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Terre des Éléments

Il est temps de changer les choses...


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« Que la plèbe salue le débordement de propositions !

 

Ainsi, l'Homme ne se sent pas prêt à régir ce monde ? Et pas un ne vient rougir, plus prompt à rugir qu'à s'ébahir. Triste monde que le nôtre, en vérité. Ils étaient des dizaines à vouloir voir ce monde changer, ils étaient des centaines à se convaincre de la nécessité de fondations nouvelles. Pourtant, lorsque vint l'heure du choix, de la décision et des responsabilités, pas une main tendue ne vint rompre la monotonie de visages fatigués, pas une voix ne vint percer le silence bien éloquent de la foule pourtant amassée en nombre.

 

Alors, l'Inquisiteur, voyant vers quelle parodie de gouvernement se dirige doucement l'humanité dans l'absence d'une volonté, aussi infime soit-elle, de prendre les choses en main, cet Inquisiteur tant décrié car incompris et illustrant par son vocable, ses actes et ses idées au mieux une nouvelle vague déferlante, un nouveau souffle, un terreau puissant, une flamme naissante, cet Inquisiteur décide d'apporter sa candidature au poste de Régent de Melrath Zorac.

 

Le Dîn sent dans le cœur des hommes et des femmes amassées dans l'espoir de reconstruire cette ville perdue l'incompréhension et la peur. Comment l'Inquisiteur de Niue, dont la ferveur et la foi ne souffrent d'aucune contestation, dont la cohérence avec le dogme prôné a toujours été exemplaire, comment peut-il oser se présenter au poste de défenseur des libertés des Hommes, comment lui le destructeur, peut-il avoir la volonté de construire un avenir radieux ?

 

L'Inquisiteur leur répondra ceci : à ceux qui doutent, voyez plus loin que les apparences. Voyez quel est le besoin de ce monde, voyez les ruines qui nous entourent, voyez quelle est la désolation qui attend le moindre arrivant en ces terres. Sentez dans chaque parole et dans chaque mouvement du Dîn la conviction et le désir d'arriver à ses fins. Qu'il soit garantit le fait que le Dîn n'abandonnera pas la population de Melrath Zorac, actuellement condamnée à vivre de ruines et se repaître de détritus, non pas par les agissements de l'Architecte mais bien par le manque d'agissements des Hommes.

 

Et à ceux dont l'inquiétude demeure bien ancrée, qu'ils s'assurent de ceci : le pouvoir n'est pas fait pour un homme seul, fut-il armé de toute la sagesse et de toute l'expérience qu'on lui connait. Aussi, s'il est choisi pour décider de la reconstruction et la protection des citoyens de cette ville, le Dîn s'engage à s'entourer de pas moins de trois personnes dont l'intégrité et l'envie de bien faire ne souffrira, une nouvelle fois, d'aucun doute. Trois personnes qui, par avance de la contestation future de la Plèbe, ne seront en rien affiliées à Niue ou à l'Ordre des Sentinelles. Trois personnes qui se verront siéger, aux côtés de l'Inquisiteur, dans un conseil qui décidera dorénavant de l'avenir de Melrath Zorac.

 

Le Dîn s'engage à tolérer l'existence dans l'enceinte de la ville de toutes les religions, de toutes les croyances, sans que nulle ne soit exclue pour des causes aussi bancales que puériles. Il s'engage à favoriser l'adaptation de nouveaux arrivants à l'enfer du désert à et la puanteur du désert. Il s'engage à rendre à ce Protectorat la splendeur méritée, à replacer chaque brique ayant été abattue, à balayer chaque poussière et à colmater chaque brèche qui amène la tristesse dans le cœur de l'Homme. Il s'engage à favoriser la connaissance, le dialogue et le pardon plutôt que l'ignorance, la guerre et la haine.  Il s'engage à relancer l'économie Zoracienne, au moyen d'apports d'affaires pour les taverniers, marchands et aubergistes de la ville et de ses environs.

 

Et afin que tous soient convaincus de la véracité de ses dires, le Dîn fait, ici même, couler son propre sang afin de sceller ses engagements. Car, malgré tout ce qu'on peut lui reprocher, à tord ou à raison, le Dîn n'a qu'une seule parole. Et celle-ci servira la cause des citoyens de Melrath Zorac. »

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  • 2 weeks later...

Ils ne sont que deux à avoir réagi. Deux, sur l'immensité des yeux écarquillés. Deux, sur la totalité des badauds qui se sont amassés ici, sur la place des statues en ruine, en quête d'un espoir, écoutant les paroles des uns et des autres. Et les autres, justement ? Ils se taisent, se préparent à subir, peut-être, à contester, sûrement. Car s'il est bien une chose qui prédomine en ce monde, c'est ce vieil adage consistant à dire que ceux qu'on entend le plus sont ceux qui en font le moins. Où se terraient donc tous ces éternels râleurs, ces mauvaises langues perpétuelles, dont le plus grand pouvoir était le rejet sans l'argument ? Certainement se cachaient-ils dans l'une ou l'autre de leurs tentes, bien à l'abri derrière les murs que les mœurs plus que les matériaux avaient consolidé. Le Dîn ne se faisait aucun doute : ces aigris, ces déçus, ces apôtres de la désillusion, ils ressortiraient de leur tanière une fois que la bataille serait finie, comme des charognards trop peureux pour planter leurs griffes dans la bête dans la force de sa vie, mais qui seraient les premiers à apprécier se repaître de viande fraîche, une fois que le plus dur du travail serait fait.

 

Aussi, le Dîn s'était-il intéressé plus en détail aux deux réactions suscitées. La première vint de Noeleroi, qui se présentait aussi au poste de Régent. Les routes des deux rôdeurs s'étaient croisées à de multiples reprises. Dix fois, d'ailleurs, cela s'était traduit par un échange de carreaux. Par neuf fois, l'aéride avait été contraint de battre en retraite, terrassé par l'expérience du chasseur qu'était le Dîn. Mais, et c'était bien là le plus important, la seule fois où le Fnous avait pu saisir sa chance, il l'avait fait. Il était devenu depuis, dans l'esprit de l'Inquisiteur, un adversaire honorable, mais également, quelqu'un part, l'un des rares aventuriers  dont l'armure n'était pas couverte de l'ouroboros des Sentinelles qui avait sa sympathie. Et, d'ailleurs, si le Dîn en était venu à parler de tolérance, d'accepter ces différences qui auraient jadis été envoyées dans le brasier d'un bûcher, il le devait en grande partie au rodeur, dont les qualités ne lui semblaient pas reconnues par la plèbe à leur juste valeur. Il ferait un bon régent, assurément... Quoique certainement un peu trop fou, trop ignorant de certaines arènes secrètes qui déchiraient l'humanité depuis trop de temps.

 

Quant à la deuxième réaction... Comme tous, il avait pensé que la Générale était venue pour proposer sa candidature. Comme tous, il avait été surpris de voir que son discours n'était là que pour le discréditer. Étrange façon de dénoncer le fanatisme avéré de l'Inquisiteur... en affichant sa propre intolérance de la moindre différence. L'elfe noire, quelque part, devait sentir un danger dans les manœuvres publiques du Dîn. Et comment lui en vouloir ? La tunique de l'Inquisiteur portait l'ouroboros de Niue, ce gage d'une lutte sans fin pour que vienne l'Avènement. Il avait écrit les Enseignements, et pas un jour ne passait sans que le maître tout-puissant du Kulth ne se repaisse de viande humaine, broyant et déchirant les entrailles des infidèles sous ses canines carnassières.

 

Mais le fait le plus révélateur de tout le discours de la Générale du Souffle se trouvait dans la contestation de la parole même du Dîn. Ainsi, les servants d'Eolia ne croyaient pas aux promesses des servants de Niue. Certainement les prenaient-ils, au choix, pour une horde de mercenaires sans âmes, prêts à vendre leur honneur au plus offrant, ou bien pour une meute de tueurs sanguinaires dont le seul intérêt était de répandre le mal. Décidément, la cause des Sentinelles était bien mal connue... Et beaucoup, de fait, parlaient sans savoir, n'esquissant pas le moindre geste de honte. Et, summum de leur bêtise, ceux-là, une fois qu'ils étaient mis devant le fait accompli, n'avaient même pas le courage de s'excuser de leurs tords, et surtout lorsque ces derniers pouvaient toucher ceux qui étaient visés, au plus profond de leur âme...

 

Suyvel Ayflesh avait décidemment la mémoire bien courte. Après tout, si les Sentinelles avaient, à de multiples reprises, réussi à dérober des objets précieux, à chaque fois qu'ils en avaient fait la promesse, les propriétaires avaient retrouvé leur trésor. Et la Générale devait bien le savoir, puisqu'Electre Arz, membre du Souffle, pouvait aujourd'hui remercier la clémence du commandeur en serrant son arbalète dans ses bras. Par ailleurs, venus depuis près de douze lunes en ce monde décrépi, les Sentinelles avaient fait de multiples promesses, qui n'avaient suscité à l'époque que rires et moqueries. Mais aujourd'hui, à l'heure des bilans, au moment de voir qui, sur cette année passée, avait tenu ses engagements, seul le nom de l'ordre de Niue pouvait s'imposer comme réponse.

 

Le peuple en avait bien assez des ruines. La coupe était pleine de ce marasme futile, de ces allusions coquines qui demeuraient stériles, telles une épine dans le pied, tous ne supportaient plus ce manque de discipline qui ne pourrait mener qu'à l'avènement de la guillotine. La plèbe ne prêterait pas la moindre oreille à ces rumeurs assassines, trop occupée à consoler ses douleurs chagrines, au milieu de toute cette hémoglobine répandue pour des raisons divines. Alors, tandis que les amoureux de la bonne chair se désaltèreront avec une bonne chopine en pleine séance libertine, que les amateurs de ragots grouilleront entre eux de rumeurs tels des fouines, respirant à pleines narines le fruit de leur commérage entre copines, les pèlerins et pèlerines prendront le chemin s'éloignant de la routine, prêtant grande attention à ces paroles sibyllines, ce sentier qui verra l'éradication la plus totale de la vermine.

 

Tous voteraient pour Elessar Dîn. Du moins... il l'imagine.

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