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Terre des Éléments

La terre tremble, la brise s'agite...


VAL
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Un regard inquiet derrière les volets de sa chambre d'auberge...

Melrath Zorac a l'air calme ce matin...

C'est le moment de sortir...

Quelques poignées d'or à la sœur Gerger... Ce sera ça que les semeurs de mort ne prendront pas cette fois-ci!...

L'ombre de VAL se glisse subrepticement hors du camp des nomades et se dirige vers son lieu d'entrainement, là où il chasse...

Hier, il a échappé miraculeusement aux foudres de Xeax; aujourd'hui encore, il doit être sur ses gardes, toujours plus vigilant...

Son corps est douloureux, pas seulement les derniers coups de Nospheria, non, il est lourd de toutes ces blessures qui unes à unes l'empêchent de s'envoler, de rire et de jouer...

Shisha, mon ami... Si j'avais pu naître avec tes ailes... J'aurais pu survoler ce lieu maudit...

Un simple murmure pour le pélerin mais surtout pour lui-même...

Léger!... Léger, VAL... Lâche prise...

Et le rituel de l'archer recommence:

L'enracinement,

L'affermissement

L'éveil de la vigilance,

L'élévation,

L'extension,

L'union,

La séparation,

La séparation...

Rien n'est plus pareil... Ma famille... Partie... Eparpillée...

Le seul endroit où il aurait pu demeurer... Déserté... Envie de hurler, de pleurer!...

Lâcher prise... Accepte ce qui est et ce qui n'est plus... Laisse voler la flèche!...

Les traits vont se ficher dans les cactus... Son œil est toujours aussi juste...

Peu à peu la tension s'affaiblit et la douleur s'estompe... La paix revient en lui...

Une présence!

Une femme!

Il la connait!...

Eyleen!...

Son cœur bondit dans sa poitrine! Eyleen est là! Vivante!...

Il s'approche... Elle ne semble pas l'avoir remarqué derrière son capuchon qui couvre son visage...

Eyleen?... C'est bien toi?...

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Figée, taillée dans la pierre.

Quelque chose dans sa minceur, sa posture, cette façon de bouger comme s'il ne pesait rien.

Je le connais.

Je le connaissais...

Il a crié ce nom que tous me donnent, mais qui ne sera jamais le mien.

Elles me donnaient mon vrai nom...

Elles...

(éclair de douleur, blanc comme le métal sous le feu de la forge, aussi brûlant... laisser filer le souvenir, le chasser sous la rage pourpre, la haine écarlate, le dissiper dans le meurtre... ne pas essayer de le retenir, surtout pas, il en revient déjà trop dans mes rêves, de ces souvenirs... au réveil j'ai les yeux qui me brûlent et le coeur trop lourd, et toujours la tête vide, et si elle ne l'est pas assez, je la nettoie à la haine... le solvant à souvenir, le baume à souffrances... la haine tournée contre eux, parmi qui je dors, contre eux, les autres de la surface, contre moi... contre elles... contre lui, là)

Lui.

Son sourire est un couteau entre mes côtes. Les traits de son visage me giflent l'âme.

Changer ce sourire en rictus de peur et de souffrance... Voilà le moyen. Et je n'aurai plus mal.

Si facile, il est confiant (pourquoi ?) il ne s'y attend pas (pourquoi ???), il s'approche et il est si heureux de me voir (pourquoi, pourquoi, POURQUOI ?)

MAIS QUI EST-IL ?

Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à sortir ma lame du fourreau ?

Pourquoi est-ce que je reste là, le souffle court et les épaules dures, les mains crispées, avec cette douleur dans la poitrine ?

Et son nom qui flotte dans ma tête.

Je ne veux pas du souvenir, mais il est devant moi. Impossible de l'ignorer... Ce n'est pas comme ces pensées vagabondes qui me traversent la tête et qu'il est si facile de dissiper... Lui, ce n'est pas juste une pensée. C'est un homme de chair et de sang, bien vivant.

Mais ça, ça peut changer...

Modifié (le) par Eyleen
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Elle ne bouge pas... Il se passe quelque chose... Une tension...

Une voix lui murmure "n'approche pas"... Un danger!...

La voix du sylphide se fait plus timide.

Eyleen?...

VAL s'arrête et regarde...

Toujours ce voile devant les yeux pour se protéger de la lumière...

C'est Eyleen, il en est convaincu... Mais...

Elle a la main qui tremble...

Un poids très lourd vient lentement se poser sur la poitrine du rôdeur...

Respirer... Il faut respirer...

Un mantra rapidement prononcé et les échardes du cactus disparaissent. Le corps du jeune homme est désormais sain mais son esprit est en proie à de sourdes émotions qui le submergent... Et ce poids qui l'étouffe!...

VAL laisse ses yeux se fermer et écoute sa respiration. L'air semble accrocher en entrant en lui, c'est presque douloureux... Mais lentement, la sensation s'atténue et peu à peu il s'ouvre à l'extérieur; à son amie, là, à quelques mètres de lui... Il inspire ce qui émane d'elle et il expire... Oui, il se passe quelque chose... Comme lorsqu'ils se sont rencontrés la première fois mais encore plus intense... Le mur, la forteresse, le froid, la glace, un volcan prêt à exploser... Tout est là, en elle...

Respire... Va, viens... Ne pas bouger... Ne pas franchir sa zone vitale qui pourrait devenir mortelle...

Respire... Le dragon finira bien par s'apaiser...

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Frapper, qu'il meure.

Partir et oublier que je l'ai vu.

Rester et me souvenir.

Je ne sais plus...

Je ne sais plus quoi faire...

Si je le tue, peut-être que ce qui hurle dans le fond de ma tête se taira, noyé sous les flots écarlates... D'habitude, ça marche pas mal.

Je tire ma petite lame.

Pourquoi ma petite lame ?

Pourquoi pas la grande ?

Peut-être parce que j'ai choisi, déjà.

Je tremble de ce choix, mais c'était trop tard de toute façon, je me souviens de lui.

J'avance vers lui, lentement. Un pas, deux pas. Si lourds... Comme si à chaque fois je faisais trembler la terre sous ma botte. J'approche... Et plus je m'approche et plus les lueurs dans ses yeux me fouaillent le ventre, me brûlent là, sous le sternum. Il suffirait qu'ils soient crevés, je n'aurais plus mal...

Foutaises, 'Nea. Il est trop tard pour ça. Tu te souviens de lui. Plus qu'à tenir le reste des souvenirs à distance, si c'est encore possible...

Un autre pas encore. Je n'ai que le bras à tendre pour le toucher.

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L'ambiance de Melrath Zorac se fait de nouveau lourde!

Ne pas bouger... Ne faire qu'un avec le monde... Calme...

Le dos détendu mais bien droit, VAL recule son pied gauche et l'appuie sur les orteils au niveau du talon du pied droit. Il pose son genou au sol puis recule la jambe droite et vient placer le genou droit au même niveau que le genou gauche. Il couche ses orteils en gardant l'alignement du corps et en écartant les genoux selon la largeur de ses épaules; le pouce gauche vient se placer dans le pouce droit...

Seiza.jpg

Il dépose son arc à ses côtés... Les yeux toujours fermés...

L'air entre dans le corps du sylphide, transmet sa force au cœur des centres d'énergie et poursuit son parcours jusqu'à ressortir... Un cercle se forme entre l'intérieur et l'extérieur à chaque inspiration et à chaque expiration...

Le jeune rôdeur en méditation ne bouge pas... Le sol vibre, l'herbe frissonne... Elle approche... Le crissement d'une lame qui sort de son fourreau... Elle approche... Tel un animal venu simplement humer sa proie ou lui porter le coup de grâce... Chacun de ses pas est une éternité...

Eyleen tend la main!... Elle va frapper!... Juste le toucher?... Elle hésite... Elle hésite toujours... Il va une fois de plus aller à sa rencontre... Il donnera l'énergie positive à leur rencontre...

Action!

La main gauche de VAL remonte vers le visage de la guerrière, la main droite vient se placer en parade contre le poignet armé de la terranne et il ouvre sa hanche droite!...

La main du rôdeur tendu vers le ciel redescend le long du bras armé... Se saisit du poignet... Il avance sa hanche droite, entre dans la garde de son amie... L'aspire!... Passe sous son bras et redescend ses hanches, emportant Eyleen dans une vague vers le sol et l'obligeant à lâcher son poignard...

Il plonge son regard dans celui de la guerrière...

Erreur...

Il lui donne une prise...

Eyleen!!! C'est moi!!! C'est VAL!!!

Modifié (le) par VAL
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Est-ce que je l'aurais fait ?

Je n'en sais rien moi-même... J'avais une idée saugrenue qui refusait de me laisser tranquille, l'envie de lui toucher le nez du doigt, et de dire "t'es mort"... Une image presque assez nette pour que je me souvienne, un sentier dans les hautes herbes. Est-ce que je l'aurais tué ? Je n'aurais pas pu. Je crois. Je ne sais plus...

De toute façon la question est hors de propos à présent. Mon épaule a heurté durement la terre, je suis plaquée au sol, le poignet tordu, ma dague gît dans l'herbe, hors d'atteinte, et il me crie en plein visage...

Je sais qui tu es, je connais ton nom, pas la peine de hurler... Je ne sais plus d'où je te connais, ni comment je t'ai connu, mais ça, j'ai pas envie de savoir, alors arrête de crier, et arrête de me vriller tes yeux bleus dans la tête comme ça...

Mais ma voix est étranglée, pas un mot qui sort, rien, à peine un son bizarre qui n'est ni un soupir, ni une plainte, ni un grognement. J'ai mal dans la poitrine, pas à cause de son poids, ce sont ses yeux qui me font mal, ce qui revient à ma mémoire autour de ses yeux et dont je refuse de me souvenir.

Alors je serre les dents sur le petit son bizarre, je ferme les yeux très fort et je tourne la tête.

Modifié (le) par Eyleen
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Le rôdeur se rend compte!...

Ses muscles sont bandés à l'extrême...

Il s'est trompé...

Il l'a senti...

Trop tard...

Il n'y avait aucune intention dans le cœur de son amie... L'attaque qu'il a mené sur elle était d'une rare violence... Ses muscles tendus comme des cordes d'arc en sont la preuve!

Il s'est trompé...

Il l'a senti...

Trop tard...

En plongeant ses yeux dans ceux d'Eyleen, il a compris...

Si l'angoisse a guidé son geste, il est désormais terrifié de ce qu'il a fait...

Elle sait...

Elle détourne les yeux...

VAL relâche la pression qu'il exerçait sur le poignet de la guerrière...

Il se relève... Ramasse son arc... S'écarte d'un pas...

Il s'est trompé...

Il l'a senti...

Trop tard...

Pas assez fort pour Melrath Zorac...

Pas assez fort pour ignorer les blessures reçues...

Pas assez fort pour ignorer la peur...

Il regarde le ciel... Shisha plane en silence... Les nuages dessinent des animaux...

Un sourire...

Modifié (le) par VAL
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Lâche, lâche, lâche...

Peur d'avoir mal, hein ?

Pas foutue d'affronter le regard d'un rôdeur qui pèse à peine plus lourd que toi ?

Lâche, minable. Tu es pathétique.

Il s'est écarté, j'ai rouvert les yeux.

Et je l'ai vu, la cible.

Un nécromant de l'air, un blason que je connais.

Il s'est élancé avant même que j'aie pris ma décision, marmottant ses incantations. En une seconde j'étais sur pieds, lame au clair. Tu n'aurais pas dû, nécromant. Pas ici, pas maintenant. Tu n'aurais pas dû, mais je te remercie quand même de ton manque d'à propos... J'avais besoin de quelqu'un comme toi de l'autre côté de mon épée, pour plonger dans la furie du combat et combler le vide douloureux dans mon ventre avec ton rictus d'agonie. Tu frappes, évidemment, étourdi, tu n'as pas vu la lueur de meurtre dans mes yeux, tu étais trop loin. Ne t'inquiète pas. Tu verras.

J'avance, j'ai tout mon temps.

Je fais durer le plaisir.

Je ne vois plus que toi, nécromant, tu es le centre de ma vie, à cet instant...

Ta mort me sera douce...

Ta souffrance tuera la mienne...

Allez, tu peux fuir, encore.

Ta dernière chance...

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  • 2 weeks later...

Elle ne le regarde pas!... Elle a vu autre chose!... Un Eolia!... Elle se redresse!... L'épée tendue, prête à boire le sang!...

Le rôdeur agit!

VAL se jette en avant, se place entre les deux adversaires, bras tendus, mains ouvertes. Plus la moindre peur... Plus la moindre angoisse, juste l'urgence de la situation!... Les intercepter avant qu'ils ne s'entretuent!...

Pas de gauche! Roulade à droite! Il avance! Pare une attaque, un sortilège de mort avant qu'il ne frappe sa cible! Un autre!... Toujours entre-eux, ne pas leur laisser d'ouverture, ni à l'un ni à l'autre! Le sylphide saute, danse, de plus en plus vite... Mais que faire lorsque deux êtres ont décidé de se donner la mort?

Les ténèbres frappent la guerrière... Elle sourit, n'attendait que ça!... N'attendait que cette opportunité de se déculpabiliser pour donner la mort!...

Barre toi!

Dernière tentative impuissante pour que le sang cesse de couler!

Le nécromant se tourne vers le jeune homme les yeux chargés de colère.

Eyleen frappe.

L'homme s'effondre...

VAL n'a pas su les arrêter...

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  • 1 month later...

Et voilà. Imbécile. C'était évident pourtant.

Tu aurais dû croire ton collègue de l'Air. Il t'avait prévenu.

Mais non, on fait son grand Mimile, effets de manches et incantations.

Et puis on se transforme en petit tas rouge et jaune.

Je regarde le nécromant, ou ce qu'il en reste. Il a l'air jeune et très surpris. C'était pas censé arriver, hein ? Voilà. La prochaine fois, tu réfléchiras peut-être... Ou pas.

Essuyer la lame sur la robe jaune qui flotte mollement dans la brise. La seule chose mobile encore, semblant de vie. Je recule d'un pas, je n'aime pas devoir nettoyer mes bottes.

Puis je relève les yeux sur le jeune rôdeur. Des yeux apaisés. Mais résignés. Voilà, VAL. Je ne sais pas si cette Eyleen que tu appelles aurait fait ça. Moi je l'ai fait.

Je rengaine la lame, lent mouvement doux, lissé par l'habitude. Petit froissement du métal contre le métal, du cuir contre le cuir.

C'est fini.

J'ai baissé la tête.

Puis tourné les talons, lentement.

Le pas lourd, je remonte la rampe qui mène au campement des nomades.

Je suis tellement fatiguée...

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Une boucherie...

VAL reste là, les bras ballant, sans bouger... Le visage horrifié...

Rares sont les instants où l'on ne lit pas la joie sur les traits du jeune rôdeur...

Là, c'est une boule de dégout coincée dans la gorge qui déforme son sourire... Une envie de vomir qui refuse de se concrétiser!... Un sentiment d'impuissance... De culpabilité aussi sans doute...

Elle s'en va...

Ey... leen...

Il regarde les derniers spasmes agiter le corps du combattant d'Eolia...

Et part s'enfermer dans une chambre où il se barricade, tremblant...

Il n'en ressortira que des jours plus tard...

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