Calme absolue alors qu'il l'attrapait par les cheveux, la soulevant elle et son poids plume. Elle le regarda, sans un mot. Il ne disait plus rien, consternait devant cette impassibilité. Ce regard là, à la fois terrifiant et riste, un mélange entre la haine et la méclancolie. Pourtant, son visage semblait froid tellement il était blanc. C'est cet aspect laiteux qui lui donnait l'air d'une poupée de porcelaine, là où seuls les yeux étaient animés. Aidan ne lâcha pas la féline, la gardant là, pendue à son bras comme un vulgaire objet. Le silence était bel et bien là, lourd et pesant, durant quelques secones qui ressemblèrent à des heures, des années même. Tout n'était que pesant. Aidan lâcha finalement la féline, se retourna pour attraper un bâton. Ca aurait pu être aussi facile que ça, mais il en fut autrement. A peine eut il eut l'idée de prendre le bâton que la féline, encore à genoux sur le sol, les cheveux cachant son regard, sa petite voix mieilleuse résonne. Pas provocante, non, mais avec cette petite pointe de froideur à l'intérieur. Elle n'avait pas haussé le ton, mais comme une lame qui transperce la chair, elle attirait avec elle la douleur et la peur. « Vous ne devriez pas faire ça. - Ah oui ? Et en quel honneur ? - ... Vous le regrietteriez. » Mais l'homme réfute tous les conseils venues de cette chipie et d'un geste brusque il attrape son bâton de berger, haut et fin, mais à peine plus dur qu'une brindille. Ca n'est que pour le soutenir, lui et sa masse de graisse, après tout. Il se retourna et fixe la matière brute qu'il se pense façonner. C'est délicieux. Ce petit corps sur le sol, la tête basse, la queue repliée entre ces jambes et les oreilles bassent, les bras doucement tremblants, de peur ou de haine, s'attendant sans doute à recevoir quelques coups. Elle le relève pourtant la tête, animal fier et orgeuilleux. Elle le fixe, lui, le Tavernier, qui dans son propre établissement n'y impose même pas ces règles. Contre toute attente, elle sourit. Un sourire délicieux s'inscrit sur ces lèvres en un ourlet malicieu montrant des dents blanches, longues et fines. Elle se relève doucement, son visage se rembrunit brusquement. Il s'approche d'elle, hésitant un peu, puis lève l'arme. Elle relève la tête et l'observe. Le geste. La grâce. Il n'est pas gracieux ce gros porc. Elle plisse le nez et met en arrière ces oreilles. Dans un long sifflement, le temps semble suspendut. Mais il n'écoute plus son coeur que sa raison, et d'un coup de bâton, il fait tomber la féline sur le sol. Son flanc lui fait mal, elle sent la souffrance l'envahir et lui serrer les tripes. Pourtant, elle ne feule pas, non, elle ronronne. Elle aime cette douleur. Elle relève la tête à temps pour que le bâton lui frappe le haut du crâne. Elle est sonnée, sa tête frappe le sol et elle sent un peu partout le bâton pleuvoir, et chaque goutte lui claque la peau, la rougit, puis elle devient bleue, peu à peu. Aidan s'arrête à un moment, la regardant sur le sol, le visage cachait par sa cascade de cheveux. Ca n'est pas affriolant. Il se retourne pour voir l'expression grave sur Tavernier. Nicholas reste ébahit, les yeux exhorbités devant toute cette violence. Et il n'a rien dit. Ca le ronge un peu. Il n'a pas su aller vers eux et porter sa main pour arrêter les coups, il l'a laissé la frapper. Il ferme les yeux, baissant la tête. Aidan se retourna doucement, réalisant son acte. Et comme dans chaque être humain, vint après l'acte les remords. Pourquoi avait il fait ça ? La peur de l'étranger, sûrement, cette peur qui les prenait tout à l'estomac. Mais elle. Non, elle, elle était différente. Elle se releva, s'appuyant sur la table derrière elle. Sa peau saignée, comme son nez et sa bouche. Sa langue râpeuse venait lâper le sang qui goutait sur ces lèvres, émoustillant chaqun de ses sens. « Je vous avez prévenu. C'était une mauvaise idée. » La voix semble venir de nul part. Aidan se retourne, tout juste assez pour voir les yeux de la féline brillait. Un coup de baton arsenait à la tempe le couche sur le sol. Il gémit de douleur. On n'aurait jamais cru qu'une bête aussi petite avait une telle force. Elle se recule, fixe le Tavernier qui se laisse lentement glisser au sol pour se faire le plus petit possible. Elle envoit cinq autres coups de bâton sur l'homme jusqu'à qu'il se replit sur lui même. Pauvre enfant battu. Elle se fait haute face au mastodonte sur le sol. Ces oreilles à la verticale, sa queue qui doucement se balance. Sourire. Bien sûr que c'était une bonne idée. La queue fournie en poil noir doucement se faufile sur le sol et ramasse alors son arbalète. Elle tends la main et la prend entre ces doigts. Elle attends le va et vien de sa queue entre sa main et la table pour une flèche. Celle-ci est en fer dur, blanc. Il est marqué par elle même d'une griffe au bout. Marque peu importante diront certains, mais pour la féline, c'est un peu sa marche. Elle tourna alors autour de lui, animal apeuré et tremblant dans toutes ces petites chairs. « Vous parlez plus que vous ne savez, humains écervelés... Vous parlez d'ailleurs trop. Il serait peut être temps de se taire, vous ne croyez pas ? Elle aurait tué son mari, y a des meurtres dans la vallée, elle est folle... Foutaises. Votre esprit tordu se met à divaguer. La peur. Vous vous pissez dessus quand quelqu'un foule votre terre et qu'il est différent. Et c'est moi la folle tueuse. Ah, ah ! Folle. Dîtes le encore une fois, et on verra qui sera le fou. » Elle le fixe d'un oeil, mais il y a cette envie qui monte en elle, ce nouveau désir qu'elle ressent à chaque fois. Elle porte à ces lèvres un doigt et ramène à sa bouche le goût du sang puis s'arrête. Elle se tourne vers lui, le regard torve. Elle imagine tant de chose. Un léger sourire sur ses lèvres, elle penche la tête en arrière lui donnant un air de démente. Peut être l'est elle, peut être pas. Aidan ne bouge plus. La boule de graisse et de muscle qu'il forme au sol est trempé entre les larmes et l'urine. Ca sent. Et Nicholas ne dit toujours rien, toujours caché derrière son comptoir. Elle sourit finalement. Le premier de ses carreaux partit, rentrant dans le bois à quelques centimètres de la tête du tas de graisse. Elle eut un mauvais rire et plissa le nez. « Mes carreaux sont des dondaines. C'est plus lourd qu'un carreau, et on remarqua que ça transperce bien mieux les armures. C'est connu pour rentrer dans les armures. Imagine, humain, ce que celà va faire à ton crâne vide. Imagine. Car ça sera la dernière image que tu verras aujourd'hui. » Elle le regarda, pencha sa tête de côté. Il était là, petit homme parmis les grands de ce monde. Il prierait, il chouinait. Les reniflements longs entre les suppliements, les couinements de peur, les petits gémissements. Mourir vite, ou survivre. Mais il ne s'était pas battu, il n'avait pas écouté. Elle fixa une dondaine sur son arbalète, puis d'une voix ronronante, dans un murmure inaudible, elle compta. Un, le déclic marqua que la flèche était bien fixée. Deux, la flèche était prête à partir. Trois, la flèche partit. Et la dondaine férit. Ou la féri dondaine. La pointe transperça la tempe de l'homme, cassant l'os et transperçant la cervelle. L'hémoragie arriva rapidement, noyant le visage d'Aidan de son propre sang noir. Elle ne s'attarda pas, accrochant à so arbalète une nouvelle dondaine. D'un pas lent elle se dirigea alors vers la comptoir, levant un sourcil. Le Tavernier espérait, il prieait lui aussi. Ces gens étaient ils fous au point de croire qu'une possible entité arrêterait la féline? Certainement pas. La dondaine partit au bout de deux et planta le tavernier à ses étagères. Ces yeux se révulsèrent, et le sang s'échappa d'entre ces lèvres. Elle se recula doucement, regardant les escaliers. Personne ne descendrait pour venir la voir. Personne. Elle se recula, laissant un petit rire lui échappait. Elle se rapprocha doucement du plus gros, étalait sur le sol et plongea sa main dans le sang. Elle se releva, la main recouverte du liquide poisseau. Elle alla alors sur l'un des murs et traça en lettre de sang une phrase bien connue de la région. Elle fit quelques aller retour avant de marquer entièrement la phrase. Une fois finit, elle contempla son oeuvre, laissant sa langue léchait amoureusement le sang du berger. Elle eut un long ronronnement de plaisir, fermant à demi les paupières. Elle attrapa son sac, laissant Salem montait le long de son bras et sortit alors de la Taverne, la main encore rouge de sang. Elle eut un large sourire et s'éloigna dans la neige. Salem miaula, léchant amoureusement la joue de sa maîtresse, l'air toujours aussi froid et majestueux. La féline eut un sourire. « Ne t'inquiète pas, il viendra. Où qu'il soit, je le trouverais. Bon... La féri dondon, la féri dondaine... » L'animal eut un ronron adorable quand elle passa sa main dans son pelage.