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Terre des Éléments

Trouver sa voie.


Noeleroi
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Période Braisa, le 28, + 107 AC, heure solaire : 16H:30min

 

 

Je marchais aux alentours de MZ, quand une pluie torrentielle me forçat à trouver refuge dans une auberge. J'entrai dans Melrath Zorac, et eus un serrement au cœur à la vue de cette cité qui, sans vraiment avoir été splendide un jour, avait un certain charme, avant d'être détruite.

Les décombres jonchaient les rues, bloquaient les portes, et nul ne tentait quoi que ce soit pour améliorer la situation. Moi compris...

 

Dans le quartier des apothicaires, je me faisais un chemin vers la porte, quand mon ouïe capta un infime bruit.

Je me tournai, et vis, à quelques mètres de moi...

Elessar, assis contre le mur.

Je restai pétrifié un instant; l'homme, par neuf fois, m'avais pris en chasse et, après m'avoir percé de carreaux, m'avait laissé comme mort... Et je craignais qu'il récidive.

Mais il ne bougeait pas. En pleine méditation, sans doute.

Je pouvais soit le laisser là et continuer ma route... Soit en profiter pour prendre ma revanche.

Hé hé hé...

Le FNous en moi eut des étoiles dans les yeux. Après tout, quel intérêt pour le chasseur si la proie ne se rebiffe jamais? C'était pour la bonne cause... Il fallait que je vainque Tré, pour son propre plaisir!

Je pris une bombe, la plaçai près de lui, et sortir une allumette.

Mais il ouvrit soudain les yeux!

Comprenant sans doute la situation en un éclair, et comprenant en même temps qu'il ne saurait la renverser, il ne bougea même pas.

<<  - Coucou, Tré! Mouahahaha! Je vais avoir ma revanche! Tu vas voir pourquoi il ne faut jamais laisser un Noé en liberté!>>

La Sentinelle soupira, puis, me regardant dans les yeux, dit:

<<  - La liberté? La liberté n'est qu'une illusion de plus, crée par les quatre pour soumettre leurs serviteurs... Même toi, tu es enchaîné par leur dogme.

Mais je suis sûr que tu es capable de voir au delà de ces illusions... Oui, tu es capable de comprendre quel est le bon camp. Rejoins-nous.>>

D'abord un peu surpris par cette tirade, je répondis, abandonnant mon masque de FNous - de toute manière, j'étais certain que le Dîn avait déjà compris que j'étais loin d'être ce que je prétendais être:

<<  - Si, vraiment, je ne suis pas libre, tenter de me convaincre n'est-il pas vain? C'est influer sur mes décisions que tu tentes de faire. Or, prendre des décisions signifie être libre...  N'est-ce pas contradictoire?>>

 

Et nous continuions à débattre ainsi pendant une dizaine de minutes, lui dans le but de me convertir, et moi dans le but de continuer cet intéressant débat.

Mais au bout d'un moment, glacé par la pluie -qui, au passage, ne semblait pas incommoder le Dîn-, je conclus:

<<  - Et bien, j'y réfléchirai! Et maintenant... je finis ce que j'avais à faire!>>

Ayant comprit que la pluie m'empêcherait d'allumer l'explosif, je me contentai de l'assommer avec une pierre dans ma fronde.

 

Je réfléchissais à ses paroles...

Il n'avait sans doute pas tort. Ce monde était loin d'être un Eden. Mais de là à le détruire? N'étais-ce pas présomption qu'espérer faire mieux? Ce monde était malgré tout beau...

Le chant du ruisseau, la fraîcheur de la brise, la beauté du feu, la splendeur des paysages verdoyants et montagneux...

Fallait-il vraiment mettre fin à cela? Qu'est-ce qui poussait les Sentinelles à considérer ce monde comme corrompus, comme une erreur à réparer par sa destruction?

 

J'eus la réponse quelques jours plus tard...

 

 

 

J'ouvris les yeux.

Il faisait sombre, et j'étais debout dans une verdoyante forêt.

Irliscia? Que faisais-je là?

Je m'étais sans doute endormi dedans la veille...

 

A une centaine de mètre devant, je pouvais apercevoir une petite cabane en bois.

Elle paraissait récente...

 

Soudain, des rires rauques et des éclats de voix brisèrent la sérénité de l'endroit.

Un groupe de trois hommes se dirigeait par ici. Au vu de leurs habits et de leurs armes, c'étaient des gardes... L'obscurité me cachait leur visages.

 

Leur démarche et leur façon de parler laissaient deviner qu'ils avaient bu plus que de raison.

 

J'entendis des bribes de leur conversation, et compris qu'il parlait de l'Architecte

Cet être sombre, qui faisait régner la terreur, avait récemment semé la discorde entre les gardes et les avait poussés à se rebeller. Ils furent matés par les aventuriers, mais, depuis, ils avaient eu une chute incroyable de popularité, et étaient passés, dans l'esprit des gens, du rôle de gardiens forts et rassurants au stade d'ivrognes corrompus...

 

 Le groupe avait sans doute tenté de noyer la honte des brimades que le peuple leur infligeait dans l'alcool...

 

Soudain, l'un d'entre eux beugla

<<  - Les gars, une cabane! Ch'uis sûr qu'a un d'ces crevards qui disent du mal de nous! On va montrer qui c'est le chef! Hein, les gars?>>

Les deux autres hurlèrent leur assentiment, et ils se dirigèrent vers la cabane.

Ils défoncèrent la porte d'un coup de pied, tout en crachant insultes et jurons.

Ils ressortirent avec une femme, terrorisée et complètement perdue. Ils la jetèrent à terre en continuant à hurler dessus, déversant toute leur haine due à la pression qu'ils subissaient de jour.

Puis, aveuglé par son ébriété et son sentiment de puissance, l'un d'eux se mit à déchirer les vêtements de la femme...

 

Je voulus courir pour secourir l'innocente, mais mes pas... ne me faisaient plus avancer. Je courrais, mais la scène restait toujours aussi lointaine.

Et je dus supporter ce spectacle sans pouvoir agir, impuissant.

 

Les cris de la victime me vrillaient les tympans. Ses appels à l'aide, ses sanglots, ses supplications... tous étaient vains. Je ne pouvais rien faire. Rien...

 

Quand ils eurent fini ce qu'ils faisaient, les hommes la frappèrent de tout leur soûl.

Puis ils partirent, la laissant gisante dans son sang, agonisante, sanglotante.

Une heure passa avant que la femme n'arrête de bouger et de pleurer.

 

Puis une tempête arriva.

La foudre frappa la cabane, la faisant brûler.

La pluie ne stoppa le feu qu'une fois la cabane détruite, et lava le sang.

Le vent éparpilla les cendres, les rendant invisibles, et secoua les arbres.

Et les arbres perdirent leurs feuilles, recouvrant les derniers vestige de la cabane et du corps... les camouflant à jamais.

 

<<  - Bats-toi avec nous...>>

 

 

J'ouvris les yeux. J'étais en sueur.

Je mis un moment à me rappeler où j'étais...

Dans la tente FNous.

 

Cette ultime phrase résonnait dans mon esprit.

"Bats-toi avec nous".

Cette phrase, je ne l'avais pas entendue, mais ressentie... Et je la ressentais encore.

Etait-ce vraiment un simple cauchemar? Ou ce message venait de quelqu'un ou de quelque chose d'extérieur?

Il n'y avait qu'une façon de le savoir.

 

Je me levai, et sortit de la tente.

 

Je marchai dans la nuit, drapé dans un manteau pour me protéger du froid...

Le voyage fut long. Je traversai les marais, puis la mine, et enfin le désert.

Et j'arrivai face à la forêt d'Irliscia.

 

Ce ne fut que là que je me rendis compte de la vanité de mon projet. Comment pourrais-je retrouver l'endroit dans une si vaste forêt?

D'ailleurs, pourquoi faisais-je cela? C'était stupide... Il ne s'agissait vraisemblablement que d'un mauvais rêve, et mes recherches seraient absurdes...

 

Je soupirai. Avais-je donc perdu l'esprit?

 

... Manifestement, oui. Car il m'était impossible de rebrousser chemin. Nulle force invisible ne m'en empêchait, seulement... je devais continuer.

C'est ce que je fis, l'esprit trop embrumé par mon réveil et par cette avalanche d'événements incompréhensibles pour réfléchir calmement et me battre contre la suggestion qu'un être magique ou supérieur devait être en train de m'imposer.

Et je marchai, dans le silence de la nuit...

 

 

Jusqu'à l'endroit que j'avais vu en rêve.

 

Je vis un tas de feuilles plus élevés que le reste. Je savais ce qui m'attendais dessous, mais je devais en avoir le cœur net...

C'était effectivement un corps.

Ce dont j'avais eu la vision s'était vraiment réalisé. La tempête devait être celle qui soufflait le jour de ma discutions avec Elessar...

Mais le visage, je ne l'avais pas vu, dans le songe. C'était chose faites.

Maela.

 

 

 

 

Nulle larme ne coula sur mes joues. Nul cris de douleur ou de haine ne s'échappa de mes poumons. Nulle folle envie de vengeance ne m'embrasa l'âme. Nulle profonde douleur vint me percer le cœur.

Mais un goût amer m'emplit la bouche.

Jusqu'ici, je m'étais accroché à l'espoir que tout ne fut qu'un rêve. Mais cette illusion m'avait été arrachée, et j'étais mis en face des choses.

 

Maela était innocente, je le savais. Elle venait sûrement d'arriver sur ces terres. Comment? De la même manière que moi. Pourquoi? Pour la même raison que moi.

Mais elle avait été tuée, et même pire, sans qu'aucun crime ne tâchât ses mains.

 

Je serrai les poings. Le discours du Dîn me revint en tête, plus fort que jamais.

Les quatre étaient coupables, coupables des horreurs de ce monde. Et, si ce monde était beau, c'était parce que les quatre cachait le laid. Le vent, la pluie, le feu et les arbres, fruits de la terre, avaient caché le crime, pour que nul ne le connaisse... Pour que tous croient en la bonté des quatre, à leur rassurante protection.

 

Et qui serait la prochaine victime? Combien étaient déjà morts et cachés par les quatre?

Combien étaient en train de mourir, suppliant, appelant à l'aide, priant une ultime fois leurs dieux sans que ceux-ci  ne fassent le moindre petit geste?? Combien tentaient de rester en vie, souffrant à chaque respiration, sentant leur vie s'écouler à chaque battement de leur cœur, dans l'espoir que quelqu'un les sauve? Et combien rendaient leur dernier souffle, empli d'une douleur si intense qu'elle ne laissait place qu'aux regrets et à la terreur?

 

Combien laissais-je mourir, agenouillé face aux quatre, et croyant naïvement à la beauté de leur monde? Combien aurais-je pu sauver, si j'avais ouvert les yeux plus tôt?

 

Mais les regrets ne me mèneraient à rien.

Pendant que je me lamentais, d'autres succombaient peut-être, détruits par la corruption de ce monde.

 

Et, si Maela avait été tué, le prochain pourrait être un FNous. Un des seuls êtres purs de ces terres.

Je devais me battre contre cela...

 

"Bats-toi avec nous..."

La phrase me revint.

Et je compris de qui venait cet appel et ce songe.

Niue.

 

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J'étais régent.

 

L'ironie de la chose m'arracha un sourire. Contrairement à Elessar, je n'avais jamais promis de ne pas m'entourer de ceux de ma faction. Ils ne voulaient pas voter pour une Sentinelle? Les voilà qui en auraient deux sur les bras...

 

Mais, si je pouvais profiter de mon poste pour vaincre plus facilement Quen à l'aide de l'armée qui me fut assigner... Ce serait une erreur.

 

Il fallait construire. Erigeons des statues en l'honneur des quatre! Créons de confortables thermes! Bâtissons plus somptueusement encore que l'Architecte en personne et son temple!

 

Gonflons le cœur des serviteurs de Quen d'espoir!

 

Et, quand nous détruirons ces illusoires espérances, leur chute n'en sera que plus dure, plus brisante.

 

Si un homme acculé est extrêmement dangereux, c'est parce qu'il a encore l'Espoir.

L'Espoir est la plus grande force des humains, ce qui les font se relever encore et encore, et contester, parfois au prix de centaines de vie, une autorité non désirée...

 

Oui, l'Espoir était magnifique. Mais la plus grande faiblesse de l'humain était aussi sa cécité, son incapacité à voir, à comprendre et à reconnaître la corruption de son monde, même quand on la lui mettait sous les yeux.

Il fallait surmonter la force des esclaves de Quen pour vaincre leur faiblesse...

Et seul un coup fort pourrait briser définitivement leur néfastes espérances.

 

 

Une raison supplémentaire de jouer au bon régent était que mon convertissement à Niue pourrait fragiliser la confiance générale que je me suis acquise pendant ces trois ans, à jouer le FNous innocent.

Or, cette confiance était une arme non-négligeable dans notre guerre. Je n'étais et ne serrai jamais une lourde hache, tranchant et vainquant les armées de face.

J'était une bombe, une toute petite bombe qui, avant qu'elle n'explose, parait inoffensive...

Mais qui, une fois placée dans la faiblesse d'une structure, peut la détruire entièrement.

 

Bref, plus il y aura de personnes voyant ma servitude à Niue comme une bouffonnerie de plus du petit et mignon Noeleroi, ou de naïfs pensant, plein d'espoir, que je jouais un subtil double-jeu, plus ma puissance en sera grande, le jour où le masque tombera.

 

Oui, j'allais être un bon régent, à l'écoute des espérances de tous, de ce qui les rendrait plein de bonheur... J'allais être juste, ne favorisant jamais Niue et les Sentinelles...J'allais faire régner une douce et illusoire atmosphère de confiance...

 

Et, une fois les habitants de ces terres dans ma paume... Je n'aurais plus qu'à fermer la main.

 

Afin de pouvoir enfin bâtir, sur de vraies fondations, un nouvel Eden...

C'était mon vrai devoir de régent que de suivre la voie de Niue.

Modifié (le) par noeleFNous
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