Sapere Aude

[Exoriel]

Le soleil cédait progressivement sa place à une nuit qui s'annonçait calme et belle, le ciel se teintait d'étoiles peu à peu. A l'horizon, au centre de la forêt, on pouvait distinguer une petite lueur, c'était un feu au centre d'une jolie clairière, un calme paisible emplissait le lieu, la faune et la flore semblait en parfaite harmonie.

Auprès du feu se tenait une personne couverte d'un vêtement sombre et sobre qui la couvrait de la tête au pied, son visage n'était qu'ombre derrière cet habit mais sa fine silhouette laissait paraitre des courbes féminines. Elle se tenait là, immobile, attendant sans doute quelque chose ou quelqu'un mais qui ne semblait pas arriver. Après quelques instants, le silence se rompit, de la bouche de la femme encapuchonnée se déversèrent des mots dans un langage ancien, elle semblait réciter un sortilège. La clairière se chargea progressivement d'une aura magique puis se dissipa brusquement. Le sortilège aurait pu paraître un échec total si autour du feu ne se tenait désormais non plus une mais six silhouettes. Ses acolytes l'avaient enfin rejoint dans ce lieu isolé pour effectuer leur colloque nocturne.

La femme accueillit ses compagnons d'un léger geste de la tête et ces derniers répondirent conjointement de la même manière. Parmi cette assemblée mystérieuse se distinguaient des silhouettes fines et élancées à l'image de l'instigatrice tandis que les autres arboraient des musculatures massives et puissantes qui auraient fait pâlir plus d'un brave guerrier. Malgré des traits physiques très différents, ils étaient réunis en cette nuit lumineuse et la tension était palpable.

Le plus massif prit soudain la parole et expliqua de manière assez brute qu'il fallait réagir, cesser de les suivre, cesser d'obéir et même les combattre. Tous savaient de qui il parlait et à la dernière affirmation, le plus petit des six laissa transparaitre de la surprise mêlé d'un soupçon de peur. Un autre prit la parole, enfin..., une autre car les premiers mots qu'elle prononça laissa filer une voix féminine et charmante. Celle-ci se contrasta fortement par ses propos qui étaient particulièrement dur mais que l'on sentait empli de sagesse. Elle détailla un portrait assez malfaisant de ce qui semblait être l'autorité mais aucun ne parut s'offusquer d'un tel dialogue.

La conversation se poursuivit dans la nuit pendant deux heures avant de manifester un accord commun. Cela avait été long, ils semblaient harassés, à plusieurs reprises le dialogue s'était emballé et avait failli chavirer dans une cacophonie totale mais tous les différents avaient fini par être mis de côté pour avancer vers cet avenir commun qu'ils savaient rempli de doute et de dangers.

Le silence était à nouveau avant qu'une chouette hulule, ce qui en fit sourire plus d'un. Ils levèrent alors leurs bras vers le ciel et clamèrent conjointement une phrase dans une langue ancienne avant de se disperser aussi soudainement qu'ils étaient apparus. La phrase raisonna quelques instants dans la clairière désormais déserte. "Sapere aude!", c'était bel et bien ce qu'ils avaient dit. "Aie le courage de te servir de ton propre entendement!". On pouvait sentir tout le poids de ces simples mots et seulement imaginer ceux qu'ils signifiaient réellement mais avec certitude... les choses allaient changer...