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Terre des Éléments

Sheelah

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Tout ce qui a été posté par Sheelah

  1. Je me rends bien compte qu'il y a déjà un certain nombre de criaillerie disponible, mais je me demandais s'il ne serait pas impossible d'en faire une spécifique au rp ? En effet, la criaillerie générale est parfois un peu désagréable pour ça, on se retrouve coupé par des phrases totalement hrp, c'est parfois dur à suivre, entre les conversations hrp et celles rp qui ont autant leur place l'une que l'autre. Et puis, il y a parfois les gens qui coupent intentionnellement le rp (ou inversement, des personnes qui coupent volontairement, ou essaient de couper une discussion hrp par des réflexions rp). Je suis bien consciente que, si cela se faisait, il faudrait peut-être une attention accrue pour que les gens n'utilisent pas ce canal de façon hrp (même si on peut espérer que les joueurs sachent respecter la chose, si on la présente comme totalement rp), mais ça pourrait être une amélioration sympa (qui, d'après quelques conversations, intéressent quelques personnes).
  2. J'avais pas vu, il fait peur lui
  3. L'aubergiste parle avec la vieille de la tente itinérante, d'un air de conspiratrice qui ne m'inspire rien de bon. Que prévoient-elles encore, ces deux-là ? La vieille jette un regard méfiant autour d'elle, qui se pose un peu trop souvent sur moi. Je l'ai pourtant aidé à deux reprises, et elle n'a pas craché dessus. J'ai plusieurs fois été tentée par l'idée de la laisser tout simplement tomber, mais elle sait, paraît-il, créer ou nous faire avoir un pendentif élémentaire. Cette histoire méritait donc enquête. Peut-être est-ce de ça qu'elles sont en train de parler... Et il n'y a qu'un moyen de le savoir : s'approcher et écouter. Trouver un endroit pour les écouter me semble bien trop simple, comme si elles avaient choisi à dessein de se mettre là, pour que qui a un minimum de discrétion puisse les entendre. Une mutinerie hein ? Un brin de scepticisme monte en moi. Qu'est-ce que c'est encore que cette histoire... D'un pas léger, je prends donc la direction de la ville, décidant d'y entrer par le Sud, espérant être discrète. Discrétion largement manquée, puisque mes pas me portent au beau milieu de ce qui ressemble effectivement à une mutinerie. Le bruit assourdissant des combats ajouté à cette odeur caractéristique de violence me prend à la gorge. Dans un premier temps, je ne sais pas trop quoi faire, qui attaquer. Dois-je seulement attaquer d'ailleurs ? En me baladant dans la ville pour me donner le temps d'y réfléchir, je croise Alexane. Mes sentiments vis-à-vis d'elle sont plus que partagés, mais je sais que cela vient surtout de sa passion pour les morts, que je n'arrive pas à comprendre. Fort heureusement pour moi, elle semble garder ses étrangetés pour les autres. Nous sommes donc parties ensemble, parfois séparées par des gardes rebelles ou des aventuriers vigoureux "“ peut-être même trop parfois. Décidemment, impossible de rester sur la place principale de Melrath Zorac. Bien trop de monde, et des gens que je n'avais encore jamais vu. Où se cachent-ils donc en temps normal ? Me reste-t-il donc tant de lieux à découvrir ? Je décide d'aller faire un tour vers la prison, puis plus au nord de la ville. C'est déjà plus tranquille par ici. Les mutins sont un peu moins nombreux. Emportée par la fougue des autres aventuriers, je me mets à les attaquer moi aussi. Cela ne semble pas servir à grand-chose car ils se relèvent toujours. Doit-on en arriver à la mort pour eux ? Qu'ont-ils fait pour la mériter d'ailleurs, si ce n'est se rebeller ? J'aimerais d'ailleurs savoir pourquoi ils agissent ainsi, leurs revendications, qui sont peut-être plus proches des notre que nous ne le pensons. Mais personne ne semble vouloir s'intéresser à leur avis. Je dirais même qu'il s'agit-là d'un beau bordel. L'arrivée de Mach Gulam me fait stopper net dans mes questions quant à cette mutinerie. Il a le sang chaud lui, et préfère s'attaquer aux aventuriers plutôt qu'aux mutins. Sans doute était-ce là la bonne chose à faire ? Je n'en sais trop rien, et me contente de le soigner de temps à autre, quand les coups portés par nos ennemis se font trop grands. Je ne prête qu'une attention légère à sa cible, et ce n'est que lorsqu'il s'écrit « Achève-là Sheelah ! » que je me rends compte qu'il attend de moi plus que des soins. J'ai déjà tué Frenchouf après tout, alors pourquoi pas cette mage Tellurique ? Je pourrais penser que tuer sous le coup de la colère est plus simple, mais le cri de Mach Gulam est un aussi bon coup de fouet. Ainsi, de nouveau, je tue. Et de nouveau, un disciple de Fimine (même si je ne suis pas sûre que Frenchouf soit plus disciple de Fimine que des Etoiles, d'après ce qu'Ignis m'avait expliqué), comme un pied de nez à ceux qui me croient adepte de cette déesse. Une seconde fois, je croise cette mage. Une seconde fois, un cri me fait la tuer, celui d'Alexane cette fois-ci. Serais-je donc plus qu'une simple soigneuse à leurs côtés ? Voilà qu'alors apparaissent Sayanel et Salaha Luvia. Je ne sais comment réagir vis-à-vis d'eux. Vis-à-vis de tous ceux appartenant à l'Alliance en fait. Ne sont-ils pas censés être nos ennemis, à l'image de tous ceux qui se trompent en pensant Quen bon ? Et, s'il s'avère qu'ils le sont effectivement, qu'elle est la meilleure façon d'agir ? Essayer de les convertir, les laisser voir d'eux-mêmes la nature réelle de Quen, ou bien les attaquer purement et simplement ? Mach Gulam lui semble être d'avis que nous tentions une attaque. Au souvenir de celle dans le monde des morts, je sens un étrange engouement me gagner. Cependant, je me rends compte que je n'ai pas encore vraiment l'idée de frapper moi aussi. Il me semble que j'arrive seulement à lancer un seul sort sur Salaha Luvia, mais je pense bien plus à maintenir Mach Gulam en vie qu'autre chose. Salaha Luvia et Sayanel m'attaquent soudainement, me faisant reculer vers les mutins. La suite est plus floue, mais lorsque j'ouvre de nouveau les yeux, je sens sous moi le sol dur et froid, et je comprends que les mutins ont dû m'avoir. Je reste longtemps à la nécropole, guère décidée à ressortir. Pour quoi faire de toute façon ? Jusqu'à ce qu'Alexane, par des voies de corbeaux qui me sont inaccessible, m'envoie un message à la nécropole, m'informer de la présence d'un homme qui aurait fomenté la mutinerie. Cette annonce m'intrigue beaucoup plus que la mutinerie. Je sors donc, et la clameur me guide vers eux. Je reste tout d'abord à l'écart, les observant et réfléchissant à ce qu'il se passe. Pourquoi tout le monde le frappe ? Tout simplement parce qu'une personne nous a dit qu'il était à l'origine de la mutinerie ? Cela ne me semble pas suffisant. J'observe ces gens qui se disent pour le bien, et constate à quel point ils se leurrent. Est-ce ainsi qu'ils fonctionnent, est-ce là leur justice ? Lui ont-ils seulement laissé l'occasion de s'expliquer ? De comprendre les motivations de chacun ? Je pensais que les procès étaient l'arme des justes, mais ici nul procès, nul juges, que des bourreaux. Je joue alors des coudes avec les autres, m'approche de l'homme que tous s'activent à frapper. Je devine son visage sous sa capuche, et sais que ma décision est prise. Je ne le frapperais pas. Au contraire même, je me mets à le soigner avec discrétion. Personne ne semble apercevoir que les sorts que je lance ne sont pas des sorts d'attaque. Bientôt, les sorts de Selene se joignent aux miens. Mais cela semble vain. Les autres ressemblent à des bêtes hystériques, l'homme devant moi, un os jeté au milieu d'une horde affamée...
  4. Libérer les morts ou les empêcher de venir dans notre monde ? Le choix est facile. Je n'ai aucune envie de voir les morts parmi nous. Aucune envie de recroiser certains que j'ai pu connaitre. Et si les morts sortaient, les corbeaux noirs prendraient plus de pouvoir encore. Comme s'ils n'en avaient pas assez. Sans doute que tous les nécromants de ces terres vont œuvrer pour libérer les morts. Comment les en blâmer quand on sait que cela augmente leur pouvoir ? Si j'étais à leur place, j'agirais sans doute de même. Mais, justement, je ne suis pas à leur place, et les morts doivent rester où ils sont. Alors je dois essayer de les en empêcher. Je traverse le portail que l'autre idiot a ouvert, et le souffle me manque lorsque mes yeux tombent sur les lieux. Je n'arrive pas à croire que mes yeux ne me trompent pas. Tout ici est si beau... Peu importe qu'il y ait quelques tombes ici et là, ce genre de choses ne m'ont de toute manière jamais dérangées. Du coin de l'œil, je repère un guerrier imposant. Je ne bouge pas, le souffle court, attendant de voir comment il va agir en me voyant. Mais il ne fait rien. Je m'approche un peu de lui, et le reconnais soudain. Tigrrr... Gardant toujours un œil sur lui, je me mets à observer les alentours, tournant sur moi-même. Le monde des morts est si... Beau. A petits pas sautant, je m'approche des arbres, touche leurs troncs. Un frémissement me parcourt. Je me demande ce que ça fait de voler dans les arbres des morts. Je continue de marcher, la tête en l'air, ravie de voir de tels arbres ici, si imposant. C'est en rentrant en contact avec une stèle que je me souviens que je ne suis pas ici pour bayer aux corneilles. Dans un soupir, je me reprends, et me mets à lire les inscriptions notées sur les tombes. Je ne connais que de nom la plupart des gens enterrés ici. Un étrange sentiment me prend à la lecture de ces noms. Je me trouve soudain devant la tombe de Valombre. Je ne sais pas ce qui me prend. Dans un murmure, je me mets à incanter, et fais apparaître entre mes mains une petite gerbe, que je dépose sur la tombe. Un brin gênée par cet acte, je m'écarte avec rapidité de la tombe, et mon regard tombe sur celle que je cherche. Une grimace tord mon visage lorsque je vois qu'elle a été éventrée. Douloureux souvenir de celle de Kaimi, dans la forêt. Mes poings se serrent, mes ongles entrant douloureusement dans la chair de la paume de mes mains. Saleté d'oiseau de malheur. Ne peuvent-ils donc pas laisser les morts en paix ! Cette découverte me donne un regain d'énergie pour empêcher les morts de revenir sur la terre des éléments. Ne me reste plus qu'à trouver comment entrer là-bas. Alors que je cherche, je croise Daddy, qui me bloque le passage. J'essaie de passer à côté de lui, de voir par-dessus son épaule "“ quelle idée idiote, à moins de monter sur lui. Rien à faire. Posant mes mains sur son dos, je pousse, pousse, pousse. De toutes mes forces. Je crois que ça bouge ! Mais en fait non, il n'a pas bougé d'un poil. Marmonnant, je me saisis de lui à deux mains et, m'aidant d'un peu de magie. Je crois que j'ai sous-estimé son poids, ou ma force dans ce monde, mais voilà que je l'envoie valser (et que je pars avec lui). Emportée par mon élan, je me retrouve au sol, Daddy me tournant à nouveau le dos, mais au moins, je suis passée. Rapidement, je note les plans, avant de glisser entre les jambes du géant qui, à peine suis-je passée, se met à crier pour savoir qui l'a bougé. Sa réaction me fait rire, et avant de m'engouffrer dans le passage, je lui cri que c'est moi. En arrivant dans cette pièce, cette prison on dirait, je me rends compte que j'aurais préféré rester dehors. Dans cette pièce, je retrouve Mach Gulam. Je profite de sa présence pour me reposer tranquillement. La confiance que j'ai en Mach Gulam ne cesse de grandir au fur et à mesure que je le côtoie, et je ne doute pas un instant pouvoir dormir ici sous sa surveillance. Quelques heures plus tard, je me réveille, et vois Selene près de nous. Bien que je l'apprécie, ce n'est pas vraiment son visage à elle que je voudrais voir maintenant. Cela fait plusieurs jours que je n'ai pas vu Elessar, et je pensais qu'il viendrait ici. Dryas nous rejoint lui aussi. Nous explorons les lieux ensemble, lorsque j'entends une voix familière, qui apaise étrangement mon cœur. Il est là, ça y est. Il a encore du sang sur le menton. Sûrement qu'il a trouvé à se nourrir. Grâce à lui, nous trouvons rapidement comment sortir. Je n'y serais pas arrivée sans lui, gauchère que je suis, et adroite de cette main. Toute à ma joie de pouvoir sortir d'ici, je ne fais pas attention au sol, et me prends le pied dans un des trous que l'autre creuse pour mettre les corps. Je sens une vive douleur partir de ma cheville tandis que je tombe à terre. Grimaçant, je m'assois, observe ma cheville, lorsqu'une main apparaît devant moi. Mach Gulam. J'ai l'impression qu'il est toujours là quand je flanche, et c'est un visage rayonnant, grand sourire et yeux brillants de larme (de douleur et de reconnaissance) que je lui offre. Je prends volontiers sa main tendue, qui m'aide à me relever. Un bras autour de ma taille pour m'aider, je me laisse aller contre lui, veillant à ne pas trop appuyer sur ma cheville blessée. Et nous nous approchons lentement de la sortie. J'apprécie sa présence silencieuse, sa façon de veiller sur nous, sans s'imposer. Nous nous posons à l'entrée de ce monde, bientôt rejoint par Elessar. Et nous attendons, pas longtemps. Des gens passent, certains que nous ignorons, d'autres que nous prenons plaisir à attaquer. Etre avec eux, à les soigner, crée en moi un étrange sentiment, que j'ai du mal à définir. Je vois soudain Frenchouf fasse à Elessar. Un instant, je reste sans bouger, sans comprendre. Puis la colère s'empare de moi. Rapidement, je me mets à soigner Elessar, tandis que Mach Gulam s'attaque à Frenchouf. La colère monte, monte. Comment ose-t-il ? Je vois soudain rouge, je ne réfléchis plus. J'incante rapidement, et m'avance vers le guerrier. La douleur de ma cheville me donne un coup de fouet. -Ne le touche pas ! Et, dans mon cri, je lance sur Frenchouf mon sort. Celui-ci s'effondre avant de disparaître. Je m'agrippe à Elessar, le souffle court, la douleur pulsant depuis ma cheville. Il est le premier homme que je tue sur ces terres... Sous ma main, je sens la chaleur du corps de Elessar. Je lève les yeux vers lui, soulagée de le savoir encore en vie. Je l'ai sauvé. Un rire un peu hystérique s'échappe de mes lèvres. Grâce à Mach Gulam, j'ai pu remplir mon rôle, protéger Elessar. Et ça fait monter une joie immense en moi. Je suis envahie par leur présence, l'odeur de mort, de sang qui est tout autour de nous. Ca me donne presque le vertige. Je n'ai jamais eu autant l'impression que ce soir de faire partie intégrante du clan, d'être utile. D'être importante pour eux. L'arrivée d'un nécromant menace de rompre ce doux sentiment qui m'habite. Jackall s'approche de moi, et se met à m'attaquer. La panique me prend et, tandis que je me soigne, je vois Mach Gulam frapper le nécromant. Bientôt suivi par une flèche, que je sais être celle de Elessar. Cette solidarité fait partir Jackall, et nous retrouvons une douce quiétude. Rejoints par Arcsys, nous restons encore un moment. Trotte dans notre sang une envie de vengeance, que l'arrivée de Tranduil nous permet d'assouvir. Notre calme retrouvé, Arcsys me prend dans ses bras et m'emmène vers l'auberge, où je pourrai me soigner tranquillement. Mach est parti devant, Elessar est je ne sais où. Fermant les yeux, je pose ma joue sur l'épaule de Arcsys, me laissant bercer par le rythme de son pas. Un sourire heureux trône sur mes lèvres, car je suis sûre à présent, sûre d'avoir trouvé ma place ici.
  5. Je n'aime pas l'idée de pouvoir enlever des objets de la collection, surtout que j'utilise cette collection pour le rp (cadeaux de gens, ou drop de monstres qui ont un lien particulier avec ce que mon perso a fait sur le jeu). Dans cet état d'esprit, je ne vois pas l'intérêt de pouvoir faire sortir les objets, ce serait comme enlever une part de mon perso. Si vous voulez les vendre, ne les mettez pas en collection...
  6. Sheelah

    Halloween

    Les cartes sont vraiment très jolies (surtout les trois premières). Vous pouvez pas piquer un des arbres et le mettre à Terra, les morts le remarqueront pas j'en suis sure...
  7. Bravo pour l'animation, et pour les multiples fins, c'est vraiment sympa une animation rp comme ça
  8. Ainsi, l'elfe qui m'avait sauvé s'appelait Vandil. Sans lâcher la main de Suyvel, je suivais des yeux l'échange qu'il avait avec son chef, sans les interrompre. Mieux valait les laisser parler entre eux, quand bien même ce qu'ils disaient me concernait. Il y avait certains moments où il valait mieux laisser les choses se faire d'elles même. D'autant plus qu'il semblait que j'avais trouvé en Vandil un allié précieux. Une légère rougeur monta à mes joues après la réflexion de Ril-Gan, d'autant plus qu'en observant du coin de l'œil Vandil, je vis ce même sourire amusé qu'il avait eu plus tôt. Quelques instants après, Ril-Gan et les siens partirent, nous laissant seules avec Vandil. Restait en moi une gêne persistante que renforçait son regard qui ne me quittait pas. C'était pourtant une bonne chose qu'il soit ici, et j'y avais participé. Ce n'était pas tant le fait qu'il soit un elfe qui me gênait. C'était certes perturbant d'en avoir vu tant, et si différent de Suyvel, mais cela n'expliquait pas ma gêne actuelle. Cela venait plutôt de sa façon si franche de me fixer. Je ne savais comment m'y soustraire. Sans m'en rendre compte, je m'étais mise à serrer avec force la main de Suyvel entre les miennes. Je la lâchais donc avec rapidité, tout en m'écriant un « pardon » qui valait d'abord pour la douleur que j'aurais pu lui causer, mais aussi peut-être un peu pour lui avoir pris la main sans rien lui demander, pour lui avoir imposé une proximité qu'elle n'appréciait peut-être pas. Mon regard croise celui de Vandil, et de nouveau je me sens un peu gênée. Alors qu'il n'y a aucune raison pour que je le sois. Je ne vais pas me laisser perturber par un elfe tout de même. Mais, dans le même temps, il faut peut-être que je joue à la femme faible, ayant besoin de protection, puisque c'est cette optique-là qui lui a, il me semble, donné envie de venir avec nous. De toute façon, dans cette forêt, j'ai l'impression d'être minuscule, et de pouvoir trépasser avec bien peu de choses. Si encore je pouvais monter aux arbres, je serais un peu plus rassurée. Mais on ne peut pas suivre la trace d'orque de si haut. Vandil me regarde, semblant attendre quelque chose de ma part. Un sourire monte à mes lèvres tandis que nous échangeons un regard, complice me semble-t-il. A travers ce sourire, j'ai l'impression qu'il me dit qu'il a compris le jeu auquel j'ai joué un peu plus tôt, avec son chef. Cet échange de sourire permet aussi à ma gêne de disparaître simplement. -Je m'appelle Sheelah, et voici Suyvel. Je vous remercie d'avoir proposé de nous aider. C'est important pour moi de retrouver ces orques. Ma mine est redevenue sérieuse. Kaimi n'est jamais bien loin de mes pensées, et plus encore l'outrage des orques vis-à-vis de sa tombe. A mes mots, Vandil acquiesce d'un air que je trouve grave, un peu incongru sur son visage après l'avoir vu amusé. Incongru, mais qui lui donne pourtant un air plus sérieux, qui correspond mieux avec l'idée que je me fais des elfes. -Alors mettons nous en chasse. Un étrange sourire étire ses lèvres, comme si cette idée le mettait en joie. Seuls ses yeux gardent cet air amusé, taquin qui me plait. L'elfe devient chasseur, traqueur. Je le suis sans un mot, adressant seulement un petit sourire content à Suyvel. Mes yeux ne quittent pas Vandil, attentifs à sa façon de faire. Je sens bien, dans son corps, dans ses gestes, la différence qui existe entre nous. Le gouffre qui nous sépare en terme de traque me semble immense. Mais pas impossible à combler, si j'apprends. Grâce à lui, nous avançons plus rapidement que lorsque nous n'étions que deux. Vandil me donne même l'impression que, finalement, cette folle quête peut arriver à terme, que l'on va pouvoir récupérer le bien de Kaimi.
  9. Je ne pensais pas qu'il m'en dirait tant. Enfin... Je me doutais que je ne saurais rien du contenu de la lettre, il y a des choses qui me dépassent, des choses qu'il vaut sans doute mieux pour les Sentinelles que je ne sache pas. Ce fait m'est connu depuis longtemps et, étrangement, j'arrive assez bien finalement à m'en contenter. Plus encore après certaines discussions avec Woo, il faut bien le dire. Savent-ils tous les graines qu'il a planté en moi ? Sûrement que non. Après tout, l'Inquisiteur lui-même n'a jamais tourné son regard vers moi que pour me faire part de son irritation à me voir dans les parages. Qu'il se concentre donc sur Wilcomb, sur son éducation, que Woo aurait perverti. Que Khalula reste loin de moi. Sauf s'il s'avérait que, comme je le pense, Khalula a eu quelque chose à voir avec la mort de Woo... Et le Dîn... Qu'en est-il du Dîn, étonnamment prolixe aujourd'hui ?Un étrange sentiment, doux et amère à la fois, coule en moi à l'écoute de ses paroles. Comme bien souvent en ce qui le concerne. Après tout, c'est par ce mélange que le Dîn m'a intéressé. Capable de suivre avec une force, une constance incroyable Mach Gulam, comme si toute autre voie ne devait exister, et, dans le même temps... Dans le même temps, me laisser l'emporter vers d'autres chemins. D'un petit saut, je me porte sur une branche plus solide et m'y assois dans un soupir. Mach Gulam aurait-il un moyen de nous surveiller, sans même être là, pour pouvoir deviner ce que nous faisons, et quand rappeler le Dîn ? Après tout, en tant que Commandeur, peut-être a-t-il un pouvoir, venu de l'Unique lui-même, lui permettant de suivre avec attention ce que font ses troupes. Je ne sais qu'en penser. Une partie de moi rechigne à l'idée qu'il puisse partir aussi simplement, malgré sa promesse de retour. Sûrement ces ordres, cette hiérarchie que Woo n'avait pas voulu aborder avec moi et qui semble me faire défaut à présent. Pourtant, je comprends aussi, après les explications du Dîn, de sa façon d'être, qu'il réagisse ainsi, et n'ai pas envie de l'en empêcher. Ardu paradoxe qui me laisse perdue un moment. Je ne sais que faire, que penser. Je ne veux pas rester seule ici, à l'attendre, sans savoir quand il va revenir. Je ne veux plus être celle qui attend. Je me laisse donc tomber vers le sol, freinant ma chute en m'accrochant à certaines branches. Mes bottes à nouveau aux pieds, je n'hésite qu'à peine sur la marche à suivre. Cela se fait presque sans que j'y pense. Mes pieds se mettent en mouvement seuls, avec le plus de furtivité dont je me sais capable. Je ne veux pas réfléchir à mes actes, sinon, je ne doute pas un instant que je m'arrêterais net. Car suivre ainsi le Dîn, en sachant pertinemment qu'il est en mission, est très certainement la plus grande idiotie qu'il m'est arrivé de faire. Et me dire que je ne fais qu'assurer ses arrières n'est guère mieux.
  10. Nous avions tous entendu la rumeur avec les chauves-souris, mais mon épuisement suite aux soins prodigués au Dîn est tel que je n'ai pu me joindre à Mach Gulam, Arcsys et les autres, qui sont partis en éclaireurs dans le manoir. Je suis donc restée à Til'Ra, sur le lit de la chambre que le Dîn a pris pour moi, afin de reposer mes muscles douloureux. Je n'ai plus de réelle notion du temps, passant d'un sommeil agité à une semi conscience douloureuse, mais une chose est sûre, plus de deux jours sont passés depuis que le Dîn m'a laissée. Est-il, lui aussi, parti au manoir ? Sans doute que oui. Nous avons eu l'occasion d'en parler un peu, et je sais qu'il voulait y aller avec le clan. Une fois remise, je prends donc la direction de Melrath Zorac. Arrivée devant la demeure, je jette un regard autour, mais ne vois aucun de mes compagnons. Il va donc falloir que j'entre, sans toutefois connaître la façon de le faire. La porte est une énigme qu'une visite au cimetière permet d'éclaircir rapidement. Il va falloir que je me fasse mordre par une de ces bestioles... Cependant, alors que je m'approche d'elles, les chauves-souris se mettent à s'envoler dans tous les sens. Je me retrouve là, sans savoir quoi faire, assaillie de tous côtés par ces bêtes plus qu'excitée par la venue de nombreuses personnes dans leur repère. Elles ont, semblait-il, décidé de faire payer la disparition de leur quiétude à quelqu'un, et je suis arrivée au bon moment. C'est donc, quelques minutes plus tard, que je peux franchir la porte du manoir, mon visage et mes mains attestant, criant même que je me suis fait mordre. La vue de l'immense entrée me décourage, surtout que je ne vois toujours pas mes compagnons. Je me mets donc à la recherche d'un quelconque indice me permettant de les retrouver, vagabondant dans les couloirs et me retrouvant dans une grande cuisine. Il y a là de nombreuses personnes, mais jamais ceux que je cherche, et cette constatation n'a de cesse de me démotiver à poursuivre. Heureusement, Mach Gulam semble avoir pensé à ceux de ses gens qui ne sauraient pas trouver comment avancer, et m'a fait parvenir un parchemin m'indiquant la mesure de leur avancée, à lui et à ceux qui ont fait partie de la première troupe d'éclaireur. Cette attention me permet de repartir plus motivée. Vu la longueur du parchemin "“ que je n'ose pas lire en entier de peur de laisser tomber "“ j'allais mettre du temps à les retrouver. Je reviens donc sur mes pas pour me retrouver dans le hall d'entrée. Après deux pas, je stoppe net, le cœur battant à tout rompre. Un léger tremblement secoue le parchemin qui fait un bruit désagréable dans le silence ambiant. Je tremble. Et je n'en reviens pas. La panique m'empêche même de bouger. Il n'y a plus personne. Absolument plus personne... Je n'ose même pas dire un petit « ouh ouh ». Lentement, je me mets à descendre les escaliers. Avant chaque marche, je retiens ma respiration, mais aucune ne grince. Finalement, je me mets à courir, et à monter deux à deux les marches de l'escalier de gauche. Par deux fois, je fais tomber la clé au sol, maudissant ces portes que je n'arrive jamais très bien à ouvrir. Enfin je réussis. La porte claque derrière moi. Ici au moins, il y a quelques personnes, ce qui me rassure, et me donne du courage pour rouvrir la porte et jeter un œil dans le hall... Qui est de nouveau rempli de monde. Doucement, je referme la porte, réellement perturbée par cette histoire. La suite est autant perturbante. Parfois même stressante. Et toujours pas de Sentinelles. Peut-être bougent-ils en même temps que moi, ce qui expliquerait que je ne les croise jamais... A un moment, sans trop savoir comment, je me suis retrouvée dans un couloir souterrain. Je ne savais pas où aller, et j'avais perdu le parchemin de Mach Gulam en fuyant le boucher. Dans un soupir, je me laisse tomber le long du mur et me retrouve assise à même le sol. Une main sur mon épaule me fait sursauter, mais ce n'est pas de la peur que je ressens. Plutôt un intense soulagement. Mach Gulam est là, devant moi. Je ne vois bien sûr pas son visage, comme toujours, mais sa main qui m'aide à me relever est suffisante. Je ne suis pas seule.
  11. Sans bruit, je lance sur lui sort de soin après sort de soin. Le mur dans mon dos m'aide à ne pas tomber sous la fatigue que je ressens parfois, à le soigner trop vite. Mais je n'y peux rien, la moindre réplique des squelettes pourrait le tuer, s'il n'était pas si agile, alors je veille. Je ne laisse pas le temps aux blessures qui se forment sur sa peau de saigner, au sang de goutter sur le sable chaud. Nous ne discutons presque pas, concentrés sur la tâche. A peine quelques paroles, un peu plus tôt, sur la rumeur qui court à Melrath Zorac, à propos des chauves-souris. Nous irons ensemble a-t-il dit, nous sommes un clan. En attendant, il se bat, et je le soigne. Encore et encore. Par deux fois, j'ai cru qu'il allait mourir sous mes yeux sans que je ne puisse y faire grand-chose. Par deux fois, j'ai dû puiser dans mes ressources pour repousser la mort qui menaçait de s'abattre sur lui, fermer les blessures conséquentes par lesquelles s'enfuyait sa vie. Plus je le soigne et plus mes jambes flageoles. Ma fatigue est ininterrompue. L'autre jour pourtant, j'avais réussi à le soigner aussi longtemps, et à tenir debout ensuite. Mais l'autre jour, je n'avais rien fait d'autre de la journée, gardant mes forces afin de le soigner. Je ne pensais pas revenir à Til'Ra ce soir. J'aurais sans doute pu décliner, lui proposer d'attendre. J'aurais pu oui, mais je ne le voulais pas. J'appréciais ces moments où nous n'étions que tous les deux, même si le Dîn restait en toute circonstance concentré sur les tâches qu'il avait à accomplir. Malgré tout, à travers cette application légèrement indifférente perçaient parfois quelques signes d'attention. Les foulards qu'il cherchait enfin entre ses mains, je le laisse finir et me dirige lentement vers l'auberge. Le début du trajet est éprouvant mais, grâce aux murs encore debout, je peux avancer. Lentement, parfois avec douleur tant mes muscles se crispent. Bientôt, je sens que je ne peux plus avancer. Je n'en ai plus la force depuis quelques pas, et c'est maintenant le courage qui me laisse. Je me laisse tomber à genoux sur le sable, voûtée, et ferme les yeux, brûlant d'envie de rester là et de dormir. Mais les brigands ne sont assez aimables pour me laisser me reposer tranquillement. Je les entends qui s'approchent, mais qu'y faire ? Qu'ils viennent donc et me dépouillent... Mais rien ne vient, à part le Dîn. En le sentant à côté de moi, je me redresse un peu afin de l'observer. Il est en train de faire je ne sais quoi avec les foulards que nous avons réussi à trouver. Ce doit être une chose très menaçante puisque les brigands se sont éloignés sans rien dire. Je regarde ses mains agiles, fascinée. Je me doute qu'il ne va pas me laisser ici alors qu'il voit, qu'il sait que je n'en peux plus. Mais de là à l'imaginer me portant... Non, ça, je n'y arrive pas. Pourtant, ça devrait être bien, d'être dans ses bras... Comme à son habitude, le Dîn remet mes idées en place avec rapidité. D'un geste, il étend les foulards qu'il a noué les uns avec les autres, puis il me saisit et me pose dessus avant de tirer sur les foulards, me tractant ainsi sans peine. Je trouve la méthode, certes pratique, mais un brin désagréable pour moi. Enfin, au moins me ramène-t-il...
  12. Pressée et possédée par une sorte de fièvre, je me ferme à tout ce qui m'entoure. Nulle magie soudain pour m'aider à grimper dans l'arbre, ne reste que mes autres sens, l'habitude du geste, le pied qui se sait sûr d'heures et d'heures passées dans les arbres. Je pourrais croiser un orque que je ne le sentirais sûrement pas, trop concentrée par ma descente, mon envie de voir, de m'assurer, ou de me rassurer, sur Lui. Certaines branches me giflent le visage, mais ce n'est que la voix du Dîn qui arrive à interrompre ma course effrénée. Je m'arrête brusquement, trop sans doute, et dois m'accrocher à une autre branche pour maintenir mon équilibre. Pourquoi m'attend-il avec un tel calme ? Peut-être n'était-il finalement pas si enthousiaste que ça à l'idée d'aller voler. Enfin... Personne n'avait parlé d'enthousiasme, et surtout pas lui. Je reste un instant décontenancée, sans bouger de la branche où j'ai stoppé ma descente. Mes yeux scrutent son visage. Je ne veux pas penser... Je ne veux pas penser... Mes sourcils se froncent tandis que mes poings se serrent. Je me concentre uniquement sur son visage, ou du moins j'essaie. Supprimer toute pensée de mon esprit, surtout les mauvaises. Celles qui pourraient se dire par dizaine. Et tandis que je le regarde et que je pense à ne pas penser, je sens toutes ces idées noires, j'en entends les premiers mots, j'en distingue l'esquisse, celle qui tord les boyaux et brûle les yeux. Alors c'est un peu trop dur de soutenir son regard, d'autant plus que je sais que je ne saurais pas lui dire ce que je pense vraiment, ce que je ressens. Je baisse donc les yeux, qui découvre la missive dans sa main. Léger instant de surprise que je n'arrive sans aucun doute pas à cacher. Quel intérêt de toute façon ? Autant laisser mon corps dire ce que mes mots ne savent pas exprimer. Et mes lèvres pincées, que je mords ensuite, ma respiration qui soulève avec difficulté ma poitrine, mes sourcils qui ne veulent pas se détendre sont pour qui sait lire un visage une vraie mine d'informations. Ai-je seulement le droit de lui imposer ça ? Après tout, d'autres choses sont en jeu, il ne me l'a jamais caché. D'autres choses. D'autres gens. D'un bond, je me subtilise à son regard, plus pour essayer de reprendre une mine un peu plus sereine que pour lui faire croire que je vais partir. Une fois certaine d'être assez calme, je redescends juste devant lui, me posant doucement sur sa branche. -Qui donc a vraiment perdu ici ? Une esquisse de sourire ironique passe sur mes lèvres. D'un signe du menton, je désigne sa main, et plus particulièrement la lettre. -Quelque chose ne va pas ?
  13. Je ne le quitte pas. Mes yeux sont concentrés sur les branches autour de moi, et pourtant, je ne le quitte pas. C'est un exercice difficile, que je n'ai pas l'habitude de faire, grimpant habituellement seule, mais je ne veux pas me fermer à lui pour me concentrer uniquement sur la montée. J'ai besoin de le sentir là, de partager ça avec lui, même s'il ne sent pas forcément cette connexion que m'offre la magie. Certains mages arrivent à conserver un lien avec leurs compagnons d'arme sans y réfléchir, d'après les recherches que j'ai fait. Cette découverte m'avait ouvert de nouvelles voies. Si je savais faire de même, qui sait les avantages que cela pourrait donner au Commandeur ? Mes gestes se font avec un sorte d'automatisme. Les branches se tendent vers moi, en douceur, comme pour m'ouvrir un chemin, même si j'essaie d'utiliser le moins possible ma magie. L'arbre est trop imposant, et a une identité propre, que de plus jeunes arbres n'ont pas encore développé. Je ne peux donc pas trop le déranger. Et puis, j'ai envie de montrer au Dîn ce que je sais faire, sans qu'il pense que je tributaire de la magie. Alors que je continue à grimper, le lien qui me relie au Dîn s'amenuise. Je m'imagine d'abord que la fatigue en est la cause mais, une fois arrivée vers les branches les plus hautes, je ne le sens toujours pas, ni ne le vois. Une étrange émotion m'étreint alors, rendant douloureuse ma poitrine. Je n'arrive pas à me dire qu'il a pu lui arriver quelque chose. Il était tout le temps sur mes talons, parfois même me dépassant. Et il semblait si agile ! Aurait-il pu tomber ? Impossible. Pas lui. Je porte une main légèrement tremblante à mon front, chasse quelques gouttes de sueur, tout en réfléchissant à la situation. Et puis, soudain, je me mets à descendre avec rapidité, sans faire attention à ma sécurité. Un grand nombre de Sentinelles m'a parlé du Dîn, de ses capacités. Il n'a pas pu tomber. Et s'il n'est pas tombé, ne reste qu'une solution, qui me sert la gorge avec force. J'ai du mal à respirer, manque à plusieurs reprises de rater les branches. Pourquoi tant de précipitation, sinon pour avoir la certitude qu'il m'a abandonné ?
  14. Sans prendre la peine de me répondre, il entreprend la montée pour me rejoindre. Cette absence de mots pourrait me déranger, pourtant, il n'en est rien. Cette utilisation des mots, avec parcimonie, est une des choses qui me plaisent chez lui. Pas de mots en trop. De mots pour parler, pour combler des vides qui n'ont pas besoin de l'être. Je sais déjà qu'il peut parler, lorsqu'il a des choses à dire. Il y a un temps pour tout... Un sourire au visage, je le regarde me rejoindre. L'excitation grandit en moi et, comme toujours, j'ai du mal à le cacher. Cette débauche de sentiments sur mon visage n'a jamais été aussi problématique que depuis que je suis arrivée à Melrath Zorac. Ici, tout le monde semble cacher ce qu'il pense. Non pas que tout le monde m'intéresse. Mais certains... Mes yeux se posent sur le Dîn qui arrive à mes côtés. Passée la surprise de le voir sourire alors qu'il avait jusqu'à présent un mine très sérieuse, je me relève et m'avance vers lui. Je ne dirais pas que je sais mieux marcher dans les arbres que sur le sol, mais je me débrouille plutôt bien. D'autant plus que j'ai un petit avantage d'ordre... Magique. Mais peut-être devrais-je l'utiliser avec discrétion, voire même l'éviter. Je lui ai déjà montré ce que je savais faire, avec la fleur de cactus, mais je ne sais pas s'il a compris ce que cela pouvait laisser imaginer comme autres capacités... De toute façon, je ne sais pas si je saurais grimper en me coupant de tout. Je suppose que si je n'avais pas été dotée de cette capacité magique, j'aurais appris à grimper aux arbres comme lui. Mais ça n'étais pas le cas, et je ne pouvais me couper des énergies qui m'entouraient. Cela aurait été comme de devenir aveugle. A petits pas légers, je viens plus près de lui. Il a beau s'envelopper dans toute un fatras de tissus, et se couper de ce qui l'entoure, j'arrive tout de même à le sentir, plus encore maintenant que nous sommes ici, dans l'arbre. Je me demande si j'arriverais à le retrouver, s'il se décidait à s'enfoncer furtivement dans l'arbre. Je ferme les yeux, et me concentre sur lui. A force de le côtoyer, je commence à reconnaître un peu son essence, mais ça ne me paraît pas suffisant pour une vraie chasse. Il est décidément très intéressant... Rouvrant les yeux, je les pose sur lui, l'air sérieux. -Faisons plutôt la course. Un petit sourire amusé monte à mes lèvres. On m'a dit qu'il était un bon grimpeur, c'est le moment de le découvrir. Et, sans un mot de plus, je m'élance vers une branche proche.
  15. Je reste sans bouger sous son regard, attendant qu'il comprenne la seule solution qui pourrait nous faire grimper là-haut. S'il me fait une courte échelle, je pourrais attendre d'une impulsion un des branches les plus basses de cet immense arbre. Bien que plus petite que lui, d'un bond léger et sous son impulsion, ça ne devrait pas être trop compliqué. Et ensuite... Oui, ensuite, comment faire ? Peut-être vaudrait-il mieux finalement que ce soit moi qui l'aide à monter, pour qu'il me hisse ensuite. Je le jauge du regard à mon tour. Il n'a pas l'air bien lourd. Et puis, si je me souviens bien, ça ne doit pas être bien dur. Il me suffit de lier mes doigts et de lui présenter mes paumes, et hop... Il me jette alors un drôle de regard, et je devine qu'il doit vouloir me faire passer la première. Peut-être n'a-t-il pas besoin d'aide pour monter lui. J'aimerais bien voir comment il compte monter. Peut-être qu'il pourrait partager cela avec moi, à défaut de pouvoir me permettre de l'accompagner lors d'un de ses chasses. Cette décision qu'il a pris, de ne pas accepter que je le suive, m'a quelque peu ennuyé, même si une part de moi arrive à comprendre. Pourtant, je n'arrête pas de me dire que je pourrais sûrement le suivre avec discrétion, sans qu'il ne me remarque... Ses mains me ramènent immédiatement à l'instant présent. Oublié, envie de le suivre avec discrétion. Je ne comprends tout d'abord pas ce qu'il fait. Pourquoi s'est-il mis derrière moi ? Ma respiration s'accélère brusquement tandis que la chaleur de ses mains traverse le fin tissus de mes habits. Je n'ai pas le temps d'y réfléchir plus, que ce soit à propos de la méthode utilisée que de l'étrange sensation qui me traverse que déjà je me sens portée. Mes yeux papillonnent tandis que ma gorge libère un petit cri exalté. Il me fait voler ! Le vol est malheureusement trop court. Ou heureusement, je n'arrive pas à déterminer les sensations qui me saisissent. Sauf le bref instant de peur qui me prend en voyant la branche soudain si proche. C'est étrange d'arriver ainsi, par le bas, plutôt que par le haut comme à mon habitude. De voir arriver la branche au dessus de moi comme ça, c'est définitivement perturbant. Mais des années d'habitude, à monter dans les arbres, me font retrouver rapidement mes esprits et, d'un geste vif, je saisis la branche. Une fois la prise assurée, je bouge doucement mon bassin vers l'avant puis pousse sur mes bras pour me soulever. Une fois assise sur la branche, je me penche vers le Dîn, le visage barré par un grand sourire, les yeux sans aucun doute pétillants. -Vous êtes le premier homme à me faire voler ! Un petit rire s'échappe de ma gorge. -Vous pouvez monter seul ou vous voulez que je vous aide ?
  16. -Il est là. Mon ton est bas, les mots sont presque sortis dans un souffle. Un arbre tel que celui-ci, lorsque je suis pieds nus, je peux le sentir à plusieurs lieux à la ronde... Cet arbre, l'Unique a du lui souffler des secrets pour qu'il grandisse ainsi. Du coin de l'œil, je regarde le Dîn. J'ai toujours un peu de mal à savoir ce qu'il pense, même lorsqu'il sourit "“ ce qui n'est arrivé que très rarement jusqu'à présent. Le mien, de sourire, a du mal à monter, crispée que je suis. Il avait déjà eu l'air surpris lorsque je lui ai parlé de voler, et maintenant que nous y sommes, que pourrait-il donc bien penser ? Je le regarde sans plus me cacher, d'un air un peu embêté. -La dernière fois que j'ai un peu volé en compagnie de quelqu'un, il est mort quelques temps plus tard. Je m'approche alors tout près de lui, l'air très sérieux pour ne pas y penser. Je sens que la peine est là, sous la surface, mais je ne veux pas le montrer à qui que ce soit. Pas tant que je ne sais pas ce qu'il s'est vraiment passé. Pas tant que je ne sais pas qui est impliqué. Je ne sais pas comment lui dire la suite. Je réfléchis, mais aucune formulation ne me va. Alors, finalement, je me détourne, enlève d'un geste rapide mes bottes pour me retrouver pieds nus, et me mets à courir vers l'arbre. La fuite est vaine, j'ai beau faire le tour de l'arbre, je ne sais pas par où grimper seule. Les branches sont trop hautes pour moi. Poings sur les hanches, je me tourne vers le Dîn. -Il semblerait que j'ai besoin d'aide.
  17. Le Dîn m'avait suivi sans trop de questions ni de résistance. Certes, au début, ma main pouvait passer pour une obligation, mais je ne pensais pas que le Dîn était le genre de personne que l'on oblige d'une quelconque manière à faire quelque chose qu'il ne voulait pas. Si la fougue liée à ma proposition m'avait fait lui saisir la main, je n'en étais pas moins restée perplexe, tant devant mon geste que devant son absence de réaction. A peine avais-je réalisé mon geste que je m'étais crispée légèrement, dans l'attente de son emportement, ou quelque chose comme ça. Ou peut-être plutôt une grimace de sa part avant d'enlever sa main de la mienne. Mais rien. Il s'était laissé entraîner et je n'y avais plus pensé, me contentant de l'emporter vers la sortie. La forêt d'Irliscia était grande et, tout en devisant avec le Dîn, je ne cessais de réfléchir à quel arbre pourrait nous faire voler. Je ne la connaissais pas entièrement, et il avait des envies particulières. Envies qui me parlaient. La plupart du temps, n'importe quel arbre convenait. Mais ce n'était pas « la plupart du temps ». Cela allait être mon premier vol avec quelqu'un. Enfin, avec lui. Cette histoire ne devait pas avoir la même importance pour lui que pour moi, mais ça ne serait pas la première fois qu'une telle différence d'attente existait. La description de l'arbre dans lequel il voulait aller voler me rappelait quelque chose. Il me semblait avoir déjà vu un arbre tel que celui-ci. Je stoppais, presque net et, sourcils froncés, me mis à réfléchir à l'endroit où j'avais pu voir un tel arbre. Etait-ce avec Kaimi, lors d'une de nos promenades ? Non... C'était lors de mes balades solitaires que je l'avais découvert, puis lors de ma balade avec le guerrier que je m'étais vraiment approchée de l'arbre. Je l'avais amené là-bas pour lui montrer un petit coin tranquille, où il pourrait s'isoler des autres. L'idée de pouvoir à présent y voler faisait monter en moi une certaine excitation, que je n'arrivais pas à cacher. De nouveau, je l'entrainais avec moi, nous faisant aller vers l'entrée de la forêt, sans y entrer forcément. Je marchais avec rapidité et le plus de discrétion possible, ne voulant pas que quelqu'un nous suive là-bas. Je n'avais plus envie de parler, juste d'arriver rapidement là-bas, et de voir sa réaction à la vue de l'arbre.
  18. A ce regard s'ajoute un sourire lorsqu'il voit que je l'ai découvert. D'un petit bond, le voilà à mes côtés. Préférant devancer toute proposition, ou absence d'aide pour me relever de sa part, je me redresse, un peu chancelante sur mes deux jambes encore. La peur en est autant responsable que la fatigue. Du coin de l'œil, je remarque qu'il n'est pas seul, et que d'autres personnes sont en train d'aider Suyvel à tuer les derniers orques encore vivants. Ainsi armée, ensanglantée par l'Unique sait quel sang, elle a un air farouche qui lui va bien. N'ayant aucune connaissance des querelles entre les deux peuples, je me détourne d'elle, ne doutant pas un instant qu'elle saura se débrouiller avec leur aide. D'autant plus que je suis bien trop fatiguée. Je ne serais qu'un poids pour eux si j'allais rejoindre la bataille. Mon regard se pose alors sur l'homme qui m'a aidé. Voyant qu'il n'hésite pas à me détailler de la tête aux pieds, je décide de faire de même. Finalement, mon regard se concentre sur son visage. Son sourire n'a pas quitté son visage. Il semble quelque peu amusé, mais par quoi ? Il me laisse le dévisager sans parler, attendant sans doute que mon inspection soit finie. Il ne ressemble pas à un homme. J'ai du mal à réaliser ce qu'il est "“ ce qu'ils sont. Ce n'est qu'en jetant un autre coup d'œil à Suyvel pour voir que la bataille est terminée que je comprends. Mes yeux écarquillés semblent être la réponse qu'il attendait. Son sourire tire un peu plus vers l'amusement tandis qu'il porte une main vers sa poitrine et fait un très léger mouvement d'inclinaison à mon endroit. -Vous n'avez rien à craindre de nous. Un simple hochement de tête pour réponse, je ne sais de toute façon pas quoi lui dire. Un elfe... J'aurais du me douter que j'en rencontrerais un jour. Après tout, depuis que j'étais arrivée à Melrath Zorac, de nombreuses choses qui ne faisaient parti que des contes que mon père me racontait étant enfant étaient apparues comme réelles. Alors... Pourquoi pas les elfes ? -Merci pour... Du menton, je désigne l'orque au sol. Il ne doit pas être très bavard non plus, puisque son éternel sourire me répond, ajouté à quelque chose qui pétille dans ses yeux. Mon regard ne cesse de retourner vers Suyvel. Je n'entendais pas ce qu'ils se disaient, mais j'avais vu l'elfe perdre son sourire. Que pouvait-elle bien lui avoir dit ? Sûrement pas que les orques avaient pillé la tombe de Kaimi. Les elfes n'en avaient sans doute rien à faire. Un sursaut me ramène à l'elfe aux yeux mordorés. Sans que je ne m'en rende compte, il a posé une main légère contre mon bras. Son sourire est toujours là, mais je devine au léger froncement de ses sourcils qu'il a entendu, lui, l'échange de paroles. D'une poussée légère, je sens qu'il me propose d'aller auprès des siens. A pas légers, mais avec une rapidité certaine tout de même, nous nous dirigeons tous deux vers le groupe. Suyvel et celui qui semble être le chef du groupe ne nous ont pas encore remarqué. A présent que je suis près d'eux, je sens toute la tension qui se dégage. Allons nous gagner d'autres ennemis ? Je ne me sens pas le poids contre des elfes. Le geste de Suyvel ne passa pas inaperçu, tant pour moi que pour les elfes. Que faisait-elle donc ? Pourquoi soudain n'arrivait-elle plus à réfléchir ? A petits pas, le sourire aux lèvres comme si rien de grave n'était en train de se passer, je me dirige vers elle. Jouer l'idiote... Je saisis sa main dans les miennes, souriant à qui mieux mieux, juste avant qu'elle ne saisisse son fouet, et me mets à parler d'une voix forte, avec le plus d'enthousiasme possible. -Quelle chance nous avons Suyvel ! La forêt est grande, et si riche pour qui sait le voir ! Puis, me tournant vers l'elfe qui m'avait sauvé, je repris : -Grand merci à vous et aux votre messire elfe ! Sans vous, nous ne pourrions pas poursuivre notre quête. Je prends soin d'accentuer le mot « quête », espérant leur faire comprendre que nous avons un but ici, et pourquoi pas que nous avons besoin d'aide. -Malheureusement, je crains qu'avec cet assaut d'orques, nous ayons du mal à retrouver ceux que nous cherchons, et qui ont pillé la tombe de Kaimi... Si j'étais plus douée en filature, cela ne serait pas un soucis, et Suyvel a bien assez à faire d'essayer de me protéger sans en plus devoir se charger de tout le reste. D'un geste, je désigne l'elfe aux yeux mordorés. -Vous l'avez bien vu, vous qui m'avez sauvée, malgré le talent de Suyvel, un rien peut me faire succomber. Et je finis là ma tirade, les yeux posés sur l'elfe, sans jamais avoir regardé celui qui semble être le chef de leur troupe ni avoir lâché la main de Suyvel.
  19. Elle ne semble pas connaître les silences, reprenant sans cesse la conversation lorsque je la laisse, posant des questions, faisant des propositions. N'a-t-elle donc jamais mené de chasse pour parler ainsi sans être plus préoccupée que ça par ce qui nous entoure ? Ne se rend-elle pas compte qu'en parlant ainsi, sans faire attention à la portée de nos voix réunies, nous pourrions attirer plus que des orcs ? Je ne connais que très peu les êtres qui peuplent cette forêt, mais de nombreuses personnes m'ont suffisamment mise ne garde pour qu'une légère appréhension monte en moi au fur et à mesure que nous discutons. Je ne sais cependant comment lui faire remarquer sans risquer qu'elle le prenne mal. Peut-être devrais-je moins prendre en considération ce qu'elle peut ressentir, si cela nous sauve la vie ? Du coin de l'œil, j'aperçois quelque chose qui arrive vers nous avec rapidité et comprends qu'il est à présent trop tard. Nous ne sommes plus seules "“ si nous l'avions réellement été... Elle doit l'avoir remarqué elle aussi car je n'ai pas besoin de me forcer à crier. D'un bond vif, nous nous écartons l'une de l'autre, et plus particulièrement de la flèche qui est à présent fichée devant nous dans la mousse. Un cri du côté de ma compagne me fait comprendre qu'elle sait qui est le propriétaire de la flèche. De mon côté, je n'en ai pas la moindre idée. Plus j'avance dans les terres de ce monde, plus je m'éloigne du petit monde de Terra, et plus je me rends compte de mes nombreuses carences. Jusqu'à présent, j'ai toujours réussi à faire sans, ou à mettre en avant mes compétences en herboristerie, mais cela n'a qu'une utilité limitée. Des orcs, dont certains ne portent même pas d'armes, apparaissent alors depuis les fourrées. Ils n'ont cependant pas d'arc. Sans doute que d'autres se cachent encore parmi les arbres. Un petit coup d'œil du côté de Suyvel me permet de voir qu'elle a déjà commencé à en tuer certains. Je ne connais pas l'arme qu'elle utilise, mais il serait sans doute utile que je m'en procure une si jamais je devais encore me battre à l'avenir. Ainsi, avec un poignard, même sans énergie magique, ou même si je suis fatiguée, je pourrais me défendre un minimum. Mais pour le moment, je n'ai que ma magie. Je n'arrive pas à voir combien d'orques sont présent car deux d'entre eux me tombent directement dessus. L'un d'eux se retrouvent bientôt à terre, tandis que je recule devant l'autre, fatiguée par l'usage de la magie sur son compagnon. Le dernier me regarde d'un air retord et me sourit d'un air étrange, dévoilant ses dents. Je n'arrive pas à déterminer s'il va m'attaquer ou non, et je n'ai pas encore repris mon souffle, qu'un orque un peu plus grand apparaît derrière lui et de la main l'attrape et l'envoie valser plus loin. En le voyant, arme à la main, j'ai du mal à déglutir. Je recule rapidement, tandis qu'il me suit, et me prends les pieds dans des racines. Du coin de l'œil, je vois que Suyvel est elle aussi occupée avec un orque, et qu'elle ne peut donc pas, une fois de plus, me venir en aide. Après être tombée au sol, je décide de préparer un nouveau sort plutôt que de perdre du temps à me relever. De toute façon, il me rattraperait sans aucun doute. Je murmure une incantation le plus rapidement possible tandis que je le vois lever son arme. Une expression de surprise passe sur son visage, sans que je comprenne ce qui a pu la provoquer. Un étrange son s'échappe alors de sa bouche tandis que je le vois tomber vers moi. En voyant une telle masse me tomber dessus, j'en perds le fil de mon incantation et ne peux que me protéger en tendant les bras vers lui pour essayer de le faire dévier. Mes poignets se font douloureux lorsqu'il arrive sur moi, mais heureusement j'arrive à pousser suffisamment sur le corps pour qu'il ne s'écrase pas entièrement sur moi. Je remarque alors, dans le dos de l'orque, une nouvelle flèche. Prise d'une inspiration subite, je lève les yeux vers les branches, et croise un regard au doux mordoré...
  20. [immortelle, signification en langage des fleurs : douleur qui ne s'éteindra pas] La pièce est sombre, à peine éclairée par une petite fenêtre dans un coin. Sa taille ne permet cependant pas aux rayons du soleil de passer. Presque comme s'ils n'osaient pas franchir la percée. Comme s'ils ne voulaient pas voir ce qui se passe ici. Qu'ils ne voulaient pas éclairer ça. Un corps est pris de tremblement. Malgré une forte volonté, rien n'y fait. Le corps, ce corps voûté, est plus fort que l'esprit. Un bruit d'objet cassé retentit. La main, voulant trouver un appui, a fait tomber le pot en terre qui se trouvait sur la table. Le corps s'affale sur cette dernière. Flanche. Les genoux tremblent. Une première toux, horrible, qui racle la gorge avec souffrance, s'élève. Les jambes ne soutiennent plus grand chose. Les bras cherchent à s'agripper à la table, retenir ce corps qui soudain semble si lourd. Et, dans le même temps, une main veut se porter à la bouche, comme pour retenir cette toux qui tord le ventre, brûle la gorge. Le corps ne tient plus, tombe au sol. Un peu de poussière s'envole. Le corps se plie. Aucune position ne peut convenir. La toux est là, encore et encore. Une étrange bile semble monter des boyaux. Et un quelque chose... Un gémissement. Il emplie la pièce, tandis que les larmes roulent sur le visage crispé. La main se porte à nouveau contre les lèvres. Nouvelle toux. Est-ce de la salive qui se pose sur le dos de la main ? Il faut que ce soit de la salive... Il le faut. Le corps se traîne, douloureusement, lentement. La fenêtre. Il faut.. Il faut atteindre la fenêtre. Pour se rassurer. Ce doit être de la salive. De la bave. Le corps réunit ses dernières forces, se force à atteindre la fenêtre. Une première main. Une deuxième. Tirer de toutes ses forces sur les bras. Les muscles crient de douleur. Ils résistent. Rien ne se passe d'abord. Juste l'impression terrible que tout est fini. Et puis, finalement, le corps se dresse. Bondit vers la fenêtre. D'où vient cette énergie subite ? Comme si le corps était plein de mystères. Et, de fait, il l'est. Les yeux se posent sur la main. La main sur laquelle une traînée rouge se distingue parfaitement dans la lumière pâle. Tandis que le corps lâche toute emprise, retombe comme une masse sur le sol, un long gémissement, de douleur, de peur, s'élève. Puis le silence, uniquement coupé par la respiration dure du corps. Malgré la faible lueur, on pourrait presque deviner, rien qu'à ce bruit, la poitrine qui se soulève, encore et encore, tandis qu'une étreinte douloureuse lui noue la gorge. Peu de temps après, un bruit de poussière, comme quelqu'un qui marche dans cette pièce sombre. Bruit de corps qui bouge, ou qui est bougé ? Murmure. Paroles précipitées, indistinctes. Magie qui illumine la pièce. Le corps qui soudain se sait abîmé. Nœud à la gorge qui diminue, puis disparaît. Respiration qui se calme. Étrange apaisement des sens, du corps, ou simple retardement de l'inévitable ?
  21. L'idée est intéressante, et pourquoi pas alors, là, avoir la possibilité de trier les quêtes, comme proposé ici : http://www.terre-des-elements.net/forum/index.php?showtopic=8286
  22. Zethyr vient me voir le 7 septembre.
  23. Suivre la trace de quelques orques n'allait sûrement pas être compliqué. Il s'agissait peut-être de ma première rencontre avec cette espèce, et donc de ma première chasse à l'orque, mais, si j'en croyais les histoires, il n'y avait rien de plus simple à suivre. Je ne devais cependant pas croire que cela allait être des plus simples. Je n'avais pas traqué quelque chose depuis plusieurs mois. Ici, il suffisait en effet d'avoir quelques pièces d'or sur soi pour s'assurer un repas chaud en auberge. Et pour les pièces d'or... Et bien, la mort de Kaimi me permettait de voir venir. Et puis, j'avais trouvé à vendre facilement ce que je trouvais. Un marchand me prenait chaque plume que je trouvais pour faire ses matelas et oreillers. Un autre utilisait les fleurs de cactus pour ses potions. En bref, pour celui qui savait se débrouiller, il y avait toujours moyen de trouver de quoi gagner sa subsistance. Et puis, j'avais subis beaucoup trop de changements en quelques mois, qui me faisaient rester dans les limites du monde que je connaissais. Ainsi, pendant de longs mois, à part mes venues à la tombe de Kaimi, je ne sortais guère de Melrath Zorac, sauf pour aller à l'Est. Cependant, cette sorte de trêve, bien que m'ayant permis de me reprendre, allait bientôt devoir cesser. Je ne pouvais rester éternellement cachée à Melrath Zorac. Surtout pas maintenant que j'avais trouvé de nouveaux compagnons. Et puis, je commençais à ressentir l'envie d'aller voir ailleurs, de découvrir de nouveaux endroits. Le Dîn m'avait ainsi proposé de me mener à la mer, et j'attendais cette balade avec envie. Voire même avec excitation. Cette chasse à l'orque constituerait donc une sorte d'entrainement, de remise à niveau pour moi. J'avais déjà constaté que je n'étais pas réellement de taille à affronter tant d'orques à la fois et, même si je ne doutais pas de la force de Suyvel, je me disais qu'il allait falloir que nous réfléchissions à un plan d'action. Les suivre oui, mais me jeter une deuxième fois sans réfléchir entre leurs lames, pas question. Il allait donc falloir que je retrouve les habitudes gagnées après des années d'entrainement avec mon père dans la forêt de Terra. Que je retrouve mon pas, sûr et léger. Mes gestes vifs et précis. La piste empruntée par les orques était bien visible. Ils n'avaient pas pris la peine de faire attention à la nature les environnant. Était-ce par pure indifférence envers elle ou par simple empressement de quitter les lieux ? Je n'arrivais pas à me dire qu'une espèce telle que les orques pouvaient négliger autant l'endroit où ils vivaient. Mais, après tout, ne faisions-nous pas de même, en tant qu'humains ? Tout en observant les traces laissées par les orques, j'écoutais d'une oreille que j'efforçais d'être attentive les propos de Suyvel. Elle avait le chic pour me surprendre. Mes yeux étaient plantés dans les siens, pourtant, je ne la voyais plus. Mon expression devait s'être assombrie. Une impression terrible d'échec s'abattit sur moi. Comment n'y avais-je pas pensé plus tôt ? Étais-je donc à ce point incapable de la protéger, même dans la mort ! D'un clignement d'œil, je repris contact avec la réalité, avec Suyvel. -Alors il va falloir trouver un plan pour les abattre, et un bon, car à deux, je doute que cela se fasse facilement.
  24. Une amie telle que moi... Léger coup au cœur. Mon regard se détourne vers le saule pleureur. J'ai envie de crier que je n'étais pas son amie. Que j'étais bien plus que ça. Au lieu de quoi, je me concentre sur l'arbre. Sans cesse il pleure. L'a-t-elle remarqué ? A-t-elle vu les larmes de pluie qui tombent de ses feuilles ? A-t-elle remarqué comme il se tient courbé, toutes branches baissées ? Comme s'il avait déjà abandonné. Mais abandonné quoi ? Et puis elle se met à crier, à courir, comme si la folie l'avait attrapé. Je suis trop hébétée pour réagir. J'ai envie de lui dire que c'est un simple diadème, que ce n'est pas la peine de réagir comme ça. Pourquoi les gens accordent-ils tant d'importance à ces trucs ? Ce n'est qu'un diadème, il doit bien y en avoir d'autres ailleurs ! Alors bon, d'accord, c'est le diadème de Kaimi, et ça m'ennuie assez qu'ils l'aient volé. Mais tout de même, à ce point... Elle doit être folle en fait. C'est la seule explication logique que je vois. Maudits ? Ahah. Elle est même drôle tiens. Elle fait dans la malédiction aussi ? J'ai envie de lui faire remarquer que c'est trop tard maintenant, à part si ses malédictions font dans la longue distance. Malédiction long courrier par Suyvel. Et voilà que je me mets à pouffer de rire. Sacrée petite femme que voilà. Une fois calmée, je m'approche d'elle, une idée en tête. -Je suppose que ça veut dire que vous allez m'aider à récupérer le diadème. Ce n'est même pas une question. En fait, ça pourrait même passer pour de la suffisance, en y réfléchissant bien, et cette idée me dérange. Avoir vu la tombe de Kaimi dans cet état n'est pas une excuse pour être désagréable. -Merci pour votre aide, et pour vos soins. Je lui adresse un petit sourire. -En ce qui concerne le diadème... J'ai quelques notions de filature en forêt, et si nous avions le temps, cela pourrait convenir. Cependant, je ne connais pas assez, pas du tout même, cette forêt, et les orcs semblent aller vite. Mais peut-être que vous avez quelques notions ?
  25. J'aurais vraiment voulu lui répondre. Lui dire que, moi aussi, j'aurais aimé que Kaimi me présente à elle. Oui, j'aurais voulu le lui dire. Mais les mots sont restés coincés dans ma gorge. Mais ça n'avait guère d'importance de toute façon. A quoi bon lui dire ? A quoi bon prononcer ces paroles, rendre mon envie réelle, alors que je sais très bien que cela ne pourra pas se faire ? Pour qu'elle le sache, m'aurait dit Kaimi. Non pas que ça aurait changé quelque chose, mais au moins l'aurait-elle su. Dire les choses... Cela avait toujours été une source de conflit plus ou moins prononcés entre nous. Je n'avais jamais compris à quoi cela pouvait servir d'exprimer mes sentiments, alors même que je savais que les connaître ne changerait rien aux positions de Kaimi. Quant à elle, elle ne comprenait pas pourquoi j'éprouvais tant de difficultés à lui parler. Mais Suyvel ne savait rien de tout cela. Elle n'avait d'ailleurs pas attendu que je réponde, et avait bondi vers la tombe. Mes sourcils se froncèrent tandis que je suivais des yeux ses mouvements. Amie ou non de Kaimi, elle avait intérêt de faire attention à ce qu'elle allait manigancer. Je venais de combattre des orques, je n'étais sûrement pas à une elfe près. Enfin... Pas sûre que Kaimi aurait apprécié. Mais l'elfe ne semblait pas avoir de mauvaises intentions. Elle se contentait de se tenir là, devant la tombe. Que pouvait-elle bien voir qui la tienne dans un tel état de concentration ? Mes yeux ne la quittaient pas. Je n'arrivais pas à me décider. Une partie de moi se sentait en confiance à ses côtés, tandis qu'une autre ne se décidait pas, restant méfiante. Cela devait plus tenir de la jalousie que j'avais ressentie à l'égard de Suyvel à chaque fois que Kaimi me parlait d'elle. Lorsqu'elle revint vers moi, sa requête fut accueillie par un étonnement, presque un hébétement stupide. Que venait-elle de me demander ? De l'éclairer à propos de rituels ? Ahah... Kaimi n'avait pas du lui parler dans les détails de moi... Me sentant assez en forme pour me relever, je lui fis face. Mes bras étaient ballants, et mon étonnement n'avait toujours pas disparu. -Je n'y connais rien en rituel. Je ne suis pas Tellurique. Enfin, pas vraiment. Un peu, mais... Je n'avais aucune envie de me lancer dans une explication. -Je l'ai mise en terre parce que je ne savais pas ce qu'il fallait faire d'autre. Et puis je me mis à marmonner, dans un éclair d'honnêteté. -Et parce que je ne voulais pas que quelqu'un d'autre la touche, ou s'occupe d'elle. Je lui jetais alors un regard de défis, comme pour lui dire d'essayer de me le reprocher. -On ne m'a volé personne. Je marquais une légère pause, indécise. -Enfin... Si. On m'a volé Kaimi. D'une certaine façon. Nouvelle pause, léger regard vers la tombe. -Les orques. Ils ont volé le diadème de Kaimi. C'est stupide. Ce n'est qu'un objet après tout. Mais... Elle me l'avait donné.
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