Nuit froide. Nuit de pleine lune. De pleine lune...
Quittant le ciel des yeux, Ophelia se préparait à rentrer. Elle savait qu'elle ne trouverait personne à cette heure. Pour elle, la nuit était le meilleur moment de la journée, pour les autres... c'était l'inverse.
Elle, nyctalope de nature ne craignait pas grand-chose. C'était une tout autre affaire pour les plus braves de jour... qui pouvait se réduire à l'état de proie le soir.
Les seuls bruits qu'elle pouvait percevoir... C'était des pas d'animaux s'approchant d'elle.
Des pas d'animaux ?
Sortant silencieusement son orbe, ne sachant sur quoi elle tomberait, elle se recula dans la pénombre pour analyser la situation.
D'après le rythme et le bruit des pas, il ne devait y avoir qu'une seule bête, plus ou moins rapide, elle n'était pas en train de courir donc ne l'attaquerait probablement pas.
Après un moment qui paru long, la bête se dévoilât dans l'unique rayon du clair de lune, se couchant à cet endroit et ouvrant sa gueule pour déposer quelque chose par terre, elle attendit un mouvement, un geste, ou une parole de la nécromancienne... Car la bête l'avait déjà reconnu et repéré.
Ophelia, elle aussi, d'un seul coup d'œil la reconnu. Il s'agissait de Momo... Le loup qui suivait partout Moon. Mais, étrangement... il était venu ici, seul, sans sa maîtresse. Car à part lui, la nécromancienne n'avait senti aucune autre présence. Qu'elle soit animale ou humaine.
Elle rangea donc son orbe dans sa sacoche puis sorti de la pénombre, s'approchant doucement du loup. Quand elle fût assez près de lui elle comprit la raison de sa venue ici. La « chose » que Momo avait apportée était en fait une missive lui étant destinée.
S'accroupissant, elle ramassa le frêle bout de papier, quand Momo se releva d'un mouvement vif et vint lui lécher le visage, content de la revoir...
Mais bien qu'il soit content de ces retrouvailles, une séparation s'était faite. Et bien qu'elle n'ait rien contre le loup, elle ne pouvait se permettre trop d'affection avec ce dernier.
Cependant, elle lui caressa quand même la tête et lui demanda d'arrêter pour qu'elle puisse lire cette missive. Même sans l'avoir ouverte elle savait de qui elle venait.
La décachetant rapidement, elle ne trouva que quelques mots écrits sans doute à la hâte :
« Ophelia,
je sais que je ne devrais pas t'envoyer ceci mais je n'ai d'autres moyens...
J'aimerais te parler de choses qui ne peuvent s'écrire...
j'attendrais ta réponse.
The Moon »
Parler de choses qui ne peuvent s'écrire ? Le temps était-il encore aux bavardages ? Sans doute pas.
La rôdeuse l'avait trahit. Une seule fois suffisait.
Ophelia s'assit pourtant par terre, sortant de sa sacoche de quoi écrire et un parchemin. Même si elle était son ennemie, même si elle s'était séparée, elle lui répondrait.
« Moon,
Te parler servirait-il encore à quelque chose ?
M'as-tu seulement écouté avant de partir ?
La route que tu as choisie n'appartient qu'à toi désormais. Nous rencontrer... A quoi cela servirait-il maintenant ?
Espères-tu parler du bon vieux temps ? Le bon vieux temps n'existe plus. Il sera enterré un jour ou l'autre de toute façon.
J'aurais aimé croire que toute chose n'avait pas une fin.
J'aurais aimé croire que je pouvais avoir confiance en toi.
Mais sans doute parce qu'un unique et mince brin d'amitié me lie encore à toi, je t'accorderais cette rencontre.
Dans deux lunes, là où la chaleur est maîtresse et où les murs ne sont plus que poussières.
Je t'y attendrais.
Ophelia. »
Donnant la missive à Momo, elle regarda ce dernier partir.