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Terre des Éléments

A la faveur de Fimine


Selene
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Recroquevillée sur une solide branche d'un saule pleureur, j'étais à l'abri des regards, camouflée par le feuillage tombant du grand arbre. La nuit presque sans lune et la lueur blafarde de quelques étoiles achevaient de me rendre invisible aux yeux de la forêt. Seul le hululement d'une chouette troublait le silence et la solitude dont je m'était entourée.

Encore une nuit dans l'attente, encore ces sombres cauchemars sans fin, encore mes pensées tourmentées pour seule compagnie.

Même chez la recycleuse d'âme, rien n'avait été annihilé. Les souvenirs c'étaient fait plus diffus, mais tout autant blessant et d'une autre manière. Après un temps qui m'avaient paru interminable, j'en étais ressortie. La gardienne des lieux habituellement si bavarde n'avait soufflé mot, comme pour me mettre en garde quand à mon comportement qui m'avait menée chez elle..

Revenue à Melrath, j'avais découvert stupéfaite qu'à peine quelques heures c'étaient écoulées en réalité. Dépitée, j'avais alors cherché à avoir des nouvelles de mes compagnons, et surtout de lui, car cela faisait déjà presque trois jours que... N'osant pourtant croisé personne directement, c'est emmitouflée dans une grande cape que j'ai pris la direction de la bâtisse des Au-Delà, et entendu sur le chemin les premières informations.

Figée sur place, j'avais écoutée et finie par comprendre qu'il était parti nul ne savait où, terrassé par ce que j'avais eu le malheur de lui faire subir. C'est horrifiée que j'avais fait demi-tour en courant, bousculant quelques passants sur le chemin, les yeux humides de larmes que je m'efforçais de retenir.

Errant parmi les arbres et la nature protectrice, j'avais fini par me poser dans cet arbre, invoquant et priant Fimine de me libérer de mes sombres ruminations. Par moment, mon esprit arrivait enfin à se détacher de mes pensées et je savourais alors le simple fait de respirer et de me trouver à cet endroit. Mais la réalité reprenait toujours le dessus et c'est avec un puissant mal de tête et dans cet état d'esprit que je me trouvais lorsque j'entendis au loin des branches craquer. Quelqu'un d'autre qui venait chercher la solitude et se croyait ici seul au monde?

Avec un sourire carnassier, reflet de mon humeur, je m'accroupis, prête à bondir et écoute attentivement. Le bruit se rapproche. La personne passera sans doute par là! L'occasion de déchainer ma fureur contre un innocent, enfin, lui faire payer ce que je ne peux pas me faire à moi ni à l'autre..

Serrant les dents, je décroche quelques feuilles de l'arbre, je tend la main au dessus du vide. J'aperçois enfin la silhouette. Elle marche prenant son temps, respire fort, profite de l'air frais... et ne se doute de rien. Pile au dessus d'elle, je laisse tomber les feuilles qui tourbillonnent au vent et viennent s'écraser quelques mètres derrière elle. Surprise, l'ombre se retourne, observe, méfiante. J'ai déjà quitté mon repaire et me laisse glisser entre les branches.

Mais ma robe est gênante et m'empêche de me mouvoir à mon aise. Ratant à moitié mon acrobatie entre les branches, j'atterris lourdement et avec un grognement de mécontentement juste devant l'inconnue qui au même instant se retourne et me fait face.

Surprise! Je lâche mon grimoire que j'avais déjà préparer pour lui faire subir mille tourments. Bruyant soupir de frustration, ma main se crispe sur le tissu de ma cape tandis que je détaille de mes yeux sévères l'enfant de Fimine qui se trouve devant moi. Une nécromante à l'aura juste et à la pâle chevelure. Mon regard s'attarde sur son blason.. une étoile en plus.

Fimine voulait-elle jouer avec mes nerfs? Hésitation, je ne pouvais consciemment pas m'attaquer à elle mais mon être réclamait un déchainement de fureur.

Un mot murmuré avec hargne et un craquement inquiétant retentit derrière l'inconnue juste avant qu'un tronc mort ne s'abatte au même endroit dans un fracas assourdissant, faisant trembler la terre sous nos pieds..

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Mauvaise journée. Dans une habitude lancinante, je quitte ma chambre malgré une fatigue certaine. Ce dépérissement m'épuise, mais mon corps refuse toujours quelconque réconfort. Je ne l'ai toujours pas revu depuis la rencontre avec sa garce, et malgré mon besoin de solitude, j'ai rencontre déjà trop de personnes qui ne me voulaient que du bien.

Qu'on arrête de me vouloir du bien ! Qu'on me haïsse un peu que je puisse passer mes nerfs sur quelqu'un !

J'ai fui vers la forêt. M'oublier dans mon élément. Retrouver la communion avec Fimine qui me permettrait d'oublier pour un temps mes noires pensées.

Les arbres sont un abri réconfortant. Sous leur ramure, je me sens plus sereine. Les petits tracas de mon monde laissent place à la magnificence de la nature qui m'emplit d'un doux réconfort. Pour un temps, je m'oublie dans cette merveilleuse création.

Jusqu'à ce qu'un bruit de feuilles froissées derrière moi me fasse me retourner. Puis un lourd bruit de chute. Une femme face à moi qui m'observe. Une Terranne. Une Au-delà... Un instant, j'envisage de fuir, leurs réputations les ayant précédés... Pourtant, je demeure sur place, faisant face à la magicienne au regard noir. Je cherchais une confrontation, en voila une...

Ma main court sous mon vêtement, se pose sur mon grimoire en attente d'une éventuelle nécessité. Pourtant, un terrible craquement derrière moi me fait sursauter. Je me retourne juste à temps pour apercevoir un tronc d'arbre s'effondrer sur le sol dont je sens les vibrations le long de mes jambes. Immédiatement, mon regard retourne sur l'inconnue...

Dangereuse créature. L'affrontement semble pourtant annulé. Elle doute. Elle a choisi une autre cible. Je sens un long frisson parcourir mon échine à l'idée que j'aurais aussi bien pu être à la place du tronc... Pourquoi suis-je moins puissante que toutes les personnes que je croise ?

Soupir. Longue inspiration.

Je ne prendrai pas la parole en premier. Je sors lentement mes mains de sous ma cape, les mettant en évidence le long de mes flancs. Il n'est pas temps de jouer avec ma vie... Pas encore une fois.

Quant à la colère... Elle m'a toujours été mauvaise conseillère.

Rester calme et ne pas lui montrer la peur qui m'étreint. Demeurer impassible.

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Je la sens se crisper, la peur l'étreint. La démonstration de ma puissance, toute relative à mon goùt mais impressionnante pour elle, a fait son effet.

Et pourtant, elle devrait se douter qu'il ne lui arrivera rien d'immédiat de grave. Les liens des éléments sont parfois aussi puissant que ceux des factions. Même si quelques traîtres sévissent toutefois un peu partout. Je tiens pour acquis cette fidélité aux adorateurs de ma déesse, mais ce n'est pas le cas de tous.

Soupir, j'aurai vraiment aimé tombé sur un fidèle d'un dieu impie cette fois.. Autant j'aime toujours rencontrer de nouveaux compatriotes, autant j'avais besoin de me défouler ce soir.. Si elle n'avait été terranne, j'aurai sans nul doute passé outre son appartenance aux Constellations. C'était bien à cause d'un des leurs que je me retrouvais dans cet état.

- Dommage... que vais-je faire de toi maintenant.. ?

Quelques mots murmurés qui ne lui sont pas directement adressés. Un regard vers le ciel clair, mes yeux reflètent quelques instants mon profond désarroi..

Je revient d'un mouvement brusque braqué mon regard vers la nécromante, avant de glisser sur le tronc mort juste derrière elle. Je fronce les sourcils, Fimine ne devait pas apprécier. Aussitôt, quelques mots sont prononcés, provoquant un instant le doute sur le visage de ma voisine. Une légère lumière vient se diffuser sur le tronc, et quelques pousses vertes apparaissent de-ci de-là dans l'écorce. A la magie de mort succède celle de vie. Indissociable.

Reportant une fois de plus mon attention sur la jeune étoile, une idée me vint soudain

- Qu'est-tu prête à céder pour avoir la vie sauve? Peux-tu me procurer une autre proie plus... amusante?

Si je ne voulais pas lui faire de mal réellement, j'avais toujours la possibilité de m'amuser un peu avec elle... à défaut d'autre chose.

Avant qu'elle ne réponde je lui ai déjà tourné le dos, lui offrant la possibilité de m'attaquer la première, selon l'état de sa témérité, qui me semblait déjà bien élevée. Beaucoup dans son cas auraient déjà fui.

Prenant un léger élan, j'agrippai une branche basse du saule et me hissait jusqu'à m'asseoir sur celle ci, balançant mes jambes dans le vide afin de scruter avec avidité ses réactions.

Modifié (le) par Selene
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Elle joue. Je ne vois nulle autre description à sa façon de me tourner autour, à son air prédateur. Elle s'amuse à mes dépends... Ce qui a pour don de m'énerver. Ce comportement si peu respectueux me donne des envies de violence peu communes pour ma personne. Je tente en vain de les étouffer, tentative réduite à néant par son chantage.

Je ne serai pas assez stupide pour une attaque physique ou magique. Même si je profitais d'un moment d'inattention de sa part, elle serait rapidement à même de reprendre le dessus. Trop faible... Il va me falloir m'entrainer dur pour tenter de combler en partie mon inexpérience. J'en ai vraiment plein le dos de ces terres !

A défaut d'une telle confrontation, je ne suis toutefois pas totalement dépourvue. Il ne sera pas dit qu'on se moque de moi de telle façon. Surtout pas en ce moment. Très mauvais choix de victime... Trop animée par la volonté de revanche et de défoulement pour me laisser proprement terrorisée. Bien sûr, je ne suis pas à mon aise, et j'ai même peur, je dois bien le reconnaître. Néanmoins, le lui avouer complètement lui ferait bien trop plaisir pour que j'accède à cette volonté.

Je me déplace jusqu'à elle, gardant une prudente distance de deux mètres puis me campe face à elle, en contrebas. Mes mains se posent sur mes hanches. Je tente de calmer la colère qui grimpe en moi, consciente qu'elle ne fera qu'accroître mes ennuis, mais le désir de tenir tête à cette femme à l'attitude un peu trop cavalière est plus fort.

Je sens le pli dur que trace ma bouche. Je sens la courbe soucieuse que prennent mes sourcils. Ne pas prononcer de paroles trop accusatrices. Ne pas me laisser emporter par l'élan de mes propres ressentis.

« Je ne vous donnerai absolument rien pour ma vie. Si vous l'aviez vraiment désiré si fort, je serais à la place de ce tronc d'arbre. En outre, je ne vous fais absolument pas confiance.

Quant à votre désir de jeu... Vous êtes mal tombée je le crains. Mes propres volontés à cet égard sont un peu trop morbides pour qu'elles ne s'accordent au vôtres. Regrettable désagrément j'en conviens. Passez votre chemin, trouvez une autre âme à tourmenter, la mienne ne pourrait que vous entrainer dans sa chute. »

Tout est dit. Je sens qu'il me faut quitter cet endroit maintenant. Ma voix était déjà par trop tremblante de rage. Dans un froissement de cape presque trop théâtral, je fais demi-tour. Rentrer au domaine.

M'éloigner de cette femme.

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Je sourit franchement et de manière ironique à ses premières tirades. Me faire confiance? Non certes, et heureusement. Je ne me ferais moi-même guère confiance.

Décidément, cette jeune nécromante me plaisait bien !

Elle s'éloigne de quelques pas avant de s'arrêter brusquement, figée sur place. A trois mètres devant elle se dressait la sombre silhouette d'un fauve lui bloquant le passage. Mon fidèle Lyncée...

Songeuse, je m'interroge un instant sur les causes de son état, une jeune inconnue tout juste débarquée sur ces terres. Les Constellations doivent être sa première famille, j'en déduit que ses soucis proviennent de là. Je réprime un léger rire :

- Serait-ce que les Etoiles deviennent toutes sombres et corrompues par..

Je m'interrompt soudain, la réflexion est sortie toute seule, acide, provocante. Mon ton ne cachait pas mon amertume à son évocation. Nul besoin après tout, comprenne ce qu'elle pourra, ou ce qu'elle voudra. Peut-être ne connaissait-elle même pas celui auquel je pensais.

Un sourire. Au fond je savais que je ne lui en voulais pas réellement, c'est plus à moi que j'en voulais, de m'être engagée sans savoir, d'avoir plongée plus loin que je ne le pouvais..

Secouant la tête, j'affiche maintenant un petit rictus, ses dernières paroles m'intriguent et font échos à mes pensées. Une lueur dans mes yeux s'allument, l'intérêt du prédateur autant que de la proie. Qu'elle m'entraîne donc dans sa chute, je n'attendais que ça !

Ma voix s'élève hautaine et sourde

- Que sais-tu de mes volontés et de mes désirs ? La déchéance n'est pas l'apanage des nécromants, à ce que je sache. Imagines tu être la seule à sombrer dans un gouffre de tourments ? Hahaha..

Je devais avoir des allures de démente comme ça, mais peu m'importais. Elle avait éveillée en moi un désir de confrontation.

- Bien sûr que je ne te veux pas réellement de mal, mon allégeance à Fimine et ses fidèles est sans faille. Mais si nous sommes d'accord, rien n'empêche le jeu..

Je saute soudain de l'arbre en écartant les bras, me débarrassant de ma cape, dévoilant mon visage à peine masqué par quelques mèches châtains. Mon regard bleu-vert se fixe dans ses yeux, dévoilant ma complète sincérité.

- Vas-y, déchaîne-toi, répand ta colère, le jeu est grisant... Ma phrase est presque murmurée. Je prend le risque de sombrer, un peu plus ne changera pas grand chose à présent.

Un geste vers mon grimoire, lent et mesuré pour ne pas la brusquer. Je l'attrape puis le dépose à quelques pas au pied de l'arbre. Dès à présent, elle avait sa chance..

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  • 2 weeks later...

J'ai affaire à une folle. Une démente à l'esprit possédé par je ne sais quelle engeance. C'est bien ma chance de tomber sur mon égale dans la douleur. Seule la souffrance peut mener à telle compromission. Ses mots... Une rancune contre les Constellations que je peine à m'expliquer. Je ne connais rien...

Puis une proposition. Une suggestion quant à une déchéance commune. Au fond, pourquoi pas ? Peut être peut-elle mutiler ce que je peine à asservir par moi-même. Le défi qui danse dans ses prunelles embrase ma fureur. Colère consentie si excitante. Je finis par prendre ma décision. Délicieux espoir de violence. Assurément, elle sait trouver les mots qui vibrent en moi.

Chuter à deux. S'entrainer mutuellement dans un vertige toujours plus profond, apte à se soutenir lorsque l'une faillit. A deux, les tréfonds des tourments me sont assurés. La magie qui crépite sur chaque fibre de mon être m'incite en outre.

Mes doigts se referment sur la fibule en forme d'étoile qui retient ma cape. Avec souplesse, ils détachent le métal pour laisser glisser le tissu au sol dans un froissement feutré. Mon grimoire trouve sa place dans mes mains avec naturel. Si longtemps que je n'avais pas joué avec lui... Une caresse sur le cuir écorné. Fidèle grimoire...

Mon regard quitte la couverture craquelée pour trouver de nouveau celui de mon interlocutrice. Fascinante lecture de ce qui s'anime en elle. Peut-elle voir les mêmes reflets de folie dans le mien ? Je pense que mon esprit a commencé à abdiquer ses responsabilités depuis longtemps.

Je prends mon temps. Elle veut jouer autant que je le désire, et semble fiable dans ce domaine. Je ne lui confierais ma peau pour rien au monde, pourtant je ne souhaiterais être avec aucune autre qu'elle pour ce qui va suivre. Il n'est rien de mieux qu'une femme blessée pour goûter à la perversité qu'elle sait déployer.

L'expectative douloureuse de nos propres souffrances. Le goût déviant d'un mal interdit. La noirceur rampe autour de moi. Elle glisse le long de ma peau, caresse une épaule dénudée, ce qui me tire un soupir contenté, avant d'atteindre son but. Mes pupilles se dilatent sous l'effet d'un afflux nerveux. L'excitation de la nécromancienne. La perspective du sang à venir.

Avec une application exécrable, je déploie peu à peu mon sortilège. Première fois que mes sombres arcanes semblent prendre vie sous mes yeux avec tant d'acuité. Les mots s'enchainent et s'enroulent entre eux pour former dans l'air un dessin complexe. Je lui ai offert mes plus belles capacités. Le plus de douleur possible avec le moins de dégâts. Seul son esprit en pâtira vraiment compte tenu de sa résistance physique naturelle.

Dans un dernier mot aux consonances râpeuses, les noirs filaments assemblés devant moi explosent pour se transposer sur la magicienne. Une chape de fatigue s'abat sur moi. J'ai été un peu trop présomptueuse en ces circonstances. La magie déployée m'a sévèrement atteinte. J'accuse le contrecoup de mon effort la tête basse, tentant de reprendre le contrôle d'un souffle erratique. La gêne physique qui s'est installée en moi n'est que le prémices d'une plus belle extase.

Mon regard remonte malgré moi sur ma vis-à-vis, désireuse de voir son état, de connaître ses ressentis.

Ce n'est que le début.

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Je lis en elle le doute, l'interrogation, l'hésitation. Mais très vite autre chose prend le dessus. L'envie. La tentation qui se fait plus forte avant le lâcher prise de sa conscience, avant d'accepter ma proposition pour le moins incongrue.

L'excitation l'envahit, son regard se fait plus brillant, je la sens frémir à l'idée de la souffrance. Etrange comme la déchéance est complaisante pour une âme meurtrie. Pour toute âme meurtrie. La douleur entraîne l'envie d'avoir mal..

Voilà qui tombe bien ! Je désire les deux. Souffrir et faire souffrir, quelle différence après tout ?

Assurée, elle se met à l'aise, prend son temps. Je sens que cela sera délectable... Elle caresse son grimoire presque amoureusement. Relation indéfectible entre l'âme et l'arme.. Son regard est déjà ailleurs, emprisonné dans ses désirs tourbillonnants. Anticipation des délices à venir.

Ses yeux reviennent à moi, tentent de décrypter mes émotions.

Sans doute y parvient-elle. Je ne cherche pas à les cacher en ce moment.

Ce qui va suivre n'est en fin que compte que l'assouvissement de désirs que le corps pourtant refuse à assumer seul. L'instinct de survie prime sur les tourments de l'âme. L'aide bienvenue d'une autre personne ne peut être que bénéfique.

Ses arcanes se matérialisent avec précision autour d'elle. Elle est douée. C'est assez rare de voir à son niveau une telle maîtrise de la magie nécrotique. Ses mots filtrent l'énergie sombre qui se déploie autour d'elle. La jeune Terran reste concentrée, elle-seule connaît la signification de ses murmures et ce qu'elle va en faire.

J'attend, avec une impatience visible, j'anticipe la douleur, la punition qui m'attend. Le juste châtiment pour mes crimes..

Soudain son filet se déploie. Je sens plus que je ne vois sa magie percuter mon être et prendre possession de mon corps. La douleur s'insinue entre chaque fibre de mes entrailles. Je tressaille et sert les dents. Aucun son ne franchit la barrière de mes lèvres mais la souffrance tend mon corps qui s'anime au rythme des visions que la magie provoque. Des images de ces derniers temps, de mon dhampire, de mes camarades mais aussi de cet elfe sombre ou du terrible Leviathan. Comme si toutes les étapes de mes tourments défilaient devant moi.

Un sourire déforme mes traits. La souffrance est si douce dans l'expiation des fautes..

Elle relève la tête pour voir son œuvre, la fatigue se sent dans ses gestes, elle s'est un peu surestimée. Mes yeux se tournent vers mon grimoire non loin mais je choisis de n'en rien faire. Mon œuvre sera moins puissante sans mon livre mais non moins efficace sur elle. Je remarque d'ailleurs que j'ai encore ma pleine capacité. Son sort n'a affecté que mon esprit, et non mon corps.

C'est donc à mon tour de riposter. Je me demande vaguement si elle cherche elle aussi à expier quelque chose, mais le temps n'est pas encore à la confession.

Elle m'a montré ses sombres pouvoirs, il est temps de lui faire goûté les bienfaits de la lumière. Parfois elle révèle une telle pureté que la vision de sa propre laideur assaillit l'âme, mais l'énergie lumineuse peut tout aussi bien révéler les meilleurs cotés des âmes les plus sombres et déchaîner la haine.. tant de possibilités...

Mes mots murmurés prennent de l'ampleur. Rien de visible mais des vibrations dans l'air laissent deviner ce qui suivra.

Soudain la lumière apparaît et irradie la nécromante dans un faisceau d'ondes lumineuses, qui m'éblouissent un bref instant. Perçant l'obscurité renaissante, je guette ma proie..

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Sa douleur est d'autant plus délectable qu'elle tente de ne pas l'extérioriser. Pas un bruit ne s'échappe de ses lèvres closes qui se parent rapidement d'un sourire. Sommes-nous toutes deux devenues folles ?

Probablement...

Le regard dont elle me gratifie est sans équivoque quant à la suite des événements... Il va être mon heure de connaître les tourments. Un frisson d'excitation court le long de mon échine tandis que je sens l'air qui nous entoure se charger de magie...

Jusqu'à la déflagration de lumière. Les rayons étincelants purs froissent mes pupilles, rendant mes yeux aveugles à l'environnement. La douleur purement physique n'est que la première... Je sens des étincelles de magie courir le long de ma peau tandis que le sortilège fait son chemin jusqu'à mon esprit. Le parcours le long de mes yeux puis à travers mon crâne jusqu'à atteindre son but. Un cri de souffrance purement animal brise alors la quiétude du lieu.

Je tombe à genou, prise de convulsions, les mains au sol pour tenter de calmer les diverses réactions de mon corps écroué de douleur. Mes doigts s'enfoncent dans la terre meuble tandis que la lumière percute mes penchants sombres qui, sous la violence du choc, se recroquevillent au plus loin. Un instant de flottement avant qu'ils ne se ressaisissent pour livrer la guerre en bonne et due forme.

L'impression que mon être se déchire sous des tiraillements contradictoires. Une lutte acharnée. Alors que j'ai développé la noirceur de mon être aux côtés d'Helevorn, j'y ai découvert un début de sentiment altruiste... Un peu de pureté contre un peu plus de déchéance. La découverte de n'être pas aussi sombre que je le croyais en rencontrant des perversions bien plus avancées.

La bataille se fait plus acharnée. Je sais qu'il me faut en outre conserver mes instincts nécrotiques si je veux demeurer heureuse. Ils font partie de moi. M'en priver au profit d'une pureté me tuerait assurément...

Mes cheveux forment une cascade devant mon visage. Je serre les dents, tentant d'étouffer les grognements de douleur qui voudraient se matérialiser. Mes yeux se sont fermés, retenant des larmes de souffrance. Dans la terre, mes doigts se sont crispés.

Que tout ceci prenne fin ! Que l'atroce brûlure qui ravage ma poitrine s'arrête !

Et pourtant, quelle délicieuse torture ! Quel merveilleux oubli des raisons mêmes qui m'ont poussée à accepter le jeu !

Bientôt, je parviens à surmonter quelque peu la douleur, et même si mon corps entier n'est que courbature et lutte, ma raison reprend le dessus. Ou du moins, une certaine lucidité...

A voix basse, à peine un murmure, je tente de tisser un nouveau sortilège. Mes paumes en communion avec Fimine, j'en appelle à son aide, à sa clémence. Le premier sang n'a pas encore coulé. Il me faut du sang.

Au sol, une nouvelle vibration se fait ressentir. Elle part de mes mains enfoncées dans l'humus, constitue une trainée qui court jusqu'aux pieds de la magicienne. Des filaments de magie pure lèchent ses chevilles, avant de remonter le long de ses jambes.

Une nouvelle vague de magie sombre. Mes plus noirs penchants alliés à notre mère Nature. Un rictus satisfait éclaire mon visage au travers de la douleur, cependant, toujours clouée au sol, j'ai bien mauvaise mine...

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Beauté de la souffrance qui écartèle l'âme. Un sourire plus que satisfait éclaire mon visage à la vision torturée que m'offre la jeune étoile. Ma nature sombre s'enivre de ce spectacle qui fait écho à ce que je viens de ressentir juste avant.

Les cris s'échappant de sa bouche sont autant d'incitations à continuer mais je me réfrène, rien ne sert de l'épuiser trop tôt. Je devine que sa souffrance n'est pas simplement physique ou même psychique. Son âme est tiraillée de toute part, entre noirceur et lumière.

Un bref sourire, au fond, nous sommes presque opposées. Elle, la nécromante aux penchants sombres de par sa nature mais à l'aura juste et pur ; et moi, magicienne vouée aux autres et aux soins mais irrémédiablement engouffrée sur les sentiers du Mal...

Délicieux paradoxes sans lesquels la vie ne vaudrait pas la peine d'être vécue sans doute.

Je la sens se ressaisir, lutter de toutes ses forces afin d'incanter un nouveau sortilège. Haussement de sourcil. Elle a une fâcheuse tendance à présumer de ses forces semble-t-il !

Mais mon intérêt n'en est que décuplé. Que va-t-elle encore déployée comme énergie pour me surprendre ?

Soudain la Terre vibre, je la sens en communion avec la Terranne, la magie originelle n'en est que décuplée. Elle s'infiltre dans le sol, comme une immense liane traçant son chemin, avant de remonter le long de mes jambes. J'accueille cette souffrance comme une offrande à ma déesse. Elle qui connaît mes fautes me châtiera d'autant plus.

Un grognement perce à travers mes lèvres. Les lianes de magie sont comme des ronces s'enfonçant dans ma chair. Epines acérées perçant ma peau, montant inexorablement le long de mon corps et versant le sang libérateur. Mais elle ne s'arrête pas la magie s'insinue partout jusqu'à mon esprit..

Assaillie de toute part par la douleur, mon âme rongée de remords et écartelée, je défaille soudain, mes jambes me lâchent et je m'effondre au sol.

Un faible rire à moitié étouffé s'élève alors. Je me retourne péniblement sur le côté, puis sur le dos

Excellent... Tu es vraiment douée, c'est certain...

Puis plus faiblement, comme pour moi-même, le regard désormais tourné vers la voûte céleste, et quelques larmes coulants silencieusement le long de mon visage

... mais j'ai peur que mes erreurs ne peuvent être expiées ainsi...

Long soupir. Je ferme les yeux pour me reprendre avant d'élever doucement une main en agitant les doigts en direction de la jeune femme, toujours en proie à la douleur et incapable de se mouvoir à nouveau.

Une douce chaleur se répand alors instantanément dans son être, apaisant quelque peu ses souffrances. Toujours sans la regarder, je reprend de manière ironique :

Hum.. ma nature qui reprend le dessus je crois..! Je n'ai pas coupée toute douleur, elle est souvent bonne compagne quand elle n'est pas trop envahissante !

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Toutes deux à terre, nos douleurs s'entremêlent, se froissent dans une tentative de domination bien inutile. Plus je lutte, plus elle m'affaisse, plus ma magie se nourrit d'une douleur délectable qui renforce mon sortilège. Nous sommes indéfectiblement liées dans ce mal créé de toutes pièces par nos consciences dérangées. J'ignore ce qu'elle cherche à expier mais je connais la cause de mon propre tourment.

Il ne me quittera pas de sitôt considérant mes propres sentiments...

Souffrances jumelles qui rapprochent plus qu'aucune belle cause. Plus que des étendards bariolés de nobles sentiments, une bonne déchéance commune promet un attachement sans arrières pensées. Elle n'attend rien de plus de ma part qu'une continuité de douleur que je lui offrirai avec plaisir. Nous ne sommes là que pour satisfaire l'autre dans un désir égoïste de notre propre contentement.

Ses mots résonnent autour de nous, se frayant un passage jusqu'à ma conscience malmenée. Une analyse plus poussée ne peut toutefois s'en faire qu'au moment où elle relâche un peu la magie qui m'oppresse. A quatre pattes, je retrouve toutefois un certain usage de mes membres, même s'il ne s'avère que précaire... Avec difficulté, je m'approche d'elle.

Je souhaite m'assurer qu'elle existe, qu'elle n'est pas que le fruit de mon esprit dérangé, qu'elle est empreinte d'une matérialité suffisante pour être rattachée à ce monde. Ce sont ses larmes qui me bouleversent, et avec elles, l'écho de ma propre souffrance. Mon cœur semble se briser dans ma poitrine en réaction à cette marque de faiblesse qui me ramène à nos faibles constitutions de femmes...

Grandes puissances jouant avec une magie qui les dépasse pour cacher leurs peurs et leurs blessures intimes. Quand les arcanes se brisent, les femmes se dévoilent, accentuant d'autant plus la déchéance. Je préférais nos luttes.

Le cœur empli d'une pitié qui m'est autant destinée qu'à ma compagne, je laisse mes doigts s'approcher de sa joue jusqu'à tenter de recueillir une larme. A peine ai je effleuré sa peau qu'une douleur acerbe remonte mon bras jusqu'à vriller mon crâne. Je m'éloigne promptement, mais le mal est déjà fait. Corps qui se repoussent...

Je me décide alors à tenter une nouvelle approche. Il est tellement plus simple de s'ouvrir à une parfaite inconnue, voire à une ennemie qui n'en parlera jamais à vos proches puisqu'ils ne veulent que sa peau.

« Parle moi de tes erreurs, et je t'énoncerai les miennes. Que nous sachions au moins pourquoi nous sommes en train de nous détruire mutuellement. »

Je m'allonge sur le dos à ses côtés, attendant patiemment qu'elle se décide, désireuse par-dessus tout de ne pas la brusquer.

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Peu à peu, la douleur s'estompe, lentement, elle tournoie dans mon être, passe et repasse, fugitive... Avant de revenir plus forte encore, moqueuse et sadique. Drôle de danse où nos souffrances se renvoient la balle, s'accentuant chez l'une quand elle faiblit chez l'autre. Comme si nous étions liées..

Quel ravissement pourtant de la ressentir ainsi, mêlée à l'essence de la Terre, approuvée par Fimine ! Etrangement, cette douleur-ci semble différente, comme si le fait d'être consentie la rendait encore meilleure. Plus douloureuse et plus apte à me rendre folle, plus destructrice de l'âme.

Le contact avec cette nécromancienne semble réveiller en moi des pulsions jusqu'alors peu connues. La douleur a rarement été mon domaine de prédilection, mais j'y prend soudain goût dans un plaisir bien malsain, me rendant compte que souffrir est aussi bienfaiteur que faire souffrir. Ce constat est encore plus flagrant que lors de mon duel suicide contre Elrindil.

Le mal laisse place à un engourdissement général, un état de bien-être cotonneux dans lequel le corps se complaît. Apaisée, comme vidée de toute pensée, je n'ai pas remarqué la terran qui s'est rapprochée, elle aussi lentement libérée de la paralysie de la douleur.

Comme sa main se fait proche, je comprend vaguement qu'intriguée, elle cherche à recueillir une larme sur ma joue.. Peut-être pour y comprendre ce qu'elle a à dire, peut-être pour renier la faiblesse qui transparaît et propre aux misérables créatures que nous sommes, femmes brisées par les tyrannies des hommes..

Une décharge soudain dans mon visage m'oblige à fermer les yeux, vive douleur, sensation électrique qui se propage dans ma tête.

Je rouvre les yeux, étonnée, et plonge mon regard dans celui de ma sœur d'élément comme pour y déchiffrer ses intentions.

Seul constat : nos magies, ou nos douleurs peut-être, se repoussent..

Sans un mot elle vient s'allonger à coté de moi, dans une posture détendue qui contraste avec tout ce qu'elle a laissée paraître jusqu'ici. Son invitation à la confidence me surprend encore plus, et mon oreille exercée ne manque pas de remarquer que désormais elle me tutoie.

« Parle moi de tes erreurs, et je t'énoncerai les miennes. Que nous sachions au moins pourquoi nous sommes en train de nous détruire mutuellement. »

Je réprime avec difficulté une réaction instinctive de rejet à sa demande, me relevant à moitié sur mes coudes, comme pour fuir sa proposition... Moi, me livrer ainsi ? A cette inconnue ? Mais cette idée n'est peut-être pas aussi saugrenue que ça en fait.

Ce que je n'oserais jamais révéler à mon entourage peut prendre ici des allures de libération, avec cette femme qui comme moi se tourmente à l'extrême.. Surprenant comme la déchéance peut rapprocher les êtres.

Lentement, l'idée fais son chemin et mon corps se détend, je me rallonge calmement. Fermant les yeux, mes mains se crispent sur l'herbe fraîche, mes ongles labourent la terre comme pour me raccrocher à mon élément devant ce que je m'apprête à révéler.

« Je me suis brûlée au feu que j'ai moi-même attisée.. Réveillant les pulsions d'un démon pour plonger dans les Abysses du Mal, je n'ai finalement pas su aller jusqu'au bout, refusant de me mutiler en sacrifiant celui que j'aime... Le terme de mon initiation m'a menée vers un Mal dont je ne voulais pas, un Mal qui ne connaît nul sentiment... »

J'étais moi-même étonnée du calme et de l'assurance, de la froideur aussi, avec laquelle j'énonçais ça. Ma voix se faisait chuchotement.

« Depuis, j'ai tout perdu.. Je ne suis plus sûre de savoir ce que je cherche, et Ikys est parti... »

Léger tremblotement de ma voix à cet instant, c'est sans doute le plus dur à admettre

« Quand au démon, il n'a de cesse de me tourmenter, comme un appel depuis l'astre sombre qui est son guide sur ces Terres.. »

Ma voix s'est faite plus dure sur la dernière phrase, froide, trahissant un ressentiment à son égard encore vif.

Je m'arrête là, tournant pour le première fois mon regard vers elle, ignorant si j'ai satisfait sa curiosité, mais ne doutant pas qu'elle comprenne maintenant de qui il s'agisse.

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La souffrance dans sa voix. La douleur plus palpable qu'au moment de nos tortures respectives. Etrange et envoûtante. Elle fait écho à la mienne tandis que mon intérêt est accru encore au prononcé du mot « démon ». Se pourrait-il que ... ?

Possible, voire même probable. La suite de son récit me le confirme. Une vague d'empathie à son égard. Souffririons-nous donc par la faute du même homme ? Nos douleurs n'en sont que plus proches. Dans un élan que je ne maîtrise pas, j'attrape sa main malgré la douleur qui m'oppresse soudain et la serre en signe de soutien muet. Je n'ai pas le courage de lui exprimer mon empathie par des mots, cela sonnerait bien trop creux. Presqu'hypocrite. Lui dire que je la comprends ? Ridicule, c'est faux. Je ne peux connaître la douleur qu'elle a traversée, ne serait-ce même que l'effleurer. En comparaison, ne suis-je pas ridicule ?

Si probablement. Je lâche sa main, les doigts délicieusement engourdis par la douleur, et me relève. Besoin de marcher. Besoin de m'aérer les idées. Lui dire que je me morfonds pour l'être qu'elle exècre. Lui dire que j'éprouve de l'affection pour lui ? Que je me suis laissée prendre à son piège. Tout cela me parait ridicule. J'ai l'air si... stupide... à côté d'elle. Si naïve...

Je ne suis peut être qu'une jeune femme, mais il est des limites à ne pas franchir... N'ai-je pas allègrement plongé dans bêtise jusqu'à présent ?

Un soupir s'échappe de mes lèvres tandis que j'appuie ma paume sur un arbre, la tête penchée en avant, le haut du crâne contre le tronc. Mes cheveux nacrés s'épanchent autour de mon visage, masquant les larmes amères qui courent le long de mes joues. Je ne pourrai supporter le lui dire en la regardant. Pourtant, si je demeure coite elle croira que je me suis amusée d'elle, que je lui ai tendu je ne sais quelle embuscade pour la faire parler.

Ce n'était pas mon but. J'avais un souhait honorable.

Maintenant...

Je me décide pourtant. Il me faut lui dire.

« Je me suis... éprise du démon... J'ai offert ma foi et mon innocence à cet être pour qu'il les déchire en lambeaux aux côtés de celle que j'abhorre le plus au monde. Cette femme.... Cette garce... »

A la seule évocation de la nécromancienne, la magie pulse de nouveau en moi. Cette horrible femme ! Ce que je peux la haïr ! Ce que je peux souhaiter sa disparition à jamais ! Le tronc sous mes doigts explose, projetant ses échardes acérées sur mon visage et mes avant-bras découverts. Je peste de douleur et de désappointement, entreprenant de réduire à l'état de bouillie tout le bois mordu dans ma peau d'une onde néfaste qui court sur ma chair.

Les projectiles s'échappent mais la douleur reste de même que les petites plaies. Soupir.

Vie ingrate.

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  • 3 weeks later...

Sa main sur la mienne, vague douleur qui m'indiffère et qu'elle prend sur elle. Dans un élan de spontanéité, une envie de partager ma souffrance peut-être, pour me faire savoir sa présence à cet instant. Geste d'empathie qui réchauffe un peu mon être transi de douleur. J'apprécie vraiment sa sollicitude et lui répond par un sourire. Nul besoin de paroles, les actes et les regards en disent toujours bien plus.

Soudain le contact se rompt, elle se relève brusquement, comme gênée. Un changement d'attitude brutal. Je m'interroge un instant et lui laisse le temps dont elle a besoin.

Le réconfort d'un arbre lui assure une stabilité et une protection à laquelle elle aspire pour pouvoir se livrer.

Je ne doute pas de sa sincérité et sais que ses explications viendront. Avec douceur, je me relève lentement et m'approche à pas feutrés. Le visage caché entre l'écorce et ses cheveux, elle a enfin l'intimité qu'il lui faut pour se livrer.

Et quelle surprise. Fimine était bien fourbe pour réunir ainsi deux âmes tourmentées par le même homme. Moi qui le haït, et elle qui l'aime malgré elle. Trompée.. bien sûr, comment aurait-il pu en être autrement, la fidélité lui était inconnu, la chair sa seule soif..

Trompée comme mon amour avait failli l'être par moi... sombre honte qui me submerge.

Et Exoriel, je reconnais bien là la description et n'ignore pas son contact avec le drow. Pas étonnant que ma consoeur ait du mal à faire le poids face à elle...

Un instant la colère m'envahit, je voudrait lui dire qu'elle est bien naïve, qu'il est inutile d'espérer et qu'elle doit lutter pour s'éloigner de lui..

Mais qui étais-je pour lui enjoigner ça ? De quelle droit je m'immiscerais dans sa relation avec lui, si elle voulais lui laisser une seconde chance. Après tout, j'avais moi-même assisté à un instant de trouble et d'humanité du démon. Peut-être y avait-il un espoir... Qui savait ?

Elle s'acharne contre l'arbre dans son dépit. Faisant exploser une partie qui vient se loger en une multitude d'échardes, et maintiennent sa douleur vive, nécessaire au maintien de sa rancœur. Elle l'aime encore pourtant, cela se sens.. L'amour provoque étrangement les pires blessures qu'on puisse connaître.

Je m'approche encore et vient finalement à coté d'elle. Un contact direct ne me semble pas approprié, alors je place comme elle une paume contre l'écorce. Trois mots murmurés et une petite branche basse, oscille doucement dans sa direction, jusqu'à frôler de ses feuilles douces les épaules de la nécromante. Doux contact de la Terre que je lui offre en signe de soutien. De compréhension que la raison n'a jamais pouvoir sur les sentiments. Esclaves de nos émotions, voilà ce que nous sommes tous.

Secouant le tête, je m'appuie à mon tour contre l'arbre, un léger sourire aux lèvres.

"Et malgré tout.. l'espoir nous anime toujours.. La douleur ne sert qu'à nous le rappeler.."

Long soupir, je ne sais pas où la fin de cette nuit va nous mener. Alors, juste une phrase, une proposition pour l'avenir, juste au cas où.

Si jamais tu as besoin, tu sauras me contacter. Je ne refuserai pas un peu de souffrance.

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Une caresse apaisante sur mes épaules. La signification d'un soutien palpable à ma douleur. Elle ne m'a pas trouvée stupide, elle me comprend. J'aimerais lui crier ma joie de sa sollicitude, moi qui rejette pourtant naturellement la pitié des autres, considérant qu'elle est manifestée dans ce cas plutôt comme un réel intérêt à mes problèmes.

A mon problème. Le feuillage m'apaise du mieux qu'il le peut alors même que j'ai percé son écorce. Il n'est pas rancunier. La nature n'est pas rancunière. Fimine est amour. J'aimerais pouvoir prétendre agir de telle manière. Je souhaiterais passer outre ma rancœur pour tenter d'offrir toute l'affection que j'ai, enfouie en moi. Abaisser les barrières de la méchanceté pour offrir le pardon, si les événements tournent.

Je ne m'en crois pas capable.

Mon interlocutrice reprend. Sa phrase résonne en moi, trouve prise aux affres de mes sentiments. Espoir, cruel espoir qui par trop m'a donné des raisons de croire à des plaisirs qui me sont interdits. Je me redresse pour la regarder par la suite. Sa proposition, sa mise à disposition résonne comme l'heure de la séparation à mes oreilles.

Peut être est-il temps en effet que chacune de nous regagne ses pénates et ses propres causes. Que nous nous enfermions de nouveau dans l'imbécillité prédéfinie des préjugés claniques. Qu'elle retourne aux siens comme je dois me fondre de nouveau parmi mes camarades, pour que sur le champ de bataille, nos familles se déchirent.

Amitié impossible qui pourtant est née dans le paradoxe de notre souffrance. Nous aimons à nous détruire, et sommes les plus aptes à ce jeu pervers. Une autre fois peut être, nous aurons l'occasion de nous revoir. En d'autres lieux probablement, nous poursuivrons cette étrange façon d'envisager les choses.

Pour l'instant, le retour à la réalité est primordial avant que je ne sombre de manière irréversible dans cette folie qui est nôtre.

« Sache que le contraire est vrai. Peu importe de quoi il retourne, je suis disponible pour répondre à tes attentes... Tant qu'elles n'altèrent en rien les miennes. »

Froideur légèrement retrouvée d'une protection personnelle. Pourtant, je sais qu'il me faut être raisonnable et ne pas demeurer si distante. Ma main se tend vers elle en une invitation.

« Je m'appelle Rhapsody. »

Un délicat sourire étreint mes lèvres. Ce n'est que peu, mais je ne peux offrir plus encore. Dégrisée de ma douleur physique par ma souffrance de cœur, je ne suis pas dans les dispositions d'esprit nécessaires à une franche sympathie désormais. Retour à la morosité ambiante.

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Je lis dans son regard les pensées qui la traversent. Maigre sourire, au fond de moi je regrette presque aussi cette situation. En d'autres circonstances, il aurait pu en être bien autrement. Et pourtant, malgré les apparences, ça n'était peut-être pas si mal. Rien ne nous engageait vraiment mis à part notre souffrance commune et la relation établie à partir d'elle. Nul autre sentiment parasite, nulle obligation induite par une alliance ou l'appartenance à un même groupe.

Seule restait la beauté et la pureté de l'engagement volontaire, l'attachement délibéré envers une âme qui nous a touché. Malgré tout ce qui nous oppose.

"Nous restons libres de nos actes, quelles que soient les visées de nos familles respectives. Nous sommes toujours seul gardien de notre âme."

Un rappel, rien ne nous oblige à participer à notre tour à ce simulacre de guerre inutile. Simplement, quand la solitude et la souffrance ne nous sera plus d'aucun secours, nous saurons à qui nous adresser, faisant fi des convenances comme des appartenances de faction.

"Bien sûr, il va de soi que j'espère que nos souffrances ne se confronterons pas."

Pensée égoïste qui régit l'altruisme. Se protéger avant tout, survivre à tout prix. Rien de plus normal, loi de toute chose vivante. Et les adeptes de Fimine le savent plus que quiconque. La nature sait se faire aussi belle que cruelle pour parvenir à ses fins, aussi douce que perfide, aussi aimante que destructrice. Un équilibre nécessaire.

Sa main se tend vers moi, invitation à l'aveu ultime, l'identité révélée, symbole d'une confiance sans faille. Sait-elle qu'en se livrant ainsi elle s'expose encore plus au danger? Le pouvoir des noms est souvent bien plus fort que l'on ne le pense. Pourtant je n'hésite pas une seconde. Rien ne vaut la peine de se vivre s'il n'y a pas de risques.

Je m'avance et prend sa main entre les miennes. Une douce chaleur réconfortante s'élève et imprègne son corps. Soudain, dans sa main naît une graine qui germe rapidement. Je retire les miennes pour la laisser contempler un petit plant composé de trois feuilles et d'une fleur. Du Plantovor, apte à apaiser les blessures, physiques tout du moins. Puisse cela lui être utile!

"Je suis Selene." léger silence avant de poursuivre "Enchantée de t'avoir rencontrer, je ne doute pas que nous nous reverrons un jour.."

Un étrange sourire accompagne ma phrase, sincère et mystérieux.

Puis, après un dernier regard sur elle, je me détourne et me fond dans les ombres de la nuit qui décline déjà. Le coeur un peu plus léger je m'en vais poursuivre mon errance, guidée par la souffrance comme par l'espoir...

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