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Terre des Éléments

Une rencontre tant attendue


Salaha Luvia
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Septième jour de la période Ciella,

Le soleil était déjà haut dans le ciel quand la jeune magicienne ouvrit les yeux ce matin là. Les rayons, atténués par les fins rideaux, venaient éclairer le visage reposé. Elle s'étira de tout son long, et se leva. Elle s'accorda un bain puis s'habilla le temps que l'eau du thé chauffe. Elle déjeuna tranquillement, quelques tartines beurrées venant accompagner la boisson chaude. Propre et rassasiée, elle sortit d'un pas joyeux. Nulle tâche ne l'attendait aujourd'hui. Elle avait la journée pour elle. Elle traversa le village, en direction de la plaine. Les fleurs se faisaient rares en cette saison. Déjà les arbres se teintaient de leur couleur automnale. Sa ballade la mena vers le portail magique. Apercevant au travers le sol neigeux des cimes et la pierre grise du bastion, une idée lui vint.

Elle n'avait plus mis les pieds à la caserne depuis la fin de son entrainement, six jours plus tôt. Elle osait tout juste se l'avouer, mais la compagnie des gardes lui manquait. Elle décida donc de leur rendre une petite visite. Elle descendit vers le passage familier, traversa l'ancienne carrière et pénétra bientôt dans la sombre caserne. Elle s'apprêtait à aller saluer Dalaam quand elle aperçut le rôdeur. Elle s'arrêta net à cette vision. Elle le cherchait depuis bientôt un mois, sans succès. Et, voilà qu'elle tombait sur lui par le plus grand des hasards. Il se tenait en un coin de la pièce, arc bandé, trois gardes s'avançant vers lui. Elle reconnut là les méthodes d'enseignement du vieil instructeur. Suivait-il la même formation qu'elle ? Elle secoua la tête, cela ne la regardait pas. Elle ne voulait pas le déranger en son entrainement, toutefois, elle ne pouvait laisser passer pareille occasion. Hésitante, elle s'approcha de quelques pas, et attendit la fin de la passe d'armes, adossée au mur de l'escalier central.

Son esprit réfléchissait à toute allure. Elle ne savait toujours pas comment aborder cette étrange conversation. Un « Bonjour, comment allez-vous ? » ferait bien l'affaire, mais ensuite ? « Qui êtes-vous ? » serait trop vague. « D'où venez-vous ? » peut-être ? Non, trop direct. « Savez-vous qui je suis ? » ... il penserait à une question rhétorique. « Nous sommes-nous croisés sur Aqua ? » pouvait être un début. Mais s'il répondait oui, elle devrait avouer qu'elle n'en avait pas souvenance. Et s'il affirmait le contraire ? Elle ne serait guère avançait. Un simple « Se connait-on ? » le vexerait sans nul doute. Elle ne pouvait se permettre de le mettre de mauvaise humeur. S'il avait les réponses à ses questions, elle devait le faire parler. Et une personne de mauvais poil n'était jamais très loquace.

Elle sursauta, s'apercevant du silence soudain. Sayanel se tenait devant elle. Depuis combien de temps la fixait-il ainsi ? Perdue dans ses pensées, elle ne l'avait pas vu s'approcher.

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Le rôdeur venait d'esquiver, de justesse, la première flèche. Cette dernière garda toutefois, de sa folle envolée, la dépouille d'un bouton d'étain appartenant au pourpoint tout neuf de Sayanel.

- Fichtre, elle n'est pas passée loin cette sombre messagère !

Il n'eut le temps de s'appesantir en cette vaine pensée qu'il dût instinctivement arc-bouter son dos pour laisser filer une seconde messagère.

- Ce Dalaam et ses sermons à deux sous, « Un bon rôdeur est un rôdeur sachant esquiver jusqu'au sifflement d'une nuée de traits ».

Une troisième vint le taquiner en sa sombre chevelure, emportant, pour tout butin, une mèche évanescente.

- Nuée, tiens, pourquoi, il avait parlé de ...

Il plongea alors à terre, évitant alors plusieurs traits qui s'étaient élevés simultanément.

- Allez, ça suffit maintenant !

Il prit son arc ambidextre, solidement harnaché en son dos, l'arma prestement et, d'un mouvement fluide, en décocha un vif trait.

Dalaam mit alors fin à l'entrainement pour aujourd'hui, enlevant son casque et tirant énergiquement, sans grand succès, sur la flèche qui venait de s'y planter.

Ramassant ses effets, le rôdeur s'apprêtait à sortir quand une ombre familière attira son attention.

Il se glissa alors subrepticement le long des murs de pierre, jouant avec le clair-obscur de chandelles vacillantes et, en tapinois, s'approcha de la demoiselle en l'ombre maîtresse.

Il la regarda alors sans qu'elle s'aperçoive tout d'abord de sa présence. Il patienta sagement, il avait beaucoup à lui dire et pas certain que tout lui serait intelligible...

Modifié (le) par Sayanel
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Elle se redressa. Il n'était plus temps pour les réflexions. Un silence gênant s'installait déjà dans la pièce. Attendre plus ne l'aiderait en rien. Elle s'éclaircit la gorge.

- Hum. Bien le bonjour messire Sayanel. Comment allez-vous ?

Voilà, cela suffirait pour commencer. Les formules de politesse étaient décidément bien utiles. Mais n'était-ce pas perte de temps ? Elle avait tellement de questions à lui poser. Son esprit s'emballait à nouveau. Elle ouvrit la bouche, hésita, puis la referma sans rien dire de plus. Elle n'y arriverait pas. Non, décidément, il n'y avait pas de bonne façon d'aborder le sujet. Tout cela semblait si étrange.

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- Très bien, si ce n'est un accroc fait à mon pourpoint tout neuf, et il montra la coupable déchirure, je vous remercie de votre sollicitude.

Comme elle se contenta de sourire, il poursuivit.

- De mon passage au Souffle, j'ai appris que vous étiez amnésique, ce qui explique beaucoup de ce que vous ne savez pas et que je puis vous apprendre si, et il marqua une courte pause, le désir en vous se révèle à cet effet.

Ce fut maintenant au tour du rôdeur de garder un silence attentiste.

Modifié (le) par Sayanel
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Elle regarda le pourpoint abîmé. Le tissu était en effet légèrement déchiré là où un bouton manquait. Un couturier, même amateur, aurait réparé cela en un tour d'aiguille. Le rôdeur aurait plutôt du s'inquiéter de la mèche absente à sa chevelure. Elle s'apprêtait à le lui faire remarquer quand elle se souvint de sa résolution de ne point le vexer. Aussi se contenta-t-elle de sourire poliment, l'encourageant à poursuivre. Ce qu'il fit sans tarder. Et la suite s'avéra bien plus intéressante.

Elle écouta attentivement, pas sure de comprendre la profondeur du propos. Quand il eut terminé, elle répéta la phrase en boucle en son esprit, analysant chaque mot. Visiblement, il savait des choses à son sujet qu'elle-même ignorait. Ses souvenirs si longtemps cherchés se tenaient-ils enfin à sa portée ? Sayanel serait-il véritablement la clef de son passé oublié ? Une lueur d'espoir passa en son regard. Puis vint l'instant du doute. N'avait-il pas demandé si elle désirait en savoir plus ? Pourquoi prendre la peine de poser cette question ? Ce qu'il avait à dire était-il choquant ? Terrifiant ? Qu'avait-elle bien pu faire pour tout oublier un beau matin ? Aurait-elle renoncé à sa mémoire par choix ?

Son désir de se souvenir était soudain ébranlé, sa volonté mise à mal. Elle déglutit, le regard troublé. Le rôdeur attendait, il faudrait bien qu'elle se décide à lui répondre. Rien n'est pire que l'ignorance, pensa-t-elle en un soupir. Relevant la tête, elle sourit tant bien que mal. Sa curiosité l'emportait une fois de plus.

- Que savez-vous exactement ?

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Le rôdeur retourna en son esprit les derniers mots de la magicienne, pesant la détermination qui semblait s'y dépeindre.

- Et bien, si vous voulez connaître la vérité, je dois tout d'abord vous prévenir, elle va vous surprendre.

Il marqua un temps d'arrêt pour la laisser l'interrompre si jamais mais elle ne fit rien.

- Soit, allons-y. Il prit son souffle. Votre souvenance vous porte en un désert mais ce désert n'est pas le chez-vous et ne l'a jamais été. Ni ce désert ni la moindre parcelle de ces Terres élémentaires, ce monde, cette magie, tout ce qui le compose n'est pas et n'aurait jamais dû être pour vous.

Il lui laissa a nouveau un temps pour assimiler ce qu'il venait de dire avant de poursuivre.

- Oui, vous venez d'un autre monde, le même que moi d'ailleurs, un monde totalement différent de celui qui se présente à nos yeux ici. En ce monde vous étiez, hum... vous étiez, une apprentie sur la voie de la connaissance, je ne peux malheureusement pas vous en dire plus, connaissant plus votre fonction que votre personne.

Elle semblait le regarder avec une certaine hébétude.

- Avez-vous des souvenirs de votre vous d'avant ? De cet autre monde ? Voulez-vous que je vous laisse ?

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Me surprendre ? Mais de quelle manière ? Avait-elle envie de lui crier. Pourtant, elle ne fit que le penser. Elle demeurait là, fixant le rôdeur, attendant la suite. Si troublante soit la révélation, elle avait fait son choix, elle s'y tiendrait.

Un désert ? Quel désert ? Du plus loin qu'elle se souvenait, elle s'était éveillée au premier matin de la période Uniqua, échouée sur une plage d'Aqua. Les Terres Élémentaires, cela au moins, elle connaissait. Mais où donc voulait-il en venir ?

Elle tressaillit au terme monde. Un autre monde? Était-il fou ? Qui croirait à une telle explication ? Un monde sans magie ? Comment était-ce possible ? Elle hésita à nouveau à l'interrompre, toutefois elle se retint. Il semblait avoir encore des informations à lui donner. Si tout cela était réel autant en apprendre le plus possible. S'il avait tout inventé, ma foi, pourquoi le contrarier en sa démence ?

Une apprentie sur la voix de la connaissance... quelle connaissance ? Voilà qu'il faisait des mystères maintenant. Ne pouvait-il pas parler simplement ? Il prétendait la connaître sans savoir plus d'elle que sa fonction. Et quelle fonction ?

Elle restait béate devant ce début d'explication qui n'expliquait rien du tout. Un autre monde, non mais vraiment qu'allait-il inventer là ? Pourtant...

Pourtant, elle se souvenait de ses premiers jours sur l'île d'Aqua. Alors qu'elle découvrait la magie... pour la première fois lui semblait-il. Comment oublier sa première rencontre avec un Cactus ? Ne s'était-elle pas étonnée alors qu'il puisse se mouvoir ? Et plus encore qu'il possède de telles dents ! Tout lui avait paru si étrange. Elle ne pouvait le nier. Elle avait fini par penser que son amnésie était cause de ce sentiment d'anomalie qui l'avait si souvent habité. Ce qui aurait du lui être familier l'avait toujours étonnée de prime abord depuis... depuis son réveil.

Serait-ce possible qu'il aie raison ? Elle s'était sentie plus d'une fois étrangère à ces terres. De là à parler d'un autre monde...

Y avait-il eu un désert ? Maintenant qu'elle y réfléchissait, un vague souvenir d'une intense chaleur...

Son regard s'était perdu dans le vide alors qu'elle cherchait le fil de son existence. Elle repassait en mémoire ces huit périodes passées à explorer Aqua, puis Kiar Mar, Melrath Zorac et enfin IssCanak. Son teint avait blanchi au fur et à mesure qu'elle pensait à tout cela. Ses yeux s'écarquillaient alors que les faits venaient étoffer la théorie du rôdeur. L'impossible commençait à devenir possible en l'esprit de la jeune magicienne. Toutefois, elle ne se rappelait toujours pas. Elle soupira.

Depuis combien de temps le silence s'était-il installé entre eux ? Peu importait. Prenant une profonde respiration, elle se décida enfin à lui répondre. Elle grommela d'abord quelques mots incompréhensibles, encore sous le choc. Puis, au prix d'un effort certain, elle parvint à articuler.

- Non, pas le moindre souvenir... Juste quelques étranges impressions... concernant ces terres... et... en votre présence.

Elle secoua la tête, quelque peu désespérée.

- îtes-vous vraiment sûr de ce que vous avancez ? Un autre monde ? Je veux dire... c'est assez dur à avaler comme explication.

Elle lui adressa un regard qui se voulait dubitatif.

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Visiblement, l'ancienne stagiaire d'un monde désenchanté, n'avait nul souvenir de son passé. Elle ne pourrait donc pas l'aider à comprendre ce qui avait déclenché tout cela, comment lui aussi avait atterri en ces terres élémentaires, comment cet anneau de malheur avait eu raison de toutes les plus solides contingences.

- Oui Salaha, j'en suis convaincu car, à l'inverse de vous, je garde en mon esprit, tous les souvenirs de cette ancienne vie. Parfois même, me vient l'idée de ma folie... Et si tout cela n'était qu'un rêve...?

La jeune femme semblait en proie à bien des interrogations et le rôdeur ne pouvait, en désespoir de cause, n'avancer nulle solution pour lui faire entendre raison, d'ailleurs le voulait-il ? Peut-être que ce monde, cette vie nouvelle était bien meilleure que celui et celle d'où il venait... Ici, on s'élevait par son seul mérite, ses compétences et capacités, nul traitement de faveur n'était apporté à des castes modernisées, nul passe-droit n'était octroyé... Soit l'être faisait effort sur lui-même soit il n'avait que peu de chance d'évoluer, de construire quelque-chose, d'entrevoir l'avenir sous des cieux éclairés.

- Vous savez, poursuivit-il, si vous avez tout oublié, ce n'est peut-être pas plus mal, être enfant de cette terre vous empêche les regrets, le partage de votre âme en deux... enfin... je divague, vous devez me penser bien étrange, je vais donc vous laisser à votre tranquillité, si d'aventure un souvenir vous revenait, un questionnement obscur vous tenaillait, je ne serai jamais loin, vous répondrai alors, si je peux.

Il s'inclina, fit volte-face et, d'un pas assuré, sortit de la caserne, laissant au silence, la maîtrise des lieux.

Modifié (le) par Sayanel
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Elle le regarda s'éloigner sans un mot. L'incertitude demeurait en son esprit. Il fallait qu'elle réfléchisse à tout cela. Oui, elle avait besoin d'y penser calmement. Elle devait analyser les faits de façon rationnelle. Si toutefois il se trouvait la moindre cohérence en tout cela.

Elle demeura un instant en ce lieu familier, fixant le vide de la pièce comme s'il pouvait lui apporter un quelconque éclaircissement. Finalement, elle sortit. L'air frais de la fin d'après-midi lui fit du bien. Elle se tourna à nouveau pour regarder la grande bâtisse. Un autre monde ? Était-ce seulement possible ?

Elle secoua la tête. Se retournant, elle prit la direction des cimes.

- Rentrer à la maison... faire bouillir l'eau... prendre un bon bain... Oui, de petits gestes coutumiers pour garder les pieds sur terre...

Terre, ce mot résonna étrangement en son esprit. Il était si courant, pourtant semblait avoir une autre signification. Un sens plus profond, plus ancien, frappait à la porte de sa mémoire.

- Terre... terre... Terra ?

Le rôdeur avait parlé d'un autre monde. Terra n'était-elle pas une contrée de celui-ci ? Poursuivant son raisonnement, elle passa le portail magique. Elle serait bientôt arrivée chez-elle. Là, elle pourrait se reposer.

- Mais il n'était pas sûr d'avoir toute sa tête...

Peut-être était-elle originaire de Terra ? Peut-être avait-elle amerri sur Aqua par accident ? Les tempêtes, elles, n'avaient rien d'extraordinaire. Elles pouvaient faire échouer un bateau. C'était bien plus plausible.

L'eau du bain fut bientôt chaude. Elle en profita pour se détendre un peu.

- Une exploration de Terra réveillera peut-être quelques souvenirs... mais...

Elle savait qu'il n'était pas si facile de se rendre chez les Terrans. Tout d'abord elle ignorait où se trouvait le tunnel y conduisant. Elle ne savait même pas s'il était possible de l'emprunter dans ce sens. Ensuite, il serait surement gardé. Enfin, un tel voyage était formellement interdit. En outre, offenser les Dieux ne faisait pas partie de ses passe-temps favoris.

- Pourtant, je dois savoir. C'est la seule piste qu'il me reste maintenant... outre les élucubrations de Sayanel. Un autre monde...

Comment pourrait-elle y croire ne serait-ce qu'une seconde ? Elle frissonna. Une partie d'elle en était déjà convaincue. Décidant que la nuit portait conseil, elle ne prit qu'un repas frugal et gagna son lit.

D'étranges rêves peuplèrent ses rêves. Elle vit des maisons si grandes qu'elles semblaient toucher le ciel. Des machines plus bizarres les unes que les autres peuplaient son inconscient. Certaines étaient capables de transporter des personnes dans les airs. D'autres contenaient plus d'informations qu'une bibliothèque entière, tout en tenant dans la paume d'une main. Elle vit bien d'autres choses encore. Toutefois, au réveil, il n'en restait rien.

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