Le temps du repos

[yaninho]

Une prétendante, encore une. S'obstinant à prouver sa puissance aux yeux de terres emplit de sang et de haine, elle vivait. Mais le temps ne serait que son seul témoin, tel un sablier que l'on retourne pour la dernière fois. Le sable s'égraine peu à peu, laissant transparaitre un futur sans avenir, destiné à subir, et à souffrir, mettant de sa quête du pouvoir un bien lointain souvenir. Les cartes sont en ma possession. Le sait-elle ? Se rend t-elle compte de la menace qui assombrit le moindre de ses pas ? Que finisse son idylle.

Séduisante. Piquante certes, mais savoureuse au regard. Un léger ton venimeux, Elle vous touche en plein cœur d'un poison si délicieux. Que j'aime cette Mort.

Leur Mort.

Drôle de destin. Du sang sur mes mains. Enivrant, transportant, délicatement sculpté sur la roche de la caserne, pour une dernière danse, une valse en un temps, qui au premier faux pas, l'emmènera dans une douce chute.

« Ysande. Le glas de ta défaite se fait ressentir... Courage et folie seront tes derniers amis. La Mort te tend la main, à toi d'accepter son offre sans souffrir de ma propre haine ... »

L'heure de l'affrontement a sonné...

[Nerië]

Ce magicien aux allures sombres, elle en avait déjà entendu parler. Les ragots vont bon train dans cette contrée, autant sur les bons combattants que sur les nouveaux arrivants. Quelques lames connues et puissantes sont venues croiser le fer avec la sienne, juste un entraînement, seulement un jeu d'essais. Connaître son ennemie, savoir si on peut en faire son alliée.

Quelques fous avaient osé s'approcher trop près, frapper sans crier garde, en vain. L'heure de sa mort n'était pas encore venue. Elle avait survécu à une guerre civile là où elle se trouvait, il ne serait pas aisé de la mettre à mort ici. Ce serait une perte déplorable et malgré cela, ils osaient la défier.

Lui, il avait osé. Il s'était approché dans son arrogante fureur. Yaninho. Ses mots assassins assénés, la réponse de la guerrière entendue, il avait disparu. Étrange personnage.

[...]

La pénombre assombrissait le lieu de rencontre des deux protagonistes. Ysande n'était jamais venue ici, et quand elle arriva, il l'attendait déjà. Quel impatient !

La scène qu'il avait choisi possédait un certain charme, emplie de trous sur des allées plongeantes dans les marécages. Un faux pas et cela leur coûterait d'être enseveli. Un endroit peu commode pour combattre. Une zone à haut risque pour pimenter ce duel. Un lieu qu'il connaissait, ce qui lui donnait un avantage certain sur la guerrière. Elle se devrait d'être plus en alerte que son adversaire qui saurait où poser son pied ou ne pas le faire.

Face à face, ils se toisaient, attendant un geste, un signe qui marquerait le début de cette fin. Le temps s'étira tout de même, des minutes aux lenteurs agaçantes. Ysande n'avait pas encore dégainé, prête à le faire à l'instant où les hostilités se lanceraient. Où sa lame et la magie de Yaninho seraient deux messagers d'une mort certaine.

[yaninho]

Elle était là. Lame sciée et l'âme en tourmente. Un dernier pas en avant, pour s'imaginer dominante. Et mieux sombrer. Laissons lui l'honneur d'espérer. Un coup, faible, très faible, son bras vibrant, ma magie mettant à mal sa soif de conquête. Douce odeur de sa tragique perte. Quelques mots pour harmoniser une défaite annoncée.

« Vois tu ? Ta puissance n'est qu'un mirage, un futile bouclier laissant transparaître une folie qui te ronge. Faut il encore savoir la maîtriser. »

J'avançais vers ma proie, exténuée, suffocant de ses vaines tentatives, attendant ma bénédiction. Je prenais la peine de mettre à terme à son infime espoir, en laissant valser sa jolie épée aux teintes dorées, obscurcit de mon regard ténébreux l'ensorcelant.

« Écoutes et sens. La nature se tue au moindre de mes pas. Le vent monte, souffle et tourne une nouvelle page. J'aspire à écrire de ton sang la fin de ce roman. Il terminerait par un hommage. « Tu n'es mort que par toi même. »

[...]

« Savoures ces instants. Ce seront tes derniers souvenirs de notre rencontre. »

Un dernier sourire pour parfaire cette scène. Cachant mon visage derrière ma tunique, le plaisir de la voir périr se fit ressentir dans un dernier élan, fatal et précis, ne lui laissant aucune chance.

Ysande meurt à la suite de ce coup.

« Je t'offre une nouvelle vie. On se reverra, quoiqu'il arrive. »

Le sang longeant peu à peu le sol rendait ce final sinistre, noir mais tellement exaltant.

La Mort est mienne.