient de lui répondre, quelques instants avant de prendre la parole.

Oh oui, c'est bon. C'est même délicieux.

Je pourrais en faire tout un poème.

Un baiser de toi, c'est comme une crème.

Un petit tour aux plus haut des cieux.

Un clin d'oeil. Un début, mais avec la certitude que les mots se perdraient avant que je ne trouve les derniers vers. Je préfère continuer en prose, avec la liberté de lui dire ce que je veux.

Tes lèvres, celles que tu mordais tout à l'heure de façon irrésistible, elles sont à croquer. Elles sont douces et chaudes, souples et pulpeuses, vivantes et appétissantes. Un peu sucrées, un peu salées, aussi tendres que l'intérieur d'une cuisse.

Ma main dans la sienne, si proche justement de cette peau toute fine, toute sensible, toute parfumée. Je ne peux m'empêcher une légère caresse de mon avant-bras sur sa cuisse, comme pour prouver mes dires.

Se resservir d'un plat, c'est un compliment à la cuisinière, dit-on. Et bien tes lèvres ont un goût de revenez-y.

Mes yeux dans les siens, je n'en ai pas perdu une miette. Et j'espère qu'elle rougira de ma réponse.

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Le rire dans ses yeux, plus encore qu'au coin de ses lèvres.

Les mots qui tombent, légers, et qui glissent sur mon visage levé.

Des mots qui caressent, tout chauds, trop chauds, trop de désir dans sa voix...

Je devrais détourner les yeux, sans doute, me troubler et cacher mon regard comme une jeune fille bien élevée... Ecarter sa main qui me frôle, rougir, balbutier.

Je balbutierais certainement si j'essayais de parler. Et pour ce qui est de me troubler, de rougir, je ne suis pas maîtresse de ce que dit mon visage à cet instant. De ce que disent les frémissements qui courent sur ma peau, sous ses doigts...

Tu les aimes, alors, mes lèvres ? Ca tombe bien, j'ai envie de te les offrir, moi...

Et je voudrais te les offrir de plus près.

Je lâche sa main, qu'elle glisse où elle voudra, je sors mon pied de l'eau, je me laisse descendre de mon rocher, les genoux dans l'herbe. Son genou à lui, contre les miens, sa jambe, sa hanche contre moi à présent. L'autre main vient se nouer à la première, derrière sa nuque. Je me sens si maladroite, là où je voudrais être assurée, si pataude alors que j'aimerais l'envelopper de grâce...

Mais tant pis.

Je suis là.

Me tendre vers le haut.

Voilà...

Un peu timide, je sais...

Un peu hésitante...

J'apprendrai.

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Guest Nadhir

Aurai-je pu en attendre autant?

J'ai taquiné, j'ai appuyé mon avantage, en m'attendant peut-être, que sa timidité en adoucisse la portée, que son incertitude finisse par remettre à demain ce qu'il pourrait être trop rapide aujourd'hui.

Mais non.

Elle a rosi, d'une façon que je n'ai vu aucune demoiselle faire, en public.

Ses pommettes pourprées de désir, ses yeux miroitants d'envie.

Elle me semble une tigresse qui approche d'un nouveau met, que son instinct dicte de croquer, que son intuition assure être un régal.

Un glissement, un mouvement d'étoffe contre le rocher, une impulsion. Une main libérée qui prend tout naturellement sa place contre sa cuisse chaude, à l'orée de sa si courte jupe, et tout de suite emprisonnée par son autre cuisse. Ne t'inquiète pas, je ne fuirai pas de ce petit coin là, si accueillant.

Son bras en un arc, symétrique du premier, jusque dans mon cou. Une allée prometteuse que ces deux lignes fines, fraîches, de peau nue, aux reflets insaisissables et captivants, vers son cou, ses lèvres offertes. Si elle s'avise de se les mordre, je ne réponds plus de rien...

Un léger voile d'inquiétude dans son regard. L'envie de faire bien. L'envie d'avoir travaillé ces mouvements pour les rendre parfaits, pour qu'ils sonnent juste à la première. J'espère que mon sourire lui répond, mieux que ce que je pourrais avec mes mots, fut-ils, eux, bien rôdés.

Moi, je me prends l'air du gourmet. J'ai l'intention de profiter de chaque petit grain de bonheur qu'elle pourrait m'offrir et que j'espère lui inspirer. Petit à petit, comme on apprécie une bonne chère - et quelle chair! - par la vue, les oeillades gourmandes, l'apprivoisement et la montée de l'appétit. L'odorat, qui vient confirmer les premières impressions, les appuyer, en dévoiler un peu du piquant, mettre l'eau à la bouche. Seulement enfin croquer dans le vif et se laisser emporter par un feu d'artifice de sensations.

Glisser le long de ses bras, une caresse de la joue, le long de sa peau, avant de se retrouver juste devant ses lèvres, à nouveau. Un frôlement. Nos respirations qui se mêlent déjà, qui nous chatouillent, comme un premier contact impalpable. C'est un sourire partagé qui débute ce baiser-là.

Cette fois-ci, pourtant, mon baiser est moins impulsif, plus réactif. Elle n'est pas qui se laisserait faire, attentiste et dépendante. Lui laisser un peu d'espace pour trouver sa place, pour expérimenter ce qui est encore nouveau pour elle, suivre ses instincts, ses envies, et s'épanouir. Et moi, je prends plaisir à réagir à elle, à lui répondre de mes lèvres, à lui donner quelques indices sur ces délicieux ébats.

Tout à apprendre l'un de l'autre...

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Temps suspendu.

Il paraît qu'il s'écoule encore quelque part, mais quelle importance, c'est sûrement très loin... Tout est très loin, du reste...

Je croyais que ce serait moins fort la deuxième fois.

Grave erreur...

Parce que je suis plus près, absorbant sa chaleur, ses mouvements lents, la pulsation de son sang. Parce que je ressens tout plus fort à présent que l'effet de surprise n'est plus là pour me saturer les sens... Et parce que cette fois c'est moi qui suis allée le chercher.

Et que j'arrive pas à y croire.

Ca recommence, le monde qui se vrille et qui tombe vers le haut, l'impression d'être immense et toute petite en même temps, invincible et tellement fragile qu'un souffle de trop me mettrait en miettes. Et le feu. En-dessous de ma peau il n'y a plus que du feu...

Pourtant je reste douce...

Prudente, presque...

Petite audace par petite audace, j'avance lentement. Et lui m'accompagne, toujours un peu hors de ma portée, comme s'il voulait m'obliger à bondir au lieu de tâtonner... Le feu s'exaspère, c'est délicieux.

J'ai fermé les yeux, un sens annulé pour déployer les autres. Je n'ai pas besoin de voir sa pommette ni son oeil mi-clos, ils sont ancrés dans ma tête. Pas besoin de voir ses cheveux sombres, ils me chatouillent le front. Pas besoin de voir, mais je n'ai pas assez de peau. Mes mains fébriles qui tremblent dans ses cheveux, mon dos qui vibre sous sa main... Le feu... Il me ronfle aux oreilles, il me bouscule de sang. Il me fait peur... Trop vif, trop violent, ce feu, pour juste un baiser... Juste un baiser... et la conscience beaucoup trop aiguí« se sa main restée piégée entre nous...

Je croyais le grondement du brasier beaucoup trop fort à mes oreilles.

Je croyais que je n'entendais rien.

Mais j'avais tout faux.

En une fraction de secondes je suis prête, un pied au sol, une main refermée sur une pierre pointue, les yeux qui fouillent le sous-bois.

Un bruit.

Proche.

Un grand froissement de feuillages, craquement de branches.

Quelque chose approche.

Ou quelqu'un.

Un coup d'oeil vers lui.

Désarroi, regret, anxiété, excitation.

Mes dagues sont près de la souche.

Mon épée dans la clairière.

Ses armes à lui sont dans sa tête, mais moi, je suis démunie.

Ma main libre tâtonne et trouve une autre pierre.

Tous les muscles tendus, frémissants, j'attends.

Quoi que ce soit qui nous ait interrompus, je m'en fous, j'en fais un tartare du chef.

Modifié (le) par Eyleen
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Guest Nadhir

C'est pas vrai.

Je suis maudit, c'est vrai. Vraiment maudit...

Un bruit, deux réflexes, la certitude que nous ne sommes pas en sécurité ici, malgré le havre de paix que nous partagions, elle et moi.

Trop habitués à la dureté des alentours de Melrath Zorac pour se permettre d'être insensés.

Mon esprit qui s'ouvre, qui cherche, qui fouine alentour. Une présence. Massive. Que je n'arrive pas encore à déterminer... bizarre.

Un coup d'oeil vers elle.

Promesse.

Celle qu'il ne lui arrivera rien, je reste avec elle. Au pire, on arrivera à se cacher, à les laisser passer.

Celle surtout que nous n'en resterons pas là, et que je n'aurai de cesse de combler le vide que je viens de ressentir violemment à l'instant.

L'esprit clair, la pointe mentale qui balaye vers l'inconnu. Réfléchir vite.

Et là je m'en rends compte.

C'est une masse de feu qui s'approche, une masse infernale. Je ne m'en suis pas rendu compte tout de suite, saturé que j'étais par la marque d'Eyleen, qui m'éblouissait d'être si proche.

Mes meilleurs ennemis. Ses seuls alliés. Ca aurait pu être pire.

Ils sont proches, ils s'avancent vers nous.

Si ç'avait été quelqu'un d'autre, comment aurions-nous réagi? Comment auraient-il réagi?

Une membre des enfers, meurtri, avec moi, les interprétations n'auraient pas attendu.

Mais eux, tôt ou tard, ils seraient arrivés, ils l'auraient confrontée. Une des leurs, au moins, ils s'occuperont d'elle, plus facilement que je ne peux faire moi-même.

Un murmure, des paroles rapides, pas de temps à perdre.

Tes petits copains, tu les féliciteras de ma part. Au moins parmi eux, tu seras en sécurité, je crois...

Un hochement de tête, dur de se persuader que le mieux pour nous est que je la quitte, maintenant.

Attends. pas de réplique, je me suis déjà retourné. C'est assez dur comme ça.

Un sprint, se rappeler, laisser l'instinct, le chasseur sans bruit, la vitesse, la cible.

Son épée.

Rendre Eyleen aux mains de ses petits collègues, oui, malgré toute la peine que ça me fait. La laisser sans arme, et sans la seule chose qu'ils respectent en elle, non, je ne pourrais pas m'y résoudre.

Revenir, faire le tour, la retrouver avant eux. Avant qu'ils ne la voient.

Juste trop tard? non, juste le temps de lui envoyer l'épée, manche le premier. Pas le temps de la rejoindre. Surtout pas le temps pour un dernier baiser d'au-revoir, on y serait encore demain. Même pas de quoi lui glisser quelques mots, un rendez-vous.

Je me suis arrêté à bonne distance, un gros tronc d'arbre entre moi et les démons. Je regarde Eyleen.

Dernière parole.

Un signe.

Moi, ici, je t'attendrai.

Laisser ma respiration se calmer. Rallonger mon rythme respiratoire. Ne plus bouger qu'au gré du vent dans les feuilles. Me fondre dans la végétation. Juste quelques instants. Vérifier qu'ils prennent soin d'elle. Vérifier qu'ils m'accordent ces quelques jours de mi-sécurité, mi-angoisse. Rejoins-les, Eyleen, mes pensées t'accompagnent.

Et mon coeur.

J'espère qu'il ne te trahira pas, là-bas.

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Mes petits copains.

Oui.

J'ai distingué des voix, plusieurs voix, j'en ai reconnu certaines, malgré la distance, les sons portent loin dans ce bois.

A peine le temps de comprendre que Nadhir s'éloigne sur un "attends" énigmatique. Je le regarde s'élancer, silencieux et souple, se fondre dans le mur végétal, et pendant un instant, c'est comme s'il n'avait jamais été là.

Comme si j'avais rêvé tout ça.

Douleur brutale dans la poitrine.

Une chute la tête la première, une racine, et une hallucination.

Pendant quelques horribles secondes, j'y crois, à ce délire.

Puis je secoue la tête, je rattrape la botte que lui m'a enlevée, je la cale contre le rocher où lui m'a déposée, je m'y rassieds, frottant mes genoux qui ont touché la terre pour mieux me couler dans ses bras.

Ce n'était pas un rêve.

Même si le retour à la réalité est brutal...

Ils se rapprochent, et lui n'est toujours pas revenu.

J'essaie de me concentrer sur une histoire à moitié crédible, loup égaré de sa meute et qui se serait attaqué à moi, mis en fuite grâce à mes dagues de jet restée plantées là-bas plus loin, l'une d'elle dans un arbre, manqué, l'autre, au sol, maculée de sang... touché.

Quand je le vois reparaître, la forme de mon épée prolonge sa main. Le dernier élément... Etrange cette impression d'incongruité, d'inadéquation, lui et l'épée, deux âmes qui s'opposent... Etrange comme elle ne me manquait pas tant que j'étais avec lui... alors que je me sentirais nue sans elle, devant eux. Elle atterrit à mes pieds, poignée en avant, les lanières du fourreau emmêlées autour de la garde. Je la saisis, mais c'est lui que je fixe. Le bruit se rapproche, ils sont presque là, la voix incisive de Médolie, celle, plus grave et plus sourde, de Raizen, d'autres encore. Ils étaient cinq ou six quand je me suis éloignée d'eux pour entrer dans ce bois, besoin de solitude, de silence, de laver le sang sur moi. Et ils me rejoignent. Quoi de plus normal...

Je le suis des yeux comme une désespérée, alors qu'il s'estompe à nouveau dans l'ombre verte du sous-bois. Son geste m'atteint comme un reflet sur l'eau, inattendu, vif et fugace. Pas le temps de lui répondre, planter le bout du fourreau dans la terre, mon épée était ma béquille, évidemment, depuis la souche jusqu'à ce rocher, personne ne m'a aidée, personne n'était là, personne. Et si vous me trouvez bizarre, c'est parce que j'ai pris un coup sur la tête, rien de plus.

Il a disparu. Le dernier écran de végétation tombe devant une poignée de guerrier des Enfers. Ah vous voilà quand même... Jamais là quand on a besoin de vous, c'est pas possible...

Modifié (le) par Eyleen
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