l'Appel aux armes.

[Zam Burza]

I. le temps du départ.

C'est une nuit comme les autres qui s'était abattue sur Aéris. Une nuit sombre, éclairée faiblement par la lueur blafarde d'un petit croissant de lune. Une nuit comme les autres mais qui n'aurait pas la même signification pour tous...

Parmi les bruits de la nuit, on peut percevoir le crépitement d'un feu dans la plaine d'Aéris, près du lieu-dit de la tour de garde. L'âtre éclaire faiblement un jeune homme assis et projette des ombres difformes....

Zam Burza est un jeune homme d'environ 25 ans, à l'allure athlétique, légèrement musclé. Ce n'est pas le corps d'un guerrier, mais on peut tout de même sentir le combattant qui sommeil en lui, souple, nerveux, vif.

Les flammes dansantes font jouer des ombres sur son visage, encadré d'une longue chevelure sombre tombant dans les replis de son large manteau. Les traits sont secs, taillés par les éléments et la vie à l'extérieur en solitaire.

Le visage mal rasé indique bien que le jeune homme a d'autres préoccupations que d'assurer son apparence pour la vie en société. Les yeux froids et perçants et les lèvres serrées semblent ne jamais vouloir sourire.

Ainsi était Zam alors qu'il était assis là sur cette souche, le regard perdu dans les flammèches qui virevoltaient face à lui, en proie à la réflexion.

Il s'en était passé des choses depuis qu'il arpentait ces terres.

Enfant déjà, Zam présentait une prédisposition à l'élément aérien. Il possédait une certaine sensibilité aux mouvements de l'air et les vents semblaient jouer avec lui.

Il passait de longues heures ainsi à courir dans les plaines avoisinantes au milieu des courants d'air, à l'écart des autres enfants et de leurs jeux habituels.

Cela n'inquiétait pas particulièrement ses parents qui ne s'étaient pas réellement aperçu de ses talents naturels jusqu'au jour de l'accident. Alors qu'il jouait à l'extérieur comme à son habitude, Zam fit une chute d'une hauteur relativement imposante sous les yeux effrayés de ses parents, mais à leur grande surprise, le jeune garçon ne s'abattit pas comme une masse.

Au contraire, il semblait porté par le vent, planant avec légèreté pour son plus grand plaisir.

La réception ne fut cependant pas aussi souple que ce à quoi on pouvait s'attendre, la maîtrise des vents n'est pas chose aisée pour les profanes. C'est donc tout naturellement que ses parents décidèrent de l'envoyer vers Aéris afin d'étudier au mieux la maîtrise de l'air.

L'entraînement d'Eolia....ce n'était pas de tout repos, il faut bien l'avouer. La déesse a beau être pleine de bonté et de justice, elle sait aussi se montrer stricte, sévère même, quand cela s'avère nécessaire, et l'entraînement de Profision était à l'image de sa déesse.

Mais les heures passées à frapper inlassablement des cactus, et les diverses courses pour les habitants avaient finis par payer...La chasse aux scarabées, aux serpents venimeux, aux branleils, aux moustiques sanguinaires, sans parler des terribles abeilles tueuses s'étaient avérées autrement plus amusantes et enrichissantes.

Quant aux défis de Profision...hahaha, ces défis...leur souvenir arracha un sourire à Zam, enfin si l'on pouvait parler de sourire....Un rictus plutôt, déformant le coin de ses lèvres. Il laissa échapper un léger ricanement.

A chaque fois, il avait dut s'y reprendre à deux reprises pour passer ces tests. Trop sûr de lui qu'il était à l'époque, il n'emportait jamais assez de quoi se soigner et cela lui avait été fatal lors de sa toute première tentative. Il avait alors mis un certain temps à se rétablir de ses contusions et blessures diverses dans la froide nécropole de la recycleuse d'âmes.

Malgré toutes les heures passées en entraînement, Zam ne parvenait pas à s'intégrer à la masse des autres étudiants, au peuple d'Aéris... Il allait toujours seul dans les vastes plaines, aimant passer son temps au milieu des vents et des esprits aériens, le regard perdu au loin dans le ciel. Ses yeux froids et son manque d'expression, de réaction, mettait les gens mal à l'aise et le maintenait a l'écart, mais cela convenait parfaitement à son caractère taciturne, renfermé, solitaire.

Seules les luttes sépulcrales le faisaient revenir vers la civilisation et ses compatriotes. Le besoin de défendre les couleurs d'Aéris était toujours présent en lui à chaque instant, et il répondait donc toujours a l'appel régulier des joutes.

Armé de sa fronde, il s'appliquait au mieux à sa tache et s'impliquait autant que possible dans la compétition. Il se surprit à se rapprocher d'un groupe de fiers combattants Aérides. Même s'il se gardait bien de le leur montrer, restant toujours en retrait, c'était un réel plaisir pour lui que de se retrouver à leurs côtés pour combattre les autres éléments.

Mais ce temps était révolu. L'entraînement était fini pour Zam. La maîtrise de l'air n'avait plus de secret pour lui, et les luttes lui étaient désormais interdites.

Convoqué par Lilouien, chef élémentaire de l'air qui régnait en maître sur les terres d'Aéris, il avait écouté avec attention son souhait qu'il parte pour les terres sombres de Melrath Zorac que quelques aventuriers avaient commencé à coloniser...

De nouveau seul, il était en proie à la réflexion... Partir pour Melrath Zorac, oui, pourquoi pas, mais pour y trouver quoi? Quel serait son but?

Si seulement il pouvait retrouver ses compagnons de lutte, peut-être pourrait-il parcourir un bout de chemin à leurs côtés...

La nuit commençait à être fort avancée, et une longue route l'attendait le lendemain, il valait mieux laisser toutes ces questions de côté et tâcher de dormir un peu.

Zam raviva le feu en y jetant une nouvelle bûche afin qu'il tienne jusqu'au petit matin. Il prit son sac et l'adossa contre le tronc, puis essaya de s'installer du mieux qu'il put, emmitouflé dans son manteau, et ferma les yeux.

Sa nuit fut bercée par le crépitement du feu et le murmure des vents à ses oreilles. Dans ses rêves, il flottait dans une mer de nuages au gré des courants aériens....Une voix semblait l'appeler au loin.

Zam.........Zam Burza.........Approche, enfant aimé des vents.

Alors qu'il se dirigeait dans la direction de l'appel, les nuages s'écartèrent, laissant apparaître dans un halo de lumière une curieuse créature, chevauchée par un homme vêtu d'un large manteau dont la capuche masquait les traits. A sa main, il tenait une longue lance affublée d'une oriflamme aux couleurs d'Aéris.

Zam voulut s'approcher d'avantage mais cela lui était impossible, la distance les séparant semblait toujours rester la même. Il cessa de lutter et fixa son regard dans celui de la créature. Comment appelait-on ces animaux de légende, à moitié aigles, à moitié lions, qu'il avait déjà croisés dans les ouvrages de la bibliothèque?

Un gri...un griffon, voilà, c'était ça.

Zam

L'attention du jeune homme se reporta immédiatement sur l'étrange cavalier.

Zam, réponds à l'appel qui t'est fait....

Ta déesse Eolia, qui toujours a veillé sur toi en t'envoyant ses vents amicaux, a besoin de toi, de ton aide....... Il est temps pour toi de quitter le petit nid douillet d'Aéris et de prendre ton glorieux envol pour Melrath Zorac...

Tes compagnons, tes frères d'arme t'attendent Zam.......Ils sont déjà là-bas, à défendre les couleurs d'Eolia sous une même bannière...

Il est temps maintenant, lève-toi et vas les rejoindre... oui... lève-toi, maintenant.

A ces mots, la lumière se fit plus forte et la vision se dissipa... Zam Burza ouvrit les yeux, hagard, il contempla le ciel bleu du matin. L'esprit encore tout embrumé, il se redressa sur sa couche en se massant la nuque.

Quelle étrange rêve... il n'avait pourtant pas forcé sur la bière avant de s'endormir la veille... alors pourquoi? Un griffon... un griffon... pourquoi cet homme chevauchait-il cette satanée bestiole... Où l'avait-il croisé déjà? Dans quel ouvrage poussiéreux était-ce?...L'apparition avait parlé de ses frères d'arme... ses anciens compagnons de lutte peut-être?

C'était bien sa veine, il se réveillait avec plus de questions que la veille.

Une bannière pour servir Eolia, un griffon... Le regard du jeune homme s'illumina... mais oui, c'était ça... la vieille légende de Zephyr et de son armée d'Eolia, ceux qui arboraient un blason représentant un griffon. Se pouvait-il que ses anciens compagnons aient décidé de reprendre le flambeau du glorieux guerrier aéride afin de porter la parole d'Eolia sur Melrath Zorac?

Il fallait en avoir le cœur net. Zam décrocha son manteau et l'étendit sur le sol, puis il se dirigea vers l'âtre qui finissait de se consumer et en dispersa les braises rougeoyantes à coups de botte. Se saisissant d'un large morceau de charbon, il retourna auprès de l'étoffe posée sur l'herbe, et y dessina fébrilement un large griffon.

Ainsi, les partisans d'Eolia devraient me reconnaître sans mal, marmonna-t-il. Du moins... s'ils existent bel et bien... rajouta-t-il après un temps de réflexion.

Satisfait de son travail, il jeta le morceau de charbon dans les restes du feu de camp et s'enveloppa du large manteau, puis il rassembla rapidement ses affaires et se dirigea à pas rapides vers la gardienne du passage menant à Melrath Zorac.

Jetant un dernier regard vers les terres verdoyantes d'Aeris, il s'engouffra d'un pas résolu dans le sombre et étroit corridor.

-HRP-

Un grand merci à Arduinna qui a perdu tant de temps à corriger mes nombreuses fautes