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Terre des Éléments

Impatience


Eliyane
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Je me retourne dans les draps rêches qui irritent ma peau nue. La mi-nuit est sûrement passée depuis longtemps mais je n'arrive pas à trouver le sommeil, trop excitée que je suis par le nouveau tour que prend ma vie. Non qu'elle fut désagréable mais les grandes forêts me manquent. Maître Airan... Ah Maître Airan ! Rêveusement, je me retourne à nouveau, scrutant le plafond bas en tentant de faire remonter avec délice ces vieux souvenirs.

Je ne devais pas être âgée de plus de 8 ou 9 ans, livrée à moi-même, j'ignore encore comment j'ai pu survivre si longtemps ma mémoire n'est que fragment qui tombe en poussière. Mais de cet instant je conserverais toujours le souvenir. Je jouais tranquillement avec ce petit ours, je n'ai jamais voulu lui faire de mal, ça n'a pas empêché sa mère de me foncer dessus lorsqu'elle est arrivée. J'ignore comment une fois de plus je m'en suis sortie appeler ça la chance, mais c'est à cet instant qu'il est apparu. L'ourse morte, moi sale, les cheveux ternes emmêlés de brindille dans ma tunique déchirée et rapiécée, et lui... jeune homme à la fière allure dans ses beaux vêtements. A l'époque il m'était apparu comme une émanation divine. Je crois bien avoir balbutiée quelque chose qui ressemblait à un vague merci, avant de lui avoir demandé s'il était un ange.

Ricanant dans mon lit je me redresse alors. Un ange, tssk il n'y à que les petites filles qui peuvent penser à de telles sornettes. Je ne parviendrais pas à dormir je le sais. Demain nous partons pour Terra retrouver un dénommé Eryas. Il était beau garçon lui aussi, mais qu'est ce qu'il pouvait être renfermé... Je caresse du bout des doigts l'étoffe de mes nouveaux vêtements. De chauds vêtements de voyage, léger et confortable, pas ces espèces de costumes d'épouvantail qu'on m'oblige d'ordinaire à porter. Je hais ces robes de soubrettes dans lesquelles je me prends les pieds. Et pourtant là encore elles m'évoquent tant de souvenirs.

Je connaissais Maître Airan depuis plusieurs mois maintenant, pourquoi m'avait-il emmenée avec lui ? Aucune idée mais je n'allais pas m'en plaindre. Mon arrivée à Varsec, -cramponnée à la jambe de mon sauveur d'une façon fort peu protocolaire- m'avait émerveillée. Ont avait bien essayé de m'en décrochée mais d'un seul regard, il mit fin à leurs tentatives. Un vieil homme nous avait accueilli, le comte Deiran De Varsec. Etrange bonhomme que celui-ci, un des rares à ne pas me fusiller du regard ou à me regarder avec dégoût comme si la petite sauvageonne que j'étais aurait été plus à sa place au chenil, avec le reste des chiens. J'ai pleurée un peu sa mort. Enfin il a bien fallut que je fasse quelque chose, je me suis donc retrouvée avec les autres servantes de la demeure familiale. Plus ou moins bien acceptée, parfois à peine tolérée. Ces sottes ont toujours été jalouses de mes rapports privilégiés avec le Maître. Je ne le voyais qu'à l'occasion mais lui semblait toujours avoir une parole ou une marque d'attention à mon égard. Il m'a même graciée la fois où je me suis faite prendre à essayer de tirer sur la cible avec cet arc. Quelle idée aussi de le laisser traîné dehors. Mais les serviteurs n'ont pas à toucher aux armes, en y repensant j'aurais bien pu mourir si ce n'était pas Eryas qui m'avait prise en flagrant délit et qui m'avait conduite droit chez Maître Airan. Ils semblaient en avoir fait un sujet de plaisanterie entre eux.

Mais ça c'était avant qu'Eryas ne commence à devenir de plus en plus renfermé et distant. Au fil des années il semblait s'effacer, je ne l'ai jamais vu aussi heureux que le jour où le Maître l'envoya quelques part sur le continent. Eryas, Maître Airan et moi. Etrange idée. Par la petite fenêtre du dortoir l'aube s'infiltrait et les autres femmes commençaient à se réveiller à leur tour. Je souris avec délice en repensant que cette fois je suis exemptée des tâches qui devraient m'incomber, mais le Maître m'a choisie moi, Eliyane Llewelyn, pour l'accompagner sur le continent. Je m'habille rapidement et me glisse à travers les couloirs, direction la cuisine. J'ai faim, Nerina laisse toujours quelque chose à manger dans la cuisine, pour les gardes. Une part de plus ou de moins ne se remarquera pas. Je croise une des autres soubrettes avec un plateau dans les mains, je sais pour qui il est. Maître Airan est matinal, je prends le plateau des mains de l'autre et lui dit que je m'en charge. Elle me toise un moment d'un regard venimeux puis fait demi-tour sans oser rein dire. Guillerette je file à travers les couloirs, ma faim oubliée. Je frappe à la porte des appartements du Maître et m'y faufile. Il est là déjà levé, installé à son bureau. Sans même levé les yeux, il m'accueille. « Je vois que tu es déjà prête, bien. Pose ça là je m'en occuperais. » C'est une des choses qui j'aime chez lui, il semble toujours savoir quand je suis là. D'un geste il m'indique une chaise, étonnée je m'y installe d'ordinaire nos contacts s'arrête là. Vaguement il parle sans vraiment m'adresser la parole directement, je l'écoute exposé le déroulement du voyage qui nous attends. Je frémis de joie à l'écoute du nom de notre destination. Terra. Fimine soit louée, après tant d'année, je rentre chez moi !

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