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Terre des Éléments

Condiment


Guest Nadhir
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Guest Nadhir

D'où me sont revenues ces senteurs, certaines douceureuses, d'autres acres, toutes lancinantes, qui ont empli ma jeunesse, alors que ma grand mère s'occupait de moi?

Enfin, grand mère, c'est comme ça que je l'ai toujours appelée, comme ça que d'autres l'appelaient aussi, sans pour autant être mes cousins.

Une petite bonne femme, encore bien gaillarde, la langue plus rapide qu'une vipère, presque aveugle, mais la plus redoutée du campement de fortune que nous habitions alors. Redoutée, sans pourtant être méchante, sans pourtant avoir le nom de sorcière, mais en en ayant la réputation.

C'est elle qui passait des heures devant un petit chaudron, toujours sur feu doux, laissant mijoter ce dont je ne pouvais à l'époque que sentir les effluves. Et voir l'ajout minutieux des ingrédient, en entendant les litanies de recettes, susurrées comme une prière en égrainant un chapelet.

A l'époque, ces potions ne m'intéressaient guère, mes passe-temps étaient tout autre.

Mais, malgré moi, comme on apprend sa langue maternelle en écoutant ses parents parler, j'ai appris des recettes, des façons de faire, un bout d'hermésisme, en voyant ma grand mère faire.

Et puis j'ai oublié.

Complètement.

Totalement.

Essayez d'apprendre une langue, et de ne pas la parler pendant plusieurs décennies, ça fera la même chose.

Mais...

La mémoire est chose étrange.

Loin d'être une bibliothèque bien rangée, avec un registre scrupuleux des ouvrages, et un plan d'accès gravé dans le marbre, la mémoire est pleine de couloirs sombres, remplis d'étagères de livres oubliés, si sombres que l'on croirait un mur si l'on n'y prennait garde.

Pourtant, il suffit d'une étincelle, au fond de ce couloir... il suffit d'un prétexte, pour avancer le pied dans ce couloir sombre, pour redécouvrir tout un pan de savoir que l'on ne pensait même plus exister.

L'odorat fin, je l'ai toujours eu.

L'oreille aiguisée, plus encore.

Il aura fallu la conjonction d'une odeur, réminiscente de ce lointain passé, et l'écoute d'une que l'on prenait pour une sorcière, aux abords de Melrath Zorac, pour remettre des souvenirs en place.

Une sorcière, disait-on. Une guérisseuse, disaient les plus chanceux. Plus rien, disaient ceux qui avaient dû goûter à ses pires poisons.

C'est elle, reprenant certains des gestes, des ingrédients locaux, de l'attitude de ma grand mère, qui m'a rouvert les yeux.

Oh, comme ça n'a pas été facile, de reproduire les potions de l'ailleul. D'abord parce que les ingrédients d'ici ne sont pas bien les mêmes que ceux d'alors, même s'ils en partagent certaines caractéristiques. Ensuite parce que si l'une et l'autre faisait du même hermésisme, les deux n'en parlaient pas le même language. Sans doute ai-je perdu beaucoup dans la traduction. Toujours est-il que, repartant humblement dans l'hermésisme pour apprivoiser la flore locale et ses particularités, j'ai peu à peu réussi à rafraîchir ces souvenirs, obtenir l'assurance nécessaire sur de petites décoctions. Mon but d'alors? Pouvoir reproduire à nouveau ces recettes oubliées de ma grand mère, aux effets très particuliers, que je n'ai vu encore nulle part aux alentours de Melrath Zorac.

Aujourd'hui, un ingrédient me manque. Un ingrédient, aussi bien qu'un condiment, dont les vertus culinaires n'ont d'égales que les effets médicinaux, lorsque bien utilisées dans une potion idoine. Des bottes de lavandes. J'avais pris l'habitude depuis déjà un bon moment d'aller en chercher, comme un passe-temps propice à la réflexion, pour agrémenter la cuisine de Calyso, ou les décorations qu'une ou l'autre constellette voulait apporter à notre rude campement.

Un très bon coin à lavandes, pas de celles piétinées par le tout-venant. De celles qui sont protégées du vent par les arbres alentours. De celles qui recueillent la rosée pour fleurir en toute pureté. De celles qui ont le soleil lorsqu'il est doux, sans les brûler. De la lavande de qualité quoi, je ne m'intéresse à rien de moins. Et la qualité, ça va avec la rareté, on ne peut pas presser ces lavandes-là, il faut les cueillir au bon moment, et les laisser repousser tranquillement ensuite. Heureusement, mes besoins n'ont encore jamais dépassé ce que ce petit terrain de lavande pouvait m'offrir.

Serpe aiguisée, huilée et rangée dans l'étui de cuir à ma ceinture, je vais rejoindre cet petit coin de lavande connu de moi seul. (ou peut-être suis-je juste le seul intéressé... monde de brute). Je passe les arbres denses qui protègent la petite clairière. Et là j'écarquille les yeux.

Quand était donc mon dernier passage ici? il y a suffisamment longtemps pourtant. Mais les lavandes semblent toutes coupées encore...

Je me penche, effleure leur tiges. Fraîchement coupées. De belle manière d'ailleurs, c'était le bon moment.

Je relève les yeux. Comme dans un miroir, je vois une tellurique relever les siens, une serpe à la main, cachée jusqu'alors au milieu des quelques arbrisseaux restants intacts, comme un assassin le poignard encore ensanglanté d'un meurtre juste perpétré.

Je l'ai déjà vue, elle, mais où?

L'heure pourrait être à la revanche, à la récupération par la force de ce que j'étais venu chercher par la lame de serpe.

Mais...

Tiens tiens, je crois qu'il va falloir que l'on discute, nous deux.

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Quatrième nuit de sommeil agité, déchiqueté. Réveils en sursaut de plus en plus courant... Je grelotte, me couvre jusqu'au menton, et la seconde d'après, je repousse les dras, exaspérée par la chaleur soudaine. Je me tourne et me retourne, cherchant une position qui me permettrait, enfin, de m'endormir. Mais je ne la trouve pas. Depuis quatre nuits, je ne la trouve plus. Mon sommeil haché marque mon visage, sous mes yeux, de légères trainées violettes... La fatigue est toujours présente, me rend irritable. J'en viens même à me demander pourquoi, ce soir, je retournerais dans mon lit, dans cette chambre d'hôtel si vide, alors que je sais ce qu'il m'y attend. Les cauchemars, la sueur qui colle ma chemise de nuit à ma peau, et mes cheveux sur mon visage. L'attente, longue, qui me met les nerfs à vif, du repos enfin mérité. Je n'en peux plus !

Pourquoi me priver ainsi de sommeil ? Qu'ai-je donc fait aux Dieux pour qu'ils me punissent ainsi ?

Le soleil n'est même pas encore levé, et pourtant mes yeux sont déjà ouverts depuis longtemps. Assise au pied de mon lit, recroquevillée sur moi-même, je réfléchis, je prie, je délire.

Un murmure angoissé monte dans la chambre, ma voix est précipitée.

L'Unique, je vous prie de pardonner mes péchés...

Il doit exister quelque chose pour faire dormir...

Ce doit être ce maudit Dieu...

Rendez moi ce sommeil tant convoité...

Fimine doit savoir...

Ce Dieu d'eau...

Oui, Elle doit savoir, elle sait tant de chose.

Quelle plante ?

Réfléchis Essénai...

Réfléchis...

Je n'ai pas le droit de dire qu'il est mauvais...

Sans lui, sans son eau... Pas de vie...

C'est pas lui qui est maudit, c'est ses disciples...

Je les hais...

Doucement, mes mains passent sur mon visage, le dessinent, en suivent le contours, massent mon front. Ma chemise tombe au sol, et je me plonge entière sous l'eau. La sueur de la nuit n'est plus qu'un souvenir, mais je ne sais toujours pas quoi faire. Il doit bien y avoir quelque chose...

Machinalement, je prends mon pantalon en toile brun, une petite tunique vert forêt. Mon esprit est bien loin, je fouille, je sais qu'il y a quelque chose qui pourrait m'aider, je le sens. C'est là, tout près. Bottes, cape, serpe à la main, l'esprit toujours battant la campagne. Ou plutôt le moindre recoin de mes souvenirs.

Le soleil n'est toujours pas là, me serais-je donc levée si tôt aujourd'hui ? Je n'arrive plus à savoir si l'aube est proche, où si l'astre flamboyant vient juste de nous quitter...

Sans trop réfléchir à où aller, je marche, tout en priant Fimine de m'envoyer un signe... Va-t-elle m'entendre ? Va-t-elle seulement m'écouter ? Je remonte ma cape sur ma tête, me fait petite, quand bien même je ne sens aucune présence autours de moi, à part celle des animaux. Mes pas m'ont mené aux ruines.

Dépitée de n'avoir pas su me rappeler, je m'adosse à un mur, me laisse tomber au sol. Mes yeux se ferment. J'attends.

Petit à petit, je sens les rayons du soleil réchauffer mon visage. Le monde autours de moi se réveille, et je voudrais avoir la chance de pouvoir faire comme eux... Mes yeux s'ouvrent, se posent autours, puis je me lève, me dirige vers de petits buissons qui semblent m'appeler. Je les effleure de la main, en respire l'odeur entêtante.

Brusquement, je m'arrête, la paume ouverte contre un petit brin violet. Je me penche, ferme les yeux et respire à nouveau. Un sourire vient flotter sur mes lèvres tandis que je murmure un remerciement à Fimine. Elles se dressent fièrement, prêtent à être recueillies...

Ma serpe à la main, je commence à en couper des tiges, en portant de temps à temps à mes narines ravies. Un petit bouquet se presse dans ma paume, que je pose délicatement dans un tissus au sol. Je me redresse, et cesse tout à coup tout mouvement, comment se fait-il que je ne l'ai pas entendu ?

Mon cœur s'emballe. Il a l'air de vouloir la même chose que moi...

Que l'on discute ? Moi, tout ce dont j'ai envie maintenant, c'est de partir. Je ne sais pas discuter, messire. Et il reste encore de la lavande. Je dois en avoir assez... Mes yeux le quittent, se posent sur mon petit bouquet au sol, puis, vite, le fixent à nouveau. Ça suffira... Deux, peut-être trois infusions... Et je viendrais en chercher à nouveau, en faisant attention à ne pas croiser cet homme...

S'il me laisse partir...

Sans dire un mot, je reste là, devant lui, la main serrée sur ma serpe, un peu tendue. Il n'a qu'à parler s'il veut, j'écouterais, si ce qu'il me dit me plait, je lui ferais savoir, sinon...

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Guest Nadhir

Aussi étonnée que moi de ne pas être seul.

Il faut croire que l'endroit n'est pas propice pour les grandes rencontres.

Le coin dégage finalement un petit air de tranquillité et de solitude, qu'on aimerait préserver. Fouler tout seul cet endroit, c'est déjà une entorse. Y être à deux, nous frisons l'incident diplomatique avec la nature. Enfin soit, entre telluriques, au moins, nous ne faisons pas tâche au milieu de la végétation, et de ces arbustes qui nous intéressent tous les deux.

J'évalue la situation.

A son habit, une mage, j'en connais peu qui puissent me faire du mal, dans une telle posture. Je crains peu d'elle, à part de repartir bredouille.

Une herboriste confirmée aussi, la coupe des lavandes me l'a prouvé, et la façon dont elle tient sa serpe montre qu'elle a l'habitude de l'avoir dans sa paume.

Mais pourquoi donc vouloir de la lavande... et dans ces quantités? C'est que ça ne m'arrange pas. Pas du tout.

Et pour l'instant, elle n'a pas l'air de vouloir vraiment me répondre...

J'espère que votre langue n'est pas tombée à force de trop user de votre serpe, je suis sûr que c'en serait dommage.

Je suis venu ici pour récolter de la lavande, dont j'ai besoin en grande quantité. L'huile essentielle qu'on en tire, ce sont quelques gouttes par bottes, alors de là à réunir de quoi remplir une fiole...

Je n'ai pas non plus l'intention de repartir d'ici sans en avoir. Or je vous trouve ici ayant récolté les meilleurs brins. C'est... fâcheux.

Je suis sûr que l'on pourrait trouver un arrangement, pour que je reparte avec ces lavandes...

Un ton ambigu.

Si elle veut y sentir une menace, j'ai effectivement laissé planer la possibilité que je prenne les lavandes par la force.

Si non, je serais le premier heureux à ce qu'un arrangement soit à l'amiable. D'autant que... quelqu'un qui sache extraire ces lavandes, en tout professionalisme, je serais idiot de m'en faire un ennemi.

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Le silence entre nous ne dure pas très longtemps, mais c'est suffisant pour me faire reprendre contenance. Je me redresse, les pieds bien ancrés dans le sol, le menton relevé. Mes prières volent vers Fimine tandis que mes sourcils se froncent légèrement, je ne me laisserais pas dominer par un homme. Pas question.

Sa remarque me ferait presque sourire. Je n'ai pas besoin de parler pour le moment, je lui laisse le loisir de papoter à tout va, exposer la situation de vive voix, comme si nous n'étions pas déjà au courant avant qu'il ne l'énonce.

A quoi cela peut-il bien lui servir de raconter tout ça ?

Il est venu récolter de la lavande ? C'est pas croyable... Je ne l'aurais pas deviné. Il voulait peut-être faire des petits pâtés de terre ?

Mon pied tape sur le sol, il faut que je me calme, pas besoin de cette stupide ironie.

Il dit bien ce qu'il veut de toute façon.

Mais il ne dit pas ce qu'il faut.

Ces lavandes sont à Fimine. Elle m'a guidé ici, pour quoi d'autre sinon pour me les offrir ?

Et d'abord, comment voulez-vous que je fasse ce que vous souhaitez si vous ne me donnez pas une bonne raison de le faire ?

On peut peut-être marchander...

Ca m'éviterait de fâcheux ennuis ; je le détaille attentivement, oui, ça m'éviterait de souffrir inutilement. Ma magie ne lui fera sans aucun doute pas peur, et mes coups... N'en parlons pas. Ne reste que la soumission - je me hérisse rien qu'en y pensant - ou la ruse...

C'est fâcheux qu'il a dit. Fâcheux... Ce n'est pas exactement le mot que j'aurais utilisé mais soit, c'est "fâcheux". Je me détourne un instant de lui, et accroche ma serpe sur ma hanche. Un étrange sentiment me monte à la gorge, de la colère semble-t-il. Oui, c'est ça, de la colère, envers ce monsieur qui trouve la situation "fâcheuse"... Sans même prendre la peine de savoir pourquoi je veux ces lavandes, il juge qu'elles lui seront plus utiles ?

J'aurais presque eu envie de lui en laisser quelques unes, mais là, trop tard, j'ai plutôt envie de faire comme les chiens, montrer les dents.

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Guest Nadhir

Elle se méfie.

Elle se tend.

Elle ne sait pas encore sur quelle pied danser. Et je ne sais moi-même pas encore quelle danse j'aimerai la voir faire.

Tiens tiens, c'est Fimine qui l'aurait menée jusqu'ici, et pour lui faire don de ses lavandes? Et pourquoi ne serait-ce pas Fimine qui m'aurait guidé, moi aussi, pour l'empêche elle de les avoir, ces lavandes?

Effectivement, j'ai laissé le doute sur ce que je pouvais proposer pour obtenir ces lavandes. Mais sa remarque laisse au moins la possibilité qu'il y ait un prix juste.

Je suis justement en train d'évaluer ce qui pourrait être une bonne raison pour vous de me céder ces lavandes.

J'ai une préférence certaine.

Je serais prêt à vous les acheter. Probablement à bon prix, je suis loin d'être ingrat avec mes fournisseurs.

Je vois même que vous êtes tout à fait experte en herboristerie, et je m'en voudrais de gâcher ce talent.

C'est donc simple, j'ai de quoi vous acheter ces lavandes, et les prochaines que vous seriez en mesure de me fournir. Votre prix sera le mien. Peut-être avez-vous plus besoin d'autre chose que de ces lavandes, et peut-être suis-je bien en mesure de vous le procurer...

Si c'est pour avoir du linge qui sent bon, elle ne serait probablement pas aussi nerveuse à l'égard de ces lavandes. Ou alors c'est une maniaque de la lavanderie...

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Un petit pas sur le côté, juste comme ça, pour cacher mes mains derrière les branchages.

Une bonne raison pour moi de donner ces lavandes ? En existe-t-il seulement une ? Je ne crois pas, et, surtout, je ne sais pas si je peux lui faire confiance. Rien ne m'y pousse.

A part peut-être le fait qu'il semble lui aussi être un disciple de la Déesse. Mais ça ne change rien, disciple ou non, c'est un homme, on ne peut pas faire confiance aux hommes.

Il a l'air si sûr de lui.

Une part de moi voudrait ne pas lui donner ce qu'il veut, peut importe le prix qu'il est près à en donner, juste pour l'embêter. Pour lui faire ravaler son assurance. Je n'aurais pas du venir ici seule, j'aurais au moins du penser à appeler Étrange. Il m'aurait averti de son arrivée, et j'aurais pu partir bien avant qu'il ne me voit. Mais non, il avait fallu que je parte seule.

Si seulement je n'étais pas aussi fatiguée...

Il reste des lavandes encore.

Pas beaucoup, mais ça repousse.

Pas besoin de moi pour ça, dis-je tout en faisant un petit signe de tête en direction de sa propre serpe.

Je suis prête à répliquer encore, mais préfère me taire et réfléchir à sa proposition. Les temps sont durs, j'ai quelques dettes dans certaines tavernes, besoin de changer certains habits. Un bon repas ne serait pas de trop non plus. Alors, se faire payer pour quelque chose qui me plait... C'est tentant. Mais si je ne peux pas dormir, je ne serais plus bonne à rien, même pas à ça...

Je me passe la main dans les cheveux, regarde le ciel. Un petit soupir s'échappe de mes lèvres.

Vous vous y connaissez bien en plante ?

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Guest Nadhir

Méfiance, pleine de méfiance.

Et probablement a-t-elle raison.

L'aura de la Déesse nous encourage à ne pas nous étriper de prime abord, mais à part ça, nous sommes a priori ennemis, jusqu'à preuve du contraire.

Et peut-être avant même qu'elle ne remarque le blason des Constellations - négligemment caché en ce moment sous ma cape de voyage - ce qui facilement ravive l'inimité d'un certain groupe de personnes. Je suis ici à titre personnel, mais après tout un blason n'est pas quelque chose dont on se pare uniquement lorsque c'est utile, et moi bien moins que d'autres pourrait cacher cette appartenance, viscerale.

Je hoche la tête à ses remarques. Oui, il y a des lavandes encore, et oui, je pourrais m'en occuper tout seul. Mais la possibilité est loin de rimer avec la préférence.

Et puis une question, qui me prend presque à dépourvu, tant elle semble changer l'accent de son discours, jusqu'ici suspicieux et défensif.

Oui, assez.

Suffisamment pour reconnaitre que c'est votre cas, à la façon dont vous avez traité ces lavandes.

Suffisamment pour savoir que je ne peux repartir avec le nombre nécessaire de brins, sans quoi je ne pourrai en faire grand chose... avant la lente repousse.

Suffisamment pour avoir d'autres choses, plus importantes peut-être, à récolter, que je peux encore moins me procurer autre part, mais quand on est obligé de faire les choses tout seul, on le fait.

Suffisamment enfin pour me demander ce qui vous attire à ces lavandes. Le traitement des vêtements est certes noble, il ne me semble pas vous correspondre. L'agrémentation d'une préparation culinaire, voilà qui ne demande pas non plus tant de brins. Les propriétés médicinales en revanche, bien utilisées, peuvent faire des merveilles... Mais les utiliser brut est à mon sens passer à côté de leurs réelles capacités. C'est l'hermésiste qui parle là, mais c'est lui qui est intéressé par ces lavandes.

Un discours plus technique, pour aller dans son sens. Parler d'herboriste à herboriste, plutôt que de d'importun à surprise.

La gourmandise d'obtenir ces lavandes, qui emplissait précédemment mon regard, fait place à de la curiosité.

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Par Fimine, qu'il est bavard... Il a décidé de me perdre par ses mots, de m'ensevelir sous le flot de parole qui sort de sa bouche ? Je passe ma main sur mon front, sentant un mal de tête menaçant d'enfler ; il serait marrant de dire qu'il est du à ses paroles... Mais le Soleil de l'Unique est plus à mettre en cause. Tout en écoutant ses paroles, je me baisse, ramasse mes lavandes "“ pour combien de temps encore ? - et me décale de quelques pas pour me retrouver à l'ombre, toujours tournée vers lui.

Mes joues me cuisent tant mon habitude d'offrir ma peau aux rayons du Soleil est faible. J'ai sommeil... Par l'Unique...

Un autre soupir s'échappe de mes lèvres, j'espère qu'il ne le prendra pas pour lui car, bien qu'il parle beaucoup, son discours est assez intéressant. C'est déjà ça.

La curiosité me saisit, que va-t-il bien pouvoir faire avec mes lavandes ? Hermésiste ? J'en ai vaguement entendu parler, mais de là à savoir avec exactitude en quoi cela consiste...

Ça alors, finalement, môsieur en viendrait à se demander pourquoi je veux, moi aussi, ces lavandes. Pas trop tôt.

Quoi que...

Si je lui dis pourquoi, il comprendra, s'il n'a pas déjà remarqué, l'état dans lequel je me trouve, et en profitera sans doute pour me subtiliser ma cueillette sans avoir trop à forcer...

Ce n'est nullement pour parfumer quoi que ce soit.

Qu'est-ce que j'aurais à parfumer d'ailleurs ?

Les draps ? C'est le travail de l'aubergiste.

Mes vêtements ? Vu le peu que j'ai, quelques brins suffiraient, bien moins que ceux que j'ai coupé.

Ni pour la cuisine.

Je ne sais même pas faire. Un petit repas dans une taverne, piquer ici où là de quoi me nourrir, et puis c'est tout.

Ne pas réagir, ne pas réagir... D'accord, il a trouvé la raison, mais ce n'est pas la peine de lui montrer, pas encore. Garder un visage impassible, voilà, malgré la fatigue...

On dirait bien que lui aussi s'y connait, peut-être qu'il connait un autre moyen de me faire dormir. Mais c'est difficile de lui faire confiance, alors que je viens juste de le rencontrer. Je ne sais pas trop quoi faire.

Peut-être le faire parler encore ? En apprendre un peu plus sur lui, sa façon d'agir, de se comporter. Et voir, ensuite, si je peux lui dire...

Qu'est-ce que vous entendez par leurs réelles capacités ?

Que voulez-vous en faire ?

Et...

Qu'est-ce que c'est que l'hermésisme ?

Modifié (le) par Essénaï
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Guest Nadhir

J'ai égrainé les possibilités, en pariant dès le départ pour la dernière. Ses négations pour toutes sauf celle-là me confirme que je suis dans la bonne direction. Et qu'à fortiori mes talents d'hermésiste pourraient bien lui être utile, comme je l'ai suggéré. Parce que autant je sais faire beaucoup de choses, autant améliorer le traitement des vêtements ou la cuisine, j'avoue que je laisse ça à d'autres, il n'y a pas besoin d'une quelconque magie, ou même science, pour ça, juste un peu de talent, que d'autres ont plus que moi.

Ses questions finalement pointent dans la direction que je voulais donner à notre conversation.

La faire parler, lui expliquer, arriver à lui lancer des perches sur comment on pourrait arranger la situation, voilà qui ne peut qu'augmenter mes chances.

Je n'empêche pas un léger sourire d'éclairer mon visage, lorsqu'elle s'intéresse à ce dans quoi je suis passé un des experts incontestés.

L'herborisme, c'est l'art de trouver les bonnes plantes, et savoir les récolter, pour les utiliser telles quelles. Je suppose que ces lavandes, un herboriste en ferait un cataplasme, pour apaiser et cicatriser une blessure... Ce qui ne semble pas être son cas... Ni pour elle, ni pour quelqu'un d'autre, car alors ce serait pressé, et elle ne resterait pas ici à m'écouter causer.

On peut aussi simplement les utiliser en infusion, voire à mâcher, pour calmer une douleur plus profonde, ou simplement de la nervosité Et à mon avis on s'approche de la vérité, là, ses gestes étaient un peu fébriles, son attention dérangée par quelque chose en elle... Mais de là à savoir avec précision, il faudra plus que des déductions comportementales.

Ces utilisations sont tout à fait justifiées, pour qui n'a pas la possibilité d'obtenir mieux.

L'hermésisme donc, c'est utiliser ces mêmes plantes pour en retirer les essences, les mélanger pour moduler leurs effets, et globalement en faire une potion. Une même lavande peut aussi bien être utilisée pour elle-même, en exacerbant son côté antiseptique, pour combattre certaines maladies. Alliée à d'autres composés, telle l'essence de gaultherie, on obtient une potion qui atténue grandement la douleur. Enfin, elle sert de complément, à petite dose, pour définir d'un ingrédient principal, comme avec la valériane, qui permet de produire un élixir pour dormir... J'aurai tout aussi bien pu rajouter que c'est un agent masquant, qui permet qu'un poison ne soit pas détecté trop tôt dans la bouche, et rejeté, ou simplement pour calmer les muscles le temps que le venin les pétrifie. Ce sont évidemment des détails ça, dans la discussion qui nous occupe...

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Ça à l'air de lui plaire de pouvoir parler d'hermésisme. Et ce petit quelque chose dans sa voix... Soit il sait très bien mentir, soit il est vraiment ce qu'il dit être, et travailler pour lui pourrait être une bonne chose pour moi.

Il se rapproche ; il en sait beaucoup. Ça pourrait être une bonne occasion, en plus de me faire payer pour ce que j'aime, il pourrait peut-être m'apprendre des choses nouvelles sur les plantes. Je connais, certes, quelques utilisations, mais pas assez à mon goût. Après tout, il pourrait m'aider. Quelques lavandes, contre un savoir "“ s'il accepte.

De la valériane ? Avec de la lavande ?

Je me laisse tomber le long du mur, pour me retrouver accroupie. Ma main vient se poser sur les lavandes tandis que mes sourcils se froncent. Je ne sais trop que faire, et s'il mentait ? Je n'ai aucun moyen de le savoir, je ne m'y connais pas du tout en hermésisme. Et si jamais la valériane mélangée à de la lavande était toxique ? Ou pire encore.

Comment lui faire confiance, lui, un homme, que de surcroit je ne connais pas ?

Il faudrait que Fimine m'envoie un signe, pour me montrer que je peux lui faire confiance. Ou, peut-être que c'est lui, le signe. Mais comment savoir ?

Comment puis-je vous faire confiance ?

C'est mon plus gros problème pour le moment, lui faire confiance, et ainsi accepter de lui donner les lavandes que j'ai coupé ce matin, lui parler de mon manque de sommeil, de mon besoin de le trouver, enfin...

Est-ce que je sais seulement faire confiance ?

Les yeux posés sur les lavandes, je trouve ma réponse. Oui, je sais faire. Tykky l'a. Et quelques rares autres personnes. Mais lui, est-ce que je veux seulement lui faire confiance ? Aurais-je vraiment raison ?

Et qui est-il d'abord...

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Guest Nadhir

Apparemment, mes mots ont réussi à répondre à certaines de ses questions, fussent-elles muettes.

Je la vois écouter avec intérêt mon exposé sur l'hermésisme. Mélange de curiosité, de désir d'apprendre, d'inquiétude sur la véracité de mes dires, semble-t-il.

En tout cas, plus le temps passe sans qu'elle prenne la poudre d'escampette, plus la discussion va sur les détails, et non la question initiale qui tournait autour de la possibilité de s'affronter et se tuer, et plus les occasions se présentent d'arriver à un terme qui me serait pleinement satisfaisant. Et il le serait d'autant plus qu'elle y trouverait son compte aussi.

C'est pourtant la suspicion qui réémerge, masquant un instant la curiosité.

La confiance. Voilà une potion dont la recette est bien difficile à réaliser sans accroc. Pour les mêmes ingrédients, mais des proportions ou un modus operandi différent, on obtient aussi facilement une confiance totale que son exact opposé.

Me faire confiance. Evidemment la question fondamentale ici. Qu'est-ce qui fait que l'on peut avoir confiance en quelqu'un que l'on ne connait pas, alors que l'on rencontre plus facilement un ennemi qu'un ami?

Rien que je puisse dire ici ne vous fera avoir confiance en moi. C'est triste mais vrai.

D'habitude, je n'ai pas besoin de justifier si je suis digne de confiance ou pas. Je compte sur les faits que l'on me connait pour plaider ma cause. Je fais partie d'un peuple qui a beaucoup d'ennemis, mais même eux savent reconnaitre que nous avons un fort sens de l'honneur. Nous nous battons sur le champ de bataille, face à face, sans coup en traître. En dehors de cela, nombre de ces ennemis sont venus trinquer avec nous dans notre taverne, dans notre campement que cerne une forêt ancestrale et sacrée. Que je sois le roi de ces Constellations est un gage d'irréprochabilité. En parlant, j'ai bougé un peu mon bras sous ma cape, négligemment, en l'écartant légèrement. On doit pouvoir apercevoir une partie de ce blason qui m'identifie. Des étoiles qui scintillent dans le velour intérieur de la cape.

Mais pour cette transaction à laquelle je pense, de ces lavandes que vous avez extraites, contre une potion qui vous serait plus efficace, il pourrait simplement suffire pour moi de prendre le temps de la faire, la faire goûter à quelqu'un, pour vous assurer de son innocuité. Je crois n'avoir besoin que d'un peu de ces lavandes pour produire cette potion, et je serai prêt à ce que vous la testiez, et l'approuviez, avant d'obtenir le reste de votre récolte. Pour cela, il me suffirait d'avoir une confirmation de pour quelles vertus exactement vous êtes venue chercher ces lavandes...

Cartes sur table.

Mais c'est encore elle qui a la main.

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Un constellation... J'en ai souvent croisé. Difficile de savoir à quoi s'en tenir avec eux, on me frappe, on me fuit, on me regarde gentiment, on m'offre à boire, je ne sais jamais lequel je dois fuir. Enfin, maintenant, il y en a deux trois que j'évite...

Et lui ça serait le Roi ?

Mince...

Espérons que je ne lui ai tout de même pas trop manqué de respect.

Je me relève, essaie de me tenir droite. Donc il s'appelle Nadhir. Voilà, je sais qui il est maintenant. Est-ce que ça m'incite à lui faire confiance ? Je sais pas trop. Ça me fait me rappeler de certains récits à son propos, écoutés d'une oreille distraite. Alors ce serait lui.

Ravie de vous rencontrer Nadhir...

Enfin je crois. Pour le moment ya pas de raison.

Il est plutôt malin. En tout cas, ses arguments font mouche.

D'accord. Va pour que vous me fassiez une potion, mais qui goute ?

Pas question que ce soit moi. Quand je serais vraiment sûre, d'accord, mais pas tout de suite. Reste encore un brin de méfiance. Et puis si il me fait croire qu'il la fait gouter à un des siens, mais qu'il se serve en fait de cette excuse pour m'attaquer avec l'autre ?

Je secoue la tête, trouvant que mon imagination déborde un peu trop. Se méfier, d'accord, devenir parano non.

Surtout qu'il peut se débrouiller sans aide.

Je veux dormir. Pour ça que j'ai besoin de lavande.

Puisque, comme il l'a dit, je n'ai pas la possibilité de m'offrir mieux.

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Guest Nadhir

L'énoncé de ma faction et de mon titre n'a apparemment pas eu l'effet escompté.

Beaucoup nous voient comme des ennemis, à raison, et nous fuient.

Beaucoup nous voient comme des ennemis, et se jettent sur nous pour nous trucider.

D'autres en savent plus, reconnaissent notre différence, et se rendent compte que notre amitié est plus fort que notre inimitié.

Mais surtout, aucun de ceux qui me connaissent ne trouvent nécessaire de réagir différemment à mon titre. Je suis né sans honneur, les étoiles m'ont recueilli, je leur dois bien plus à elle que ce que les Constellations me doivent pour être leur roi désigné.

Cela m'amuse donc en fait, de voir qu'elle change de posture, en présence d'une royauté... même si je ne suis guère du genre à en voir la nécessité. Un soulagement aussi, qu'elle m'appelle par mon nom, simplement.

J'ai ensuite la confirmation, enfin, de sa bouche, de ce quelle cherchait des lavandes. Ca aurait marché effectivement, mais seulement si son mal était léger, et si elle ne comptait pas les utiliser trop longtemps, l'effet aurait disparu rapidement.

La discussion a pris un bon tournant. On cherche maintenant spécifiquement comment réaliser cet échange de bons procédés, sans en remettre en cause la possibilité, c'est bien ça.

Je m'incline légèrement

Nadhir, effectivement. Flatté que mon nom vous soit parvenu. Mais vous avez maintenant l'avantage sur moi, je ne connais pas le vôtre, malheureusement.

Des insomnies alors? Vous m'en voyez navré... quoique si personne n'avait de tels maux, ma science hermésiste perdrait de son utilité. Un sourire. en suivant le raisonnement, avec un hermésisme inutile, l'herboriste n'aurait pas non plus de travail. La boucle est bouclée...

Et cela me confirme que nous avons un bon marché à conclure. Pour votre réticence, tout à fait compréhensible, voici ma proposition. L'aube vient à peine de poindre, si vous me donnez quelques unes de ces lavandes, d'ici quelques heures j'ai de quoi avoir votre potion prête. Et pour le cobaye, pourquoi ne pas faire jouer le hasard? L'un ou l'autre des pauvres diables qui vivent dans les rues, ne trouvant d'échappatoire à la vie que dans une bouteille, sera heureux d'avoir une goutte de quiétude, surtout gratuite. Quelques heures si vous voulez vous certifier que c'est bien le sommeil qui l'a emporté et non la faucheuse, et vous aurez juste le temps de tester par vous même la potion à la nuit tombée...

Ca demande encore un peu de bonne volonté de sa part en premier, en fournissant quelques lavandes. Mais n'ayant ni de lavande en stock, ni de cette potion d'avance, je ne vois pas quelle autre façon nous aurions.

Ou alors elle dormira encore bien mal cette nuit au moins.

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Je ne vois pas trop en quoi le fait de savoir son nom le flatte. Il a l'orgueil mal placé. S'il croit que je vais lui dire le mien, toute fière, il se trompe. C'est malheureux de pas connaître mon prénom qu'il dit. N'importe quoi. On a vu plus malheureux que lui, qu'on le rassure. Un avantage ? Quel genre d'avantage ? Celui de pouvoir m'appeler ? Wouah ! Il en aurait de la chance alors ! Encore faudrait-il qu'il en ait l'occasion. Et si notre petit arrangement se fait, et que je me mets, effectivement, à travailler pour lui, c'est moi qui le contacterais quand j'aurais assez, selon moi, de lavandes pour lui. Pas l'inverse.

Et puis, ça n'a pas l'air d'être si malheureux que ça pour lui puisqu'il enchaine directement.

Est-ce qu'il sait qu'il est un brin énervant avec toutes ses formules de politesse ? «Â Vous m'en voyez navré » qu'il dit. Pff, je n'ai jamais rencontré personne qui soit sincèrement peiné du mal des autres. Hypocrite ou juste un type un peu à part dans cette jungle où le moi passe premier ?

Je ne sais plus trop, tout d'un coup, si je veux continuer ce marché, parce que s'il me fait m'énerver à chaque fois qu'il parle, même s'il ne doit pas faire exprès, ça va mettre mes nerfs à rude épreuve. Ou alors, c'est juste parce que je n'ai pas bien dormi depuis plusieurs nuits qu'il est si facile pour lui de m'énerver... Et si c'est ça qui me rend si énervée, peut-être vaudrait-il mieux accepter, faire essayer une de ses potions à un badaud, voir l'effet, puis la prendre pour moi et travailler pour lui.

De toute façon j'ai rien à perdre. Si sa potion marche, je dormirais, qu'il continue de m'énerver ou non.

Bon... Un peu de bonne volonté. Je me baisse, prend le tissus avec mes lavandes, le lui tend sans rien dire. Un peu de confiance dans ce geste, même si je reste un brin septique encore. Et puis 'tention, j'ai les nerfs à vif là...

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