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Terre des Éléments

Varsec, ce passé que je fuis...


Eryas
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J'écris ces lignes aujourd'hui afin que mon âme soit purgée des crimes qu'elle cache derrière ce masque que j'arbore jour après jour. Si je venais à quitter ces terres avant d'avoir pu me repentir réellement, que ceci devienne l'outil de mon salut dans l'autre monde.

Varsec, une île trônant au sein d'un petit archipel. Au-dessus des rochers escarpés la grande demeure des De Varsec, descendants des premiers colons de l'île. Une famille respectée de générations en générations, mais en ces jours la réputation a pris une tout autre couleur. Il ne fut pas rare en effet d'entendre, au milieu des nuits les plus sombres, d'horribles cris provenant du manoir. Les rumeurs ont commencé à circuler dans l'archipel et sur les ports du continent en contact avec les insulaires. On parlait d'un démon, de rites obscurs, de sacrifices humains sans qu'aucun n'eu le courage d'aller chercher la réelle provenance de ces horreurs et de vérifier la véracité de ecs hypothèses. Puis, après des mois et des mois de ces cris terrifiants, plus rien. Les gens ne se retinrent pas de faire le rapprochement avec l'enterrement de Deïran de Varsec, décédé dans des circonstances inconnues, les cris ayant commencé peu après la mort de sa femme. Et les rumeurs évoluèrent... l'on dit aujourd'hui que ce patriarche autrefois reconnu pour sa bonté et sa bienveillance était en fait un suppôt démoniaque et qu'il était l'âme torturée à l'origine de ces hurlements de souffrance. Et l'on regarde avec espoir son fils, Aïran, son seul héritier, espérant que lui saura redresser les De Varsec et l'archipel délaissé par les commerçants du continent à cause des vices de son père. Nul cependant ne saura jamais ce qui se tramait réellement dans les caves du manoir et tous s'en passaient allègrement, préférant oublier ces jours sombres pour se préoccuper de l'avenir qu'ils espèrent plus radieux.

Et Aïran remplit leurs attentes, peut-être mieux qu'ils ne l'espéraient. Le commerce avec le continent a repris, les rumeurs se sont éteintes et la joie a remplacé l'inquiétude dans l'archipel. Aïran s'est révélé être un De Varsec plus qu'honorable, bien qu'un peu maniéré. Les visites d'aristocrates du continent sont devenues fréquentes et nombreux se laissent porter à rêver au mariage de celui qui incarne le renouveau de Varsec et des îles alentour. Nombreuses sont les demoiselles tombées sous le charme du jeune maître mais nulle n'a retenu son attention plus longtemps que quelques jours. Non pas qu'il ne soit pas attiré par elles bien au contraire, il serait plus juste de dire qu'il se lasse, il n'est apparemment pas temps pour lui de se poser et remettre à neuf les bases de sa famille.

Il semble plus intéressé par le développement de l'île, de son commerce et la qualification des érudits tels que médecins, astrologues et autres scientifiques sans pour autant délaisser les maîtres des arcanes. Pour reprendre ses paroles lors d'une discussion avec les notables, Varsec vit par ses habitants et non par la famille à l'origine de la cette vie. Apprécié dans tout l'archipel son regard se tourne pourtant vers le continent. Nul ne sait ce qui l'attire vers la terre ferme mais personne ne peut ignorer cette envie. Pourtant il fait tant pour eux que les gens ne lui en tiennent pas rigueur.

Quelques temps après la mort de son père, Aïran invita les notables à venir explorer les souterrains du manoir. Ce qu'ils trouvèrent les marqua au point que nombreux furent ceux qui rendirent leur repas contre les murs glacés et humides. L'odeur était à la limite du supportable, les cadavres en putréfaction et les squelettes privés de chair remplissaient un certain nombre de cachots sombres. Mais le pire se situait au fond de ces souterrains. Une grande salle éclairée par un certain nombre de braseros était remplie d'ustensiles, de chaînes et de machines dont l'utilité traumatisa ceux qui les virent. La perversion de Deïran ne fit plus aucun doute dès lors. Nul ne songea à associer son fils à ses agissements tant celui-ci fut traumatisé par ces découvertes, bien plus que quiconque comme chacun peut s'en douter. La sympathie des habitants à son égard grandi encore après ce terrible épisode.

C'est sûrement l'horreur dont furent témoins ces gens qui protégea ce petit passage dans le fond de la salle des horreurs. Trop affectés par le spectacle, ils ne pensèrent pas à examiner les lieux en profondeur. Comment auraient-ils réagi en trouvant cette entrée vers un passage naturel s'enfonçant dans les tréfonds de l'île? Qu'auraient ils pensé s'ils avaient vu ce lac souterrain au bord duquel se trouvait tout une bibliothèque sur l'occulte sous toutes ses formes? Et ces piles de notes portant une écriture qu"˜ils verraient de plus en plus souvent? Les souterrains furent nettoyés mais ce refuge obscur subsiste et les braseros qui s'y trouvent l'illuminent toujours d'une lumière verte des plus inquiétantes par l"˜intervention d"˜un quelconque artifice.

Car c'est bel et bien mon Maître et non son père qui fut à l'origine de ces cris, de cette souffrance et de ces horreurs. Il a réussi à abusé tout le monde et je suis seul à connaître ce secret. Un bien lourd fardeau si l'on considère l'importance des faits. Un seul pas de côté me conduirait sûrement sur un bûcher ou une potence et mon Maître avec moi. De son côté il semble n'avoir aucun problème de conscience, je me demande même s'il en a une. La mienne en tout cas ne cesse de se rappeler à mon bon souvenir à chaque fois que je m'assoupis. Depuis quand n'ai-je point connu un véritable sommeil réparateur? Les cernes se font plus accentués jour après jours... Dès le début je fut associé à ses terribles expériences, sans avoir jamais eu mon mot à dire. C'est certainement la peur qui scella mes lèvres au tout début, remplacée par la culpabilité depuis.

D'après lui, Varsec n'a plus grand-chose à lui offrir. Il semble avoir atteint un nouveau stade dans ses sombres recherches. Le corps humain n'a apparemment plus d'attrait à ses yeux, peut-être ses oreilles n'en peuvent-elles plus de tous ces hurlements, peut-être ses yeux ont-ils trop vu de sang couler... A voir les derniers ouvrages qu'il a acquis, ces questions perdent de leur pertinence. Son nouveau terrain de recherche semble s'étendre au domaine de l'âme. Ainsi Aïran de Varsec a-t-il passé le cap de la matérialité pour se diriger vers celui de la spiritualité... m'entraînant à sa suite par la force des choses. Ce nouvel intérêt nécessite un nouveau lieu de recherches et c'est à moi qu'il a confié le rôle de trouver un lieu sur le continent où il pourrait se lancer à corps perdu dans sa folie. C'est pour cela que je quitterais Varsec demain dès l'aube à bord d'un navire marchand des plus banals qui me conduira sur les terres dirigées par Vrí¶mir. Il s'agit sûrement de ma seule et unique occasion de quitter le service du Maître, démarrer une nouvelle vie, libéré des tourments de celle que je vis actuellement. Ma chance de salut...

Je souhaite bien du courage à celui qui prendra ma place ici, au milieu de ses braseros inquiétants. Qu'il arrive à conserver un pan de raison dans son esprit, à l'abri des perversions du Maître. Et que Posicillion me permette de survivre à cette traversée, moi qui ne supporte pas le grand large...

Eryas, serviteur d'Aïran de Varsec.

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