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Terre des Éléments

Etrange trouvaille...


Salaha Luvia
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4, Période Uniqua, 105 AC,

Elle s'était levée tôt pour aller chasser les mantes-guerrières. Ces sorties matinales étaient devenues son quotidien. Depuis cinq jours déjà, elle traquait les dangereux insectes, sans relâche.

- Encore vingt-trois, grommelait-elle en passant devant l'auberge de la mine.

Un vent frais soufflait de l'Ouest, la poussant dans la bonne direction. Eolia l'encourageait-elle en sa quête ? Elle secoua la tête repoussant cette idée saugrenue. Posicillon n'aurait guère apprécié pareil détournement. Elle passa près des monstres sablonneux, puis poursuivit vers la bâtisse en construction. Malgré son aide, la construction n'avait guère avancé. Elle en fut quelque peu dépitée. Tant d'efforts pour voir cette toiture stagner à ses prémices. Comme elle dépassait la ruine, un étrange bruissement attira son attention. Les heureux propriétaires étaient visiblement absents. Elle hésita un instant. Le bruit se faisait plus fort comme elle s'approchait de la porte. Il ressemblait à ce son si particulier du papier froissé. Elle entra finalement, guidée par sa curiosité. Elle ne vit tout d'abord rien de particulier. Les matériaux de construction entassés aux quatre coins de la pièce étaient juste un peu plus couverts de sable qu'à sa dernière visite.

Une tache blanchâtre attira finalement son attention dans le tas de bois. Comment pouvait-elle résister à l'envie de le fouiller ? Après tout, elle était déjà entrée sans invitation en une maison qui n'était pas sienne. Etait-ce une effraction quand le bâtiment ne possédait ni porte ni fenêtre ? Au point où elle en était...

Avec quelques difficultés, elle parvint à extraire le papier des rondins. Il s'agissait d'un morceau de carte, couvert de sable. Elle ne parvint pas à reconnaitre la région représentée. Elle nettoya le parchemin du mieux qu'elle put, le roula soigneusement et le rangea en sa besace. Elle l'étudierait plus tard.

Elle poursuivit sa route au-delà des sables mouvants. Alors qu'elle achevait une deuxième bête, une idée lui traversa l'esprit. Et si il existait d'autres morceaux ? Occire des insectes repoussants n'était pas de ses passe-temps favoris, c'est donc sans regret qu'elle laissa là sa chasse pour partir en quête des mystérieux bouts de cartes.

Elle en trouva un autre ce matin-là. Coincé entre les épines d'un cactus rondelet, le papier était fortement abîmé. Elle le rangea avec le premier, se promettant de les étudier une fois rentrer chez elle.

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6, Période Uniqua, 105 AC,

Elle se tenait à son bureau, en sa sobre chaumière du village du Souffle. Sur son plan de travail, sept morceaux de carte étaient éparpillés. Elle en avait trouvé quatre par elle-même, les trois autres lui avaient été révélés par ses compagnons de faction. Elle les avait nettoyés avec le plus grand soin, usant d'un pinceau fin.

- Hum. Oui, ce doit être ce coin-là.

Elle fit glisser le papier jusqu'à sa place supposée. Elle les observait depuis quelques minutes maintenant. Nulle correspondance n'apparaissait entre les diverses parties. Cela ne laissait rien présager de bon sur l'ampleur du travail à effectuer. Elle se représenta mentalement le puzzle dans son ensemble.

- Sept morceaux sans le moindre bord commun...

En un bref calcul, elle déduisit qu'il devait y en avoir seize au minimum. A bien y regarder, le nombre semblait même bien plus élevé. La chasse aux morceaux de cartes ne faisait visiblement que commencer. Heureusement qu'ils étaient nombreux à s'affairer en cette recherche. Elle espérait juste qu'ils parviendraient à tous les retrouver.

- Pauvre Tigrrr...

L'oeuvre du guerrier semblait magnifique, elle avait hâte de la voir en son ensemble. Ne pouvant rien tirer du peu qu'elle avait sous les yeux, elle s'intéressa aux morceaux un à un.

- « Is », ce doit être la partie Ouest du marais. Mais ce désert-là peut aussi bien se trouver à l'Est qu'au Sud de Melrath Zorac. Et ce « Le », à quoi peut-il bien se référer ?

Perplexe, elle empila les feuilles, puis les roula avec délicatesse. Enfin, elle les rangea en l'un de ses étuis cylindriques en cuir. La plupart des morceaux n'étaient que des copies. Toutefois, les abîmer impliquerait de devoir les retranscrire à nouveau. Et elle n'avait pas de temps à perdre.

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10, Période Uniqua, 105 AC,

La jeune magicienne pénétra dans la chambre sous le regard offusqué de l'aubergiste. Cette dernière grommela un dernier reproche en refermant la porte, puis s'éloigna.

- Enfin seule.

Salaha déposa sa lourde besace sur le sol, près de l'entrée. Elle n'osa pas faire un pas de plus dans la pièce de peur de tout salir. Elle tenait encore à la main le morceau de carte, arraché par la force au répugnant reptile.

- Pourquoi faut-il toujours qu'il y aie de la bave !?

Elle secoua sans succès le parchemin. Le nettoyer ne serait pas aisé, en préserver l'encre encore moins. Elle le déposa délicatement sur le dessus de son sac. Dans l'état où il se trouvait déjà, il ne craignait plus grand-chose. Il lui faudrait sans doute en racheter un.

- Ce marais est vraiment une horreur.

Elle ôta sa cape en tâchant de ne pas en salir la partie supérieure, la seule encore indemne. Puis elle se pencha pour retirer ses bottes couvertes de boue et d'autres substances bien plus suspectes. Cela prendrait des heures pour faire reluire le cuir. Sa robe n'était guère en meilleur état. Aussi boueuse que ses souliers vers le bas, elle était couverte de nombreuses éclaboussures sur toute sa longueur. Du sang, du venin... et d'autres calamités tout aussi difficiles à laver. Elle soupira, dépitée.

Un toc-toc à la porte la fit sursauter.

- Oui ?

- L'eau pour le bain.

Une bonne heure plus tard, elle confiait ses vêtements sales à l'apprentie de la blanchisseuse. Tant pis pour l'or que ça couterait, elle n'avait pas de temps à gaspiller. Heureusement qu'elle emmenait toujours une robe de rechange avec elle. Quoique celle-ci n'avait pas été épargnée par l'odeur. Qu'importe, elle devrait bien s'en contenter. Un travail important l'attendait.

Elle reprit le morceau de carte, fautif de son combat de boue, et le posa sur la table. Avec un chiffon humide, elle entreprit d'enlever la bave, prenant garde de ne pas effacer le motif. Elle se rendit vite compte qu'elle ne pourrait rendre au dessin son éclat premier. Comme les autres, il lui faudrait le copier. Elle ne possédait que sept originaux, tous avaient été placés en lieu sûr. Elle ne conservait sur elle que les copies. C'était suffisant pour la tâche qu'elle s'était confiée. La couche de bave réduite à son minimum, elle déplaça son sujet et sortit son matériel d'écriture.

Un vingtième fragment du monde connu reprenait vie sous sa plume. Vingt morceaux dégotés au prix de moult efforts, et combien encore éparpillés au gré des vents ?

Seule, elle aurait abandonné depuis longtemps. Fort heureusement, elle ne l'était pas. Loin de là. Sur ces vingt copies, seules six étaient entièrement de son fruit. Le Souffle savait s'unir pour la bonne cause.

Modifié (le) par Salaha Luvia
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15, Période Uniqua, 105 AC,

La jeune magicienne se réveilla en l'auberge de la Porte Ouest de Melrath-Zorac. Un goût amer lui restait au fond de la gorge. La veille n'avait guère été joyeuse. Le 14 Uniqua. Si sa traduction du calendrier était correcte, cela devait correspondre au 14 février. Se souvenir du calendrier de son « ancien monde » lui avait pris un temps certain. Elle était toute fière d'avoir retrouvé ces repères. Maintenant cela lui causait du chagrin. Elle s'était remémorée une soirée inoubliable en tête à tête dans un petit restaurant. Un diner plutôt intime... Oui, ce devait être un 14 février, la « St Valentin » comme on l'appelait. Elle avait toujours trouvé ces célébrations futiles, jusqu'au jour où elle avait eu le plaisir d'y gouter. Aujourd'hui, cela lui manquait terriblement. Pas de Valentin pour une soirée aux chandelles en ce cruel univers.

Elle sortit de son lit. Il ne fallait pas sombrer dans le désespoir. Une soirée passée à se morfondre, c'était déjà une de trop. Elle devait s'occuper l'esprit. Oui, une saine activité, voilà ce qui l'aiderait.

Elle sortit de leur étui protecteur les trente parchemins, copies de ceux trouvés par les Souffleux. La table n'offrant plus assez d'espace, elle les étala sur le sol. Patiemment, elle disposa chaque morceau à la place qui lui revenait.

- Six de large, six de long... un carré de trente-six.

était-ce là le second indice d'Iso Le Loir ? « 36 », à ne pas confondre avec « égal 36 ». Elle plongea la main en sa besace pour en sortir une liste griffonnée sur un vieux bout de papier. Elle recompta les précieuses indications recueillies par Dame Gravity.

- Trente-quatre possibilités pour trente-six morceaux. Si celui-ci correspond bien à celui-là... et ce monstre-ci à ce coin-là... et...

Elle poursuivit sa réflexion, notant avec application chaque déduction logique. Il lui resta au final cinq énigmes. Cinq renseignements pour six morceaux. Ce maudit Iso était difficile en affaire. Il faudrait encore essayer de lui graisser la patte. Peut-être finirait-il par céder.

Elle décidait de mettre à jour sa miniature de la carte complète avant de retourner à ses recherches. Un des morceaux manquant était tout près, elle le savait.

- Proche mais inaccessible...

Elle percerait ce mystère, elle y était décidée. Mais d'autres y parviendraient-ils avant elle ?

Modifié (le) par Salaha Luvia
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20, Période Uniqua, 105 AC,

- Cinq mille pièces d'or ?

- Un coffre chez les orcs.

- Puisque je te dis qu'il ne s'ouvre pas ton maudit coffre !

- Un coffre embastillé.

- Pff, dix mille pièces mais c'est ma dernière offre !

- Au milieu des remèdes.

- Pour la quinzième fois, nous l'avons déjà celui-là.

- Un coffre chez les orcs.

- Tu te répètes mon vieux...

- On dit merci aux ressources.

- Merci aux ressources.

Elle lui fit un grand sourire en tendant la main. Rien. Le regard perdu dans le vide Iso Le Loir continuait de déblatérer ses prétendus indices. Salaha possédait déjà la majorité des morceaux dont il lui parlait. Elle commençait à se demander s'il était bien humain. Pouvait-il être une sorte de machine archaïque programmée pour répéter le même message en boucle ?

Elle soupira en s'éloignant. Ce n'est pas aujourd'hui qu'elle trouverait un nouveau bout de carte. Bien entendu, elle connaissait la position géographique de deux d'entre eux. La veille encore, les Souffleux s'étaient retrouvés à faire des pitreries devant l'un des deux coffres. Rien que d'y penser le rouge lui venait aux joues. Ils avaient tout tenté. Déjà avec l'embastillé... Même lui sauter dessus n'avait pas aidé. Les coups de hache non plus. Et pour son confrère... il valait mieux ne plus y songer. Elle n'avait pas fini de faire des cauchemars.

Le plus incompréhensible demeurait le nombre de pistes restantes. Deux coffres, deux énigmes, un Iso avare... et ? Que savaient-ils du sixième morceau ? Ce « 36 » indiquait-il vraiment le nombre de parchemins ? Quoi d'autre en ce cas ? Le Loir avait beau se répéter, il y avait une différence entre « 36 » et « égal 36 ».

- Grr, c'est trente-six chandelles que je vais lui faire voir s'il ne se met pas à table le bougre.

Elle se jeta littéralement sur son informateur à la langue liée.

Quelques minutes plus tard, la jeune magicienne était jetée à la porte de l'auberge du marais, manu militari. La violence ne menait jamais bien loin. Elle s'en voulut de l'avoir oublié quelques instants. Cela ne lui ressemblait guère, pour le peu qu'elle s'en souvenait. Ces morceaux de cartes allaient vraiment finir par la rendre folle.

Elle rentra au village du Souffle, voir si d'autres avaient eu plus de chance.

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  • 1 month later...

22, Période Braisa, 105 AC,

Assise sur son lit en son humble chaumière, la jeune magicienne regardait les nombreuses copies éparpillées sur sa couverture. Elle les fixait depuis vingt bonnes minutes déjà, incapable de se résigner. Elle les avait cherchés ces maudits morceaux, plus que de raison. Elle en avait connu des échecs, quelques réussites aussi. Elle pensait à tous ces indices, ces énigmes, ces situations improbables, parfois gênantes... Elle en avait suivi des pistes, connu des déconvenues. De faux espoirs en désespoir, elle avait été à deux doigts de renoncer. Puis maître Le Loir s'était montré plus bavard. Alors elle avait repris du poil de la bête. Sans hésiter, elle avait foncé, tête baissée, s'engager dans la 36ème. Son plus grand succès, sans nul doute. Mais voilà que la fin lui échappait.

Trente-trois parchemins, pas un de plus pas un de moins. La tâche demeurait inachevée, toutefois sa recherche devait s'arrêter là. Il incombait à d'autres de terminer le travail qu'elle avait commencé. Il était temps de tourner la page. Le jour était venu de reprendre une autre voie, trop longtemps délaissée. En un coin de son esprit, des questions demeuraient sans réponses. Cela n'avait que trop duré. Pourtant, quelque chose la retenait. Un arrière goût amer lui restait au fond de la gorge à contempler cette carte incomplète. Par l'Unique, quel besoin avait-elle de toujours vouloir poser la dernière pierre ?

La carte serait assemblée. Peut-être l'était-elle déjà. N'était-ce pas là tout ce qui comptait ? Quelle importance que ce soit par sa main ou une autre ? Elle avait fait son devoir envers ces terres, et sa faction. Elle avait fait de son mieux.

- Alors pourquoi ai-je l'impression d'abandonner ?

Elle soupira. Quel choix avait-elle ? Le trente-quatrième morceau s'était refusé à elle. Elle s'était pourtant montrée polie, autant que les autres. Mais si eux avaient réussi, ses mains à elle étaient restées désespérément vides. Quel Dieu avait-elle pu offenser ? A bien y penser, surement plus d'un. Quelle importance... Elle ne pouvait récupérer seule le trente-cinquième bout de papier. Oui ce n'était rien de plus que des bouts de papier. En outre, Iso ne lâcherait point le 36 si elle ne lui présentait pas le 35. C'était sans issue, et inutile. Puisque d'autres s'en occupaient déjà. Voilà, la tâche était terminée, la carte complète.

- Ou elle le sera bientôt.

Par elle, ou par ses compagnons de route, cela importait peu. Elle fit en sorte de s'en convaincre, rassembla les parchemins et les posa négligemment sur une étagère de sa bibliothèque. Là, ils pourraient prendre la poussière avec tous ces livres qu'elle n'ouvrait plus... comme son vieux journal, ou encore ce grimoire du magicien débutant acheté pour trois sous en une boutique d'Aqua. Elle délaissa ces vieux souvenirs qui n'avaient de valeur qu'à ses yeux, et sortit. Quelques minutes plus tard, elle empruntait le passage qui menait du village au bastion du Souffle. Sans se retourner, elle poursuivit jusqu'à l'ancienne carrière. Là elle trouva l'entrée de la grotte du Léviathan, devenue familière avec le temps. Au bout du tunnel l'attendait l'Académie. Là, se tenait sans doute une bibliothèque à la hauteur de ses attentes. Elle espérait juste que la porte lui serait ouverte.

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