Selene

Masse informe et surpuissante qui percutent mes défenses et m'enserre le corps. Je vacille sous le choc, esquisse quelques pas en arrière tandis qu'un rictus de douleur vient me tordre le visage. Je n'en perd pas moins mon sourire. J'ai appris récemment à repousser encore plus les limites de la souffrance, j'en suis presque venue à l'apprécier.. en un certain sens. Emprisonnée en un clin d'oeil contre un tronc de résineux particulièrement rêche et à l'écorce épineuse, je ne peux que m'incliner sans chercher à résister, au risque de mettre ma vie sérieusement en jeu. Un infime mouvement de l'épaule me le confirme, alors qu'un fulgurant éclair pars d'une des étranges lianes de magie pure pour se propager dans mon être déjà perclu de douleur, m'arrachant un grognement féroce. Regard froid envers ma tortionnaire lorsque son cri couvre la tempête ambiante. Elle n'a guère changée. Légère pointe de nostalgie à l'évocation de ce qui fut notre passé. Mais ce temps est définitivement révolu. Soupir, ses traits agacés et colériques ne m'inspirent guère. Mais au moins, je l'ai trouvée! La main crispée de colère sur son arme aux reflets diaboliques, elle me jette ses questions à la figure à quelques mètres de moi, aboyant ses phrases sans retenue. Quel manque de contrôle.. Enfin, je ferais avec. Je me lance alors avec assurance: "Je suis venue te dire un petit bonjour..!" Sourire audacieux qui me vaut déjà un regain de souffrance, une liane venant se glisser sous ma gorge et accentuant sa pression. Dommage qu'elle n'ait pas le sens de l'humour.. La voix haletante par le manque d'air, j'articule néanmoins, afin d'éveiller son intérêt. "A vrai dire, je ne suis en quelque sorte qu'une émissaire.. "On" m'a indiqué où je pourrais te trouver.." Je la regarde intensément pour guetter la réaction qui immanquablement viendra quand elle comprendra de qui je parle. Malgré la lutte que je dois mener pour rester maître de mon corps, j'ajoute avec un ostensible soupir exagéré. Je renonce néanmoins à l'idée de secouer légèrement la tête pour accentuer mes propos. Bien mal m'en prendrai. "Exoriel... quand comprendras-tu que je n'ai aucun intérêt à te livrer à mes compagnons.. Mais croie donc ce qu'il te plaira. Je suis ici pour autre chose, pour te faire disons... une proposition." Toujours cette observation plus qu'attentive. La moindre de ses expressions à mes paroles pourra m'indiquer la suite à donner à cette petite entrevue..

[suite de: http://constellation.winnerbb.net/t1701-retour-aux-sources ] Un air froid s'insinue déjà alors que les dernières marches menant aux cîmes sont visibles. Le silence règne, la matinée est déjà bien entamée pourtant, mais la solitude de ces terres ne disparaît que rarement. Seul le glapissement de quelque renard et le hurlement d'un loup au loin viennent troubler la quiétude des lieux. Je comprend pourquoi elle a choisit tel endroit. Froid et glacial comme son être, citadelle imprenable lui assurant le repos dont elle se plaît à profiter.. Intérieurement, je doute pourtant que cette solitude lui convienne tant. Elle a toujours été femme d'action, pour le peu que je l'ai connu..mais qui sait.. Je m'avance lentement, sondant l'air glacé qui envahit mes vêtements. Mes pas crissent sur la neige encore fraîche, laissant là tout les indices pour me traquer sans relâche. Léger sourire à cette évocation. Je ne suis pas sûre de savoir qui est la proie aujourd'hui. Une aura légèrement familière attire finalement mon attention. Je me dirige vers la source, passant près du tigre impérial somnolant dans de féroces grognements. Elle s'est dotée d'un bon gardien.. Je la sens plus proche, l'heure des retrouvailles à sonné. L'inquiétude m'étreint malgré l'assurance que j'affiche. Je ne sais toujours pas comment lui formuler ce que je dois. Juste une idée au coin de la tête. La spontanéité fera le reste. Du moins je l'espère. Je reste plantée au milieu d'une petite clairière entourée de sapins enneigés. Le vent glacial fouette ma cape qui claque dans l'air, mes cheveux flottant autour de moi, silhouette inébranlable au milieu de la tempête. Ma voix claire s'élève pour couvrir le vacarme en un unique appel: "Exoriel!"

Je lis dans son regard les pensées qui la traversent. Maigre sourire, au fond de moi je regrette presque aussi cette situation. En d'autres circonstances, il aurait pu en être bien autrement. Et pourtant, malgré les apparences, ça n'était peut-être pas si mal. Rien ne nous engageait vraiment mis à part notre souffrance commune et la relation établie à partir d'elle. Nul autre sentiment parasite, nulle obligation induite par une alliance ou l'appartenance à un même groupe. Seule restait la beauté et la pureté de l'engagement volontaire, l'attachement délibéré envers une âme qui nous a touché. Malgré tout ce qui nous oppose. "Nous restons libres de nos actes, quelles que soient les visées de nos familles respectives. Nous sommes toujours seul gardien de notre âme." Un rappel, rien ne nous oblige à participer à notre tour à ce simulacre de guerre inutile. Simplement, quand la solitude et la souffrance ne nous sera plus d'aucun secours, nous saurons à qui nous adresser, faisant fi des convenances comme des appartenances de faction. "Bien sûr, il va de soi que j'espère que nos souffrances ne se confronterons pas." Pensée égoïste qui régit l'altruisme. Se protéger avant tout, survivre à tout prix. Rien de plus normal, loi de toute chose vivante. Et les adeptes de Fimine le savent plus que quiconque. La nature sait se faire aussi belle que cruelle pour parvenir à ses fins, aussi douce que perfide, aussi aimante que destructrice. Un équilibre nécessaire. Sa main se tend vers moi, invitation à l'aveu ultime, l'identité révélée, symbole d'une confiance sans faille. Sait-elle qu'en se livrant ainsi elle s'expose encore plus au danger? Le pouvoir des noms est souvent bien plus fort que l'on ne le pense. Pourtant je n'hésite pas une seconde. Rien ne vaut la peine de se vivre s'il n'y a pas de risques. Je m'avance et prend sa main entre les miennes. Une douce chaleur réconfortante s'élève et imprègne son corps. Soudain, dans sa main naît une graine qui germe rapidement. Je retire les miennes pour la laisser contempler un petit plant composé de trois feuilles et d'une fleur. Du Plantovor, apte à apaiser les blessures, physiques tout du moins. Puisse cela lui être utile! "Je suis Selene." léger silence avant de poursuivre "Enchantée de t'avoir rencontrer, je ne doute pas que nous nous reverrons un jour.." Un étrange sourire accompagne ma phrase, sincère et mystérieux. Puis, après un dernier regard sur elle, je me détourne et me fond dans les ombres de la nuit qui décline déjà. Le coeur un peu plus léger je m'en vais poursuivre mon errance, guidée par la souffrance comme par l'espoir...

Miocèene. A nouveau je foule le sol de cette grotte depuis longtemps délaissée. Depuis mon pacte avec le sombre drow et le désastre de mon ignoble désistement, je n'avais pas encore trouvée le courage de revenir.. et n'en avait pas eu l'occasion. Le nouveau défi que m'avait imposé le Léviathan se révélait ardu, très ardu. Les gardes étaient si puissants que je déployait toute mon énergie et mes réserves de potions à abattre 3 ou 4 gardes avant de battre en retraite. Maigre récolte de preuves à chaque fois.. C'était sans compter sur un cadeau bien inattendu! Cette nécromancienne, compatriote terreuse, que j'avais côtoyée chez les Ombres, mais qui n'avait jusque là presque jamais daignée m'adresser la parole avait soudain changée, un accès de sociabilité sans doute! Peut-être une conséquence de sa nouvelle appartenance aux étoiles? Toujours est-il qu'elle appris ma quête de preuves de combats, et qu'une missive soudaine reçue un soir à la taverne m'intima l'ordre de sortir. Par curiosité, je finis par accepter et quittais ma chambre. Dehors, sa sombre silhouette encapuchonnée me tendis silencieusement les preuves qu'il me manquait encore, me murmurant un "Bonne chance" mystérieux avant de disparaitre dans un froissement de cape. Étonnée, je restais un moment sans bouger. Quelles étaient ses intentions? Quels intérêts avait-elle à me voir réussir? Etait-ce un simple geste altruiste envers une soeur d'élément? Grisée par cette soudaine surprise et l'envie de poursuivre mon parcours, je me rend dans l'Antre de la bête. Aussitôt je sens son regard me détailler sans concession, mettre mon âme à nu pour percer la moindre de mes pensées. Encore une fois je perçois la puissance qui s'en dégage. Je sais qu'il connait déjà tout de ce qu'il s'est passé, la raison de mes choix, mes tourments.. Pourtant nul jugement ne fais jour dans ma tête, seule sa présence oppressante et maléfique m'envahit, présence pour moi rassurante qui me conforte dans la suite de ma quête, malgré les échecs essuyés.. Il m'exhorte à sa manière à continuer. Fébrile, je m'empare des distinctions que je laisse tomber dans l'eau noire du lac. Un intense bouillonnement se fait entendre. La tête me tourne lorsque le tourbillon fait fureur dans mon esprit, emporte avec lui mes pensées, mes envies et mes plus sombres desseins. Soudain une image plus forte que les autres. Comme un début de réponse à LA question, celle qui importe le plus, celle pour quoi je suis réellement venu le voir... les prestigieux cousins volants du Léviathan. Il doit donc savoir quelque chose! C'est sur cette folle pensée que je chavire soudain sur place, comme vidée par la soudaine absence de la Bête en moi. Regard perçant de la créature qui me toise d'un regard mi-ironique, mi-contemplatif. Je prend un temps pour retrouver mes esprits, me sonder moi-même. A nouveau j'ai perdu un peu de lumière en moi, mais cette fois est encore différente des autres... Avec stupeur je comprend que j'ai atteint un nouveau stade encore plus sombre. Maléfique. Un sourire carnassier se dessine sur mes lèvres tandis que Miocèene m'impose un nouveau défi, le dernier avant les ultimes révélations... Pleine d'assurance, je relève avec joie le défi, promettant silencieusement à mon "instructeur" de revenir dès que possible. Plus proche que jamais d'atteindre mon but, j'avance maintenant inexorablement en avant, peu importe les sacrifices qui seront encore à faire. [hrP: Un grand merci à ma bienfaitrice! ]

Sa main sur la mienne, vague douleur qui m'indiffère et qu'elle prend sur elle. Dans un élan de spontanéité, une envie de partager ma souffrance peut-être, pour me faire savoir sa présence à cet instant. Geste d'empathie qui réchauffe un peu mon être transi de douleur. J'apprécie vraiment sa sollicitude et lui répond par un sourire. Nul besoin de paroles, les actes et les regards en disent toujours bien plus. Soudain le contact se rompt, elle se relève brusquement, comme gênée. Un changement d'attitude brutal. Je m'interroge un instant et lui laisse le temps dont elle a besoin. Le réconfort d'un arbre lui assure une stabilité et une protection à laquelle elle aspire pour pouvoir se livrer. Je ne doute pas de sa sincérité et sais que ses explications viendront. Avec douceur, je me relève lentement et m'approche à pas feutrés. Le visage caché entre l'écorce et ses cheveux, elle a enfin l'intimité qu'il lui faut pour se livrer. Et quelle surprise. Fimine était bien fourbe pour réunir ainsi deux âmes tourmentées par le même homme. Moi qui le haït, et elle qui l'aime malgré elle. Trompée.. bien sûr, comment aurait-il pu en être autrement, la fidélité lui était inconnu, la chair sa seule soif.. Trompée comme mon amour avait failli l'être par moi... sombre honte qui me submerge. Et Exoriel, je reconnais bien là la description et n'ignore pas son contact avec le drow. Pas étonnant que ma consoeur ait du mal à faire le poids face à elle... Un instant la colère m'envahit, je voudrait lui dire qu'elle est bien naïve, qu'il est inutile d'espérer et qu'elle doit lutter pour s'éloigner de lui.. Mais qui étais-je pour lui enjoigner ça ? De quelle droit je m'immiscerais dans sa relation avec lui, si elle voulais lui laisser une seconde chance. Après tout, j'avais moi-même assisté à un instant de trouble et d'humanité du démon. Peut-être y avait-il un espoir... Qui savait ? Elle s'acharne contre l'arbre dans son dépit. Faisant exploser une partie qui vient se loger en une multitude d'échardes, et maintiennent sa douleur vive, nécessaire au maintien de sa rancœur. Elle l'aime encore pourtant, cela se sens.. L'amour provoque étrangement les pires blessures qu'on puisse connaître. Je m'approche encore et vient finalement à coté d'elle. Un contact direct ne me semble pas approprié, alors je place comme elle une paume contre l'écorce. Trois mots murmurés et une petite branche basse, oscille doucement dans sa direction, jusqu'à frôler de ses feuilles douces les épaules de la nécromante. Doux contact de la Terre que je lui offre en signe de soutien. De compréhension que la raison n'a jamais pouvoir sur les sentiments. Esclaves de nos émotions, voilà ce que nous sommes tous. Secouant le tête, je m'appuie à mon tour contre l'arbre, un léger sourire aux lèvres. "Et malgré tout.. l'espoir nous anime toujours.. La douleur ne sert qu'à nous le rappeler.." Long soupir, je ne sais pas où la fin de cette nuit va nous mener. Alors, juste une phrase, une proposition pour l'avenir, juste au cas où. Si jamais tu as besoin, tu sauras me contacter. Je ne refuserai pas un peu de souffrance.

Les cris de rage, les sons de lames et de projectiles, les incantations clamées, l'atmosphère étouffante relevée par l'odeur nauséabonde des orcs.. Sombre combat où je me plaisais à évoluer. Forte d'une nouvelle compétence apprise depuis peu, je privilégiais mes sorts d'aveuglement pour les ennemis et de soins et de protections pour mes compagnons et alliés. Je ne me privais néanmoins pas du plaisir d'éradiquer quelques combattants. Une perturbation dans l'air me distrait quelques instants. Battements sourds et plumes noires. Etrange ballet aérien que les allées et venues de ce corbeau. Loin d'être un oiseau ordinaire.. Je l'avais déjà vu auparavant, messager habile, il étais venu confirmer que son maître nous avait entendu, avec une réponse quelque peu provocante. Une seconde chance. Autant il nous en laissait une de réaffirmer notre fidélité, autant nous lui en laissions une de tenir ses promesses avant de rompre notre engagement. Ainsi fut fait et notre ordre de mission était simple: gagner du temps afin de faire diversion. Encore une fois la victoire lui fut assurée. Malgré les apparences, nous savons que la défaite prévue de l'invasion de l'Académie n'était qu'un leurre. Avec quelques regards entendus à mes compagnons, je laisse le camp adverse savourer sa victoire illusoire. Désormais, nous attendons les nouvelles, plus ou moins confiants quand à la proche venue de notre rémunération...

Peu à peu, la douleur s'estompe, lentement, elle tournoie dans mon être, passe et repasse, fugitive... Avant de revenir plus forte encore, moqueuse et sadique. Drôle de danse où nos souffrances se renvoient la balle, s'accentuant chez l'une quand elle faiblit chez l'autre. Comme si nous étions liées.. Quel ravissement pourtant de la ressentir ainsi, mêlée à l'essence de la Terre, approuvée par Fimine ! Etrangement, cette douleur-ci semble différente, comme si le fait d'être consentie la rendait encore meilleure. Plus douloureuse et plus apte à me rendre folle, plus destructrice de l'âme. Le contact avec cette nécromancienne semble réveiller en moi des pulsions jusqu'alors peu connues. La douleur a rarement été mon domaine de prédilection, mais j'y prend soudain goût dans un plaisir bien malsain, me rendant compte que souffrir est aussi bienfaiteur que faire souffrir. Ce constat est encore plus flagrant que lors de mon duel suicide contre Elrindil. Le mal laisse place à un engourdissement général, un état de bien-être cotonneux dans lequel le corps se complaît. Apaisée, comme vidée de toute pensée, je n'ai pas remarqué la terran qui s'est rapprochée, elle aussi lentement libérée de la paralysie de la douleur. Comme sa main se fait proche, je comprend vaguement qu'intriguée, elle cherche à recueillir une larme sur ma joue.. Peut-être pour y comprendre ce qu'elle a à dire, peut-être pour renier la faiblesse qui transparaît et propre aux misérables créatures que nous sommes, femmes brisées par les tyrannies des hommes.. Une décharge soudain dans mon visage m'oblige à fermer les yeux, vive douleur, sensation électrique qui se propage dans ma tête. Je rouvre les yeux, étonnée, et plonge mon regard dans celui de ma sœur d'élément comme pour y déchiffrer ses intentions. Seul constat : nos magies, ou nos douleurs peut-être, se repoussent.. Sans un mot elle vient s'allonger à coté de moi, dans une posture détendue qui contraste avec tout ce qu'elle a laissée paraître jusqu'ici. Son invitation à la confidence me surprend encore plus, et mon oreille exercée ne manque pas de remarquer que désormais elle me tutoie. « Parle moi de tes erreurs, et je t'énoncerai les miennes. Que nous sachions au moins pourquoi nous sommes en train de nous détruire mutuellement. » Je réprime avec difficulté une réaction instinctive de rejet à sa demande, me relevant à moitié sur mes coudes, comme pour fuir sa proposition... Moi, me livrer ainsi ? A cette inconnue ? Mais cette idée n'est peut-être pas aussi saugrenue que ça en fait. Ce que je n'oserais jamais révéler à mon entourage peut prendre ici des allures de libération, avec cette femme qui comme moi se tourmente à l'extrême.. Surprenant comme la déchéance peut rapprocher les êtres. Lentement, l'idée fais son chemin et mon corps se détend, je me rallonge calmement. Fermant les yeux, mes mains se crispent sur l'herbe fraîche, mes ongles labourent la terre comme pour me raccrocher à mon élément devant ce que je m'apprête à révéler. « Je me suis brûlée au feu que j'ai moi-même attisée.. Réveillant les pulsions d'un démon pour plonger dans les Abysses du Mal, je n'ai finalement pas su aller jusqu'au bout, refusant de me mutiler en sacrifiant celui que j'aime... Le terme de mon initiation m'a menée vers un Mal dont je ne voulais pas, un Mal qui ne connaît nul sentiment... » J'étais moi-même étonnée du calme et de l'assurance, de la froideur aussi, avec laquelle j'énonçais ça. Ma voix se faisait chuchotement. « Depuis, j'ai tout perdu.. Je ne suis plus sûre de savoir ce que je cherche, et Ikys est parti... » Léger tremblotement de ma voix à cet instant, c'est sans doute le plus dur à admettre « Quand au démon, il n'a de cesse de me tourmenter, comme un appel depuis l'astre sombre qui est son guide sur ces Terres.. » Ma voix s'est faite plus dure sur la dernière phrase, froide, trahissant un ressentiment à son égard encore vif. Je m'arrête là, tournant pour le première fois mon regard vers elle, ignorant si j'ai satisfait sa curiosité, mais ne doutant pas qu'elle comprenne maintenant de qui il s'agisse.

Beauté de la souffrance qui écartèle l'âme. Un sourire plus que satisfait éclaire mon visage à la vision torturée que m'offre la jeune étoile. Ma nature sombre s'enivre de ce spectacle qui fait écho à ce que je viens de ressentir juste avant. Les cris s'échappant de sa bouche sont autant d'incitations à continuer mais je me réfrène, rien ne sert de l'épuiser trop tôt. Je devine que sa souffrance n'est pas simplement physique ou même psychique. Son âme est tiraillée de toute part, entre noirceur et lumière. Un bref sourire, au fond, nous sommes presque opposées. Elle, la nécromante aux penchants sombres de par sa nature mais à l'aura juste et pur ; et moi, magicienne vouée aux autres et aux soins mais irrémédiablement engouffrée sur les sentiers du Mal... Délicieux paradoxes sans lesquels la vie ne vaudrait pas la peine d'être vécue sans doute. Je la sens se ressaisir, lutter de toutes ses forces afin d'incanter un nouveau sortilège. Haussement de sourcil. Elle a une fâcheuse tendance à présumer de ses forces semble-t-il ! Mais mon intérêt n'en est que décuplé. Que va-t-elle encore déployée comme énergie pour me surprendre ? Soudain la Terre vibre, je la sens en communion avec la Terranne, la magie originelle n'en est que décuplée. Elle s'infiltre dans le sol, comme une immense liane traçant son chemin, avant de remonter le long de mes jambes. J'accueille cette souffrance comme une offrande à ma déesse. Elle qui connaît mes fautes me châtiera d'autant plus. Un grognement perce à travers mes lèvres. Les lianes de magie sont comme des ronces s'enfonçant dans ma chair. Epines acérées perçant ma peau, montant inexorablement le long de mon corps et versant le sang libérateur. Mais elle ne s'arrête pas la magie s'insinue partout jusqu'à mon esprit.. Assaillie de toute part par la douleur, mon âme rongée de remords et écartelée, je défaille soudain, mes jambes me lâchent et je m'effondre au sol. Un faible rire à moitié étouffé s'élève alors. Je me retourne péniblement sur le côté, puis sur le dos Excellent... Tu es vraiment douée, c'est certain... Puis plus faiblement, comme pour moi-même, le regard désormais tourné vers la voûte céleste, et quelques larmes coulants silencieusement le long de mon visage ... mais j'ai peur que mes erreurs ne peuvent être expiées ainsi... Long soupir. Je ferme les yeux pour me reprendre avant d'élever doucement une main en agitant les doigts en direction de la jeune femme, toujours en proie à la douleur et incapable de se mouvoir à nouveau. Une douce chaleur se répand alors instantanément dans son être, apaisant quelque peu ses souffrances. Toujours sans la regarder, je reprend de manière ironique : Hum.. ma nature qui reprend le dessus je crois..! Je n'ai pas coupée toute douleur, elle est souvent bonne compagne quand elle n'est pas trop envahissante !

Je lis en elle le doute, l'interrogation, l'hésitation. Mais très vite autre chose prend le dessus. L'envie. La tentation qui se fait plus forte avant le lâcher prise de sa conscience, avant d'accepter ma proposition pour le moins incongrue. L'excitation l'envahit, son regard se fait plus brillant, je la sens frémir à l'idée de la souffrance. Etrange comme la déchéance est complaisante pour une âme meurtrie. Pour toute âme meurtrie. La douleur entraîne l'envie d'avoir mal.. Voilà qui tombe bien ! Je désire les deux. Souffrir et faire souffrir, quelle différence après tout ? Assurée, elle se met à l'aise, prend son temps. Je sens que cela sera délectable... Elle caresse son grimoire presque amoureusement. Relation indéfectible entre l'âme et l'arme.. Son regard est déjà ailleurs, emprisonné dans ses désirs tourbillonnants. Anticipation des délices à venir. Ses yeux reviennent à moi, tentent de décrypter mes émotions. Sans doute y parvient-elle. Je ne cherche pas à les cacher en ce moment. Ce qui va suivre n'est en fin que compte que l'assouvissement de désirs que le corps pourtant refuse à assumer seul. L'instinct de survie prime sur les tourments de l'âme. L'aide bienvenue d'une autre personne ne peut être que bénéfique. Ses arcanes se matérialisent avec précision autour d'elle. Elle est douée. C'est assez rare de voir à son niveau une telle maîtrise de la magie nécrotique. Ses mots filtrent l'énergie sombre qui se déploie autour d'elle. La jeune Terran reste concentrée, elle-seule connaît la signification de ses murmures et ce qu'elle va en faire. J'attend, avec une impatience visible, j'anticipe la douleur, la punition qui m'attend. Le juste châtiment pour mes crimes.. Soudain son filet se déploie. Je sens plus que je ne vois sa magie percuter mon être et prendre possession de mon corps. La douleur s'insinue entre chaque fibre de mes entrailles. Je tressaille et sert les dents. Aucun son ne franchit la barrière de mes lèvres mais la souffrance tend mon corps qui s'anime au rythme des visions que la magie provoque. Des images de ces derniers temps, de mon dhampire, de mes camarades mais aussi de cet elfe sombre ou du terrible Leviathan. Comme si toutes les étapes de mes tourments défilaient devant moi. Un sourire déforme mes traits. La souffrance est si douce dans l'expiation des fautes.. Elle relève la tête pour voir son œuvre, la fatigue se sent dans ses gestes, elle s'est un peu surestimée. Mes yeux se tournent vers mon grimoire non loin mais je choisis de n'en rien faire. Mon œuvre sera moins puissante sans mon livre mais non moins efficace sur elle. Je remarque d'ailleurs que j'ai encore ma pleine capacité. Son sort n'a affecté que mon esprit, et non mon corps. C'est donc à mon tour de riposter. Je me demande vaguement si elle cherche elle aussi à expier quelque chose, mais le temps n'est pas encore à la confession. Elle m'a montré ses sombres pouvoirs, il est temps de lui faire goûté les bienfaits de la lumière. Parfois elle révèle une telle pureté que la vision de sa propre laideur assaillit l'âme, mais l'énergie lumineuse peut tout aussi bien révéler les meilleurs cotés des âmes les plus sombres et déchaîner la haine.. tant de possibilités... Mes mots murmurés prennent de l'ampleur. Rien de visible mais des vibrations dans l'air laissent deviner ce qui suivra. Soudain la lumière apparaît et irradie la nécromante dans un faisceau d'ondes lumineuses, qui m'éblouissent un bref instant. Perçant l'obscurité renaissante, je guette ma proie..

Je sourit franchement et de manière ironique à ses premières tirades. Me faire confiance? Non certes, et heureusement. Je ne me ferais moi-même guère confiance. Décidément, cette jeune nécromante me plaisait bien ! Elle s'éloigne de quelques pas avant de s'arrêter brusquement, figée sur place. A trois mètres devant elle se dressait la sombre silhouette d'un fauve lui bloquant le passage. Mon fidèle Lyncée... Songeuse, je m'interroge un instant sur les causes de son état, une jeune inconnue tout juste débarquée sur ces terres. Les Constellations doivent être sa première famille, j'en déduit que ses soucis proviennent de là. Je réprime un léger rire : - Serait-ce que les Etoiles deviennent toutes sombres et corrompues par.. Je m'interrompt soudain, la réflexion est sortie toute seule, acide, provocante. Mon ton ne cachait pas mon amertume à son évocation. Nul besoin après tout, comprenne ce qu'elle pourra, ou ce qu'elle voudra. Peut-être ne connaissait-elle même pas celui auquel je pensais. Un sourire. Au fond je savais que je ne lui en voulais pas réellement, c'est plus à moi que j'en voulais, de m'être engagée sans savoir, d'avoir plongée plus loin que je ne le pouvais.. Secouant la tête, j'affiche maintenant un petit rictus, ses dernières paroles m'intriguent et font échos à mes pensées. Une lueur dans mes yeux s'allument, l'intérêt du prédateur autant que de la proie. Qu'elle m'entraîne donc dans sa chute, je n'attendais que ça ! Ma voix s'élève hautaine et sourde - Que sais-tu de mes volontés et de mes désirs ? La déchéance n'est pas l'apanage des nécromants, à ce que je sache. Imagines tu être la seule à sombrer dans un gouffre de tourments ? Hahaha.. Je devais avoir des allures de démente comme ça, mais peu m'importais. Elle avait éveillée en moi un désir de confrontation. - Bien sûr que je ne te veux pas réellement de mal, mon allégeance à Fimine et ses fidèles est sans faille. Mais si nous sommes d'accord, rien n'empêche le jeu.. Je saute soudain de l'arbre en écartant les bras, me débarrassant de ma cape, dévoilant mon visage à peine masqué par quelques mèches châtains. Mon regard bleu-vert se fixe dans ses yeux, dévoilant ma complète sincérité. - Vas-y, déchaîne-toi, répand ta colère, le jeu est grisant... Ma phrase est presque murmurée. Je prend le risque de sombrer, un peu plus ne changera pas grand chose à présent. Un geste vers mon grimoire, lent et mesuré pour ne pas la brusquer. Je l'attrape puis le dépose à quelques pas au pied de l'arbre. Dès à présent, elle avait sa chance..

Je la sens se crisper, la peur l'étreint. La démonstration de ma puissance, toute relative à mon goùt mais impressionnante pour elle, a fait son effet. Et pourtant, elle devrait se douter qu'il ne lui arrivera rien d'immédiat de grave. Les liens des éléments sont parfois aussi puissant que ceux des factions. Même si quelques traîtres sévissent toutefois un peu partout. Je tiens pour acquis cette fidélité aux adorateurs de ma déesse, mais ce n'est pas le cas de tous. Soupir, j'aurai vraiment aimé tombé sur un fidèle d'un dieu impie cette fois.. Autant j'aime toujours rencontrer de nouveaux compatriotes, autant j'avais besoin de me défouler ce soir.. Si elle n'avait été terranne, j'aurai sans nul doute passé outre son appartenance aux Constellations. C'était bien à cause d'un des leurs que je me retrouvais dans cet état. - Dommage... que vais-je faire de toi maintenant.. ? Quelques mots murmurés qui ne lui sont pas directement adressés. Un regard vers le ciel clair, mes yeux reflètent quelques instants mon profond désarroi.. Je revient d'un mouvement brusque braqué mon regard vers la nécromante, avant de glisser sur le tronc mort juste derrière elle. Je fronce les sourcils, Fimine ne devait pas apprécier. Aussitôt, quelques mots sont prononcés, provoquant un instant le doute sur le visage de ma voisine. Une légère lumière vient se diffuser sur le tronc, et quelques pousses vertes apparaissent de-ci de-là dans l'écorce. A la magie de mort succède celle de vie. Indissociable. Reportant une fois de plus mon attention sur la jeune étoile, une idée me vint soudain - Qu'est-tu prête à céder pour avoir la vie sauve? Peux-tu me procurer une autre proie plus... amusante? Si je ne voulais pas lui faire de mal réellement, j'avais toujours la possibilité de m'amuser un peu avec elle... à défaut d'autre chose. Avant qu'elle ne réponde je lui ai déjà tourné le dos, lui offrant la possibilité de m'attaquer la première, selon l'état de sa témérité, qui me semblait déjà bien élevée. Beaucoup dans son cas auraient déjà fui. Prenant un léger élan, j'agrippai une branche basse du saule et me hissait jusqu'à m'asseoir sur celle ci, balançant mes jambes dans le vide afin de scruter avec avidité ses réactions.

Concentrée sur mon plan, je n'ai pas vu tout de suite son épée dressée qui me barrait le passage. Au moment où je la vis, juste comme je lançais mon incantation, il étais déjà trop tard pour stopper mon élan. La lame froide me transperça les entrailles dans un douloureux râle. La douleur explosa soudain dans mon corps tout entier, anéantissant mes dernières forces. J'ai juste le temps de voir qu'au moins l'igné n'a pas pu esquiver mon attaque, et le voilà propulser soudainement à quelques mètres, ce qui eut pour effet de me retirer la lame du ventre. Les mains rougies par mon sang posées sur ma blessure béante, je le vois se relever, encore tremblant. Il a résisté à mon attaque, il s'en sort donc vainqueur. Un léger sourire à ce constat, n'était-ce pas ce qui était prévu depuis le début? Il a toujours été le plus fort. La rage et la colère s'estompent rapidement, laissant la place au vide, à la douleur et aux tourments. Mes perceptions se brouillent, ma respiration se fait difficile, je vacille. Mes jambes me lâchent et je m'effondre droit vers le sol. Sensation d'amorti, une poigne puissante me retient et m'empêche de tomber plus bas. Elrindil. Je fronce les sourcils, étrange réaction de sa part, je n'aurais pas imaginé un tel élan de spontanéité de sa part, par pitié ou autre chose. Qu'importait! Les yeux plongés dans les siens dans une tentative de le cerner, mon souffle se saccade en un râle rauque, tandis que mon corps se convulse un instant et que le goût du sang ne me parvient.. Dans un effort et un instant de panique, je bouge mon bras droit pour chercher sa main et la serrer. Je me rattache finalement quand même à la dernière parcelle de vie qu'il me reste. Paradoxe étrange que l'envie de mourir n'estompe pas. Mon sang s'écoule rapidement sur le sol, imprégnant le sable. La douleur, la peur, les doutes et les tourments s'écoulent en même temps que le liquide poisseux. Ma vue se brouille. Pour la première fois depuis des jours, je suis sereine. Sensation incomparable de bien-être. Je souris et laisse échapper un "Merci..." avant de sombrer dans l'inconscience hors de ce monde.

Ma surprise est totale, je m'attendais bien à une riposte de sa part mais d'une telle ampleur.. Sa frappe était loin d'être normale, même avec sa puissance. Une forte magie se dégage maintenant de lui, de sa main... Impossible! Atterrée, je met quelques instants à comprendre. Une lumière filtrait à travers le gant du guerrier. Comment avait-il pu? Il avait absorbé la magie de mon sort et l'utiliser en me frappant. Péniblement, je me met à genou avec une grimace. J'avais lourdement atterris sur le coté et mon épaule accusais le coup. Je pousse un cri de douleur en voulant me relever en m'aidant de mon bras gauche. Je renonce vite à cette idée. Me redressant, je commence alors à bouger autour du guerrier, réfléchissant à la suite tout en le maintenant sur ses gardes. La rage est au moins une fidèle allié, je me rend compte qu'elle m'empêche le temps du combat de me tourmenter, et qu'elle soutient ma capacité à user de la totalité de mes forces. L'impression de n'avoir aucune issue. Il est arriver à contrer mon sort le plus puissant.. Dans une tentative désespérée, une idée me traverse l'esprit que je m'efforce de mettre en oeuvre. L'incantation est prête mais ne franchit pas tout de suite mes lèvres. Je lui tourne toujours autour, quand soudain sans crier gare, je m'élance une nouvelle fois vers lui en envoyant simultanément un nouveau faisceau lumineux, ce qui me laisse à nouveau épuisée. Si j'ai bien calculé, il n'aura pas le temps de me refaire le même coup. Et avec de la chance, mon assaut bien que faible et sans doute futile l'empêchera au moins d'esquiver mon attaque magique...

Il me regarde en silence, presque déçu. Il a raison d'un certain coté, je dois présenter une image bien pitoyable en cet instant. Mais ma fierté se refuse à admettre ses propos et ma colère enfle à son égard. Grognant légèrement de manière dubitative, je sors un flacon de ma besace et le vide d'un trait. Voilà qui me redonne soudain des forces nouvelles. Artificielles certes, et la récupération n'en sera que plus difficile mais qu'importe. Je ne doutais toujours pas de l'issue du combat, mais j'étais déterminée à emporter le guerrier dans ma déchéance, ou tout du moins à lui infliger de sévères blessures en mettant toute ma rage au service de mes sorts. - J'ai bien accepté un duel, et pas un achevage en règle. Ne crois pas que je ne riposterai pas. Si je l'accepte maintenant, c'est que je n'ai plus rien à perdre. Que sais-tu de mes envies ou de mes tourments? Presque rien, alors combattons sans tarder. Même si je n'ai rien à te prouver, sans doute trouveras tu une réponse dans mes actes.. Une nouvelle fiole sors de ma poche, plus petite, une potion de précision, pour mieux atteindre ma cible. Une première incantation jaillit de mes lèvres aussitôt. Le châtiment sacré se matérialise par une pluie lumineuse au dessus du guerrier. Un sourire étire mon visage en contemplant sa grimace. Rassemblant mes forces magiques, je lance à la suite un faisceau de pureté, rai de lumière pure qui vient l'irradier. Mais je ne prend pas le temps de voir son effet. Enragée, résolue à ne pas lui laisser de répit, je me jette soudain sur lui tel un fauve bondissant, déversant tous mes doutes et mes peurs dans ce corps à corps, attendant que mes pouvoirs se régénèrent pour incanter à nouveau.

Les Abysses. Vertiges sans fin dans lesquels je me suis engluée d'une manière toute différente de ce que j'avais pu imaginé. Regrets, frustration, colère, désespoir. Les vagues successives d'émotions contradictoires rythmaient ma course effrénée. Traversant le Marais pour remonter dans le passage de l'Académie, j'avais cherché la solitude et la noirceur des bas-fonds pour seule compagnie. Débouchant dans la caverne du Leviathan, c'est sans un mot ni un regard pour lui que je sortis vers les mines, afin de m'enfoncer toujours plus loin dans le désert, sous un soleil naissant. Je ne pouvais pas affronter Miocèene maintenant, pas encore.. C'est seulement alors que je ralentissais mon pas que mon corps repris lentement le dessus, et que la fatigue et l'épuisement annihilaient enfin les affres de mes pensées. Titubante, je cherchais l'ombre de quelques rochers avant de m'effondrer au sol, l'esprit en proie aux plus sombres tourments... Combien de temps passé là avant de reprendre conscience ? Guère plus de deux jours. Les besoins du corps se rappelaient à mon esprit, mais pourtant estompés par la douleur lancinante de la souffrance de l'âme, ininterrompue, encore si vive malgré les nombreuses heures déjà écoulées. Je n'en pouvais plus d'attendre, mais attendre quoi ? Qu'une âme charitable m'achève... Il y avait plus simple. Mes pensées se tournent vers lui, le guerrier igné. Mon bourreau favori. Sans doute nul autre que lui ne m'avais tué autant de fois. Griffonnant un rapide message lui demandant de venir pour un duel à l'auberge des mines, je rassemblais ma magie pour l'envoyer instantanément à son destinataire. Je savais qu'il viendrait, il refusait rarement un combat, encore moins quand il était gagné d'avance.. Je me relevais et mis toute ma volonté à avancer vers la bâtisse. J'espérais qu'il serait là rapidement, je n'étais pas sûre de tenir bien longtemps. Arrivée à destination, je m'assis à même le sol, ruminant mes pensées... La soirée du mariage.. un véritable fiasco. Après avoir passé la soirée à m'inquiéter de la façon dont Helevorn apparaîtrait, j'avais fini par monter dans notre suite avec Ikys. Au bord du gouffre, incapable de masquer mon anxiété je m'étais réfugiée dans la salle d'eau où le guerrier aéris avait fait son apparition, en même temps que quatre de ses sbires succubes qui par un puissant sort maintenaient mon nouvel époux conscient mais incapable de bouger. Ça aurait du être l'acte final de mon initiation mais cette vision avait été trop forte et avait eu raison de ma volonté. J'ai finalement rompue le pacte qui nous liait, aussi soulagée que désespérée.. Ce constat m'opprimait encore la poitrine en y repensant. Serais-je condamnée à être obsédée par ce qui aurait pu se passer, à regretter à jamais mon choix ? Le fil de mes pensées tourbillonnait ainsi entre le drow et Ikys, entre le Mal recherché et les sentiments troublants ressentis, quand un bruit soudain me fit relever les yeux. Sans brusquerie, empoignant mon grimoire, je me relevais avec peine en fixant mon interlocuteur, étrangement soulagée de le voir...

Recroquevillée sur une solide branche d'un saule pleureur, j'étais à l'abri des regards, camouflée par le feuillage tombant du grand arbre. La nuit presque sans lune et la lueur blafarde de quelques étoiles achevaient de me rendre invisible aux yeux de la forêt. Seul le hululement d'une chouette troublait le silence et la solitude dont je m'était entourée. Encore une nuit dans l'attente, encore ces sombres cauchemars sans fin, encore mes pensées tourmentées pour seule compagnie. Même chez la recycleuse d'âme, rien n'avait été annihilé. Les souvenirs c'étaient fait plus diffus, mais tout autant blessant et d'une autre manière. Après un temps qui m'avaient paru interminable, j'en étais ressortie. La gardienne des lieux habituellement si bavarde n'avait soufflé mot, comme pour me mettre en garde quand à mon comportement qui m'avait menée chez elle.. Revenue à Melrath, j'avais découvert stupéfaite qu'à peine quelques heures c'étaient écoulées en réalité. Dépitée, j'avais alors cherché à avoir des nouvelles de mes compagnons, et surtout de lui, car cela faisait déjà presque trois jours que... N'osant pourtant croisé personne directement, c'est emmitouflée dans une grande cape que j'ai pris la direction de la bâtisse des Au-Delà, et entendu sur le chemin les premières informations. Figée sur place, j'avais écoutée et finie par comprendre qu'il était parti nul ne savait où, terrassé par ce que j'avais eu le malheur de lui faire subir. C'est horrifiée que j'avais fait demi-tour en courant, bousculant quelques passants sur le chemin, les yeux humides de larmes que je m'efforçais de retenir. Errant parmi les arbres et la nature protectrice, j'avais fini par me poser dans cet arbre, invoquant et priant Fimine de me libérer de mes sombres ruminations. Par moment, mon esprit arrivait enfin à se détacher de mes pensées et je savourais alors le simple fait de respirer et de me trouver à cet endroit. Mais la réalité reprenait toujours le dessus et c'est avec un puissant mal de tête et dans cet état d'esprit que je me trouvais lorsque j'entendis au loin des branches craquer. Quelqu'un d'autre qui venait chercher la solitude et se croyait ici seul au monde? Avec un sourire carnassier, reflet de mon humeur, je m'accroupis, prête à bondir et écoute attentivement. Le bruit se rapproche. La personne passera sans doute par là! L'occasion de déchainer ma fureur contre un innocent, enfin, lui faire payer ce que je ne peux pas me faire à moi ni à l'autre.. Serrant les dents, je décroche quelques feuilles de l'arbre, je tend la main au dessus du vide. J'aperçois enfin la silhouette. Elle marche prenant son temps, respire fort, profite de l'air frais... et ne se doute de rien. Pile au dessus d'elle, je laisse tomber les feuilles qui tourbillonnent au vent et viennent s'écraser quelques mètres derrière elle. Surprise, l'ombre se retourne, observe, méfiante. J'ai déjà quitté mon repaire et me laisse glisser entre les branches. Mais ma robe est gênante et m'empêche de me mouvoir à mon aise. Ratant à moitié mon acrobatie entre les branches, j'atterris lourdement et avec un grognement de mécontentement juste devant l'inconnue qui au même instant se retourne et me fait face. Surprise! Je lâche mon grimoire que j'avais déjà préparer pour lui faire subir mille tourments. Bruyant soupir de frustration, ma main se crispe sur le tissu de ma cape tandis que je détaille de mes yeux sévères l'enfant de Fimine qui se trouve devant moi. Une nécromante à l'aura juste et à la pâle chevelure. Mon regard s'attarde sur son blason.. une étoile en plus. Fimine voulait-elle jouer avec mes nerfs? Hésitation, je ne pouvais consciemment pas m'attaquer à elle mais mon être réclamait un déchainement de fureur. Un mot murmuré avec hargne et un craquement inquiétant retentit derrière l'inconnue juste avant qu'un tronc mort ne s'abatte au même endroit dans un fracas assourdissant, faisant trembler la terre sous nos pieds..

Bientôt tout est en place. Je m'avance jusqu'à l'autel avec mes témoins, suivie par Ikys avec les siens. Je nage dans un tourbillon d'émotions contradictoires. Même si la cérémonie est plutôt intimiste, avec quelques invités choisis et la plupart des membres de la faction, la présence de tant de monde me rend un tant soit peu nerveuse, d'autant avec ce que j'aurai sans doute à affronter après.. Je me concentre sur les paroles de Rhadamanthe, jetant quelques regards à Ikys en souriant légèrement.. notre union se fait autant devant les dieux que les démons. Puis vient le moment d'échanger nos serments et les bagues. Je frissonnait d'excitation autant que de crainte, mais je chassai mes doutes. J'aimais Ikys, j'en était certaine, et je voulais vraiment passer ma vie à ses cotés. Le reste n'était qu'un contretemps qui serait vite réglé... Nos regards se croisent. Je plonge dans celui d'Ikys. Un sourire au moment où il me passe la bague. Etrange sensation, et pourtant, étrange satisfaction aussi. Je fais de même à mon tour. L'instant semble durer une éternité. Enfin notre "prêtre" nécromant acte notre union devant toute l'assemblée. Nous voilà mariés. Je me tourne alors vers mon époux, lui sourit et nos bouches se rejoignent pour s'embrasser tendrement sous les acclamations de la foule. Désormais, il ne restait plus qu'à attendre la suite...

Le jour était enfin arrivé, et c'était avec une appréhension grandissante que j'avais entamée la journée qui marquerait un indéniable tournant dans ma vie. Non pas que je n'étais pas sûre de mon choix, mais je savais qu'inévitablement l'issue de cette journée serait déchirante, quoiqu'il advienne. Pour lui, comme pour moi. Pourtant, ma froide détermination à aller jusqu'au bout de mon initiation ne m'avait pas quitté, au contraire. J'avais passée ces derniers jours à préparer cet événement avec Ikys. D'abord le principal : il nous fallait un « prêtre » et des témoins. Le premier fut tout trouvé. Nous avions eu la même idée : Rhadamanthe ! Qui d'autre que ce fameux nécromant, ancien juge des Enfers pour célébrer notre union, une union entre deux êtres maudits. Quand aux témoins, j'avais mon idée, mais il me fallait leur demander avant de l'annoncer au reste de la communauté. Moon d'abord, elle avait été parmi mes premiers compagnons lorsque j'avais tout juste quitté Terra, débarquant naïvement sur ces terres. Nous avions cheminée un petit temps ensemble, chacune cherchant sa voie, voies qui s'étaient étrangement rejointes depuis peu. Panda ensuite, depuis longtemps il était un acolyte de certaines de mes escapades, un ancien Thuatha un peu fou, mais surtout un ami, sur qui je savais pouvoir compter. Ceci fait, il nous restait à l'annoncer au reste de la faction, ce qui fut fait lors d'une petite réunion à l'atmosphère sérieuse comme toujours. Ceux qui ne le savaient pas encore furent ravis pour nous, tout en ne manquant pas de nous lancer de joyeuses boutades dont ils avaient le secret. Ne restaient que les détails techniques. Schindler avait bien voulu nous forger des bagues pour l'occasion : de anneaux aux formes reptilienne sertis de fins diamants. Les invitations avaient été lancées et le lieu légèrement préparé, notre grotte.. Reprenant le fil de mes pensées, je me rendis compte qu'il était l'heure d'y aller. Je me suis vêtue pour l'occasion d'une légère robe foncée, presque noire avec des reflets émeraudes, bordée d'une large bande verte feuille. Quelques feuilles de lierre, symbole de persévérance, ornaient mes cheveux châtains laissés tombants sur mes épaules. Prenant une profonde inspiration, je sors rejoindre mes témoins qui m'attendent, me gratifiant d'un sourire encourageant avant de nous diriger vers le passage de l'Arche. Une fois arrivés là bas, l'atmosphère protectrice et chaleureuse du lieu me rassure. Des torches ont été disposées et donnent une ambiance feutrée parfaite. Ikys est déjà là, avec ses témoins, Kirnes et Ophelia. Je ne l'ai pas encore vu de la journée, et sa vision me provoque une accélération subite de mon cœur, étreint de plaisir et de bonheur autant que de crainte...

Il laisse transparaître sa joie du plus profond de son être. Je devine son soulagement, et je ne peux moi-même réprimer un sentiment inhabituel, mélange de bonheur, de soulagement et d'excitation. Lorsqu'il accepte ma demande de célébrer notre union dans 6 jours, je ne peux réprimer un frisson, mélange de gêne et de satisfaction. C'est donc si facile que cela? Son regard, son amour pour moi qui filtre à travers ses yeux et son évocation de la grotte, notre grotte.. Je le sers soudain fort contre moi en murmurant: "Oui bien sûr, où d'autre que dans notre grotte? Elle sera une fois de plus témoin de notre engagement" ajoutais-je avec un sourire attendrit avant de l'embrasser doucement. Mon esprit vagabondait déjà sur les tâches à faire ces prochains jours pour organiser l'évènement.. il fallait que je me concentre sur cela pour ne pas penser à plus loin. Ne plus penser à l'autre avant que l'heure de mon prochain rendez-vous n'arrive, ni à ce qu'il se passera après la cérémonie.. Plus rien d'autre n'importait que la véracité de mes sentiments pour le nécromant, malgré tout ce que je devait et devrait assumer.

Je lui suis reconnaissante de sa prévoyance. Il a détourné le regard pour éviter de me causer plus de tort... Il écoute jusqu'au bout, cogitant mes paroles, s'interrogeant, pour finalement s'approcher lentement, radoucit et calmé, mais avec un air on ne peut plus sérieux dans son regard. "Peux tu jurer devant les dieux que tu veux passer le reste de ta vie avec moi?" Sa question me laisse un instant au dépourvu. Le reste de ma vie.. J'ai tendance à ne pas voir l'avenir sur un aussi long terme. Jusqu'à présent, je me suis souvent contentée de vivre au jour le jour.. Mais je vois bien que c'est important pour lui, alors je réfléchis quelques instants, sérieusement, et comprend finalement que oui, après ce qu'il s'est passé entre nous dans cette grotte, après le révélation de nos sentiments, je veux être à ses cotés jusqu'à la fin des Temps. "Que les dieux soient témoins de mon engagement, je le souhaite de tout mon coeur.." fis-je d'une petite voix, moitié murmurant. La suite me laissa quelques instants perplexe. Il s'agenouille en me prenant tendrement la main, ne pouvant cacher un léger sentiment d'angoisse quand à ma réponse.. "Si tel est le cas, veux tu devenir ma femme?" Hébétée par sa demande, j'analyse la situation à toute vitesse. Si j'avais consciemment voulu l'amener à me faire cette demande, je n'aurai pas fait mieux! ça avait été bien plus simple que je ne l'avais imaginé, naturel en fait. Une bouffée d'un sentiment de bonheur intense m'étreint d'un coup, parce que tout reste sincère, sa demande, comme ma réponse d'ailleurs. Je le rejoins près du sol et l'embrasse en répondant: "Oui" Mais bien vite, la réalité me rattrape, il me faut encore régler une chose. "Oui je veux t'épouser Ikys. Marions-nous au plus vite, que nous puissions dévoiler notre amour au grand jour! Crois-tu que.. ? Dans 6 jours, ça sera un jour un peu spécial pour moi, il marquera l'anniversaire de mon intronisation en tant que prêtresse de Fimine.. ça serait merveilleux de fêter notre union à ce moment là.. " ajoutais-je d'un air songeur.. Je détestais devoir user de manipulation de la sorte, et à vrai dire je me surprenais moi-même mais je n'avais pas le choix.

La réponse ne tarde pas à venir. Il se fige, nerveux, sourcils froncés. Soudain il me fais signe de m'arrêter alors que ses griffes et ses crocs apparaissent, menaçants. Je stoppe net, reculant même légèrement d'un pas, surprise par la violence de sa réaction. "Tu sens encore l'autre Homme sur tout ton corps" Grondement, accusation, je suis mise devant le fait accompli. Mon coeur se transperce de douleur face à ses dures paroles. J'inspire profondément pour lui répondre, me défendre, mais je n'en ai pas la force. J'avais oublié sa perception si fine des odeurs. Je compris soudain que ma présence ici devait lui être un supplice... Coupable, des larmes me viennent aux yeux et descendent le long de mes joues. Furieuse, je ferme les yeux, réprime un geignement. Je n'ai pas le droit de me montrer ainsi! Stupide ignorante que je suis. Je dois être plus forte que cela. Serrant la mâchoire, je passe ma main sur mon visage pour essuyer les traces de ma faiblesse avant de rouvrir les yeux. J'expire pour retrouver le contrôle de mon corps avant de parler d'une voix encore mal assurée. "Tout ça ne change rien aux sentiments que j'ai pour toi Ikys.. Ce que je t'ai dit dans la grotte est toujours valable. Simplement, je me dois de faire cette initiation. Quelque chose de puissant m'y pousse, mon karma.." Je n'arrive pas à expliquer plus. Moi-même je suis incapable d'exprimer clairement ce qui me pousse à faire ça. Ikys se tait, attendant sans doute une suite. Toujours hésitante, c'est naturellement que je reprend, remarquant à peine que j'oriente inconsciemment la conversation vers ce vers quoi je doit aboutir... "Je n'éprouve aucun sentiment pour lui, il n'y a que toi qui compte vraiment. C'est avec toi que je veux passer le reste de ma vie... et pourquoi pas.. un jour fonder une famille..."

[hrP: Suite au RP Initiation http://constellation.winnerbb.net/t1585-initiation-suite ] Je marche silencieusement en direction de l'auberge sud du Marais. Le soleil monte déjà dans le ciel en ce milieu de matinée, réchauffant mon corps frissonnant, ma cape sombre captant agréablement la chaleur de l'astre. La phrase du Drow, que j'ai quitté il y a quelques minutes à peine résonne encore dans ma tête: « Dans 6 jours exactement, tu épouseras Ikys. Votre amour doit être célébré comme il se doit... » Je soupire. Ces mots sonnent comme une litanie dont mon esprit ne peut se détacher. Je ne sais pourtant quoi en penser, incapable de me décider quand à ce que je dois désormais faire. Pour la première fois, je songe à interrompre le cours de mon initiation. Mais est-ce encore possible? J'ai déjà commencé à sombrer dans le gouffre, m'arrêter là n'interrompra désormais plus ma chute.. D'ailleurs, je sens que si je ne poursuis pas mon apprentissage, cela continuera de me hanter jusqu'à ce que je cède à nouveau... Dérisoire, moi qui croyais libre de toute attache et pouvoir assumer toute conséquences de mes actes, voilà que je me découvre enchainée par des sentiments jusque là inconnus... mais continuer reviendrais à jouer avec le feu entre nos sentiments respectifs.. J'inspire, libérant mon esprit de toute pensées. Machinalement, je me dirige vers les chenilles grouillantes. Personne comme d'habitude. C'est sans doute encore un peu matinal. Je m'apprête à me retourner quant un mouvement attire mon regard. Une aura que je reconnais tout de suite. Ikys. Mon coeur s'accélère. A-t-il eu ma missive de cette nuit? A-t-il déjà eu vent de ma conduite de hier soir à la taverne des mines? Mais plus de temps pour le doute, le mal est déjà fait. Je m'approche lentement, bouillonnant intérieurement de mille questions mais néanmoins sous une apparente tranquillité extérieure. Il m'entend approcher, se retourne. Mon regard croise le sien, à la recherche de quelque chose qui pourrait m'indiquer le fond de sa pensée. Un doute, un reproche peut-être...

Alors que j'étais sur le point de défaillir face à la délectable torture qu'il m'infligeait, il se détourna soudainement en se dirigeant vers la sortie. Frustration. Le suivant à grand pas pour rester à sa hauteur, l'incertitude m'assaillit. Il semblait décidé à jouer avec moi, à me surprendre en permanence. Pour l'instant, c'était plutôt réussi.. Entrant dans l'auberge de la Mine, je fronçais légèrement les sourcils, où voulait-il en venir? Mais lorsqu'il bifurqua en direction de la taverne, je compris enfin ce qu'il avait en tête, non sans inquiétude. Comme souvent, la taverne était bondée, et une grande partie de mes compagnons de l'Au-Delà étaient présent. Evitant les regards, la tête haute et le regard droit, je suivis mon mentor à la table qu'il avait choisi. Je retins une grimace, en plein centre et à la vue de tous, nous devenions la cible de tous les regards. Me forçant au calme, j'affichais un léger sourire et me permis un coup d'œil en direction de mes camarades, croisant quelques regards interrogatifs en retour. Je saurais bien leur fournir une explication plus tard. Sauf peut-être pour Ikys. J'étais soulagée qu'il ne soit pas là ce soir. Mais ceci n'échappa pas au Drow qui me questionna immédiatement. Je ne pouvais m'y dérober et répondis avec circonspection. Il plongea ses yeux dans les miens pour y déceler mes sentiments et y parvint visiblement. « Tu as donc un ...compagnon. », fit-il sans caché l'ironie qui perçait dans sa voix. " Oui..", répondis-je simplement et avec prudence. Inutile d'en ajouter plus. Il n'y avait que quelques jours que nous nous étions retrouvés ensemble lors d'une sortie, à découvrir nos sentiments respectifs avec étonnement. Sa réponse teintée d'ironie une fois de plus fit monter une sourde colère en moi. Mais je savais que je devais accepter que mes sentiments feront partie intégrante de ma formation. " Est-il au courant de tes projets?" "Non, répondis-je sans l'ombre d'une hésitation cette fois. Pas pour l'instant. Ce choix n'appartient qu'à moi." Je bois quelques gorgées pour me détendre. Le premier étonnement passé, la plupart des clients s'en sont retournés à leur occupation, ou au contenu de leurs verres. Je profite d'un petit moment de silence pour tenter de continuer dans une autre voie. Je l'observe avec intérêt, admirant son assurance, sa façon de mener le jeu. "Si tu espérais qu'on nous remarque, je crois que c'est réussi. Mais tout bien réfléchi, je préfère qu'on me voit en ta compagnie qu'avec un pleutre de l'Alliance ou du Souffle.." Lentement, je cherche son contact sous la table, avançant mes jambes, frôlant les siennes de mon pied glissant langoureusement jusqu'à lui. Puis je me penche légèrement par dessus la table, l'invitant à faire de même. Passant ma langue sur mes lèvres,je m'avance encore pour chercher les siennes dans un doux baiser. "Mais peut-être y a-t-il aussi de ton côté des personnes qui s'interrogeront là dessus...", achevais-je dans un murmure avec un léger regard circulaire dans la salle. Je savais que quelque chose se passait entre lui et Ignis, déjà à l'époque, mais je n'avais plus revue la nécromante depuis longtemps. Il n'étais cependant pas exclu qu'il y ait encore d'autres femmes sous son charme en ce moment.. (suite sur le forum des constellations : http://constellation.winnerbb.net/t1585-initiation-suite sous réserve d'âge, MP Ombre)

Il me dévisage un long moment en silence, me faisant presque douter, non pas de ma motivation, mais de l'issue de la requête. Il prend enfin la parole, neutre , bas, énonçant de simples affirmations qui n'ont besoin d'être confirmées, ni pour lui, ni pour moi. Une évidence. Me tournant autour, son regard me scrute, me perce. Expirant faiblement, je m'applique à abaisser mes barrière et à me détendre pour me révéler à lui entièrement. Le dos tourné, il énonce enfin ses conditions. Je ne peux qu'acquiescer et me plier à ces règles, même si une légère inquiétude me traverse quand aux avertissements qu'il me fait. Se tournant, il attend mon approbation pour reprendre, en invoquant Miocèene à témoin pour sceller notre pacte. Le bouillonnement de la surface ne laisse aucun doute sur son assentiment, nous empêchant dès lors de nous soustraire à notre engagement. "Qu'il en soit ainsi", répétais-je avec un sourire satisfait. La lueur émeraude de ses yeux scintilla alors avec puissance. Il me couva de son regard avec délectation. S'il se faisait prédateur, j'étais désormais sa proie, hypnotisée et incapable de bouger ou de prendre toute initiative. Seule restait la délicieuse attente du coup fatal. Son aura s'enroula autour de moi, jusqu'à annihiler ma propre perception de moi-même, tandis qu'il s'avançait toujours plus, jusqu'à frôler mon corps. Mes yeux jusque là rivés au sol en signe de soumission remontèrent progressivement le long de son corps, de son visage, jusqu'à plonger dans son regard, y découvrant une multitude de sensations qui m'enivrèrent d'un coup, me faisant légèrement vaciller sous la force de mes perceptions...

J'attendais depuis un moment dans cette sombre grotte, cachée dans la semi-obscurité de la paroi. Mais je n'avais que ça à faire finalement. Mon esprit ne pouvait plus se fixer sur rien d'autre que cette attente de quelque chose. Un bruit me fait sortir de ma torpeur. Prudente, je m'avance silencieusement pour jeter un coup d'œil. On se savait jamais, des fois que ce n'étais pas celui que j'attendais.. Cet endroit devenait de moins en moins secret, au fur et à mesure que Miocèene acquérait de la renommée. Mais j'avais de la chance pour une fois. C'était bien le guerrier aéris à la peau sombre. Mais il ne semblait pas venir pour moi... Je le laissais s'approcher du lac sous-terrain, l'observant en silence pendant de longues minutes. Il semblait plongé dans ses pensées et affichait un air renfrogné, voir contrarié. Je soupirais.. pourquoi fallait-il toujours que je le croise à un moment il était torturé en lui-même. Je m'interrogeais. Sa partie elfe noir semblait si fragile, si démunie face à la réalité de sa partie sombre, qui n'en conservait pas moins une aura des plus puissante. Si ces deux cotés arrivaient à trouver une trève, je ne doutais pas qu'il pourrait être encore plus puissant que maintenant. Il finit par s'énerver et appeler le Léviathan d'une forte voix. Il finit par apparaître, et le spectacle de ces deux esprits du Mal se faisant face à face me stupéfia. La confrontation fut de courte durée. La bête avait compris se qui se tramait à l'intérieur du Drow, au grand dam de ce dernier, visiblement. S'il savait que je me trouvais là, ce dont je ne doutais pas, il ne fit ni ne dit rien qui put renseigner Helevorn. Il disparut, aussi vite qu'il était venu. Hésitante, je laissais s'écouler quelques minutes, avant de me décider à me montrer. Je fis volontairement un peu de bruit, afin de ne pas le surprendre, et m'arretais à quelques mètres de lui. "Tu me trouve même sans le vouloir, semble-t-il.. Miocèene t'as-t-il enfin convaincu que tu ne peux lutter contre ta nature? ça serait dommage dommage de gâcher un si bon potentiel dans une lutte inutile contre toi-même.. alors que tu pourrais dépenser ton énergie dans bien d'autres choses...."