Lettre ouverte à toute la communauté de TdE

[kuchikucha]

Période Flamba, le 16[+104 AC]

Souvent, très souvent je m'étais retrouvé face à ce petit bout qu'est Eddy. Enfin petit bout, c'est vite dit, il manie parfaitement l'épée et encore plus la pioche.

Plus d'une fois... je dirais même un nombre incalculable de fois nous nous sommes retrouvés tous deux dans une même taverne. Plus d'une fois j'avais l'impression qu'il était seul, errant d'une taverne à l'autre, tel un orphelin sur les routes et chemins qui font de la région de Melrath Zorac un lieu agréable, splendide. Fussent-ils dépourvus du moindre monstre et je ne me serais pas inquiété outre mesure de ce petit combattant qui rêvait déjà d'honneur de gloire, d'aventure surtout, et bien sur de devenir l'un des plus grands chevaliers de son époque. Seulement, il n'avait pas uniquement à se méfier des monstres qui guêtent, attendent le passage d'un aventurier un peu moins farouches que les autres, mais également des autres aventuriers, certains motivés, excités, transcendés par l'odeur et la vue du sang.

Seulement, il parvenait toujours à garder le sourire et la bonne humeur et son arrivée au sein des Amis Elementaires à probablement été pour lui une grande nouveauté, une sorte de deuxième famille ou tout du moins un groupe d'amis qui lui sont chers.

Néanmoins, je me plaisais toujours à le regarder tournoyer autour des clients des différentes tavernes. Des clients, mais également des barmans. Ah ça, les barmans vont probablement se sentir tristes ( et pauvres) le jour ou il s'en ira pour les terres plus lointaines d'Iss Canak.

Certains l'aimaient bien d'ailleurs et le lui rendait. D'autres avait plutôt l'air de le regarder de haut, de ne voir en lui qu'un gamin qui ne sait ni d'où il vient ni où il va et à ne plus pouvoir le supporter dans leurs pattes. Mais c'est le devenir de tout aventurier non ? On ne peut pas se faireque des amis, ce serait bien trop simple.

Puis il sortait de la taverne. Et c'est là que j'ai compris : je m'inquiétais réellement pour ce môme, dégourdi, ça oui, mais je ne sais pas pourquoi, j'avais toujours peur qu'il ne parvienne pas à rentrer à la taverne. Plusieurs fois je l'ai suivi, de nuit, probablement sans qu'il ne s'en aperçoive, afin d'être sur qu'il ne lui arrive rien et qu'il puisse rentrer bien au chaud auprès de l'une des sœurs GerGer.

J'ai tout de même fini par aller lui adresser la parole, un soir à l'auberge du camp nomade, lieu tranquille et propice à de telles entrevues. C'est là que j'ai compris sa joie de vivre. En réalité, il a tout d'abord été troubadour et malgré son jeune âge a déjà été fiancé et père. Seulement, il fut victime d'une attaque de nuit, sa maison brûla et il ne fut pas en mesure de protéger sa famille. Depuis il se jure de garder le sourire et de l'apporter à tous ceux qu'il pourra rencontrer lors de ses aventures... tout en se jurant de se venger de ces êtres maléfiques qui un jour ont osé s'en prendre à son village.

Bien qu'il gardait un sourire de façade j'ai bien vite compris qu'il enfouissait en lui une peine d'une profondeur infinie. Je comprends cette peine, puisque moi non plus je ne pourrai jamais revoir le moindre membre de ma famille, restés il y a des années de cela en arrière sur les terres de Mirth, dans la cité de Kauldur. Cependant j'avais grandi et je m'étais forgé sur ces terres, celles de Melrath Zorac. Et pourtant, jamais depuis mon arrivée je n'avais ressenti un tel lien avec une personne. Des amis j'en avais, ça oui, toujours là pour moi et moi pour eux ; mais là c'était bien plus fort. Quelque chose de plus intime de plus secret nous unissait... Enfin l'espérais-je. La réciprocité ou non de ce sentiment m'était alors totalement inconnue et cela me tourmentais d'autant plus. Je ne voulais pas m'immiscer de force dans sa vie. Alors je restais en retrait, continuais de l'observer de loin de le voir tourner, chanter.

Seulement j'ai remarqué autre chose : son penchant pour l'alcool. Toujours jovial, il n'hésitait pas à s'offrir quelques verres dès son réveil et à en offrir à tous les valeureux aventuriers qui se trouvaient près de lui. Plusieurs fois nous avons partagé une chope. C'est bien agréable d'ailleurs. Mais il avait tendance à boire trop parfois et à se mettre à raconter n'importe quoi ; mais le principal problème provenait plutôt de son attitude dans ses cas là. Il perdait de son sourire enchanteur, il se mettait un peu plus à l'écart et on voyait ressurgir sur son visage des traits marqués... Ces traits que ceux qui de trop près ont côtoyé la mort portent sur leur visage. Et là encore je me sentais mal à l'aise. J'avais l'envie de le protéger et cest pourquoi souvent je lui offrait un chocolat plutôt qu'un verre de quelque alcool que ce soit.

Et le temps passait.

Nos discussions devenaient de plus en plus courantes, nos échanges autour d'un verre, enfin d'un chocolat , se multiplaient et pourtant mes sentiments ne changeaient pas.

Ce guerrier de nombreuses années mon cadet, bien que sa puissance physique soit plus importante que la mienne, retenait une grande partie de mon attention. Je voulais le savoir en forme, le savoir bien dans sa peau, près à venger sa famille tout en se protégeant de tout ce monde extérieur hostile qui à chaque instant pouvait surgir.

Le temps et la fatigue aidant j'ai fini par lui poser une question que moi-même je ne pensais pas poser un jour.

Accepterais-tu de devenir mon fils ?

Sur le coup, aucune réponse de sa part, il parti se coucher. Au matin il était déjà parti, probablement vers d'autres lieux, loin de moi sans n'avoir jamais à répondre à cette question...

Seulement voilà, quelle ne fut pas ma surprise lorsqu'au moment de payer la chambre, la gérante me remit une missive de sa part.

Quelques mots, rien de plus, mais qui pour moi signifiait le début d'une nouvelle vie : « Je suis à l'auberge de la mine. A ce soir Papa ». Elle n'était pas signée, mais ces quelques mots firent monter en moi une excitation sans précédent. Sans plus attendre je me suis rendu à cette auberge afin d'y serer mon fils dans les bras.

Il n'étais pourtant que midi mais il était déjà là, m'attendant probablement lui aussi.

C'est là que réellement cette adoption a eu lieu, tout du oins officieusement.

Depuis lors, je ne suis plus pour lui un « ami » mais bien un père... et il est bien mon fils. Jamais je ne le laisserai et il le savait. Il savait à quel point il pouvait me faire confiance et en retour j'étais fier de lui, fier de tous ses progrès et de tout ce qu'il pouvait apporter à ses Amis Elémentaires, seconde famille.

Voilà, je voulais par cette missive vous annoncer la nouvelle, l'adoption d'Eddy, guerrier d'Aqua par Kuchikucha, Necromant d'Aéris. Cette nouvelle est probablement inédite sur Melrath Zorac et je l'espère ne s'oppose à aucune loi en vigueur dans cette contrée !

Malheureusement il nous reste quelques charges administratives à faire pour officialiser tout cela, et là nous aurions besoin de l'aide des pouvoirs en place pour accomplir cela.

Merci pour toute l'aide que vous pourrez nous apporter dans l'établissement de ces démarches

Kuchi

Modifié (le) 20 août 2011 par kuchikucha