Une étoile en haut du sapin

[VAL]

Le lourd linceul de la nuit était déjà tombé depuis plusieurs heures et le froid s'était répandu dans le désert pour finalement envahir Melrath Zorac. Seul dans les ténèbres, VAL savourait la fraîcheur qui régnait dans l'obscurité tout en observant les étoiles et le ciel nocturne si paisible. Il méditait... A genoux, assis sur ses talons, les mains posées sans tension sur les cuisses, le visage tourné vers le firmament.

Soudain, un bruit inhabituel vient troubler le calme de la nuit. Un homme en train de courir!... Qui se dirige vers lui!... Et qui s'arrête pour reprendre son souffle à quelques pas.

Mon... Monsieur... J'ai un message d'un dénommé Onizuka... Il souhaite que vous l'aidiez à se procurer des aiguilles de sapin...

VAL sourit, se redresse et s'approche de l'homme, lui tendant une main amicale...

Mon nom est VAL les "Monsieur" c'est bon pour ceux qui s'arrogent un quelconque pouvoir sur ces terres...

Il semble absorbé quelques temps par des cogitations puis il sourit de plus belle.

Vas dire à l'ancienne étoile que je vais préparer mon matériel et que je ferai ce qu'il me demande en échange de blocs d'anthracite dont j'aurais prochainement besoin.

Le jeune sylphide laisse le messager à son travail et une heure plus tard, il franchit les portes de la ville.

Il ne semble pas inquiet. Peut-être sait-il qu'il n'est dans l'intérêt de personne de rompre un accord commercial?... Pourtant, Onizuka n'est-il pas celui qui l'a pour la première fois envoyé saluer la dame de la nécropole? N'était-il pas alors un membre de sa propre faction? De sa propre famille? L'étoile du meurtre, envoyé contre lui comme exécuteur par les siens pour avoir rejoint les roses sauvages alors qu'il espérait mettre fin à une guerre où seuls les orgueils étaient en jeu?

Quelques centaines de mètres dans la nuit, les pieds légers de VAL foulant le sable... Celui-ci est encore chaud de la journée et au contact de l'air glacé, il se forme une couche de brume fantasmagorique et mystérieuse au ras du sol.

Onizuka est bien au rendez-vous... Pas un mot, juste un signe de tête de la part du rôdeur qui jauge déjà du regard l'épreuve qui l'attend. Difficile de dire s'il pourra faire les deux arbres?...

Et le voici qui escalade! Au début, les branches basses sont particulièrement faciles d'accès et la progression du jeune homme semble aisée. Pourtant, à mesure qu'il monte, les appuis sont de plus en plus fragiles. De plus, l'arbre est secoué par le vent qui visiblement est absent plus bas. Et enfin, très rapidement, les mains du rôdeur perdent de leur sens du toucher sous l'effet cruel du froid, particulièrement vif en hauteur. Arrivé aux trois quart du grand conifère, il regarde en bas, reprend son souffle et continue. Plus d'une fois, il trébuche mais au fur et à mesure, l'escalade prend une dimension de plus en plus vertigineuse qui stimule le forestier amateur de sensations fortes. Enfin! La cime! La récompense est là! Il peut embrasser l'ensemble de la vallée de là-haut! Les reflets des astres dans les oasis, les ombres des murailles de Melrath Zorac, des autres arbres... Tout ici est enchantement et alors que la brise imprime ses oscillations au grand sapin, la licorne savoure la sensation de n'être qu'un avec le vent...

De longues minutes plus tard, il a cueilli les aiguilles tant désirées et est à nouveau en bas... Onizuka n'est plus seul, c'est son impératrice qui l'accompagne... A nouveau un signe de tête qui trouvera ou non un écho et le jeune sylphide repart avec son charbon brut...

Drôle de nuit... très singulière...

Modifié (le) 1 mars 2009 par VAL