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Terre des Éléments

Rhapsody

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Tout ce qui a été posté par Rhapsody

  1. J'attrape la chemise qu'il me tend et l'observe discrètement. Elle devrait amplement faire l'affaire. Il décide alors de prendre congé en me souhaitant une agréable nuit et se retire vers la porte. Confusément, je sens qu'il faudrait que je fasse quelque chose. Une impulsion soudaine. Un instinct enfoui. "Helevorn !" Je comble en un instant la distance qui nous sépare alors qu'il se retourne. Posant une main froide sur son avant bras, je plonge mon regard dans le sien. Un souffle. "Merci." Mot chargé de plus de sens que tous mes remerciements de la soirée. Implicite aveu de mon respect pour lui. Le jeu est fini pour ce soir. Demain, une nouvelle confrontation sera lancée. Pour le moment, je n'ai plus ni l'envie, ni la combativité nécessaire. Je ne suis pas une ingrate. Avant de voir sa réaction, je retourne dans la salle de bain afin de me changer. La chemise me couvre la moitié des cuisses, et retombe amplement sur mes épaules. Peu importe, elle sera parfaite pour dormir. Après une dernière tentative pour sécher mes cheveux, je sors de la salle de bain et me dirige vers le lit. Finalement tout bonnement épuisée, je me glisse sous les draps, ramène un oreiller sous ma joue, attrape l'autre entre mes bras et m'endort en quelques instants. ~ Position étrange qui a bercé la jeune femme dans toutes ses années de solitude. Réconfort du doux tissu à la chaleur rassurante. Dans cette nuit noire dont elle n'a pour une fois pas tenue compte, elle s'endort rapidement. Fragile enfant...
  2. A peine est-il sorti de la pièce que la fatigue s'abat à nouveau sur moi. Mais la vue du bain m'a revigorée et l'idée de m'y tremper ne fait qu'accroître cette volonté. Je délace ma robe, ou plutôt ce qu'il en reste, et la jette en boule dans un coin. Suivent mes sous vêtements que je traite avec un peu plus d'égard, en ayant encore besoin. Une fois totalement nue, je jette un regard à un miroir proche qui me renvoie une bien piteuse image de ma personne. Couverte de taches vertes, le regard éteint, et un bleu qui commence déjà à mordre ma peau sur mon poignet à l'endroit où Helevorn m'a percuté pour me désarmer. Il ne manquerait plus que... Me retournant, je peux apercevoir les premières marques de meurtrissures qui fleurissent sur le bas de mon dos. Foutue peau si sensible ! Désireuse de ne pas découvrir d'éventuelles autres mauvaises surprises, je me plonge dans l'eau chaude avec délectation, tout mon corps se repaissant de cette douce caresse. Un instant, je plonge totalement la tête sous l'eau puis ressort ma chevelure dégoulinante avec délice et m'ébroue. Prenant le pain de savon, j'entreprends alors de nettoyer ma peau diaphane afin de lui rendre sa paleur habituelle. Après de longues minutes, je suis redevenue plus présentable, et même mes cheveux ont eu droit à quelques soins. Après m'être accordée encore un peu de temps à profiter de la douce chaleur, je décide de sortir avant de m'assoupir. Il serait bien inconvenant que je m'abandonne à l'inconscience dans un tel lieu. Finalement, je sors de l'eau encore tiède, frottant d'abord mes cheveux avec la serviette puis tout mon corps, jusqu'à la nouer autour de ma poitrine en une courte robe. De longues mèches de nacre gouttent doucement sur mes épaules, mais le bain m'a agréablement réchauffée. En outre, la fatigue qui engourdissait mes membres s'était quelque peu apaisée. Faisant quelques pas beaucoup plus assurés, je me dirige vers la porte. L'entrouvrant, je me glisse dans l'embrasure et cherche mon hôte du regard afin de voir s'il a trouvé de quoi me vêtir. Le trouvant sur le lit, je lui souris sincèrement, revigorée. "Je vous remercie pour ce bain." Il faudrait vraiment que je pense à arrêter de lui présenter ma gratitude à tout moment, le sentiment de culpabilité et de honte que j'éprouve à son égard n'est en rien une raison. "Avez vous trouvé quelque chose pour moi ?" J'ai tout de même hâte de pouvoir m'endormir, un peu à bout de force...
  3. Affalée dans le fauteuil, je saisis avidement le verre qu'il me tend afin de désaltérer ma gorge sèche et espérer trouver un peu d'énergie pour ne pas être totalement amorphe quand il reviendra. La boisson a un goût exquis que je savoure, mais bientôt, je sens sa douce chaleur parcourir mes veines, brûlant d'autant plus vite mes dernières maigres réserves. De l'alcool à n'en pas douter. Après tout, qu'importe, je suis bien incapable de faire quoi que ce soit de compromettant vu mes difficultés à bouger. Je trempe donc à nouveau mes lèvres dans le breuvage avant de le regarder partir. Laissée seule à mes pensées, je récapitule une soirée pour le moins étrange. Mais très vite, tout se brouille dans mes souvenirs et m'échappe, refusant de me laisser répertorier mes sentiments. Après tout, peut être vaut-il mieux ainsi vu les déconvenues successives... Un vertige nouveau affleure. Estimant cela plus sage, je pose le verre à mes pieds avant que mes doigts sans force ne me trahissent. Il serait inconvenant de briser un objet, et d'achever cette soirée sur un dernier rappel de ma maladresse... Incapable de faire mieux, je reste donc assise, posant mon regard clair dans un coin quelconque de la pièce que je ne quitte plus. Le vide s'est fait dans mon esprit désormais incapable de plus réagir. Un bruit se fait entendre à l'entrée. Dans un geste lent, je porte mes yeux indéchiffrables sur le nouvel arrivant lourdement chargé. L'eau du bain... Soudainement ramenée à ma présence ici, une étincelle de compréhension traverse mon regard. Pourtant, je n'esquisse pas le moindre mouvement. A la vision d'Helevorn, tous les souvenirs désagréables de la soirée ont resurgi en bloc, m'accablant de la honte et de la déception que j'ai pu ressentir tour à tour. Je perçois alors une digue que j'avais soigneusement bâtie avec le temps commencer à se fissurer. Le trop-plein d'émotions ressentie monte peu à peu, me donnant une force nouvelle. Je veux finir dignement cette soirée, afin de lui montrer que je ne suis pas si... pitoyable que ce qu'il a pu le voir. Je ne veux nulle compassion. Je ne veux aucun regard indulgent. Je vais lui montrer que je suis plus forte que ce qu'il ne veut bien le croire. Sans un mot, je me lève lentement du fauteuil, le temps de reprendre quelque peu mon équilibre, puis me dirige vers la salle de bain, dernière bravade que je ne pourrais maintenir que le temps strictement nécessaire. A peine sera-t-il parti que je m'effondrerai à nouveau. D'ici là, je dois tenir. Une étincelle farouche s'est éveillée en moi. Après tout, l'alcool peut avoir du bon.
  4. Complètement épuisée. L'incident a non seulement achevé mon corps tremblant, mais ma colère aussi foudroyante que rapide a puisé dans mes dernières réserves de combativité. Désormais, véritable loque humaine, je suis Helevorn d'un pas titubant, peinant sous le poids de ma cape et de mon exténuement. Les mètres défilent sans que je parvienne à les compter, avançant douloureusement à chaque nouveau pas. Mon seul but désormais, arriver enfin dans ce lieu, m'étendre dans un bon lit et oublier cette soirée désastreuse. Mon guide s'arrête finalement aux pieds d'une palissade. Je laisse échapper un soupir de soulagement mais m'avère incapable de lever le regard pour embrasser l'étendue de la construction. Plus tard. Pour le moment, atteindre le lit. Je suis docilement l'homme vers des appartements où il me procure quelque lumière grâce à des bougies puis me propose un bain. L'indécision se peint à nouveau sur mon visage, tiraillée entre le désir de profiter d'une eau apaisante et l'envie de ne pas importuner mon hôte. Après tout ce que je lui ai fait subir ce soir, il serait peut être sage d'en rester là... Pourtant, en posant les yeux sur mes pieds, j'aperçois mes jambes maculées de traces verdâtres. Prendre un bain serait vraiment une bonne idée si je veux éviter de salir les draps qu'on m'offrira. "Ce serait un réel plaisir. Je viens vous aider." Au moment de me diriger vers lui cependant, je suis prise d'un vertige qui m'arrête un instant. La fatigue reprend peu à peu ses droits sur ce corps poussé à bout.Je me fige instantanément, tentant de retrouver doucement mes esprits afin de ne pas m'effondrer lamentablement. Une fois suffira ce soir. Afin de me sentir plus légère, je dégrafe ma cape que je laisse glisser au sol, avisant enfin l'étendue des dégâts de ma robe trempée. Heureusement pour moi, le lourd tissu pourpre n'est pas devenu transparent. Une fois que les murs ont fini de tanguer autour de moi, je finis par me raviser. "Je vous prie de m'excuser, mais je crois que je ne peux malheureusement vous prêter mon renfort..." Estimant que c'est plus sage, je pose la partie sèche de ma cape sur un fauteuil dans lequel je m'assoies, incertaine sur la fiabilité de mes membres. Je jette alors un piteux regard à mon hôte.
  5. Alors que je m'attends à percuter la dureté du sol, c'est une fermeté de toute autre nature qui m'intercepte. Deux bras puissants et un torse musculeux amortissent ma chute et me réceptionnent avec douceur afin de m'éviter de me briser un os. L'eau glacée qui roule sur mes jambes m'arrache toutefois un cri de surprise et de douleur. Maintenant au moins, je sais que je vais pouvoir jeter définitivement cette robe. Helevorn me relève sans dire un mot, pourtant, je sens poindre le "je vous l'avais bien dit" qu'il n'exprime pas. J'envisage un instant de me retourner vers lui et de passer ma colère sur sa personne, mais ce serait indigne de l'aide qu'il m'a apporté. Toujours dos à lui, j'égrène un chapelet de jurons, héritage là aussi de ma famille, propres à faire pâlir n'importe quelle demoiselle de qualité. Ce qui tombe bien, puisque je ne le suis pas. J'attends un moment avant de réussir à me calmer, désireuse qu'il ne prenne pas pour lui cet énervement qui n'est dirigé que contre moi même. La honte de m'être retrouvée dans une telle situation face à un homme ruine proprement tous mes espoirs de gagner son respect en tant que femme forte et de caractère. Qu'importe... Alors que ma cape et mes jambes dégoulinent d'eau vaseuse, le reste de mon corps est moucheté de taches verdâtres promptement repoussantes. J'entreprends d'essorer la lourde cape pourpre qui déverse des litres d'eau sur mes pieds déjà trempés. Etouffant un nouveau juron, je finis par me dire qu'il va bien falloir que je l'affronte. Il n'est pas raisonnable de rester dans ce froid alors que j'ai plus d'eau sur moi qu'il n'en reste dans le ruisseau. Je me tourne alors vers mon guide, le regard fuyant. "Je vous prie de m'excuser pour cet incident... Je crois que je vais avoir besoin de votre aide si vous daignez me l'accorder." Mes yeux clairs tombent alors sur son pantalon durement touché par la mésaventure. "Je prendrai à ma charge les dégâts causés à vos vêtements." Incapable de patienter plus longtemps, je finis par lever le regard vers lui afin de connaître son sentiment sur l'affaire, savoir si je vais me prendre un savon mémorable ou s'il va se contenter de me rire au nez...
  6. Toujours perdue dans mes pensées, je ne vois pas sa main se lever. Je ne réagis qu'au moment où mon visage se rapproche dangereusement de son dos, m'arrêtant brusquement pour ne pas le percuter. C'était moins une. Il m'indique alors qu'il faut traverser un ruisseau dont j'entends le chant chatoyant. Mon corps courbaturé me fait doucement souffrir, mais je me repais de cette sensation, heureuse de sentir cette fatigue physique propre à me conférer un sommeil sans rêve. J'effectue un pas sur le côté afin d'apercevoir l'obstacle qui traverse joyeusement la forêt. Il ne présente pas une grande difficulté à première vue, mais mon état de lassitude me laisse supposer le pire quant à mes capacités. Helevorn s'inquiète pour moi. Si j'avais été en pleine capacité de mes moyens, une réplique acerbe aurait probablement rabattu la superbe de ce prétentieux. Toutefois, considérant mon état, il était évident que la question se posait, et je me contentais de lever le regard vers lui. "Je pense pouvoir y arriver encore. Je vous remercie." L'eau doit être glacée. A cette pensée, je frémis, peu désireuse d'arriver dans cet inconnu trempée et complètement gelée. J'inspire profondément afin de me préparer à l'exercice puis m'approche précautionneusement du bord, prenant garde à ne pas glisser sur la rive boueuse. Examinant la situation, je repère une pierre saillante au milieu du cours d'eau relativement plate qui me permettrait de prendre un appui salvateur pour traverser. Peu désireuse d'être gênée par ma cape dans cette acrobatie, j'en écarte les pans et la soulève, dévoilant mes longues jambes claires. Pensée ironique. Au moins ma robe ne me dérangera pas... Ayant enfin calmement étudié mon affaire, j'envoie le pieds vers la pierre que j'ai repéré. Mauvais calcul ? Fatigue ? Prise en compte erronée de mon environnement ? Toujours est-il que mon soulier à peine posé sur la roche, il continue pourtant à glisser, me faisant irrésistiblement perdre mon équilibre. Alors que je lâche brutalement ma cape afin d'essayer de me remettre d'aplomb, je suis pourtant attirée vers l'arrière. Une seule pensée. Pourvu que je ne me fracasse pas le crâne...
  7. Sa réflexion me tire un nouveau sourire, tout aussi piteux que le précédent tant j'ai d'angoisse, mais me permettant de me détendre un peu. "La lumière des étoiles a toujours été ma plus fidèle compagne..." Je lui emboîte le pas sans rajouter mot. La nuit est magnifique ce soir. Je savoure la splendeur du ciel étoilé en me demandant dans quelle histoire je me suis encore laissée emporter. Pour ne pas m'angoisser plus que nécessaire, je me concentre sur le paysage qui m'entoure, cherchant à graver dans mon esprit le chemin qui me permettra de rentrer chez moi. Sait-on jamais, des fois qu'il me faille revenir précipitamment et sans aide... Encore une pensée pessimiste... Nous arrivons enfin devant une majestueuse forêt animée semble-t-il d'un caractère tempétueux. Loin de la douceur des bois de Terra, elle m'attire pourtant à elle d'une façon que je ne saurais qualifier. Mystérieuse. J'avise le sourire qu'Helevorn me destine et lui répond par le même moyen, un peu revigorée de savoir que nous entrons dans mon élément. J'acquiesce d'un signe de tête à son conseil teinté d'impératif, peu désireuse d'errer dans ces bois pendant des jours. Imperceptiblement, je me rapproche de lui afin de me rassurer, mais déjà, il est reparti. Ses mots encore à l'esprit, je me hâte de le suivre. Les lieux sont quelque peu angoissants, même pour une amoureuse de la nature. Je reste près de mon guide, à un pas en retrait seulement, incapable de l'éviter s'il s'arrête brutalement. Chose qu'il ne fera pas, n'est-ce pas ? Mon esprit est déjà retourné à d'autres considérations. Peur ? Non, je n'ai pas peur de ces lieux, pourtant je n'y suis pas à mon aise, comme étrangère. Cela est lié sans nul doute à la destination vers laquelle je me rends qui m'angoisse plus que je ne veux bien l'admettre. Alors, à défaut de mieux, cet homme est mon protecteur pour ce temps, face au pire qui m'accueillera là bas. Que je choisisse un homme pour me rassurer est indigne de mes habitudes, mais je suis désormais trop fatiguée pour réfléchir plus en détail sur la question. Mon corps répond automatiquement aux sollicitations qu'on lui appose. Mon esprit a dérivé hors de portée.
  8. Sa proposition me désarçonne un peu. Moi, aller rencontrer des gens ? Aller quérir un hébergement pour la nuit ? Cette idée me met terriblement mal à l'aise. Il y aura probablement d'autres hommes là-bas. Si je peux en affronter un, et encore, pas sans mal, je doute être capable de faire front à plusieurs d'entre eux réunis... Pourtant... La perspective de dormir à la belle étoile ne m'enchante guère. Bien sûr, je ne doute pas que la forêt veillerait sur moi si je le lui demandais fervemment. Mais si la solitude ne m'a jamais inquiétée, l'idée de passer une nuit dans l'obscurité des branchages qui cacheraient toute lumière me fait frissonner. Toutefois, passer la nuit dans une pièce close en un lieu que je ne connais pas entourée d'autres hommes... Un nouveau frisson bien plus profond parcourt ma nuque et me fait claquer des dents à cette idée. Je me reprends bien vite, mais le mal est fait, j'ai laissé entrevoir mon trouble. Je relève alors le menton pour sortir de cette attitude abattue et laisse mon regard dériver un instant sur le visage de l'homme qui me fait face afin de prendre une décision. Jusqu'à présent, il a été d'une politesse exquise et n'a rien tenté qui puisse me mettre en péril. Puis-je pour autant lui faire totalement confiance ? Il ne lui faudrait qu'un instant pour me désarmer et même bien pire... Mais j'ai pu lui exposer ma colère en plein visage sans qu'il ne m'étripe, même s'il n'a vraiment pas eu l'air ravi... Finalement, je décide de me lancer. Qu'ai-je à perdre après tout ? Beaucoup me souffle une partie de ma conscience que je fais bien vite taire. "Je serai honorée de vous suivre en votre demeure messire Helevorn. Je pense être en état de marcher jusque là, d'autant qu'escortée comme je le suis, je doute qu'on ait la mauvaise idée de venir m'importuner." Un maigre sourire à son égard pour le compliment à peine dissimulé. La colère a complètement fui désormais, remplacée par une sourde angoisse à laquelle je ne goûte pas du tout cette fois. Si l'excitation de la confrontation m'est délectable, l'impression latente de me jeter la tête la première dans un piège mortel m'enchante beaucoup moins... Non pas que j'ai peur de la mort. Mais pas dans ces conditions...
  9. Un regard pour cet être si mystérieux. L'expression que je lis sur ses traits douche quelque peu ma colère. Après tout, son geste partait d'une bonne intention... Et si mon amour propre n'avait été déjà entaillé par une situation semblable, je n'aurais probablement pas ressenti une si cuisante atteinte à ma fierté. L'ire couve toujours, adoucie quelque peu toutefois par ma tentative pour me raisonner. Toujours sans un mot, je pose la lourde cape sur mes épaules et m'y blottit avec ravissement, surtout du fait de ma robe légèrement amputée. Je prends alors conscience de son indécence et me hâte de recouvrir mes longues jambes claires sous l'épais tissu. Mon grimoire frissonne lorsque je le récupère, mais malgré ses protestations, je le glisse dans une grande poche intérieure. Nous n'irons pas encore jouer ce soir. Puis Helevorn propose de me raccompagner. Je soupèse cette proposition, mettant en ligne de compte à la fois ma colère et ma sympathie pour lui. Aiguillonnée par le mystère qui plane sur sa personne, je cède à un appel que je sais pourtant destructeur. Et si tous les hommes n'étaient pas ainsi... ? Futile espoir. Pourtant... Pourtant, je me surprends à lui sourire, bien que de façon relativement timide. Lui faisant face, j'incline légèrement la tête à son égard. "Je vous remercie du temps que vous avez pris pour tenter de me dispenser cette leçon. Je ne suis toutefois je le crois pas dans les dispositions nécessaires ce soir..." Elle ne s'attarda pas quant aux raisons qui la poussaient à réagir ainsi. Personne ne connaissait son passé. Plus personne ne pouvait témoigner. "Je n'ai nulle envie de retraverser ce soir les forêts pour rejoindre l'auberge de Terra. Je pense que je vais retourner voir notre compagnon tavernier afin de lui demander s'il n'a pas une chambre à me proposer. Sinon, j'irai dormir à la belle étoile dans les douces branches d'un arbre accueillant. Mais j'accepterai avec plaisir de la compagnie jusqu'à ces lieux." Lunatique, tel était le mot juste pour décrire mon comportement. En temps normal, je l'aurais gentiment envoyé sur les roses. Mais cet homme dégageait quelque chose qui me poussait à ne pas vouloir me l'aliéner... Stupidité de la jeunesse...
  10. En quelques secondes, je ressens le contact dur de ses membres musculeux. Ma vaine tentative est avortée avec une facilité déconcertante, me causant une douleur cuisante dans le bras. Sous la surprise et la douleur, mes doigts perdent leur force et lachent la dague qui tombe sur le sol avec un bruit mat. Je sens alors la présence de ma fidèle compagne effleurer ma gorge... Sensation connue. Sentiment éprouvé. Pendant un instant, infime, terrible, me voilà redevenue frêle adolescente molestée de semblable façon. La lame se fait alors plus pressante, et le liquide poisseux suinte le long de mon cou diaphane... Retour à la réalité. Son regard émeraude vrille mes sens, me faisant prendre conscience de notre soudain rapprochement. C'est un tout autre trouble qui s'élève en moi, trouble que j'écarte prestement alors qu'il me prodigue ses informations. J'ai été minable, et la lourde chape de la défaite s'abat sur mes épaules tandis que je récupère ma dague de neige. A peine logée dans ma paume, un doux picotement caresse ma peau. Comme si ma compagne cherchait à me remonter le moral. Comme si elle partageait le découragement qui émane de ma personne et tentait d'y remédier. Une vraie soeur de combat. Pourtant, le coeur n'y est plus. Mes souvenirs ont miné ma détermination plus sûrement que n'aurait pu le faire la plus grande déception. Complètement amorphe dans cette clairière, je sais pourtant ce qu'il pensera de moi. Je n'aime pas passer pour une lâche. Je répugne à fuir devant une épreuve qui me cause des difficultés. Pourtant, toute ma combativité a été sapée. Je n'ai plus envie d'écouter cet homme déblatérer contre ma colère. Assez de contrariété. Cette rencontre avait bien commencé. Ma méfiance des hommes a repris le dessus, et je ne goûte guère au ton qu'il emploie désormais avec moi. Ces paroles doctes, bien qu'emplies de bon sens, ont le don de me hérisser. Je ramasse la lame que j'ai laissée tomber, peu important ce qu'il aura à me reprocher, et la glisse dans la fine lanière qui enserre ma taille tandis que je range la neigeuse contre ma cuisse. Je ramasse le tissu pourpre laissé au sol avec une grimace de dégoût, le jette par dessus mon épaule, puis me dirige vers ma cape laissée dans un coin. Qu'il essaie seulement de me faire une remarque quant à ma réaction, et alors, il verra ce que signifie réellement mon mécontentement. Une colère froide, sourde s'est emparée de moi, au delà de la réaction à chaud que j'avais pu avoir. Plus jamais un homme ne me dictera sa loi. Plus jamais.
  11. Sa remarque et son ton me blessent, mais un autre sentiment plus important prend rapidement le dessus. Une colère froide, enflammée par le retour à un tutoiement que je trouve insultant. Mon regard clair se plonge dans le sien, brillant désormais d'une lueur glacée que je n'avais pas prise depuis longtemps. Nulle trace de jeu désormais. Mes muscles se tendent sous l'ire qui est mienne, prêts à en découdre. Cela fait longtemps que je n'ai pas goûté à tel délice. J'envisage un instant une réplique acerbe mais abandonne bien vite cette idée, décidée à lui montrer que je ne suis pas si mauvaise qu'il semble bien vouloir le penser. Cette robe était mon bien le plus précieux, et la plus longue que j'avais, une robe dont je m'étais revêtue exprès pour paraître à mon avantage ce soir. Le massacre que j'avais commis m'avait déjà suffisamment attristée sans qu'il ne soit obligé d'en rajouter. Toutes mes autres tenues étaient bien plus pratiques pour le combat, ainsi que mon père me l'avait enseigné. Mon père... A cette pensée, mon sang bouillonne dans mes veines avec plus d'ardeur encore. Voix glaciale. "Rendez-moi immédiatement ma dague !" Dans la foulée, d'un souple mouvement du bras, une lame vient se glisser dans ma main gauche, héritage de l'ingénieux système issu de ma famille. Ambidextre à cet égard, je me jette sur lui, déplorant toutefois l'absence de ma lame de neige. La colère m'aidant à retrouver toute ma fluidité, je frappe sans regret aucun. Puisqu'il se prend tant au sérieux, qu'il m'évite. L'art de la nécromancie est certes passionnant, mais on ne peut jamais vraiment renier le sang qui coule dans nos veines. Je retrouve dans la force qui m'envahit un plaisir exaltant. Faire jouer ainsi tout son corps afin d'atteindre la frappe implacable et mortelle... Un nouveau jeu a commencé.
  12. Son rire. Des grelots dans le vent qui caressent mélodieusement mes oreilles. Je me secoue mentalement pour me recentrer une fois de plus. Sa réponse donne lieu à une fanfaronnade plus aisée encore. "Tout ceci n'est en effet qu'un jeu, mais j'ai appris à me méfier des jeux des hommes. Ils incluent un peu trop souvent de profiter des attraits de la demoiselle qui les accompagne. Et même si je ne doute pas que vous soyez un parfait gentilhomme, je préfère faire en sorte que l'affaire soit bien claire entre nous. Il serait dommage que nous nous quittions en mauvais termes..." Alors qu'il me détaille avec attention, je range avec lenteur les deux lames, prenant un soin délibéré à ne pas dévoiler plus de peau qu'il n'en est nécessaire. Je ne suis pas un vulgaire jouet. Je surprends son regard qui tente assurément de trouver l'emplacement des autres dagues, ce qui me tire un sourire d'amusement. Qu'il cherche donc. Sans un mot de plus, je le suis dans la nuit. Jeme suis à nouveau revêtue de ma cape afin de me protéger du froid mordant, etje m'y enroule avec délectation du fait de sa chaleur protectrice. Lesfragrances rassurantes de la forêt me parviennent, m'attirant. Je suis unefille de la Terre. Pourtant, je le laisse m'entrainer sans chercher à savoir où nos pas nous mènent. Nous demeurons à portée de mon domaine, là où les bois ont tous les droits. Tant que je demeure près de ces lieux, je ne peux pleinement être perdue, tant ils m'appellent inlassablement à eux. Helevorn marche à mes côtés, silencieux. Nos pas n'éveillent nul bruit dans l'atmosphère fraiche de la nuit dominée par les hululements des oiseaux nocturnes. Heureusement pour moi, les étoiles sont lumineuses ce soir. La peur du noir... Pathétique. Nous finissons par arriver dans un lieu qui semble convenir à nos attentes. Une clairière entourée d'un lacis de branches et de buissons épais nous cachant à la vue d'éventuels importuns. Une fois sur place, je délace à nouveau ma cape, la plie soigneusement et la dépose au sol. Y suit mon lourd grimoire qui semble hurler de ne pas me séparer de lui... Seules mes dagues me serviront ce soir. Avisant la longueur de ma robe qui entravera mes mouvements, je sors ma dague blanche et commence à la découper à mi-cuisse. Une fois ceci fait, afin de m'assurer parfaitement de ma liberté, je la pourvois de fentes sur les côtés. Encore une tenue bonne à jeter. Ce qui est fort regrettable considérant que celle-ci n'était pour une fois pas tachée... Remarque, elle a encore tout le temps de le devenir si je ne suis pas à la hauteur. Une fois ma tâche accomplie, j'entreprends quelques mouvements d'échauffement avec ma seule lame blanche. Mon amusement a fait place à la concentration tandis que je tente de retrouver l'harmonie nécessaire. Ma dague scintille doucement dans la lumière nacrée, se délectant de la confrontation à venir. La seconde rejoindra ma main gauche au dernier moment. Encore un peu rouillée, je mets toutefois fin à mon échauffement afin de faire face à l'homme. Je ne peux mieux me préparer pour le moment.
  13. Un basculement imperceptible. Un léger changement de ton. Un sourire légèrement plus espiègle. Le jeu est lancé et je pars perdante. D'une facilité déconcertante, il a tiré partie de chacune de mes répliques pour m'emmener dans un cul de sac. Plus moyen maintenant de me défiler alors que je sais très bien n'avoir pertinemment aucune chance. Mais plus troublante encore, sa main qui caresse ma manche provoque un frisson le long de mon épiderme qu'il ne peut avoir manqué de sentir. Foutue sensibilité ! Après le silence troublant qui nous a entourés, il achève mes espoirs de couper à cette épreuve d'une sentence sans appel. Un léger moment de flottement pendant lequel je suis quelque peu désemparée, mais je me reprends bien vite. Sourire carnassier dévoilant une dentition parfaite. « Il serait en effet regrettable que je vous abîme. Mieux vaut donc que je vous dissuade immédiatement de toute tentative qui vous serait préjudiciable... » Vaine tentative dont nous savons pertinemment tous deux qu'elle n'est que fanfaronnerie. Pourtant... Pourtant je n'ai trouvé mieux à répliquer pour le moment. Je glisse une main sous le tissu rouge de ma robe, récupérant la dague blanche le long de ma cuisse, puis passe l'autre dans mon dos afin de récupérer celle qui se terre entre mes omoplates, beaucoup plus banale, et plante les deux lames dans le bois tendre de la table. « Avez-vous de quoi faire ou bien dois-je vous fournir les armes ? » Quelques autres sont encore disposées en des endroits improbables. Tant de lames n'ont pour but que de me faire me sentir à mon aise, moi qui ai grandi entourée de tels objets. Je n'ai en réalité que peu d'utilité à les garder, habituée désormais à manier mes mots. Les habitudes ont la peau dure. Je reporte mon attention sur mon compagnon, ayant réussi à oublier pour un temps la présence de sa main si proche de la mienne et les frissons qu'il provoque en moi... Il ne sera pas dit qu'un homme se jouera à nouveau de moi. J'ai fait en sorte que ce ne soit plus jamais le cas.
  14. J'admire la lame qu'il me montre. Je n'y connais plus grand chose en matière d'armurerie, ayant tiré un trait sur mon passé à ce sujet, mais cette pièce me semble fort digne d'intérêt. Je songe à la dague couleur de neige qui me sert de compagne quand il évoque la soif de sang. Jamais il n'aurait pu toucher plus juste en évoquant ceci, à croire qu'il la connait. Ce qui est peu probable. Je suis toutefois bien plus embêtée quant à sa volonté de me voir à l'œuvre. Ma maîtrise des dagues n'est certes pas mauvaise, mais je ne peux en rien rivaliser contre une personne mieux habituée à leur maniement si je ne profite pas de l'effet de surprise que leur localisation me permet habituellement. Ajoutée au fait que mon statut de nécromancienne rende peu,probable ma familiarisation à leur usage. Heureusement, la réponse suivant est facile et me permet d'éviter de commenter sa remarque. Gagnant un peu de temps, je me redresse toutefois, repoussant une longue mèche blanche qui avait eu la mauvaise idée de venir voiler mon regard. Regagnant un peu de ma prestance, j'entreprends donc de lui répondre, tentant cette fois d'offrir une réponse plus courte afin de n'en pas tant dévoiler à chaque nouvelle prise de parole. Pourtant, cela fait aussi partie du jeu de lui faire découvrir un peu de moi sans qu'il ne puisse rattacher les éléments les uns aux autres. Que peut-il faire de telles bribes de toute façon ? « Je n'ai été éduquée qu'aux lames courtes. On estimait par chez moi qu'elles étaient seules dignes de l'attention d'une dame, leur offrant un moyen de défense efficace tout en leur permettant de garder une apparence svelte et fine. Les lames longues avaient tendance à les pourvoir de musculatures qui étaient estimées fort peu élégantes sur une femme. Mais par manque de pratique, j'ai perdu quelque peu de mes facilités à cet égard, préférant me reporter sur un art plus à même d'exprimer mon plein potentiel... Les mots sont devenus mes nouveaux compagnons de jeu. » Encore une assertion pleine d'indications. Quelle image s'échafaude-t-il de moi ? Je l'ignore mais brûle de l'apprendre toutefois. Je ne lui ferai pas le plaisir d'en découvrir assez pour avoir une vision précise de moi toutefois. J'ai appris que la distance est la plus sûre des protections et cette leçon est encore suffisamment gravée en moi pour que je ne l'oublie pas de sitôt.
  15. Il ne semble pas troublé par ma réponse. Le goût de la déception envahit ma bouche de son amertume, et mon excitation devenue presque palpable retombe. La confrontation n'est pas encore lancée... Il faudra patienter plus longtemps. Il me répond qu'il s'adaptera. Me vouvoiera-t-il ? Voila une situation qui pourrait rendre notre jeu encore plus intéressant, tant j'aime à conserver une distance avec mes interlocuteurs tout en chargeant le "vous" de lourdes significations qu'ils ne perçoivent pas toujours aisément... Puis j'aperçois l'étincelle d'intérêt qui illumine son regard tandis qu'il aperçoit ma dague. Finalement, tout amusement n'est peut être pas perdu dès maintenant. L'intensité émeraude qui parcourt ma cuisse me laisse entrevoir des possibilités intéressantes pour l'avenir. Une faiblesse tout du moins... Effectivement, il se rapproche de moi par dessus la table, recentrant son regard dans mes yeux clairs, souriant d'un intérêt non feint. Le vouvoiement fait courir des frissons le long de ma nuque. A sa question, je ne peux m'empêcher de laisser éclater quelques notes d'un rire cristallin que je réprouve bien vite. Mes talents ? Multiples et pourtant si recentrés... "Je jouais des lames bien avant d'envisager quelconque parcours dans la nécromancie... Si mon âme a toujours été destinée à cette voie, ce n'était pas là l'avenir que l'on me réservait." Avisant que je m'égare en un sentier que pourtant j'évite ardemment traditionnellement, je préfére retourner sur des considérations plus légères et bien plus équivoques. "Je ne vois pas pourquoi je me priverais d'un moyen si efficace de repousser les prétendants qui se croient un peu trop sûrs d'eux... Vous connaissez les hommes. Ils ont beaucoup de mal à accepter qu'une représentante du sexe faible les éconduise... Une dague menaçant une partie non négligeable de leur physionomie les encourage très fortement à joindre leur geste à ma parole, tout en me permettant de ne pas trop les abimer. La nécromancie entraine beaucoup de dégats, et j'en ai assez de devoir sans cesse nettoyer mes robes pour me débarasser du sang." Tout le long, un sourire oscillant entre narquois et charmeur selon les sous entendus que j'aime à lui transmettre. Il est un sujet de choix que je ne dois nullement gâcher ou décevoir. Je dois donner la pleine mesure de mes capacités. Afin de me donner une contenance, je croise les jambes et lisse ma robe sur mes cuisses, cachant définitivement la lame qui s'y terre. Pourtant, glacée, elle consume ma peau claire, me rappelant plus que jamais à son souvenir. Elle aussi apprécie l'atmosphère que notre confrontation a créé. Elle aussi brûle de se repaître de mon angoisse.
  16. Il poursuit ce jeu de regards dans lequel j'ai pris une certaine habitude désormais, découvrant ainsi le moyen de lui faire lire dans mes yeux ce que je tais. Mon humeur joueuse doit immanquablement y apparaitre, tellement j'ai du mal à la contenir. La volonté de le pousser à bout pour connaitre ses réactions m'aiguillonne, mais je résiste encore à cet irrépressible appel pour le dévisager toujours, appréciant le visage qui se porte à ma vue. Si je ne me méfiais pas des hommes comme je le fais, j'aurais pu éprouver beaucoup plus pour cet être qui différait tant de mes standards communs. Je l'observe déguster son breuvage avec attention. Une telle grâce se dégage de chacun de ses mouvements. Il me semble un peu plus dangereux quand j'avise la facilité de ses gestes ainsi que la furtivité de ceux-ci,notamment quand il donne discrètement la bourse au tenancier. Chaque seconde passée me le rend plus dangereux mais aussi bien plus fascinant. J'ai tellement hâte de découvrir les facettes de cette personnalité que je devine tumultueuse... Il m'invite alors à le tutoyer, arguant d'un souci d'équité. Je perçois alors qu'il est temps d'entamer une confrontation qui ne pouvait qu'advenir et que nous avions tous deux ardemment souhaitée... Sourire narquois. « Cette proposition est certes alléchante, mais je préfère garder un vouvoiement qui traduit le respect sincère que je vous porte. Cette marque n'est pas essentielle pour ma considération à votre égard, mais elle est un héritage lointain que j'ai appris à garder, la leçon que l'on m'a infligé le concernant étant toujours cuisante à sa seule pensée. Le tutoiement ne pourra s'envisager qu'après une... intimité particulière, et peu de gens à ce jour ont eu droit à un tel traitement. Je choisis avec circonspection les personnes dignes de cet intérêt... » Un nouveau regard à son attention. Un éclat d'amusement que je ne peux empêcher d'éclairer mes iris. Une douce chaleur alors que les joutes commencent. Il est l'heure de s'amuser. Afin de me sentir à l'aise et jouer de tous mes atouts dans cette conversation, je délace ma cape, dévoilant une fine robe totalement décente mais qui laisse entrevoir de larges pans de peau. Afin de parachever l'image qu'il a de moi, mais aussi pour lui montrer que je joue franc jeu avec lui, je lui laisse entrevoir discrètement et avec fluidité une dague accrochée dans une lanière autour de ma cuisse, à portée de main. Il est probablement assez observateur pour ne pas la manquer. A lui de cogiter pour imaginer où je peux bien avoir caché les autres...
  17. J'intercepte le regard de mon compagnon à l'énoncé de ma boisson et ne peux m'empêcher de sourire en mon for intérieur. Le refus de l'alcool est avant tout un choix gustatif, n'étant guère adepte de sa saveur. Toutefois, qu'il croit bien ce qu'il veut. Entretenir le mystère est le meilleur moyen d'éveiller sa curiosité et de lui faire prendre les risques à lui. Je maintiendrai pour ma part mon interlocuteur dans une douce ignorance tant qu'il n'aura pas posé les bonnes questions, ou bien lui livrerait des informations quelque peu erronées quant à leur raison profonde... Il commande un sirop de rose, boisson qui m'est inconnue et choisit pour sa part un hypocras. C'était la boisson préféré de mon père. Cette pensée me plonge un instant dans un passé douloureux que j'écarte d'un revers mental. L'instant présent est bien plus intéressant. Le tavernier s'active pour répondre à ses attentes tandis qu'il plonge à nouveau ses yeux dans les miens. Ce jeu de regards m'intrigue et me met quelque peu mal à l'aise, du fait de la fascination que j'éprouve pour ses iris émeraude. Pourtant, je soutiens avec conviction l'intensité de sa contemplation, relevant légèrement le menton en un signe de défi à demi esquissé. Une autre que moi aurait probablement engagé la conversation pour rompre ce silence quelque peu oppressant. Pourtant, je m'y plonge avec engouement, n'ayant ainsi rien à révéler sur moi. Je goûte ainsi en outre à un nouveau divertissement que je n'avais jusqu'alors jamais connu. Je suis pourtant interrompu par l'arrivée du tavernier et, malgré l'impression que cela me procure de perdre une lutte engagée à demi mots, je porte mon attention sur l'homme qui m'apporte un verre empli d'un liquide opaque à la couleur nacrée parsemé toutefois de reflets rosés. Attendant que mon compagnon soit servi et l'aubergiste reparti, je jette un oeil sur l'ensemble de la pièce. Je n'y vois rien d'intéressant, d'autant que je suis dos à la majeure partie de la salle, position qui m'agace quelque peu mais que je n'ai pu refuser. De toute façon, pour me porter du tort, Helevorn n'aurait pas besoin de faire appel à qui que ce soit. Je l'imagine très bien capable tout seul de me réduire à un état de silence... permanent... Si un danger arrive de l'extérieur, il serait probablement plutôt enclin à m'avertir je le crois, car il me parait digne d'un certain honneur, ayant jusqu'à présent montré la plus exquise des galanteries. Si la politesse n'est en rien gage de la dignité d'un homme, elle peut toutefois en être un indice. J'aime à croire que malgré les vices qu'il doit présenter, cet homme mérite mon estime. Je porte finalement la coupe à mes lèvres, les y trempant délicatement afin de prendre la mesure du brevage. Ce que je goûte répond assurément à mes exigences et j'en prends une gorgée que je savoure avec béatitude. Cet homme aura au moins réussi à combler mes papilles, bien que je doute que ce soit le seul de mes sens qu'il soit capable de charmer. Me concentrant à nouveau sur mon interlocuteur, je finis par rompre le silence. Il ne faut pas abuser des bonnes choses. "Cette boisson a un goût exquis. Je vous félicite pour ce choix qui me semble fort opportun, et vous remercie de m'avoir fait découvrir une telle merveille." J'ignore les risques que je prends à laisser échapper une telle assertion. J'ignore tout de mon compagnon de table. Je brûle en découvrir plus.
  18. D'une exquise délicatesse, ses lèvres effleurent le dos dema main. Son souffle délicat génère un frisson qui parcourt mon échine, metroublant un instant. Pourvu qu'il ne se soit pas rendu compte de l'effet qu'ila sur moi... Cela semble être le cas puisqu'il plonge son regard dans lemien et se présente avec délicatesse. Ses yeux sont de la couleur chérie de mon élément. Leur teinte pourtant me perturbe dans un sens que je n'arrive à exprimer. Cet être a plus d'impact sur mon monde atone que n'en ont eu les différentes personnes que j'ai croisé. Quelque chose est en train de se produire. Je me dois d'être prudente. D'un souffle, encore trop troublée pour parler bien que je n'en laisse rien paraitre, je lui réponds. "Helevorn." Politesse élémentaire, un signe de tête léger accompagne ce mot, faisant glisser plusieurs mèches hors de leur giron. Suite à son invitation, je prends place sur la chaise qu'il m'offre en prenant garde à ne pas extérioriser mon malaise. Mon sourire n'a pas été atteint par mes doutes. Alors qu'il prend place en face de moi, je me raisonne. Après tout, il n'est qu'un jouet de plus pour mesurer mes capacités. A nouveau rasséréner, je l'observe sans m'en cacher, détaillant sa physionomie et son atittude. Il a l'air parfaitement à son aise, ayant adopté une attitude décontractée et ne se départissant pas de sa bonne humeur visible. Je suis agréablement surprise de cette rencontre, bien qu'elle tourne sous un jour que je n'avais pas anticipé. Malgré la perturbation de mes plans par le trouble qu'il génère en moi, je suis bien décidée à profiter au maximum de cette occasion pour me faire les dents sur un être dangereux. La tâche sera probablement ardue s'il est au moins aussi dangereux que son magnétisme me le laisse croire, mais après tout, ce n'est là qu'un jeu de plus. Qu'ai-je à perdre de plus précieux que l'excitation qui précéde le danger ? Rien n'équivaut à cette douce drogue... Il me sort de ma réflexion par une question. Me recentrant sur la réalité qui m'entoure, je plonge à nouveau dans l'abime de ses yeux. "Je ne connais les spécialités de la maison. Je vous laisse donc choisir, pourvu que la boisson ne contienne pas d'alcool. J'aime à être parfaitement maitresse des situations qui m'entourent et ne peux par conséquent laisser une telle substance altérer mon raisonnement." Je me dévoile. J'entre dans un jeu qu'il devrait comprendre. Je veux goûter à la béatitude de l'angoisse.
  19. Sensations exaltées typiques d'un rêve. Alors que j'erre dans les méandres de mon inconscience, un être perturbe la béatitude qui était mienne. Effondré sur l'herbe gracile de Terra, il semble absent de notre réalité. Dans un geste alors complètement incohérent quant à ma personne, je m'approche de lui et, aiguillonnée par une force supérieure, me montre de la plus exquise des politesses vis-à-vis de lui. Voilà bien un songe qui tourne au cauchemar ! Doucereuse et sympathique, j'entoure cet inconnu de soins que je me refuse à moi même, telle la plus élémentaire des gentillesses. Soudain, il se pince, me plongeant dans l'abime tournoyante d'un dur retour à la réalité. Je lutte contre la sensation de chute qui me prend soudain, annonciatrice certes d'un réveil que j'attends avec impatience, mais aussi d'une angoisse qui m'étreint immanquablement alors que j'ouvre les yeux sur l'obscurité. Un être de la nuit qui a peur du noir.. Paradoxal ? La douce chaleur réconfortante de mes couvertures me recueille et me berce tandis que je tente de rassurer mon coeur affolé. Ce n'était là vraiment qu'un cauchemar. Incapable de retrouver le sommeil, je quitte les draps pour aller me promener dans la nuit. Les étoiles sont mes plus sûres compagnes...
  20. Une missive parmi tant d'autres a éveillé ma curiosité. Alors que la monotonie de la vie Terranne m'étouffait malgré mes quelques correspondances, une pointe d'intérêt a surgi soudain. La fine écriture entrevue porteuse de promesses enivrantes a réveillé des instincts enfouis en moi. Enfin, je vais pouvoir mesurer mon cynisme à un être qui semble en valoir la peine. Un être troublant. Je lui ai promis de le rejoindre à l'auberge bordant Terra.Encore débutante dans le maniement de mes sortilèges, j'ai du user de toutes mes capacités de furtivité pour me plonger dans les ombres afin d'éviter les mauvaises rencontres de créatures qui auraient pu me ralentir. Bien sûr, j'aurais pu les terrasser, mais l'attirance que j'éprouve pour l'auberge ne me permet nul retard, et j'ai donc décidé de me glisser dans l'obscurité bienheureuse dont j'aimeà me repaitre. Enfin, le bâtiment m'apparait. Malgré les lumières qui en émanent, il semble n'y avoir que peu d'agitation à l'intérieur. Nous serons probablement tranquilles pour cette première confrontation qui s'avérera orageuses'il n'a pas menti à travers ses mots. J'ai pris mes précautions. Mes longs cheveux de nacre ont été disciplinés sous la capuche de ma cape. L'ombre qu'elle me procure parachève la furtivité que je cherche à adopter, désireuse de ne pas attirer l'attention. Je ne suis pas encore à l'aise avec toutes les subtilités de ma nouvelle fonction et préfère encore garder de mon côté les atouts que mon genre me procure. J'atteins enfin la porte de l'auberge que je pousse d'une main à la peau diaphane, aux longs doigts terminés d'ongles à la coloration émeraude. Je prends soin de dénoter l'appartenance à mon élément par des touches discrètes qui renseigneront un observateur averti. Avant même de l'avoir vu, je perçois sa présence, un mélange dérangeant qui me réjouit quant à la suite de notre confrontation. Mon regard clair se pose alors sur lui, assis seul à une table dans un coin de la pièce.Le sourire qu'il arbore me procure une chaleur nouvelle résultant d'une excitation grandissante sur la suite des événements. Je n'aime pas souffrir. J'aime jouer. Je m'approche de la table et reste debout à côté de lachaise, attendant son assentiment. Le défi n'empêche pas la politesse... Afin de lui assurer de mon comportement non belliqueux, j'abaisse ma capuche afin de dévoiler mon visage et ma chevelure à la couleur si particulière. Enfin, le sourire qui nait sur mon visage lorsqu'il croise mon regard fait parfaitement écho au sien.
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