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Terre des Éléments

Liberté, liberté...


Noeleroi
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(Je n'ai pas fait ce RP à la sauce FNous, parce que je voulais être serre-yeux, et c'est pas possible en FNous *-* (c'est presque un gros mot, d'ailleurs :x).)

 

 

Esclavage.

 

Que vous évoque ce mot? La plupart imaginent des gens attachés, peu vêtus et seulement de haillons, parfois le crâne rasé, et en train de travailler. D'autres hommes, mieux habillés, fouet en main, leur crient dessus.

 

Ce n'est pas toujours comme ça: dans quelques sociétés, certains esclaves sont plus riches et plus puissants que les vrais citoyens.  Malgré tout, ce ne sont que des exceptions. La majorité des esclaves sont considérés comme des objets, de la monnaie, ou comme des animaux si ils ont de la chance.

 

C'est un de ces esclaves que je fus, peut-être même depuis ma naissance, car je n'ai aucun souvenir antérieur à cette époque. Je n'ai même aucun souvenir de mes parents, ni même d'aucune autre parenté...

 

Je travaillais, avec une centaine d'autres esclaves, dans une carrière de pierre, encerclé par des hauts murs, avec quelques bâtiments comme la cuisine, les dortoirs, etc.

 

Etre un enfant ne m'avait octroyé aucun privilège... bien au contraire! On tient moins à une pièce de cuivre qu'à une pièce d'or; si je mourrais, ce ne serait pas une grande perte pour les esclavagistes. J'avais des portions de "nourriture", si on pouvait appeler ainsi ce qu'il nous servaient, plus petites, autant de travail, et j'étais la cible d'esclaves mesquins voulant se défouler sur plus faible qu'eux. Pas des passages à tabac; c'était interdit (les outils ne doivent pas s'abîmer entre eux...), et en cas de transgression de la règle, les esclavagistes surgissaient, et choisissaient une sanction selon leur humeur. Ces esclaves se contentaient donc de petites mesquineries; croche-pied, insultes, ...

 

Bien sur, je n'étais pas le seul enfant, et c'était tant mieux; il fallait savoir se fondre dans la masse, et un enfant parmi les adultes passe rarement inaperçu.  Et puis, les mesquineries précédemment citées étaient plus ou moins réparties, et souffrir à plusieurs atténue parfois la douleur.

 

Mais surtout...

 

Une fois par mois, un enfant était appelé chez le chef des esclavagistes. On ne le revoyait plus jamais... J'étais trop jeune pour comprendre pourquoi cette convocation, à cette époque, mais je me doutais que ce n'étais pas pour les affranchir... Le chef prenait trop de plaisir à donner le fouet pour affranchir qui que ce soit...

C'était une vraie crapule. Rien ne lui faisait plus plaisir qu'infliger des punitions, et plus elles étaient injustes et horribles, plus il était satisfait... Je m'étais juré, un jour où il avait été particulièrement horrible, que je vengerais toute ses victimes... tôt ou tard.

 

Tout ça pour vous expliquer l'enfer de cette jeunesse. Il n'y avait qu'un point positif: un homme, un esclave, qui était plein de bonté. Il me protégeait parfois des "blagues", comme ils disaient, de certains esclaves, mais, malheureusement, l'homme était vieux, et ne pouvait compter que sur son astuce et sa sagesse pour m'aider... Mais il n'en manquait pas. D'ailleurs, pendant les rares temps de repos, il m'enseignait diverses choses. Tout ce qu'un père apprend à son fils; la politesse, l'honneur, etc.

C'est d'ailleurs ce qu'il était pour moi: un père.

 

Je ne savais pas grand chose sur son passé; il n'en parlait pas, et je ne lui demandais pas. Je savais qu'il s'appelait Cerion, et que c'était un des rares hommes ici à montrer de la compassion et à aider parfois les autres. Sans doute les esclavagistes n'appréciaient pas ce comportement, car ils lui faisaient subir beaucoup plus qu'aux autres esclaves; il avait les pires travaux, recevait plus de coups de fouet, était plus souvent le bouc émissaire, etc. Tout ça, ils le lui infligeaient en ricanant. Une fois, un garde , en s'esclaffant, avait lâché: "quel ironie!". Je n'avais pas compris pourquoi, à ce moment. Je n'appris que plus tard la raison de ces mots...

 

Plus précisément, quelques jours après l'Evasion. Je ne savais ni âge ni ma date de naissance;  je devais avoir dans les 15 ans.

 

Je ne peux pas vous dire de date; on n'étais au courant de rien, dans la carrière. Le reste du monde aurait pu être dévasté qu'on n'en n'aurait rien su. Je peux juste dire que ce jour -un pressentiment? - la nature semblait plus belle, le soleil était brillant mais pas étouffant, et les murs semblaient plus oppressants que jamais. Je cherchais Cerion des yeux en allant à la carrière, mais ne le trouvais pas. Je ne m'inquiétais pas; nous étions une centaine, en ne comptant que les esclaves, c'était donc normal de ne pas le trouver. Il n'empêche qu'il était bizarre, ces derniers jours. Pendant les rares pauses, il allait se cacher dans un coin sombre, à l'abri de tous regards, et je n'osais pas le suivre de peur d'attirer l'attention sur sa cachette. je ne savais donc pas ce qu'il y faisait. Il semblait aussi souvent pensif, plus que d'habitude. Enfin, j'avais souvent l'impression qu'il voulait me dire quelque chose mais se retenait.

 

Mais j'étais trop fatigué, j'avais trop faim, trop soif, et trop mal pour y réfléchir. Et de toute façon, je lui faisais confiance.

 

Alors que je marchais, donc, perdu dans mes pensées, je me cognai à l'esclave devant moi, qui s'était brutalement arrêté. Revenant sur terre,  je remarquai que tous les visages étaient tournés vers un point. Je regardai aussi, et...

 

Cerion! Il était debout sur un tas de pierre, et s'adressait à tous!

 

  - Esclaves! Ecoutez-moi!

 

Ces derniers s'étaient tous arrêtés et l'écoutait, l'air angoissé, se chuchotant qu'il était devenu fou, qu'il allait se faire tuer et d'autres avec pour servir d'exemple.

 

- Vous avez compris que je m'adressais à vous. Je vous ai appelés esclaves, et vous avez réagi. Avez-    vous donc accepté votre condition? Je devine que oui. Comment survivre, sinon? Et bien, je vous  propose, non     plus de survivre en acceptant votre condition, mais de vivre en la refusant! Battez-vous, hommes, femmes! Reprenez à la force de vos bras et de votre volonté la dignité et l'honneur qu'on vous a volés! Vous n'êtes pas des objets! Vous êtes des hommes et des femmes uniques, avec votre façon de penser, vos qualités, vos défauts, vos tics, vos amis, vos sentiments! Tu n'es pas "un esclave", tu es "toi"!!! Ne courbez plus la tête! Les esclavagistes sont égaux, voir inférieurs à vous! Ils n'ont que l'équipement en plus! Je ne vous parlerais pas si je ne vous croyais pas capable et digne d'être quelqu'un d'unique, qui suit la voie qu'il s'est choisi! Nous sommes une centaine, et nous nous battrons pour notre vie! Il ne sont qu'une trentaine, et se battrons uniquement pour de l'argent... Si ils se battent!!! Et si vous mourrez, soit! Vous ne devrez plus vivre cette... vie? D'esclavagisme, servant ceux-là même qui vous ont volé votre personnalité! Et vous aurez aidé d'autres à fuir!

 

La foule ne paraissait pas convaincue. Ce n'était que des mots!

 

Mais Cerion semblait avoir deviné ces pensées.

 

  - Vous voulez plus que des mots? Et bien...

 

Un son assourdissant retentit. Une explosion. La grande porte éclata en morceau. LA grande porte. Celle qui les enfermait. Celle qui paraissait invincible, incassable, impossible à passer.

Le temps semblait s'être ralenti. Les morceaux tombaient, un par un, sur le sol, ne laissant qu'un grand espace vide dans le mur. Nul n'en croyait ses yeux. Je compris alors ce que Cerion avait fait, à l'abri des regards; une bombe! Et il n'osait m'en parler, de peur qu'une phrase, un mot m'échappe et que tout devienne vain. Ou pour que je ne sois pas considéré comme un complice, si l'opération capotait.

 

  - Courrez! Sauvez-vous! La sortie est juste là! Ils ne sauront pas vous tuer, ils n'auront même pas le temps de comprendre ce qui se passe!

 

Sur le coup, je ne m'étais pas demandé pourquoi aucun garde n'avait réagi quand Cerion avait commencé à parler. Mais j'y avais pensé, plus tard. Les gardes avaient, sauf erreur, reçu des ordres pour ce genre de situation; ils devaient le laisser terminer, puis faire un exemple en le torturant sous les yeux de tous pour détruire toute envie de rébellion, car si ils le tuaient avant, les paroles du rebelle auraient plus de poids aux yeux des esclaves, comme si les gardes l'avaient tué par peur, avant qu'il n'en dise trop. Et puis, il n'y avait aucun risque; personne ne se soulèverait juste parce qu'un esclave faisait soudain un discours. Mais celui qui avait donné les ordres n'avait pas deviné que cet esclave ferait sauter la porte! Et cette explosion, comble! Avait mit le feu aux poudres.

 

  - Fuyez, ou ils se vengeront sur vous! Vous n'avez plus le choix! Courrez, saisissez l'unique chance que je vous offre! Voyez cette herbe, dehors, qui vous attend! Imaginez-vous étendu sur elle, heureux, sans personne pour vous frapper ou vous dire de travailler! Courrez! COURREZ! Ou ils vous tueront!

 

Tous courraient, à présent. Il y avait des morts, malheureusement, mais c'était trop tard; les esclaves étaient lancés, ils ne s'arrêteraient pas avant d'être sûr d'être en sécurité! Cerion avait réussi!

 

Mais ma joie fut de courte durée; une flèche fusa, droit vers Cerion. Celui-ci tenta de l'esquiver, mais ne réussit qu'à éviter le pire. La flèche lui transperça l'épaule. Il tomba sous le choc. Il essaya de se relever, mais, affaibli par sa blessure, il n'y arriva pas.

Je courus l'aider, le pris sur mon dos, et courut avec les autres esclaves. Par chance, ou parce qu'un dieu avait apprécié le spectacle de cette rébellion et voulait récompenser celui qui l'avait lancée, nous courûmes jusqu'à la porte et passâmes celle-ci sans heurts ni blessures.

 

Mais... nous tombâmes nez à nez avec le chef des esclavagistes.

 

  - tu vas mourir, crevure d'esclave! Rugit-il, levant son fouet.

 

Je n'avais rien pour me défendre; je cherchai  du regard un objet, une barre de fer, n'importe quoi pour me protéger. Mon regard tomba sur un morceau de la porte, assez grand pour être utile, et assez petit pour être maniable, ayant plus ou moins la forme d'un bouclier. Je courus vers le morceau de fer, mais, alourdi par Cerion, je ne fus pas assez rapide. Le fouet claqua et, Cerion, sur mon dos, poussa un cri de douleur quand le fouet lui zébra le dos. Furieux contre l'esclavagiste et contre moi-même pour ne pas avoir fait attention à mon presque père, je jurai, et saisit mon bouclier improvisé.

 

En le saisissant, je me coupai; les bords étaient extrêmement coupant!

"Bouclier" improvisé?

Je me retournai vers l'esclavagiste, et put le contempler dans toute sa splendeur, au paroxysme se sa beauté. Furieux, les yeux injectés de sang et lançant des éclairs, le visage rouge comme le sang de ses victimes, les veines prêtes à exploser, et la bave aux lèvres, il avait à nouveau soulevé son fouet, espérant infliger encore cette souffrance qu'il aime tant.

Et bien, si il l'aime tant!!!

 

La vision de cet "homme", si il était encore possible de l'appeler ainsi, devenu plus bas qu'un animal, m'avais enfin décidé. J'attendis que la bête qui se tenait face à moi abattit son fouet, et, quand il le fit, je sautai en arrière, évitant ainsi d'exposer à nouveau Cerion, et, à peine atterris, me préparai à projeter comme un disque le morceau de porte sur l'esclavagiste...

 

Mais je compris que je ne pourrais que l'égratigner, car il avait une armure. Sauf... si je visais sa gorge. Mais alors, je risquais de le tuer!

 

Je ne pris pas longtemps à me décider. C'était lui ou nous, et, étrangement, j'avais une meilleur estime de Cerion et de moi-même que de lui...

 

 

L'arme fila, tournant tellement vite qu'on aurait dit un disque parfait en le voyant, vers la gorge de l'homme... et se planta profondément dans celle-ci.

 

 

L'homme, surpris, me regardait, un peu perdu. Il saisit le disque, les yeux vides, et s'écroula face contre terre... ce qui enfonça encore plus le disque, projetant du sang partout.

Je trouvai ça beau. Tout, autour, semblait soudain irréaliste, totalement inintéressant. Je n'entendais plus rien. Je sentais quelque chose gronder en moi, devenir de plus en plus fort, m'envahir. Mais ce n'était pas désagréable, et, à mesure que le sang s'écoulait et disparaissait dans le sable, la "chose" grandissait en moi. Mais ce n'était pas assez!!! Je voulais sentir encore plus cette force!!! Je marchai jusqu'au cadavre de ce qui avait été un monstre et arrachai le disque de la gorge de l'esclavagiste,  libérant un dernier flot de sang. Je cherchai du regard un garde, pour pouvoir retrouver cette sensation. Mais je n'en voyais pas. J'avais beau ne plus faire attention aux esclaves qui courraient, ceux-ci me cachaient la vue . Soudain, je repérai une armure de garde parmi les haillons des esclaves en fuite. Je me préparai à lancer le disque, visant à nouveau la gorge du garde. Mais quelque chose me retenait. Dans cet océan de plaisir, cette plénitude indescriptible, un détail clochait, comme  une tâche sur un magnifique tableau. Je sentais quelque chose crier, hurler. Au départ, ce n'était qu'un faible son, lointain. Mais peu à peu, la tâche s'étendait, gâchant mon bonheurs.

 

  - ARRîTE!!!

 

Une douleur sourde envahit ma joue. Je retrouvai mes esprits, mes oreilles entendaient à nouveau, et tout repris son importance. Cerion était devant moi, furieux mais surtout inquiet. Il venait de me gifler. Il sembla chercher ses mots un moment, puis son visage s'assombrit et il se retourna.  Il marchai, boitant, suivant les autres esclaves. Il savait de nouveau marcher, apparemment... Je le suivis, perturbé et choqué par ce qu'il venait de m'arriver.  

 

Les gardes, par peur de représailles soudaines de la foule plus qu'instable, avaient abandonné et laissaient les esclaves fuir... Nous n'eûmes donc plus de problème, et courûmes avec les esclaves pendant une demi-heure avant de nous arrêter, porté par l'adrénaline. Mais l'adrénaline ne durait pas infiniment, et les plus vieux, faibles et fatigués à cause des conditions misérables dans lesquelles nous vivions, devaient se reposer. Et puis, de toute façon, la  carrière était déjà loin!!!

 

Les esclaves parlaient vivement entre eux, heureux d'être libres, mais néanmoins inquiets. Qu'allaient-ils faire de leur liberté, maintenant? Ils risquaient d'être recherchés, et aucune ville ne voudrait d'eux. Je questionnai Cerion à ce sujet.

 

  - Ne t'inquiète pas, il n'y a aucun risque. Nos noms n'étaient affichés nul part, et, bien entendu, il n'y avait aucune description physique écrite. Nous sommes hors de danger, je pense.

 

Il parlait en haletant, et je remis ça sur le compte de l'essoufflement provoqué par la course. Moi-même, je n'en pouvais plus. Je me couchai dans l'herbe, et, alors que je regardai le ciel, je me questionnai sur la folie qui m'avait prise, cette envie de meurtre insatiable. Je n'avais pas envie d'y penser, la fin de mon esclavagisme était trop beau pour être gâchée par ça. Mais, comme un moustique qui revient sans cesse, ce souvenir me hantait. Je voulais en parler à Cerion; je me relevai pour être assis, et remarquai qu'il était déjà en grande conversation avec plusieurs esclaves. Ceux-ci lui demandaient conseil sur ce qu'il fallait faire.

 

  - Et bien, je ne vois qu'une solution; construisons notre propre ville! Nous avons l'habitude du dur travail, et celui-ci nous paraîtra beau, car nous travaillerons pour nous, ensemble et librement...

 

Sa voix se faisait plus faible à mesure qu'il parlait. Soudain, il défaillit. Je le rattrapai juste avant qu'il ne tombe, et sentis un liquide chaud sur la main que j'avais mise sur son épaule. Du sang coulait... beaucoup de sang. Apparemment, il avait déjà cassé la flèche; mais il fallait le soigner d'urgence! Trop de temps était déjà passé!

 

  - Quelqu'un sait le soigner? demandai-je au troupeau d'esclave.

 

Il y eu quelques volontaires, mais le problème principal apparut bien vite; nous n'avions rien pour le soigner.

 

  - Désolé, fiston...

 

Je ne sais pas quelle expression j'avais, désespoir et accablement, sans doute, mais un esclave comprit que j'étais prêt à tout pour sauver leur meneur. Il avait l'air d'hésiter, puis fini par se lancer.

 

  - Il y a de quoi le soigner... à la carrière.

 

Rien que ce dernier mot me glaçait le sang. Aujourd'hui, il ne me fait plus aussi peur, bien sur, mais l'entendre avait un impacte direct sur mon humeur... ainsi que beaucoup d'autres mots.

 

Mais c'était de Cerion, qui m'avait tout appris, qui m'avait libéré et qui m'avais empêcher de sombrer dans une folie étrange, qu'il était question. C'est pourquoi je ne m'en posais pas, de question; c'était décidé...

 

J'irais!

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  • 9 months later...

Hou là, fameusement enterré, le sujet XD


Enfin, voilà que je mûris, et que me viens enfin la patience d'écrire des RP en dehors de mes soudaine poussées d'envie d'écrire =p (je suis flemmard, en faites, mais faut pas le dire *-*... puis, en vrai, c'est surtout que j'ai plein d'idée pour rendre mon personnage plus profond, et il me tarde de les avoir enfin présentés pour pouvoir les mettre en place dans mes futurs RP)

... même si mon background est loin d'être fini^^

Comme j'ai pris un peu d'avance (avec ce post et le précédent, cela fera 7 pages word, et j'en ai 17 en tout, et j'en suis seulement à mon arrivée sur TDE =p), je tenterai d'être plus régulier quant à mes posts ^^

Bonne lecture!

 

 

 

Avant de partir, J'allai rendre visite à Cerion. Celui-ci, quand j'arrivai, était conscient. Il n'était pas au courant de ce que je voulais entreprendre.

<<  - Ha... Fiston. Peut-être est-ce la dernière fois que je pourrai te parler, alors assieds-toi, et écoute moi... Je vais te dire quelque chose de douloureux, mais... j'ai besoin de te le dire.

Avant d'être esclave, j'étais...>>

Il respira, hésita, puis, se décidant, termina sa phrase

<<  - j'étais esclavagiste.>>

 

J'étais sous le choc. Puis je compris: Il délirait à cause de sa blessure...

<<  - J'imagine que tu penses que je délire... Mais c'est faux. J'ai été esclavagiste, et pas un des plus doux.  Tu n'imagines pas le nombre de personnes qui m'ont demandé pitié, en vain... Je ne les regardais pas, ne les écoutais pas. J'avais accepté ce travail simplement parce qu'il payait bien, et je me disais que de toute façon, si ce n'était pas moi qui le faisait, ce serait un autre, peut-être pire. Je me voilais la face, me mentais à moi-même.

<< Si les débuts en tant qu'esclavagiste sont durs, on s'y fait vite; à la fin, on ne pense même plus à la douleur de l'esclave, on le traite comme un objet.

<<Un jour, un de mes anciens amis est arrivé... en tant qu'esclave. A son arrivée, je commençai à changer. Il m'ouvrit les yeux sur mes actes. Pas en me parlant en face, bien entendu, il ne pouvait pas s'adresser à un esclavagiste ainsi. Mais par des regards, lorsque mon  fouet s'abattait sur un esclave, des brefs chuchotements quand il passait à côté de moi, et de nombreuses autres manières.

<<Et, de fil en aiguille, je me rendit compte de ce que je faisais... et que ce que je faisais était mal.

<< Puis, un jour, je tentai de faire évader les esclaves. Tous les esclavagistes étaient absents, car il fallait repousser un petit groupe de bandits, ceux-ci rôdant trop près de la carrière. A la carrière, il ne restait qu'un certain Claw, et moi. Celui-ci était ivre de colère à l'idée du magnifique combat qu'il ratait, alors il se défoula sur les esclaves.  

<<Au bout d'un moment, n'y tenant plus, je l'assommai par surprise. Puis mon ami et moi allâmes au mécanisme de la porte pour l'ouvrir.>>

 

Manifestement, il essayait de faire au plus court, par peur de s'évanouir avant la fin de son récit.

 

<<  - Mais Claw s'était réveillé et, nous prenant par surprise, transperça mon ami d'un coup d'épée. Puis nous nous battîmes, mais je perdis. Claw me désarma, et, à sa merci, je dus le laisser m'attacher les mains. Ensuite, il s'amusa à torturer des esclaves devant moi, riant de ma souffrance...

<<Quand notre chef revint, il décida, plutôt que de me tuer, de me réduire en esclavage.>>

 

Il y eut un moment de silence, puis il ajouta

<<  -  Je vais mourir, je le sais. Mais je partirai lavé de mes péchés, car j'ai libéré les esclaves. Je pourrai aller là-haut, rejoindre mon ami...>>

Il me regarda soudain dans les yeux

<<  - Tu fus comme mon fils. Laisse-moi te donner un dernier sermon, une dernière leçon... Je n'étais pas heureux, quand j'étais esclavagiste. Je me mentais, et je m'étais mis les fers aux pieds tout seul, incapable d'arrêter ce que je faisais, car cela aurait revenu à avouer que c'était mal... Ne fais pas comme moi.

Ne te laisse jamais mettre en cage... surtout par toi-même. >>

 

Puis il sombra dans le sommeil, harassé par son récit et par la douleur.

 

Je ne comprenais pas sa dernière phrase. Pourquoi me mettrais-je en cage? Ca n'avait aucun sens... En faites, je n'avais de loin pas tout compris...

Je pensai à la carrière. Il voulait parler de ça? Je ne devais pas retourner à la carrière?

De toute façon, je n'avais pas le choix! Cerion allait mourir, sinon!

 

Je décidai d'attendre la nuit, pour ma mission. Et, la nuit tombée, j'allais me mettre en route quand un groupe d'esclaves vint me voir. L'un d'eux se mit à parler.

<<  - Petit, je sais que Cerion compte beaucoup pour toi. Pour nous aussi, d'ailleurs. Mais... Nous refusons que tu ailles là-bas.

  - Mais... pourquoi?

  - Tu sais où nous nous trouvons. Les esclaves, quand ils t'attraperont, sauront te faire dire notre emplacement.>>

Ce "quand" montrait bien leur avis sur mes chances de réussites... Et ils avaient raison, bien sûr. Un gamin d'une dizaine d'années n'avait aucune chance. Mais, justement, comment un gamin d'une dizaine d'années pouvait s'en rendre compte?

<<  - Bien sûr que non! Jamais je ne le leur dirai! Et, de toute façon, jamais ils ne me verront! Et puis, on a pas le choix! Cerion nous a sauvé!

  - Cerion ne voudrait pas ça! Il ne nous a pas sauvé pour que tu nous remettes en prison!>>

Ivre de colère face à leur lâcheté, je répondis

<<  - Bande de pleutres. Vous ne méritez pas votre liberté. A peine libres, vous ressemblez déjà aux esclavagistes, égoïstes et...>>

Etait-ce une ombre, le regard de ceux qui me faisaient face, ou un simple instinc? Quoi qu'il en soit, quelque chose me poussa à me retourner...

pour apercevoir un des anciens esclaves, gourdin levé, près à m'assommer.

Je sautai en arrière, évitant le coup in extremis. Plus étonné qu'en colère, je leur jetai un regard un peu perdu. Ils voulaient m'assommer? Mais j'étais un des leurs!

La surprise laissa place peu à peu à la haine.

<<  - Peut-être devrais-je leur indiquer votre position!>>

Et je couru, en direction de la carrière...

 

 

J'avais réussi à leur échapper, et, après plusieurs heures de marches (L'adrénaline et l'espoir avaient apparemment décuplé nos forces lors de la fuite), je me retrouvai face à la carrière.

Je n'avais rien pour me nourrir, et j'en souffrais. Mais c'était secondaire. La peur face à la carrière me tordait bien plus le ventre.

 

Avais-je vraiment raison de vouloir y aller? Ces lâches d'esclaves avaient-ils raison?

L'image de Cerion, en sueur, essayant en vain de me cacher sa douleur, me revint.

Bien sûr que j'avais raison. Il nous avait tous sauvés.

 

Pour l'instant, le seul garde qui pourrait me voir était celui dans l'unique tour de guet du camp.

Je contournai la carrière à distance pour être le plus loin possible de lui, et courut jusqu'au mur.

Ensuite, je longeai celui-ci jusqu'à l'entrée.

Je jetai un coup d'œil par la brèche causée l'explosion. Il n'y avait pas de garde.

Forcément, il n'y avait plus d'esclaves à surveiller...

 

Si les murs formaient un carré, les bâtiments, eux, étaient en cercle. Je devais aller à l'infirmerie, c'est à dire le troisième bâtiment à ma droite.

Pour y arriver, je comptais longer les bâtiments, du côté du mur, évidemment.

Je fis ainsi, et arrivai à l'infirmerie.

Coup de chance: la fenêtre arrière était ouverte!

Je jetai un rapide coup d'œil pour vérifier qu'il n'y ait pas de garde. Personne!

J'entrai donc par la fenêtre. Décidément, je m'inquiétais pour rien! C'était vraiment facile!

Forcément, ils ne s'attendaient pas à ce qu'un esclave revienne...

Je me dirigeai vers la pharmacie, c'est à dire une boîte en bois où étaient entassés pêle-mêle toutes sortes d'instruments de soin, médicaments, etc.

 

Je réfléchis. De quoi aurais-je besoin pour soigner Cerion? De l'alcool pour désinfecter la plaie et des bandages pour la protéger après. J'espérais ne rien avoir oublié...

 

Une voix me pris soudain par surprise

 << - Tiens. Sinon, il va avoir mal, ton patient!>>

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  • 4 weeks later...

Je me retournai, surpris.  Etais-je repéré?

 

Une jeune fille, à peu près de mon âge, me tendait une fiole. Elle était bien habillée, bien que de façon un peu insolite, avec des couleurs allant du bleu au pourpre. Ses cheveux étaient bruns et longs.

 Elle-même semblait pleine de vie, et heureuse.

 

Elle interpréta mal ma surprise

 

<<  - Ha, je sais, on dirait du simple lait, mais c'est du pavot. Ca calme la douleur.

  - ha... heu... merci. Mais... qui es-tu?

  - Moi? Je suis une petite fille, tout simplement. Et mon nom... oui, j'ai un nom. Ce n'est pas grave, je suppose.>>

"Pas grave"?

<< - Je suis Maela. Mais, mon nom de famille, je ne l'ai plus.>>

Sans me laisser le temps d'essayer de comprendre cette phrase, elle changea de sujet.

<< - Mais, dis, tu sais soigner les blessures? Non? D'accord, c'est décidé, je viens soigner ton blessé.>>

 

Elle ne me laissait pas placer un mot...

Mais elle avait raison, je n'avais aucune expérience médicale, et il m'étonnerait fort qu'un des esclaves en ait.

Malgré cela, je ne savais rien d'elle, si ce n'était son prénom, et, de plus, sa santé mentale ne me semblait pas sans failles...

 

<<  - Tu es une ancienne esclave?>>

 

Si oui, cela expliquerait son état mental; la surprise et la violence de l'évasion avait de quoi retourner l'esprit d'une petite fille.

 

Elle sourit, les yeux pétillants.

 

<<  - Oui. Je suis en pleine évasion!>> Et, comme la dernière fois, elle changea soudain de sujet.

<<  - Bon, il est où, ton ami blessé?>>

 

 

Ressortir de la carrière fut aussi facile que d'y entrer. Je craignais que Miela nous fasse repérer d'une quelconque façon, mais mes craintes étaient infondées. Elle était silencieuse, très sérieuse.

 

 

Ce n'est qu'après une heure de marche que mon estomac me signala à grand renfort de gargouillis et bruits étranges que j'avais faim, et que je n'avais rien pris à manger. Je me morigénai silencieusement pour cet oubli, mais je n'avais pas le temps de faire demi-tour; chaque minute rapprochait Cerion de la mort.

 

<<  - Quand ton ventre gargouille, de le remplir, grouille.>>

Je devais ce dicton, vraisemblablement improvisé, à ma compagne de voyage.

<<  - Je n'ai rien à manger... Et puis, j'ai l'habitude d'avoir faim.

  - Il n'y a pas d'habitude de ce genre. Tu as besoin de manger, si ton corps te le dit. Je n'ai pas de nourriture, donc... >> Elle me fixa d'un air moqueur, sourire aux lèvres.

<<  - Mange-moi!

  - Je...

  - Ho, très bien! Je ne suis pas appétissante, c'est cela?

 - Hein? Ce n'est pas ça... Enfin, je veux dire...

  - Et bien, mange les myrtilles derrière-toi, alors, pendant que je m'en  vais pleurer sur ta grossièreté et ta rudesse!>>

Pendant un moment, j'eus presque peur de lui tourner le dos pour vérifier si il y avait vraiment des fruits, tant elle était étrange.

Enfin, mes craintes étaient sans doute absurde. Je me retournai.

 

Il y avait effectivement des myrtilles, et nous en mangeâmes.

Ce repas était meilleur que tous ceux des dix années précédentes.

Pendant ce repas, nous discutions de choses et d'autres. Elle m'en appris plus sur la vie en dehors de la carrière; les différents métiers, les lointaines contrées chaude ou froide, la politique...

Elle était amusante, appuyant ses récits de gestes et expressions du visage, et faisant jeux de mots subtils et calembours. Elle m'arracha même un sourire, moi qui n'avais plus souris depuis des années.

J'étais heureux, à l'écouter parler ainsi, dans l'herbe, en mangeant...

Je me sentais enfin vivre.

 

Après de longues heures de marches et une ultime tentative pour connaître la véritable identité de Maela (ce à quoi elle me répondit qu' "elle était juste Maela, et que c'était déjà pas mal!"),  je sus, reconnaissant un arbre à la forme particulière, que nous n'étions plus loin des anciens esclaves.

<<  - nous y sommes, Maela! C'est juste derrière cette colline!

  - espérons que ton ami aille bien!>>

Je me rendis compte soudain que je ne lui avais jamais dit que c'était un ami... Elle l'avait deviné? C'était possible. Après tout, pour quelle autre raison serais-je retourné dans cette carrière?

Elle était donc loin d'être stupide...

Elle ne m'avais pas demandé mon nom, non plus!

<<  - ha, j'ai oublié de me présenter! Je suis un ancien esclave, mais pour mon nom...

  - Je t'appellerai Laezel. Mais dépêchons-nous, ton ami a besoin d'aide!>>

 

Bien que déjà un peu habitué à son "originalité", je fus comme même surpris. Elle ne se souciait même pas de savoir mon nom...

Laezel... Pourquoi ce nom?

... De toute façon, je n'en avais pas d'autres, alors...

Et puis, elle avait raison; Cerion avait besoin de soin urgent.

 

Arrivé au sommet de la colline, je tendis la main à Maela pour l'aider dans son ascension, puis me tournai vers le "campement" (qui n'en avait que le nom), heureux d'être enfin de retour, et surtout d'avoir réussi ma mission.

 

 

Ce devait être un cauchemar. Après tout, s'évader de la carrière était déjà improbable, mais réussir à y entrer et ressortir seul était plus qu'impossible! Ajoutons à cela une jeune fille insolite...

Oui, un cauchemar. J'allais me réveiller, près de Cerion. Certes, encore esclave et souffrant de la faim, mais ce n'était rien, si ça me permettait de ne plus devoir subir ce spectacle...

Je lâchai ce que je tenais. La bouteille de lait de pavot se brisa et son contenu se répandit par terre.

 

L'odeur du sang était si présente que son goût de fer m'emplit la bouche. Il n'y avait aucun son, juste quelques faibles bourdonnements d'insectes, venus se gorger du liquide vermeille suintant des corps mutilés, des gorges ouvertes et des cœurs perforés des anciens esclaves...

Ils avaient tous été tués.

 

Je sentis à peine la pointe de l'épée qui me piqua le dos. Je n'avais rien entendu, la vue de l'hécatombe m'ayant fait perdre toute vigilance.

<<  - Ne bouge plus, ou ce sera ton dernier mouvement.>>

Pétrifié, j'osai à peine respirer. Une dizaine d'hommes en armure sortirent soudain de leur cachette. L'un sortait d'un buisson, l'autre de derrière un tronc,...

Un homme descendit d'un arbre, et s'approcha.

<<  - Allons, ne le menace pas...>> Son visage prit un air torve.

<< C'est grâce à lui si nous avons retrouvé les esclaves! Nous devrions le remercier, non?>>

A... A cause de moi?

Comme si il avait lu dans mes pensées, l'homme, riant d'un air cruel, expliqua

<<  - Dès ton premier pas dans la carrière, nous t'avions vu, idiot! Tu es aussi discret qu'un éléphantdans un couloir! Nous t'avons laissé repartir et t'avons suivi de loin. Une fois  certain de la direction que tu prenais, nous avons fait un détour pour te dépasser et avons continué jusqu'à tomber sur ce camp! Quel beau massacre ce fut! Et tout ça grâce à toi et ta confiance en toi abusive!>>

Non... Impossible! Il mentait! Il mentait forcément!

<<  - J'ai même pu régler mes comptes avec un ancien ami! Je te raconterais bien les supplices que je lui ai infligé avant de le tuer, mais il y a plus important...>>

Il se tourna vers Maela, sourire aux lèvres.

<<  - Vous avez été très vilaine, mademoiselle! Vous ne vous imaginez pas le sang d'encre que se fait messire votre père, le roi, à votre sujet! Que dirait-on de lui si il n'était même pas capable d'empêcher une petite fille de s'échapper? Le comble, pour un homme qui vit sur le dos d'esclaves! Nous avons même dû vous tendre une embuscade, pour ne pas que vous puissiez fuir à nouveau.>>

Son... père? Elle était... la fille du propriétaire de la carrière? Et celui-ci était le roi?

C'était lui qui était la cause de tout ces malheurs...

La colère m'envahit. Elle m'avait trahie! Elle ne m'avait rien dit à ce sujet!

Je tournai ma tête vers elle, le regard rempli de haine. Elle fuyait mon regard, tête baissée, muette.

Si je contenais ma colère, c'était uniquement par peur. Mais celle-ci disparut quand l'homme ajouta

<<  - En tout cas, je suis bien content de cette évasion! J'ai pu enfin tuer ce déchet qui avait osé me tenir tête. On ne s'oppose pas à Claw sans en payer le prix!>> Affirma-t-il en levant fièrement la tête qu'il tenait en main. Celle de Cerion.

 

Les yeux du mort me fixaient d'un air accusateur.  Comme s'ils voulaient me percer... me maudire...

<<  - Non... C'est... N...Non...NOOOON!>>

Ce n'était pas ma faute! C'était lui! C'était ce "Claw"!

Avec une vivacité surprenante, je sautai sur Claw, saisis la dague dans sa ceinture, et la plantai dans son propriétaire.

 

Il devait mourir! Mourir! Il les avait tous tués! Ce n'était pas moi, Cerion! C'était lui! Je voulais vous sauver! C'était ce monstre! Il devait pourrir en enfer! Il devait mourir! Mourir! Il devait subir mille supplices en enfer! Mourir!

 

Soudain, je me rendis soudain compte qu'il était mort. Il ne criait plus. Une sensation grisante envahit mon âme. Une sensation que j'avais déjà ressentie, quand j'avais tué le chef des esclavagistes.

Tiens? J'étais mouillé. Mon visage était baigné de larmes et de sang. Je plantai une dernière fois la dague dans le cadavre, puis me relevai. J'étais entouré de garde qui, ne comprenant pas ce qui venait de se passer, restaient immobiles.

C'était aussi de leur faute, non? Bah, qu'importe. Ils devaient aussi mourir. Dague en main, je fonçai sur un autre homme en armure.

Je sentis soudain deux bras m'enserrer pour m'empêcher de bouger. Un garde?

Non. C'étaient une poigne ferme mais douce, mais surtout d'une force étonnante.

Surpris, je tournai la tête et vis que c'était Maela. Bah, je n'avais qu'à la tuer pour être libre de mes mouvements.

<< - *Non!*>>

La voix venait de ma tête. Quand ce n'était pas Cerion, c'était ma conscience qui m'empêchait de savourer cette délicieuse sensation!

Le désagrément causé par cette fichu conscience devenait tellement insupportable que je cédai. Plus de chance la prochaine fois!

 

J'étais sous le choc de ma propre violence. Que s'était-il passé?

Je remarquai que je tenais une dague ensanglantée. Je la lâchai, surpris.

Maela m'enserrait, comme pour m'empêcher de bouger. Perdu, je regardai autour de moi. Les gardes n'avaient toujours pas bougé. Soudain, l'un deux, l'effet de surprise passé...

Eclata de rire. Il fut suivi par les autres.

<<  - Ha! Ha! Ce prétentieux de Claw, tué par un gamin, qui lui même ne fait pas le poids face à une gamine!>>

Le mélange de surprise et d'incompréhension sur mon visage les firent redoubler de rire.

<<  - Et c'est un simple d'esprit, en plus! Regarder cette stupidité sur son visage! La "princesse" s'est entiché d'un idiot. Les chiens ne vont pas avec les chats, c'est sûr!>>

Hilare, les gardes restèrent pliés de rire pendant quelques minutes encore. Puis l'un d'eux réussit à arrêter son fou-rire, et déclara

<<  - Nous allons demander conseil au père de mademoiselle sur le sort à infliger à son "ami"!>>

 

 

Nous marchâmes jusqu'à la carrière. Apparemment, le roi s'était déplacé jusque là pour constater la catastrophe, et sa fille l'avait accompagné, d'où sa présence dans l'infirmerie lors de mon passage.

Le roi, sir Azalax, ne partagea pas l'hilarité de ses soldats.

<<  - Je savais ma fille stupide, mais là! Elle s'est entichée d'un idiot! Et un meurtrier, en plus!>>

Maela, qui n'avait pas parlé depuis la découverte du massacre, ouvrit la bouche.

<<  - Père... Ne le tuez pas, s'il-vous-plait!

   - Tiens donc? Et pourquoi ça?

   - Les dieux n'apprécient pas que l'on tue un simple d'esprit. Vous vous attireriez leurs foudres inutilement!

  - Ha! Mais qu'en ferais-je, alors?

  - Soloirion est mort il y a quelques semaines... Il pourrait le remplacer.>>

Apparemment, j'allais peut-être survivre...

Je devrais être heureux, mais Cerion était mort, ainsi que le reste des esclaves. Par ma faute.

Je n'avais aucune raison d'être heureux.

<<  - Je suis étonné. Toi qui n'arrive même pas à comprendre les choses les plus simples, voilà que tu me conseilles... Je suppose que l'on doit ce miracle à un dieu qui aurait décidé de parler par ta bouche. Très bien! Ton... "ami" est désormais mon bouffon! Espérons qu'il soit plus drôle que son prédécesseur.>>

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Six années passèrent. Six années durant lesquelles je dus jouer le simple d'esprit, car qui savait quelle serait la réaction du roi en apprenant que je ne suis pas un idiot?

Durant ces six années, j'appris à amuser le roi et sa cour avec des cabrioles, des jeux de mots, des "inventifiage" de mots, etc.

Mais, avant tout, le plus grand plaisir de ces nobles étaient, bien sûr, le sentiment de supériorité qu'ils avaient en me voyant.

 

Au début, j'avais du mal à tenir mon rôle d'idiot: le roi avait bien faillit percer à jour le mensonge sur mon état mental une dizaine de fois. Mais, au fil des ans, je me perfectionnai et, bien vite, ma prétendue stupidité fut connue de tous... ce qui avait ses avantages: les gens n'hésitaient pas à parler de choses privées à côté de moi, certains que je ne comprenais pas. Je récoltai ainsi quantité d'informations plus ou moins utiles, qui me permirent d'en savoir un peu plus sur la région, les coutumes, quelque fois aussi sur la science, mais, surtout, sur la nature humaine et tout ce qui va avec. Le besoin de richesse et de pouvoir qu'ont certain, leurs incessants recours à la trahison et le mensonge, mais, surtout, les faiblesses des humains.

 

Mais, si, extérieurement, je paraissais de plus en plus vivant et joyeux...

C'était que cette apparence extérieur pompait les derniers reste de chaleur en moi.

Je devenais de plus en plus froid... mais le cachai derrière mon apparente bonne humeur constante.

 

Dans cette vie insipide, une personne tenait une place importante; Maela.

Il y a six ans, les gardes avaient sous-entendu qu'elle était idiote, et même le roi n'avait pas été tendre avec sa fille.

En vérité, elle était loin d'être stupide: elle avait juste une façon de penser et une vision des choses très éloignée de la norme. Le problème était qu'elle n'hésitait pas à exposer ses pensées, aussi étranges soient-elles. D'ailleurs, elle continuait de m'appeler Laezel, alors que tous m'appelaient "le bouffon".

Et les gens, face à cette différence, se disaient qu'elle était stupide.

 

Ce point commun entre elle et moi, c'est à dire passer pour un idiot sans l'être, aurait dû nous rapprocher, d'autant plus que nous étions tous les deux les seuls à savoir que ni elle, ni moi étions idiots.

Mais je n'avais plus envie de me rapprocher de quiconque.

 

Cependant, ma froideur n'était pas réciproque. Maela avait très peu d'amis, et elle restait souvent près de moi.

Ca ne me dérangeait pas spécialement et, de toute manière, un bouffon ne peut protester contre une princesse. Mais elle ne pouvait me forcer à ne pas me "réfugier" derrière mon rôle de bouffon, et j'en profitais.

Cela la peinait, mais elle n'abandonnait pas pour autant.

Et, chaque jour, pendant six ans, elle essaya de se rapprocher de moi, de me convaincre de se confier à elle, de lui ouvrir mon cœur. Et, chaque jour, pendant six ans, elle échoua...

 

 

Un jour, dont je ne connaissais pas la date exacte, cela fit 17 ans exactement depuis la naissance de Maela.

 

Point de grande fête ou de banquet pour fêter l'événement; le roi préférait ne pas mettre sa fille en valeur, comme si il voulait que nul ne sache qu'elle étais sa fille. Malgré tout, quelques personnes, un sourire condescendant sur les lèvres, lui souhaitèrent santé et bonheur pour cet événement, quand ils la croisaient. Certains, même, lui offraient un cadeau; une jolie pierre, une petite babiole, ...

 

La journée passa, et il fut temps pour moi d'aller me reposer. Comme toujours, Maela était près de moi.

<< Bonne nuit, princesse!  Si des méchants cauchemars viennent troubler votre sommeil, venez me le dire, je les réprimanderai!>>, dis-je avant de me diriger vers le dortoir où je dormais.

<< Attend!>>

Je me retournai, soupirant intérieurement. Que voulait-elle encore?

<< Viens dormir avec moi, dans ma chambre!>>, demanda-t-elle. Pourquoi pas? Ça ne pouvait pas être pire qu'au dortoir des domestiques où je logeai.

<< D'accord! Je vous protégerai des mauvais songes!>>

 

Une fois dans sa chambre, elle comment ça à parler.

<<  Dis... Tu ne m'as rien offert pour mon anniversaire...>>

Et qu'aurais-je pu lui offrir? Je n'avais rien, on ne me donnait que ce dont j'avais un besoin vital; nourriture, vêtements,...

<< Et bien, je vous offre toute mon amitié pour cette année!>>

<< Promis?>>

J'avais dit cela sans y réfléchir, mais quelque chose dans sa voix me souffla de ne pas répondre à la légère.

Pourrais-je vraiment être son ami?

Je ne savais que répondre.

<< Que je suis vilaine! Je te taquine, Laezel! Tu n'as pas besoin de me répondre. Il ne faut jamais promettre au futur, tu sais. Et puis, je ne peux pas te forcer à m'aimer...>>

 

En resterions-nous là? Avais-je raison de la rejeter? Même si, en conséquence, j'étais seul?

Au final, je n'avais pas vraiment de raison de refuser. Je ne la détestais pas, et la solitude commençait à me peser.

Elle m'avait menti, mais même si elle ne l'avait pas fait, cela n'aurait rien changé, c'était évident. Cerion serait mort quand même. Donc, pourquoi rester volontairement seul? Néanmoins, il me fallait savoir...

<< Maela... Pourquoi m'avais-tu menti, ce jour-là?

  -  Je ne me souviens pas t'avoir menti...

  -  Tu ne m'as pas dit que ton père était le roi. Tu avais dit que tu n'avais "plus" de nom de famille.>>

Elle ne répondit pas tout de suite.

<< ... Et toi? Pourquoi, pendant ces six années, tu refusas mon amitié? Si tu ne le sais pas, je peux te le dire. Par peur d'accepter ta vie actuelle. Tu te dis, inconsciemment ou non, que ce n'est que passager, que ta vie va changer, que quelque chose tombé du ciel va te sauver. Alors, tu refuses tout ce qui a trait à cette vie que tu n'aimes pas. Comme si ne pas y avoir d'attaches te permettra de la fuir plus facilement.  Mais c'est une illusion. Quoi que tu fasses, tu retomberas dans cette vie étouffante. Cette vie où tu ne peux être toi-même, où tu dois subir le mépris constant des autres.>>

Son ton devenait dur.

<<  Tu comprend? La seule solution est de subir cela en silence, de vivre ta vie du mieux que tu le peux, et d'espérer que, après la mort, quelque chose d'agréable t'attend. Car il n'y a que la mort qui te permettra de fuir. Le reste n'est qu'espoir illusoire.>>

Tout en parlant, elle me fixait, les yeux pleins de désespoir.

 

Peu à peu, une sensation d'étouffement me prit. Ou plutôt, se réveilla, plus forte que jamais. Allais-je vraiment devoir subir cela à jamais? Ma vie était-elle déjà perdue? Mon destin tout tracé?

Comme une cage...

 

<<"Ne te laisse pas mettre en cage... surtout par toi-même.">>

Je compris enfin cette phrase. Je m'inventais des chaînes là où il n'y en avait pas.

<< C'est faux.>>

Maela paru surprise. Puis son air redevint dur

<< Tiens donc?  Tu ferais mieux de ne plus espérer, de lâcher prise. Sinon, la chute sera encore plus douloureuse.

  - J'étais dans une carrière, exploité, souffrant de la faim et de la douleur. Maintenant, je suis nourri, et personne ne me fait de mal. Mon "destin" a donc été modifié... par Cerion. Mais maintenant qu'il n'est plus, c'est à moi d'organiser mon évasion, car cette vie ne me convient pas.

  - Et comment feras-tu?

  - Et bien... Je partirai, tout simplement.

  - Comment ça?

  - Qui se méfie d'un idiot? Je pourrai sortir sans problème, en regardant ceux qui veulent m'arrêter d'un air innocent et en disant que le roi m'a dit d'aller voir dehors si il y était...

  - Mais... Non. Non! Ça ne sert à rien, tu vas...>>

A travers sa voix perçait le désespoir.

 

 

<<  - Adieu... princesse.>>

Si j'attendais plus longtemps, mon dernier élan de courage laisserait place à un fatalisme définitif...

<<  - Laezel... Attend. Ca ne fonctionnera pas! Tu ne comprend pas, je...>>

<<  - Et bien tant pis, si cela échoue. Dans le pire des cas, je mourrai. Ce n'est pas bien grave...>>

Pendant un instant, elle ne bougea pas et ne répondit pas. Puis ses traits se détendirent, son corps sembla se libérer d'une grande tension.

<<  - ... je... je comprend...>>

Je crus voir des larmes perler à ses yeux.

<<  - Ca ne va pas, Maela?>>

<<  -si... si! Tu as raison, pars!>>

Elle sourit.

<<  - Libère-toi de tes chaînes, et trouve le bonheur à l'extérieur!>>

 

 

Que de belles paroles... Je n'étais pas aussi optimiste, c'était surtout que ce ne pouvait être pire en dehors du château...

 

En vérité, je savais très bien la raison pour laquelle Maela voulait me retenir.

Elle voulait fuir aussi... comme elle l'avait fait ce jour où je l'avais rencontré.

Elle ne voulait tout simplement plus se rappeler de son "ancienne" vie, et donc couper toutes attaches avec, d'où ses mensonges par omission sur son nom et son titre réel.

Mais, si je l'avais prise avec moi, mon évasion n'aurait pas été possible: ils se seraient mit à sa recherche, et m'auraient embarqué dans la foulée...

Donc, tant pis. Adieu, petite princesse. Puisses-tu un jour arriver à fuir, ou à prendre goût à cette vie...

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J'étais sortis du château sans encombres, et le monde me tendait les bras. J'avais l'impression que tous mes malheurs étaient derrière moi, que je naissais à nouveau dans un monde plus sain, plus beau.

 

Mais il fallait trouver une voie, à présent.

 

Je me rappelai une conversation que j'avais entendu dans le château entre deux nobles. Ils parlaient d'une étrange contrée, où de nombreux dieux se livraient à une guerre d'éléments -air, feu, eau et terre- à travers des humains, appelés "aventuriers". Ces contrées regorgeraient de créatures étranges et pittoresques, d'êtres capables d'invoquer le feu par un simple mot, et d'objets conférant à leur possesseur une force surnaturelle.

J'avais du mal à croire cela, mais je n'avais pas d'autres endroit où aller, et je me rappelais parfaitement les indications donné par l'homme, durant la discutions, pour atteindre cette contrée. Il fallait aller au village et chercher un certain Bremus, capitaine d'un navire, qui se vantait de pouvoir naviguer jusqu'à cette terre.

La terre des éléments.

 

 

 

J'arrivai enfin sur ces fameuses terres. J'avais payé la traversée avec un spectacle de bouffonnerie, composé de plaisanteries et cabrioles.

Le capitaine connaissait effectivement le trajet. Il fut long: deux mois environ. C'était cette distance qui rendait cette terre méconnue du continent d'où je venais.

Dès mes premiers pas, l'étrangeté de l'endroit me frappa. Déjà, des créatures étranges me faisaient face, et ce n'est qu'au prix de multiples blessures que je m'en sortis.

Mourir ici, après une telle traversée, m'aurait fait une belle jambe...

Bien vite, j'appris les rudiments de la chasse, à coup de pierres lancées et d'entailles d'ennemis.

 

Le premier jour, un homme me demanda mon nom. Je compris que le continent subissait un recensement constant.

Mais de nom, je n'en avais guère... Et Laezal me rappelait trop le château.

Pourquoi pas... araignée? Je n'avais vraiment pas d'autre idée, et mon nom ne m'importait guère. Je la lui soumis donc.

<<  - je vous appelle donc roi?

  - ... plait-il?

  - Je vous appelle araignée... à régner... hé hé...>>

... L'humour, dans ce pays, ne volait pas bien haut. Mais cela m'était bien égal.

<<  -  très bien,   notez "le roi">>

Mais il entendit mal, et, de notation, il se trompa... et ainsi me nommai-je, en ces terres, "Noeleroi".

 

Le second jour, je dus choisir une façon de me battre.

Nul pouvoir ne coulait en moi; d'où je venais, les seuls sorciers n'étaient en vérité que de simples humains que certains voulaient voir brûler. De plus, le corps à corps ne me convenait pas; je préférais un projectile bien placé à une avalanche de coups éreintants... et je préférais frapper dans le dos, à distance, plutôt que de face, exposé aux coups.

 

Le troisième jour, il me fallut choisir un élément.

Que de choix... Je n'avais pas l'habitude, à la vérité. Ma vie, jusqu'ici, n'avait été que servitude, comme esclave ou comme bouffon.

Mais, depuis le moment où j'avais décidé de partir, mes chaînes avaient disparu...

J'étais libre.

Quand j'y pensais, ma tête se mettait à tourner, et je me sentais perdu et heureux en même temps. Jamais tel sentiment ne m'avait serré la poitrine. Même l'épisode de la carrière m'avait été, au final, dicté par mon "devoir", et le savoir inconscient que je souffrirais trop si je laissais Cerion mourir.

Mais là, j'étais libre. De faire le bien ou de faire le mal, de sauver ou de tuer... Libre d'être moi, sans attaches et sans maître, libre de défendre MES idées, MES opinions, d'agir pour MOI.

<<"Ne te laisse pas mettre en cage... surtout par toi-même.">>

Je comprenais à présent la pleine valeur de ces paroles...

Et je choisis l'élément de l'air, le plus libre, le plus insaisissable des éléments.

 

 

Mais, si j'étais libre d'être moi... je ne savais même pas qui j'étais vraiment. Quelles valeurs étaient importantes? Lesquelles n'étaient qu'illusions?

Je ne m'étais jamais posé ce genre de question avant, car elles étaient inutiles, à cause de mon impuissance; qu'importe les valeurs que j'aurais affectionnées, je n'aurais pu les défendre...

 

J'étais plongé en pleine introspection quant à la direction que je voulais prendre, et ce que je voulais faire, quand je fis une rencontre... insolite.

 

Je sentis soudain un poids sur ma tête.

Avant que je ne puisse réagir, un liquide épais se mit à me suinter dans les cheveux, coulant bien vite jusqu'à ma nuque.

Surpris, je me retournai, pour me retrouver face à une créature plus étrange que toute celle que j'avais vues jusqu'ici. Dotée de deux longues antennes entourées d'oreilles au moins aussi longues, la bête avait le regard brillant et la gueule humide..

Celle-ci entourait d'ailleurs mon propre chef, déversant le produits de ses glandes salivaires sur ma personne.

Impressionnant... je ne l'avais pas entendue venir.  Et maintenant? Qu'étaient les propriétés de cette bave? Soporifique, stupéfiant, assaisonnement, poison mortel? Allais-je m'endormir, mourir, ou être gobé avant d'avoir pu agir?

 

Rien de tout cela; je me portais comme un charme.

L'animal poussa soudain un cri, sans doute caractéristique de son espèce:

<<  - mup!>>

Je décidai de répondre, dans l'espoir que cette rencontre ait une issue pacifique.

<<  - Bon-jour. Moi, No-e-le-roi. Toi être...?>>

<<  - Ze suis Tapate!!!>>

Et la chose fila sans demander son reste.

Singulière rencontre... Mais, ma foi, pas déplaisante du tout. L'innocence brillant dans les yeux de la Chose avait quelque chose de rassurante, presque séduisante. Oui, un bien sympathique événement

...

Si ce n'était cet étrange liquide qui coulait à présent jusque dans mes chausses.

 

 

Je m'informai, et on m'apprit qu'il s'agissait de la cheftaine d'une faction assez connue ici: les FNous, ou, de leur vrai nom, les Thuatha Dé Chilandari. Une fois sûr de tout savoir de cette faction, je réfléchis.

Devais-je essayer d'être membre de cette faction?

D'abord, elle n'était pas restrictive; la seule obligation était de ne pas frapper plus faible: ma liberté toute fraîche n'en serait presque pas affectée.

Ensuite, ils n'avaient pas d'idéologie extrêmes, et cela en faisait le milieu idéal pour créer mes propres repères.

 Enfin, ils avaient un statut neutre, et je préférais ne pas devoir m'engager dans de grandes guerres dès mon arrivée.

Mais m'accepteraient-ils? D'après ce que j'en avais entendu, il semblerait que le profil recommandé... était à quelques choses près ce que j'étais en tant que bouffon.

Et bien, soit. Je revêtirai ce rôle... mais, cette fois, avec la possibilité d'en sortir sans contraintes.

 

Quelques jours après, j'étais officiellement un membre des Thuatha Dé Chilandari, plus communément appelés "FNous".

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Trois ans avaient passé, depuis mon arrivée sur ces terres. J'avais fait de multiples rencontres, vécus nombres de péripéties, était devenu plus fort...

 

Et, surtout, m'étais forgé ma propre façon de penser, d'agir.

Bref, j'étais devenu quelqu'un.

Je n'avais que très rarement quitté mon "visage" FNous. Il était presque devenu une part entière de moi...

Presque.

Si je tenais ce rôle, c'était parce qu'il rendait ma vie plus agréable, ainsi que celles des autres.

Si je m'étais dévoilé au grand jour comme j'étais, froid et calculateur, il m'aurait été impossible d'avoir les excellentes relations que j'avais avec les autres aventuriers. Et, si mes rires et mes sourires étaient souvent simulés, pour donner une impression de chaleur, cela ne m'empêchait pas d'être heureux.

 

 

Mais chaque pièce a son revers, et, en parallèle, j'avais cultivé un amour pour la liberté important et une "froideur" calculatrice, presque machiavélique. Extrêmement peu de personnes avaient percé à jour ce côté sérieux, car avoir une réputation de FNous était un grand atout: personne ne se méfiait de moi. Et si, pour l'instant, ils n'auraient aucune raison de le faire, qui savait de quoi l'avenir était fait...

Mais je n'étais pas maléfique pour autant, au contraire. Semer le bonheur et voir le sourire d'autrui me procurait un grand plaisir.

 

 

Un moment important durant ces trois année fut le jour où je commençai à user d'explosifs.

Ce fut une décision symbolique comme pratique.

D'abord, ma seule arme, à l'époque, était l'arc. Or, là où un magicien ou un nécromant peut lancer un sort de masse, et où un guerrier peut tuer des dizaines d'ennemies en peu de temps, que peut faire un rôdeur contre une masse importante d'adversaires? Aussi précis soit-il, une flèche ne peut faire qu'une victime, et sortir une flèche du carquois, l'encocher, bander l'arc, viser et lâcher la corde prendra toujours quelques secondes, quelle que soit l'expérience de l'archer. Aussi me fallait-il une arme permettant une destruction massive, ou, le corps-à-corps étant mortel pour un archer, de me permettre de prendre mes distances (bombes fumigène, aveuglante,...).

 

Et, symboliquement, ces explosifs symbolisaient ma liberté. C'était une bombe qui avait brisé la carrière et libéré nombre de personnes.

Elles étaient capables de briser toutes mes chaînes, et celles des autres.

Mais aussi...

 

De détruire ce qui était corrompu pour mieux bâtir après.

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