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Terre des Éléments

On est bien peu de choses...


Eyleen
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Plus personne. Parties.

J'arrive pas à y croire.

Là, c'était la grande tente rouge... et il n'y a plus qu'un cercle d'herbe jaune et plate.

C'était bien là.

J'ai pas rêvé.

Je ne me suis pas trompée de vallée.

Pas la peine de me frotter encore les yeux.

Plus personne. Parties.

Là c'était l'abri de la cuisine, il reste le fourneau de terre, trop lourd.

Là, encore une tente debout, celle de Marcellusio peut-être ou de....

Ou de qui, j'ai la tête qui tourne.

Oh non, non, non non non.

Parties.

Pas un mot.

Le gros sac de minerai est tombé, il s'est déchiré, mes pierres en tas par terre.

On ne devrait jamais s'éloigner pour aller extraire quelques pierres.

Quand on revient le monde s'est écroulé.

Parties.

D'une heure à l'autre, comme ça, parties.

Elles m'ont laissée.

Même pas attendu pour me faire leurs adieux, m'expliquer, j'aurais pu comprendre, j'aurais pu les suivre peut-être, mais là, elles sont parties, elles ont plié bagage, laissé des formes jaunes dans la prairie, là où elles vivaient hier.

L'herbe plate et morte.

Plate et morte.

Pas un pas de plus dans cette vallée. Ce n'est plus ma vallée.

Elles n'y sont plus, je n'ai plus rien à y faire, plus rien vers quoi retourner, elles sont parties, elles m'ont laissé en arrière, attendre, pourquoi faire, expliquer, pourquoi faire, pourquoi faire ses adieux à celle-là, qui est-elle, qu'est-elle pour nous...

Un mensonge.

Tout n'était que mensonge, de bout en bout.

Le moindre sourire, une tromperie. Je sens encore la main de Tally sur mon épaule, mon amie, ha, ouais, tapoter mon épaule comme on tapote la tête d'un bon chien, brave 'Nea.

Et moi j'y ai cru.

J'y ai cru, pauvre idiote, j'ai cru à leurs mots et à leurs sourires, j'ai cru...

... que je comptais pour elles.

... comme je n'ai jamais compté pour personne...

... même pas pour les miens.

Les miens... Le rire sec comme un jappement.

Les miens ça n'a jamais rien voulu dire, jamais.

Ce que j'ai pu être naïve...

Une tache rebelle sur leur pureté de sang, aux miens, trop claire dans la soie sombre de leur peau.

Ici, l'inverse. Tache sombre et froide sur l'ivoire rosé. Jamais des leurs, jamais.

Jamais au coeur de personne.

Celle qui reste dehors, celle qui reste en arrière, celle qu'on oublie ou qu'on préfère oublier.

Le chardon au milieu des roses.

J'y vois plus rien, de l'eau plein les yeux.

J'y vois plus rien et j'y vois clair, enfin.

Mensonges, mépris, faux sourires...

Plus jamais piégée dans un faux sourire.

Cracher maintenant sur les mains qui se tendent, déchirer les lèvres qui disent des mots amis.

Plus jamais le bon chien de personne. Plus jamais naïve, crédule. Plus jamais rien espérer d'eux.

Maintenant je sais.

Je ne me ferai plus avoir, oh non, fini tout ça.

Amitié, complicité, partage, des mensonges, et ma lame dans la gorge des menteurs.

Dans leur gorge à tous.

La chienne a chopé la rage.

Elle se souvient enfin de la louve.

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Les branchages me fouettent le visage, je ne sens rien, je m'en fous, je cours. Il est de pierre, mon visage. Il est mort. La respiration rauque dans ma gorge, difficile à travers les dents serrées, mais je ne les desserrerai que pour mordre, mordre ou hurler. Le sous-bois s'éclaircit, la plaine herbeuse et les murs de la ville. Je piétine un scorpion, crève, sale bête à carapace, je saigne mais j'ai même pas mal. Courir, dents serrées, mordre dans la haine et ne pas la lâcher, si je la lâche la souffrance viendra à la place, et j'en veux pas, de la souffrance, elle me fait trop peur, la souffrance, je préfère la haine brûlante qui ravage le ventre, plutôt que la souffrance immense et vide et froide, le manque de quelque chose qui était là et qu'on m'a arraché. La haine je la tiens bien serrée entre mes dents, elle se débat et me lacère l'âme, vas-y lacère, je saigne mais j'ai même pas mal.

Et puis je les vois, dispersés au milieu de la plaine sablonneuse, portant leur symbole honni, et je me souviens dans une brume de la petite guerrière rouge et de son sourire haïssable, le même symbole, et c'est bon, cette joie sauvage qui vient magnifier la haine et qui renvoie la souffrance bien loin en arrière, je vais vous rentrer dedans bande d'ordures, la raison je m'en fous, la prudence je m'en fous, j'ai pas le droit de me tromper, si je lâche prise et que ma haine m'échappe, il n'y aura plus rien entre moi et la souffrance, et elle est proche, elle me talonne, elle me rejoint parce que je vois un visage que je connais, un vieux visage qui était bon, qui a changé, c'est bien la preuve, LA PREUVE, rien n'est bon, rien ne vaut de tenir encore le coup toute seule, la haine m'a presque échappé, pourtant je serrais les dents si fort, alors vite, les plus forts sont les nécromants, là, celui-là, je lui arrive dessus comme une nuée d'orage, la lame à la main, frapper, pour qu'il cesse de me regarder avec ces yeux rond, frapper, pour qu'il réagisse, défends-toi, mais défends-toi, crétin, c'est pas parce que je te manque à chaque fois que je ne te toucherai pas ensuite, alors secoue-toi, il paraît que vous êtes des tueurs, ce serait le comble qu'on m'ait menti sur ça aussi...

Et la souffrance vient, la bonne souffrance, celle qui se répand dans le sang comme un métal liquide, glacial, et encore une vague froide sous ma peau, une vague magique et sombre, étrange, qui m'engourdit, qui m'alourdit, qui étouffe tout, la haine et la douleur et la peur et le manque, tout part dans une spirale démente et moi je ris, parce que je saigne et que j'ai même pas mal...

Même plus mal...

Plus rien...

Merci...

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Tombée. Morte. Disparue de la surface de ces Terres. La magie noire de l'empereur avait encore une fois frappé... Il se tenait à l'écart de la scène, mais avait tout vu, tout entendu... Il savait tout, comme à l'habitude. Il était le Premier Juge des Enfers, Mach Gulam.

Personne n'aurait pu dire comment il avait pu venir aussi vite du Sanctuaire. Il connaissait des passages maudits, que personne ne connaissait... Il était vêtu d'un long manteau gris, et avait pris son apparence favorite : le vieillard. Sa barbe grisonnante, ses longs cheveux blancs, sa voix rauque, son pas lourd... Qui peux se méfier d'une personne pareille ?

Il avance, à travers la brume qui est tombée. Son visage est las, il est triste. Il s'approche de l'Empereur, et plonge son regard dans le sien. Longtemps, les deux Grands se dévisagent. Jusqu'à ce qu'Aioros acquiesce.

Un claquement de langue, celle du Juge, et les alentours qui s'estompent... Lorsque le flou redevient normal, la plaine a laissé place à une grande salle. Les murs, le sol, tout est noir. De faibles torches éclairent ce qui semble être un lit, sur lequel le Premier posera Eyleen.

Il est des légendes qui parlent d'un Rituel Ancien, censé extraire le bien d'une âme pour ne laisser que le mal... Mais ce ne sont que des légendes, oubliées. Le temps a fait son œuvre, éparpillant les données d'une connaissance totale sur le sujet.

Peut-être est-ce la volonté du sombre juge, que de refaire vivre Eyleen. Mais peut-être... a-t-il seulement faim.

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Les insectes grouillent en ces lieux maudits. Les serpents qui rampent sur la terre meuble, les quelques chauves-souris présentes dans la crypte se heurtent dans un bruissement d'ailes. Tout est ici conçu pour apporter la peur, l'angoisse, l'effroi au visiteur.

Mais il n'y a ici aucun visiteur, en fait. Seuls les Elus de l'Hadès peuvent pénétrer en ces endroits morbides, où rien ne se passe, où il fait une chaleur suffocante, où la puanteur est telle que l'homme moyen ne peut survivre bien longtemps.

C'est le Tartare, le lieu le plus souterrain des Enfers.

Aujourd'hui, en ces lieux habituellement déserts, se trouvent deux personnes. Enfin, une personne serait plus juste : la deuxième semble être plongée dans un coma profond, si elle n'est pas déjà morte. L'homme debout n'a pas de visages, seuls deux ronds rouges, et une fente étincellante lui servent respectivement d'yeux et de bouche.

Il se penche au-dessus de la personne endormie, et, après un lon soupir, prononce une incantation, en langue maudite.

"Estek Ufar Maudeï"

Le corps de la jeune femme endormie est aussitôt agitée de soubresauts, mais elle n'ouvre pas les yeux, elle ne fait pas un cri. Une forme humanoïde, comme un nuage de fumée blanche semble se superposer avec la femme. D'un claquement de langue, le Juge Gulam (car qui pourrait parler en langue maudite, à part cet horrible servant d'Hadès ?) fait s'évanouïr la fumée...

Puis, un autre claquement de langue, et une autre fumée, noire celle-là, apparaît. Elle se superpose aussi avec la jeune femme, semble attendre quelque chose. Le juge aquiesce... et voila l'ombre qui descend sur la femme, qui se confond avec elle...

Un troisième claquement de langue, et la femme ouvre les yeux. La fente étincellante qui sert de bouche au juge s'étend... Il a réussi. Il parle à la femme...

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Vague bouillie de sons.

Flou qui se dissipe, se déchire difficilement, à regret.

Sensation de poids, de chaleur dans mes bras, mes jambes.

L'air qui entre, sort, entre, épais, fétide.

La douleur sourde dans les tempes, la poitrine, les os.

L'obscurité, et deux trous rouges.

Une ombre de visage, trop près.

Le son qui en tombe.

Menace.

Réflexe, rouler sur le côté.

Chute, le sol dur et mouvant.

Mouvant ?

Bestioles qui rampent.

Etre comme elles une bestiole qui rampe, trouver l'ombre d'un recoin, une fissure, m'y faufiler et m'y terrer.

Des murs, lisses.

Pas d'issue...

Juste un recoin, m'y tasser, m'y fondre, disparaître.

Quelque chose ne va pas.

Insécurité, menace partout, même les murs derrière mon dos, menace. Comme si ils me repoussaient, vague ondulation, frémissement organique, répugnant.

Sensation de décalage, de... de malaise. La rage et la peur qui tournoient dans le fond du ventre, qui remplissent peu à peu le vide gris. De plus en plus de rage. De moins en moins de peur.

Piégée ici, perdue, je ne comprends pas où je suis, qui je suis, qui il est lui, la forme sombre qui se tient debout. Piégée par les murs, et par la forme aux yeux comme du charbon incandescent. Le tuer et fuir.

Piégée dans mon recoin, me ramasser encore plus.

Ma respiration précipitée, l'air pue ici, ça sent la charogne et la pourriture. Aucune importance.

Mesurer l'espace et le temps qu'il faut, fractions de secondes, fouiller le sol des yeux, chercher les aspérités, difficile sous le tapis de vermine, danger.

Et écouter monter la fureur et la haine.

Les laisser chasser la peur.

Les comprimer comme un ressort.

Et les libérer.

La haine qui s'échappe dans le feulement.

Un seul bond, mains en avant, les ongles tendus.

Viser les yeux.

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"Jeune sotte."

A peine avait-elle sauté qu'elle hurla de douleur. Comme tous ceux de la Race Déchue, Mach était en ces lieux, intouchable. Oh, celui qui le touchait ne risquait pas la mort, non... Mais il risquait de perdre bien plus, de devenir une âme errante, sans but...

Avec un long rictus d'amusement, il observait Eyleen qui se roulait à terre, se vautrant dans les insectes grouillants, tentant de s'aggriper aux murs lisses... Elle hurlait, appelait à l'aide. Mais ici, personne ne pourrait venir, elle n'aurait nulle aide...

"Ta réaction est parfaitement normale... Hérétique, je vais t'expliquer ce que je viens de te faire. Tu étais auparavant une fidèle serviteuse du Bien, enfin, cette notion abstraite que beaucoup défendent aujourd'hui sans même savoir ce que c'est... A la suite d'un combat que tu as perdu contre le divin empereur Aioros, tu es morte.

Par mes pouvoirs, qui, je dois le dire, sont géniaux, je t'ai ramené à la vie... Mais la renaissance a un prix... Ton âme t'a été purifiée, hérétique. Maintenant, tu vas basculer dans la violence, la haine et la mort. Les larmes et les cris d'horreur seront ton parfum, la puanteur morbide ton quotidien."

Elle essaye de se débattre, de ne pas sombrer dans la haine... Elle ne sait pas que c'est déjà peine perdue, que le vide glacial qui s'installe en elle sera son plus fidèle compagnon tout au long de sa vie immortelle...

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C'était prévisible, crétine.

Sur son terrain, il est plus fort.

Mais d'où vient cette souffrance insupportable, il n'a même pas levé la main !

Le bond stoppé net, élan brisé, et je suis retombée au sol, heureusement sur la vermine qui a amorti le choc, mais l'épaule qui me cuit est le moindre de mes tourments, la souffrance me ravage, cette ordure me fait mal, et il adore ça. Dents serrées et les cris qui passent malgré tout, rendus rauques par la gorge à vif.

J'ai retrouvé mon coin de mur, tous les membres agités de spasmes, les mâchoires douloureuses et le souffle bref. La douleur s'est atténuée, elle est toujours là, comme un rappel, comme si j'avais besoin de ça. J'ai les yeux rivés sur lui, sur son visage sans visage. J'écoute chacun des mots qu'il prononce, à présent que je suis assez éveillée pour comprendre. Mon parfum, mon quotidien. Ici, donc, et pour longtemps. Bouffée de peur, vite noyée, ensevelie...

Il a raison.

Violence, haine et mort, oui. Oui !

Je les sens qui bouillonnent à l'intérieur de moi.

Qui dissolvent la peur, acide noirâtre, implacable.

Violence haine et mort qui m'emplissent et débordent de moi.

Mais la haine est pour lui.

La violence aussi.

J'attendrai le temps qu'il faudra.

Et il aura la mort aussi en fin de compte.

Si ce n'est pas déjà fait.

Auquel cas je trouverai bien quelque chose à quoi il tient que je pourrai détruire.

Je ne comprends pas encore tout, qui est cet empereur dont il parle, où je suis, ni pourquoi. Mais je trouverai. J'écouterai, j'apprendrais, je suis très douée pour écouter et me taire, et me faire oublier, immobile et anodine. Quelque chose qu'il ignore, dans la fatuitié qui gonfle son discours, la suffisance qui enveloppe sa voix. Le point faible, peut-être. Apprendre en silence, dans l'ombre, pour savoir où frapper, où détruire. Je suis patiente, infiniment...

D'abord me souvenir.

Voir à travers le flot noirâtre et puant qui gomme tout relief de passé en moi.

En attendant, comprendre, vite, ce qu'il me veut, il dit qu'il m'a fait quelque chose, comprendre quoi, et pourquoi. Lui donner ce qu'il attend, pas trop vite, pas trop facilement, il se méfierait. La haine qui brûle, ne pas la cacher, je ne crois pas que je pourrais, et puis même si je pouvais, je ne le veux pas, qu'il voit les lèvres retroussées qui découvrent les dents, et la lueur de meurtre dans les yeux. La promesse.

Tu ne seras pas toujours sur ton terrain, ordure.

Tu ne seras pas toujours le plus fort.

Un jour c'est toi qui te tordras et moi qui rirai.

Je suis patiente.

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  • 2 weeks later...

Maintenant, elle le detestait, elle le haïssait. Elle ne vivrait plus que pour le voir souffrir, hurler...

Mach sentait venir àlui sa haine, sa violence...

Mais derrière tout cela, il y avait un tristesse, grande, indéfinissable. Il décidait de la laisser avec sa tristesse... Cela ne le regardait pas, et il s'amusait qu'elle souffre...

"Allez, frappe moi... Fais moi souffrir... Libère ta souffrance, libère ta haine, et enfin... tu seras vraiment des nôtres, de corps et d'âme...

Imagine moi, sanguinolent, les tripes à l'air... Imagine le bec d'un corbeau fouillant dans mes entrailles...

Je suis Gulam, Juge des Enfers... Répète toi ce nom, médite, attise ta souffrance dessus...

Tu es mienne, maintenant... tu le deviens, ne sens-tu rien ?"

Maintenant, les murs se mettent à trembler, le sol se secoue... L'Hadès va accueilllir Eyleen...

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  • 2 weeks later...

C'est ça, oui. Prends-moi pour une idiote, j'adore.

Tu te gourres, Gulam, sur toute la ligne. Je ne veux pas te voir mort, je m'en fous. Je veux te voir agoniser, de ma main, et lire dans tes yeux que tu sais que c'est ce que tu viens de faire qui en est la cause. Que c'est cette magie puante avec laquelle tu m'as frappée qui te vaut ta lente mort. Après, les corbeaux pourront te becqueter tant qu'ils veulent, un mort c'est de la viande froide. Un mourant, c'est ça que je veux. Un mourant conscient le plus longtemps possible...

Tu crois vraiment que je vais venir te frapper, là, maintenant, après cette splendide démonstration ? C'est pas pour une idiote que tu me prends, Gulam, c'est pour un bestiau, et encore, pas très intelligent. J'ai compris la leçon. Un seul geste et tu as cassé mon assaut. Tu peux le refaire.

Quant à savoir si je suis tienne... Crois-le autant que tu veux. Pour ma part je ne sens rien de tel. Je suis à ma colère, à ma peur et à ma haine, oui. Je suis à ma souffrance. Mais je ne suis pas à toi. Aiguiser ma haine sur ton nom, longuement, oh oui, ne t'en fais pas, tu es mon nouveau but, mon seul but à présent. J'aurai ta peau. Même dans dix ans, Gulam, quand tu me croiras bien docile et que tu auras relâché ta prise sur la laisse que tu penses me passer. J'en frémis d'avance...

Tu jubiles, hein ? Je l'entends dans ta voix, je le vois dans le brasillement de ces choses rouges à la place de tes yeux. Tu jubiles. Je ne sais pas encore ce que tu me veux. Me tuer, non, je ne crois pas. Tu pouvais le faire avant. Je ne sais pas. Un nouveau jouet, c'est ça ? Un nouveau molosse pour ta meute ? Pourquoi pas, ça m'arrangerait bien, j'ai envie de mordre en ce moment... Juste quelque chose dans ma mémoire, un serment à moi-même, plus jamais le chien de personne, jamais... Jamais à toi en tout cas, Gulam. A battre son chien on lui apprend la haine et la rage, on attise sa fureur, oui... Mais certainement pas sa loyauté.

Je me suis levée, redressée. Les bestioles rampantes ont craqué sous mes bottes, aucune importance. Je me suis approchée, lente et prudente, attentive au moindre geste. Il y a une vibration dans le sol, sous mes pieds. Pas assez forte pour me déséquilibrer, pas encore. Mais mieux vaut trouver appui. Je suis de l'autre côté de cette sorte de grande table de pierre, j'y pose les mains. Sans te quitter des yeux, jamais.

Un jour je te tuerai, Gulam. Tu le sais n'est-ce pas ?

Voix rauque, enrouée, basse. Je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça. Aussi calmement, en plus. Peut-être par envie que tout soit clair. Peut-être tout simplement parce que c'est une évidence...

Le grondement s'amplifie. Mais je ne te lâche pas des yeux.

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