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Terre des Éléments

La fin du crépuscule


Exoriel
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Assise au sol, ma colonne durement appuyée contre l'angle du lit, face au psyché. Avec pour seule compagnie mon reflet qui ne m'offrait rien d'autre que la vision accablante que je lui donnais. Le corps endolori par le temps que je ne comptais plus. Je me souvenais vaguement avoir quitté mon bain au crépuscule. Et maintenant, voilà qu'un rayon de Lune frappait le miroir. Tard dans la nuit, peut-être tôt le matin.

Depuis qu'elle était partie, un vide s'était formé. Non. Creusé. Sa présence avait beau m'exaspérai, elle m'avait apportée un certain équilibre, précaire. L'afflux de nouveauté avait changé beaucoup de choses malgré tout, elle avait limité la casse. Elle savait, elle n'a rien dit. Parce que sa puissance fut sienne, un moment mienne, jamais elle ne m'appartiendrait totalement.

Au fond, elle était là. Je me sentais moins seule. Tellement paradoxale pour mon comportement solitaire. Je m'en remettrais ... Je m'en suis toujours remise ... A chaque départ. Chaque mort. Chaque trahison. Chaque abandon. Avancée ...

Pourquoi au final ? Toujours plus de souffrance, toujours plus envie de reculer. La douleur physique est lucratif, très même, autant sur soi que sur autrui, mais mental, je ne l'aime que sur les autres ... Se délecter de la souffrance des autres est un réel plaisir, mais sa propre douleur n'apporte rien d'autre que la douleur.

Voilà ce que reflétait le miroir. La réalité de mon âme. La tristesse de mon cœur. Tant d'amitiés perdus, d'amours bafoués ou devenus sourdes haines. Qui seront les prochains ? Parce qu'il y en a toujours des nouveaux. Lasse ... C'est cela. Fatiguée de voir le jaune se peindre sur leur visage. Qu'ai-je fait à Eolia pour que ses enfants déversent leur noirceur profonde sur mon cœur ? Cruel jeu du destin. Malgré que Vulfume et Posicilon eurent posé leur trace, ils furent plus clément.

Plus les jours filaient, plus je m'effritais. Malgré les apparences, malgré tous ses sourires de façades. Ainsi que tous les moments de plaisir qui ont occupé mon temps, mon esprit. Ma peine revenait toujours, trop forte. Sûrement était-ce ma faute. La peur d'être trop déçue. Le refus de trop s'ouvrir pour moins souffrir. Après tout, la seule chose que je cherchais, c'était une substitue qu'il ne m'apporterait jamais. J'en avais conscience et c'est pour chaque relation, quelle soit amicale ou amoureuse n'a fonctionné. Savoir mais vouloir de même. Désir vain de voir en toutes ses personnes ceux qui me furent fidèles mais qui sont tout de même partis ... Idiote.

Le Manoir était vide. Je leur avais demandé à tous, tout du moins ceux qui étaient encore là, de partir, de rejoindre un étendard plus vivant que cette bâtisse belle et bien morte. J'aurai pu les suivre, ils ont essayé et échoué. Parce que la force me manque, l'envie de me battre avec, celle d'avancer ... Mais surtout car les Étoiles ne me parlent pas, elles ne m'évoquent rien d'autre que leur beauté. Les idéaux de mes alliés ne sont que temporairement les miens et seulement sur quelques plans. Un simple Pacte de Non Agression. Rien de plus. Rien de moins qu'une entente cordiale entre nos deux factions. Une amitié avec certaines Étoiles. Beaucoup plus ...

Égoïstement, lors de sa fin, elle m'a leurrée, elle n'a pas respecté sa promesse. Ma demande d'oublier. Peut-être aurais-je accepté si j'avais vraiment oublié ses derniers mois, comme prévu. Mais il n'en fut rien et je me refusais à faire un effort pour partager le Domaine comme si nous étions des inconnus, comme si il n'y avait jamais rien eu. Faire semblant. Encore et toujours. Malgré notre dernière rencontre au combien tendre et agréable. Les autres ne le serait pas car ainsi c'était fini notre histoire. Une histoire qui aurait pu continuer, avec la même trame, bloquée et perdue dans cette éternité sans suite ... Plus la force de jouer, de me battre, avec lui, avec personne.

Et dans mon arrogante fierté, chaque pores de ma peau refusait d'à nouveau devenir soldate. Hautaine mais surtout maîtresse de moi-même et je ne refusais que cela change. Argument inavouable aux yeux de tous car il ne paraîtrait que prétexte pour abandonner.

L'abandon ... Je voulais abandonner. Tout laisser ici, partir, peut-être périr pour enfin trouver l'oubli.

Agacée. Épuisée. Je disparaissais.

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