Au carrefour

[Anamaya]

Une tension dans l'air.

Le sommeil qui ne vient pas.

Le jour étend ses rayons mortifères sur le monde, mais rien n'apaise la jeune femme.

Le souffle court.

Le coeur qui bat.

L'incertitude.

cela en est assez.

Aux premières lueurs du soir, elle se change et quitte sa chambre

Ses pas la mène à travers divers couloirs, devant une porte qu'elle n'avait alors jamais poussée.

Un bureau surement. Elle sait juste qui est derrière, qui elle souhaite voir.

Elle tapote à la porte, deux coups.

Un murmure.

"Nadhir? Je souhaiterai vous parler"

[Guest Nadhir]

Une longue journée d'entrainement, une longue nuit en perspective pour gérer le royaume des Constellations.

Le poids de la responsabilité sur mes épaules. Où donc ai-je entendu dire qu'une couronne ne devrait jamais être légère, pour ne jamais en oublier la signification?

J'allume une bougie, compagne de la nuit, lumière vacillante et pleine de caractère. Je lui souris.

Des pas, mes généraux qui viennent me rejoindre?

Non, deux coups, peu assurés, et seule mon ouïe fine me permet d'entendre qui et quoi.

Je fronce les sourcils, et ouvre la porte sur une Anamaya qui ressemble à peine à elle-même.

Ana? C'est bien la première fois que tu me vouvoies. L'heure doit être grave, en plus de tardive.

Un léger sourire, de la voir alors que nous n'arrivons guère à nous croiser ces derniers temps.

Un signe de tête pour l'inviter à l'intérieur, avant de la laisser passer, et refermer la porte sur elle.

Un thé?

[Anamaya]

Pâle de nature, sa peau était spectrale. Le trouble qui l'animait paraissait se refléter sur son être même.

Malgré tout elle se permit un sourire en coin.

"Non j'ai eu de drôles d'expériences avec le thé je préfère éviter pendant quelque temps..."

Ses mains se frottent l'une contre l'autre et elle semble hésiter.

"Je... je ne sais pas trop par où commencer."

Un soupir, puis elle se lance.

"J'ai... Il y a un enferS avec qui je suis. Peut être le sais tu, peut être pas... Mais je.. tiens à lui. Je crois. Avec ce qu'il s'est passé avec seren, je ne suis plus sûre de ce que je peu faire...

J'ai confiance en lui, mais... avec ce qu'il se passe, les ententes opportunes, les trahisons, l'action récente sur l'armée d'Eolia... Si jamais on nous surprenait, je ne veux pas que cela vous porte préjudice... Je devais te le dire il y a longtemps je crois. Mais depuis cette fois là, chez les roses, je n'y parvenais plus...

Elle reprit son souffle puis lui fit signe qu'elle préférait tout dire avant qu'il l'interroge, ou au pire, s'énerve.

"Ce n'est pas tout..."

Elle sembla au bord des larmes

"J'ai l'impression que... je perd la foi..."

Elle détourna le regard

"Le monde veut il vraiment être aidé? Tout ce que je vois c'est qu'il se complait dans la violence, la haine et les faux semblants... Je sais que j'ai ma place parmi vous, probablement plus que nulle part ailleurs, mais... je me sens inutile. Lorsqu'il se passe quelque chose, il ne faut pas intervenir parfois par crainte d'un incident diplomatique... Et lorsqu'il y a une attaque, même si personne ne me tient rigueur de ne pas me battre, je ne peux que regarder les miens tomber, inutile... Est ce que ça sert à quelque chose, de croire, alors que le sang coule à ses pieds?

Je ne sais plus.

Nadhir... je ne trouve pas la réponse ici...

J'ai besoin je crois de marcher seule quelques temps.

De voir sans les œillères d'un clan, ce qu'il se passe, et pourquoi."

Ce que je peu faire... vivre... et avec qui...

Modifié (le) 28 mai 2008 par Anamaya

[Guest Nadhir]

Anamaya serieuse ainsi, je ne l'avais que très peu souvent vue.

Je me suis appuyé sur mon bureau, m'attendant presque à ce qu'elle me demande de m'asseoir, tellement il était clair dans ses yeux, son comportement, qu'elle en avait gros sur le coeur.

J'écoute.

Pas envie de l'interrompre, mais connaitre toute l'histoire, tout de suite.

Deux informations, deux coups.

Le premier me pince bizarrement, en ce qu'il reflète une situation équivoque qui me concerne.

Le second, il me chagrine. Personne ne devrait se croire inutile.

Je quitte mon assise sur le bureau, m'approche d'elle, lui prend la main.

Viens par là...

Je l'amène jusqu'à la fenêtre, qui donne sur un double spectacle. L'effervescence du campement des Constellations en bas, la valse de lumière de nos astres sacrés en haut.

Je la laisse face à la fenêtre, et je la regarde.

Tout le monde à le droit de douter, Anamaya. Ce n'est pas un signe de faiblesse. Je ne peux te convaincre de ton utilité, comme tu dis. Je ne peux que te la montrer. Vois tous nos frères et soeurs, penses-tu un seul instant qu'ils ne voient pas en toi une partie intégrante de nos Constellations? Un de nos nombreux piliers? Le champ de bataille n'est qu'une partie infime du monde qui nous entoure, tu aurais tord de croire qu'il est le plus important.

J'ai lu la résolution dans ses yeux pourtant. Je le sais, je ne pourrai la convaincre, je ne pourrai que...

Mais je sais aussi que ce n'est pas en te forçant à être ici, ou dans n'importe quel endroit, que t'approprieras le destin que ton étoile te destine.

Ton étoile brille Anamaya, même si tu n'es pas parmi nous. Elle brillera même au travers des profondeurs terrestres, si tu croies en elle.

... lui offrir ma bénédiction.

Un signe d'assentiment. Le vent et la pluie avaient colporté des rumeurs, des images de danses moitié étoilées moitié infernales. Etrange sentiment, de vouloir reconnaitre pour soi-même des rumeurs, sans pouvoir.

Je ne pourrais te gronder si tu copines avec un membre des Enfers, Ana. Et dans son regard, il me semble qu'elle sait une des raisons. Semble...

Même si leur convictions sont différentes des nôtres, j'en ai connu certains avec des sentiments. J'ai confiance en toi, je sais que tu ne te laisserais pas faire s'il essayait de te corrompre.

Nos pensées t'accompagneront, Anamaya, et tu n'auras qu'à lever la tête au ciel pour nous retrouver.

Donne nous de tes nouvelles...

Un clin d'oeil, avant de regarder à nouveau le spectacle, par la fenêtre.

[Anamaya]

Dehors la nuit embrassait la terre. Si loin l'une de l'autre, vouées à se rechercher sans jamais s'atteindre. Elle écoutait avec attention les paroles du magicien, observant les lumières dansantes à l'extérieur. C'était bien des choses qu'elle allait quitter...

Elle eut un sourire lorsqu'il évoqua son absence de volonté de la gronder. Comme une gamine qui fraye un mauvais chemin. Cette fois elle ne s'en offusqua pas, se rendant compte que, bien que ce ne soit pas vraiment une permission qu'elle était venue chercher, son assentiment lui était important. Elle repensa à cette autre fois, et de fil en aiguille à Eyleen. Le pont entre le roi et la guerrière était bien aisé à faire, et elle se demandait si ils avaient réussi à se revoir, et à finir la discussion de la dernière fois. Cela ne la regardait pas vraiment mais elle le leur souhaitait de tout coeur.

Et puis ça lui ferait un allié potentiel qui ne la conspuerait pas pour son affinité, si il vivait quelque chose de similaire.

Elle revint sur ses propres pensées. Après tout elle n'aurait bientôt plus, à ce niveau, de compte à rendre.

Etrangement les mots du magicien la calmait. Il devait avoir un quelque chose dans la voix ou le regard qui agissait sur les gens... C'était à creuser. Mais ce n'était pas le moment.

"Me corrompre? Je crois que si son but avait été de me dévoyer, il aurait pu se trouver un être ayant des prédispositions allant dans son sens...

Je vous donnerais de mes nouvelles. Je ne serais jamais bien loin... "

Quelques pas en arrière, vers la porte. Prête à partir alors que le roi fixe l'extérieur du monde.

Un sourire affectueux qui s'égare. A la fois frêre et père de tous, après tout... Elle avait mal interprété par le passé, et elle le regrettait alors.

Une pensée pour son intronisation. Le refus d'une allégeance. Là aussi, elle n'avait pas encore compris le sens de cela.

"Nadhir?"

Elle attend qu'il se retourne. S'incline. Ce qu'elle avait refusé hier par ignorance, elle le lui accorde alors que rien ne l'y oblige plus.

Un sourire en coin, une lueur d'amusement, la sensation que malgré la séparation elle fait ce qu'elle doit pour se retrouver elle-même.

" A bientôt ton altesse"

La porte se referme, elle n'est déjà plus là, silhouette d'ombre ou de lumière, tout dépendra de qui la regarde. Ses affaires sont prêtes, Arthur guide sa route.

Un mot cacheté déposé devant la porte d'Ignis, et un souffle de vent qui l'emporte sur une autre route témoigneront à eux seuls de son départ silencieux.