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Terre des Éléments

Billie Jean


Aliena
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Préambule : Ce qui fut, n'est plus (ou l'art de renaître de ses cendres)

Quelque chose était allé de travers dans le processus. Une erreur de formule, un moment d'inattention... Un excès de confiance?

Je n'étais qu'une âme en peine, errant sur les terres dévastées de Melrath Zorac. Chaque geste quotidien m'était difficile et laborieux. Ma route était jalonnée de rencontres parfois amicales mais le plus souvent néfastes.

Résignée, abattue, j'avais interrogé ma déesse, mes compagnons sur le moyen de continuer à avancer. Des réponses diverses m'étaient parvenues, aucune ne me satisfaisait pleinement.

Dans la nuit de mon désespoir, j'avais cependant entrevu une lueur d'espoir : une voix douce et charmeuse m'avait soufflé que si ma condition ne me satisfaisait plus, je devais à tout prix rompre avec elle, je devais tout abandonner pour pouvoir recommencer.

Sous un nouveau nom, sous un nouveau dieu.

Bien sûr, ceux qui m'avaient accompagnés et aidés, resteraient éternellement dans mon cœur.

Ce plan n'avait pas de failles. Du moins le croyais-je bien naïvement.

Dans ma hâte, je m'étais trompée de formule magique. Une erreur que même un débutant ne pouvait commettre. Aveuglée par mon envie de devenir autre, je n'avais pas vu que la formule que je récitais, non seulement ne me permettrait pas de conserver mon apparence mais en plus effacerait complètement ma personnalité.

Quand mon corps mystérieusement se ratatina, je pris soudain conscience de mon erreur irrévocable. J'essayai alors désespérément de rassembler ce qui me restait de courage et de lucidité pour tenter de conserver un peu de moi.

Difficile aujourd'hui de décrire ma situation. Piégée dans le corps d'un être que je n'ai pas choisi de devenir, je me retrouve réduite à l'état de simple présence psychique dans un esprit qui n'a pas conscience de mon existence.

Je suis là mais il ne le sait pas.

Je parle mais il ne m'entend pas.

Je ressens mais il ne le sent pas.

Je ne suis pas triste pourtant. Chaque jour qui vient est un nouveau commencement, un nouvel amusement même.

Comme ce jour où ce petit être vert couvert de feuilles avait surgit de terre, juste à l'endroit où je me tenais plus tôt. Ouvrant ses grands yeux larmoyants à la lumière du monde neuf qui s'étendait à perte de vue devant lui, il avait sourit, ses joues avaient rosies.

J'étais parvenue à préserver une partie de moi. Sans qu'il puisse se l'expliquer, le petit être vert savait auprès de qui il pouvait trouver une main secourable et devant qui il devait fuir pour survivre. Les aventuriers que j'avais rencontré était mon bien le plus précieux, j'étais très fière d'avoir au moins pu sauvegarder leurs souvenirs.

Étrangement, une autre part de moi-même, que je qualifierais d'« infiniment subsidiaire », avait pris une place considérable, voire essentielle dans la vie du petit être vert : mon goût pour la musique et plus particulièrement, mon amour pour un roi d'autrefois, aujourd'hui disparu, qui faisait danser l'univers au son de sa musique rythmée.

Le petit être vert en était tellement imprégné, qu'il se donna pour nom le titre de l'une de ses chansons...

Amusant, ça oui, le petit être vert l'était! Surprenant, il l'était aussi : ses réactions m'étaient totalement imprévisibles.

Jusqu'à quel point ai-je une influence sur sa vie ? Bien des points communs pourront être relevés. Bien des comparaisons pourront être tracées. Il m'arrive d'essayer de l'orienter, de le guider dans ses choix. J'aime à croire que parfois, j'y parviens.

Le plus souvent cependant, c'est juste... N'importe quoi. Mais alors du GRAND N'IMPORTENAWAK.

Dans ces moments de totale impuissance, je n'ai d'autre option que de subir, en espérant que ça aille mieux, que ça lui passera... Ou pas.

Permettez, vous qui me lisez, vous qui m'entendez, que je vous raconte mon quotidien.

í€ travers les yeux de ce petit être vert qui aime parler de lui à la troisième personne, permettez que je vous narre les exploits (ou pas) de l'intrépide, de la facétieuse et, il faut bien l'avouer, de la fofolle Billie Jean, l'artishow de TDE.

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**********

L'artishow de TDE se gratta les feuilles d'un air absent. Il avait souvent l'impression que quelqu'un lui parlait dans sa petite tête. Enfin, quelqu'un d'autre que le King of the Pop, bien entendu.

Cela ne le dérangeait pas plus que ça. Il n'était plus à une voix près. On lui avait même dit une fois, qu'entendre des voix était signe de bonne santé mentale. Et même que certaines personnes « haut placées », avaient réalisé des miracles après avoir entendu des voix !!!

Tout content de s'être ainsi élevé au rang des faiseurs de miracles, l'artishow de TDE vaqua à ses occupations quotidiennes.

**********

Modifié (le) par Aliena
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CHAPITRE I : On a pas un métier facile de nos jours (ou l'art de respecter les consignes)

En bon nécromant, l'artishow de TDE s'était spécialisé dans la pourchasse des petits animaux pour leur faire la peau.

Étant lui-même une plante, l'artishow de TDE se voyait mal devenir récolteur ou bucheron. Ça faisait trop bobo à son cœur d'artishow de faire du fratricide à ses cousins plantes. Quant au cailloux, ils étaient trop durs pour que l'artishow puisse les casser. Ce qui prouve que ce n'est pas faute d'avoir essayé...

Restait donc le tannage des bêtes. Rien qu'à l'idée de les courser, l'artishow de TDE en était déjà ravi. D'autant qu'il y avait une forte demande, donc plein de sous à se faire en perspective.

On lui avait demandé une fois si ça ne lui faisait pas de la peine de mettre à mort des animaux si mignons.

Ce à quoi l'artishow de TDE avait répondu en roulant des yeux :

« Bah eh !!! Ils sont pit-être meugnons mais les rocchus aussi, hein! Et les aigles aussi et les rats aussi! Pourtant, Billie est bien obligée de les butager pour grandir, alors y a pas de différence avec les autres pitis zanimo !!! Pfffff! »

L'artishow de TDE avait une logique... Propre. On ne pouvait le nier.

ître tanneur impliquait un savoir-faire particulier. Délicatesse, doigté et persévérance étaient autant de qualités nécessaires pour devenir un tanneur professionnel.

Comment donc l'artishow de TDE, plus prompt à l'hystérie qu'à la patience, était-il parvenu à prospérer dans cette voie ???

Le secret de sa réussite surprenante, il faut bien le dire, résidait dans son expérience acquise lors de ses premiers dépeçages.

Ses débuts avaient été des plus laborieux. Des plus cauchemardesques en fait. Tout excité à l'idée d'attraper les bestioles, l'artishow de TDE préférait se jeter dessus à toute allure, les faisant fuir, plutôt que de trouver un moyen ingénieux de les capturer. Et quand, par chance, il arrivait à en avoir un, l'animal devenait charpie avant même qu'un bout de peau pusse être prélevé.

Pris de pitié, le maître tanneur, qui l'avait autorisé à pratiquer (et qui avait dû le regretter), lui avait alors donné le vade-mecum du bon tanneur. Voilà son contenu :

« Etape 1: Repérer la proie idéale.

Surtout viser des proies à sa mesure. Ni trop fortes, ni trop faibles, pour obtenir le meilleur cuir, la meilleure peau.

Etape 2: Installer le piège pour la capture et être patient.

Repérer le terrain est essentiel. Une fois le piège installé en toute discrétion, attendre tranquillement qu'il se referme sur la proie.

Etape 3: Une fois la bête saisie, la mettre à mort dans les règles de l'art.

Utiliser l'outil adéquat, c'est respecter sa proie et sa profession. »

L'artishow de TDE avait été très content d'avoir un papier utile sur lui. C'était pas tout le monde qui pouvait s'en vanter.

Sauf que l'artishow de TDE n'avait qu'une connaissance rudimentaire de l'écriture melrathienne. Seuls les symboles de son grimoire magique lui étaient compréhensibles. Et quand il réussissait à lire, il avait une façon bien spécifique d'interpréter ce qu'il lisait.

Mais comme il ne voulait pas vexer le maître tanneur qui s'était appliqué pour lui rédiger la notice, il s'était contenté de l'accepter avec un sourire... crispé.

Son apprentissage pouvait commencer...

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  • 2 weeks later...

I. 1. « Repérer la proie idéale »

L'artishow de TDE comprit qu'il lui fallait commencer par se choisir une proie. Plutôt évident. Pas de proie, pas de peau !

Là s'arrêtait cependant ce qu'il pouvait lire de la notice. Il avait bien essayé de déchiffrer la suite de l'étape 1 mais cela n'avait aucun sens. Des vis sur des poires, ni grosses, ni maigres et puis fallait cuire la peau pour la rendre meilleure, bref, sans doute une recette de cuisine pour accompagner la viande. Le maître tanneur dans sa prévenance, avait cru bien faire, croyant que l'artishow de TDE était carnivore. Seulement l'artishow de TDE ne buvait que du liquide pour maintenir le brillant de ses feuilles.

MZ regorgeait de petits animaux à la fourrure luxuriante. Pour son premier (vrai) tannage, l'artishow de TDE voulait absolument s'attaquer à une bébête qui ferait que tout le monde s'inclinerait devant ses talents.

Il se mit à parcourir les terres de MZ en long, en large et en travers. En ville, il découvrit des vers à soie qui pendouillaient le long des murs. Un coup de couteau et hop ! Dans l'escarcelle du tanneur ! Mais l'artishow de TDE ne voulait rien savoir.

« Trop piti! », faisait l'artishow en agitant ses feuilles.

Il prit ensuite la direction de l'est. L'artishow de TDE aimait bien ce coin frais et accueillant, où il pouvait patauger dans les eaux peu profondes et admirer les palmiers. Là-bas, des petits écureuils gambadaient tranquillement sur le sable fin. Un peu plus dur que les vers, certes, mais pas très compliqué non plus.

« Trop piti! », faisait l'artishow en agitant ses feuilles.

Il se dirigea vers le sud. En chemin, il croisa des poulets qui picoraient le sol. Sans doute cherchaient-il des graines à se mettre dans le bec. Un niveau au dessus des écureuils. Les déplumer ne devait pas être une partie de plaisir mais ce n'était pas infaisable.

« Trop piti! », faisait l'artishow en agitant ses feuilles.

Alors qu'il s'apprêtait à reprendre la route vers l'ouest, il remarqua une énorme masse sombre qui se dressait au sommet d'une crête rocheuse. L'artishow pensa tout d'abord qu'il s'agissait là d'un vulgaire caillou géant. Il n'y aurait pas prêté davantage attention si l'espèce de tas noir n'avait pas soudain remué. L'artishow de TDE ouvrit ses grands yeux larmoyants tout ronds.

« Mais qu'est-ce que c'est que ça ???? » fit-il fébrilement.

Il s'approcha prudemment. Quand il parvint à une distance raisonnable, il poussa une exclamation de surprise. Ce qu'il prenait pour un caillou était en réalité un monstre gigantesque à la peau noire toute dure comme de la pierre ! Il se mouvait lentement et projetait tout autour de lui des bris de roches.

« Oh quel beau premier tannage ça ferait si je pouvais avoir sa peau !!! » murmura l'artishow de TDE tout excité.

Se saisissant de son petit couteau, il vint en bondissant sur sa tige tout près du monstre. Ce dernier resta impassible. L'artishow tapa un coup en plein milieu de la masse informe. Aucune réaction du monstre. L'artishow de TDE, en revanche, se cassa le bras.

« Miiichaaaaannnt !!!! chouina-t-il en se frottant la paluche. Pourquoi que t'as la peau dure comme ça toi, hein ???!!! Billie va bouder... »

Tout occupé à se plaindre, l'artishow de TDE ne vit pas un homme au long manteau rouge s'approcher en contrebas.

« Euh, excusez-moi, l'interpella-t-il, interdit. Euh... Je peux savoir ce que vous fabriquez ??? »

L'artishow de TDE renifla bruyamment et se pencha en avant pour voir qui lui parlait.

« Ben, ça se voit pas ? J'effectue ma première mission de tannage !!! Hoqueta-t-il entre deux sanglots.

- Ah mais, c'est que ça va pas être possible, vous comprenez... fit l'homme en secouant la tête.

- Bah pourquoi ???

- La chose que vous tannez, là... C'est un golem de pierre.

- Et alors ??? C'est quoi le problème avec le moleg ??? Fit l'artishow en roulant des yeux.

- Ben il est là... Pour une quête. Pas pour être tanné, rétorqua l'homme un peu agacé.

- Gnein ???

- Bah oui ! Si vous commencez à tout mélanger, on va plus s'en sortir !!! Déjà qu'on s'y retrouve pas dans ce champ de monstres, si vous vous mettez à tanner ce qu'il faut occire, qu'est-ce que je vais raconter moi à ceux qui viendront me voir pour faire la quête ??? Y a un scénario à respecter, vous savez !!! Des marchands, une route bloquée, tout ça, tout ça... »

Tout penaud de s'être ainsi fait crié dessus par un inconnu, l'artishow de TDE retourna voir le maître tanneur, les mains vides, le bras toujours cassé.

« Je comprende pas ce que j'ai fait de mal, lui dit-il. Je suis sûre que j'aurai pu l'avoir, le moleg, si cet homme n'était pas venu me dérangeasser. Il a dit plein de bêtises en plus, sur un scénano, une quête... Il s'est cru dans un film, pit-être...

Allons, allons, fit le maître tanneur pour le réconforter. C'est parce qu'il te faut choisir une bonne VRAIE proie. Tu n'as pas lu le petit mot que je t'ai écrit ? Il s'agit de... Mais... Mais où cours-tu donc encore ??? »

L'artishow de TDE n'écoutait plus le maître tanneur. Ça lui arrivait souvent de partir comme ça, en plein milieu d'une conversation. Là c'était pour la bonne cause n'empêche : il avait repéré sa prochaine cible.

Au loin, deux dragons majestueux virevoltaient dans le ciel bleu de MZ...

***********

43 congélations et 52 carbonisations plus tard, l'artishow de TDE (ou ce qu'il en restait), armé de son fidèle couteau, décida d'aller cueillir les vers à soie qui pendouillaient toujours aux murs de la ville de MZ.

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  • 1 month later...

I. 2. « Installer le piège pour la capture et être patient »

L'artishow de TDE avait acquis une certaine expérience dans le domaine du tannage. En même temps, n'importe qui ayant tanné un millier de vers à soie comme lui pouvait s'en vanter. Il fallait désormais s'attaquer à des bestioles de taille bien plus conséquente. Comme les chevreaux par exemple.

Avec son copain de chez les NOUS, le vaillant Hugues et sa cape flottant dans le vent, l'artishow de TDE allait parfois observer ces bestioles gambader sous les palmiers. Pendant que le guerrier vert-vert travaillait les saphirs avec conviction, l'artishow de TDE rêvait à un moyen infaillible de capturer les bébés chèvres.

Car des chevreaux, c'était pas comme les vers immobiles ou les petits écureuils qu'on attrapait en une poignée de mains. Les chevreaux étaient très rapides du haut de leurs pattes ! Ce jour-là, il se souvint qu'il avait toujours la notice du maître tanneur sur lui. Heureusement !!! Il la déplia avec précaution et tenta de lire son contenu s'agissant de la deuxième étape pour devenir un bon tanneur.

« Repérer le terran à l'est, sous le ciel. Une fois la pièce installée dans la sécrétion tendre, tranquillement refermer la poire. »

L'artishow de TDE hocha la tête d'un air entendu. La suite de la recette de cuisine. Quel gentil maître tanneur ! Mais l'artishow de TDE avait un régime alimentaire strict qui n'incluait pas les aliments solides. Il se concentra alors sur la première partie de l'étape. Trouver le terran !

Après un petit signe de la main à Hugues toujours occupé à tailler les pierres, l'artishow pris la direction du levant avec entrain. Il aperçut bientôt un homme au crâne chauve qui barbotait dans les eaux peu profondes de l'est de la ville. L'artishow s'approcha de lui.

« Bijour Môsieur ! Fit l'artishow de TDE amicalement. Savez-vous comment que j'attrape des chevreaux? »

L'homme regarda l'artishow d'un œil morne.

« J'en sais rien, dit-il d'un air désabusé. Moi, ce qui m'intéresse, c'est les lézards, les petits lézards de Terra...

- Ah ? Fit l'artishow de TDE, intéressé. Les lézards, ça ressemble vaguement à des chevreaux hein... Et comment que vous faîtes pour les attraper, vos lézards ?

- Roh si je le savais, je ne serai pas là, répondit tristement l'homme chauve. Il paraît qu'il faut les appâter... Avec des insectes, sans doute... J'en sais rien moi... »

L'atishow de TDE pris une grande inspiration, émerveillé. Ce terran en savait des choses !!! Des choses profondes, intelligentes, très claires comme de l'eau de roche ! Il avait la réponse à sa question : il avait besoin d'insectes pour capturer les petits chevreaux !!! Il reparti aussitôt dans l'autre sens. Croisant des moustiques géants en chemin, il fonça dessus et se mit alors à en assommer quelques uns à l'aide de son grimoire.

Oui, l'artishow de TDE aimait se servir de son livre de sorts comme gourdin...

Il en attrapa ensuite deux pas trop abîmés, rangea son grimoire et bondit vers les chevreaux, un moustique dans chaque main.

« Youhooooouuuu les piti chevreaux !!! Regardez quoi que j'ai lààààààà !!!! C'est tout pour vous !!!! Viendez voir Billiiiiiiiie !!! » se mit-il à hurler en agitant les moustiques.

Trois chevreaux au pelage blanc, qui broutaient paisiblement sous les palmiers, levèrent la tête en entendant le brouhaha.

D'un seul coup, leur tranquillité apparente s'évanouit. Leurs échines reposées frissonnèrent, leurs regards vitreux dardèrent l'artishow de TDE avec acuité tandis que leurs pattes esquissèrent un mouvement de recul.

« N'ayez pô peur de Billie, quoi ! Fit-il doucement aux chevreaux. Billie est toute gentille, Billie veut juste vous éplucher, c'est pas très grave ! Venez, venez mes amis, admirer mes insectes... »

L'artishow de TDE constata à sa grande satisfaction que ses paroles semblaient avoir apaisés les bébés chèvres. Ils restaient cependant sur leurs positions, sans bouger, attentifs.

« Allez quoi! Souffla-t-il, plus doucement encore. Je ne vous veux QUE du bien... Mes mouchtiques sont siiii jolis.... »

Cette fois, les chevreaux acceptèrent de s'approcher de lui. Toujours en alerte, ils se mirent à le renifler consciencieusement.

« Héhéhé, ça chatouille ! » rigola l'artishow en repoussant un chevreau trop affectueux qui lui léchait le visage.

Puis le deuxième chevreau lui lécha aussi le visage. Puis le troisième. Puis le premier revint à la charge. Puis le deuxième recommença. Puis le troisième se montra soudainement encore plus affectueux : il saisit une des feuilles de l'artishow entre ses dents. Puis le second chevreau l'imita. Puis le premier fit de même.

« C'est bizarre, pensa l'artishow de TDE tiraillé dans tous les sens. Qu'est-ce qu'elles ont ces bêtes à triturer les feuilles à Billie ? Pourquoi qu'elles ont l'air de totalement se moquer des mouchtiques ? Pourquoi qu'elles ont l'air de vouloir MANGER Billie ??? »

Alors que l'artishow de TDE regardait sans comprendre, hébété, la bouche grande ouverte, les trois chevreaux lui tirer de plus en en plus fort ses tendres feuilles, une grosse main l'agrippa fermement par le haut et le souleva de terre, repoussant ainsi les bébés chèvres.

Toujours ahuri, l'artishow de TDE vit que c'était son copain Hugues qui l'avait arraché aux chevreaux. En poussant un petit soupir, ce dernier posa doucement l'artishow de TDE sur le petit tas de saphirs qu'il venait de récolter et entreprit de donner une bonne correction aux chevreaux.

***********

« Je comprende pas tout ce qui s'est passé, raconta plus tard l'artishow de TDE au maître tanneur. Au final, j'ai bien pu tanner ces chevreaux, c'est le principal... Heureusement que Vert-vert à la Cape était là pour aider Billie ! »

Les yeux rêveurs, le maître tanneur songea aux lapins. Aux veaux. Aux porcs. Il songea aux bœufs. Aux moutons. Aux vaches. Il songea à tous les herbivores de TDE qu'il était possible de tanner et fixa le petit artishow de TDE

« Tu devrais demander à ton ami de revenir t'aider pour les prochains tannages.

- Ah bon ? Fit l'artishow de TDE en roulant des yeux. Ben pokeuwa ça?

- Non, comme ça... »

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  • 1 month later...

I. 3. « Une fois la bête saisie, la mettre à mort dans les règles de l'art. »

L'artishow de TDE était plutôt fier de lui. Il était plutôt pas mal pour un tanneur. L'artishow parvenait à présent à capturer les bêtes les plus coriaces de MZ. Les écureuils des collines lui donnaient parfois du fil à retordre mais de façon générale, il s'en sortait pas trop mal.

Un seul point restait à perfectionner, en réalité.

Ce jour-là, en regardant la carcasse fumante du veau étalé devant lui, l'artishow de TDE se dit que ce perfectionnement devenait urgent. Il fit une grimace.

Bien qu'il mît à mort sans état d'âme les petits animaux, l'artishow de TDE éprouvait encore les pires difficultés à prélever de belles pièces de peaux. Était-ce parce que son cœur d'artishow avait du mal à supporter la vue de la chair fraîche ? Ou alors était-ce parce que la bête était beaucoup trop abîmée pour que quiconque puisse faire quoi que ce soit avec ???

Toujours était-il qu'il se félicita une fois de plus d'avoir gardé le vade-mecum du maître tanneur sur lui. Le dépliant avec soin en tirant la langue, l'artishow de TDE lut à voix haute la suite et fin des enseignements du maître :

«Huiler le pli en quatre, c'est respecter la poire et le profision. »

Le maître tanneur devait sacrément aimer manger des poires pour refiler ses recettes de cuisine avec autant de précision, pensa l'artishow de TDE en agitant ses feuilles.

Une expression avait cependant retenu son attention : « respecter le profision ».

L'artishow de TDE se rappelait avoir eu affaire à un bonhomme qui répondait à ce nom, sur Terra. Un grand homme hirsute, aux cheveux roux, qui lançait des défis à tous les aventuriers qu'il croisait. Cela se résumait simplement à nettoyer une cave remplie de crasse. Rien de bien compliqué. L'artishow de TDE se rappelait aussi avoir été particulièrement brillant. Dans tous les sens du terme.

Plein d'entrain, l'artishow de TDE prit la direction de la ville de MZ, persuadé que ce fameux Profision détenait la clef de sa réussite. Dans le quartier nord, se dressait une vieille bâtisse, un peu défraîchie qu'on lui avait indiqué comme sa demeure.

Il pénétra à l'intérieur et reconnut de suite celui qu'il cherchait dans un coin de la pièce, grâce à sa grande tignasse écarlate.

« Oh ! Un visiteur ! C'est tellement rare ces temps-ci, s'exclama Profision tout excité en accourant vers l'artishow. Tu es venu pour un défi, hein, hein, dis, dis ???

- Euh... fit l'artishow perplexe. Nan en fait, Billie est venue te demander si tu savais quoi que faut faire pour bien dépecer les bébêtes...

- Hein ? »

Profision regarda l'artishow d'un air interdit quelques instants. Puis comme si la lumière s'était fait dans son esprit, il poussa un petit cri, ravi, en se frappant les mains :

« Oh, mais bien sûr, je comprends tout à fait ce que tu veux dire !

- Euh... T'es sûr d'avoir comprité ? Demanda l'artishow de TDE que cette soudaine explosion ne rassurait pas du tout.

- Mais oui, mais oui !!! Ne t'en fais pas ! J'ai la solution à ton souci ! Tu veux t'améliorer dans l'étude des ossements ! Pour ça, rien de tel qu'un bon défi ! T'as sonné à la bonne porte !!! »

L'artishow de TDE voulut dire à Profision qu'il n'avait pas eu besoin de sonner à la porte mais il n'en eut pas le temps. Avec une force inattendue, Profision empoigna l'artishow de TDE, ouvrit une trappe que l'artishow n'avait pas remarqué et le balança dans le trou béant.

« AAAAAAAAAAAAAAHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! »

Ce qui suivit était digne du plus terrifiant des cauchemars. Après le premier moment de panique, l'artishow de TDE vit qu'il était dans une cave humide, noire, sur un plateau rocailleux suspendu dans le vide et que des morts-vivants squelettiques se dressaient un peu partout autour de lui. Il aperçut des piliers de téléportation disséminés ici et là, et crut naïvement qu'ils l'amèneraient à la sortie. Au lieu de cela, il fut trimbalé à droite, à gauche, en haut, en bas, chaque nouveau déplacement faisant apparaître un nouveau mort-vivant.

Quand il se résolut à les combattre au lieu de les fuir, il se rendit compte qu'il n'était pas équipé de son grimoire rose mais bien de son outil de tanneur. Le temps de faire le changement, il s'était pris quelques bonnes raclées.

Les yeux embués de larmes, il finit par revenir auprès de Profision, complètement traumatisé.

« Alors, comment c'était ??? fit l'homme aux cheveux roux en accueillant l'artishow tremblotant. C'était troooop bien, hein ? C'était l'éclate, hein ? Je suis sûr que t'en veux encore !!! Attends, je t'ai gardé le meilleur pour la fin !!!! »

Avant même que l'artishow ait put protester, il fut à nouveau balancé dans la cave noire.

« NAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAANNNNNNNNNNNNNNNNNNN!!!!!!!!! »

Le calvaire recommença de plus belle. Affolé, l'artishow de TDE se retrouva cette fois face à des morts-vivants, bien plus féroces qu'avant et il devait se déplacer le long de corniches escarpées. Armé de son fidèle grimoire rose, il était prêt pour combattre.

Seulement, il se heurta à un obstacle imprévu et de taille : pour rejoindre la sortie, l'artishow de TDE réalisa au bout d'un moment, qu'il lui fallait suivre des instructions bien précises, affichées sur des pancartes.

Des instructions écrites... que bien entendu, il ne savait pas lire.

***********

« C'était comme un bybyrinthe sans fin, raconta-t-il plus tard au maître tanneur. J'essayais de trouvasser la sortie mais je reviendais tijours sur mes pas. Fallait lire des trucs mais Billie pigeais rien... Ça parlait de celui qui se met debout, celui qui se couche, de l'autre qui dodo pas...

- Allons, allons, fit le maître tanneur en levant les yeux au ciel. Tu t'en es quand même bien sortie, non ? Tout ça est derrière toi maintenant. Tâches de bien continuer à suivre mes consignes et tout ira très bien. »

Sur ces paroles, le maître tanneur s'en alla en trottinant, inspecter les récoltes d'un jeune nécromant.

Resté seul, l'artishow repensa à ces fameuses consignes. Il avait dû dans un premier temps trouver une cible convenable, il en était revenu cramé par des dragons. Il avait dû ensuite chercher un appât, ce fut lui l'appât. Il avait dû enfin apprendre à bien manier son outil, il fût obligé de se servir de son grimoire pour survivre.

í€ l'abri des regards, l'artishow de TDE laissa doucement glisser la notice du maître tanneur à terre et, sans plus se soucier de rien, il s'en alla gaiement, en sautant sur sa tige, en roulant des yeux, en agitant les bras, à la recherche de celui qui lui apprendrait à tricoter.

Attention, à BIEN tricoter.

FIN DU CHAPITRE 1

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