Disparitions

[Anamaya]

Y avait quelque chose qui sentait pas bon ces temps-ci. Autre chose que la sueur rance des piliers de comptoir que je croisais chaq'jour au bar. Nan, c'était quelque chose de plus diffus. Déjà, ces montagnes de glaces, là, qui étaient arrivées d'on ne sait où et qui n'avaient pas fait paniquer la population locale.

Alors que, franchement, si j'ouvrais mes volets un pti matin et que je découvrais ça.... 'Fin bon, n'importe qui entraînerait ses capacités à monter dans les aïgues, non?

 

Si ils avaient pas peur de ça, c'est qu'ils avaient peur d'autre chose. Ouep. C'était aussi clair qu'un verre bien lavé, et même si je fréquentais trop cet endroit, j'avais pas oublié à quoi ça ressemblais, l'propre.

 

Les rumeurs c'est ce qui est le mieux dans l'métier. Avec ça, on peut se retrouver dans l'action en deux-deux. Mais ces temps-ci, les rumeurs, elles étaient plutôt fadass. Y avait bien eu une discussion sympa hier soir... Mais je n'sais plus sur quoi elle portait.

 

J'm'extirpais du dessous de la table, la gueule de travers comme tous les après-midi après une nuit de beuve... d'enquête approfondie sur les coutumes locales.

Même si ma tête me faisais un mal de torto, je titubais pas. J'avais toujours su garder mon équilibre en toute circonstance. Par contre j'aurai préféré que mon environnement cesse de bouger comme ça. C'était perturbant.

 

 

Dehors, j'me déchargeais d'un trop de tout qui aurait gêné mon exploration. Puis direction la sortie de Melrath. Un salut et un rot en direction des gardes en faction aux portes. C'est important le respect. Et me v'là parti dans le sable du désert. C'est une vraie saloperie ce truc. ça s'enfonce, rentre dans les pompes et pour un peu qu'il y ait du vent ça vous bouche tous les pores de la peau. Sans compter les serpents et les scorpions qui se cachent là d'ssous. Le désert c'était vraiment pas mon truc.

Vous vous dîtes, du coup, qu'est-ce que tu fous là, Jo? Ouais parce que, appelons-moi Jo, je suis plus sûr des autres lettres. C'est une bonne question. En fait tout l'monde sait que plus haut, vers la mine, y a une statue. Genre grosse, avec un piaf orangé-rouge qui tient une flûte dans sa serre. Ben des fois, la statue elle lâche la flûte. Et même que, plus tard, quand tu reviens, y en a une autre! ça doit être la ptite souris des flûtes qui vient en r'mettre.
En tout cas, cette flûte elle permet de piquer des objets aux aventuriers inattentifs. C'est que enquêter sur les coutumes locales ça coûte cher... Sans compter l'auberge.

Ne nous égarons pas. La flûte, elle permet de jouer des mélodies. Et ça se revend bien parce que c'est rare, donc précieux. Et ça ça me plaît.

 

Je me laissais tomber dans le trou comme à l'accoutumée, parce que y avait pas l'choix, et essayait de récupérer un pti butin en or gardé par des rats. J'glisse la main....

 

" Nom de saloperie de fiente de dragon!!"

 

ça m'avait mordu.

 

Pestant contre ces charognards, j'me dirige vers la statue, essayant de me souvenir ce que j'avais fait cette nuit, tout en fixant d'un air distrait l'être physiquement présent, à l'esprit absent assis pas loin et visiblement blessé.

 

" 'Foiré de rats, hein?" Je lui lance, mais il me répond pas. ça doit être une sorte de transe. Je tends la main vers l'endroit habituel, le regard vague... Et là y a comme un pépin. Je fixe, j'recule, j'avance, je baisse la tête, je me file une taloche.... Mais non rien y fait. Y a comme un problème avec la statue.

 

J'ai l'impression qu'on vient de m'arracher un bras. Mon gagne pain! Furibond, je cherche l'auteur de ce crime odieux. On dit que les criminels retournent toujours sur le lieu de leur crime. Ba lui, il a pas l'air d'en être parti.

 

Je l'apostrophe :

 

" Eh toi là? T'as fait quoi à la statue?!"

 

Cela semble être une de ces créatures qui vont et viennent sur ce monde, qu'on ne peut pas frapper et qui peuvent disparaître et apparaître à leur guise. Y en a qui dise que c'est des Dieux ou des envoyés. Moi j'pense juste qu'ils ont trouvé des artefacts puissants et les ont pas partagés, les rats. Comme il va s'avérer que c'est peut être pas la pourri que j'pensais au début, appelons le Bob.