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Terre des Éléments

En Souvenir ...


Ignis
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Comme à mon habitude, j'attends que lentement la nuit s'impose, il fait frais pour la saison, la pluie ne va point tarder à tomber. Je jette un œil par le carreau avant de boucler ma malle. Je la fait sortir ensuite pour que celle-ci m'attende bien sagement à l'extérieur. C'est l'esprit en quête d'évasion que je fais le tour de ma demeure. Le feu qui d'ordinaire crépite est éteint. J'entrouvre la fenêtre côté nord pour y faire descendre les contrevents, je fais de même avec les deux autres faîtières. Bouclé. Le campement est bien silencieux, aucun bruit ne parvient à s'imposer jusqu'à mes oreilles. Un sourire imperceptible s'empare éphémèrement de ma bouche.

Il est temps de changer ...

Il fut un temps au même crépuscule, à quelques mètres de là, quelques âtres éclairaient le ciel, la musique se déversait aux même rythme que l'hydromel, ou que de la bière naine dans le gosier d'Ombre. Il fut un temps ou chaque jour était prétexte de festoyée, qu'il pleuve, ou qu'il fasse chaud comme le centre de l'Enfer. Je m'y résous point, ce temps n'est guère révolu, cependant, bien des choses se métamorphose sans que l'ont puisse faire quoi que se soi. Est-ce donc dû au silence bien trop présent ? Est-ce donc dû au Labeur devenu bien plus pénible qu'il y a un temps ? Non Je n'ose y croire.

Avant que la nostalgie ne me prenne pour de bon, je vais vérifier mon étagère. Tout y est soigneusement bien rangé. Mes philtres, mon crâne, mes ingrédients, mes grimoires ... Tout est parfaitement bien disposé. Un soupir s'évade de ma bouche, puis dans la même foulée je hoche la tête une poignée de secondes..

Ca va être bien dur ...

Il ne faut point cependant que j'oublie de me munir de ce grimoire là !

Chose faite, je suis prête à partir ! Je me dirige alors vers la porte, j'hésite quelques secondes avant de poser ma main sur la poignée. Je ne peu guère plus reculer à présent... Alors avec un élan de volonté je passe le seuil de mon logis, puis avec assurance ferme la porte. Dans ma besace, il y a la clé je me laisse un très court temps de réflexion, et fini par la sortir. Rien, ni personne pour me barrer la route. Cette fois, j'y ai droit.

Qu'ils ne viennent guère contre vent et marée pour m'en dissuader. Et puis ...

C'est là qu'un tout autre sourire se dessine sur mes lèvres ... J'insère la clé dans la serrure, puis je clos la voie. Vide, et sans personne.

J'ai préparé pour l'occasion un bel étalon couleur de jais, de bonne consistance pour traîner le petit chariot ou je vais entreposer la malle jusqu'à ma prochaine destination. Sans bruit je prends la direction de l'écurie pour aller chercher mon fidèle destrier. Je n'aurai que lui pour les prochaines lunes ... Un faible hennissement pour m'accueillir il sent que l'ont va prendre la route. Tout deux sommes parés.

Je le fais sortir de ses quartiers, puis l'amène devant ma chaumine. Je jette un regard furtif aux alentours, il ne faut surtout pas que je fasse de bruit. J'y attèle le chariot, invoque la source pour installer mon coffre à l'intérieur du chariot. Tout est prêt.

Toujours rien au sein de notre campement, encore et toujours ce lourd silence. C'est de bon Augure, il ne faut guère que je m'attarde. Ni une, ni deux, je monte sur la selle, prends les rênes en main, puis d'un mouvement brusque je fais raisonner les brides ....

La lune se dévoile laissant passer quelque maigres nuages sombres qui ne s'éternisent guère. La pluie viendra, mais devant moi j'ai encore deux bonnes heures. Je repense à l'autre nuit, je ressasse l'étrange intuition.

Que les Etoiles m'en soient témoins, sur le chemin quelque chose surgira.

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  • 4 weeks later...

La pluie ne cesse de s'abattre sur cette terre battue par l'ardeur des ruissellements incessants. Au devant une vue brouillée par d'innombrables gouttes se déchainant avec parcimonie sur mon visage à présent dégoulinant de larmes de ciel. Tout est sombre et sans le moindre souffle de vie. J'arrive à peine à entendre le cri des Morts tombé à trépas il n'y a de cela que très peu de temps. Même les chouettes semblent prises d'un sommeil bien trop profond en cette nuit qui s'avance. Une atmosphère pesante provient de ce lieu.

Je halte le faible galop de mon Destrier, jusqu'à ce que celui "“ci s'arrête complètement. J'ai peine à distinguer quoi que se soi avec cette pluie qui n'en finit plus. Les arbres sèment également le trouble au vue de leur grandeur, et de leurs feuilles abondante, Ils ne laissent rien filtrer.. Je décide alors de descendre de ma monture afin de continuer à pieds, accompagnée de mon cheval ébène.

C'est tout de même avec prudence que je calcul mes pas. Je tient fermement la bride de mon cheval, il est nerveux et semble gentiment se perdre dans sa florissante angoisse qui ne va que s'accroître à mesure que j'avance droit devant. Je ne peux me permettre de le perdre. Alors, d'un souffle sur son museau, je lui insuffle la mort, cette fausse, mort, celle qui ne dure que l'espace d'un temps. Il perd sa conscience, et ainsi le vide, ce même vide qu'ici l'habite. J'enferme précieusement son essence dans un récipient de cristal, puis le glisse gentiment dans ma besace.

Enfin, je sors de l'épaisse forêt mon cheval sur mes talons, il a le regard vide et glacé. Il balance sa tête nonchalamment, et seul ses deux minuscule pupille rouge écarlate perce l'obscurité dans laquelle nous sommes embourbés. Il pleut toujours, et aucune lueur n'émane d'une quelconque bourgade au loin. Pourtant j'ai la sensation qu'il y a bel et bien un hameau dispersé dans le brouillard qui commence à foisonner tout autour de nous. Je continue à marcher encore ...

Et là, j'aperçois une torche, même plusieurs formant un pentacle de feu plantée au seuil de la base d'un arbre. On y devine en son centre, également, une espèce de flèche indiquant le Nord. Je contemple le méticuleux espace gardé entre les points cardinaux. Tout est si bien proportionné.

Un sourire se dessine sur mes lèvres, dès lors, je sais quel chemin il faut que j'emprunte. Je me glisse ainsi, entre les troncs coupés pendant quelques minutes. Ce qu'il y a d'intense, est tout simplement de prendre une direction, en ayant pour seul point de repère quelques abscisses lumineux qui transperce l'épaisse brume sans savoir réellement ce qu'il y a de l'autre côté. Ma Monture me suis inlassablement, il ne redeviendra lui-même que lorsque nous aurons quitté cet endroit. Nous avons encore beaucoup de route à faire, mais ici, là, ou une chaumière, puis une autre sort de la transparence, nous nous arrêterons jusqu'au prochain crépuscule.

Ici, c'est comme si le jour ne pouvait jamais se lever abandonnant la partie avec le gouffre de ténèbres que rien n'importune. Ici, c'est comme le reflet d'un autre monde celui qui pourtant de l'autre côté vit et résonne en même temps que jours et nuits se succèdent.

Ici même arrivera ce qui doit arriver.

Tout d'abord, avant de pénétrer à l'intérieur de la chaumine au toit de tuile opaque, je arrête vers la seconde demeure fait de toit de paille. J'y attache alors mon étalon, il rumine faiblement, il n'a besoins d'aucune nourriture, d'aucun baquet d'eau. Il va juste patienter là en accord avec son corps abandonné de toutes nécessités que je finisse là-bas. Ce ne sera guère bien long, à moins que ... Je le regarde une dernière fois, puis soupire doucement.

« A bientôt Compagnon ... »

Je détourne les talons, laisse quelques empreintes sur cette terre boueuse, la pluie veille toujours, un vent violent qui ne décolèrera point se lève.

Je pousse la porte de l'autre gîte ...

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  • 3 months later...

Seul le grincement de la porte témoigne de ma présence, dans l'obscurité sans fin, une bougie illumine le visage de celui qui m'attend. Il est impassible, et ne déroge en rien à ses propres ténèbres, bien plus pesante que la noirceur dans sa pure forme. Son visage me plaît, il a choisi de me montrer ce que j'ai envie de voir. Il ne me doit rien et pourtant, fait tout pour me paraître dans ses plus beaux atours. Il sait comment me faire faiblir, mais n'en profitera point.

Dans mon regard se lit l'impatience, cela le fait sourire. Si j'ai fais tout ce chemin, ce n'est guère que pour profiter de l'exquise vue qui s'offre à moi. Dans son visage se mêlent à présent, les différentes expressions de ceux qui ont disparus. Tous, autant qu'ils eussent été.

C'est étrange parce que ceci ne devrait m'atteindre, malgré tout, je ressens le danger. Non point pour l'âme noire que je suis, ni, pour ceux qui sont mon opposé. C'est autre chose qui pèse sur nos têtes, telle une épée de Damoclès prête à s'abattre comme un couperet infernal incapable de restreindre sa fougue. J'en devine le sens, et la fatalité.

D'un geste leste, il me désigne la chaise qui lui fait face. Point de doutes, et pourtant je n'ai guère envie de m'asseoir, probablement, parce que finalement, tout ce qui pourrait être dit ne dois en rien me concerner, n'ais-je guère eu envie de me retirer ? Et ce bien plus d'une fois ? Et si cette-fois justement, je ne ferais point les pas en arrière ? Ce qu'il va me dévoiler sera fatidique, d'une manière ou d'une autre alors ? ...

Probablement à contre "“cœur , je m'avance lentement, et je prends place. Lui qui me connaît si bien, me sers un verre dont le contenu ne me laisse point indifférente. Je m'en saisi, avant d'en vider la totalité.

Je romps aux traditions, et c'est moi qui vais commencer à parler.

« Pourquoi m'as-tu fais venir mon ami ? Ce que tu veux que je discerne en buvant tes paroles, je le sais déjà. Est-donc si grave que cela ? Je les ai vus trépasser, je les ai vus disparaître sans qu'ils ne laissent la moindre trace. Comme si tout ceci n'avait jamais existé. Ici dans ton monde aussi éphémère peut-il être, tu y vois le futur. Alors ? Que dois-tu m'apprendre ? Le vent du Nord parle également ... Tu as quelque longueurs de retard Haraad ! Je ne suis plus celle que tu as connu il y a de cela si longtemps que je ne peux même plus compter les lunes pleines qui ont défilé dès lors. Pourquoi aujourd'hui ? »

Il est vrai, lorsqu'il m'a façonné, bien des choses se sont passées, tout ce qui le concerne, devrait correspondre à la souffrance, à la haine, à la vengeance, aux vils supplices, mais il n'en est rien. Il à parfaitement réalisé son labeur, bien qu'il n'a su allé jusqu'au bout. Il n'a point voulu me faire gouter la mort de sa main. Je sais qu'il ne peut le regretter. Et c'est trop tard, il à desceller malgré lui les liens qui m'enchainaient à sa chair.

« Je sais Ignis, Je sais, j'aurais du te tuer quand j'en avais l'occasion. Ma faiblesse à ce moment là, ne m'a pas permis de la faire. Tu as su jouer de ta personne pour me déstabiliser, et je ne peux que reconnaître là le travail bien achevé. Et si en cette nuit les rôles s'inversaient ? Pourtant ... Il n'est pas tant. Je voulais te voir c'est tout. Et être sûr que tu as bien compris le message. »

Lui à quelque peu changé, qu'y a-t-il eu pour qu'il en soi ainsi ? Je reste partagée entre l'envie de rester à ses côtés encore quelques minutes, et celle de me lever et partir aussi loin qu'il m'est possible de le fuir, non parce que je le crains, mais plutôt pour finir par le percer une bonne fois pour toute, en le laissant sur ses interrogations. Parce que si je venais à le faire alors, il se montrera sous son vrai visage. Celui qui à toujours su me faire prendre une docile position, jusqu'au légendaire crépuscule.

Il sera toujours plongé dans mes songes, et peut-être que si je parviens à faire sauter cet ultime attache, alors, je pourrai enfin m'imposer dans ses propres pensées. Qu'il ressente cette étrange transe le gagner quand la vision s'approche. Je chasse ces évoquées en secouant la tête subrepticement avant de lui répondre.

« Si tu voulais me parler de l'équilibre, alors oui, J'ai su reconnaître le péril. Je sais bien ou tu veux en venir. Inutile de me le rappeler. Et sais-tu ce qu'il va se passer ? Oui, bien entendu tu le sais. Et certainement que tu demanderas à nouveau à ce que je vienne te rejoindre.... En souvenir n'est-ce point ? .... »

Avant même que je ne termine ma phrase Haraad se lève, me laissant distinguer son si ténébreux visage quand il à se sourire mesquin. Il a de quoi encore me perturber. Et il est probable qu'il se serve de ceci pour me retenir....

Le temps présentement m'est compté ...

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