Une bonne pipe et une bonne bière. Le Nain avait prévu ça dans sa besace. Il s'adossa près d'une coulée de lave dans la vallée d'Ignis. Il avait toujours aimé la chaleur. Là haut, dans le nord lointain, il ne quittait jamais ses forges ancestrales et leur chaleur rassurante. Il en avait forgé des armes pour des combattants venus de multiples contrées. Ce qu'étaient devenus ceux qui portaient ses objets, le Nain s'en moquait, tant que l'or restait dans ses coffres. Sa réputation était bonne, ses armes de qualité, mais ses prix....Ils en repoussaient certains. Mais d'autres clients connaissaient la valeur d'une arme forgé par un Maître Nain. Il bourra sa pipe, l'alluma, puis inspira une longue bouffée. Voilà maintenant qu'il était loin de ses forges, de sa montagne, de sa maison. Un projet ambitieux l'avait ruiné... Presque sur la paille, il avait dû quitté son antre pour venir sur cette terre, où disait-on il y avait la possibilité de rassembler quelques piécettes. Et puis, l'agitation de son premier siècle lui manquait : les razzias et les massacres dans les territoires ennemis avec ces compagnons à courte barbe -symbole de jeunesse dans son clan-. Il avait dû longuement se préparer aux combats qui faisaient rage sur Melrath Zorac, la terrible. Mais l'heure approchait. De son autre main, il déversa un peu de bière dans sa fidèle choppe. Il en but un longue gorgée, jusqu'à inonder sa barbe de mousse. Le Nain avait vite compris que le meilleur moyen de parvenir à ses fins rapidement était de chercher de l'aide parmi l'une des nombreuses factions qui sévissaient sur Melrath Zorac. Les Ombres de Kilinaí« lui avaient tout de suite plu. Il n'avait jamais fait confiance à ceux qui prétendaient se battre pour le bien ou l'harmonie, tout cela cachait toujours une immense hypocrisie. Ceux qui clamaient vouloir agir pour leur propres bénéfices étaient honnêtes, au moins avec eux-mêmes. Ils ne se réfugiaient pas derrière de beaux principes pour les bafouer à la moindre occasion. Et puis, il fallait croire que le côté romantique de leur quête de l'œuf avait réveillé quelques fibres de sensibilité chez lui. D'un revers de main, il s'essuya la barbe, puis la lissa. Il examina sa fidèle hache, se demandant quand elle commencerait enfin à trancher des têtes. D'un bond, il se leva puis se dirigea vers le Bastion des Ombres. "Mon entraînement touche à sa fin" pensa t'il. "Encore quelques armes à forger pour mes compagnons et je serais fin prêt." Déjà KurogHan avait hâte, se battre, tuer, être blessé, forger des armes, boire, manger, re boire, rire avec ses amis, re re boire, et repartir avec un beau tas d'or. Voilà un programme digne de ses plus beaux rêves.
