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Terre des Éléments

elfe

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Tout ce qui a été posté par elfe

  1. Elfe répugne à faire ce qu'elle s'apprête à accomplir : s'en prendre à un ent. Elle les considère comme de nobles créatures, généralement bienveillantes et plutôt pacifiques. Mais celui-ci les attaque et se range du côté d'un homme au cœur noir. Un homme qui a menacé de sacrifier l'oisillon. Et ça, il n'en est pas question. Elle préfèrerait attaquer directement le druide, mais tourner le dos à l'ent serait une folie. Alors elle le charge, Sûl'Til brandie haut. L'explosion des deux boules de feu lui fait un peu peur. Elle se demande fugitivement si elle a bien raison de monter en première ligne. Mais l'excitation du combat la gagne déjà et relègue ce genre de doutes au second plan. En revanche, elle comprend que Suyvel ne va pas lui être d'une grande aide, si le druide contrecarre tous ses sorts. Alors elle a recours à ses capacités propres. La caverne s'emplit brusquement des échos d'un redoutable cri de guerre. Elfe applique les tactiques barbares de son parrain, Kronan : semer l'effroi dans le cœur de l'adversaire pour saper sa volonté et sa combativité. Malheureusement, le sylvanien n'en a pas l'air franchement affecté. Peut-être ces créatures ne sont-elle pas sensibles à de telles techniques ? La question quitte l'esprit d'Elfe lorsque celle-ci se rend compte que la magie de Suyvel se concentre sur elle. La guerrière se sent incroyablement leste et légère. Ses mouvements deviennent d'une grande facilité. Elle devine ce que la magicienne tente : Gyu a déjà usé de ce sort sur elle et elle en reconnaît les effets. Elle sait donc quoi en attendre. Elfe se rue sur l'ent et le frappe de sa masse. Une première fois. Puis une seconde. Elle s'écarte vivement pour éviter une riposte, puis repart à l'assaut de plus belle. Bientôt, les coups pleuvent sur un ent totalement dépassé par la célérité surnaturelle de la guerrière. Logiquement, un tel déséquilibre dans un duel devrait conduire à une défaite rapide du protagoniste défavorisé. Mais ce n'est pas ce qui semble devoir se produire. L'ent encaisse de nombreux coups, mais ne semble pas sérieusement touché pour autant. Elfe finit par s'interroger : comment est-ce possible ? Certes, son écorce doit lui offrir une bonne protection, et l'ent est énorme, mais tout de même... La guerrière brandit une arme enchantée, forte de la puissance de l'esprit des vents. Même un ennemi aussi coriace que l'ent ne peut y être invulnérable. D'ailleurs, il porte la marque des coups infligés par Sûl'Til. Des traces superficielles. Trop pour cela soit normal. Elfe se rappelle avoir entendu le druide réciter un sort. Aurait-il lancé un enchantement quelconque sur l'ent ? La guerrière est furieuse et redouble d'ardeur dans ses attaques, tout en invectivant le sylvanien. « Tu as recours à la magie du druide ! Trop lâche pour m'affronter par tes seuls moyens, hein ? » Instinctivement, elle s'est exprimé en elfique. Une langue que l'ent comprend. Et bien qu'Elfe ne s'y attende pas, il se donne la peine de répondre, d'une voix épaisse et grondante. « Bleufresne... n'est pas... un lâche. » Surprise, la guerrière n'en poursuit pas moins son assaut. Le sylvanien aussi d'ailleurs. Mais elle décide de continuer à le vilipender. « Tu sers un druide noir ! Tu es un être corrompu ! Un ent noir ! - Pas un... ent noir ! Les ents noirs sont mauvais... ennemis de la nature... - Si c'était vrai, tu ne servirais pas un druide noir ! Menteur ! Tu renies tes propres actes ! - Bleufresne n'est pas... un menteur ! Et l'humain n'est pas... un druide noir. C'est un vrai druide... ! Un ami de la nature... Un fidèle de Fimine. - N'importe quoi ! C'est un druide noir ! Pourquoi un fidèle de Fimine t'aurait-il ordonné de nous attaquer ? - Parce que vous êtes... les ennemis de la nature. - Moi ?! Une ennemie de la nature ? Je suis une sylvaine ! Mon clan a toujours vécu dans le respect des arbres ! » Pour la première fois, l'ent semble hésiter. Cela n'échappe pas à Elfe. Son adversaire serait-il en conflit avec lui-même ? Ou bien... le druide noir le tiendrait-il sous son influence pernicieuse ? Un souvenir vient effleurer la surface de sa conscience. La réminiscence d'un chant collectif. Un appel traditionnel aux protecteurs de la forêt, que ses semblables utilisent parfois lorsqu'ils souhaitent attirer les ents et solliciter leur aide. Elfe choisit de suivre cette impulsion et entonne la liturgie de son clan. Elle cesse de frapper l'ent, se contentant de danser autour de lui de manière à échapper à ses vastes bras. Les attaques du sylvanien se font bientôt hésitantes. Il regarde successivement le druide puis l'elfe, en donnant l'impression de ne plus trop savoir où il en est. L'Aéride en profite pour tenter sa chance. « Je ne suis pas ton ennemie. Lui l'est. » L'humain réalise ce que la guerrière est en train de faire et ricane : « Pauvre sotte ! Tu crois le libérer de mon contrôle? Mais tu n'es pas assez puissante pour rivaliser avec moi en matière de magie ! - Effectivement, je ne le suis pas, » concède Elfe à regret. L'ent la dévisage, puis regarde son maître de nouveau. Il pivote lentement et se met à marcher d'un pas pesant vers lui. Elfe sourit d'un air triomphant. « Mais lui l'est bien assez ! Il a suffi que je lui rappelle les traités de mon peuple avec ses semblables pour qu'il se souvienne de ce qu'il est... et qu'il rejette tes maudits sortilèges ! »
  2. Lorsqu'elle voit l'ent, Elfe se sent presque en sécurité. Ces nobles gardiens des forêts du monde constituent traditionnellement des alliés des elfes sylvains. Ils vivent en bonne intelligence avec eux, dans les forêts, et leurs intérêts sont souvent convergents. L'homme, quant à lui, lui inspire un sentiment très mitigé. Mais lorsqu'il attire son attention sur les ornements macabres de l'ent, Elfe est prise d'un doute sur les éventuelles bonnes intentions de la créature. Elle se rappelle d'anciens récits de son peuple. Par le passé, le Chaos a pu corrompre certains ents, qui ont formé une nouvelle espèce à part : les ents noirs. Ceux-là ne cherchent plus à protéger les arbres mais à propager la souillure des Dieux du Chaos sur le monde. Elfe scrute intensément le sylvanien qui se dresse devant elle. Fait-il partie de cette catégorie ? Elle ne décèle aucun signe de corruption. Dans le doute, elle choisit d'interpeller l'humain qui l'accompagne. Ce qu'elle fait avec toute l'autorité dont elle est capable. « Nommez-vous ! » L'homme ne semble guère impressionné pour autant. Il ricane : « A quoi bon vous dire mon nom ? Qu'en feriez-vous ? Toutes les deux, vous êtes déjà mortes. » Il pointe alors le doigt vers les deux femmes. « Vous êtes d'agaçants moucherons. Je suis celui qui va vous écraser d'un revers de main. » Indignée de tant de mépris, Elfe va répondre vertement lorsqu'elle se souvient que l'homme est assis sur un ent. Avec un allié pareil, il peut sans doute se permettre de parler de la sorte... Néanmoins, Elfe se demande pour quoi le sylvanien semble accepter la compagnie d'un tel individu. Ca l'intrigue fortement. Alors elle demande : « Vous êtes qui ? Ou quoi ? » L'homme sourit avec satisfaction. « Un druide. Un zélé serviteur de la Déesse Noire. » Elfe fronce les sourcils. Un druide ? Cela explique que l'ent le suive. En revanche, elle n'a jamais entendu parler de cette déesse. « La Déesse Noire ? Quelle est donc cette divinité ? - La ténébreuse mère de la nature sauvage et hostile, génitrice des monstruosités qui hantent le monde. - Jamais entendu parler ! - Les humains de ces terres lui donnent souvent le nom de Fimine. » Elfe reste suffoquée d'une telle affirmation. « Je ne suis peut-être pas une adepte de Fimine, mais je connais suffisamment son culte et ses prêtres pour dire que la Déesse de la Terre n'est pas celle que vous dites ! - Les gens de ces terres, pour la plupart d'entre eux en tout cas, se méprennent fondamentalement sur la nature et les ambitions de Fimine. Leur vision est faussée par leur incapacité à comprendre la Déesse Noire et le culte qu'ils lui vouent n'est que fadaises et pitreries. Fimine ne prête aucune attention à de telles vanités. Le temps venu, elle dévorera ces idiots. Elle ou sa monstrueuse progéniture » L'homme est manifestement persuadé de ce qu'il dit et Elfe hésite. Elle finit par l'interroger : « Vous êtes un druide ? Comment un protecteur de la nature peut-il tenir un tel langage ? - Justement, je protège la nature, telle que la Déesse Noire la souhaite réellement. Y compris des humains qui ne la révèrent pas comme il se doit. Y compris des aberrations comme l'exécrable créature que vous traînez avec vous. » Il pointe le doigt vers l'oisillon qui les accompagnait. « Lorsque la Déesse Noire m'a révélé la présence de cette chose infecte sur ces terres, je l'ai fait traquer par des mercenaires. Et maintenant que je la tiens, je vais l'immoler au nom de ma Déesse, afin que cette créature abjecte soit purifiée de la souillure d'Eolia et puisse renaître sous une autre forme, digne de la Déesse Noire et entièrement à son service ! » Elfe s'emporte violemment. « Pas temps que je vivrai ! » Le druide noir ricane. « Je te l'ai dit, petit moucheron : tu es déjà mort. Alors tais-toi donc. » Elfe regarde du côté de Suyvel, espérant que la magicienne soit toujours à ses côtés dans ce qui s'annonçait comme une bataille difficile. Elle cherche des mots susceptibles de lui donner un peu de cœur au ventre. « Tu craignais que le fuyard revienne avec des renforts et qu'ils nous écrasent sous le nombre ? Tu vois, ce n'était pas la peine de t'en faire... Ils ne sont que deux. On est en nombre égal. » L'elfe noire tourne vers elle des yeux fatigués. « Elfe ? - Oui ? - Tais-toi ou je te t'en recolle une. » Décidément, tout le monde veut qu'elle la boucle.
  3. Elfe songe au chemin que toutes deux pourraient suivre désormais. Il en existe plusieurs possibles qui s'ouvrent devant elle... peut-être celui que le fuyard a emprunté ? Dans sa panique, il semble logique de penser que l'homme cherchait à sortir d'ici, et au plus vite. Elle en est là de ses réflexions lorsqu'elle voit Suyvel surgir devant elle et lui coller une beigne. Une tarte monumentale, en fait. Elfe reconnaît le style de Kronan. Une baffe d'ours. Appliquée du plat de la main, lancée en arc de cercle, du haut vers le bas, avec la rotation du tronc pour appuyer le coup avec le poids du corps. Une technique qu'elle connaît bien, puisqu'elle-même a eu droit à quelques cours du barbare sur la question. Kronan assure qu'il est possible d'assommer une personne normale avec une seule mandale bien envoyée. Elfe ne l'a jamais vraiment cru jusqu'à ce qu'elle soit le témoin d'une altercation dans une taverne. Kronan est coutumier du fait. Les barbares ont deux passions dans la vie : la bière et les gnons. Et ils les aiment forts tous les deux. Ce qui explique probablement que Kronan passe autant de temps dans les débits de boisson. Bref, ce jour-là, le barbare se querellait pour la énième fois, avec un inconnu, un pilier de bar. Ce genre de conversation a tendance à se terminer invariablement de la même façon... Le type a fini par faire un geste menaçant envers Kronan et par prendre une baffe. Elfe l'a vu faire deux tours complets sur lui-même, avant de tomber au sol. Et il n'a plus bougé. Il avait eu son compte. Certes, il était alors déjà bien imbibé de divers liquides plus ou moins alcoolisés, mais tout de même... Cette démonstration de technicité a impressionné Elfe. Et depuis ce jour, elle a suivi consciencieusement les leçons du barbare sur le sujet. Apparemment, elle n'est pas la seule. Sous la force du coup, la guerrière effectue un demi-tour involontaire, en déséquilibre arrière, et doit faire un pas rapide pour éviter de tomber. Elle porte la main à sa joue brûlante avant de tourner vers l'elfe noire un regard rempli d'incompréhension. Elle m'attaque encore... ? Mais elle sait déjà qu'il ne s'agit pas de ça. Pas ici, pas maintenant. Et surtout, pas de cette façon. C'est totalement autre chose. Lorsque la surprise passe et lui rend sa voix, c'est pour la laisser s'exclamer : « Mais qu'est-ce qui te prend ? Tu es folle ou quoi ?! »
  4. Tapie derrière son rocher, Elfe n'en peut plus d'attendre. L'inaction et la tension du moment lui scient les nerfs. Alors qu'elle grimace de contrariété, elle voit Suyvel qui se décide enfin à agir. Celle-ci bondit sur un humain assis à côté de l'endroit où elle se terrait. Dans l'instant, la guerrière est debout et fonce vers le petit groupe. Elle essaie néanmoins de garder un pas le plus léger possible, pour éviter d'être détectée trop tôt. Cette crainte paraît infondée, tant les mercenaires sont obnubilés par la drow qui vient de leur tomber dessus. Alors qu'elle n'a pas parcouru la moitié du chemin, Elfe voit Suyvel charger un humain qui se carapate illico en hurlant. Comme il s'éloigne du groupe et n'est manifestement plus attentif à ce qui peut se passer, il constitue une cible tentante. Mais il ne vient pas vraiment vers Elfe, il semble plutôt se diriger vers l'entrée d'une autre galerie toute proche. Elfe hésite un instant. Doit-elle l'intercepter, au prix d'un détour qui va lui prendre du temps ? Et surtout, doit-elle frapper un homme qui a jeté ses armes pour fuir ? L'idée lui déplaît. Tchac ! Le son trop familier de la corde d'un arc retentit. Elfe craint un instant d'avoir été prise pour cible par un archer. Mais nul projectile ne l'atteint ou ne siffle à ses oreilles. Elle en est rassurée, jusqu'à ce qu'elle voie que Suyvel est touchée. Et cette vision la glace d'horreur. Ce n'est pas vrai ! Pas maintenant ! Tiens bon ! Encore quelques instants et je suis là ! Mais la magicienne reste sourde à ses prières et tombe au sol. Tu devais tenir ! Tu me l'avais promis !!! Son impuissance à faire quoi que ce soit pour empêcher cela la met dans une rage folle. « Noooooooooon !!! » Elle n'a pu retenir ce cri de frustration et les trois humains encore combatifs se tournent vers elle. Le plus proche est un guerrier grand et lourd qui choisit de charger la nouvelle arrivante. Peu avant le choc, il lève à deux mains sa hache de bataille, qu'il abat puissamment sur Elfe, en un coup à fendre le bois. La vivacité est heureusement dans le camp de la guerrière et celle-ci évite la frappe en se glissant sur le côté gauche de l'homme. Elle en profite pour glisser une contre-attaque foudroyante : Sûl'Til vient briser le genou du mercenaire, qui s'effondre et se rattrape sur les mains. Il n'a le temps de rien d'autre que déjà Elfe enchaîne et abat sa masse sur la nuque de l'homme. Son casque ne suffit pas à le protéger et un craquement écœurant annonce à Elfe le succès de son attaque. Un de moins ! Une flèche lui siffle aux oreilles, lui rappelant que sa situation reste précaire. L'archer n'a pas réussi à l'ajuster, mais elle soupçonne que la proximité de son compagnon y est pour quelque chose. Maintenant qu'il est mort, le rôdeur ne va plus avoir de raison de prendre de précaution particulière. Elle analyse rapidement la situation. Le rôdeur est encore à une quinzaine de mètres d'elle et son dernier compagnon, un autre guerrier, marche tranquillement à la rencontre d'Elfe, en tirant une épée et une dague. S'il ne semble pas vouloir commettre l'erreur de se précipiter comme l'a fait feu son collègue, il a l'air d'être prêt à s'interposer entre Elfe et le rôdeur. Ce qui paraît logique. Elfe décide d'exploiter la configuration des lieux qui limitent la mobilité des combattants et tente d'approcher le rôdeur tout en gardant le guerrier exactement entre eux deux. S'engage une sorte de danse à trois. Elfe se rapproche en louvoyant, le guerrier tente de lui couper la route et le rôdeur essaie de s'écarter pour trouver une ligne de tir dégagée. L'Aéride voudrait assaillir directement le rôdeur mais il devient vite évident que le guerrier ne lui en laissera pas la possibilité. Elle va devoir en passer par lui d'abord. Alors finissons-en tout de suite ! Elfe choisit une feinte à la tête, puis elle dévie son coup en un arc de cercle vers la hanche de l'homme. Celui-ci lève d'abord sa dague pour protéger son visage puis, réalisant le piège, pivote avec célérité pour interposer son épée, qui pare le coup. Poursuivant son geste, il effectue un tour complet sur lui-même et darde sa dague vers le visage d'Elfe. Celle-ci ne peut se dégager à temps et doit bloquer l'attaque. Il est rapide ! Et habile... Deux mauvaises nouvelles. Elle va avoir du mal à s'en défaire rapidement. Et derrière lui, son ami archer s'active, risquant à tout moment de la terrasser de loin. Si le combat dure, ses chances de vaincre vont aller en diminuant. Et elle voit Suyvel, inerte, qui se vide de don sang. Alors elle décide de s'en tenir à son intention première, quoi qu'il puisse lui en coûter : faire le maximum pour en finir tout de suite. Elle charge le guerrier puis lance sa masse en un arc de cercle, de la droite vers la gauche. L'homme pare le coup avec son épée mais doit reculer sous la puissance de l'attaque. La masse passe devant lui sans le toucher, en écartant néanmoins son épée. C'était ce qu'Elfe attendait. Profitant de son élan, elle relance sa charge tout en maintenant l'arme du guerrier de côté et le heurte de l'épaule droite. Celui-ci, pris de court, ne peut esquiver ce coup de boutoir ni rester debout sur ses jambes. Le chemin est libre ! Aussitôt, Elfe reprend sa course vers le rôdeur. Pas question de prendre le temps d'achever le combat contre le guerrier : l'archer en profiterait pour l'abattre. Bien que l'homme soit surpris, il réalise qu'il est en danger mais aussi que sa ligne de tir est dégagée. Alors il tente de lâcher une flèche avant qu'Elfe n'arrive sur lui. La guerrière a beau foncer, elle voit bien qu'il va y parvenir. Alors elle joue sa dernière carte. « Sûl'Til, j'en appelle à ton pouvoir ! » Et elle frappe dans le vide, à plusieurs mètres de l'archer. Une onde de choc naît de ce coup et balaie successivement la flèche décochée et le rôdeur, qui tombe à la renverse. Dans les secondes qui suivent, Elfe est sur lui et le frappe. Elle n'aime pas s'acharner sur un ennemi à terre mais là, elle n'a pas le choix. Il lui reste un adversaire. A peine y a-t-elle songé qu'une douleur atroce lui transperce la hanche. Elle vient de prendre un coup d'épée. Le guerrier a suivi son assaut et est arrivé à sa hauteur plus vite qu'elle ne le pensait. Blessée, Elfe fait face. Sa situation est meilleure qu'auparavant, puisque l'homme est désormais seul, mais avec sa hanche dans cet état, la guerrière va être fortement ralentie. Elle réalise qu'elle va devoir encore prendre de sérieux risques pour l'emporter. Le guerrier attaque de nouveau et Elfe interpose sa masse, bloquant l'épée déjà couverte de son sang. Aussitôt, celui-ci enchaîne et pique de la dague vers le flanc gauche de la guerrière. Sa masse retenue par l'épée, Elfe ne peut guère qu'encaisser le coup. Sa cotte de mailles n'y suffit pas et la lame pénètre ses chairs. Serrant désespérément les dents, Elfe donne une secousse pour repousser l'épée et abat sa masse sur la main du guerrier qui teint la dague. Le coup la brise certainement, à en juger par le braillement de l'homme. Alors qu'il recule pour reprendre une posture défensive, Elfe le prend de court et balance sa masse de bas en haut. Un coup puissant que le guerrier ne parvient pas à esquiver et qui lui brise le menton, mettant fin au combat. Elfe tombe à genoux, blessée à deux reprises et perdant son sang. Elle s'appuie sur Sûl'Til pour ne pas s'écrouler, puis se force à se relever et avance d'un pas incertain vers l'elfe noire qui gît toujours. La guerrière s'effondre à côté d'elle puis, dans un grognement, lève une main pour prendre le pouls de la magicienne. Son cœur bat. Il est encore temps. Elfe tire deux potions de guérison de son sac. Elle fait avaler tant bien que mal la première à Suyvel. La seconde est pour elle-même. Alors seulement, elle se permet de souffler un peu. Et elle patiente, guettant les effets du breuvage médicinal sur sa compagne inconsciente.
  5. Bonjour, Ce matin, je suis allé miner qques cailloux et à mon retour, je suis passer chez Tileman pour faire réparé ma pioche. Et là....impossible !! J'ai pris une photo : "]http://
  6. Ah ben voilà, les mauvaises langues, paranoïaques et mauvais joueurs dont ont parler les admins sur l'histoire Tigrrr/ Orus vont se dévoiler !! Merci, par ton post, Yaninho/chocapic ma curiosité va être assouvie Les piques, les sous entendus et la suspicion ça fait tout simplement rire... Mais c'est sûr que d'être la faction la plus active et soudée de Tde ça créer de l'envie, de la jalousie, c'est comme ça .... Vive nous !! Vive le souffle !!
  7. Ouiii !! bravo Suysuy !! tu es la meilleure
  8. Elfe est satisfaite de voir la magicienne adhérer à ses projets offensifs. Elle l'est moins lorsque Suyvel lui confie son optimisme très mesuré quant à ses chances de succès. « Dans une forêt, j'aurais totalement confiance dans tes capacités à mener une attaque furtive, mais ici, dans une grotte, et avec la lumière du feu de camp, je ne parierais pas lourd sur tes chances de réussite... » Un instant, Elfe a envie de balayer l'argument et de foncer dans le tas, mais elle doit bien admettre que Suyvel n'a pas tort. C'est vraiment très risqué. Alors elle choisit de se faire une raison, de mauvaise grâce. Puis l'elfe noire se propose pour aller elle-même au contact. Là, Elfe ouvre de grands yeux. « Tu veux y aller, toi ? Mais c'est n'importe quoi ! Fragile comme tu l'es, tu vas te faire massacrer... » Bien que le commentaire soit maladroit et un peu vexant, il tire à Suyvel un sourire amusé. Celle-ci expose les raisons de sa conviction et Elfe se laisse peu à peu gagner par sa logique, même si elle craint toujours pour la vie de sa sœur de faction. Et puis la magicienne sort une phrase qu'elle n'attendait pas d'elle : elle compte sur la guerrière pour venir la sortir d'affaire dès que les choses s'envenimeront. Elfe en reste muette de surprise. Suyvel lui fait confiance. Elle croit en ses capacités. Assez pour mettre sa vie en jeu dans cet assaut. Se sentant honorée, Elfe ne songe plus à contester l'idée mais bien à être digne de la foi que lui porte la magicienne. Alors elle consent à la laisser opérer à sa guise. La guerrière l'observe avec intérêt se préparer pour cet assaut. Une fois son vêtement clair ôté et ses cheveux si blancs masqués dans une coiffe de tissu noir, l'elfe noire est difficilement décelable. Avec son infravision, Elfe pourrait la détecter sans effort, mais ici, avec la lumière du feu de camp qui lui interdit cette possibilité, elle doit s'en remettre à sa vision ordinaire. Et lorsque Suyvel quitte leur cachette, elle devient une ombre qui se fond dans le décor. Elfe est encore capable de la discerner un moment, de la voir se glisser vers le groupe d'humains, puis elle commence à la perdre de vue par moment. Et d'un coup, elle disparaît. Purement et simplement. Elfe a beau scruter du regard l'endroit où se trouvait Suyvel l'instant d'avant, elle est incapable de la retrouver. Petit instant de panique. Comment vont-elles coordonner l'assaut si elles ne se voient pas ? Heureusement, la guerrière finit par retrouver l'elfe noire lorsque la lumière des flammes l'atteint passagèrement. Elle a autant avancé que cela ?! Elfe est impressionnée. Suyvel a couvert une vingtaine de mètres sans qu'elle la voie une seule fois. Elle est maintenant toute proche des humains, et la guerrière est certaine que ceux-ci ne se doutent de rien. S'ils savaient ce qui les attend... Pour un peu, Elfe les plaindrait presque. Lorsqu'elle était encore dans son clan sylvain, elle a entendu nombre d'histoires sur les raids nocturnes et meurtriers des elfes noirs. Elle ignorait alors quelle était la part de vérité dans ces récits. Maintenant qu'elle en a une à l'œuvre sous les yeux, elle comprend la crainte qu'inspire cette race des tueurs redoutables. Une personne capable de se faufiler de la sorte sous votre nez ne peut être qu'une menace mortelle. La guerrière voit la magicienne tirer une lame. Alors elle sait se battre au poignard ? Elle est curieuse de voir ça, mais elle sait que ce n'est pas le moment. Suyvel va attaquer d'un instant à l'autre et, dès que les humains vont concentrer leur attention sur la magicienne, elle va devoir en profiter au mieux pour leur foncer dessus sans perdre un instant. Pas question de se laisser distraire de cet objectif. Sinon elle risque d'arriver trop tard pour sauver l'elfe noire. Ce serait comme si elle l'abandonnait à leurs ennemis. Et ça, elle ne se le pardonnerait jamais. Serrant Sûl'Til dans ses doigts, Elfe se prépare au plus grand sprint de sa vie.
  9. Elfe écarquille les yeux et reste suffoquée d'une telle affirmation. Finalement, tout ce qu'elle parvient à faire est de répéter : « Un oisillon ?! » Cela paraît inconcevable. La guerrière en demeure bouche bée. « Un oisillon ? Tu en es sûre ? » Suyvel semble plongée dans l'observation de l'extraordinaire créature mais finit par lui répondre : « Oui, certaine. Je lui donnerais un mois ou deux, pas plus. - C'est tout ? Mais alors... il va encore grandir ? balbutie Elfe, effarée par cette idée. - Oh oui. Et pas qu'un peu, crois-moi. - Mais... de quelle espèce d'oiseau peut-il bien s'agir ? Je n'en connais aucune qui puisse atteindre des tailles pareilles... ! - Tu n'as jamais entendu parler de l'Oiseau Roc ? » la questionne Suyvel dans un froncement de sourcil. A l'énoncé de ce nom, quelques lointains souvenirs reviennent à l'esprit de la guerrière. Les érudits de son clan lui ont parlé de cette race quasi-mythique de créatures ailées. Ils hantaient les hauteurs de ce monde il y a déjà longtemps. Des oiseaux tellement gigantesques qu'ils pouvaient emporter une vache dans les airs. Réputés assez forts pour soulever des rochers qu'ils laissaient ensuite tomber sur leurs cibles au sol. Puis ils ont disparu. On les dit éteints, ou partis vers d'autres cieux. Sauf que... la preuve vivante que ces oiseaux n'ont pas disparu se tient devant elle, à piailler sa détresse avec véhémence. í€ tel point que l'un des humains se dirige vers la cage et flanque un grand coup de gourdin en travers des barreaux, pour faire un maximum de bruit. Effrayé, l'oiseau essaie de se reculer sans vraiment y parvenir, tellement il est à l'étroit dans sa cage. L'homme en profite pour la recouvrir de nouveau. Un faible cri de protestation accompagne son geste. Elfe entend le geôlier qui ricane : « Attends un peu qu'on te livre à notre commanditaire... Tu vas moins ouvrir le bec, je crois ! » Et ses compagnons de s'esclaffer avec lui. Elfe serre les mâchoires. Voir des humains tourmenter un tout jeune animal n'est pas le genre de spectacle qu'elle apprécie. Cela l'offense même. Elle pose la main sur l'épaule de Suyvel et ses doigts se contractent fortement, comme pour appuyer ce qu'elle s'apprête à dire. Que la magicienne sache qu'elle est très sérieuse. « Libérons-le. » La vue d'un animal prisonnier suffit à heurter le moins sensible des elfes sylvains. Alors lorsqu'il est maltraité, cela devient intolérable pour eux. Et Elfe n'a pas aimé le sous-entendu de l'homme concernant ce qui arriverait à l'oiseau lorsqu'il serait remis à l'employeur de ces humains. Elle est bien décidée à tout entreprendre pour éviter que cela n'arrive. Reste à trouver le moyen d'atteindre l'objectif qu'elle s'est déjà assigné. Le mieux serait évidemment d'y parvenir sans violence inutile. Elle chuchote à l'oreille de Suyvel : « Il faudrait que je me glisse jusqu'à la cage... mais elle est vraiment proche de ces hommes. Et en plus, le feu l'éclaire plutôt bien. Ca va être compliqué. í€ moins que... tu connaisses un sortilège qui pourrait m'aider ? Quelque chose pour me dissimuler à leur regard ? Ou bien pour attirer leur attention ailleurs, le temps que j'opère ? Ou pour leur flanquer une grosse frousse, qu'ils s'enfuient et abandonnent la cage et l'oisillon ? » En même temps, elle a de plus en plus envie de donner une bonne leçon à ces trappeurs pour leur forfait. Et la guerrière en elle se rebiffe à l'idée d'agir autrement que les armes à la main. Tiraillée entre son désir de sauver l'oiseau sans heurt et celui de punir les fautifs, elle finit par ajouter : « Sinon on peut aussi les attaquer, ne serait-ce que pour les mettre en fuite. Bon, ils sont cinq et nous deux, mais avec l'avantage de la surprise, on devrait pouvoir gérer ce petit groupe sans trop de problèmes. Je passe devant et je les charge. Toi, tu restes à couvert et tu les arroses de sorts ? Bon, c'est peut-être risqué de se séparer... et s'ils te trouvent, tu vas te retrouver en difficulté, je suppose. Le mieux serait sans doute qu'on avance ensemble ? Tu les frappes de loin avec tes projectiles et je me charge de tous ceux qui auront la mauvaise idée de venir t'attaquer au contact. Et toi, tu restes juste derrière moi et tu me soignes en cas de coup dur. Ca t'irait comme ça ? » Sans même s'en rendre compte, Elfe s'est saisie de Sûl'Til et ses doigts se serrent compulsivement sur le manche de l'arme. Elle brûle déjà d'en découdre.
  10. Lorsque Suyvel lui a dit de la suivre sans toucher à rien, Elfe n'a pas protesté, consciente qu'elle les avait mises en grand danger. Mais là, quand Suyvel parle de s'enfoncer dans ce boyau étroit, elle trouve que la magicienne exagère. Elle me prend pour une taupe ? Elle connaît les dangers que présente ce genre de passage et ce ne sont pas les embranchements qui manquent plus haut. Elles ont juste à revenir un peu sur leurs pas. Rien de grave. Mais l'elfe noire a l'air entêtée, pour ne pas dire obtuse. Et elle s'y engage. Pourvu que le passage soit bloqué ! Mais Suyvel lui dit de la rejoindre. Elfe lève les yeux au ciel, enfin... au plafond, étant donné l'environnement. Ce n'est pas mon jour de chance... Et la voilà forcée de progresser pliée en deux, et même de ramper. Avec, pour tout panorama, le popotin de la magicienne. Super, vraiment super... pourquoi ai-je accepté de la suivre, moi ? Et pour couronner le tout, le boyau finit par descendre à la verticale. Bon, là, elle va bien être forcée de faire demi-tour... Mais Suyvel persévère et y descend. Pour lui dire un peu plus tard de l'imiter. Elfe soupire. En ronchonnant, elle s'exécute, en prenant toutes les précautions possibles pour ne pas tomber. Seulement, au bout de quelques mètres, les parois n'offrent plus aucune prise sûre, et ce qui doit finir par arriver se produit : Elfe dérape et tombe en arrière, fesses les premières. Une courte chute qui n'est pas si douloureuse que prévu. Elle a eu assez de chance pour atterrir en terrain meuble. Ouf. Elle est indemne. Et elle se trouve dans un nouveau tunnel, bien plus large. Finalement, Suyvel semble avoir eu raison. Ca en valait probablement la peine. En revanche, elle ne voit pas la magicienne. « Suyvel ? » Un instant de silence, puis un grognement. « Oui. » Elfe n'en localise pas la provenance. « Où es-tu ? » Elle se sent un peu perdue, soudainement. « Juste là. » La voix étouffée semble venir de tout autour d'elle. L'inquiétude gagne la guerrière. « Je ne te vois pas ! » Elle perçoit quelque chose qui ressemble à un juron indistinct, puis la voix étouffée grogne : « Cherche sous tes fesses. » Elfe bondit sur ses pieds comme si on venait de lui aiguillonner l'arrière-train. Horriblement gênée, elle découvre le corps de Suyvel allongé sur le sol, qui a bien involontairement amorti sa chute. « Heu, désolée... » C'est tout ce qu'elle trouve à dire dans l'instant. Elle s'empresse de l'aider à se relever. La magicienne, qui semble à moitié furieuse, époussète sa tenue tout en s'éloignant d'elle. Elfe cherche quelque excuse à lui présenter mais n'en a pas le temps. Suyvel se retourne vivement en lui adressant un geste éloquent : silence. Elfe en est à se demander le pourquoi de cette requête soudaine lorsqu'elle perçoit des voix lointaines. L'excitation la gagne. Nous ne sommes pas seules ! L'elfe noire se remet à avancer mais lentement et en se cachant. La guerrière la suit à distance, sur un mode tout aussi furtif. Puis elle avise une lueur au-delà d'un virage et Suyvel s'immobilise. De là où elle se trouve, elle voit peut-être la source de cette lumière, mais Elfe non. Elle fronce les sourcils et ronge son frein en silence. Après une interminable attente d'au moins cinq secondes, elle n'y tient plus et choisit de rejoindre la magicienne. Là, elle découvre le feu de camp et le petit groupe qui l'entoure. Un sourire éclaire son visage. « Ah, génial ! On a trouvé du monde. Ils vont pouvoir nous indiquer comment sortir d'ici. » Et elle s'avance aussitôt vers le campement improvisé. Elle n'a pas fait dix pas qu'elle ressent un choc violent au niveau des reins. « Hé ! » Elle se retrouve face à terre, un peu sonnée. Néanmoins, elle se doute bien de ce qui vient de se passer : ce ne peut être que Suyvel qui lui a sauté dessus, et sans aucun doute pour éviter qu'elle ne révèle leur présence. Pourtant, Elfe n'a rien vu d'inquiétant dans le petit groupe d'humains qui se tient plus loin... Aurait-elle raté quelque chose ? Elfe relève la tête pour observer la scène et réévaluer un danger potentiel mais aussitôt elle sent une main lui heurter l'arrière du crâne et lui coller le nez au sol. Un sol de pierre dure. « Ouille ! » Elfe se débat un peu pour essayer de se libérer ou au moins de trouver une position moins inconfortable mais la magicienne la tient fermement. Laborieusement, elle arrive à tourner la tête... et comme son oreille vient se coller au sol, c'est à ce moment qu'elle l'entend. Un bruit de pas qui s'approche d'elles. Elle cesse immédiatement de lutter. Et de bouger. Elle retient même sa respiration. Un moment de doute s'installe. Puis Suyvel finit par la lâcher et l'aider à se relever. Elfe risque alors un œil par-dessus le pan de rocher qui les abrite : elle aperçoit une silhouette humaine qui s'éloigne. Il ne nous a pas vues... Néanmoins, la raison de la méfiance de la magicienne envers ce groupe d'humains reste pour elle un mystère. Elfe l'interroge du regard. Qu'est-ce qui cloche ?
  11. Elfe court le cœur léger. Elle a écarté sa concurrente et la chute d'eau l'attend. Elle savoure par anticipation les délices de ce bain tant souhaité... et patatras ! Elle se retrouve le nez dans l'herbe. Qu'est-ce que... J'ai trébuché ? Glissé ? Elle veut se relever mais ses jambes refusent d'obéir. Elles ne veulent plus se désolidariser l'une de l'autre. Elfe tourne la tête pour voir ce qui la gêne... et elle découvre le fouet qui enserre ses chevilles. Hein ?!? Elle s'en est déjà dépêtrée ? La guerrière pensait qu'il faudrait du temps à Suyvel pour se débarrasser de cette entrave. Manifestement, l'elfe noire sait s'en aider dans ce genre de cas. Ca tombe mal... c'est le cas de le dire ! Elfe plie les jambes pour atteindre la lanière et tente de se libérer frénétiquement, soucieuse de perdre le moins de temps possible. Toutefois elle semble devoir n'arriver à rien. Mais ce n'est pas vrai ! C'est quoi, ce fouet ? Elle a perçu la voix de Suyvel qui prononçait deux phrases mais elle n'y a compris goutte. C'était de l'elfique noir, probablement. Elle n'entend rien à cette langue. En revanche, cela lui donne des soupçons sur la nature du fouet. Ensorcelé... ? Quelle cochonnerie ! Ses doigts se crispent sur la lanière, essayant de la dérouler, mais celle-ci reste tendue comme une corde de violon. Elle a l'impression d'être prise dans une étreinte ophidienne. Impossible de s'en défaire promptement. Une autre idée lui vient : un couteau ! Il faut qu'elle tranche le lien de cuir. « Oh noooooon ! » Le cri de détresse lui a échappé. Elfe réalise avec fatalisme qu'elle n'a pas de lame sur elle. Elle a oublié son poignard. Cruelle négligence. Une étourderie qui va lui coûter la victoire... Bref, le temps que la guerrière parvienne enfin à vaincre la résistance du fouet, Suyvel est depuis longtemps arrivée à la chute d'eau. Elle a ôté ses vêtements gadoueux et s'adonne aux plaisirs du bain, avec une expression de satisfaction qui rend Elfe malade de jalousie. La magicienne prend tout son temps et, lorsqu'enfin elle semble se décider à y mettre fin, c'est pour ramasser ses vêtements et commencer une lessive méticuleuse. Dépitée, Elfe va s'asseoir sur un rocher un peu plus loin et reste là, les bras croisés, la mine boudeuse, à ressasser sa mauvaise humeur. Les magiciennes, ce sont toutes des tricheuses. J'aurais dû gagner. Et puis elle fait exprès de traîner... Elle m'énerve, elle m'énerve ! Et ainsi de suite. Puis Suyvel finit par s'éloigner de la chute d'eau. Elfe se lève en ronchonnant puis se hâte vers le bain tant souhaité. Quittant son armure, elle s'y immerge avec bonheur. Lorsqu'elle se sent enfin de nouveau propre, son humeur s'est améliorée considérablement. C'est en chantonnant un air bien connu dans son clan sylvain qu'elle s'attèle au nettoyage de sa cotte et de ses bottes. Une fois sa tâche terminée, elle se rhabille rapidement. La nuit est fraîche. Mais ses vêtements ne la réchauffent pas. Ce serait plutôt l'inverse... Elle cherche Suyvel du regard et lui dit : « Je ne sais pas où aller pour sortir d'ici, mais je propose que nous nous mettions en route sans tarder. Avec nos fringues mouillées, on va attraper la crève si on reste là ! On a intérêt à marcher, ça nous réchauffera. » D'autorité, Elfe prend la tête de leur marche et toutes deux font le tour de cette petite vallée fermée par les montagnes. Bien sûr, il n'est pas question de se livrer à une escalade aussi longue que dangereuse pour sortir de ce lieu ! Il leur faut trouver une issue plus praticable. Si les nains ont creusé la galerie dans laquelle elles sont tombées, eux-mêmes devaient disposer d'une voie d'accès à ce val. C'est ce qu'elles recherchent. Et elles trouvent sans grande difficulté. Elles trouvent même plus que ce qu'elles espéraient, en fait. Elles repèrent une quinzaine de tunnels qui s'enfoncent dans les montagnes avoisinantes. Certains sont barrés mais peuvent être forcés, deux sont obstrués par des gravats et un dernier s'est effondré. Cela leur laisse une douzaine de chemins possibles. Les deux femmes se lancent des regards indécis. Où aller ? Rien n'indique quelle galerie les mènera hors des Cimes. Elfe a horreur de l'inaction, aussi prend-elle une décision énergique. - On prend celui-là, décrète-t-elle en indiquant un passage. Suyvel n'a pas vraiment l'air convaincue mais la guerrière insiste. « Faites-moi confiance, j'ouvre la marche. Suivez-moi. » Et sans même lui laisser l'occasion de répondre, Elfe s'enfonce dans le souterrain. Il s'agit d'un long couloir, à la section carrée, soutenu par des étais massifs placés à intervalles réguliers. L'ouvrage est très ancien mais sa qualité évidente saute aux yeux de le mineuse qu'est Elfe et la conforte dans son choix. Néanmoins, après plusieurs centaines de mètres, le couloir devient irrégulier et débouche sur une grotte d'apparence naturelle. Mais ce n'est pas ce qui retient l'attention des deux exploratrices... car au milieu de la caverne se tient une énorme créature. Son corps annelé, massif et écailleux, doit mesurer une vingtaine de mètres, et se termine par une tête reptilienne, dotée d'une gueule qui semble capable d'avaler les deux elfes en une seule fois. Elfe n'en croit pas ses yeux. Un grand ver ! Car il s'agit bien d'un dragon, même s'il n'est pas de l'espèce de ceux qui planent au-dessus de Melrath Zorac. Celui-ci est dépourvu d'ailes et appartient manifestement à une variété cavernicole. Roulée sur elle-même, la bête semble dormir profondément. Elfe voit là une occasion en or massif d'accrocher une pièce rare à son tableau de chasse. - J'y vais, murmure-t-elle à la magicienne qui a l'air de ne même plus oser respirer. Suyvel lui fait de grands gestes mais Elfe n'en a cure. A pas de loup, elle se rapproche du dragon, Sûl'Til tenue fermement à deux mains, prête à estourbir la bête si elle fait mine de broncher. Et elle parvient juste devant la tête du monstre. Elle s'apprête à frapper, lorsqu'elle est prise d'un doute. Elle retient son coup et examine la bête. Puis elle tend l'oreille. Rien. C'est bien ce qui me semblait... Elfe se retourne vers la magicienne et prononce à haute voix : « Il est mort.» Suyvel prend un air complètement affolé, aussi Elfe précise-t-elle : « Il ne respire pas. Je n'entends aucun souffle. Rien du tout. » La magicienne n'a pas l'air rassurée pour autant. Elle semble avoir une confiance très moyenne dans le jugement de la guerrière. « Ca ne risque rien, je te dis ! Tiens, regarde... » Et elle abat sa masse sur le museau gigantesque. Elle entend Suyvel étouffer un cri tant bien que mal. Elfe jette un coup d'œil dans sa direction. Elle a envie de rire en la voyant si craintive. Ce n'est pas l'image que l'elfe noire donne d'habitude. De plus, elle n'a aucune raison d'avoir peur. Le monstre n'a pas bougé. Même pas frémi. Lorsqu'Elfe se concentre à nouveau sur le dragon, elle aperçoit son propre reflet dans un œil jaune luisant, de la taille d'une assiette. Tiens, il avait les yeux ouverts ? Je n'avais pas remarqué... Elle fait un pas de côté... et l'œil de serpent bouge pour suivre son mouvement, posant sur elle un regard aux qualités presque hypnotiques. Elfe déglutit laborieusement. Trente secondes plus tard. Les deux aventurières remontent le tunnel qu'elles ont suivi, mais dans l'autre sens. Et cette fois, elles le parcourent à une vitesse hallucinante, certainement motivées par la présence sur leurs talons du dragon furieux. Elles découvrent à cette occasion la capacité de mouvement de ce monstre : il a beau être énorme et très lourd, il est rapide et ne se laisse pas distancer. Une autre caractéristique, qu'elles ignoraient toutes deux, est la profondeur du sommeil de telles créatures, qui rend leur souffle faible et presque indétectable. Enfin, Elfe aperçoit l'issue de la galerie. Elles vont à nouveau déboucher dans la vallée de montagne. La mineuse a enfin une idée pour les sortir de cette périlleuse situation. Elle hurle à Suyvel : « Frappe les étais à gauche ! Je m'occupe de ceux de droite. » Elles terminent leur parcours en démolissant effectivement les poutres de bois sec et cassant, l'une à l'aide de sorts, l'autre à grands coups de masse. Comme Elfe l'espère, le tunnel ne supporte pas ce traitement bien longtemps. Un grondement lui signale que son plan est un succès. Derrière elles, des pans de roc s'effondrent, bloquant leur poursuivant. Et elles surgissent à l'air libre, juste à temps pour éviter de mourir écrasées sous quelques tonnes de roche. Elles mettent fin à leur course infernale. Elfe, hors d'haleine, prend appui à un arbre et s'y adosse. Les jambes flageolantes, elle se laisse glisser le long du tronc pour s'asseoir. Finalement, elle arrive à articuler : « Bon... ce n'est pas bien grave, il reste encore onze tunnels. »
  12. Elfe court sans se retourner, de toute la vitesse dont elle est capable. Elle perçoit les bruits de pas de Suyvel, derrière elle, mais elle est sûre de pouvoir maintenir son avance sur elle. A condition de ne pas se laisser distraire. Il faut que j'arrive la première ! Galvanisée par la pensée d'une victoire facile, elle trouve encore les forces pour accélérer... puis elle entend des mots qu'elle ne comprend pas et qui n'augurent rien de bon. Manifestement, la magicienne est en train de recourir à l'un de ses sortilèges. L'inquiétude monte dans l'esprit de la guerrière. Elle ne va pas m'attaquer de nouveau, quand même... ? Pas pour si peu ? Presque inconsciemment, Elfe se tend, prête à encaisser le choc d'un coup venant de derrière... mais rien ne vient. En fin, rien de derrière, car sur son côté, elle aperçoit brusquement Suyvel qui a fait une remontée spectaculaire et même qui la dépasse ! Comment peut-elle aller à cette vitesse ? C'est impossible ! Ses yeux d'elfe lui permettent de deviner des mouvements éthérés dans l'air qui entoure Suyvel. Ce ne peut être que le sort dont elle a perçu les sonorités. Alors elle peut augmenter son allure par la magie... ? Cette révélation lui donne un rude coup au moral. Dans ces conditions, quelles chances lui reste-t-il ? Mais c'est de la triche ! L'indignation la submerge. En même temps, elle oublie qu'elle-même a tout fait pour prendre l'elfe noire par surprise au départ. Cela dit, elle a beau essayer d'accélérer encore, elle ne peut rien faire pour empêcher Suyvel de la dépasser et la distancer rapidement. Désespérée, Elfe voit la victoire lui échapper sans pouvoir rien y faire. A moins que... Le fouet ! Elle vient de se rappeler de la présence, à sa ceinture, de l'arme qu'elle a prise à la magicienne. Non, je ne peux pas... Elfe n'aime pas ce genre d'arme, et encore moins l'idée d'en frapper quelqu'un dans le dos. Une camarade de faction, de surcroît. Mais ses scrupules déclinent au fur et à mesure que Suyvel augmente son avance. Si elle ne fait rien, il sera bientôt trop tard. Le fait de s'être emparé de cette arme lui semble maintenant providentiel. Presque un signe du destin. Ses mains décident pour elles et déroulent la lanière de cuir de ses hanches. Puis elle se saisit du manche et lève le fouet en se mordant les lèvres. Désolée, je n'ai plus le choix. SHLAAAAK! La lanière s'enroule vivement autour des chevilles de la magicienne, la faisant immédiatement tomber au sol. Cette vision gomme les réticences d'Elfe. Elle grimace un sourire de victoire. A cette vitesse, elle a dû se faire mal... Bien fait ! Ca lui apprendra à ne pas se servir de ses sorts. Lorsqu'elle passe à la hauteur de l'elfe noire, elle lâche le manche du fouet. « Tiens, c'est à toi, je crois. Et je t'attendrai à la chute d'eau, la trollette. »
  13. Comme Elfe l'avait supposé, l'opération n'est pas indolore pour Suyvel. Celle-ci mord sauvagement l'étoffe qu'elle lui a tendue, puis reste immobile pendant un moment qui paraît fort long à Elfe. Enfin, la magicienne semble reprendre le dessus et fait appel à ses compétences en magie pour guérir son bras. La guerrière l'observe avec curiosité. Le spectacle de la magie à l'œuvre lui a souvent paru fascinant, et là elle le découvre à travers son infravision. Le mana qui afflue provoque une cascade de formes éthérées, changeantes et évanescentes, dans des tons chatoyants et inhabituels. Même dans ces circonstances préoccupantes, elle ne peut s'empêcher d'apprécier l'étrange beauté de la chose. Et son efficacité également. Car bientôt l'elfe noire se relève d'elle-même, manifestement en bien meilleure forme. La guerrière se sent soulagée. Elle n'aurait pas aimé avoir à la traîner partout comme un poids mort, ou pire : à l'abandonner sur place. Cela va à l'encontre de tous ses principes. Elle n'aura heureusement pas à l'envisager. A ce moment, Suyvel lui lance une remarque quelque peu cassante sur ses capacités intellectuelles. « Dites-moi, seriez-vous incapable de compter jusqu'à trois ? Je croyais votre peuple très érudit. Bon, je sais qu'on ne peut pas attendre de prodige en la matière de la part d'une combattante, mais tout de même ! » Elfe s'amuse de cette pique. Pas de doute, elle va mieux ! songe-t-elle en riant sous cape. Elle décide d'expliquer la raison de son geste. « On m'a toujours dit que la douleur est d'autant plus grande si on la pressent, si on l'anticipe. J'ai donc choisi de vous faire croire que j'opérerai en ayant compté trois, et j'ai agi par surprise. Pour prendre votre douleur de court, pour la minimiser. » Puis Elfe voit Suyvel s'intéresser à leur environnement, et finalement lui faire part de ses conclusions. « Ce n'est pas une grotte naturelle... ce sont des pioches qui l'ont formée. » La guerrière roule des yeux. « Oui, ça je l'avais vu, merci. » Après tout, elle est mineuse, elle connaît mieux le sujet qu'une herboriste comme Suyvel. En revanche, lorsque celle-ci lui parle des nains qui auraient creusé ce tunnel, elle doit bien admettre qu'elle ne sait pas grand-chose à ce propos. Cela dit, cela ne les aide en rien. Elle préfèrerait que l'elfe noire lui donne une idée de la direction à suivre, par exemple. Ce qu'elle ne tarde pas à faire, après avoir prononcé un de ses sortilèges. Elfe en reste muette. Elle ne s'attendait pas à cela. Décidément, la magie peut servir à bien des choses... C'est pratique, en fait. Les deux femmes vont pour partir le long du tunnel lorsque Suyvel semble prendre conscience d'une chose. Elfe la voit faire demi-tour et aller fouiller le tas de boue dans lequel elles se sont réveillées. « Beurk, tu n'en as pas eu assez, ou quoi... ? » Mais la raillerie meurt sur ses lèvres lorsqu'elle réalise ce que la magicienne est en train de faire. Elle cherche quelque chose, de toute évidence. Une chose qui ne peut être que... l'écrin de Cinq-Ents, qu'Elfe lui a barboté dans le feutré. Elle a présumé que l'elfe noire mettrait cette perte sur le compte de leur chute mais, maintenant, à voir l'énergie qu'elle déploie à creuser la vase, sa conviction à ce sujet s'étiole. Et si elle comprend la situation ? Si elle m'accuse du larcin... ? A cette pensée, un frisson glacé lui descend le long du dos. La peur d'être prise au piège s'insinue dans son esprit. Où donc pourrait-elle fuir ? D'ailleurs, à quoi bon ? Suyvel saurait toujours où la retrouver : au village du Souffle... Non, la situation d'Elfe commence à ressembler à un cul-de-sac, une voie se terminant par un mur infranchissable sur lequel s'inscrivent les désagréables conséquences de son geste condamnable. Quelques instants s'écoulent. Une éternité pour la guerrière. Un cri de joie vient mettre fin à cette situation. Suyvel se redresse, en brandissant... son orbe ! « C'était... Cinq-Ents que tu cherchais ? » Elfe va pour pousser un long soupir de soulagement, mais elle le retient juste à temps. Elle a bien failli se trahir toute seule ! Elle n'est pas découverte, ce n'est pas le moment de dévoiler la culpabilité qui la taraude. Elle croit l'elfe noire suffisamment perceptive pour ne pas passer à côté d'un comportement aussi révélateur de faits cachés. Elle guette la suite : par association d'idées, la magicienne va-t-elle penser à son écrin... ? Il n'en est heureusement rien. Tout à la joie d'avoir retrouvé son arme, elle part gaiement en avant. Du coup, elle laisse Suyvel les guider le long du tunnel qui s'étend sur une longueur interminable. Leur progression n'est pas aisée non plus : il y a des éboulis, des passages barrés, des affaissements du tunnel, des crevasses au sol... Leur petit périple souterrain n'a rien d'une agréable balade. Après un difficile parcours de plusieurs centaines de mètres, les deux taupes improvisées parviennent à l'extrémité de la galerie, qui débouche à l'air libre. Elfe jette des regards en tous sens. Autour d'elles se dressent les formes altières de monts rocheux et enneigés qui ne peuvent être que les Cimes. Les aventurières se trouvent dans une petite vallée encaissée, coincée entre les montagnes. Elles ne sont manifestement pas encore sorties d'affaire... Pour l'heure, Elfe est contente d'être sortie de la grotte et apprécie la quiétude du lieu, son air pur et vif, la végétation et les arbres qui s'y dressent paisiblement, à l'abri de tout. C'est toujours la nuit et quelques oiseaux nocturnes lancent parfois un chant discret. Un chant différent vient titiller ses oreilles pointues et elle s'avance en fouillant les lieux du regard, jusqu'à ce que l'origine du bruissement lui soit révélée : un petit torrent de montagne s'écoule des hauteurs en une fine cascade qui tombe au fond de cette vallée. Une vision qui fait naître une envie impérieuse en elle : celle de prendre un bain, d'enfin se débarrasser de toute cette vase qui la colle. Seulement, réalise-t-elle aussitôt, il va y avoir un petit souci. Le mince filet d'eau suffira à peine à doucher convenablement une personne à la fois. Elle lance un coup d'œil sur son côté : Suyvel l'a suivie et a également vu la cascade. Zut ! Elfe n'a aucune envie de laisser la place à l'elfe noire, qu'elle juge responsable de leur situation présente et de leur bain de boue en particulier. Alors, sans plus attendre, elle se met à courir de toute la vitesse de ses jambes d'elfe, tout en lançant à la magicienne : « La dernière à l'eau est une trollette ! » Une trollette, ou troll femelle, est, selon les critères des elfes sylvains, une créature lourde, pataude, moche et qui pue.
  14. Au bout d'un temps inconnu, Elfe reprend conscience. Il fait noir ici. Elle réalise qu'elle a les yeux fermés. Elle veut les ouvrir mais ses paupières renâclent, rechignent à obéir. Enfin, elles obtempèrent. Mais cela n'amène aucun changement notable quant à ce qu'elle voit. Pas franchement mieux... Puis elle comprend que son environnement est réellement obscur. Ses paupières n'étaient pas vraiment responsables de cette noirceur. Progressivement, son infravision prend le relais et le décor se dévoile progressivement, en fonctions des différences de chaleur. Elfe tourne lentement la tête de part et d'autre. Elle se trouve dans une grotte. La guerrière se souvient de ce qu'il s'est passé. Le tourbillon. Le gouffre. La chute. Au vu des évènements, se réveiller dans une grotte paraît normal. Et elle est en vie, ce qui est l'essentiel. Elle a repris conscience, il lui reste juste à se lever. Elle commence par se redresser, un mouvement fort simple qui provoque une avalanche de douleurs dans son dos. Elfe grimace et laisse échapper une brève plainte, puis choisit de rester assise pour le moment. Elle a subi de nombreuses contusions, probablement durant sa chute, mais rien de sérieux. Il faut dire qu'elle a atterri sur un lit de boue qui recouvre le sol naturel, en pierre dure, de la grotte. La boue qui l'a entraînée dans cette vertigineuse glissade. Celle qui l'a perdue l'a également sauvée. Bienveillante traîtresse. Elle finit par se lever pour de bon, et se déplie précautionneusement. Une opération qui ne se passe pas trop mal. En revanche, son armure est dans un état pitoyable, couverte de la terre puante des marais. Et on dirait qu'elle-même s'est fait un shampooing aux algues, accompagné d'un masque de glaise. Elle se trouvait déjà crasseuse après le combat, mais là c'est le summum. Elle peste entre ses dents. Debout sur ses jambes, Elfe regarde alors plus aisément autour d'elle. La source de chaleur la plus évidente est celle d'un corps allongé dans la gadoue, qui ne peut être que celui de Suyvel. Immédiatement, elle se dirige vers elle, mais s'arrête sur place lorsque son pied heurte un objet léger et dur. Elle se baisse et extrait une petite boîte de la boue. Elle l'essuie rapidement d'une main et les pierres précieuses étincellent fugitivement. Elfe ouvre de grands yeux. L'écrin de Cinq-Ents ! Une trouvaille inattendue, mais qui la ravit. Et à cet instant, une idée vient effleurer son esprit. Et si... je le gardais ? Aussitôt, son sens de l'honneur essaie de la repousser. Je ne peux tout de même pas faire cela à une camarade de faction ! Une camarade de faction qui, s'en souvient-elle, l'a attaquée. Après tout, ce serait un juste dédommagement... La magicienne a dû le perdre dans la chute. Et c'est certainement la conclusion à laquelle elle arrivera. Il ne sera pas perdu pour tout le monde. Et elle le fait disparaître dans son sac à dos. Finalement, cette petite sortie aura été plus profitable que prévue. Enfin, si elles arrivent à sortir d'ici, bien entendu. Et pour cela, il faut déjà qu'elle réanime la magicienne. Elle se penche enfin sur elle... et c'est à ce moment qu'elle remarque l'angle bizarre que fait son avant-bras gauche. Elfe grimace. Aïe ! Il a l'air salement amoché ! Cassé... Elle agrippe l'elfe noire par les épaules et la dégage de la boue avec délicatesse. Elle l'entend vaguement gémir. Elle revient à elle... tant mieux ! C'est évidemment bon signe. í€ ce moment, Elfe remarque l'arme accrochée à la ceinture de la magicienne. Un fouet. Elle ne sait pas pourquoi mais cette vision la préoccupe. Elle n'aime pas se servir de ce type d'arme, et encore moins en subir les assauts. D'un geste impulsif, elle s'en empare discrètement et l'enroule autour de sa ceinture. Elle serait bien incapable d'expliquer son acte, mais elle se sent mieux ainsi. Et puis elle n'a pas le temps de réfléchir, avec l'elfe noire qui peut se réveiller d'un instant à l'autre. De fait, Suyvel ne tarde pas à ouvrir les yeux. Bien entendu, elle constate rapidement l'état préoccupant de son bras. Elfe l'interroge : « Vous êtes en mesure de vous soigner vous-même ? - Oui... enfin... je connais les sortilèges de soins utiles pour guérir les os cassés, mais pour qu'ils soient opérants, il faudrait déjà réduire la fracture... - Pour ça, je peux aider. » Suyvel finit par acquiescer, consciente qu'il lui sera difficile d'opérer seule. Elfe se baisse et enserre le coude de l'elfe noire entre ses genoux. Songeant à une chose, elle fouille dans ses poches et finit par trouver un carré de tissu à peu près propre. Elle le plie plusieurs fois et le tend à la magicienne. « Mordez là-dedans. » Suyvel hésite puis prend l'étoffe entre ses dents. Elfe continue : « Je m'occupe de tout. Pensez seulement à vous détendre le plus possible. Je vais compter jusqu'à trois, et je vous remettrai le bras en place. » Elfe saisit le poignet de l'elfe noire entre ses mains. Elle entend Suyvel inspirer avec appréhension. « Un... » Et aussitôt, d'un geste ferme, elle redresse le membre dans un craquement sinistre.
  15. Elfe court aussi vite qu'elle le peut, mais sans se faire d'illusions. Elle n'a aucune chance de rejoindre l'elfe noire avant que celle-ci n'ait pu réagir. La distance est trop grande, la vase trop profonde, trop omniprésente. Et le boule de feu crépite, prête à intercepter toute tentative. La guerrière ne la lâche pas des yeux. Elle pressent ce qui va se passer et elle sait qu'il va lui falloir de sacrés réflexes si elle veut survivre. Sa tension nerveuse culmine alors qu'elle attend l'inévitable. Sans surprise, Suyvel se décide à lui lancer son projectile ardent. Elfe sent une violente décharge d'adrénaline parcourir son corps et lui mettre les nerfs à vif. Maintenant, tout va être une question de minutage. Et la vélocité de la boule de feu l'inquiète. Pour réussir ce qu'elle a en tête, elle doit agir exactement au bon moment. Elle sent que la marge de manœuvre dont elle va disposer sera ridiculement étroite. Le chas d'une aiguille, à peu près. Elle se ramasse sur elle-même et se tend comme la corde d'un arc. « Sûl'Til, je m'en remets à toi ! » Dans ses mains, elle sent la masse qui vibre, qui bourdonne. Et la guerrière frappe. Elfe est encore à presque huit mètres de la magicienne, deux de la boule de feu, lorsqu'elle balance sa masse vers le haut et la gauche. Une attaque puissante, portée avec fougue et technique. Le genre de frappe qui laisse augurer la fin du combat. Mais elle est portée dans le vide. La pointe d'acier qui termine l'arme ne rencontre que l'air. Toutefois, l'arc de cercle ainsi dessiné semble s'imprimer dans l'espace, et même devenir légèrement luminescent. Et de cette ligne de lumière naît une puissance redoutable. Une bourrasque de vent fuse vers l'avant et vient frapper la boule de feu qui menace la guerrière. Celle-ci, fortement déviée, n'explose pas, mais son vol devient erratique et elle finit par s'abîmer dans un des nombreux trous d'eau boueuse qui parsèment la clairière. L'onde de choc poursuit son chemin à une vitesse sidérante et, en bout de course, frappe l'elfe noire avant de disparaître. La magicienne est trop loin pour que cette attaque soit véritablement dangereuse pour elle. Néanmoins, elle est soulevée par la puissance du choc et jetée à terre. Tel est le pouvoir de Sûl'Til. L'esprit de l'air, Sûl, a conféré à cette masse la capacité d'en appeler à sa puissance, sous la forme d'un souffle d'air qui frappe durement tout ce qui se trouve devant lui, sur une courte distance. Cette attaque est très efficace à moins de trois mètres, bien moins au-delà de cinq. De plus, pour déclencher cette attaque, le porteur de Sûl'Til doit préalablement charger l'arme avec son énergie, son désir de combattre. Et c'est seulement atteint un certain seuil qu'Elfe peut avoir recours à cette technique. Là où elle a eu de la chance, durant ce combat, c'est que Suyvel a attendu un long moment avant de lui lancer cette boule de feu. Elfe a eu le temps de parvenir au summum de sa combativité. Juste à point nommé. Comme Suyvel ne se relève pas immédiatement, Elfe en profite pour parcourir les derniers mètres et venir se planter juste devant elle, sa masse tendue vers son visage. « Je t'avais prévenue que ça ne fonctionnerait pas... » Evidemment, elle ne prend pas la peine de décrire à la magicienne les limitations du pouvoir auquel elle a dû avoir recours pour se sortir d'affaire. Elle ne mentionne pas davantage le fait que Sûl'Til est maintenant déchargée et que, pour générer une autre onde de choc, il lui faudra du temps. Lorsque l'on se trouve en état de faiblesse temporaire, on n'en fait pas étalage. Un principe de base de tout combattant. La guerrière toise l'elfe noire mais ne poursuit pas l'offensive. Elle l'a mise à terre, elle s'estime satisfaite. Dans d'autres circonstances, elle aurait peut-être profité de l'occasion pour en finir. Mais elle a vu Suyvel retenir sa boule de feu lorsque la magicienne avait l'avantage. Elfe devine que leur combat, aussi sérieux qu'il lui ait paru au début, n'était rien de plus qu'une mise à l'épreuve. En conditions réelles, ou presque. D'ailleurs, les blessures reçues l'incitent à la vengeance, mais elle choisit de les ignorer. « On en reste là ? » Passant Sûl'Til dans sa main gauche, elle tend sa main libre, en une invitation à aider Suyvel à se relever.
  16. Lorsque Sûl'Til s'abat sur son adversaire, Elfe est certaine de sa victoire. Et pourtant... son arme ne rencontre aucune résistance et passe au-travers de sa cible. La guerrière fait quelques rapides pas de plus, déséquilibrée, pour éviter de tomber. Stupéfaite, les yeux écarquillés, elle regarde l'elfe noire dont l'image semble s'évanouir progressivement. Et elle comprend. Une illusion ! Elle est complètement déroutée. Certes, elle comprend parfaitement la nature de la chose, car Gyu lui a fait la démonstration de quelques tours de ce genre. Mais elle ne s'en est jamais inquiétée. Et elle a une excellente raison pour cela. Comme tous ses semblables, Elfe est dotée de sens perçants et d'une bonne vision de nuit, basée sur le rayonnement thermique. Grâce à cela, elle a toujours pu faire la différence entre la réalité et les mirages créés par je jeune magicien. Et aujourd'hui, elle n'a pas déjoué le leurre destiné à distraire ses sens. Celui-là est plus abouti. L'œuvre d'une elfe noire, dont les mirages doivent abuser des yeux elfes. Mais alors, c'était un piège ?! Dans son dos, une lueur soudaine, rougeoyante et menaçante, vient éclairer la scène, comme pour confirmer ses pires craintes. Elfe fait volte-face de toute la vitesse dont elle est capable, certaine de s'être fourrée dans un guêpier inextricable. Elle s'attend à être frappée de plein fouet par une attaque qu'elle ne pourra pas parer ou éviter. Mais rien de tel ne se produit. Au lieu de cela, Elfe découvre Suyvel, postée quinze mètres plus loin, qui brandit une boule de feu rugissante... et reste figée sans rien faire. Décontenancée par cette attitude, Elfe reste sur place au lieu de se mettre à l'abri. Elle se contente de lever son arme devant elle, en une position de défense classique. Leurs regards se croisent, se mêlent. Un instant passe lentement, en équilibre instable sur le fil de l'épée du destin. Et elle voit Suyvel abaisser la main, sans attaquer. Pour autant, la boule de feu reste bien présente, toujours aussi menaçante. Finalement, la drow lui adresse la parole. « Si j'avais lancé cette boule de feu, tu serais morte. » Ces mots incitent Elfe à reconsidérer la situation. Elle se croyait engagée dans une lutte potentiellement mortelle, et voilà que Suyvel laisse entendre qu'elle n'avait pas d'intentions fratricides à son égard. Cette agression n'avait-elle été qu'une sorte de jeu ? Pour autant, elle a senti ses coups. Cela la pousse à la méfiance. « A quoi tout cela rime-t-il ? » L'elfe noire semble ignorer la question et conclut d'une phrase lapidaire. « Tu as perdu. » Une phrase qui pique au vif la fierté de la guerrière. « Tu crois cela ? Vraiment ? » Cette fois, le sang déjà bouillant de la guerrière finit de s'échauffer. Elle ne veut pas admettre sa défaite. Elle n'a même pas réussi à toucher son adversaire, ne serait-ce qu'une fois. A ce stade, une reddition serait une honte. « Ce n'est pas ton petit tour de foire qui va avoir raison de moi, je te le garantis. » Elfe tente de maîtriser ses nerfs. Elle serre les dents. Ses doigts se crispent sur son arme. Mais rien n'y fait. Brusquement, elle éclate : « Lance-la donc, ton étincelle ridicule ! » La guerrière abaisse sa garde. Un geste fou dans des circonstances pareilles. Elle laisse toute latitude à l'elfe noire de la frapper comme elle l'entend. En fait, lentement, elle amène Sûl'Til sur sa droite, à hauteur de hanche... en une posture offensive cette fois. « Sinon c'est moi qui vais en finir avec toi ! » Brusquement, elle charge.
  17. Alors qu'Elfe se rue sur la magicienne, elle a l'impression brutale que le sol explose sous ses pas. Un puissant jet de gaz monte devant elle, projetant des saletés alentour, et jusque dans ses yeux. í€ moitié aveuglée, elle est bien obligée de mettre fin à son assaut. Elle n'est pas assez inconsciente ni désespérée pour tenter de se battre dans de telles conditions. Elfe passe une main sur son visage pour enlever le gros des projections qui la gênent tandis que de l'autre, elle serre Sûl'Til, brandie devant elle en une posture de défense. Elle ignore ce que l'elfe noire a en tête mais elle est conscients de sa position de faiblesse. Une nouvelle attaque paraît probable... en tout cas, c'est probablement ce qu'elle ferait à la place de Suyvel. Elle choisit de ne pas rester immobile et se décale sur sa gauche. D'abord parce que la colonne de gaz lui cache la magicienne et qu'elle préfèrerait la garder bien en vue, et ensuite parce qu'une cible mobile est plus difficile à toucher. Bien lui en prend : un second projectile lumineux déchire le nuage de gaz et passe à sa droite, la ratant d'un mètre. Manifestement, Suyvel n'entend pas lui laisser de répit. Cette pensée attise sa colère. Elle va voir ! Juste à ce moment, Elfe repère de nouveau la drow qui tente de s'éloigner. Ah non, pas de ça ! Attends un peu ! La guerrière s'élance de nouveau. Elle ne va pas aussi vite qu'elle le pourrait normalement, à cause du bourbier dans lequel elle avance. Mais l'elfe noire a exactement le même problème et elle ne prend aucune avance. Mieux, Elfe rattrape progressivement son retard. Cela accroît son désir d'en découdre et elle lance une provocation au dos de la drow. « Cesse de fuir et affronte-moi ! » Ce qu'elle fait presque aussitôt. Elfe ne pensait pas que cette pique fonctionnerait aussi bien, mais elle est ravie de l'aubaine et accélère encore pour arriver sur son adversaire le plus vite possible. Ne pas lui laisser le temps d'incanter ! En d'autres lieux, hors du marais, elle y serait sans doute parvenue. Mais dans les conditions actuelles, elle ne peut empêcher Suyvel de prononcer quelques mots, et voici qu'une nouvelle colonne de gaz s'élève devant elle... mais un peu sur sa gauche. Là, tu t'es ratée, miss magie ! D'un simple pas à droite, elle évite l'obstacle sans avoir à trop ralentir et fonce sur Suyvel, la masse levée. Et le monde disparaît dans un nuage de gaz fétide. La drow a lancé le même sort deux fois de suite. Et la deuxième fois, c'était juste où la guerrière se tenait. Elle a manifestement très bien calculé son coup. C'était un piège ! Quelle garce ! Aveuglée, suffocante, elle est bien obligée de s'arrêter pour la seconde fois. Sa gorge la brûle, ses yeux sont inondés de larmes. Des larmes salvatrices qui chassent les projections boueuses et lui rendent la vue juste à temps pour voir venir un projectile lumineux. Levant Sûl'Til à deux mains, elle le pare sans coup férir. Une course-poursuite s'engage. Elfe tente d'approcher la magicienne mais celle-ci crée geyser sur geyser pour l'en empêcher. La guerrière enrage de ne pas pouvoir lui mettre la main dessus mais ne se décourage pas. Au bout d'un moment, c'est la clairière tout entière qui ressemble à un champ de geysers. Et la drow en profite pour se jouer d'elle, se cacher à sa vue, changer de direction, lui lancer un de ses sorts, puis courir et disparaître de nouveau. La guerrière sent qu'elle commence à fatiguer. Tous ces sprints en pure perte l'épuisent. Elle s'est imaginée que la magicienne ne tiendrait pas longtemps, mais elle se trompait. Même chose pour les sorts : Suyvel enchaîne projectile sur projectile mais ne semble pas devoir tomber à court de mana. Elfe a beau esquiver ou parer la plupart de ses attaques, quelques unes ont porté. Et en dépit de sa cotte de mailles, elle a subi des blessures, certes légères, mais qui ajoutent à sa fatigue. En tant que combattante, sa frustration atteint des sommets. Elfe finit par hurler : « Lâche ! Montre-toi ! » Vaine imprécation. Elle sait bien que l'elfe noire n'en fera rien. Elfe sent qu'elle a drôlement intérêt à revoir sa stratégie. Un instant ! Et si on jouait à cache-cache à deux ? Profitant de ce que l'elfe noire fuit une fois encore, la guerrière, au lieu de la suivre, part sur sa gauche et file se dissimuler derrière un des geysers. Puis elle se met à progresser d'abri en abri, tous les sens aux aguets, essayant de localiser son adversaire. Sa tension atteint son paroxysme. Elle devine que celle des deux qui arrivera à surprendre l'autre prendra un net avantage. Décisif, peut-être. Et la chance finit par tourner. Alors qu'elle pointe le nez hors de sa cachette, Elfe voit Suyvel s'avancer précautionneusement entre deux colonnes de gaz, tournant la tête de part et d'autre, cherchant la guerrière. Elle se trouve alors à moins de cinq mètres. Elfe attend d'abord que l'elfe noire regarde d'un autre côté, puis fait quelques pas rapides et bondit sur sa cible. « Je te tiens, maudite sorcière ! » Elle abat Sûl'Til, brandie à deux mains au-dessus d'elle , en une attaque écrasante. Elle vise la tête et frappe de toutes ses forces, sans plus penser aux conséquences. Elle veut en finir. Ne pas laisser passer une si belle opportunité qui se ne présentera peut-être plus. Gagner ici, maintenant. Et le coup porte. Victoire !
  18. Dans son soulagement, Elfe n'a pas remarqué le changement d'expression de l'elfe noire. Aussi est-ce avec le même détachement qu'elle répond à sa première interrogation. « Vous croyez donc que votre talent de guerrière peut vous permettre de surclasser les pouvoirs de Gyu ? - Oui, et je m'emploie à le lui prouver tous les jours, juste histoire de le remettre à sa place "“ la seconde place, bien sûr. Cela lui évite de prendre la grosse tête. Et puis cette petite rivalité nous incite à aller de l'avant, afin de surpasser l'autre... » La voix de Suyvel, maintenant plus dure, finit par éveiller vaguement son attention. « De surclasser la magie ? » Elfe continue néanmoins sur sa lancée, tout en se demandant où la magicienne veut en venir. « Oui, car c'est la voie du guerrier "“ vaincre les armes à la main toutes sortes d'adversaires. La magie et ses adeptes en font évidemment partie... » Et c'est à ce moment qu'elle commet une maladresse inconsciente, en précisant maladroitement sa pensée. « Il faut dire que les mages ne sont pas les adversaires les plus coriaces ! Leur manque de condition physique et de protection contre les armes de guerre en fait des cibles faciles. Certes, leurs sorts leur permettent de frapper de loin généralement, mais dès qu'ils sont au contact, ils perdent l'avantage... » Suyvel l'interrompt sèchement. « De surclasser ma magie ? » Elfe en reste muette. Alors c'est à ça qu'elle pensait ? En repensant à leur échange dans son ensemble, elle réalise soudainement le malentendu qui s'est installé entre elles deux. Son visage s'éclaire d'une lueur de compréhension alors que sa main droite se lève en signe d'apaisement. « Que votre... ? Vous n'y êtes pas du tout ! Je ne parlais pas de... mais que faites-vous ? » Si Elfe ne va pas au bout de son explication, c'est qu'elle voit Suyvel lever une main menaçante et incanter quelque formule occulte qui n'augure rien de bon. Une sphère lumineuse apparaît promptement entre ses doigts qui semblent tracer des symboles cabalistiques dans l'air de la nuit. « Hééé ! Vous ne pensez tout de même pas à... ? Mais arrêtez ça ! » La voix d'Elfe est proche de la panique maintenant. Un doute horrible sur les intentions de Suyvel s'insinue dans son esprit. Et si la drow l'attaquait ? Mais qu'est-ce que je vais faire ?! Epineuse question. Il s'agit d'une sœur de faction, après tout. Si elle la combat, elle peut la blesser "“ la tuer, peut-être. Elfe doute que le Souffle d'Eolia la félicite pour avoir pris la vie d'une camarade. Certes, elle pourra faire valoir qu'elle ne faisait que se défendre, mais cela risque fort de lui retomber dessus malgré tout. D'un autre côté, ne pas résister pourrait être bien plus dangereux, si l'elfe noire est décide à commettre l'irréparable. Reste éventuellement la fuite. Mais dès que l'idée lui vient à l'esprit, sa fierté de guerrière la rejette avec fougue. D'ailleurs, rien ne dit que Suyvel la laisserait se défiler... Cette réflexion ne lui a pris qu'un instant, mais cela a été suffisant pour que la magicienne achève son sortilège. Le projectile lumineux bondit vers la guerrière. Absorbée par ses pensées, elle ne réagit avec toute sa promptitude habituelle. Au dernier moment, néanmoins, elle se courbe et esquive ainsi l'attaque... du moins en partie. Car la sphère lumineuse vient malgré tout frapper son épaule au passage. Elfe se raidit pour encaisser au mieux. Elfe n'est pas spécialement inquiète. í€ force d'entraînements avec Gyu, elle reconnaît sans problème ce type de sort : une attaque lumineuse basique. Elle sait qu'elle peut la subir sans grand dommage. Et elle a confiance dans la protection que lui octroie sa cotte de mailles. Les elfes sont d'habiles artisans et cette armure est une de leurs œuvres. Une petite merveille de robustesse et de légèreté. Mais lorsque le coup la heurte, c'est avec une violence inattendue. Elfe réprime à grand peine un cri de surprise et de douleur. En dépit de sa protection, son épaule a subi des dégâts et la lance furieusement. Mais ce n'est pas vrai ?! Et dire que j'ai à moitié esquivé le sort... Qu'est-ce que ça aurait été si je l'avais pris en entier ! Elfe réalise soudain son erreur. Simple question d'habitude. Elle est tellement familière des combats avec Gyu qu'elle a imaginé qu'avec n'importe quel mage, ce serait plus ou moins la même chose. Mais Suyvel n'est pas Gyu. Elle n'y va pas avec le dos de la cuillère, cette peau de vache ! La drow est plus puissante que le jeune mage. Et elle frappe pour tuer. Cette dernière pensée éclipse le dilemme d'Elfe. Une brusque vague de colère la submerge et balaie ses derniers scrupules. Elle se saisit de Sûl'Til et fonce droit sur Suyvel, son arme tenue à hauteur de hanche. Une fois sur elle, elle compte lui balancer sa masse sous le menton. Il sera probablement difficile à la drow de continuer à incanter ses fichus sorts avec une bonne fracture de la mâchoire.
  19. Ainsi donc, aux dires de l'elfe noire, il y a des gisements d'opales au marais ? Elfe se félicite d'être venue. Décidément, elle a beaucoup à découvrir ici ! Elle note dans un coin de sa tête d'en parler à Kronan. Il saura probablement la renseigner de façon détaillée. Puis Suyvel lui explique le choix du nom de son orbe, Cinq-Ents. Pas de raison profonde. Pas de considération mystique. Un simple jeu de mots. Surprise, Elfe en reste sans réaction. Apparemment, même les elfes noires peuvent parfois avoir le sens de l'humour... noir, bien entendu, hihihi ! Cette réflexion a le mérite de détendre la guerrière. La drow lui paraît maintenant moins... inquiétante, plus proche d'elle qu'elle ne s'y attendait. C'est alors que Suyvel se pare d'une nouvelle aura, très différente de la première, très sombre et malveillante. Elfe se rend compte alors que le fossé qui les sépare sera encore long à combler. Et elle comprend pourquoi les sorcières drows inspirent une telle crainte à ses semblables. Personne ne peut rester insensible à la menace que projettent les ténèbres de leur aura. Elfe en a un frisson. Son esprit n'a pas peur, mais son corps semble réagir de lui-même. Heureusement, la démonstration est assez brève. Lorsque l'aura couleur aile de corbeau disparaît, Elfe respire plus librement. La magicienne lui explique alors brièvement ce qu'elle vient de voir. « Une aura de magie noire... mais vous l'aviez compris, j'en suis bien sûre. » La guerrière hoche la tête nerveusement. Pour ne pas comprendre une telle évidence, faut vraiment le vouloir ! Suyvel lui reparle alors de l'Equilibre. Cette fois, on y est. Elfe trépigne presque sur place, impatiente de découvrir ce que l'elfe noire a à lui révéler. Mais au lieu de le lui expliquer, elle propose de le lui montrer. Sauf qu'au début, Elfe a l'impression que rien ne se passe. Puis elle commence à discerner une nouvelle aura diffuse, bipolaire et instable. Des forces qui croissent en intensité. Une lutte entre magie blanche et magie noire. Jusqu'à atteindre un seuil franchement alarmant. í€ ce stade, Elfe se sent ballottée entre la lumière et les ténèbres qui parviennent maintenant jusqu'à elle en un ballet plus ou moins menaçant. Elle a envie de faire quelques pas en arrière puis songe que Suyvel ne lui a rien dit. Peut-elle bouger sans risque ? Elle le lui demanderait volontiers maintenant... mais elle n'ose pas, de peur de déconcentrer la magicienne. Qui sait ce qu'il adviendra en tel cas ? Se mordant les lèvres, elle se force à rester sur place, sans broncher. Au fond d'elle, sa curiosité, fascinée par le spectacle, exulte et crie victoire. L'explosion de cette aura lui fait regretter de ne pas avoir bougé. Brièvement, car elle se rend très vite compte qu'elle n'est en rien affectée par la vague de magie qui déferle sur la clairière. Et Suyvel ?! Brusquement très inquiète, elle cherche des yeux la magicienne, espérant qu'elle n'a pas déclenché un cataclysme qui lui serait fatal. Mais lorsqu'elle la voit, elle est immédiatement rassurée. L'elfe noire va visiblement très bien. C'est alors qu'Elfe découvre un spectacle inédit. Ses yeux s'écarquillent d'eux-mêmes. Mais c'est quoi, ça... ? L'aura de Suyvel ne ressemble désormais à rien de ce qu'elle a déjà pu voir au cours de son siècle d'existence. Des effluves blanches et noires de magie ondulent autour d'elle en un mouvement lent et paisible. Elfe est très réceptive à la sérénité qui se dégage de cette vision. Des souvenirs heureux refont surface dans son esprit. Une sieste dans un arbre cinq fois centenaire... des jeux dans l'herbe haute avec d'autres enfants elfes... son cœur qui s'emballe à la vue d'un jeune homme inconnu... La guerrière sursaute. Qu'est-ce qui m'arrive ? Les regards des deux femmes se croisent. Suyvel reprend la parole. « Voici le visage de l'Equilibre. » Alors... c'est ça ? Elfe en reste songeuse. Lorsqu'elle pense à ce qu'elle a éprouvé devant cette scène, elle oscille entre ravissement et angoisse. Ravissement dû aux images qui ont surgi de son passé. Angoisse née de l'impression d'avoir perdu le contrôle de ses pensées. Est-ce qu'elle m'aurait lancé un sortilège ? L'elfe noire répond involontairement à cette interrogation en lui expliquant que ces sorts ne sont pas adaptés à une telle forme de magie. Elfe en est tranquillisée. « Ah, tant mieux... c'est joli mais ça ne sert à rien, quoi. » Des mots légers, nés d'un soulagement sincère. Car si la simple présence de cette aura a un tel pouvoir, sur elle ou sur d'autres personnes, des sortilèges basés sur cette forme de magie pourraient produire des effets imprévisibles. Qu'est-ce que l'elfe noire ne pourrait pas accomplir, armée de la sorte ? Elfe préfère ne pas l'envisager...
  20. Lorsque Suyvel répond d'un mot "“ l'équilibre "“ à sa question, Elfe ne peut s'empêcher de protester devant un propos si laconique. í€ moins que ce soit le vague parfum de mystère... Quoi qu'il en soit, elle va pour demander des explications quand l'elfe noire consent à préciser sa pensée en quelques mots supplémentaires. La nature de notre monde ? Elfe en reste muette. Elle n'a jamais pensé à ce genre de choses. Trop abstraites pour une guerrière, presque philosophiques. í€ vrai dire, certains membres de son clan en parlaient parfois en sa présence, mais elle ne s'y est jamais vraiment intéressée. Du coup, elle se demande si elle ne va pas au-devant de grandes révélations. Est-ce que les magiciens voient des choses qui restent cachées à tous ceux qui ne pratiquent pas leur art ? Pour une fois, elle envierait presque Gyu de son savoir. Elle regrette fugacement que le magicien ne soit pas à ses côtés, puis rejette ce sentiment. Le connaissant bien, elle sait qu'il se serait ligué avec l'elfe noire pour se moquer de l'ignorance de la guerrière, et elle se serait sentie encore plus seule. Entre-temps, Suyvel les a menées jusqu'à une clairière en bordure du village. Les voici seules, et cette pensée n'a rien de rassurant pour Elfe. L'endroit n'est pas vraiment engageant et sa compagne la rend un peu nerveuse, même si elle a confiance en une sœur de faction. La magicienne se lance alors dans un discours sur la dualité du monde et le concept de karma. Elfe l'écoute poliment et tente de suivre, même si son intérêt a tôt fait de décliner. Puis Suyvel lui révèle son aura, et c'est une vision qui captive la guerrière. Cette lumière diffuse, blanche et douce, la sérénité qui s'en dégage... Elle ressent la magie à travers son corps et le bien-être s'invite en elle. Aussi est-ce un peu à regret qu'elle voit Suyvel mettre fin à la démonstration. La magicienne sort alors un coffret paré de pierres précieuses. Elfe ne peut s'empêcher de le dévorer du regard. Wouawww ! Ce qu'elles sont belles ! Il doit y en avoir pour une petite fortune... En tant que mineur de profession, elle extrait elle-même des pierreries, et elle apprécie la beauté de l'ouvrage. Mais ce qui lui fait vraiment impression, c'est la vision des opales. Elle les trouve magnifiques et Elfe n'en a jamais vu sur ces terres. « Pourriez-vous me dire d'où viennent ces opales ? » L'envie transparaît clairement dans les yeux de la guerrière, mais Suyvel ne semble pas comprendre ce qui traverse l'esprit d'Elfe à ce moment. Cela vaut certainement mieux. La magicienne est heureusement davantage concentrée sur ce qu'elle fait et raconte. Elle ouvre la boîte et en sort un orbe de mage, puis fait disparaître le coffret dans sa besace, au grand regret de la guerrière. Selon ce qu'elle dit alors, il s'agit de son arme, et l'énoncé de son nom interpelle la jeune elfe sylvaine. Penthis Sylvaniaí« ? J'ai bien entendu ? Un nom surprenant, non pas pour un orbe "“ encore que ! "“ mais surtout de la part d'une elfe noire qui vient d'un monde dépourvu de végétation et dont les semblables détestent les arbres. Car Penthis Sylvaniaí«, en langue humaine, signifie Cinq Ents. Un nom qui la ramène loin en arrière, lorsqu'elle était encore parmi les siens. Les elfes sylvains vivent en harmonie avec les arbres de la forêt. Ils ont depuis des temps très anciens passé des pactes avec les arbres et leurs gardiens, les puissants Ents "“ ou Sylvaniens, selon la langue. Ses semblables ont le plus grand respect pour les arbres, qu'ils traitent en êtres vivants et en amis. Aucun elfe ne menacerait jamais un arbre d'une hache. Bien au contraire, ils veillent sur eux. En échange de quoi les Ents leur ont appris à tirer des arbres le bois dont ils ont besoin sans blesser ni amputer les arbres, par un procédé qui semblerait relever de la magie aux yeux d'étrangers. Les Ents ressemblent aux arbres, mais ils n'en sont pas, ne serait-ce que parce qu'ils peuvent se déplacer. Ils sont les gardiens des grandes forêts de ce monde. Autant dire que les elfes noirs n'ont aucune affinité avec eux. Mettant fin à cette éclosion de souvenirs, Elfe exprime son étonnement à haute voix. « Penthis Sylvaniaí« ? Pourquoi lui avoir donné un tel nom ? »
  21. Elfe regarde Suyvel s'esclaffer sans comprendre pourquoi. Elle est bizarre, cette fille... celles de sa race sont-elles toutes comme ça ? Au visage de la guerrière, la magicienne décide de lui expliquer la cause de son fou-rire. Elle l'écoute attentivement et, en effet, elle a une fort bonne raison de rire. On lui a parlé de la race des elfes noirs il y a longtemps, notamment du fait que les femmes dominent la société drow, mais elle n'a jamais eu l'utilité de telles informations et ne s'est pas attardée sur le sujet. Après son explication, Elfe ne trouve plus Suyvel si étrange que cela. Elle a eu une réaction logique. Hé ben... j'ai l'impression que les hommes de sa race ne doivent pas rigoler tous les jours, dans leur monde. Ce qui lui fait penser de nouveau à Yazrain. Elfe a supposé, étant donné sa puissance, qu'il était le supérieur de Suyvel, mais sachant ce qu'il en est de la place des hommes dans la société drow, elle se demande comment ces deux-là peuvent se comporter ici, entre eux. Un instant, elle imagine leur rencontre et ce qu'elle en suppose lui tire un sourire amusé. Ca n'a pas dû manquer de piquant, hihihi ! Suyvel revient au sujet qui l'intéresse et qu'elle a coupé pour se plonger dans l'examen de Sûl'Til. Elle lui propose de sortir. Elfe n'en a pas trop envie, après cette longue marche dans la gadoue. Ne connaissant pas encore bien les lieux, elle préfère ne pas s'y aventurer la nuit. Mais la magicienne la tranquillise et la guerrière accepte de la suivre. Elle range sa masse dans son sac, puis se lève à la suite de l'elfe noire. Celle-ci se dirige vers les escaliers menant aux chambres et elle la rattrape, se posant à la hauteur de sa compagne de la soirée. « Retrouvons-nous dehors dans un quart d'heure, d'accord ? » Une fois sur le palier, elles se quittent, chacune rentrant dans sa chambre pour se changer en vue de leur sortie nocturne. Elfe retrouve sa cotte de mailles parfaitement nettoyée et la passe pour la seconde fois de la journée. Puis elle rassemble ses effets personnels et boucle son sac à dos. Le règlement de l'auberge est formel : lorsque l'on quitte l'établissement, même pour peu de temps, il faut libérer la chambre. Elle sort de l'auberge sous les regards encore lourds de reproche pour son geste, auxquels elle ne prête pas plus attention que cela, focalisée sur ce qu'elle va bien pouvoir découvrir. D'ailleurs, Suyvel est déjà là, à l'attendre. Elle songe avec un amusement dissimulé que sa tunique de magicienne est heureusement bien moins sommaire que sa tenue d'intérieur. Elles se mettent aussitôt en route, à travers les rues désertées du village. Curieuse, Elfe demande : « Que voulez-vous me montrer ? »
  22. Elfe écoute attentivement l'histoire de Suyvel. Celle-ci lui brosse un portrait peu élogieux de ce que sont les orcs, et elle semble bien les connaître. Elle est sans doute dans le vrai, et la guerrière prend bonne note de ce qu'elle entend mais, pour l'heure, elle ne se sent pas directement concernée. Elle est venue ici pour découvrir le marais et aussi pour poursuivre une quête personnelle. Que les orcs se fassent menaçants n'est pas sa principale préoccupation. Elle n'a pas vraiment conscience du danger qu'ils peuvent représenter. Mais avec ce que l'elfe noire vient de lui dire, elle sait un peu plus à quoi s'en tenir avec eux. Lorsque la drow évoque l'utilisation que son peuple fait des orques contre les elfes de la surface, la guerrière ne peut s'empêcher de lui adresser un regard de reproche. Bien que son clan n'ait jamais eu à déplorer d'attaques de maraudeurs drows ou d'orcs, Elfe se sent horrifiée par cette idée, et solidaire du malheur de tous les elfes sylvains ainsi agressés et assassinés. Elle se rend néanmoins compte qu'en tenir rigueur à sa compagne serait déplacé. Après tout, elle a quitté son peuple. Et elle semble sincèrement préoccupée par la sauvegarde de ces terres des ravages des orcs. Son arme dévoilée semble ravir la magicienne, mais elle tique un instant, pour finalement lui dire qu'il est interdit d'exhiber les armes ainsi en ce lieu. La guerrière soupire, elle ne rangera pas sa fidèle masse pour autant. Elle acquiesce au dire de Suyvel qui est retournée à la contemplation de l'objet magique. Une question lui vient à l'esprit. Récemment, de nouvelles recrues ont fait leur entrée au Souffle d'Eolia. Dont plusieurs aventuriers très expérimentés. Et surtout... un elfe noir. Elfe l'a croisé et il lui a fait forte impression. Mais ce qui la trouble, c'est que deux représentants de la race drow, très rares sur ces terres, viennent préciser s'enrôler dans la même faction. La coïncidence lui paraît peu plausible. « J'ai vu qu'un de vos semblables s'est joint à nous... un certain Yazrain. Il m'a eu l'air d'un homme de magie accompli. Serait-il votre maître ? Avec la dissolution de la Fraternité des Initiés, son ancienne action, vous deviez vous inquiéter pour lui... J'imagine que vous êtes à l'origine de son arrivée parmi nous ? » La magicienne commence à parler, attisant ainsi l'intérêt de son interlocutrice. Mais elle s'arrête en plein milieu de sa phrase. Elfe fronce les sourcils, mi-surprise par ce brusque arrêt, mi-contrariée. L'elfe noire semble maintenant complètement absorbée par l'observation de sa masse d'armes. « Que vouliez-vous me montrer ? Je suis intriguée. »
  23. í€ l'expression de son visage, Elfe sait que Suyvel n'a manifestement aucune envie de parler de ses origines. Pourtant, elle lui répond, brièvement et de toute évidence sincèrement, même si l'évocation du sujet semble douloureux pour elle. Elfe ne se permet aucun commentaire, elle ne veut pas la juger, ce n'est ni son droit ni son intention. En revanche, elle sent sa curiosité s'accroître après avoir entendu la brève réponse de l'elfe noire et de sa situation envers les siens, une foule de questions lui trotte en tête : que s'est-il passé exactement, à quand remonte cet exil, que risque vraiment Suyvel si les siens la retrouvent, cela peut-il s'arranger un jour... Malgré l'envie qui la dévore, elle décide d'en rester là pour l'instant. Un jour, peut-être se permettra-t-elle d'aller plus loin dans ses questions afin d'en savoir plus sur l'elfe noire. Une culture qui lui est méconnue malgré son apprentissage, sans doute ses professeurs eux-mêmes n'en savent que ce qu'ils ont pu apprendre par des témoignages détournés voire déformés... Les elfes de la surface connaissent finalement si mal leurs cousins du monde souterrain. Puis Suyvel en vient à parler du présent, de la menace qui pèse. Des déductions naissent dans son esprit. Elfe se recule dans son siège, un air grave au fond des yeux. Oui, elle a entendu parler de l'alerte à l'Académie il y a peu mais, comme elle est nouvelle sur ces terres, elle ne comprend pas ce que cela signifie vraiment... Oui, elle est au courant pour les orcs. Malgré tout, elle ne vient pas pour eux, du moins pas vraiment. Si besoin est, elle sera là pour assurer la défense de cette contrée, du moins c'est une possibilité... mais en aucun cas une certitude. La guerrière se pose beaucoup de questions à propos des orcs. Elle en a entendu parler mais ne les a pas encore rencontrés. Elle espère un peu que cette expédition sur IssCaNak sera l'occasion pour elle de découvrir cette race et la menace réelle qu'elle représente. Et accessoirement de savoir si elle-même peut être d'une quelconque aide face à ces créatures d'une férocité réputée. « J'espère pouvoir être utile face aux orcs... En fait, j'aimerais bien en voir un et le combattre si possible. Ca me donnerait une idée de ce que je peux faire contre eux ou non. Voyez-vous, là d'où je viens, il n'y a pas de clans d'orcs. Mon peuple n'a jamais eu à les affronter, du moins pas sur ses terres. Nos seuls ennemis sont des tribus de trolls sylvestres, des brutes sans cervelle. Nous essayons de protéger les arbres de leurs haches. » Une réponse limpide, ne dissimulant rien de ses intentions. Puis Elfe repense à la question de la magicienne quant à sa possession d'objets magiques. Elle n'a pas voulu répondre tout de suite, le temps d'y réfléchir prudemment. Elle décide de jouer franc-jeu... ou presque. Ses yeux se baissent vers son poignet auquel luit un bijou d'argent. « Oui, j'ai là un bracelet offert par mes parents qui me permet de rester en contact avec eux, d'une certaine manière... Il leur suffit de visualiser l'objet en esprit, de réciter l'incantation appropriée et ils savent aussitôt si je vais bien, si je suis toujours en vie... » í€ ce bracelet pend une jolie gemme, dont Elfe se garde de parler à Suyvel. Une pierre qui, unie à une certaine clé, pourrait un jour lui permettre d'ouvrir une certaine serrure qui... La guerrière met fin à cette pensée. D'ailleurs elle a autre chose à montrer à la magicienne, pour répondre entièrement à sa question. Elle se tourne sur sa gauche pour prendre le sac qu'elle a posé juste à son côté et en sort vivement sa masse d'armes. Elle a préféré ne pas s'en séparer ce soir. D'abord car elle ne connaît pas l'endroit, ensuite car elle se sent plus en sécurité avec elle, et enfin car elle peut plus facilement veiller dessus. Elle dépose son arme sur la table à la stupéfaction de Suyvel. « Voici Sûl'Til, ma fidèle amie, je suppose que c'est elle que vous avez ressentie. C'est effectivement un objet magique, offert par Sûl à mon peuple. Mon clan me l'a transmis à mon départ, pour que l'esprit de l'air veille sur moi où que j'aille. Elle m'offre ses capacités uniques. Mais c'est également une responsabilité : j'en ai désormais la garde. í€ aucun prix ne devra-t-elle tomber entre de mauvaises mains. » Elfe fait courir son doigt sur les arêtes de métal d'une blanche brillance. Au contact de la peau de la guerrière, elle réagit, dégageant une aura de magie qui lui est propre. La magie de l'esprit du vent. Une aura tranquille, paisible, puis qui s'agite par instants, comme une brève rafale de vent. Plus Elfe communie avec elle, plus le phénomène s'amplifie. Atteint un certain seuil, la masse d'armes jouit d'une puissance différente, selon de nombreux critères. Mais tout ce que voit la magicienne est le spectacle dansant de l'harmonie des vents. Tantôt paisibles, tantôt furieux.
  24. Elfe écoute l'elfe noire se présenter. Son nom se rallonge au même rythme que le regard dubitatif de la guerrière. Elle reste bouche bée de l'importance d'un tel nom. Elle a rencontré dans sa vie des personnes aux noms parfois complexes, saugrenus ou imprononçables. Le sien est agréable à entendre, sûrement plaisant à énoncer mais d'une longueur affolante. La magicienne remarque l'air légèrement paniqué de sa voisine et lui propose un diminutif tout à fait appréciable. Elfe remarque que Suyvel lui montre son appartenance à Eolia, tout comme elle. En effet, elle n'a pas retiré son pendentif lorsqu'elle a changé de tenue. Elle aurait pu, mais elle a appris à apprécier sa bienveillante déesse. Et elle n'hésite pas à afficher sa foi en public. Finalement, l'elfe noire devient un peu plus bavarde. Tant mieux, cela va faciliter ce premier échange. Et elle lui évite de poser trop de questions. Elfe lui décoche un sourire, mais cela ne dure pas. Car celles que lui adresse sa compagne aéride la dérangent un peu, notamment lorsqu'elle lui demande l'endroit d'où elle vient. N'est-ce pas mettre les siens en péril que de dévoiler leur lieu de résidence à une elfe noire ? « Oui, je suis effectivement issue d'un clan sylvain. Mes parents, ma famille, mes amis... vivent dans les grandes forêts, loin de la Terre des Eléments, au sud-ouest, bien au-delà du grand fleuve Sirendar. » Elfe est volontairement restée imprécise. Très vague, même. Néanmoins cela constitue une réponse en soi. Elle choisit de dévier légèrement du sujet initial pour éviter que Suyvel ne lui demande des détails. « Il y a de cela quelques années, mon clan a accueilli un jeune humain qui se destinait à l'étude de la magie. Il avait déjà beaucoup voyagé et m'a raconté bien des choses sur le vaste monde par-delà les arbres. J'ai toujours eu envie de mener une vie d'aventures et ses récits m'ont décidée : j'ai choisi de l'accompagner dans la suite de son voyage. » « De plus, cet apprenti magicien prétendait que la voie qu'il suivait était supérieure à celle des armes, qui est la mienne. Je n'allais pas le laisser dire une chose pareille ! Depuis, je le suis partout et je suis fermement résolue à lui montrer à quel point il se trompe. » « Lorsque nous sommes tous deux arrivés devant les terres élémentaires, mon choix s'est porté sur Aéris. Pourquoi ? Peut-être à cause de la couleur de son étendard... Le jaune m'évoque Ur... le soleil, dans la langue de mes semblables. Ur et sa chaleur... oui, je n'ai jamais aimé le froid. Et surtout l'élément de l'air me rappelle Sûl, l'esprit du vent avec lequel mon peuple a une grande affinité. Sûl m'a enseigné la liberté... D'ailleurs, ne dit-on pas libre comme l'air ? » « J'imagine que vous l'avez déjà deviné... Cet humain, ce magicien... il s'agit de Gyu, bien sûr. » Elfe prête attention aux propos de Suyvel sur les apparences. « Seulement les magiciennes ? Ne serait-il pas mieux que toutes personnes partagent cette vision des choses ? Quant à mon nom... c'est vrai que j'ai maintenant tendance à utiliser ce surnom que les humains m'ont donné. En réalité, je m'appelle Elerinna. » Elfe sent vaguement l'air changer, rien de dangereux ni d'inquiétant. La guerrière n'y prête guère attention. Jusqu'au moment où son arme vibre contre sa hanche. Lui renvoyant la naissance d'une magie à laquelle ses origines font écho. « Et vous-même, que faites-vous loin des vôtres ? Si vous voulez bien me permettre cette indiscrétion. » De nature curieuse, elle ne peut s'empêcher de demander...
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